Posté le: Jeu 22 Déc 2005 01:04 Sujet du message: Firmin Mahé tué par erreur ?
Firmin Mahé tué par erreur ?
Firmin Mahé, le jeune Ivoirien tué en mai par des soldats français.
(Photo : AFP)L’enquête sur le meurtre commis par des soldats français en Côte d’Ivoire en mai 2005 vient de connaître un nouveau rebondissement. D’après un rapport de la gendarmerie, révélé par la presse française, l’homme assassiné, Firmin Mahé, pourrait avoir été confondu avec Nestor Mahé, présumé «coupeur de route», actuellement emprisonné. S’agit-il d’une méprise ? Une enquête est en cours.
«Il y a énormément de gens qui s’appellent Mahé» en Côte d’Ivoire. Les propos de la ministre française de la Défense peinent à esquiver la polémique autour de l’assassinat commis par les soldats français en mai 2005.
Nous sommes le 13 mai. Firmin Mahé marche avec sa compagne sur la route entre Duékoué et Man. Deux véhicules de l’armée française les dépassent, puis font demi-tour. L’homme s’enfuit. Les soldats de l’opération Licorne tirent et le blessent à la jambe. L’homme attrapé est embarqué dans un des véhicules, pour être transporté dans la ville de Man. Il n’y arrivera pas vivant, puisqu’en chemin, Firmin Mahé est assassiné, étouffé dans un sac en plastique. Les militaires pensent avoir réglé son compte à un bandit de grand chemin, un «coupeur de route», accusé de semer la terreur dans la région. La première polémique apparaît en octobre dernier, quand les circonstances de l’assassinat sont révélées. Quatre militaires sont poursuivis dans cette affaire, dont le général de corps d’armée, Henri Poncet.
Nous sommes le 19 mai, soit six jours après le meurtre de Firmin Mahé. Trois hommes armés sont arrêtés par des militaires français, dans la zone de confiance. Suspectés d’être des bandits de grand chemin, ils sont placés sous les verrous, à Man. Un des trois hommes s’appelle Nestor Koho Mahé… Y aurait-il eu alors confusion sur l’identité du «coupeur de route» tant recherché ?
«Bavure dans la bavure»
Le 10 novembre dernier, la gendarmerie rédige un rapport à l’intention du Tribunal aux armées de Paris. Dans ce rapport, il est fait état de l’arrestation, et de fait, de l’existence de Nestor Mahé, «coupeur de route». «Il n’est pas possible d’exclure l’hypothèse selon laquelle il pourrait exister un lien entre l’interpellation du nommé Mahé et les raisons pour lesquelles les autres Mahé ont été incarcérés» peut-on lire. Plusieurs titres de la presse française obtiennent une copie de ce rapport et publient l’information. Le Canard Enchaîné évoque ainsi une «bavure dans la bavure». De son côté, Jeune Afrique-l’Intelligent suggère une possible «tragique méprise». «Firmin Mahé a-t-il été tué par erreur ?», s’interroge pour sa part Le Parisien. En tout cas, l’existence d’un deuxième Mahé sème le trouble dans ce dossier.
Interrogée ce mercredi, Michèle Alliot-Marie, ministre française de la Défense, a affirmé n’avoir aucune information sur cette possible confusion liée à l’homonymie. En plus de dire que Mahé est un nom très répandu dans la région, elle a simplement indiqué qu’«il y a une enquête, qui dira ce qu'il en est».
Pour sa part, maître Jean Balan, avocat d’un des soldats français, donne sa version de l’histoire. Interrogé par RFI, il affirme que «sans justifier le meurtre de quelqu’un, il s’agissait – entre guillemets – “de la bonne personne”». Pour lui, cette confusion liée à l’identité de Mahé est «une manœuvre pour discréditer un peu plus l’armée française».
En revanche, maître Fabien Ndoumou, avocat de la famille Mahé, dénonce «une erreur monumentale». Il voit dans ces révélations, la preuve de l’innocence de Firmin. Interrogé par RFI, il affirme que l’homme assassiné par les soldats français le 13 mai 2005 était «un bricoleur, un électricien», mais «ni un coupeur de route, ni un assassin». Il n’avait «rien à voir avec tout ce qu’on lui reproche». Et l’avocat de demander la «transparence dans cette affaire». Sera-t-il pour autant entendu ? Il faut dire que le dossier, en plus d’être complexe, est sensible, compte-tenu des implications en jeu, notamment celle d’un général de corps d’armée, en l’occurrence Henri Poncet mis en examen pour «complicité d’homicide volontaire».
par Olivier Péguy
Article publié le 21/12/2005 Dernière mise à jour le 21/12/2005 à 18:32 TU _________________ "Le savoir non digéré par la pensée est vain et la pensée non étayée par le savoir est dangereuse. "(Confucius)
"L' Homme est le remède de l'Homme " (proverbe Wolof)
Affaire Poncet : l'existence d'un autre Mahé sème le doute
Un rapport des gendarmes français présents en Côte-d'Ivoire a révélé mardi qu'un Nestor Mahé avait été appréhendé par les militaires français le 19 mai, six jours après la mort par étouffement de Firmin Mahé • Il aurait pu y avoir confusion sur la victime •Par Jean-Dominique MERCHET
mercredi 21 décembre 2005 (Liberation.fr - 17:2
n homme est mort, mais le doute s'installe sur son identité. Qui est Firmin Mahé, le jeune ivoirien tué par les soldats français le 13 mai dernier ? Un «coupeur de route», c'est-à-dire un bandit qui terrorisait la région ou un simple «électricien plombier» ? Et s'appelait-il vraiment Firmin Mahé ?
Sur la base d'un document de la gendarmerie nationale, deux hebdomadaires, «Jeune Afrique-L'Intelligent» et «Le Canard enchaîné» ont révélé cette semaine qu'un autre «Mahé» avait été appréhendé dans le même secteur par les militaires français le 19 mai, six jours après la mort de «Firmin». Ce deuxième Mahé, prénommé Nestor Koho, serait un coupeur de route. Il est aujourd'hui détenu avec deux complices à la prison de Man.
Dans leur rapport, les gendarmes français agissant comme «prévôts» au sein des forces armées indiquent qu'«il n'est pas possible d'exclure l'hypothèse selon laquelle il pourrait exister un lien entre l'interpellation du nommé Mahé (Firmin, ndlr) et les raisons pour lesquelles les autres Mahé ont été incarcérés». Mahé est un nom très courant dans cette région de la Côte-d'Ivoire.
Le procureur du tribunal aux armées de Paris, Jacques Baillet, s'est rendu en Côte-d'Ivoire du 11 au 16 décembre pour une mission d'inspection «prévue de longue date». Sur place, il a essayé de dénouer l'écheveau de cette affaire en demandant à la prévôté (les gendarmes français) d'auditionnier les militaires qui ont interpellé ces hommes, c'est-à-dire Nestor Mahé et ses complices. Pour le procureur, cette affaire est indépendante de la saisine de la juge d'instruction Brigitte Raynaud, qui a mis en examen cinq militaires français, dont le général Poncet pour homicide volontaire ou complicité. Interrogé sur une éventuelle confusion dans les identités, le procureur a estimé que «même si c'était vrai, cela n'enlève rien à la gravité des faits».
A la sortie du Conseil des ministres, la ministre de la Défense Michelle Alliot-Marie a affirmé : «Nous n'avons aucune information. Sur ce point, il y a enquête, et l'enquête dira ce qu'il en est». L'état-major des armées ajoute : «On enquête sur les éléments que nous ne connaissions pas auparavant».
L'hypothèse de la confusion a, dès le départ, été défendue par Dominique Derda, correspondant de France 2 en Afrique. Selon ce journaliste, la victime ne s'appellait pas Firmin Mahé, mais Mathieu Blé. Mahé n'aurait été qu'un surnom. A Paris, un avocat d'origine camerounaise, Me Fabien Ndoumou, défend une thèse un peu différente. Affirmant être l'avocat de la famille de Firmin Mahé, il ne conteste pas l'identité de la victime, mais indique qu'il s'agissait d'«un citoyen ordinaire qui appartenait à l'autodéfense de son village, qui n'était en aucun cas une milice».
Toutefois, cet avocat n'est pas exactement le conseil de la famille de la victime, mais de l'Association de défense des Ivoiriens (ADI), basée en région parisienne. Proche du régime de Laurent Gbagbo, l'ADI est animé par Gabriel Blé, un parent du chef des Jeunes patriotes, Charles Blé Goudé.
Quant au corps de «Firmin Mahé», étouffé le 13 mai par des soldats français, nul ne sait ce qu'il est devenu. Déposé mort à l'hôpital de Man par les militaires de l'opération Licorne, jamais réclamé par sa famille, il semble avoir été enterré dans une fosse commune.
Affaire Mahé : Le procureur militaire ivoirien demande la coopération de la France
(Jeudi 22 Décembre 2005 16:53)
Le procureur militaire de Côte d'Ivoire, venu à Paris dans le cadre de l'enquête sur la mort d'un civil ivoirien étouffé en mai par des militaires français dans son pays, demande "des moyens" et "une aide logistique" de la France, dans un entretien à La Croix paraissant vendredi. "Je suis venu demander à la juge française des moyens pour mener (la) commission rogatoire" confiée par cette juge du tribunal aux armées (TAP), Brigitte Raynaud, affirme le procureur Ange Kessi au journal français. "En effet, jusqu'à maintenant, je n'ai pu me rendre sur les lieux à cause de problèmes pratiques. Je suis venu demander que la force Licorne nous apporte une aide logistique", a-t-il ajouté, faisant référence à la force française de 4.000 hommes déployée dans ce pays.
Le procureur entend faire la lumière sur l'identité du civil ivoirien tué, Firmin Mahé.
"C'est une question importante. C'est pourquoi nous cherchons à localiser le corps et à l'identifier", affirme Ange Kessi. "Une fois sur les lieux, il faudra localiser le corps de Firmin Mahé", a-t-il ajouté, en s'interrogeant sur plusieurs points: "A-t-il été enseveli, est-il encore à la morgue, est-il encore possible de l'autopsier"?. L'enquête sur la mort de Firmin Mahé, survenue le 13 mai 2005 dans le blindé de l'armée française, est menée par le tribunal aux armées de Paris (TAP). Elle a déjà conduit à plusieurs inculpations, dont celle du général Henri Poncet, ancien patron de la force Licorne en Côte d'Ivoire. M. Kessi a par ailleurs contesté l'idée de mandats d'arrêt internationaux que la juge Raynaud a l'intention de lancer à l'encontre des deux pilotes ivoiriens des avions ayant bombardé un camp français à Bouaké (centre) en novembre 2004, tuant, selon Paris, neuf soldats français et un civil américain. "Je suis un peu surpris, et j'ai eu l'occasion de le dire à Mme la Juge", a affirmé le procureur militaire de Côte d'Ivoire. "Une information judiciaire ivoirienne est déjà ouverte, ce que la juge ignorait. Je lui ai donc demandé de nous laisser la compétence de cette affaire, et je ne doute pas que nous allons nous entendre, car nous avons de bonnes relations", a insisté Ange Kessi. Mme Raynaud est également chargée de cette affaire depuis le 19 janvier et mène une instruction pour "assassinats, tentative d'assassinats et destruction de biens".
http://www.lecourrierdabidjan.info/index.asp?id=334 _________________ La véritable désaliénation du Noir implique une prise de conscience abrupte des réalités économiques et sociales. F. Fanon
L'ignorance est un danger que tout homme doit éviter. S. NKOUA
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum