Posté le: Ven 09 Déc 2005 10:15 Sujet du message: Ne laissons pas punir les pauvres !
Sarkozy se vante d'avoir fait arrêter et incarcérer au moins 800 émeutiers ! Quels crimes majeurs ont-ils exactement commis pour avoir un casier judiciaire si jeunes ? Déjà que sans casier judiciaire, les jeunes de banlieues ont du mal à se trouver du travail alors avec un, c'est leur mort social que Sarkozy a ordonnée ! Ils ont fait le boulot à notre place car grâce à leur révolte, la classe politique et les décideurs sont obligés de prendre en compte nos difficultés. A notre tour, aidons-les pour qu'au moins ils n'aient pas de casier judiciaire ! Il ne faut pas que ces jeunes soient marqués au fer rouge dès leur plus jeune âge car ce n'est pas du bétail mais des gosses qui souffrent et qui en ont ras le bol !
Il ne faut pas qu'eux soient au trou et que des opportunistes cueillent les fruits de leur lutte alors si des mesures sociales vont être adoptées en faveur des quartiers défavorisés, qu'ils en soient les premiers à en bénificier et non les sempiternels "premiers de la classe", bien propres sur eux qui, de toute façon, arpenteront demain les couloirs du pouvoir (PS, UMP, UDF) pour arracher un logement, une promotion, un strapontin !
Comment connaître la liste des jeunes incarcérés et comment leur apporter notre soutien ?
Voici un article sur ce thème. Je ne suis pas d'accord avec son ton un peu extrémiste mais en gros je pense comme eux, à savoir que les jeunes émeutiers ne sont pas de grands criminels de droit commun mais juste des révoltés sociaux !
Attention, je ne parle pas des loubards qui ont commis des crimes de sang : ceux qui ont assassiné l'homme qui a pris des photos d'un lampadaire, par exemple, car ce crime s'est déroulé en dehors des émeutes ! Il faut aussi punir les types qui ont tué l'handicapé dans sa chaise roulante car il est hors de question de faire l'apologie des crimes de sang ! Toutefois, comme Sarkozy est incapable d'inquiéter les vrais criminels (car les loubards qui ont commis des crimes de sang courent toujours), alors ils se rabattent sur des mouflets et des jeunes dont les seuls crimes sont la pauvreté et la haine de soi !
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Ne laissons pas punir les pauvres, par François Athané
Pourquoi les illégalismes commis par de multiples mouvements sociaux nous paraissent ne pas devoir faire l’objet de poursuites judiciaires, alors que ceux commis par les prétendus "émeutiers" ne reçoivent, pour le moment, presque aucun soutien de ce genre ? Les luttes sociales comportent toujours, en leur sein, une lutte pour dire quelles sont les formes légitimes de la lutte. Sur ce plan, nous - acteurs des mouvements progressistes, militants associatifs, syndicaux et des partis politiques de gauche - avons perdu beaucoup de terrain - le droit de grève étant lui-même insidieusement remis en cause. Toutefois, l’actualité française, après douze nuits d’insurrection dans nos banlieues, requiert que cette question soit posée de la façon la plus explicite possible. Je souhaite montrer, dans les lignes qui suivent, que les diverses raisons exposées à gauche pour se désolidariser des jeunes révoltés de ces dernières nuits méritent d’être réexaminées, et qu’elles ne résistent pas à l’examen.
Quand les postiers de Bègles commettent des actes illégaux dans leur lutte légitime, en séquestrant leur supérieur hiérarchique, nombreux sont les acteurs du mouvement social qui les soutiennent, demandent l’abandon des poursuites ou appellent les juges à la clémence.
Quand les lycéens commettent des actes illégaux dans leur lutte légitime, en cadenassant l’entrée de leurs bahuts, nombreux sont les acteurs du mouvement social qui les soutiennent, demandent l’abandon des poursuites ou appellent les juges à la clémence.
Quand les marins de la SNCM commettent des actes illégaux dans leur lutte légitime, en détournant un navire, nombreux sont les acteurs du mouvement social qui les soutiennent, demandent l’abandon des poursuites ou appellent les juges à la clémence.
Mais quand la lutte n’est pas tout à fait ce qu’on croit qu’elle devrait être, quand il n’y a ni porte-parole, ni organisation, quand ce sont les plus déshérités des dépossédés [1] qui commettent des actes illégaux, alors tout change : on a beau reconnaître que leur colère est légitime, on a beau entendre, dans les bribes d’interviews que nous en proposent les journalistes, que leur discours est plus et mieux politisé, plus lucide que celui de la plupart de nos élus, personne ou presque ne les soutient, ne demande l’abandon des poursuites, ni n’appelle les juges à la clémence (à l’exception de quelques structures très minoritaires, telles que les Indigènes de la République ou DiverCité).
J’aimerais bien qu’on m’explique cette petite incohérence. Je crains qu’elle soit beaucoup plus difficile à justifier qu’il n’y paraît.
L’article de Dominique Simonnot, paru le 9 Novembre dans Libération, ainsi que divers comptes rendus d’audience ayant circulé sur la toile, ont pourtant la vertu de nous informer clairement du genre de "justice" qui est en train d’être rendue pour cette série de cas : on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas.
Examinons donc les apparences de bonnes raisons avancées à gauche pour ne pas se solidariser avec les jeunes interpellés lors de ces dernières nuits.
Entendre des gens dire qu’il est scandaleux de brûler des voitures ou des bus parce que cela empêche les gens de travailler n’a rien d’étonnant. L’empêchement de travailler, les salariés pris en otage, n’est-ce pas là le vieil argument de la droite contre les grévistes de la RATP, de la SNCF, de la RTM aujourd’hui ? Que des gens qui se disent de gauche avancent ce genre d’argument est, en revanche, plutôt consternant. Entendre dire qu’il est scandaleux de brûler des magasins, parce que c’est l’emploi des gens qui y sont salariés qui est menacé, rejoint sur le fond le même argumentaire de la droite, qui brandit la menace des licenciements quand un mouvement social lui déplaît. Aussi, de deux choses l’une : ou bien c’est la droite qui a raison, et a ce moment-là il faut dire oui au service minimum dans les transports en commun et se ranger aux positions de l’UMP. Ou bien cet argumentaire n’est pas valable pour ce qui concerne les grévistes de la SNCF, et il n’y a dès lors pas lieu de l’avancer pour justifier de laisser les jeunes révoltés seuls face à l’institution judiciaire.
Ira-t-on dire que la différence cruciale avec d’autres formes de contestation est que les incendies en banlieue ont touché des biens privés, les rares biens des travailleurs habitant les cités ? On se range alors à l’idée qu’il faut protéger par-dessus tout la propriété privée, et qu’elle seule doit être défendue, tandis que la colère sociale ne devrait pas l’être. Je ne crois pas que ce soit une position satisfaisante pour la gauche. Je ne crois pas en tout cas que cela justifie, encore une fois, qu’on laisse les prétendus « émeutiers » se débrouiller seuls avec l’institution judiciaire, sans soutien du mouvement social.
Ira-t-on dire encore qu’il s’agit de destruction de richesses ? Mais lorsqu’une grève a pour effet une diminution de la production marchande, cela coûte de l’argent. Des richesses qui pourraient être produites ne le sont pas. Là aussi, la différence n’est pas essentielle. Elle est seulement d’apparence et d’émotion : ce sont deux formes de déperdition de richesses ; par les flammes et impressionnante dans un cas, imperceptible et inaperçue dans l’autre. La véritable distinction à faire est que, dans le cas des grèves, c’est d’abord le patron qui perd de l’argent. Mais cet argument n’est certainement pas décisif à lui seul pour nier toute légitimité à cette autre forme d’expression de la colère sociale.
D’autres encore disqualifient la révolte des jeunes des cités au motif qu’ils ne seraient pas motivés par une volonté de changement social, mais par un désir d’argent et de consommation. Ce discours est consternant. Car personne, à gauche, n’a contesté les nombreux mouvements sociaux et grèves qui visaient, ces dernières années, à l’augmentation des salaires ou au rétablissement des indemnités des chômeurs ou intermittents du spectacle.
Autre argument, plutôt creux, entendu ici ou là : ces jeunes s’attaquent à des objets qui n’ont pas de portée symbolique, il n’attaquent pas les signes du capitalisme. Mais lorsqu’ils lancent des cocktails Molotov sur des véhicules de police, qui peut nier que cela a une portée symbolique ? Faut-il défendre ceux qui attaquent la police, plus que ceux qui brûlent les voitures ? Evidemment non - mais il faut observer que la fréquente bienveillance avec laquelle on parle des pavés jetés sur les CRS par les étudiants de Mai 68 ne rencontre pas semblable désapprobation. Pourquoi donc ? Parce que les étudiants de Mai 68 avaient de jolis mots d’ordre lettrés ? Derrière tout cela, se dissimule une falsification inaperçue, insidieuse de l’histoire, qui va parfaitement dans le sens des intérêts des dominants. Certains semblent s’imaginer que le progrès social passe exclusivement par les chancelleries et les dîners de gala : comme en attestent parfaitement l’irréprochable paix sociale qui, en 1936, a gentiment mené nos grands-parents vers l’obtention des congés payés ; ou encore, la façon dont on a obtenu les accords de Grenelle en 1968. Il faut se garder de céder à ces reconstructions mythologiques, et quelque peu iréniques, de notre histoire sociale. Il y a eu, en 1936, en 1968, des grèves largement suivies ; mais à la même période, la protestation a également pris des formes émeutières ou insurrectionnelles qui n’épargnaient pas toujours, loin s’en faut, les biens d’autres pauvres.
Et lorsque les jeunes banlieusards brûlent aujourd’hui une entreprise, un centre commercial, est-on sûr que cela n’a pas de signification symbolique ? Evidemment non : cette colère, alors dirigée vers les lieux concrets où l’on travaille et consomme, lieux de la société salariale dont l’accès est refusé à une partie importante de notre jeunesse, a un sens. Lorsque brûlent les écoles, les crèches, certes, cela peut être considéré comme contre-productif ; mais enfin, sommes-nous si bon sémiologues et sociologues pour dire ce qui a une signification symbolique et ce qui n’en a pas ? A quel titre, du haut de quel point de vue surplombant et omniscient s’autorise-t-on à dire ce qui est sensé et mérite d’être soutenu, et ce qui sera disqualifié comme absurde ou irrationnel ?
D’autant qu’on n’hésitera pas, deux phrases plus loin, à parler des « voies de garage » dans les formations scolaires qui leur sont proposées - quitte à mépriser au passage le travail des enseignants desdites formations, et perpétuer ainsi ce qu’on dénonce - et de tri social à l’école : comment prétendre ensuite que brûler l’école n’a pas de signification ? L’incohérence, ici, est manifeste ; et l’absurdité est du côté de ceux qui croient la dénoncer.
Pour prendre le cas apparemment le plus dépourvu de signification symbolique : brûler une voiture, au hasard dans la rue. Il n’est pourtant pas besoin d’être grand clerc pour voir là une portée symbolique tout à fait limpide. Quelle valeur peut avoir une voiture, si, aussi loin qu’elle aille, elle ramène toujours ses passagers dans les quartiers de relégation sociale ? Si elle ne peut pas mener au-delà de la désespérance et de l’inexistence sociale, plus loin que la fatalité d’être mal né, pourquoi pas la détruire ?
Il ne s’agit là que d’une manière de trouver une signification à de tels gestes ; l’exposer ici a seulement pour objet de montrer que l’insignifiance symbolique n’est pas aussi simple à déceler qu’on le prétend parfois.
De ces réflexions, je conclus qu’il n’appartient à personne de dire ce qui a valeur de symbole ou pas. Je conclus également : il semble que pour bon nombre de gens réputés de gauche, ce qui a valeur marchande ne peut pas faire symbole, et ne peut dès lors être pris pour cible d’un mécontentement social. Idée qui est, en soi, très chargée de signification quant aux capacités véritables de beaucoup d’entre nous à rompre avec l’ordre symbolique capitaliste : il est à craindre que la contestation de la société marchande appelée à sortir de ce genre de présupposés n’ait, pour le coup, qu’une portée purement symbolique, voire : anecdotique.
Autre argument creux pour justifier l’absence de soutien aux prétendus « émeutiers » : leur action serait inefficace, et vouée à l’inefficacité. Elle serait motivée par un souci spectaculaire : passer à la télé, rivaliser dans les médias avec les gars de la cité d’à côté. Mais quand les marins de la SNCM ont détourné un bateau vers la Corse, cette action avait surtout cette efficacité, médiatique, de faire monter la pression sur le gouvernement, d’exprimer spectaculairement leur détermination, enfin d’œuvrer à la prise de conscience de tous via les médias. Sur ce point, on voit mal la différence de principe avec les prétendus « émeutiers ». On peut aussi penser que les marins, franchissant la borne de l’illégalité, ont voulu à juste titre surenchérir (rivaliser ?) par rapport aux autres groupes sociaux en lutte, par exemple les enseignants, qui n’ont pas franchi cette borne en 2003 [2], et dont les revendications sont passées dans les poubelles de l’Hôtel Matignon.
Et pour ce qui est de l’efficacité autre que spectaculaire, on ferait peut-être mieux de se taire : voilà trois ans, depuis le premier budget du premier gouvernement Raffarin, que syndicats enseignants, associations de quartiers, travailleurs du ministère de la Jeunesse et des Sports, éducateurs, travailleurs sociaux, font inlassablement savoir, mais seulement par des voies légales et institutionnelles, qu’il est désastreux de supprimer les subventions aux associations travaillant dans les cités. Cela n’a abouti à rien, rien qu’au mur du mépris gouvernemental. Douze nuits de voitures brûlées, et voilà que soudain le grand homme d’Etat Villepin parle d’augmenter ces subventions, et qu’à côté du lot attendu de mesures régressives et répressives il reconnaît l’erreur commise. Le Premier Ministre semble même enfin concevoir que le rétablissement des postes d’assistants d’éducation en ZEP peut avoir une utilité. J’en conclus que le bilan est pour le moins ambigu, et que les douze nuits d’incendies auront peut-être plus d’efficacité que les trois dernières années de protestation syndicale continuelle et de grèves perlées.
S’il y a bel et bien, comme on le dit à gauche, état d’urgence social, le minimum serait d’exiger que les personnes victimes d’atteintes à leurs biens lors de ces dernières douze nuits soient indemnisées en totalité par des fonds publics, sur la base de leur valeur d’usage et non de leur valeur marchande, et que personne ne soit poursuivi pour ces atteintes. Cette mesure serait vraisemblablement la plus à même d’éviter l’apparition d’un esprit de revanche et de vindicte, et d’œuvrer ainsi, dans les quartiers populaires, à la nécessaire réconciliation entre les personnes ayant perdu leur bien et ceux qui ont commis les dégradations. Quoi qu’on pense de cette dernière proposition, il est impératif que la gauche rompe totalement avec le lexique des « violences urbaines » et autres expressions de ce genre, qui sont de purs artefacts de la sphère spectaculaire-sécuritaire, et ne veulent rien dire de précis. Car, ne permettant pas de faire la distinction minimale entre les atteintes aux biens et les atteintes aux personnes, l’expression de « violences urbaines » ouvre la voie à tous les amalgames, sur fond du présupposé fondamental : la marchandise doit être en toute circonstance protégée, au même titre que les personnes. Or, les atteintes graves aux personnes ayant un lien formellement établi avec les prétendues « émeutes » n’ont été pour l’instant que très peu nombreuses. Il y a eu des actes injustifiables, tels que l’incendie d’un bus occupé. Il n’en reste pas moins que la très grande majorité des violences s’est cantonnée à des atteintes aux biens, ou à des affrontements avec les forces de l’ordre ne mettant pas en danger la vie des agents. De ce point de vue, la prétendue « explosion de violence » des jeunes banlieusards n’est certainement pas aussi irrationnelle et incontrôlée que les médias dominants l’ont prétendu.
J’étais, mercredi 9 novembre, de 17 heures à 19 heures, à Bobigny : au Tribunal de Grande Instance, où comparaissent les prévenus ; je n’ai pas vu un militant, pas un tract. Cent mètres plus loin, devant la préfecture : mille personnes rassemblées pour manifester contre l’état d’urgence.
Il me semble qu’il faut immédiatement rectifier cette stratégie, ou cette absence de stratégie. Nous ne pouvons pas laisser ces adolescents et jeunes adultes sans soutiens devant la justice [3].
Il serait évidemment absurde et falsificateur d’en conclure que j’appelle à cautionner tous les actes commis durant les prétendues "émeutes". Mais l’attitude actuelle des acteurs du mouvement social revient, de fait, à un blanc-seing donné à l’institution judiciaire, qui elle-même ne statue pratiquement que sur des rapports de police, pour cette série d’affaires. Par conséquent, la question est : faut-il donc toujours faire une confiance totale à la police, dès lors que les gens interpellés viennent des cités, et ne sont ni syndiqués, ni membres d’organisations progressistes ?
Je doute, pour diverses raisons, que ce soit la bonne approche. Certaines organisations s’opposent à l’expulsion immédiate des ressortissants étrangers arrêtés durant ces dernières nuits, mais cette exigence n’est certainement pas suffisante.
Etant donné les circonstances, il faut en finir, à gauche, avec le dérisoire plaidoyer pour l’ordre républicain. On appelle au respect des valeurs et du droit, et le résultat est le suivant : la loi d’exception de 1955, la menace sur les libertés publiques, le simulacre de droit devenu ouvertement non droit. L’ordre républicain, tel qu’en lui-même, enfin, l’Etat d’urgence le montre : ordre colonial ou policier, plus ou moins euphémisé, plus ou moins soft ou hard, c’est selon :
l’ordre républicain de la double peine tantôt abolie, tantôt rétablie, c’est selon ;
l’ordre républicain de la traque des sans-papiers, par le biais d’un non respect massif des lois qui réglementent le contrôle d’identité ;
l’ordre républicain où l’on exige en toute illégalité discriminatoire que certaines catégories de la population aient toujours leurs papiers sur eux ;
l’ordre républicain de la destruction des familles dont l’un des membres n’a pas de papiers ;
l’ordre républicain des charters d’expulsion vers l’Afghanistan ;
l’ordre républicain du démantèlement méthodique, par tout moyen, des lois régissant le travail ;
l’ordre républicain de l’impunité de Supermenteur ;
l’ordre républicain d’un ministre de la Justice qui revendique à haute voix l’anti-constitutionalité de sa loi rétroactive sur le bracelet électronique ;
l’ordre républicain du missilier Dassault, à la fois sénateur et fournisseur d’armements à l’Etat, qui vote les budgets de la Défense Nationale dont une part substantielle iront dans sa poche ;
l’ordre républicain du pillage des biens publics au profit des actionnaires et d’un copain d’études du Premier Ministre (cas de la SNCM) ;
l’ordre républicain où même les banquiers qualifient de « hold-up » (Le Monde daté du 10 Novembre) l’action économique du gouvernement (s’agissant de la suppression du fonds de garantie des prêts à taux zéro, profitables aux classes moyennes et populaires).
L’ordre républicain du respect du droit - ou de sa mise en pièces, c’est selon. L’ordre républicain, tel qu’en lui-même : celui où chacun se croit tenu, par bienséance ou intimidation, d’appeler rituellement (et jusque, hélas, dans les colonnes de Politis) à la punition de certains illégalismes, tandis que d’autres sont tellement banalisés qu’on oublie de les considérer comme des scandales à sanctionner - tant la conception prédominante du droit et de l’ordre est-elle même indigente, soumise et confortable aux intérêts marchands ou électoralistes de quelques-uns ; surtout : docile à la plus inique et la plus invisible des lois : la loi du plus fort.
L’ordre républicain - qui, à gauche, pourrait décemment le nier en pareilles circonstances ? - est une certaine modalité du désordre : celle qui arrange les groupes ayant pouvoir d’accréditer la conception de l’ordre et du désordre conforme à leurs intérêts, réels ou imaginaires.
Brûler des voitures ? Laisser libre cours à sa rage devant l’injustice et l’indécence ? Casser, tout casser ? Nombreux, nous l’avons rêvé ; ils l’ont fait. Je laisse à d’autres la responsabilité de punir ces actes plutôt que d’autres. Je ne me reconnais pas dans cette parodie d’ordre républicain. Je refuse que les prétendus « émeutiers » soient punis de cette façon en mon nom. J’invite ceux qui partagent cette analyse à assister aux audiences des jeunes en comparution immédiate, à manifester notre solidarité à leurs familles et leurs amis, comme aux victimes de toutes les violences de ces dernières nuits, enfin à protester contre l’Etat d’urgence.
François Athané
Dernière édition par sobeck le Ven 09 Déc 2005 11:03; édité 5 fois
Inscrit le: 18 Juil 2005 Messages: 1281 Localisation: première à gauche
Posté le: Ven 09 Déc 2005 10:23 Sujet du message: Re: Ne laissons pas punir les pauvres !
D'autant plus que les vrai criminels courent les rues; lui se vante d'avoir arrêté 800 émeutiers; pendant qu'il courent les proies faciles et innocentes, les pédophiles, les mafieux, les assassins, les bandits vaguent tranquillement à leur préoccupation. De quoi se targue -t'il celui là? Qui veut-il dûper?
sobeck a écrit:
Sarkozy se vante d'avoir fait arrêter et incarcérer au moins 800 émeutiers ! Quels crimes majeurs ont-ils exactement commis pour avoir un casier judiciaire si jeunes ? Déjà que sans casier judiciaire, les jeunes de banlieues ont du mal à se trouver du travail alors avec un, c'est leur mort social que Sarkozy a ordonnée ! Ils ont fait le boulot à notre place car grâce à leur révolte, la classe politique et les décideurs sont obligés de prendre en compte nos difficultés. A notre tour, aidons-les pour qu'au moins ils n'aient pas de casier judiciaire ! Il ne faut pas que ces jeunes soient marqués au fer rouge dès leur plus jeune âge car ce n'est pas du bétail mais des gosses qui souffrent et qui en ont ras le bol !
Il ne faut pas qu'eux soient au trou et que des opportunites cueillent les fruits de lutte car si des mesures sociales vont être adoptées en faveur des quartiers défavorisés, qu'ils en soient les premiers à en bénificier et non les sempiternels "premiers de la classe", bien propres sur eux qui, de toute façon, arpenteront demain les couloirs du pouvoir (PS, UMP, UDF) pour arracher un logement, une promotion, un strapontin !
Comment connaître la liste des jeunes incarcérés et comment leur apporter notre soutien ?
Voici un article sur ce thème. Je ne suis pas d'accord avec son ton un peu extrémiste mais en gros je pense comme eux, à savoir que les jeunes émeutiers ne sont pas de grands criminels de droit commun mais juste des révoltés sociaux !
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Ne laissons pas punir les pauvres, par François Athané
Pourquoi les illégalismes commis par de multiples mouvements sociaux nous paraissent ne pas devoir faire l’objet de poursuites judiciaires, alors que ceux commis par les prétendus "émeutiers" ne reçoivent, pour le moment, presque aucun soutien de ce genre ? Les luttes sociales comportent toujours, en leur sein, une lutte pour dire quelles sont les formes légitimes de la lutte. Sur ce plan, nous - acteurs des mouvements progressistes, militants associatifs, syndicaux et des partis politiques de gauche - avons perdu beaucoup de terrain - le droit de grève étant lui-même insidieusement remis en cause. Toutefois, l’actualité française, après douze nuits d’insurrection dans nos banlieues, requiert que cette question soit posée de la façon la plus explicite possible. Je souhaite montrer, dans les lignes qui suivent, que les diverses raisons exposées à gauche pour se désolidariser des jeunes révoltés de ces dernières nuits méritent d’être réexaminées, et qu’elles ne résistent pas à l’examen.
Quand les postiers de Bègles commettent des actes illégaux dans leur lutte légitime, en séquestrant leur supérieur hiérarchique, nombreux sont les acteurs du mouvement social qui les soutiennent, demandent l’abandon des poursuites ou appellent les juges à la clémence.
Quand les lycéens commettent des actes illégaux dans leur lutte légitime, en cadenassant l’entrée de leurs bahuts, nombreux sont les acteurs du mouvement social qui les soutiennent, demandent l’abandon des poursuites ou appellent les juges à la clémence.
Quand les marins de la SNCM commettent des actes illégaux dans leur lutte légitime, en détournant un navire, nombreux sont les acteurs du mouvement social qui les soutiennent, demandent l’abandon des poursuites ou appellent les juges à la clémence.
Mais quand la lutte n’est pas tout à fait ce qu’on croit qu’elle devrait être, quand il n’y a ni porte-parole, ni organisation, quand ce sont les plus déshérités des dépossédés [1] qui commettent des actes illégaux, alors tout change : on a beau reconnaître que leur colère est légitime, on a beau entendre, dans les bribes d’interviews que nous en proposent les journalistes, que leur discours est plus et mieux politisé, plus lucide que celui de la plupart de nos élus, personne ou presque ne les soutient, ne demande l’abandon des poursuites, ni n’appelle les juges à la clémence (à l’exception de quelques structures très minoritaires, telles que les Indigènes de la République ou DiverCité).
J’aimerais bien qu’on m’explique cette petite incohérence. Je crains qu’elle soit beaucoup plus difficile à justifier qu’il n’y paraît.
L’article de Dominique Simonnot, paru le 9 Novembre dans Libération, ainsi que divers comptes rendus d’audience ayant circulé sur la toile, ont pourtant la vertu de nous informer clairement du genre de "justice" qui est en train d’être rendue pour cette série de cas : on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas.
Examinons donc les apparences de bonnes raisons avancées à gauche pour ne pas se solidariser avec les jeunes interpellés lors de ces dernières nuits.
Entendre des gens dire qu’il est scandaleux de brûler des voitures ou des bus parce que cela empêche les gens de travailler n’a rien d’étonnant. L’empêchement de travailler, les salariés pris en otage, n’est-ce pas là le vieil argument de la droite contre les grévistes de la RATP, de la SNCF, de la RTM aujourd’hui ? Que des gens qui se disent de gauche avancent ce genre d’argument est, en revanche, plutôt consternant. Entendre dire qu’il est scandaleux de brûler des magasins, parce que c’est l’emploi des gens qui y sont salariés qui est menacé, rejoint sur le fond le même argumentaire de la droite, qui brandit la menace des licenciements quand un mouvement social lui déplaît. Aussi, de deux choses l’une : ou bien c’est la droite qui a raison, et a ce moment-là il faut dire oui au service minimum dans les transports en commun et se ranger aux positions de l’UMP. Ou bien cet argumentaire n’est pas valable pour ce qui concerne les grévistes de la SNCF, et il n’y a dès lors pas lieu de l’avancer pour justifier de laisser les jeunes révoltés seuls face à l’institution judiciaire.
Ira-t-on dire que la différence cruciale avec d’autres formes de contestation est que les incendies en banlieue ont touché des biens privés, les rares biens des travailleurs habitant les cités ? On se range alors à l’idée qu’il faut protéger par-dessus tout la propriété privée, et qu’elle seule doit être défendue, tandis que la colère sociale ne devrait pas l’être. Je ne crois pas que ce soit une position satisfaisante pour la gauche. Je ne crois pas en tout cas que cela justifie, encore une fois, qu’on laisse les prétendus « émeutiers » se débrouiller seuls avec l’institution judiciaire, sans soutien du mouvement social.
Ira-t-on dire encore qu’il s’agit de destruction de richesses ? Mais lorsqu’une grève a pour effet une diminution de la production marchande, cela coûte de l’argent. Des richesses qui pourraient être produites ne le sont pas. Là aussi, la différence n’est pas essentielle. Elle est seulement d’apparence et d’émotion : ce sont deux formes de déperdition de richesses ; par les flammes et impressionnante dans un cas, imperceptible et inaperçue dans l’autre. La véritable distinction à faire est que, dans le cas des grèves, c’est d’abord le patron qui perd de l’argent. Mais cet argument n’est certainement pas décisif à lui seul pour nier toute légitimité à cette autre forme d’expression de la colère sociale.
D’autres encore disqualifient la révolte des jeunes des cités au motif qu’ils ne seraient pas motivés par une volonté de changement social, mais par un désir d’argent et de consommation. Ce discours est consternant. Car personne, à gauche, n’a contesté les nombreux mouvements sociaux et grèves qui visaient, ces dernières années, à l’augmentation des salaires ou au rétablissement des indemnités des chômeurs ou intermittents du spectacle.
Autre argument, plutôt creux, entendu ici ou là : ces jeunes s’attaquent à des objets qui n’ont pas de portée symbolique, il n’attaquent pas les signes du capitalisme. Mais lorsqu’ils lancent des cocktails Molotov sur des véhicules de police, qui peut nier que cela a une portée symbolique ? Faut-il défendre ceux qui attaquent la police, plus que ceux qui brûlent les voitures ? Evidemment non - mais il faut observer que la fréquente bienveillance avec laquelle on parle des pavés jetés sur les CRS par les étudiants de Mai 68 ne rencontre pas semblable désapprobation. Pourquoi donc ? Parce que les étudiants de Mai 68 avaient de jolis mots d’ordre lettrés ? Derrière tout cela, se dissimule une falsification inaperçue, insidieuse de l’histoire, qui va parfaitement dans le sens des intérêts des dominants. Certains semblent s’imaginer que le progrès social passe exclusivement par les chancelleries et les dîners de gala : comme en attestent parfaitement l’irréprochable paix sociale qui, en 1936, a gentiment mené nos grands-parents vers l’obtention des congés payés ; ou encore, la façon dont on a obtenu les accords de Grenelle en 1968. Il faut se garder de céder à ces reconstructions mythologiques, et quelque peu iréniques, de notre histoire sociale. Il y a eu, en 1936, en 1968, des grèves largement suivies ; mais à la même période, la protestation a également pris des formes émeutières ou insurrectionnelles qui n’épargnaient pas toujours, loin s’en faut, les biens d’autres pauvres.
Et lorsque les jeunes banlieusards brûlent aujourd’hui une entreprise, un centre commercial, est-on sûr que cela n’a pas de signification symbolique ? Evidemment non : cette colère, alors dirigée vers les lieux concrets où l’on travaille et consomme, lieux de la société salariale dont l’accès est refusé à une partie importante de notre jeunesse, a un sens. Lorsque brûlent les écoles, les crèches, certes, cela peut être considéré comme contre-productif ; mais enfin, sommes-nous si bon sémiologues et sociologues pour dire ce qui a une signification symbolique et ce qui n’en a pas ? A quel titre, du haut de quel point de vue surplombant et omniscient s’autorise-t-on à dire ce qui est sensé et mérite d’être soutenu, et ce qui sera disqualifié comme absurde ou irrationnel ?
D’autant qu’on n’hésitera pas, deux phrases plus loin, à parler des « voies de garage » dans les formations scolaires qui leur sont proposées - quitte à mépriser au passage le travail des enseignants desdites formations, et perpétuer ainsi ce qu’on dénonce - et de tri social à l’école : comment prétendre ensuite que brûler l’école n’a pas de signification ? L’incohérence, ici, est manifeste ; et l’absurdité est du côté de ceux qui croient la dénoncer.
Pour prendre le cas apparemment le plus dépourvu de signification symbolique : brûler une voiture, au hasard dans la rue. Il n’est pourtant pas besoin d’être grand clerc pour voir là une portée symbolique tout à fait limpide. Quelle valeur peut avoir une voiture, si, aussi loin qu’elle aille, elle ramène toujours ses passagers dans les quartiers de relégation sociale ? Si elle ne peut pas mener au-delà de la désespérance et de l’inexistence sociale, plus loin que la fatalité d’être mal né, pourquoi pas la détruire ?
Il ne s’agit là que d’une manière de trouver une signification à de tels gestes ; l’exposer ici a seulement pour objet de montrer que l’insignifiance symbolique n’est pas aussi simple à déceler qu’on le prétend parfois.
De ces réflexions, je conclus qu’il n’appartient à personne de dire ce qui a valeur de symbole ou pas. Je conclus également : il semble que pour bon nombre de gens réputés de gauche, ce qui a valeur marchande ne peut pas faire symbole, et ne peut dès lors être pris pour cible d’un mécontentement social. Idée qui est, en soi, très chargée de signification quant aux capacités véritables de beaucoup d’entre nous à rompre avec l’ordre symbolique capitaliste : il est à craindre que la contestation de la société marchande appelée à sortir de ce genre de présupposés n’ait, pour le coup, qu’une portée purement symbolique, voire : anecdotique.
Autre argument creux pour justifier l’absence de soutien aux prétendus « émeutiers » : leur action serait inefficace, et vouée à l’inefficacité. Elle serait motivée par un souci spectaculaire : passer à la télé, rivaliser dans les médias avec les gars de la cité d’à côté. Mais quand les marins de la SNCM ont détourné un bateau vers la Corse, cette action avait surtout cette efficacité, médiatique, de faire monter la pression sur le gouvernement, d’exprimer spectaculairement leur détermination, enfin d’œuvrer à la prise de conscience de tous via les médias. Sur ce point, on voit mal la différence de principe avec les prétendus « émeutiers ». On peut aussi penser que les marins, franchissant la borne de l’illégalité, ont voulu à juste titre surenchérir (rivaliser ?) par rapport aux autres groupes sociaux en lutte, par exemple les enseignants, qui n’ont pas franchi cette borne en 2003 [2], et dont les revendications sont passées dans les poubelles de l’Hôtel Matignon.
Et pour ce qui est de l’efficacité autre que spectaculaire, on ferait peut-être mieux de se taire : voilà trois ans, depuis le premier budget du premier gouvernement Raffarin, que syndicats enseignants, associations de quartiers, travailleurs du ministère de la Jeunesse et des Sports, éducateurs, travailleurs sociaux, font inlassablement savoir, mais seulement par des voies légales et institutionnelles, qu’il est désastreux de supprimer les subventions aux associations travaillant dans les cités. Cela n’a abouti à rien, rien qu’au mur du mépris gouvernemental. Douze nuits de voitures brûlées, et voilà que soudain le grand homme d’Etat Villepin parle d’augmenter ces subventions, et qu’à côté du lot attendu de mesures régressives et répressives il reconnaît l’erreur commise. Le Premier Ministre semble même enfin concevoir que le rétablissement des postes d’assistants d’éducation en ZEP peut avoir une utilité. J’en conclus que le bilan est pour le moins ambigu, et que les douze nuits d’incendies auront peut-être plus d’efficacité que les trois dernières années de protestation syndicale continuelle et de grèves perlées.
S’il y a bel et bien, comme on le dit à gauche, état d’urgence social, le minimum serait d’exiger que les personnes victimes d’atteintes à leurs biens lors de ces dernières douze nuits soient indemnisées en totalité par des fonds publics, sur la base de leur valeur d’usage et non de leur valeur marchande, et que personne ne soit poursuivi pour ces atteintes. Cette mesure serait vraisemblablement la plus à même d’éviter l’apparition d’un esprit de revanche et de vindicte, et d’œuvrer ainsi, dans les quartiers populaires, à la nécessaire réconciliation entre les personnes ayant perdu leur bien et ceux qui ont commis les dégradations. Quoi qu’on pense de cette dernière proposition, il est impératif que la gauche rompe totalement avec le lexique des « violences urbaines » et autres expressions de ce genre, qui sont de purs artefacts de la sphère spectaculaire-sécuritaire, et ne veulent rien dire de précis. Car, ne permettant pas de faire la distinction minimale entre les atteintes aux biens et les atteintes aux personnes, l’expression de « violences urbaines » ouvre la voie à tous les amalgames, sur fond du présupposé fondamental : la marchandise doit être en toute circonstance protégée, au même titre que les personnes. Or, les atteintes graves aux personnes ayant un lien formellement établi avec les prétendues « émeutes » n’ont été pour l’instant que très peu nombreuses. Il y a eu des actes injustifiables, tels que l’incendie d’un bus occupé. Il n’en reste pas moins que la très grande majorité des violences s’est cantonnée à des atteintes aux biens, ou à des affrontements avec les forces de l’ordre ne mettant pas en danger la vie des agents. De ce point de vue, la prétendue « explosion de violence » des jeunes banlieusards n’est certainement pas aussi irrationnelle et incontrôlée que les médias dominants l’ont prétendu.
J’étais, mercredi 9 novembre, de 17 heures à 19 heures, à Bobigny : au Tribunal de Grande Instance, où comparaissent les prévenus ; je n’ai pas vu un militant, pas un tract. Cent mètres plus loin, devant la préfecture : mille personnes rassemblées pour manifester contre l’état d’urgence.
Il me semble qu’il faut immédiatement rectifier cette stratégie, ou cette absence de stratégie. Nous ne pouvons pas laisser ces adolescents et jeunes adultes sans soutiens devant la justice [3].
Il serait évidemment absurde et falsificateur d’en conclure que j’appelle à cautionner tous les actes commis durant les prétendues "émeutes". Mais l’attitude actuelle des acteurs du mouvement social revient, de fait, à un blanc-seing donné à l’institution judiciaire, qui elle-même ne statue pratiquement que sur des rapports de police, pour cette série d’affaires. Par conséquent, la question est : faut-il donc toujours faire une confiance totale à la police, dès lors que les gens interpellés viennent des cités, et ne sont ni syndiqués, ni membres d’organisations progressistes ?
Je doute, pour diverses raisons, que ce soit la bonne approche. Certaines organisations s’opposent à l’expulsion immédiate des ressortissants étrangers arrêtés durant ces dernières nuits, mais cette exigence n’est certainement pas suffisante.
Etant donné les circonstances, il faut en finir, à gauche, avec le dérisoire plaidoyer pour l’ordre républicain. On appelle au respect des valeurs et du droit, et le résultat est le suivant : la loi d’exception de 1955, la menace sur les libertés publiques, le simulacre de droit devenu ouvertement non droit. L’ordre républicain, tel qu’en lui-même, enfin, l’Etat d’urgence le montre : ordre colonial ou policier, plus ou moins euphémisé, plus ou moins soft ou hard, c’est selon :
l’ordre républicain de la double peine tantôt abolie, tantôt rétablie, c’est selon ;
l’ordre républicain de la traque des sans-papiers, par le biais d’un non respect massif des lois qui réglementent le contrôle d’identité ;
l’ordre républicain où l’on exige en toute illégalité discriminatoire que certaines catégories de la population aient toujours leurs papiers sur eux ;
l’ordre républicain de la destruction des familles dont l’un des membres n’a pas de papiers ;
l’ordre républicain des charters d’expulsion vers l’Afghanistan ;
l’ordre républicain du démantèlement méthodique, par tout moyen, des lois régissant le travail ;
l’ordre républicain de l’impunité de Supermenteur ;
l’ordre républicain d’un ministre de la Justice qui revendique à haute voix l’anti-constitutionalité de sa loi rétroactive sur le bracelet électronique ;
l’ordre républicain du missilier Dassault, à la fois sénateur et fournisseur d’armements à l’Etat, qui vote les budgets de la Défense Nationale dont une part substantielle iront dans sa poche ;
l’ordre républicain du pillage des biens publics au profit des actionnaires et d’un copain d’études du Premier Ministre (cas de la SNCM) ;
l’ordre républicain où même les banquiers qualifient de « hold-up » (Le Monde daté du 10 Novembre) l’action économique du gouvernement (s’agissant de la suppression du fonds de garantie des prêts à taux zéro, profitables aux classes moyennes et populaires).
L’ordre républicain du respect du droit - ou de sa mise en pièces, c’est selon. L’ordre républicain, tel qu’en lui-même : celui où chacun se croit tenu, par bienséance ou intimidation, d’appeler rituellement (et jusque, hélas, dans les colonnes de Politis) à la punition de certains illégalismes, tandis que d’autres sont tellement banalisés qu’on oublie de les considérer comme des scandales à sanctionner - tant la conception prédominante du droit et de l’ordre est-elle même indigente, soumise et confortable aux intérêts marchands ou électoralistes de quelques-uns ; surtout : docile à la plus inique et la plus invisible des lois : la loi du plus fort.
L’ordre républicain - qui, à gauche, pourrait décemment le nier en pareilles circonstances ? - est une certaine modalité du désordre : celle qui arrange les groupes ayant pouvoir d’accréditer la conception de l’ordre et du désordre conforme à leurs intérêts, réels ou imaginaires.
Brûler des voitures ? Laisser libre cours à sa rage devant l’injustice et l’indécence ? Casser, tout casser ? Nombreux, nous l’avons rêvé ; ils l’ont fait. Je laisse à d’autres la responsabilité de punir ces actes plutôt que d’autres. Je ne me reconnais pas dans cette parodie d’ordre républicain. Je refuse que les prétendus « émeutiers » soient punis de cette façon en mon nom. J’invite ceux qui partagent cette analyse à assister aux audiences des jeunes en comparution immédiate, à manifester notre solidarité à leurs familles et leurs amis, comme aux victimes de toutes les violences de ces dernières nuits, enfin à protester contre l’Etat d’urgence.
François Athané
François Athané
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"- A quoi est due la chute d'Adam et Eve ?
- C'était une erreur de Genèse."
(Boris Vian / 1920-1959)
Ca boue toujours en banlieue car même si les incendies sont éteintes, on sent que les jeunes en ont toujours "ras leur casquette lacoste !". Comment personne ne relaie leur lutte, ils vont devoir la continuer eux-mêmes, même en formant de petits groupuscules !
J'ai honte des megas organisations communautaires et anti-racistes de France et j'ai aussi honte de nous qui abandonnons nos jeunes et nos enfants à leur colère et à leur dépit ! Quels parents, quels grands frères, quels adultes sommes-nous donc ? Quel modèle offrons-nous donc à cette jeunesse ? Oh, je ne suis guère mieux que la plupart des gens car je ne fais rien non plus ! Mais que faire ? Si quelqu'un a une idée... En attendant, lisez cet article où encore une fois nos jeunes parlent pour nous mais cette fois, avec des mots et non des cocktails Molotow !
Les "racailles de France" affichent leur colère
LE MONDE | 09.12.05 | 14h55 • Mis à jour le 09.12.05 | 15h30
De loin, cela pourrait s'apparenter à une plaisanterie. Ce n'en est pas une. Depuis le début de la semaine, des "plaques commémoratives" inédites fleurissent sur les murs de Paris. Le contenu n'est pas anodin. Les auteurs sont culottés. Florilège : "A la mémoire des grands-parents de la racaille venus défendre la France chaque fois qu'elle était en guerre. (...) En avril 1917, ils étaient 170 000 à se battre aux côtés des Français. Leurs enfants et petits-enfants méritent la patrie." Ou encore : "Hommage aux centaines de milliers d'immigrants venus construire et reconstruire une France qui maintient depuis toujours leurs enfants et petits-enfants au ban de sa société. A quand une loi sur le rôle positif de l'immigration ?" Au total, dix messages différents, signés : "Les racailles de France".
Lundi 5 décembre, à 17 h 31, "Les racailles de France" annoncent dans un communiqué de presse solennel qu'ils viennent de déposer "300 plaques commémoratives dans Paris en l'honneur de leurs parents et de leurs grands-parents, qui ont tout donné pour une France qui n'a aucune considération ou presque pour leurs petits-enfants". Le Monde a pu rencontrer quatre membres du noyau dur de ce "groupuscule". Ils souhaitent garder l'anonymat.
Agée de 23 ans, en maîtrise de psychologie, cheveux longs bouclés, sourire aussi immuable que sa "rage contre la France de Sarko", Nadia est "le cerveau" des "racailles de France". "Il y a 11 filles sur les 16 membres du groupe", dit-elle fièrement. "On a tendance à croire que les filles subissent trop de choses dans les cités. Mais nous sommes solidaires des garçons qui ont mené une lutte dans les banlieues", explique Samantha, 23 ans, technicienne de laboratoire. "Nous sommes une bande de potes du 92, 93, 94, tous issus de pays colonisés", explique Nadia avant d'égrener les origines des garçons, "basanés, Noirs, Vietnamiens". Les filles ont toutes le même profil : bac + 3 minimum, des parents algériens ouvriers et un "ras-la-casquette Lacoste" de la discrimination. "En 1968, on n'a pas mis les jeunes en prison car ils étaient les enfants de la bourgeoisie. Nous oui, car nous sommes les enfants de personne", assure la responsable du groupe.
Medhi, 29 ans, l'un des cinq garçons du groupe, le plus révolté, travaillant dans l'événementiel, un diamant à l'oreille gauche, enchaîne : "On va acheter une flûte à Chirac. Je n'oublierai jamais ses mots : "le bruit et l'odeur". Il peut toujours déclarer après que nous sommes les enfants de la République."
Samantha, plus timide, affirme : "Nous voulons continuer la lutte mais d'une manière plus constructive et intelligente. Après le feu, les mots, avec humour, mais un humour désespéré." Medhi acquiesce et atteste : "Généralement quand les jeunes se regroupent, c'est pour vendre du shit, braquer ou voler. Nous, notre démarche est pédagogique." "La France nous méprise. Quand elle avait besoin de nous pour se défendre contre l'Allemagne, nous faisions partie de la solution. Quelques générations plus tard, nous sommes le problème", enrage Nadia. Elle poursuit : "Ce rappel historique de la France coloniale est important. Dire que des milliers d'Africains sont morts pour la France et qu'aujourd'hui elle ghettoïse ses enfants : c'est honteux ! L'immigration, ce n'est pas un Yo-Yo !"
Dans la nuit du 4 au 5 décembre donc, de 23 heures à 5 heures du matin, les 16 "racailles de France", embarquées dans huit voitures, carte de Paris en poche, armés de rouleaux de ruban adhésif double face payés 50 euros, ont placardé "stratégiquement" leurs "plaques commémoratives" de papier imprimées en format A3, notamment sur les murs de l'AFP, du Figaro, de Libération, du Monde, de l'UMP, sur des Abribus et dans le métro à Nation, Bastille, République...
"Faut pas oublier que c'est l'état d'urgence. On a eu peur de se faire arrêter surtout devant l'UMP. On s'était préparés à aller en garde à vue", confesse Nadia mais, "c'était important de montrer le contraste entre les héros et la racaille".
bravo " les racailles de france " et merci.
il faut peut etre penser à faire du porte à porte pour inciter les jeunes à s'inscrire sur les listes electorales
ou bien _________________ "En politique, rien n'arrive par hasard. Chaque fois qu'un évènement survient, on peut être certain qu'il avait été prévu pour se dérouler ainsi."
F D. Roosevelt
bravo " les racailles de france " et merci.
il faut peut etre penser à faire du porte à porte pour inciter les jeunes à s'inscrire sur les listes electorales
ou bien
Naturellement, il faut s'inscrire sur les listes électorales mais au moment du vote, faudra que tout le monde se concerte pour savoir pour qui nous allons voter car il est hors de question d'être séduits par les sirènes de la gauche ou de la droite le moment venu, et encore moins d'être leurs otages comme de par le passé ! Mais bon, nous sommes encore loin de 2007 et pour le moment nous avons des tâches plus urgentes à accomplir pour notre réhabiliter notre dignité piétinée par Finkielkraut et Sarkozy !
Qu'est-ce qu'on peut faire ? Par exemples, les étudiants peuvent rédiger un tract pour inviter les autres étudiants à organiser une manif géante afin d'exiger la démission de Finkielkraut de ses fonctions officielles ! C'est quand même la moindre des choses !!!
Voici un exemple de tract que j'ai posté sur ce forum, que ceux qui le souhaitent, fassent une nouvelle mouture pour les distribuer devant leurs facs, etc.
Il faut aussi innonder certains sites généralises et communautaires pour demander aux gens de descendre dans la rue pour manifester afin d'exiger la démission de Finkielkraut ! Je ne sais pas vous mais pour moi, la démission de Finkielkraut est aussi important que l'abrogation de l'article 4 de la Loi de février 2005 car l'article 4 insulte notre mémoire tandis que Finkielkraut crache sur notre présent !
Si vous connaissez des sites Beurs ou des sites généralistes où l'on parle beaucoup des problèmes actuels de notre société, en particulier des problèmes touchant les minorités, veuillez les poster ici. Merci.
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