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[Pakira]

Côte d’Ivoire : pourquoi l’Afrique digne doit se dresser

Avec cinq siècles de présence continue en Côte d'Ivoire, déclinée en différentes phases, la France a toujours su manœuvrer pour perpétuer sa présence et surtout pour maintenir les Ivoiriens dans une dépendance politique et économique qui entretient un contexte propice à la pérennisation de la domination française. Que peut changer la crise ivoirienne ?


La France chiraquienne est en mauvaise posture en Côte d'Ivoire en ce début de millénaire, marqué par les grands engagements internationaux en matière de réduction de la pauvreté et de renforcement de la démocratie sur le continent, et qui coïncide aussi avec la fin du règne de Chirac qui incarne à lui seul les cinq siècles de présence française douloureuse en Côte d'Ivoire. La France n'a pas toujours été seule à entretenir des relations ambiguës avec l'Afrique, mais la France se dégage des autres pays occidentaux de manière très particulière, tant du point de vue de son implication qui persiste, directe et évidente dans la vie des jeunes Etats africains, que du peu d'intérêt qu'elle accorde aux valeurs de liberté et d'égalité, dès lors qu'il s'agit des peuples africains.
Les cinq siècles de présence française en Côte d'Ivoire n'ont pas toujours été glorieux pour une France supposée incarnée des valeurs universelles, loin s'en faut. Depuis qu'elle a mis pied sur le sol ivoirien, la France a compris que ce pays est une poule aux œufs d'or qu'il ne faut pour rien au monde quitter, envers et contre la volonté du peuple ivoirien et quel qu'en soit le prix, quitte à adapter et à habiller cette présence en fonction de ce que la conscience internationale est prête à tolérer, voire accepter.

Phase de l'esclavage
La présence française en Côte d'Ivoire a débuté il y a cinq siècles dans la douleur pour les populations ivoiriennes. La douleur de l'esclavage, la traite de l'atlantique. Un véritable fléau, créé de toute pièce par les Négriers, qui a duré environ quatre siècles. Quatre siècles de souffrances mortifères et de spoliations des richesses de la Côte d'Ivoire, dans le silence complice de tous les gardiens de la morale universelle. Ces négriers étaient venus «civiliser» les peuplades sauvages. Drôle de moyen de répandre la civilisation. En bafouant pendant quatre siècles toute forme de liberté, en réprimant avec férocité toute révolte et toute aspiration légitime à la moindre liberté. Il y a indéniablement des séquelles profondes, laissées par le commerce des êtres humains, que la Côte d'Ivoire traînera encore longtemps. S'il est difficile, même pour les historiens, de donner des chiffres bien proche de la réalité, tout le monde est d'accord sur les dégâts considérables que cette pratique a causée au peuple ivoirien. Dans cette honte de l'histoire de l'humanité, la France expédie ses responsabilités. Certains de ses intellectuels préfèrent ne pas s'attarder sur le rôle de la France, mais opposer à la traite triangulaire, celle organisée avant eux par les pays orientaux, et ils proclament volontiers qu'après tout, ce sont des Ivoiriens qui livrent d'autres Ivoiriens aux négriers. Comme si l'on pouvait cacher sa propre culpabilité derrière celle d'autrui, et comme si le commanditaire du crime était moins coupable que le bras exécuteur.
Lorsque les multiples révoltes des esclaves, alliées à une prise de conscience de certains intellectuels occidentaux ont conduit à la fin de la traite triangulaire, la France a su malicieusement créer un nouveau concept en remplacement : la colonisation. Il est instructif de noter que dans un discours prononcé à Brazzaville en 1996, Chirac tentait de démontrer que la colonisation n'avait aucun lien avec la traite négrière et ne devait donc pas être l'objet des récriminations adressées au commerce humain. S'il est vrai que la traite atlantique a été à bien des égards plus meurtrière que la colonisation, Chirac n'a pas pour autant osé dire que le commerce des Noirs ne poursuivait pas le même objectif économique et financier que le colonialisme.

Phase de la colonisation
En prenant le témoin à la traite des Noirs, la colonisation a gardé le même principe de base. Enrichir la France en puisant de la Côte d'Ivoire le maximum de richesse qui peut l'être. Cette phase a duré environ un siècle, dans un rapport du colon français dominant à l'Ivoirien dominé. La France avait pour elle, l'avantage militaire et politique qui lui permettait d'enrober sa domination dans des traités léonins. Même si la France continue de se targuer d'avoir aidé la Côte d'Ivoire à travers la colonisation, elle se garde bien d'endosser la responsabilité des conditions de cette présence qui a représentée pour les Ivoiriens d'autres souffrances pires que le travail forcé qui leur était imposé. Durant toute cette période de colonisation, la France s'est nourrie des richesses de la Côte d'Ivoire qui lui ont permis de développer ses industries, d'asseoir sa capacité nucléaire militaire, et de se forger un rayonnement international. Cette relation que les Ivoiriens savaient à leur désavantage, ne pouvait perdurer que par un rapport de force que la France entretenait, en dressant les populations ivoiriennes les unes contre les autres. Diviser pour régner. Pour se donner bonne conscience et surtout se justifier aux yeux de la communauté internationale, l'essentiel de la stratégie de contrôle de la Côte d'Ivoire sera basée sur cette approche qui fera l'objet d'une véritable théorie. Celle des ethnies ivoiriennes qui ne peuvent coexister sans violence et sans guerre, nécessitant une présence française pour pacifier le peuple ivoirien. Tous les moyens intellectuels modernes seront mis en œuvre pour véhiculer cette idée. Cette politique qui s'est particulièrement accentuée lorsque la France a senti la décolonisation inéluctable, se poursuit aujourd'hui avec plus d'acuité encore.

Phase de la décolonisation et de l'indépendance
C'est la phase la plus courte de l'histoire de la présence française en Côte d'Ivoire, la plus vicieuse et la plus actuelle dans ses conséquences. Elle fut brève, presque précipitée mais toujours avec son lot de révoltes des populations, à chaque fois réprimées durement. Mais avec la volonté du peuple ivoirien, la France a fini par concéder l'indépendance à la Côte d'Ivoire. Bien entendu, il ne s'agissait pas pour la France de se retirer de la Côte d'Ivoire, encore moins de donner la pleine souveraineté et se priver ainsi des richesses qu'elle tire de sa colonie. Alors que le peuple ivoirien voulait une véritable indépendance, gage de liberté et de souveraineté pleine et entière, la France elle, se contentait de mettre en place une communauté qui, à son tour, se contente de transférer quelques compétences aux leaders ivoiriens. Le cadre de la pérennisation de la colonisation est ainsi posé à travers des accords de coopération, de véritables pactes coloniaux. Tout ce que la France avait comme pouvoir en Côte d'Ivoire en tant que pays colonisateur a été inscrit dans le pacte colonial. Il revenait simplement aux nouveaux leaders ivoiriens d'exécuter cet engagement pour le seul et unique bénéfice de la France.
Mais, aujourd'hui les choses ont évolué. La conscience politique de l'Ivoirien est entrée dans la virilité de la jeunesse de la nation. Beaucoup de leaders politiques ivoiriens en activité aujourd'hui ont connu cette période d'indépendance. Ils savent que, malgré les serres de la France qui étranglent toujours leur pays, l'étau, en terme de violence et d'atrocité, se desserre tout de même depuis le temps du commerce triangulaire, en passant par la période de la colonisation. Les Ivoiriens ont compris que malgré les cinq siècles de domination française, cette situation n'est pas une fatalité et qu'il faut commencer par se dresser, ou plutôt recommencer à se dresser, comme le faisaient déjà leurs ancêtres esclaves, pour une lutte, certes difficile, mais qui conduira inéluctablement à la liberté, la vraie. Celle qui n'est pas galvaudée et qui conserve toutes ses valeurs intrinsèques. Cette lutte n'est plus celle des politiques. Elle est maintenant récupérée par le peuple ivoirien lui-même, surtout sa jeunesse, même s'il y a toujours des brebis galeuses qui pactisent avec l'adversaire, avec l'ennemi.
Avec cette nouvelle révolte du peuple ivoirien qui refuse désormais de courber l'échine devant l'esprit colonial, le tribut payé est lourd, très lourd, aussi bien en vies humaines qu'en matière économique. Mais il ne l'est pas autant que ce que coûtent la domination française et sa mainmise sur les richesses de la Côte d'Ivoire. En effet, même s'il ne faut pas occulter la quote-part de responsabilité des dirigeants ivoiriens qui se sont succédés, l'emprise totale de la France sur la Côte d'Ivoire est une cause principale de la mauvaise gouvernance qui conduit à la dilapidation du capital richesse, ce qui se traduit par une mauvaise structure de santé, une insuffisance de prise en charge des besoins d'éducation avec son lot d'analphabétisme, des infrastructures a minima et un développement économique balbutiant. C'est le coût que supporte la Côte d'Ivoire depuis des siècles. Il faut donc que les Ivoiriens maintiennent leur détermination et acceptent le sacrifice en cours, afin de finir définitivement avec l'inacceptable rapport de force que la France veut continuer d'imposer et d'entretenir.
Depuis plus de trois ans que dure le conflit armé, la Côte d'Ivoire a accepté tous les sacrifices et toutes les humiliations. Son environnement naturel sous régional lui est hostile, malgré le rôle économique majeur joué par la Côte d'Ivoire pour le bénéfice de la sous région. Plus loin, la France a fait usage de tout son arsenal et de tout son savoir-faire pour manipuler l'opinion internationale, la rendant, dès le début de la crise, méfiante et suspicieuse à l'endroit de la République de Côte d'Ivoire et son président élu.
Après avoir avalé toutes les potions, contenant des couleuvres, le pouvoir légitime et légal a assumé tous les engagements qu'il a pris devant la communauté internationale dans la recherche de solution à cette crise. Aujourd'hui, il apparaît clairement que, malgré les multiples médiations et accords signés, les rebelles qui ont pris les armes pour s'emparer du pouvoir d'Etat en Côte d'Ivoire n'ont pas changé l'objectif de leur projet initial. Opérer un coup d'état pour s'approprier le pouvoir, sans aucune autre alternative. Quant à la puissante France, qui, forte de sa position de membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU, a envoyé une force d'interposition qui a fini par se couvrir du manteau de l'ONU, sans s'encombrer de son commandement, elle reprend en écho à son compte tous les arguments dilatoires que les rebelles cherchent vainement à faire passer pour ne pas aller aux élections. Le rôle pervers, alors insidieux, joué par la France, est désormais connu de tous. Maintenant, la France s'associe aux rebelles armés pour dénoncer le médiateur dont ils piétinent l'honneur.
Il faut rappeler que le Président Thabo Mbeki n'a pas demandé à être médiateur. Pour cela, il faut saluer son action, lui rendre hommage et le soutenir, car il s'est engagé pleinement et personnellement pour que la Côte d'Ivoire retrouve la paix, suite à la demande de l'Union Africaine. Le travail courageux qu'il a accompli et les conclusions qu'il vient de déposer sur le bureau du Conseil de Sécurité de l'ONU, marquent indéniablement un tournant majeur dans l'évolution de la gestion de la crise en Côte d'Ivoire, et dans la capacité de l'Afrique à se regarder dans le miroir et à s'assumer, en résolvant elle-même ses crises, loin de tous les intérêts manipulateurs.

Tournant majeur de la crise
En dehors de la sous région, peu de pays du continent africain connaissaient bien les articulations sociopolitiques de la Côte d'Ivoire. A leurs yeux, l'éclatement de la crise en Côte d'Ivoire n'avait rien d'exceptionnel. Le monde n'y voyait qu'une autre des multiples guerres et coups d'Etat auxquels l'Afrique francophone a habitué le continent depuis les indépendances. Mais avec le temps, le déroulement des événements, le comportement des rebelles, le rôle des acteurs de la sous région, les torpilles de certains dirigeants africains, et l'ambiguïté de la présence des forces française en Côte d'Ivoire, pour ne pas dire l'évidence de l'unicité de l'objectif de Chirac avec celui des rebelles, ont fini par amener un autre pan de l'Afrique à s'interroger sur les fondements réels de la guerre que la France livre à la Côte d'Ivoire.
Dès le début de la crise, le peuple ivoirien a dénoncé l'Etat français comme étant l'architecte principal de cette guerre. Mais l'intoxication, la désinformation et la manipulation de la machine diplomatique et médiatique française étaient telles qu’aucune oreille ne pouvait entendre les cris de secours lancés désespérément par la petite Côte d'Ivoire, face à la parole de la grande France, puissance militaire mondiale, vainqueur de la seconde guerre mondiale et acteur majeur incontournable de l'Union européenne. Tout était pour la France et ses rebelles. Qui pouvait alors donner crédit à Laurent Gbagbo contre la France ?
Aujourd'hui, les choses ont évolué et les masques sont bas. Tous les acteurs de la crise ont maintenant abattu leurs cartes, permettant ainsi aux autres Etats africains, ceux qui se sont libérés et qui présentent de nos jours le visage d'une Afrique digne, disposent maintenant de suffisamment d'éléments pour se faire leurs propres analyses sur ce qui se passe véritablement en Côte d'Ivoire. Et, lorsque l'on a aucun intérêt sournois à y défendre, lorsque l'on veut faire une lecture rationnelle et objective de ce qui s'y déroule, on se rend bien vite compte qu'une grave injustice est en cours, et que la lutte du peuple ivoirien n'est rien d'autre que celle d'un peuple qui cherche avec courage et détermination à arracher sa liberté, une liberté confisquée depuis cinq siècles. Cette liberté est congestionnée depuis si longtemps par la France, que cette dernière a fini par croire que c'est cela la situation normale, et toute revendication de liberté lui paraît absurde, incongrue, anarchiste et fasciste, selon les propres termes de Jacques Chirac.
Mais l'Afrique libérée et digne sait que son propre développement et son essor économique seront toujours plombés par l'absence de liberté et le sous développement des autres pays africains qui sont toujours asservis, surtout que, l'organisation sous-régionale CEDEAO, médiateur naturelle de cette crise ivoirienne, s'est largement et volontairement trompée de mission en s'alliant majoritairement à la France et aux rebelles contre les intérêts d'un pays membre. La crise au sein de cette organisation est latente, mais évidente.

CEDEAO, la crise qui couve
Minée par le goût avéré de certains de ses Chefs d'Etat pour le complot contre leurs pairs, l'OUA, dont l'Afrique du Sud était exclue, a fini par mourir de sa belle mort, remplacée par l'Union Africaine, plus ambitieuse, plus crédible aussi, et dont l'Afrique du Sud est un membre très influent. La CEDEAO est sur le même chemin que la défunte OUA. Depuis sa création et malgré les textes généreux qu'elle a édictés, il y a des pays membres de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest qui foulent aux pieds les engagements conjointement pris. En dépit des pactes de non agression et autre protocole d'assistance mutuelle, pour ne parler que de ceux-là, certains pays continuent d'organiser et de soutenir des rébellions armées contre d'autres pays de la même organisation. La CEDEAO a toujours laissé faire, en faisant la politique de l'autruche, ou plutôt par peur de ses dirigeants de froisser la France qui n'est jamais bien loin de ces déstabilisations. On a encore fraîchement à l'esprit comment la Sierra Leone et le Libéria ont été agressés avec le concours actif d'un Etat de la CEDEAO, le Burkina, que tous les rapports internationaux pointent du doigt. On se souvient aussi de la gestion désastreuse que la CEDEAO a menée durant la crise des élections présidentielles au Togo en avril 2005. Et maintenant, la même organisation, par l'entremise de certains Chefs d'Etat bien connus, tente de saborder une médiation méthodiquement menée par le Président Thabo Mbeki, très loin des serres de la Françafrique.
Le peuple ivoirien vient d'exprimer clairement son ras-le-bol de la manière dont la CEDEAO traite de la crise en Côte d'Ivoire. Un comportement qui discrédite l'organisation. Mais, on sait bien qu'elle n'est plus à cela près. Il est donc impératif que des mesures vigoureuses soit prises pour redéfinir les orientations de cette organisation sous régionale qui a complètement failli à sa mission de base la plus élémentaire, celle, pour les pays, de ne pas s'agresser mutuellement. La Côte d'Ivoire pourrait donner un signal très fort en quittant momentanément cette organisation. Ce ne sera pas une première, ni dans le monde, ni en Afrique. On peut rapidement rappeler que la France a tourné le dos à l'OTAN lorsqu'elle ne s'est plus sentie en harmonie avec le Traité Atlantique. Les Etats-Unis ont de même claqué la porte de l'Unesco pendant longtemps. Plus près de nous, le Maroc a dit ses vérités à l'OUA avant de se retirer. La Côte d'Ivoire peut parfaitement suspendre sa participation aux instances de la CEDEAO, jusqu'à ce que cette organisation décide de faire sa profonde mue, en harmonie avec la volonté des peuples qu'elle est sensée rapprocher. Il faut refonder la CEDEAO. En l'état, la CEDEAO n'est pas viable. Tant que les pays qui la composent n'auront pas le minimum de liberté qui permet à leur Chef d'Etat de prendre des positions en conformité avec les aspirations des peuples, alors cette organisation demeurera un instrument de la politique de la France en Afrique de l'Ouest. Une politique très rentable pour la France, mais catastrophique pour la Côte d'Ivoire.
La France peut elle regarder la Côte d'Ivoire droit dans les yeux et lui dire qu'elle est fière de ce qu'elle a pu faire dans ce pays durant les cinq siècles de sa présence continue ? J'en doute très fort.
La chaîne de télévision publique France 2 vient de rendre publique, dans son émission Télé Matin du 29 septembre dernier, le résultat d'un sondage réalisé dans les autres grands pays de l'Union Européenne. Il s'agissait de connaître la perception que les autres Européens avaient des Français. Les qualificatifs qui viennent en tête du sondage sont les suivants : les Français sont condescendants, arrogants, méprisants, hautains !!! Pour les Ivoiriens, ceci n'est pas du tout une surprise, car c'est une réalité vécue quotidiennement, surtout dans les rapports d'Etat à Etat.
Si telle est la manière d'être des Français vis-à-vis des autres Européens, alors qu'elle est donc le comportement de la France à l'égard de la Côte d'Ivoire, petit pays africain caché dans la forêt tropicale, habité par des gens qui ont d'abord été esclaves, puis colonisés et sous influence depuis 500 ans ? C'est aussi à cela que les Ivoiriens veulent mettre un terme.
La France a toujours su trouver les bonnes formules et les bons concepts pour passer d'une phase de domination de la Côte d'Ivoire à une autre phase. De la traite atlantique au colonialisme. Du colonialisme à la décolonisation. De la décolonisation à la pseudo indépendance. De cette pseudo indépendance à la coopération scellée par le pacte colonial. Maintenant, la France est à court d'idée, à cours de formule, pour la simple raison qu'il n'y plus aucune formule de cette nature qui vaille. Il n'y a plus aucune idée de cet acabit que la Côte d'Ivoire est prête à accepter pour perpétuer le joug français. Ce ne sont d'ailleurs pas les formules que le peuple ivoirien rejette. C'est la nature même des relations de dépendance que la France veut perpétuer, que le peuple ivoirien rejette avec vigueur. En tout état de cause, pour les Ivoiriens, rien ne sera plus jamais comme avant.

Plus jamais comme avant
Avec cette crise, les Ivoiriens ont brisé des tabous. Ils ont dit non à la Françafrique qui les a toujours considérés comme des enfants dociles, les premiers de la classe du pré carré français. Ils ont exprimé leur volonté de liberté. Ils ont bravé les légionnaires français. Ils ont poussé la Françafrique à dévoiler l'hostilité de ses intentions profondes. Ils ont mis à découvert les Chefs d'Etat de la sous-région, valets de la France. La Côte d'Ivoire a refusé de subir ce que la CEDEAO a fait au Togo.
Il s'agit maintenant pour la Côte d'Ivoire d'enclencher la poussée complémentaire qui lui permettra d'accéder à l'orbite de la liberté. Et c'est en cela que le rêve d’une Afrique libérée et digne est crucial. En tête de cette nouvelle génération de pays africains qui relèvent la tête avec fierté, il y a l'Afrique du Sud. Son leadership incontestable en Afrique repose sur deux bases solides ; une base historique et une base économique. L'histoire de l'apartheid dont l'Afrique du Sud a pu se soustraire sans déflagration lui confère une réputation et une notoriété qui dépassent le cadre strict du continent. Ce que personne ne peut remettre en cause, ni en Afrique, ni hors de l'Afrique. Ensuite, le pays de Nelson Mandela est une puissance économique et militaire sur le continent. Ce qu'aucun autre pays ne peut lui disputer. L'Afrique du Sud a donc un rôle majeur à jouer pour tirer le reste du continent vers les objectifs universels poursuivis par tous les pays modernes : Liberté, démocratie, bonne gouvernance et développement économique.
Le Président Thabo Mbeki a compris l'importance de l'enjeu, et son expérience de la crise ivoirienne lui a confirmé la nécessité pour son pays de s'impliquer davantage dans la résolution des conflits en Afrique, et particulièrement celui de la Côte d'Ivoire, pour que les autres pays du continent puissent accéder à la même liberté et à la même indépendance que celles de l'Afrique du Sud. C'est une condition sine qua non pour le développement de l'ensemble du continent. En cela, le cas ivoirien est le modèle parfait des luttes d'indépendance qui vont se succéder sur le continent. Le successeur de Mandela sait que les obstacles sont multiples et des forces inertielles émanent de partout, de l'intérieur comme de l'extérieur du continent. Mais il sait aussi qu'il ne peut pas se soustraire à la mission et à la responsabilité que l'Histoire impose à son pays. Pour lui permettre d'atteindre les objectifs qui lui sont assignés, les Ivoiriens doivent faire bloc derrière lui pour barrer la route aux desseins malsains qui sont concoctés dans les salons de la Françafrique.
A côté des Ivoiriens, les autres pays de l'Afrique libérée et digne doivent affirmer leur refus de l'assujettissement de la Côte d'Ivoire. Ces pays doivent permettre à leur peuple, à leur société civile de se mobiliser et de manifester pour dénoncer les actions perverses et déstabilisatrices du continent par la France qui s'est toujours comportée en fossoyeur de la Côte d'Ivoire et de l'Afrique. Il faut y mettre un terme. Le peuple ivoirien appréciera les actions que leurs frères peuvent mener dans leurs pays pour dénoncer les agissements de la France. Les patriotes ivoiriens sont prêts à accueillir leurs frères d'Afrique du Sud, de l'Angola, du Rwanda, de la Mozambique et de tous les autres pays qui n'ont pas la chape de plomb de la France sur la tête, et qui peuvent laisser leur peuple s'exprimer sur la crise en Côte d'Ivoire. Les pays de l'Afrique de l'Ouest qui devraient jouer ce jeu, comme l'ont fait les pays de la ligne de front pendant l'apartheid, sont malheureusement engagés dans la mauvaise voie tracée par la France et suivis par leurs dirigeants.
Ce patriotisme transfrontalier est un instrument indispensable pour barrer la route aux projets de la France de déchoir par la force et la duplicité, un président démocratiquement élu par le peuple. Si cette action conjuguée est menée, les plans de déstabilisation de la France seront déjoués en Côte d'Ivoire et des élections propres pourront être organisées après le désarmement des rebelles, comme le réclame le Président Gbagbo, en symbiose avec les conclusions de la médiation menée par le Président Mbeki.
Mais, pour en arriver là, le Président Mbeki doit maintenir le cap. Il ne doit, ni céder aux fortes pressions de la France, ni abandonner sa médiation. Dans le cas contraire, l'addition serait lourde pour la Côte d'Ivoire, pour l'Afrique francophone, et au delà pour toute l'Afrique. Le Président Gbagbo a remis la suite des événements entre les mains de son homologue, et le peuple de Côte d'ivoire témoigne toute sa confiance au médiateur.
Alors, patriotes de Côte d'Ivoire et patriotes de l'Afrique libérée et digne, conjuguons maintenant nos efforts et nos actions, sans orgueil ni arrogance, mais avec courage, fierté et détermination, afin de sortir la Côte d'Ivoire du pacte colonial, et d'ouvrir la voie au développement. Les événements se produisent en Afrique en cascade. Les résultats que nous obtiendrons en Côte d'Ivoire se répandront dans les autres pays. Le continent tout entier accèdera ainsi à sa liberté et pourra entrer, en tant qu'acteur actif, dans l'économie mondiale et dans l'ère du développement.
Tel est le rêve. Mais un rêve réaliste, un rêve réalisable. Il suffit de s'en donner la volonté, le courage et la détermination. Toutes choses qui sont à notre portée. Plus qu'hier aujourd'hui nous avons des alliés.
Ecoutons le Président des Etats Unis d'Amérique exposer sa vision de cette alliance. C'était à la Hudson Institut de Washington DC en juin 2005 à la veille du sommet du G8 en Grande Bretagne. Ecoutons George Bush et comparons ses propos à ceux que ne cesse de nous rappeler Jacques Chirac. Le temps d'une réflexion sur la route de la Liberté. «La semaine prochaine, je vais diriger le sommet du G8 en Ecosse. Là-bas, je vais rencontrer les leaders des nations industrialisées. Comme lors de réunions précédentes, nous allons discuter des grands progrès politiques et économique faits en Afrique, et des prochains pas que nous pouvons faire, avec les leaders africains, pour construire ce progrès. Le monde entier bénéficiera de la prospérité et de la stabilité du continent africain. Et les peuples d’Afrique méritent la paix, la liberté et les opportunités qui sont les droits naturels de toute l’humanité. Nous recherchons le progrès en Afrique et au-delà, dans le monde en développement parce que nos intérêts sont directement en jeu. Le 11 septembre 2001, les Américains se sont rendus compte que l’instabilité et l’anarchie dans un pays lointain peuvent être un danger pour le nôtre. Dans ce nouveau siècle, nous sommes moins menacés par les flottes et les armées que par des petites cellules d’hommes qui opèrent dans l’ombre et exploitent la pauvreté et le désespoir. L’ultime réponse à ces menaces est d’encourager les sociétés prospères, démocratiques et de droit qui se joindront à nous pour venir à bout des forces de la terreur – des alliés que nous trouverons à travers l’Afrique. Nous menons la guerre contre la terreur avec notre force, nous gagnerons la guerre contre la terreur avec la liberté, la justice et l’espoir. Nous recherchons le progrès en Afrique et à travers le monde en développement parce que notre conscience nous le demande. Les Américains croient que les droits humains et la valeur des vies humaines ne sont pas déterminés par la race ou la nationalité, ou diminués par la distance. Nous pensons que toute vie et que toute personne compte. Ainsi nous sommes remués quand des milliers de jeunes personnes meurent chaque jour à cause du paludisme, maladie curable. Nous sommes remués quand les enfants regardent leurs parents mourir lentement du SIDA, laissant des jeunes garçons et filles traumatisés, effrayés et esseulés. Les peuples d’Afrique font face à ces défis avec détermination et nous devons nous tenir à leurs côtés.»

Pr. Mamadou Koulibaly

http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm
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"tout nèg a nèg

ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg

nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg

sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!

a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti

avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"

[Rocs]

Crois-moi Pakira ils partiront de gré ou de force, ne sois pas surpris par ambassadeur ce type est un ouf mais il commence à se désaliener.
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Domine ta peur et tu seras plus fort que la mort

[Ambassadeur]

[Rocs]

Ambassadeur ne te pose pas la question que peuvent faires les autres pour ton pays demande toi plutôt qu'est-ce que tu peut faire pour ton pays.
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Domine ta peur et tu seras plus fort que la mort

[M.O.P.]

[Ambassadeur]

[Ambassadeur]

[M.O.P.]

[M.O.P.]

[Ambassadeur]

M.O.P,

Comment l'Afrique va se développer sans ports, aéroports, routes, chemins de fer et énergie électrique? Qui va former les techniciens, ingenieurs et architectes etc? D'ou viendra l'argent pour que les pays Africains voisins soient relies par chemins de fer et par autoroutes modernes? Jusqu'a preuve du contraire, dans les construction d'infrastructure publique, les occidentaux et les Asiatiques se sont montres plus habiles que nous ce 100 dernieres annees. Les Japonais ont la technologie et le savoir faire pour construire les trains a grande vitesses, les ponts, et ils peuvent nous aider a creer des industries. Les Suedois aussi. C'est mon avis.

L'une des raisons pourquoi les pays Africains sont a la traine par rapport aux reste du monde, c'est parce que l'Afrique est l'une des regions du monde qui beneficie le moins des Investissement Directs Etrangers. On voit tous et suit tous le developpement fulgurant de certains pays comme la Chine et la croissance economique impressionante. La Chine a sorti 400 millions de personnes de la pauvrete d'un dollards par jour en 20 ans. C'est enorme et c'est impressionnant. Et ca, c'est grace notamment aux reformes economiques, a la creation des Zones Economique Speciales et surtout a l'influx des capitaux generer par les investissement directes etrangers.

Alors, ca ne vous ferait pas plaisir de voir moins de pauvres en Afrique? Meme si pour y parvenir il nous faudrait faire bien de concessions et des sacrifices. Je ne vois pas en quoi un land lease vous semble si dramatique et en quoi on redeviendrait des esclaves. Les Chinois ne sont pas devenus les esclaves des Anglais pour autant, pourtant, c'etait une "lease" de 99 ans.

Quand je dis land lease, je ne parle pas de retour a la colonisation. Mais je parle de Zones economiques Speciales, et d'autres alternatives que les milliards envoye par la FAO, le FMI et la Banque Mondiale. Et dans les Zones economiques Speciales, je vous rappelles que la venue d'étrangers est encouragée. Plusieurs pays comme la Chine, l'Inde, la Jordanie, la Pologne, les Phillippines, la Russie et meme la Coree du Nord ont cree des Zones Econoniques Speciales. Donc je ne parle pas de ceder, mais que par des procedures judiciaires, politiques, transparentes et habiles, de faciliter l'exploitation et le developpement d'une partie de notre territoire que nous ne parvenons pas a developper de toutes les facons. C'est comme une repartition des taches que je propose. La puissance publique demeurera propriétaire du territoire. Mais moi je préfère des privatisations ou l'état fixe les règles du jeu et la justice indépendante gère les litiges. Le pouvoir politique doit rester dans son rôle de régulateur de l’ordre social, de garant de l’intérêt général, mais la vitalité économique et commerciale de l’Afrique repose avant tout sur les épaules des Etats qui doivent créer un environnement propice au secteur privé. Et le secteur privé ayant le plus de capitaux, de technologie et de potentiel, et le secteur privé Occidental et Oriental.

Vous avez l'air indigne parce que je parle des occidentaux et des Asiatiques, mais soyons realistes: D'ou vient toute cette techonolgie de pointe que nous utilisons aujourd'hui? Je prefere que les pays accueillent des firmes etrangeres capables de creer de l'emploi en masse et par consequent former des milliers de personne plutot que de recevoir les millions par ci et par la des institution banquaires et financiere.

Avoir des compagnies technologies de pointe comme informatique, logiciels, télécommunications installees en RDC seraient une bonne idee je trouve. Mais ces secteurs sont à très forte intensité capitalistique et fourniraient donc très peu d’emplois. Donc il nous faudra encore d'autres investissements dans d'autres secteur comme l'agro-alimentaire par exemple. Ce secteur pourra donner du travail a plus de monde, donc augmenter le pouvoir d'achat. Mais il faudra du materiel pour les usines, des tracteurs, des experts agronomes etc. Y en a chez nous, mais pas assez. Vu on a constate l’incapacité assez générale des autorités publiques à gérer, entretenir et provisionner le renouvellement de la quasi-totalité de ces équipements, des infrastructures, pourquoi ne pas faire appels a des gens qui vont les gerer, les entretenir et former des gens pendant des decennies et les gens formes par les gens ayant recu une formation pourront assurer le releve on investi dans le futur. Il ne faudra pas, cependant, que l'Etat abandonne son rôle de prestataire principal d'infrastructure.

En ce qui concerne le land lease entre Hong-kong et les Anglais, j'ai vu en documentaire la dessus sur National Geographic Channel, et ils ont meme montre la ceremonie de "remise et reprise". C'etait un contrat que les deux concernes ont honores sans faire d'histoire. On a toujours parle de lease et les documentaries la dessus sont formel. Quand la lease a ete termine, Hong-Kong a ete restitue aux authorites Chinoises. Il y avait meme une pression sur les ingenieurs qui construisaient l'aeroport de Hong-Kong car on esperait que cet aeroport soit fini avant que les Anglais ne remettent Hong-Kong aux authorites Chinoises. Ce qui compte pour moi, c'est le resultat. Regardez un peu Hong-Kong, statistiquement parlant, elle est classe parmi les puissances mondiales dans presque tous les secteurs important.

J'ai l'impression que c'est juste le fait des voirs des Asiatiques et des Occidentaux installees en Afrique pour investir et travailler qui vous embettent. Mais pourtant, vous oubiliez que ces gens la, des que ils ont besoin des noirs competents, des Asiatiques ou Occidentaux competents pour les aider, ils n'hesitent pas a faire appels a eux. C'est de cette maniere la que je vois les choses. Microsoft avaient engage les meilleurs computer programming Asiatiques et c'est vice versa dans les grandes compagnies.

Je parle donc des meilleurs, ceux qui sont plus aptes a apporter des contributions. Si ce sont les Camerounais, ca sera encore mieux. Si sont sont les Sud-Africains ou c'est le Costa Rica, c'est la meme chose. Mais si il faut avoir recours a l'occident et aux Asiatiques, et bien la fin justifie les moyens. C'est pour se developper economiquent et creer des industries qui creent a leur tours les richesses.

En RDC, y a du coltan, on s'en sert pour la technologie des telephones portables. Alors, qu'est-ce que les Congolais allaient faire de tout ce Coltan si y avait pas des gens qui savaient que ca sert pour les telephones portables? Voila pourquoi je dis que on fasse appels aux Japonais, Suedois etc. Eux seront quoi faire de tout nos minerais et autres matieres premieres, car moi je vois pas ce que les Africains du Congo en ont fait en presque 50 ans d'independance.

Il me semble que vous faites parti de ceux qui veulent une separation totale entre blanc et noir, de ceux qui refuse d'accpeter les realites que nous avons besoins des occidentaux et des Asiatiques pour leurs technologie et recherche dans la medecine etc...

Quelle solution vous proposez vous?
_________________
"L'hypocrisie est un vice a la mode et tous les vice a la mode passent pour vertus"-----Don Juam, Moliere"

"La fin justifie les moyens"----Machiavel

[Teo Van]

[Olmeque]

il se moque de vous ambassadeur
il fait semblant d etre naif...vous perdez votre time

[M.O.P.]

[Ambassadeur]

[M.O.P.]

[Chabine]

F-X. Vershaeve vous dit pourquoi, d'outre-tombe...
Je vous recommance fortement de télécharger les fichiers MP3. C'est clair, net, précis. Eclairage lumineux sur un système odieux.

http://www.bibliotheque-sonore.org/afrique/verschave.html

Françafrique : L'envers de la dette

Conférence de François Xavier Verschave 18 fichiers MP3
L'ensemble des fichiers MP3, mis bout-à-bout, dans l'ordre proposé dans cette page, constitue l'intégralité de la conférence de François-Xavier Verschave, enregistrée le 21 mars 2002 à la faculté Saint-Charles de Marseille, par l'association de Soutien à la production indépendante de documentaires (SPID). François-Xavier Verschave est économiste et président de l'association "SURVIE". Il est l'auteur de l'Envers de la dette, aux éditions Agone.

Contact : Association Survie - 57, avenue Maine -75014 Paris - Tel : 01 43 27 03 25.




Trois étages de l'économie(1/1 Durée : 5'13''

La dette de l'Afrique n'est pas historiquement, économiquement et politiquement légitime. L'économie fonctionne comme une maison à trois étages. L'étage 1 représente l'économie de subsistance (auto consommation, agriculture, pêche, ...). Les hommes ont vécu pendant des milliers d'années à ce rez-de-chaussée de l'économie. Le deuxième étage représente l'échange local, dont l'exemple le plus représentatif est celui des échanges entre campagnes et villes au moyen-âge en Europe (cet échange local a commencé il y a dix ou quinze mille ans, et se poursuit toujours). Le troisième étage est celui du commerce mondial. Au premier étage (rez-de-chaussée, économie de subsistance), on ne pratique pas les règles du jeu de l'économie. Au deuxième étage (économie locale), on les pratique. Au troisièmeétage (macro économie), on ne les pratique plus. Il es est de même pour la politique internationale ou d'autres domaines. Le capitalisme apparaît lorsque le troisième étage écrase les autres. François-Xavier Vershave décrypte l'économie en s'appuyant sur le modèle proposé par Fernand Braudel, un des plus grands historiens du 20e siècle.

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Deux types de sociétés (2/1 Durée : 1'49''

Il y a deux types de sociétés : les sociétés de type ballon de rugby et les sociétés en sablier. Les sociétés en ballon de rugby sont celles dont l'étage intermédiaire (celui de l'économie qui respecte les règles du jeu) est dilaté. C'est à dire que les gens ne sont pas enfermés dans les ghettos du rez-de-chaussée, et la puissance de l'étage intermédiaire constitue un contre pouvoir pour limiter les excès de l'étage supérieur (dont le double langage l'amène à s'affranchir des règles du jeu). Lorsque la confiance dans les règles du jeu s'effrite, l'étage du milieu se rétrécit. Se développe alors une économie de subsistance qui fait enfler l'étage inférieur, et l'étage supérieur. Quand plus personne ne pense que l'on peut participer à une course sans être dopé, ceux qui veulent courir se dopent, les autres restent sur le bord de la route, mais personne n'accepte de courir sans tricher. Le type de société en sablier développe énormément de violences : il y a des très riches, il y a des très pauvres, et les très riches gagnent leur vie au détriment des très pauvres.

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Histoire de l'Afrique (3/1 Durée : 3'08''

Pour comprendre l'envers de la dette en Afrique, il faut comprendre ce qui s'est passé depuis l'an 1000. En l'an 1000, les Africains naviguaient jusqu'en Chine. Il y avait de très grands états. A la même époque, en Europe, nos ancêtres clapotaient péniblement dans la Méditerranée. En l'an 1000, les Africains avaient une économie de subsistance, une économie locale et ils accédaient à l'économie mondiale. Tous ce mépris qu'ont nos dirigeants, et qui est au coeur des relations franco-africaines, et qui consiste à dire qu'il n'y a pas de créativité politique et culturelle en Afrique, est une absurdité totale. Alors que s'est-il passé ? A partir de 1500, les Portugais ont encerclé l'Afrique. (...)

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Françafrique (4/1 Durée : 14'11''

Qu'est-ce que la Françafrique ? C'est le système occulte qui a été mis en place en 1960, au moment où De Gaulle, à cause de la pression de l'histoire, a du accorder l'indépendance aux pays d'Afrique. Il a, à ce moment-là, décréter une nouvelle légalité internationale : l'indépendance. Mais en même temps, il a chargé son bras droit, Jacques Focart, de faire exactement l'inverse. D'abord pour maintenir le rang de la France à l'ONU, avec un cortège d'états clients. Pour maintenir l'accès aux matières premières stratégiques (le pétrole, l'uranium, ...) ou aux matières premières juteuses (le bois, le cacao, ...). Pour maintenir le financement de la vie politique (je vous parlerai tout à l'heure des chiffres du détournement de la rente pétrolière ou du bois, cela représente des centaines de milliards). La quatrième raison consiste à faire jouer aux pays africains le rôle de sous-traitants de la France dans la guerre froide. Si on décrète une nouvelle légalité internationale et que l'on fait exactement le contraire, ce que l'on fait est illégal, et ne peut être accompli que de manière occulte. C'est la raison pour laquelle les relations franco-africaines sont majoritairement cachées aux yeux du public. La visibilité des relations franco-africaines est semblable à celle de l'iceberg. Il y a les 10% émergés. C'est toute la face immaculée : la France, patrie des droits de l'homme, meilleure amie de l'Afrique, généreuse, ... Et nous avons les 90% de la face immergé, qui est la réalité profonde de la relation franco-africaine. C'est le système mis en place par Jacques Focart et qui avait pour objectif de maintenir la dépendance. Alors quels sont ces moyens parallèles inavouables pour maintenir les liens coloniaux ? (...)

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Envers de la dette (5/1 Durée : 13'55''

A partir de deux cas exemplaires du Congo Brazzaville et de l'Angola, nous découvrons l'envers de la dette. A la fin des années 70, la rente des matières premières ne suffisant plus aux appétits financiers, les pays occidentaux proposent aux pays africains une aide publique au développement. (...)

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Mafiafrique (6/1 Durée : 12'31''

Le triangle armes, pétrole, services-secrets, avec le circuit de blanchiment d'argent sont les composantes de la mafiafrique. (...)

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Criminalité financière (7/1 Durée : 3'40''

Derrière ces mécanismes mafieux, ont trouve les mécanismes de l'accélération et de la dérégulation des flux de capitaux, qui induisent un accroissement du volume de la criminalité financière. Cette criminalité financière est en train de constituer un gouvernement parallèle du monde. Aujourd'hui, la moitié des transactions financières internationales passe par les paradis fiscaux. Mille milliards de dollars d'argent du crime rentrent chaque année dans le système bancaire, y compris dans les plus grandes banques françaises. (...)
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Bien public (8/1 Durée : 6'56''

Nous sommes en train de découvrir des arguments juridiques qui permettent de faire des procès à ceux qui ont accordé la dette. L'objectif n'est pas de remettre la dette, mais de prouver qu'elle est juridiquement nulle. En fonction de plusieurs précédents historiques et juridiques, il est possible de prouver, devant les tribunaux européens, que toute cette escroquerie est juridiquement nulle. On ne va pas demander la charité, mais attaquer la dette. Il suffit pour cela d'aller trouver les preuves de toutes ces transactions, dans ces chambres de compensation qui se trouvent à Luxembourg et à Bruxelles. Sauf si par hasard elles brûlent un jour, ce qui pourrait arriver.

En deux cents ans, tout n'a pas été négatif. Nous avons été capables, en Europe, de construire un petit peu de bien public. En 1815, nous avions environ 15% de biens publics en France (la police, une justice de classe, quelques routes, ...). Et cinquante ans plus tard, nous avons 45% de biens publics. C'est à dire qu'il y a eu tout un mouvement de luttes sociales, qui ont demandé de l'éducation, de la santé, des retraites, du droit du travail, des congés payés, ... C'est à dire qu'a été mené - difficilement, mais dans la durée - un combat pour la dignité. Le message a été de dire que dans la richesse qui est produite, il y a de la richesse marchande (les biens privés), mais il y a aussi de la richesse qui est beaucoup trop importante pour être de la marchandise. Ce qui nous fait exister est beaucoup plus important que ce qui nous fait produire. Un niveau de bien public suffisant est indispensable, y compris pour la prospérité économique, mais pas seulement. Tous les pays qui sont placés en tête en matière de développement humain (un indice statistique qui ne comprend pas que la seule richesse économique), ont au moins 35 à 40% de biens publics. On voit bien que ceux qui se battent pour le maintien d'un haut niveau de biens publics, se battent pour des biens de civilisation, des biens de dignité. Aujourd'hui, nous avons 0,3% de biens publics à l'échelle mondiale. C'est ridicule. Si on veut combattre l'effet de serre, les grandes épidémies, si on veut assurer la sécurité alimentaire, une justice pénale internationale, combattre la pollution des océans, on va devoir créer du bien public à l'échelle mondiale. Nous allons, tous ensemble, conquérir du bien public à l'échelle mondiale. Cela change totalement le principe de la solidarité internationale. (...)

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Espoirs (9/1 Durée : 6'03''

Ce qui peut sembler déroutant et décourageant dans ma démonstration, c'est que je vous parle des délires de l'économie mondiale. Mais il y a beaucoup de gens qui se battent localement. Il y a encore des juges intègres, des journalistes honnêtes, ... Il y a encore des personnes qui ne sont pas totalement hors des règles du jeu. La démocratie, c'est d'abord la capillarisation des contres-pouvoirs. C'est à dire qu'un certain nombre de gens défendent les règles du jeu, contre des gens qui les méprisent. Évidemment, si les contres-pouvoirs disparaissent, il n'y a plus de démocratie. Ce que j'explique dans mon dernier livre "Noir Chirac", c'est que Jacques Chirac a partie liée avec ceux qui sont en train de verrouiller deux des contres-pouvoirs majeurs en France : la justice et les médias. Cela s'opère à travers la haute hiérarchie judiciaire et la propriété progressive d'un certain nombre de médias. L'un des derniers épisodes étant Le Figaro, conquis par Serge Dassault, héritier lu lobby militaro-industriel. Mais ce n'est pas fini. Cependant, on assiste aujourd'hui à des choses qui donnent un espoir formidable. Nous venons de créer une association qui a porté plainte au nom de sept paysans camerounais, dont les plantations ont été massacrées par un exploitant forestier français. On en a tout à fait le droit. Nous avons donc créé une association pour porter les plaintes des gens qui sont victimes au sud, des sociétés françaises. Pour la première fois, un trafic d'armes a été dénoncé par un "petit juge"... Que se passe-t-il ? Il y a quarante ans, Maître Jacques Vergès, inventait la stratégie de rupture pour défendre les algériens colonisés, qui se battaient pour leur indépendance. Maître Vergès contestait radicalement la justice française. Quarante ans plus tard, Maître Vergès a changé de camp. Avec les avocats des puissants, il est obligé d'inventer une stratégie de rupture pour essayer de déstabiliser les juges Courroie, Van Ruymbeck ou les autres, qui sont en train de combattre les puissants. C'est un signe d'espoirs. La justice aurait-elle, quelque part, commencée à changer de camp ? Des procédures nombreuses et variées sont en train de naître contre des dictateurs africains, à partir des lois internationales sur les crimes contre l'humanité, s'appuyant sur des lois de compétences universelles, ... Dans la lutte entre la mondialisation mafieuse et criminelle des puissants, et la mondialisation des règles du jeu, la première est comme un moteur au kérosène. Elle part à toute allure, car elle saisit les opportunités. Les gens de la société civile, qui se battent pour défendre un certain nombre de choses, sont comparables à un moteur diesel. Ils démarrent avec un temps de retard. Ils attendent de se rendre compte que c'est insupportable pour réagir. Mais dans l'histoire, les moteurs au Diesel vont beaucoup plus loin que les moteurs au kérosène. Les gens commencent à saisir les mécanismes, et ensuite la situation se retourne. Regardez tout ce qui s'est passé autour des paradis fiscaux. Il y a trois ans, à peine un français sur dix savait ce que c'était. Dans deux ans, si on fait un référendum en Europe, pour ou contre les paradis fiscaux, on gagnera ce référendum. En partie grâce à vous. Leur nocivité est en train de se connaître de plus en plus, notamment grâce à des organisations comme Attac. Je prends l'exemple du scandale de l'absence de soins pour les malades africains victimes du SIDA. Tout le monde pensait qu'il était impossible de faire qui que ce soit. Le lobby pharmaceutique est sans doute l'un des lobbies les plus puissants au monde en terme de corruption. Trois ou quatre petites associations ont dit que si on prive les Africains de médicaments, cela veut dire que le lobby pharmaceutique est un marchand de mort. Et ils ont répandu ce message auprès de l'opinion publique mondiale. Mais le fond de commerce du lobby pharmaceutique est à l'opposé. Il se prétend "marchand de vie". Si on lui renvoie l'image de marchand de mort, que fait-il ? Il recule... Il recule... Il recule, et il n'a pas fini de reculer. Il a commencé de reculer parce que l'on a trouvé la faille dans le double langage. Autrement dit, les armes du moteur diesel sont beaucoup plus importantes que ce que vous l'imaginez. Il n'y a aucune raison de désespérer. En matière de justice, nous disposons de nombreuses armes. Le Comité pour l'abolition de la dette du tiers monde a trouvé quelque chose de formidable. En 1898, a été rendu un jugement, où les États-Unis ont empêché Cuba de rembourser sa dette à l'Espagne, parce que l'Espagne avait installé une dictature à Cuba. Les États-Unis ont dit que c'était une dette odieuse et illégitime, parce qu'elle a été contractée par une dictature. Mais si on applique ce principe de droit international, il y a beaucoup de pays africains qui vont vite être libérés de leur dette. Or, ce sont les États-Unis qui ont mis le précédent en avant. Nous avons des armes juridiques. Je pourrais vous citer des quantités d'exemples de ce type. Il ne faut pas désespérer. En deux ans, le forum social de Porto Alegre a ridiculisé le forum économique des puissants de la planète qui se réunit à Davos. Cela va continuer.

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L'information est accablante (10/1 Durée : 0'55''

L'information est accessible. Même les services secrets reconnaissent que 90% de l'information provient de sources ouvertes. Il suffit de faire le travail d'un chercheur d'or, de dépouiller l'ensemble de la presse française et étrangère. On peut aussi se constituer un réseau d'amis à travers le monde : des journalistes, des chercheurs, des défenseurs des droits de l'homme. Depuis dix ans, des africains sont venus chez nous pour expliquer ce qui se passait chez eux. En croisant ces quatre sources, on peut se faire une idée assez précise de la situation.

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Responsabilités africaines (11/1 Durée : 3'47''

Je n'ai pas beaucoup parlé de la responsabilité des africains dans cette situation, non pas parce qu'elles ne sont pas aussi importantes, mais parce qu'on vous en parle tout le temps. Il m'a semblé utile de vous informer sur les choses dont on ne vous parle pas. Mais ce serait évidemment une forme de néocolonialisme à l'envers que de dire que les africains n'ont pas une part importante dans cette situation. Je voudrais, à ce propos, dénoncer trois armes idéologiques importantes du néocolonialisme en Afrique. La première est le mépris. Lorsque vous discutez avec les gens qui opèrent ces manoeuvres de la Françafrique, vous vous rendez compte qu'ils ont un mépris incroyable de l'Afrique. Ils disent que l'Afrique est une page blanche, qu'on peut faire ce que l'on veut, qu'il n'y a pas de créativité politique et culturelle. Quand on connaît l'histoire de l'Afrique, on sait que c'est une connerie monumentale, mais un certain nombre d'Africains commencent à le croire. Se libérer de l'effet miroir de ce mépris est un premier point extrêmement important. Le deuxième point est qu'après la colonisation et l'esclavage, l'Afrique a hypertrophié ses solidarités de proximité. Elle doit reconstruire l'étage des règles du jeu et de l'échange et l'étage de son accès à la société mondiale. Or il y a deux idéologies que l'on inculque à l'Afrique et qu'il l'empêche de progresser. Il s'agit de l'idéologie qui consiste à faire de la corruption une fatalité. Car si la corruption est une fatalité, cela signifie qu'il n'y a pas de solidarité possible en dehors de la famille et du clan. Donc, que par conséquence, l'Afrique n'est pas capable de reconstruire des règles du jeu et qu'elle est condamnée a rester sous dépendance et à rester enfermée dans son rez-de-chaussée économique. Quand on sait tout ce que l'Afrique a comme valeurs et comme traditions, on sait que ce n'est pas le mensonge, le pillage, etc. On apprend autre chose. Mais après ça, on vous dit que vous ne pouvez pas fonctionner à l'étage supérieur sans la corruption... Tant que les Africains ne combattrons pas la corruption en se disant que ce langage de corruption est un langage néocolonial, il y aura beaucoup de mal à en sortir. Les sénégalais ont réussi à renverser un système illégitime, mais ils sont aujourd'hui confrontés à leur propre problème : comment vaincre la corruption ? Parce que s'ils restent dans la corruption, ils ne s'en sortiront pas. Le deuxième langage idéologique est celui de l'ethnisme. On leur dit qu'ils ne pourront pas fonctionner en dehors des solidarités ethniques. Au Congo Brazzaville, où il y a eu pendant les dix premières années, un véritable effort d'indépendance, des syndicats se sont créés. Ces syndicats étaient naturellement nationaux, transethniques. Aujourd'hui, des gens veulent détruire ces syndicats pour faire un syndicat par ethnie. Mais si on fait cela, on enferme le pays au rez-de-chaussée de l'économie. Le langage qui enferme les gens dans la fatalité de l'ethnisme ou la fatalité de la corruption, est le meilleur outil du néocolonialisme pour maintenir ces pays dans la dépendance.

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Exploitation (12/1 Durée : 0'37''

Ce que je décris pour le pétrole est vrai pour l'ensemble des matières premières. C'est vrai pour les forêts équatoriales, c'est vrai pour les diamants, l'uranium, le cacao, ... C'est vrai pour la pèche, dans des proportions scandaleuses. Ce système du pillage s'applique à toute l'exploitation rentière de l'Afrique.

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Impunité et secret (13/1 Durée : 2'40''

Un certain nombre de personnes sont septiques sur le rôle du tribunal pénal international. Je ne parlerai pas du tribunal international de La Haie, mais de la Cour pénale internationale qui va démarrer à la fin de l'année 2002. Il faut savoir que c'est un bien public essentiel. Tout un nombre de personnes se sont battues pour que soient applicable la convention de Genève. La Françafrique et les États-Unis se sont battus pour la rendre inapplicable. Je ne suis pas septique relativement à la Cour pénale internationale, car le crois à l'auto évolution des institutions. Quand on crée une institution, elle est très imparfaite au début. Croyez-vous que lorsque nous avons créé la justice républicaine en France, elle ne privilégiait pas les riches ? Elles commencent toujours de manière imparfaite. Mais lorsque vous créez ce genre d'institution, peu à peu, se dessine un langage qui s'appelle le droit. Et on peut contester le droit, car on n'est plus dans l'arbitraire. On est dans des procédures écrites et publiques. Pour résumer : l'impunité va avec le secret. Tout ce que je décris ici concerne la création de biens publics. Les biens publics ne sont pas seulement des biens pour tout le monde, ce sont des biens qui se débattent en public. Par conséquence, une justice, même imparfaite, se débat en public. Quand vous êtes en public, vous pouvez combattre beaucoup de choses, car vous pouvez combattre l'impunité. Pourquoi ai-je écrit le livre "Noir Chirac" ? Parce que "Noir Chirac" est au coeur d'un tas de mécanismes secrets qui lui valent toute son impunité. L'enjeu principal, avant d'obtenir des choses, est de se battre contre tous les systèmes d'oligarchie qui veulent faire fonctionner la politique dans le secret.

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Mauvaises nouvelles (14/1 Durée : 1'42''

Nous sommes de soir un peu plus de deux cents. Il y a trois ou quatre ans, il y aurait eu une quinzaine de personnes. Nous devons vaincre en France quelque chose de terrible. Les Français n'ont pas plus envie de savoir les crimes abominables qui ont été commis par la France en Afrique depuis un siècle, que les Autrichiens de savoir qu'il y a avait proportionnellement plus de Nazis en Autriche qu'en Allemagne. Il y a une protection de la classe politique, des médias, mais aussi des citoyens, contre les mauvaises nouvelles. Dans un premier temps, cela fait mal d'apprendre des mauvaises nouvelles. Après ça, on a envie de se battre. Mais personne n'a envie de franchir cette étape. Nous avons du lutter pendant dix ans, contre une résistance sourde de tout un tas de gens qui refusaient de voir la réalité en face. Nous avons été capables d'imposer le concept Françafrique. Aussi tôt, des journalistes bien payés, ont été envoyés dans les journaux pour dire que la Françafrique était finie depuis cinq ou dix ans. De même, Chirac vous dit en 1995 que les problèmes de financement des partis politiques sont terminés depuis 1990. En 2000, il vous dit que c'est fini depuis 1995. Et en 2005, il vous dira que c'est fini depuis 2000. Aujourd'hui, on dit que la Françafrique est finie, alors qu'elle perdure plus que jamais. Ce que je remarque, c'est qu'il y a de plus en plus de gens qui ont envie de savoir. Il comprennent que ce n'est pas seulement le malheur des Africains qui est en train de se faire. C'est notre propre malheur. Comment pensons-nous que, par rapport à un continent qui va bientôt compter un milliard d'habitants, nous pourrons avoir des relations pacifiques, si nous continuons de vendre à l'Afrique ce que nous avons de pire en terme de voyoucratie. C'est de l'ordre de l'évidence.

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Franc maçonneries (15/1 Durée : 2'28''

La Grande loge nationale française (GLNF) est aujourd'hui, essentiellement, la franc-maçonnerie la plus à droite. Tous les Chefs d'État de la Françafrique, tous les dictateurs, de même que les principaux responsables des services secrets, de même que les généraux qui commandent les anciennes troupes coloniales, de même qu'une grande partie des gens qui dirigent le lobby pétrolier, les trois Chefs d'États africains qui m'ont fait un procès (qu'ils ont perdu), tout l'état major de TF1, une grande partie de la presse régionale, etc, font partie de ces réseaux d'initiés, dont j'explique dans mon livre "Noir Chirac", qu'ils ont été constitués dans le cadre de la guerre froide. Quand il a fallu mettre en place les moyens pour combattre le risque soviétique, il y a eu un service secret au sein du service secret de la C.I.A. qui s'est créé, et qui a décidé de créer une sorte de chevalerie. Et cette chevalerie a été recrutée dans les obédiences maçonniques très à droite, mais également dans les Roses Croix, dans les sectes de Templiers, la scientologie, etc. C'est à dire qu'il y a toute un partie sectaire et initiée qui n'est pas seulement à la GLNF. Il y a aussi la mafia. La guerre froide s'est faite avec la mafia. Que ce soit avec la mafia italienne ou la mafia corse. On a attribué à la mafia corse des fiefs en Afrique. Je tiens à être tout à fait précis. Dans l'histoire de France, dans l'histoire de la démocratie et de la république, la franc maçonnerie a jouée un rôle positif très important. Beaucoup des institutions républicaines (y compris la constitution de biens publics), ont été créées grâce à la partie positive de l'humanisme franc maçon. Or, ce que j'explique dans "Noir Chirac", c'est que comme il y a une partie secrète et initiatique, c'est une tentation extraordinaire pour les services secrets de tenter de dévoyer cette partie là, pour faire le secret du secret. C'est comme ça, que dans l'histoire de la franc maçonnerie, des responsables des services secrets sont devenus des Grands Maîtres. Il y a eu Baroin. Il y a eu récemment Guglielmi, ...

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La force des combats citoyens (16/1 Durée : 3'14''

Tous ces enjeux sont extrêmement liés. Nous avons créé il y a un an et demi, une association qui s'appelle "Biens publics à l'échelle mondiale", qui a fait travail pluridisciplinaire à l'échelle mondiale pour montrer comment, dans notre mémoire de l'humanité, nous savons que nous sommes capables de conquérir du bien public. Ce processus se déroule en trois temps. On démarre par un bien désirable. Une partie de l'humanité considère que nous devons conquérir un bien ou que ce bien est insupportable. Par exemple, l'absence de soins pour les malades du SIDA, ou à un moment donné, le besoin de pouvoir donner de l'éducation aux enfants, ... A ce moment là, se constitue un mouvement désirant pour le réclamer. Ce mouvement désirant est constitué de gens qui n'ont pas ce bien, et de gens qui pensent qu'il serait souhaitable que tout le monde ait ce bien. Ces gens-là constituent au début une alliance tout à fait imparfaite. Ce sont les petits mouvement dont je parlais tout à l'heure, et qui ont secoué le lobby pharmaceutique. Ces gens-là cherchent à trouver un débiteur du bien public. Dans un premier temps, tous les débiteurs se défilent en disant : "ce n'est pas moi, c'est l'autre. Je n'ai pas les moyens". Si vous demandez à la Banque mondiale, ils vous répondrons que votre demande ne rentre pas dans leur domaine d'intervention. De même pour le FMI ou l'ONU. A ce moment-là, on repart pour un tour. Le bien devient de plus en plus désirable car il n'est toujours pas là et les gens le veulent. Le mouvement désirant commence à trouver des astuces. Il trouve des failles juridiques, politiques, médiatiques, ... Puis ils commencement à tailler des croupières aux débiteurs qui n'en veulent pas. Et cela se poursuit. A un moment donné, le mouvement désirant coince un débiteur. Le débiteur ne peut ou ne veut toujours pas, mais le mouvement est tel qu'on va lui en donner les moyens. Quand, au bout d'un long processus, on a dit qu'il faut la Santé, la Sécurité sociale, ... Au début, la sécurité sociale n'avait pas les moyens. Mais comme on lui a imposé le mandat, on lui a donné les moyens. Donc tous ceux qui pensent qu'on ne peut pas conquérir de biens publics, car on pense que les débiteurs n'ont pas les moyens, se trompent. Le débiteur acquière les moyens, le jour où le mouvement désirant est devenu assez fort pour les lui donner. (...)

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Panafricanisme (17/1 Durée : 1'50''

L'ethnisme, c'est d'abord la manipulation de l'ethnisme. La plupart des gens qui développent un discours ethnique, que ce soit au Rwanda ou ailleurs, n'y croient pas. C'est simplement une arme politique redoutable pour conserver le pouvoir. (...)

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Contre pouvoir (18/1 Durée : 2'21''

Les gens qui ont été mis en place en courcicuitant complètement l'émergence des contre-pouvoirs. Chaque fois qu'ils sont apparus, on les a plus ou moins éliminés. Ce n'es pas un hasard, si dans ces états rentiers, gouvernés par des clans, chaque fois que des gens veulent créer de la richesse économique ou des activités, l'administration fait échouer la création d'activités, parce qu'un développement productif suscite des contre-pouvoirs des classes de travailleurs et d'entrepreneurs, qui ne dépendent pas de l'État. Donc, aujourd'hui, la bataille centrale, pour développer les indépendances africaines, c'est la bataille qui consiste à développer à tous les niveaux les mécanismes de solidarité et de constructions économiques, sociales et politiques, à l'étage des valeurs, où l'on respecte les règles du jeu. L'enjeu aujourd'hui est que les Africains discutent pour mettre en avant leurs propres valeurs. C'est à eux de créer les règles du jeu dans lesquelles ils se reconnaissent et qu ne leur sont pas imposées. Si les Africains font cela, ils vont apporter énormément au monde. On dit toujours qu'il n'y a pas de contre-pouvoirs en Afrique. Mais quand vous regardez les chefs et la tradition africaine, vous découvrez une sophistication des contre-pouvoirs pour empêcher le chef de délirer, tout à fait extraordinaire; il y a autant de réserve d'inventivité politique dans les traditions africaines, qu'il y a de réserves pour les médicaments du futur au vingt-et-unième siècle dans les forêts africaines. Je crois que l'Afrique va être capable d'inventer des formes de démocratie, de contre-pouvoirs, de légitimité, de solidarité et d'échanges, qui vont nous apporter beaucoup. Mais pour qu'elle y arrive, la condition est qu'elle ait confiance en elle même. Si les Africains n'ont pas confiance en eux-même, ils ne seront pas capables de déployer tout ce qu'ils ont, et qui vont leur permettre de construire tous ces étages de développement, dont ils ont montré dans le passé, qu'ils étaient parfaitement capables de les construire.

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"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon

[Joseleñ]

[bamiléké]

[M.O.P.]

[Ambassadeur]

[Ambassadeur]

[bamiléké]

[M.O.P.]

[bamiléké]

[bamiléké]

Voici une analyse du Professeur A Kom, que l'on ne peut pas accuser de "légèreté d'analyse".

http://www.arts.uwa.edu.au/MotsPluriels/MP297ak.html
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Mentalité de la cueuillette=sida économique

« nan laara an saara » :
"Si on se couche, on est mort" . Joseph Ki-Zerbo

[M.O.P.]

[M.O.P.]

[bamiléké]

Il n'y a pas de pire aveugle, que celui qui ne veut pas voir .

Tu ne vis certainement pas au Cameroun ou le tribalisme d'Etat s'en donne à coeur joie en se cachant sous les fallacieux pretextes de dosage ethnique et autres quotas ,qui ne fonctionnent qu'à sens unique.

Le prof Ambroise Kom , grand ami de Mongo Beti ,qui s'est toujours illustré par une lucidité et description impartiale du système, pleurerait si il te lisait!
Peut ètre que tu fais partie du clan des "élus" de la Republique et te contente de répéter les discours officiels...

http://www.wagne.net/messager/messager/1001/10-15/Livre.htm

http://orees.concordia.ca/archives/essai/fandio.shtml (lire le passage sue A. KOM)

Ton appréciation sur le non-tribalisme se limite à une énumeration des membres du Gouvernement!!!!!
(on se demande pourquoi les arabes se plaignent en France, il y a Azouz Begag qui est Ministre!!!)
Ne sait tu pas qu'au Cameroun qu'il n'y a aucun rapport entre le titre officiel d'un individu et son influence réelle ?
Seule la proximité géographique avec le clan au pouvoir compte!
Ainsi le Ministre de la Culture, de la mème aire géographique et grand pote du Président ,peut se permettre de snober les conseils de Cabinet du Premier Ministre sans craindre la moindre sanction...
Un sous-ministre ou un chef de département a souvent plus de poids que son superieur hierarchique , d'ou le foutoir actuel au niveau de l'Administration...

Je répète donc que les postes stratégiques( pas forcemment ministeriels) sont entre les mains du mème clan prédateur, ce ne sont pas quelques strapontins ministeriels qui nous leurrons.

Quand à tes statistiques, laisses moi rire.
Qui les à faites?
On nous presente toujours le Nord Cameroun peuplé majoritairement de Peuhls comme le vivier electoral stratégique du pays en raison de son poids démographique.Maintenant tes statistiques prétendent qu'ils ne représentent que 9% de la population!!!!!!!!
De mème:
Il est de notoriété publique qu'il y a une sur-representativité des populations du sud Cameroun au Parlement, par rapport à leur démographie, maintenant j'apprend qu'ils sont majoritaires dans le pays!!!!
Quand il s'agit de s'appoprier des postes administratifs le pouvoir ne tient compte que des "autochtones"par rapport aux "allogènes" quand on parle de poids démographique, là il tient compte de toute la population résidente, d'ou un gonflement artificiel des chiffres, il faudrait savoir....
Les bamiléké sont majoritaires dans la ville de Douala qui a plus de 3 millions d'habitants.
La region Grand Ouest ,assez homogène ethniquement, est réputée surpeuplée, il existe une diaspora nombreuse de ses ressortissants dans tout le pays , malgrés tout cela il sont un peu moins nombreux que les Bétis!!!!!????
Si cela peu te rassurer, dans le dictionnaire Larousse il parait qu'il n'y aurait que 160 000 Bamis!!!!!!

Donc, une foi de plus ta mauvaise foi s'exprime.
Tu est plus dangereux que les bountys ou les afro pessimistes qui, eux au moins, s'affichent ouvertement.
Désolé ; mais tu est exactement le genre d'hypocrite dont les colons raffolent ,afin de les utiliser à tromper leurs frères...


Pour en revenir une dernière fois sur mes affirmations, je le répète:
Les populations du Sud Cameroun , à travers le clan au pouvoir,n'a jamais démontré une quelconque habilité à faire des investissements un temps soi peu productifs, malgré la manne financière dont ils ont bénéficié durant 23 ans et dilapidé dans des dépenses de consommation stériles.
Cela est dommage pour le pays et le continent.
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[bamiléké]

C'est cela, lasses toi......

[bamiléké]