Pakira Super Posteur

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Posté le: Sam 07 Jan 2006 00:06 Sujet du message: L’Afrique n’est pas pauvre, elle a été appauvrie |
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Opinion - Dans cette contribution, Nathalie Yamb met en exergue la place stratégique de l’Afrique dans les relations internationales et décrypte l’imposture et les fondement de la Refondation du continent.
L’Afrique est stratégique : ses ressources minières et énergétiques, ses matières premières, ses espaces, ses populations font du continent des enjeux du futur. L’importance tactique du marché africain est une évidence pour les acteurs économiques de premiers rangs que sont les Etats-Unis, les autres membres du G8 ou la Chine. Preuves s’il en faut : l’axe africain de la politique de Tony Blair, la tenue depuis trois ans du sommet sino-africain, qui fait apparaître son pendant France-Afrique comme une mascarade obsolète, l’intensification de la présence militaire américaine dans le pré carré francophone…
L’Afrique n’est donc pas pauvre, mais elle a été appauvrie. De façon constante, depuis la traite transatlantique jusqu’à nos jours, elle a été l’objet d’un système d’exploitation et de pillage des biens, certes relayé par des marionnettes locales, mais qui s’est néanmoins toujours inscrit dans le cadre d’un impérialisme historique. Ici plus qu’ailleurs, l’Occident s’est permis l’utilisation de tous les moyens nécessaires pour asseoir sa vision du monde, rançonner les richesses et faire de l’Afrique une dominée exemplaire. Aux méthodes primitives de l’époque précédant les indépendances fictives des années 60 ont succédé des formules plus pernicieuses comme l’aide au développement, la mondialisation, les plans d’ajustement structurels, la bonne gouvernance.
Le libre-échange a toujours été une arme employée par les plus forts pour imposer aux plus faibles l’ouverture de leurs marchés. « Aujourd’hui, la mondialisation, ça ne marche pas pour les pays pauvres du monde », reconnaît Joseph E. Stiglitz, ancien vice président et économiste en chef de la Banque Mondiale. Les dirigeants africains assujettis à l’Occident qui se font l’écho des vertus de la mondialisation prônée par les pays riches, sont de plus en plus contestés par leurs populations. Quel est l’intérêt pour l’Afrique de privilégier les cultures d’exportation aux cultures vivrières puisque les prix des produits qu’elle exporte sont fixés à la baisse par ceux- là même qui les importent ? Pourquoi lui proscrit-on le droit de faire usage de l’arme protectionniste pour défendre des secteurs sensibles et redresser des économies dévastées par des siècles de pillages, alors que cette même option a été utilisée (et continue de l’être) par l’Europe pour relancer une économie mise à mal par la Seconde Guerre mondiale ? Comment l’instauration des quotas à l’importation du textile chinois en Europe cadre-t-elle avec la théorie du libre-échange ? Les subventions accordées par le gouvernement américain à ses producteurs de coton au détriment des agriculteurs africains indiquent-elles qu’il y a des pays plus « mondialisables » que d’autres ? La mondialisation est-elle autre chose que l’occidentalisation à outrance de l’économie mondiale ?
« Aussi longtemps que les lions n'auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur »
Un autre outil très efficace d’asservissement de l’Afrique est l’aide au développement. La perversité de ce concept usurpateur réside dans la dissimulation d’un système oppressif d’exploitation derrière la générosité apparente des institutions financières internationales et des pays donateurs. Le fonctionnement de l’aide au développement est antinomique au discours de solidarité qui y est lié. L’assistance apparente est en effet assortie d’une série de contraintes qui visent non seulement à astreindre le pays dominé à adopter des solutions peu adaptées à ses besoins réels, mais également à consolider les fondements économiques des pays riches.
L’utilisation des fonds est exclusivement déterminée par les pays donateurs, qui n’hésitent pas, quand il y va de leur intérêt, à ériger les causes de nos maux en solutions. Qui a décidé que la lutte contre le sida était essentielle pour l’Afrique ?Le sida est-il vraiment la cause de la misère africaine ou sa propagation rapide n’est-elle pas plutôt la résultante de la pauvreté, de l’analphabétisme, du chômage ambiants ? Pourquoi l’éradication du paludisme n’est-elle pas une priorité pour le continent ? La confidentialité de la lutte contre la drépanocytose est-elle totalement dissociable du fait que cette maladie n’affecte que les Noirs ? Les dons de riz dont les Occidentaux abreuvent les populations sous-alimentées des pays pauvres sont-ils vraiment la preuve de la grandeur d’âme des bienfaiteurs autoproclamés ou ne sont-ils pas plutôt une des causes principales de la famine qu’ils sont censés endiguer ? Lorsque l’on sait que le riz envoyé au Niger, au Tchad, en Ethiopie à travers des organisations comme le Programme Alimentaire Mondial est acheté au prix fort par les gouvernements américains et européens à leurs producteurs nationaux sous forme de subventions, au détriment du riz cultivé en Afrique ou en Asie, meilleur marché et de qualité souvent supérieure, la question se pose avec beaucoup d’acuité.
Les règles du jeu sont définies par les puissants de ce monde, qui veillent scrupuleusement à confisquer les ressources financières et à sécuriser un retour sur investissement permettant de stabiliser leurs propres économies. Les fonds attribués aux pays pauvres sont ainsi rapatriés à leurs généreux donateurs soit au travers de multinationales prédatrices qui font partie intégrante du schéma ou soit par le biais de rétro commissions. Lorsque l’Agence Française de Développement accorde des fonds pour la construction d’une route ou la réfection d’un pont, mais que ce « don » est assorti de l’obligation d’attribuer le marché à une entreprise de BTP française, alors qu’une firme chinoise aurait pu effectuer les travaux à un prix défiant toute concurrence, il est nécessaire de s’interroger sur l’identité réel du bénéficiaire final de l’aide. Qui se développe ? Qui secourt l’autre ?
Officiellement, l’octroi de l’aide au développement est conditionné aux principes de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, mais concomitamment, les pays donateurs préfèrent de loin traiter avec des régimes corrompus plutôt que vertueux, qui viendraient perturber un système de remontée des fonds bien organisé. Le soutien constant aux administrations dépravées d’Omar Bongo, Blaise Compaoré et Mobutu, l’organisation des assassinats de Thomas Sankara et de Patrice Lumumba, le déclenchement de la guerre en Côte d’Ivoire pour renverser le président Gbagbo démontrent à quel point les Européens en général, et les Français en particulier, redoutent l’émergence d’interlocuteurs intègres, intelligents et africanistes. Alors que l’affaire Elf a fait éclater dans toute sa splendeur l’étendue de la corruption qui gangrène le pouvoir et la classe politique française, il est évident que la volonté de Jacques Chirac d’installer un homme du cru à la tête de l’Etat ivoirien est plus tenace que jamais.
L’Afrique est-elle tenue de rembourser une dette contractée par des dirigeants qu’elle n’a pas élus, qui lui ont été imposés et qui l’ont utilisée prioritairement à d’autres intérêts que les siens? Puisque le principal de la dette a déjà été remboursé depuis belle lurette, pourquoi en est-on encore à batailler pour son annulation ? Qu’est-ce qui justifie la strangulation des populations africaines par les bailleurs de fonds et les institutions financières internationales ? Aussi surprenante qu’elle puisse paraître, la réalité est tout autre. L’Afrique a financé le développement de l’Occident. Aujourd’hui, l’Europe est redevable à l’Afrique. Néanmoins, il était jusqu’ici tout à fait impensable de formuler cette vérité. Tous les moyens médiatiques, politiques, économiques et psychologiques ont été mis en œuvre pour maintenir les Africains dans une posture de reconnaissance à l’égard de ceux qui les ont exploités. Après avoir rançonné leurs sols et sous-sols, leur avoir imposé des régimes dictatoriaux, corrompus et répressifs, dénié leurs aspirations à la démocratie, infligé un paternalisme spoliateur, les Occidentaux ne peuvent cependant pas s’attendre à de quelconques remerciements de la part des Africains, qui, de toute évidence, n’apprécient pas de la même façon que les homme politiques français les bienfaits de la colonisation.
http://news.abidjan.net/presse/courrierabidjan.htm _________________ "tout nèg a nèg
ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg
nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg
sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!
a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti
avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"
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