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Adler dérape ...
Par Adeline BRONNER, mercredi 23 février 2005 à 10:44 :: Humeurs :: #201 :: rss


... le pape s'enfonce

Ce qui est affligeant avec Alexandre Adler, c'est ce côté posé et pontifiant dans l'expression des pires inepties. Ce matin, l'ancien patron du Courrier International revenait sur le cas Dieudonné et sur les dérapages de l'ancien humoriste. Une partie de son analyse m'a semblé intéressante: le rappel historique des liens entre certains mouvements noirs radicaux et un net antisémitisme, aux Etats Unis ce furent Malcolm X puis Louis Farrakhan, mais également les mouvements évangéliques du sud.

Dieudonné reprend ainsi une forme assez connue et diffusée en France d'un antisémitisme fantasmé comme une puissante oppressive: raccourcis avec la situation entre Israéliens et Palestiniens, sentiments mitigés sur la souffrance des uns et des autres et son traitement par les médias et la société. [color=red]C'est une tendance contre laquelle il faut bien sûr lutter par la pédagogie et le rappel que la souffrance n'a pas d'échelle, rappeler également inlassablement que noirs et juifs étaient entendus par les nazis comme une seule et même menace à éradiquer[/color]. Le colonialisme a généré des souffrances inouïes que l'Histoire a encore du mal à analyser faute de matériels et de témoignages, mais ce que l'Histoire sait en revanche c'est que l'esclavage des noirs étaient une pratique courante dans le monde musulman et que curieusement les noirs semblent avoir un peu « zapper » ce fait historique et s'enferrer dans un antisémitisme de mauvais aloi. Ceci dit, ce n'est pas cette partie de l'analyse qui a fait teinter mes petites oreilles endormies. Mais bien un fois encore, les délires d'Adler concernant Rony Braumann. Adler voue Braumann aux gémonies depuis longtemps déjà. Pourquoi? Officiellement parce que celui-ci aurait, lors du débat du milieu des années 90 sur la « Shoah Business », apporté son soutien à Finkelstein en préfaçant son ouvrage. Je parle au conditionnel car je n'ai pas lu ce livre ni la préface, mais que je me souvins du même débat lorsque Chomsky avait préfacé le livre négationniste de Faurrisson. Chomsky avait essayé d'expliquer qu'il n'avait pas lu le livre, mais que partisan farouche de la liberté d'expression, il lui avait semblé nécessaire d'apporter un soutien à un homme menacé pour ses opinions. Pas de confusion le livre de Finkelstein n'est pas antisémite ni négationniste, il faisait état d'un sentiment de culpabilité qui conduisait la communauté juive américaine à entrer dans une surenchère concernant la Shaoh. Ce fait là est avéré: Wistrich dans son livre Hitler, l'Europe et la Shoah rappelle qu'une partie des juifs américains ont pendant la seconde guerre mondiale soutenu la politique du département d'Etat concernant les cotas très bas pour les juifs d'Europe, il rappelle également que malgré les rapports très alarmants, les juifs américains ont cru que les juifs d'Europe et les Polonais s'étaient coalisés pour intensifier les représailles contre les allemands, éléments que le roman de Philip Roth, The Plot against America, a très bien mis en scène. On connaît également mieux les liens entre les sionistes et les nazis: les sionistes n'ayant absolument pas compris à qui ils avaient affaire ont cru que la politique nazie pousserait les juifs européens à s'investir dans la création d'un Etat juif. Les sionistes ont également eu un accueil extrêmement froid voir accusateur envers les survivants, accusés de ne pas avoir résisté et de continuer à entretenir la légende du juif opprimé et faible: de nombreux livres ont parlé de cette époque cruelle: Oz, Appelfeld ou Grossmann entre autres.

Une fois le désastre connu et les témoignages enfin écoutés, ce qui a pris plusieurs décennies, le renversement a été spectaculaire et on a assisté à une sorte de débauche de mots et de moyens pour faire payer les nazis et leurs complices: entreprises et hommes politiques accusés et demande de dédommagements de plus en plus nombreuses, avec une sorte de point d'orgue lorsque les banques suisses ont été prises dans la tornade. Finkelstein a montré comment certaines agences juives américaines menaient une véritable croisade pour faire payer: on peut supposer que le sentiment de culpabilité n'était pas loin sous la surface. Est ce vraiment être un antisémite ou un juif « s'auto détestant » que de remarquer l'évolution?

Ce genre de raccourci et d'imprécations est courant chez Adler, on les retrouve chez Finkelkraut et d'autres. Mais ce sont des confusions dangereuses et qui ne font que conforter les extrémistes de tous bords.

Dans le même temps, Alexandre Adler fait silence sur la nouvelle sortie de sa sainteté du Parkinson, le polonais du Vatican qui vient de pondre une théorie, ou plutôt de reprendre une théorie ancienne sur le lien entre avortement et holocauste. Les partisans du droit à la vie, en ont fait un moto au nom duquel ils assassinent des médecins et des infirmières.

On a parfaitement le droit d'être contre l'avortement: raison spirituelle, morale, philosophique ...Mais ce qui est inacceptable, c'est au nom d'une croyance de véhiculer des mensonges grossiers, des haines recuites et pour le coup un vrai négationnisme. Pendant la seconde mondiale, toute femme arrivant enceinte était immédiatement conduite aux crématoires où elle mourrait avec le fruit de ses entrailles. Celles qui échappaient aux sélections et parvenaient à mener leur grossesse à terme étaient contraintes de tuer leur bébé de leurs mains pour éviter de payer de leur vie, le « crime » d'avoir fait naître un enfant dans les camps de la mort. Les nazis exterminèrent à Auschwitz 1 500 000 enfants de moins de douze ans.

L'avortement est un acte médical qui retire de l'utérus un foetus qui n'a ni cerveau, ni terminaison nerveuse, ni poumon, qui ne souffre pas, qui est objectivement à peine plus qu'un amas de cellule. Les femmes qui sont conduites à faire ce choix ne le font ni par plaisir, ni par perversion: on sait les dégâts du manque d'éducation sexuelle, du manque de formation des médecins, du mauvais choix du moyen de contraception, des viols, des mariages forcés, des femmes soumises à des hommes barbares, les considérant comme des couveuses sur pattes. Comparer ces femmes avec les nazis est une banalisation de la Shoah gravissime, surtout lorsqu'elle vient d'un polonais qui tout résistant qu'il fut pendant la guerre ne s'est, pas plus que ses coreligionnaires, préoccupés du sort des millions de juifs exterminés. On connaît l'engagement de ce pape contre le communisme, engagement qu'on aurait voulu voir chez Pie XII pour la protection des juifs et pour la condamnation des nazis. Notre ami polonais a ainsi continué la vieille pratique d'offrir un asile sûr aux bourreaux des juifs. Jean Paul II est contre l'avortement c'est son credo, en tant qu'autorité morale des chrétiens, il est normal qu'il le dise. Mais il n'a pas le droit de véhiculer et de propager des mensonges innommables qui auront pour effet de radicaliser les extrémistes du droit à la vie et de les encourager dans leurs crimes. Il s'agit clairement d'assistance à une entreprise criminelle: dire qu'avortement et holocauste c'est la même chose c'est, au delà d'une parfaite saloperie, pousser les fous de dieu à prendre des mesures extrêmes contre les femmes et les professionnels de santé. Jean Paul II doit être dénoncé pour ce qu'il est un dangereux extrémiste
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"Le savoir non digéré par la pensée est vain et la pensée non étayée par le savoir est dangereuse. "(Confucius)

"L' Homme est le remède de l'Homme " (proverbe Wolof)

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