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L'éphémère Fédération du Mali.

 
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Teo Van
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MessagePosté le: Lun 21 Nov 2005 14:48    Sujet du message: L'éphémère Fédération du Mali. Répondre en citant

Quatres Etats autonomes d'Afrique occidentale, le Dahomey (actuel Bénin) , la Haute Volta (actuel Burkina Faso), le Soudan (actuel Mali) et le Sénégal s'unissent et donnent naissance à la Fédération du Mali en Janvier 1959.

Quelques mois plus tard, la Fédération du Mali devenue indépendante le 20 juin 1960, se limite au Soudan et au Sénégal.

Dans la nuit du 19 au 20 août 1960, c'est la rupture entre ces deux Etats.


Ce topic est ouvert pour pouvoir débattre et comprendre les causes de cette faillite si rapide.

Merci aux diverses contributions.
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Nicolas Sarkozy « La France, économiquement, n’a pas besoin de l’Afrique. Les flux entre la France et l’Afrique représentent 2% de notre économie ».
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Teo Van
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MessagePosté le: Lun 21 Nov 2005 15:07    Sujet du message: Répondre en citant

Extraits du discours d'ouverture de Lamine Gueye, à l'Assemblée Fédérale Constituante.

Notre réunion, dans cette salle des délibérations du Grand Conseil est un acte de foi dans le destin d'une Afrique forte de l'union de tous ses enfants sans discrimination d'aucune sorte.

C'est aussi un sujet de méditation à l'adresse de ceux qui, dans des déclarations diffusées avec un empressement digne d'un meilleur objet, ont cru pouvoir établir une relation de cause à effet entre la disparition envisagée du Grand Conseil dans sa forme actuelle et l'effondrement de l'unité africaine

Le Grand Conseil va évidemment faire place à une assemblée nouvelle dont il nous appartient de définir la structure, les attributions, les règles de fonctionnement, de même que tous les autres organes de la Fédération.

Pour l'instant, il ne me paraît pas inopportun de rappeler que, c'est par un décret du 16 juin 1895 que les territoires de l'AOF ont été groupés en Fédération ; que pendant plus de soixante ans, cette fédération a été placée sous l'autorité d'un haut fonctionnaire qui a tout d'abord porté le titre de Gouverneur général, puis de haut-commissaire de la République, que son budget établi par lui et les gouverneurs des territoires assistés des hauts fonctionnaires du Gouvernement général n'a été soumis au contrôle des élus qu'après l'entrée en vigueur de la loi du 2 août 1947 que j'ai eu le grand honneur de rapporter au Palais Bourbon.

Les Africains peuvent considérer, par contre et en l'absence de tout complexe, qu'après avoir, depuis la Libération, assuré la gestion correcte de leurs divers budgets sur le plan municipal et territorial, aussi bien que la Fédération ; participé aux activités des Conseils de gouvernement et des Assemblées politiques de la Métropole et de nombreux organismes de caractère international avec les mêmes attributions et responsabilités que leurs autres partenaires, ils ont le droit de se prévaloir de l'expérience et de la qualification ainsi acquises pour affronter les lourdes tâches qui désormais leur sont dévolues dans le cadre de la Constitution qu'ils se sont librement donnée...

Pour cela, indique-t-on, il faut mettre à l'épreuve la sincérité des Etats membres en exigeant de chacun d'eux la signature d'un accord particulier avec la France et l'engagement de demeurer inconditionnellement à ses côtés dans la Communauté ...

Quant à exiger l'engagement d'y demeurer quelles que soient les circonstances nouvelles qui pourraient survenir et de s'interdire en quelque sorte pour l'éternité toutes possibilités d'accès à l'indépendance, le moins qu'on en puisse dire, c'est qu'une telle exigence va bien au-delà de la Constitution du 5 octobre 1958 dont l'article 86 règle les conditions dans lesquelles un membre de la Communauté peut devenir indépendant tandis que l'article 88 prévoit expressément la conclusion d'accords d'association entre la République ou la Communauté et les Etats qui n'en font pas partie

Mais des problèmes susceptibles de se poser dans l'avenir ne doivent pas nous faire oublier celui qui, à nos yeux, les domine tous et qu'il nous faut résoudre préalablement à tout autre: l'Unité Africaine.."
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Teo Van
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MessagePosté le: Lun 21 Nov 2005 15:14    Sujet du message: Répondre en citant

Allocution de Mahamane Haïdara Alassane, chef de la délégation du Soudan.

"Le 28 septembre 1958, les peuples d'Outre-Mer, en adoptant la Constitution, ont accédé à la libre gestion de leurs propres affaires dans le cadre d'une Association égalitaire et fraternelle avec le peuple de France.
Les institutions de la Communauté, telles qu'elles résultent de la Constitution du 5 octobre, ont une structure dynamique qui constitue pour nous un gage de viabilité. C'est pourquoi nous entendons qu'elles soient appliquées dans le même esprit, afin de permettre aux peuples associés de poursuivre leur évolution démocratique.

C'est au nom de la solidarité des peuples et en particulier des peuples d'expression française, que nous avons estimé que l'affirmation de la personnalité africaine ne pouvait trouver présentement de meilleur cadre pour son évolution harmonieuse qu'au sein de la Communauté.

Suivant les termes du Président Modibo Keita : "Une Union fraternelle des Peuples d'Afrique et de France ? Oui, assurément, mais d'abord l'union fraternelle des diverses populations du Cap-Vert au Lac Tchad, du Sahara au Golfe de Bénin, intimement liées par leur situation géographique, leur culture et leur économie...

Certains prétendent que le principe de la Fédération Africaine contient le germe de sécession, d'éclatement de la Communauté. Ne sont-ils pas imprégnés, ceux-là, de cette idée ancienne de la domination par la division ?

Pour nous, qui nous refusions d'admettre que l'on puisse bâtir une vraie communauté au nom de tels principes périmés, nous affirmons au contraire, hautement, que la Communauté ne tirera sa force interne, sa puissance externe que de la force de ses composantes.

La faiblesse, la division systématique des associés de la France ne peuvent qu'aliéner la prospérité de l'ensemble…

C'est également pourquoi l'on doit se convaincre qu'une Communauté composée d'une multitude de petits Etats se verrait rapidement balayée par des courants profonds qui parcourent la terre d'Afrique.

La Communauté ne doit pas être une fin en soi, mais un ferment de l'évolution de nos peuples assoiffés de liberté et de justice..

C'est le problème qui se pose à nous aujourd'hui, car l'essentiel de notre tâche a été accompli à la Conférence de Bamako, le 30 décembre 1958, lorsque, solennellement, les délégués du Gouvernement de la République du Dahomey, de la République Soudanaise, de l'Etat du Sénégal ainsi que la délégation spéciale du Gouvernement de la République de Haute-Volta, ont solennellement proclamé leur ferme détermination d'établir, sans plus tarder, les bases d'une Fédération ouverte à tous les Etats d'Afrique occidentale, membres de la Communauté, qui manifesteraient la volonté d'y adhérer..."

sources http://senegalmaur.ifrance.com/senegalmaur/fed-mali.html
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Teo Van
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MessagePosté le: Lun 21 Nov 2005 15:21    Sujet du message: Répondre en citant

LE PROJET DE CONSTITUTION FEDERALE

Article premier. - Les Etats du Dahomey, de la Haute-Volta, du Sénégal et du Soudan constituent une Fédération qui prend le nom de :

"Fédération du Mali".

La langue officielle de la Fédération du Mali est: le Français . La devise de la Fédération est:

"Un peuple, un but, une foi".

Le drapeau de la Fédération qui est aussi celui des Etats fédérés est composé de trois bandes verticales et égales de couleur vertes, or et rouge. Il porte en noir, sur la bande or, l'idéogramme de l'homme, les bras levés vers le ciel.

Le siège des Institutions de la Fédération est Dakar. Il pourra être transféré en tout autre lieu de la Fédération par une loi fédérale.

Une loi fédérale déterminera le choix du sceau et de l'hymne de la Fédération.

Article 2. - Les institutions de la Fédération sont

- le Gouvernement fédéral,

- l'Assemblée fédérale,

- l'Autorité judiciaire.

Il est créé une Cour fédérale ayant valeur d'une Institution d'Etat.

Article 3. - Le pouvoir exécutif de la Fédération appartient au Chef de Gouvernement fédéral ; il l'exerce en Conseil des Ministres dans les cas prévus par la présente Constitution.

Article 5. - Les ministres fédéraux constituent le Gouvernement fédéral, chargé de la gestion des services fédéraux et responsables devant l'Assemblée fédérale. Le chef du Gouvernement préside le Conseil des Ministres.

Article 6. -Le Président du Gouvernement est pressenti parle bureau de l'Assemblée législative fédérale. Il est investi par un vote au scrutin public à la tribune à la majorité absolue des membres composant l'Assemblée.

Article 7. - Le Chef du Gouvernement fédéral choisit et nomme ses ministres, au sein ou en dehors de l'Assemblée fédérale, à raison de deux par Etat.

Article 8. - Le Chef du Gouvernement fédéral dispose de l'administration et des forces de sécurité fédérales. Il nomme à tous les emplois de la Fédération.

Article 9. - Le Gouvernement fédéral est responsable devant l'Assemblée législative fédérale. Le Chef du Gouvernement fédéral peut décider, en Conseil des Ministres, de poser la question de confiance.

La confiance est refusée au scrutin publie, à la majorité absolue des membres composant l'Assemblée.

Article 12. - Après accord avec les organes de la Communauté, et dans la limite de ces accords, la Fédération peut se faire représenter dans toutes les instances internationales.

Article 16. - Les Lois et Réglements fédéraux sont exécutoires dans les Etats fédérés. Les actes réglementaires du Gouvernement fédéral ne peuvent contrevenir aux dispositions de la loi fédérale, ni à la réglementation des Etats, dans les domaines qui sont de leur compétence.
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Teo Van
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MessagePosté le: Lun 21 Nov 2005 15:25    Sujet du message: Répondre en citant

Les célèbres opposants à cette fédration

Houphouet Boigny, ne croit ni à la durée, ni à l'éfficacité de la Fédération.

Le président du Conseil du Dahomey Apithy exprime son désaccord au sujet de la constitution de la Fédération du Mali qu'il considère nuisible pour son pays.

Hammadou Dicko, sécrétaire général du parti soudanais R.D.A. prend position contre la fédération du Mali.
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ARDIN
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MessagePosté le: Lun 21 Nov 2005 23:29    Sujet du message: Répondre en citant

Salut TEO!
C’est l’occasion pour moi de presenter aux grioonautes Pierre Nandjui, jeune intellectuel ivorien, qui a analyse le role joue par Mr Felix Houphouet Boigny dans un son livre intitule: “Houphouet-Boigny, l’homme de la France en Afrique”.
Des l’avant-propos, l’essayiste ivoirien accuse: “….Au sein de ces reseaux de relations et d’amitie, la Cote d’Ivoire de Mr Houphouet-Boigny a joue un role non negligeable pour la defense des interets et de l’influence de la France en Afrique”(Page 6)
Et puis plus loin, il devient plus précis: “Mr Houphouet-Boigny mit tout en oeuvre pour briser le socle de l’unite africaine que representait la Federation du Mali. Tout simplement parce que cette grande coalition d’Etats qui se dessinait en Afrique de l’Ouest etait percue par les Francais comme dangereuse pour la survie de leurs interets”(Page103).
En Afrique Mr Houphouet-Boigny ne fut pas le seul a briser l’elan panafricaniste et les tentatives de sa mise en oeuvre. Des noms tells que Diori Hamani du Niger, Amadou Ahidjo du Cameroun, Leopold Sedar Senghor du Senegal, etc…peuvent egalement etre cites. Avec l’appui de la France, ces homes n’ont pas manqué de promouvoir des organisations fantoches, [b]Le Conseil de l’entente, l’UAM, l’OCAM, afin de creer des obstacles de nature a empecher le bon fonctionnement et l’efficacite des veritables organisations d’integration africaine.
Nous n’en finissont pas de payer le prix car ces premiers politicians de l’independence ont produit des emules qui continuent a exercer aujourd’hui un semblant de pouvoir dans plusieurs pays africains au profit exclusive et sous tutelle de grandes puissances.
_________________
l'Hommage a Cheikh Anta Diop sur PER-ANKH
l'Hommage a Mongo Beti sur PER-ANKH
l'Hommage a Aime Cesaire sur PER-ANKH

LPC-U : CONSTRUIRE LE CONGO POUR L'UNITÉ DE L'AFRIQUE
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Teo Van
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MessagePosté le: Mer 23 Nov 2005 14:32    Sujet du message: Répondre en citant

http://www.afribone.com/article.php3?id_article=1846

Rupture de la Fédération du Mali, Les causes politiques immédiates

Les divergences des conceptions des structures fédérales nées lors des conférences politiques d’avril, mai et août 1960, la différence des doctrines - des méthodes notamment - et celle des points de vue sur la politique internationale du Mali avaient une place de choix dans l’échec de la Fédération au plan politique.


Parmi les différents éléments qui ont directement causé l’échec du Mali au plan politique, la différence des conceptions des structures fédérales et celle de la politique extérieure tiennent une place de choix. La différence des conceptions des structures fédérales.

C’est à l’occasion du transfert des compétences du 4 avril 1960 que sont nées les divergences relatives à la structure à donner à la Fédération du Mali. Le fossé entre les deux conceptions sénégalaise et soudanaise s’est approfondi lors des conférences politiques d’avril, mai et août 1960.

Tous les protagonistes défendent la même idéologie à savoir un socialisme qui permette l’Unité africaine. La différence entre les points de vue résidait dans les méthodes à suivre pour atteindre le but que consacre ce socialisme. Côté conférences politiques, de l’avis des Soudanais, aucune décision n’avait été prise.

Or les Sénégalais prétendent que le secrétaire administratif du Parti de la Fédération africaine (PFA), le Sénégalais Doudou Guèye, avait fait disparaître les procès-verbaux de ces réunions. En tout état de cause les deux versions restaient divergentes.

Car la conception du Sénégal, c’était l’idée d’une Fédération caractérisée par la souplesse des relations entre les Etats fédérés.

Pour cette raison, dès la conférence d’avril 1960 et lors du transfert des compétences du 4 avril de la même année, ce pays avait préconisé l’indépendance préalable des Etats fédérés et le transfert de ces compétences à leur profit, avant la délégation, à la Fédération, de certains des pouvoirs ainsi reçus par les Etats membres.

Par ailleurs, à la différence des Soudanais qui voulaient faire contrôler l’Economie par l’Etat fédératif malien, les Sénégalais voulaient que cela relevât du Sénégal et du Soudan.

La conception était, en effet, tout autre pour les ressortissants de ce pays. Ici, Modibo Kéïta est partisan d’une Fédération à laquelle les pays membres confieraient des pouvoirs plus amples que leurs propres compétences.

C’est ce qui l’a poussé à réclamer le transfert des compétences, directement, de la Communauté au Mali, sans passer par le biais du Sénégal et du Soudan. S’il est certain qu’il ne s’est jamais comporté en "chef d’Etat unitaire", il est indéniable que sa position tendait vers l’unicité du Mali.

" Au sein de la Fédération du Mali, les Soudanais étaient favorables à une harmonisation maximum des politiques du Sénégal et du Soudan. Les Sénégalais préconisaient quant à eux une harmonisation minimum ", selon le Sénégalais Doudou Thiam, membre du Gouvernement.

Malgré ces divergences, une entente avait finalement pu être trouvée, les 21 et 22 mai 1960, sur les modalités d’exercice du pouvoir, mais les opinions restaient toujours différentes.

Côté différence des doctrines, le socialisme malien avait pour fondement le marxisme. Au Soudan, Modibo Keïta, formé au Rassemblement démocratique africain, était foncièrement "gauchiste", son idéologie politique s’apparentant au communisme.

Au Sénégal, l’influence du Parti communiste sur les dirigeants, formés par les "libéraux français", a eu pour conséquence sur eux le fait d’être certes partisans du "gauchisme", mais il s’agissait d’un "gauchisme réformiste".

Ainsi, qu’il s’agisse du socialisme soudanais ou du socialisme sénégalais, les dirigeants voulaient-ils aboutir aux mêmes fins : l’indépendance. Par des méthodes différentes !

Cette différence tire son fondement dans la formation politique. Il existait au Sénégal des partis tels que la branche sénégalaise du Parti du regroupement africain (PRA), le Parti africain de l’indépendance (PAI) et le Parti socialiste sénégalais, tous de gauche, et celui des religieux, de droite.

Ces formations s’opposaient à celle du Gouvernement, l’Union progressiste sénégalaise. Le multipartisme sénégalais permettait ainsi plus de libéralisme par rapport au système du Soudan.

Ici, les formations de l’opposition ont fini par disparaître. Tel était le cas du Parti progressiste soudanais (PSP), de Fily Dabo Sissoko, qui a rejoint l’Union soudanaise, section locale du RDA (US-RDA), en décembre 1958.

Cas aussi du Parti du regroupement soudanais (PRS), de Hammadoun Dicko, qui disparut en mars 1959. La section soudanaise du Parti africain de l’indépendance, lui, rejoignit l’US-RDA en fin 1959.

La formation au pouvoir se trouvait ainsi très structurée avec l’adhésion en son sein des différents partis d’opposition. La politique extérieure du Mali n’était pas non plus vue du même œil par les Soudanais et les Sénégalais.

Deux conceptions divergentes de la politique extérieure Léopold Sédar Senghor et Modibo Keïta avaient deux visions différentes des relations internationales du Mali, particulièrement avec la France et l’Union soviétique.

S’agissant du problème algérien - qui intéressait d’abord la Métropole -, Keïta avait annoncé son intention de voter contre celle-ci à l’Organisation des Nations unies, de reconnaître le Gouvernement provisoire de la République d’Algérie (GPRA) et même d’envoyer un contingent militaire malien pour combattre aux côtés du Front de libération nationale (FLN).

Senghor lui reprochait cette déclaration. Mais ce reproche était sans fondement dans la mesure où, Keïta, en tant que chef du Gouvernement malien, avait le droit de voter pour ou contre l’indépendance d’un Etat.

En ce qui concerne le problème du Congo belge (actuelle République démocratique du Congo), une guerre civile avait éclaté une dizaine de jours après l’accession à l’indépendance de cet Etat.

Opposant, à partir du 11 juillet 1960, Moïse Tshombé, appuyé par la Belgique, les Etats-Unis, la Grande Bretagne et l’Afrique du Sud, au régime de Joseph Kazavubu, ce conflit allait consacrer le début de la sécession du Katanga.

A ce sujet, les Soudanais voulaient défendre le maintien de l’intégrité territoriale du Congo, même s’il fallait faire revenir, par la force, le chef de la rébellion, Moïse Tshombé, à l’autorité centrale.

A Monrovia, capitale du Libéria, Modibo Keïta déclara vouloir doter la Fédération d’une monnaie nationale. Ce que ne concevait pas Léopold Sédar Senghor. Or, de l’avis de Pierre Gam, "l’exercice d’une telle compétence, pour facultatif qu’il soit, ne saurait constituer une illégalité ".

Le Chef du Gouvernement fédéral, lui, justifiait sa déclaration en ces termes : "M. Senghor me fait le reproche d’avoir préconisé... une zone monétaire africaine comme si cette évolution souhaitée par tous les Africains n’est pas la conséquence logique de la création d’un marché commun africain, tel que cela a été souhaité par le comité directeur du PFA".

De tous ces problèmes, la solution qu’envisageaient le Sénégalais Senghor et ses partisans ne pouvait être atteinte, selon eux, que par des moyens pacifiques.

Ceci s’explique par le souci qu’ils avaient de sauvegarder les relations de leur pays avec la France. Ce qui est bien normal sur le plan purement politique.

Modibo Keïta, à son tour, critique la position sénégalaise et reproche à Senghor d’être "plus Français que le plus Français des Français".

Pour lui, Senghor "veut africaniser les Blancs alors que le Sénégal a des cadres nantis de toutes les références mais qui demeurent inemployés ou sous-employés".

C’est d’ailleurs ces différents reproches, que les dirigeants maliens adressaient les uns aux autres, qui ont conditionné la compétition pour le leadership à l’occasion des élections qui devaient avoir lieu le 27 août 1960 pour désigner démocratiquement les présidents de l’Assemblée et de la Fédération du Mali.

Z.M

15 septembre 2005.


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MessagePosté le: Mer 23 Nov 2005 15:05    Sujet du message: Répondre en citant

Les divergences auront d'abord été politique.

Les vers dans le fruit, certains hommes politiques, dans leur crainte de rompre avec l'ancien colonisateur, ont crées une situation de rupture au sein de cette union naissante.

Mais plus tard et c'est encore d'actualité, c'est dans les populations que les divergences sont encrées.

Les micro nationalismes se sont reveillés partout.

Fin des années 50 c'était les manifestations anti soudanaise au sénégal. C'était les manifestations anti dahoméenne en Cote d'ivoire.

Aujourd'hui c'est la xénophobie vis à vis du Burkinabé en Cote d'ivoire. La xénophobie vis à vis du Ghanéen ou du Nigérian au bénin..... un peu partout le même cas de figure.

Ce que Fanon traduira dans "Mésaventure de la conscience nationale" dans les termes suivants :
" Notre erreur, à été, sous prétexte de lutter contre la balkanisation, de ne pas prendre en considération ce fait précolonial qu'est le territorialisme.
Notre erreur a été de n'avoir pas dans nos analyses, assez accordé d'attention à ce phénomène, fruit du colonialisme, mais aussi fait sociologique qu'une théorie sur l'unité si louable ou sympathique soit elle, ne peut abolir.
Nous nous sommes laissés séduire par le mirage de la construction la plus satisfaisante pour l'esprit, et prenant notre idéal pour une réalité, nous avons cru qu'il suffisait de condamner le territorialisme et son produit naturel, le micro nationalisme, pour avoir raison d'eux et pour assurer le succès de notre entreprise chimérique
"

Aujourd'hui, l'idée d'appartenance à ces portions de territoires conçues pour les besoins économique du colonisateur, est fortement encrée dans l'esprit des Africains.
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MessagePosté le: Jeu 24 Nov 2005 20:04    Sujet du message: Répondre en citant

LA LOI CADRE GASTON DEFFERRE , juin 1956

Source encarta encyclopédie.

Inspirée par le ministre d’État Félix Houphouët-Boigny, partisan de l’édification d’une fédération franco-africaine au sein de l’Union française, la loi-cadre démocratise la vie administrative et politique des territoires d’outre-mer, en reprenant certains traits du statut libéral accordé au Togo en 1955.

Sur le plan administratif, elle met théoriquement fin aux pratiques discriminatoires usuelles en affirmant le droit des « indigènes » à tous les emplois.

Sur le plan politique, elle dote les territoires d’assemblées représentatives, élues au suffrage universel direct par un collège électoral unique. Ces assemblées sont souveraines en matière budgétaire, économique et sociale. Elles désignent un embryon de pouvoir exécutif : le Conseil de gouvernement, présidé par le représentant de la République (le haut-commissaire). Dans les faits, le pouvoir revient au vice-président élu du conseil.

Par ces mesures, l’État accepte le transfert du pouvoir local aux élites africaines, afin que les territoires d’A-ÉF et d’A-OF, dans la perspective encore hypothétique de l’indépendance, expérimentent le self-government. Pour l’heure, du reste, leur souveraineté se trouve limitée.

La loi-cadre ravive aussitôt le débat sur l’évolution de l’Union française : soit vers une fédération franco-africaine, soit vers des accords entre chaque territoire et la métropole. L’indivisibilité de la République n’étant pas remise en cause, l’idée de semi-autonomie continue de prévaloir. Néanmoins, le cadre défini par la loi est bientôt rendu caduc, d’une part du fait de l’influence du « Congrès de l’indépendance » (mai 1958), et d’autre part, parce que la loi illustre, en soi, une accélération institutionnelle de la décolonisation.

La loi augure donc de l’inéluctable passage à l’indépendance formelle de l’A-ÉF et de l’A-OF, et ainsi à la désagrégation de l’empire colonial.

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Mes commentaires

Une seconde balkanisation de l'Afrique a donc été réalisé à travers cette loi cadre Gaston Defferre 1956.
De 2 ensembles AOF, AEF, gérés chacunes par une autorité unique, il a été extrait une dizaine de territoire a qui a été accordé souveraineté budgétaire éconmique et social. Les rudiments de la constitution de plusieurs Etats.
De quoi reveiller les ambitions de petit chef et les égoïsmes des différents leaders de paille fabriqués et propulsés au devant de la scène par l'école coloniale.

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MessagePosté le: Lun 05 Déc 2005 22:31    Sujet du message: Répondre en citant

http://www.rts.sn/Senegal_hist_independance.htm

La Loi Cadre Gaston Deferre
Le 23 juin 1956, l'Assemblée Nationale vote la Loi-Cadre de Gaston Deferre. Celle-ci modifie le statut des colonies d'Afrique Noire : elle accorde le suffrage universel aux populations, renforçe les pouvoirs de l'Assemblée Territoriale mise sur pied en 1946 et opére une décentralisation administrative. L'A.O.F. est divisée en huit états et institue un exécutif local au Sénégal (et non fédéral comme le souhaitait Senghor). En 1958, le Sénégal devient une république au sein de la Communauté Française.
La Constitution de 1958 transforme l'Union Française en une «Communauté Française» et donne leur autonomie aux colonies. Le 28 septembre 1958 a lieu le réferendum par lequel tous les les territoires de l'ancienne A.O.F -sauf la Guinée- acceptent le statut d'Etats membres d'une communauté institutionnelle où ils restent solidaires de la France : par 870.000 "oui" contre 21.000 "non", le Sénégal approuve ce projet. Le 5 novembre 1958, le Sénégal devient une république. Une nouvelle histoire commence. Elle conduira deux ans plus tard à l'Indépendance du Sénégal.

La capitale est transférée de Saint Louis à Dakar. Léopold Sédar Senghor et Modibo Keïta, opposés à ce qu'ils appellent la "balkanisation de l'Afrique", unissent le Sénégal au Soudan, au sein de la Fédération du Mali. Le 25 août 1960, une deuxième constitution est votée, L.S. Senghor est élu président de la République Sénégalaise qui proclame son indépendance et est admise à l'O.N.U.
Quelques semaines plus tard, le Niger et la Haute-Volta se retirent de cet ensemble. En décembre 1959, à l'occasion de la réunion du Conseil Exécutif de la Communauté française de Saint-Louis, Senghor demande solennellement au Général De Gaulle l'indépendance du Mali. Elle est proclamée le 20 juin 1960. Mais au sein du Mali, des divergences ne tardent pas à se produire.

Dans un continent sans cesse secoué par les coups d'état et les révolutions, le Sénégal, fidèle aux principes de la démocratie, offre depuis quatre décennies l'image d'un havre de paix et de stabilité. la démocratie est, il est vrai, une vieille connaissance du pays qui, dès le 15 avril 1789, expédiait aux Etats Généraux de Versailles un "Cahier de doléances et de remontrances" et qui, depuis, a toujours eu des représentants au parlement français. Il n'est donc pas étonnant que, depuis l'indépendance, le pays ait connu une certaine stabilité politique et démocratie relative, même si elle ne fut pas toujours sans heurts.
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