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Les veillées mortuaires dans nos sociétés
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Nkossi
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MessagePosté le: Jeu 19 Jan 2006 15:31    Sujet du message: Les veillées mortuaires dans nos sociétés Répondre en citant

Le rapport à la mort, les cérémonies qui s’y rapportent sont aussi un trait de notre culture. J’aimerais aborder ce sujet par le biais des veillées mortuaires (matangas, au Kongo).

Quand il y a une mort donc, on organise une veillée pour soutenir la famille dans sa douleur dans l’attente de l’enterrement.
(J’ai toujours une petit choc quand je vois dans certaines contrées qu’un mort doit être enterré le lendemain de son décès, j’ai l’impression que la famille n’a pas le temps de réaliser ce qui lui arrive.)

Concrètement au cours d’une telle veillée, on dort dehors à la belle étoile sur des nattes, autour de grands feux, on raconte des histoires, des devinettes, des charades… Il y a des pleurs, des chants de deuil mais pas seulement car pour essayer de dédramatiser la situation, il y a aussi ceux qui poussent à rire dans ce malheur parfois même en chambrant le mort…
L’endroit de la veillée est signalée par une feuille de palmier.

Pour se tenir éveillé, on boit du café, du thé (aujourd’hui les aînés sont très vigilants autour de la préparation de ces boissons car certains jeunes plaisantins en profitent parfois pour jeter qlq « herbes » dans le breuvage pour donner un coup de fouet aux gens ah ! la jeunesse Laughing Laughing )

La famille et l’assistance se cotisent aussi pour faire face aux funérailles. Je ne sais pas si les assurances décès supplanteront cette habitude de cotisations tellement que c’est devenu comme un réflexe…

Le tissu typique du deuil est un pagne carrelé gris-blanc, noir-blanc, totalement noir ou totalement blanc… De nos jours, les gens ont de moins en moins recours à ces couleurs spécifiques, ce qui se passe, c’est que les femmes se concertent entre elles, vont au marché et achètent le tissu (qui n’a pas nécessairement un rapport avec le deuil) qu’elles ont choisi dans lequel, on confectionnera les vêtements pour les éprouvés… L’autre habitude qui s’installe c’est celle d’imprimer sur des tee-shirts des textes du genre « A notre regretté… »
Les femmes arboreront des tresses particulières, les hommes se raseront parfois la tête…

Dans les villes surtout, ces cérémonies sont dénaturées : pour certains, les veillées deviennent des lieux de rendez-vous, de retrouvailles après de virées nocturnes…
J’ai en tête une chanson du « Tout Puissant OK JAZZ » de Luambo Makiadi alias Franco « Mokolo na ko kufua, éko zala bongo, bayé ba kufa liboso to monaka ézalaka bongo (…) Esika ya matanga ékoma féti (…) Ba kéndéki Bouyou bakosi ba lalaki matanga (…) Ba yéli ndé mibali, mibali ba yéli ndé ba chérieééé (…)
Qui parle en gros de débauches sur ces lieux…

Les lignes ci dessus sont une entrée en matière pour que l’on discute des cérémonies, des symboles… autour du deuil dans nos sociétés… Wink
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La véritable désaliénation du Noir implique une prise de conscience abrupte des réalités économiques et sociales. F. Fanon
L'ignorance est un danger que tout homme doit éviter. S. NKOUA

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ARDIN
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MessagePosté le: Jeu 19 Jan 2006 15:42    Sujet du message: Re: Les veillées mortuaires dans nos sociétés Répondre en citant

Nkossi a écrit:
Le rapport à la mort, les cérémonies qui s’y rapportent sont aussi un trait de notre culture. J’aimerais aborder ce sujet par le biais des veillées mortuaires (matangas, au Kongo).
........................................................................................................
Les lignes ci dessus sont une entrée en matière pour que l’on discute des cérémonies, des symboles… autour du deuil dans nos sociétés… Wink

Merci Nkossi pour ce topic!
Concernant ceci:
Citation:
L’endroit de la veillée est signalée par une feuille de palmier.

on la plante aussi au coin d'une rue pour signaler la localisation.
Je ne sais pas si tu as des infos sur l'origine de cette pratique. Et si cette pratique est repandue dans d'autres pays comme le Camer, le Gabon, le Benin, etc...
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Nkossi
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Inscrit le: 31 Mar 2005
Messages: 722

MessagePosté le: Jeu 19 Jan 2006 16:11    Sujet du message: Répondre en citant

ARDIN a écrit:
On la plante aussi au coin d'une rue pour signaler la localisation.
Je ne sais pas si tu as des infos sur l'origine de cette pratique. Et si cette pratique est repandue dans d'autres pays comme le Camer, le Gabon, le Benin, etc...


Avis aux ressortissants des ces pays. Sinon il faut dire que les palmes sont omniprésentes dans les cérémonies, quand on retire le deuil par ex, on met des palmes accompagnées de fleurs...
Tu te rappelles sur notre ancien drapeau, il me semble que les palmes symbolisaient la paix ?


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Anse
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Inscrit le: 19 Juil 2005
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MessagePosté le: Jeu 19 Jan 2006 16:30    Sujet du message: Répondre en citant

Nkossi a écrit:
ARDIN a écrit:
On la plante aussi au coin d'une rue pour signaler la localisation.
Je ne sais pas si tu as des infos sur l'origine de cette pratique. Et si cette pratique est repandue dans d'autres pays comme le Camer, le Gabon, le Benin, etc...


Avis aux ressortissants des ces pays. Sinon il faut dire que les palmes sont omniprésentes dans les cérémonies, quand on retire le deuil par ex, on met des palmes accompagnées de fleurs...
Tu te rappelles sur notre ancien drapeau, il me semble que les palmes symbolisaient la paix ?




ma participation a ce topic qui m'interesse beaucoup se résumera a des questionnements qui me viennent de ce que j'ai pu observer lors des deuils:

- pourquoi certains camerounais attachent sur leur poignet un bout de tissu très fin quand il y a deuil dans leur famille directe?(il parait que celui-ci finit par disparaitre tout seul...)= une amie m'avait dit qu'il s'agissait d'un bout de vetement que le décédé portait lors de sa mort et le fait qu'on attache un bout de celui-ci sur notre bras est une facon de l'accompagner dans l'au-delà et quand le tissu disparait du poignet cela veut dire qu'on doit maintenant accepter qu'il est parti et que nous devons poursuivre notre route sans lui. est-ce vraiment cela?

- pourquoi veille t-on le tombeau plusieurs jours après l'enterrement?

- comment fait-on pour conserver le corps dans les villages reculés alors qu'il reste exposé plusieurs jours dans la chaleur?(méthodes traditionnelles? lesquelles?)

j'ai plusieurs questions mais je vais m'arrêter là pour le moment. Wink


Dernière édition par Anse le Jeu 19 Jan 2006 16:34; édité 1 fois
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ARDIN
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Messages: 1863
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MessagePosté le: Jeu 19 Jan 2006 16:32    Sujet du message: Répondre en citant

Nkossi a écrit:
ARDIN a écrit:
On la plante aussi au coin d'une rue pour signaler la localisation.
Je ne sais pas si tu as des infos sur l'origine de cette pratique. Et si cette pratique est repandue dans d'autres pays comme le Camer, le Gabon, le Benin, etc...


Avis aux ressortissants des ces pays. Sinon il faut dire que les palmes sont omniprésentes dans les cérémonies, quand on retire le deuil par ex, on met des palmes accompagnées de fleurs...
Tu te rappelles sur notre ancien drapeau, il me semble que les palmes symbolisaient la paix ?


Oui, mais cette conception a t'elle un fondement culturel?
Je pose cette question parce que j'ai avec moi le livre d'Oscar Pfouma que Theophile Obenga a preface intitule Histoire Culturelle de l'Afrique Noire, il ne traite pas de la symbolique des palmes, c'est peut etre propre au Kongo. Bref!
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Nkossi
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MessagePosté le: Jeu 19 Jan 2006 18:02    Sujet du message: Répondre en citant

Anse a écrit:
pourquoi certains camerounais attachent sur leur poignet un bout de tissu très fin quand il y a deuil dans leur famille directe?(il parait que celui-ci finit par disparaitre tout seul...)= une amie m'avait dit qu'il s'agissait d'un bout de vetement que le décédé portait lors de sa mort et le fait qu'on attache un bout de celui-ci sur notre bras est une facon de l'accompagner dans l'au-delà et quand le tissu disparait du poignet cela veut dire qu'on doit maintenant accepter qu'il est parti et que nous devons poursuivre notre route sans lui. est-ce vraiment cela?


Cela se passe aussi au Kongo. Le bout de tissu vient effectivement d'un vêtement du defunt. Ce bout de tissu disparaît tout seul en fait pas usure. L'explication que l'on donne chez moi, c'est que l'attachement au défunt fait que lorque son corps se décompose dans la tombe, ses proches ressentent comme, une fatigue, une déprime... Et le fait d'avoir qlq ch venant du mort attenue, fait disparaître cette sensation. Moi j'y crois pcq j'ai vécu cette expérience par 2x... Sad
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MARVIN
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Messages: 143

MessagePosté le: Jeu 19 Jan 2006 21:05    Sujet du message: Répondre en citant

A mon avis, la presence des feuilles de palmiers (non tressées) symbolise la l'invocation et/ou la présence de dieu car elles sont aussi présentes dans les églises , groupes de prieres etc....
Faire appel a dieu pour veillez sur l'ame du défunt et aussi pour chassé les mauvais esprits(je crois).


Comme on les sais , sont ce sont les femmes qui, massivement, portent et « retirent » le deuil.
C'est elle qui transfigurent le plus de leur apparences et ce sont elles qui pleurent ,se coupent les cheveux ou les tressent en « nattes » ou encore les couvrent d'un mouchoir noir. Ce sont toujours elles qui ,plus que les hommes ,animent les veillées avec leur chorale. Promptes à entrer en transe, certaines d'entre elles se roulent par terre et profèrent des accusations de sorcellerie.
Elles se dépensent tant phisiquement q' émotivement qu'elle sont presque obligées de picoler pour tenir les 5 jours de la veillée.
Je me souviens également des femmes qui se mettaient du piment dans les ieux provoquér des pleurs.

En RDC les femmes forment (en temps normales) des associations(moziki) association constituees de membres originaires des mèmes ethnies, d'anciennes élèves, de commerçantes, de culte ou de travail, mais aussi par des relations de voisinage et d'amitié. Les femmes faisant partie de ce groupe participent à l'ensemble des cérémonies jusqu'à l'enterrement. Elles portent le deuil et le retirent en général.
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Madi
Grioonaute 1


Inscrit le: 02 Sep 2005
Messages: 228

MessagePosté le: Sam 21 Jan 2006 18:13    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
A mon avis, la presence des feuilles de palmiers (non tressées) symbolise la l'invocation et/ou la présence de dieu car elles sont aussi présentes dans les églises , groupes de prieres etc....
Faire appel a dieu pour veillez sur l'ame du défunt et aussi pour chassé les mauvais esprits(je crois).


Je ne connais pas la signification exacte des feuilles de palmier, mais moi aussi j'ai l'impression qu'elles ont toujours un rapport avec la spiritualité, religieuse ou profane.

Citation:

- pourquoi certains camerounais attachent sur leur poignet un bout de tissu très fin quand il y a deuil dans leur famille directe?(il parait que celui-ci finit par disparaitre tout seul...)= une amie m'avait dit qu'il s'agissait d'un bout de vetement que le décédé portait lors de sa mort et le fait qu'on attache un bout de celui-ci sur notre bras est une facon de l'accompagner dans l'au-delà et quand le tissu disparait du poignet cela veut dire qu'on doit maintenant accepter qu'il est parti et que nous devons poursuivre notre route sans lui. est-ce vraiment cela?


Je ne connaissais pas cette pratique, et c'est vraiment intéressant, car je remarque que chez nous, les morceaux de vêtements, sont comme un prolongement des êtres qu'on aime, prolongement qui nous permet de sentir leur présence lorsqu'ils sont loin de nous, pour une raison ou pour une autre. J'ai une amie Togolaise dont le mari est souvent en déplacement, ce qui au début perturbait beaucoup leur jeune fils. Puis son mari a confectionné un petit bracelet avec le tissu de son pygama et l'a mis au poignet de son fils. Celui-ci a instantanément cessé de pleurer, véridique. Le petit mord dans son bracelet à chaque fois que son papa lui manque ou pour s'endormir.

Citation:
- pourquoi veille t-on le tombeau plusieurs jours après l'enterrement?

Chez nous, le délai maximum est de 48H, selon l'âge du défunt, l'état de son corps et son rang social. Tout enterrement trop rapide est considéré comme une insulte au défunt. On va jusqu'à déclarer que le défunt a été enterré "vif", comme pour dire qu'on ne lui a pas donné l'occasion de revenir à la vie.

J'ai remarqué que de manière générale, les Africains étaient très incrédules face à la mort, qu'il s'agisse d'un proche ou non. Nous remettons toujours en doute la mort, comme si le défunt était juste "endormi", affaibli, mais qu'il pouvait toujours se réveiller.

Citation:
Quand il y a une mort donc, on organise une veillée pour soutenir la famille dans sa douleur dans l’attente de l’enterrement.
(J’ai toujours une petit choc quand je vois dans certaines contrées qu’un mort doit être enterré le lendemain de son décès, j’ai l’impression que la famille n’a pas le temps de réaliser ce qui lui arrive.)

Concrètement au cours d’une telle veillée, on dort dehors à la belle étoile sur des nattes, autour de grands feux, on raconte des histoires, des devinettes, des charades… Il y a des pleurs, des chants de deuil mais pas seulement car pour essayer de dédramatiser la situation, il y a aussi ceux qui poussent à rire dans ce malheur parfois même en chambrant le mort…
L’endroit de la veillée est signalée par une feuille de palmier.

Pour se tenir éveillé, on boit du café, du thé (aujourd’hui les aînés sont très vigilants autour de la préparation de ces boissons car certains jeunes plaisantins en profitent parfois pour jeter qlq « herbes » dans le breuvage pour donner un coup de fouet aux gens ah ! la jeunesse )

La famille et l’assistance se cotisent aussi pour faire face aux funérailles. Je ne sais pas si les assurances décès supplanteront cette habitude de cotisations tellement que c’est devenu comme un réflexe…

Le tissu typique du deuil est un pagne carrelé gris-blanc, noir-blanc, totalement noir ou totalement blanc… De nos jours, les gens ont de moins en moins recours à ces couleurs spécifiques, ce qui se passe, c’est que les femmes se concertent entre elles, vont au marché et achètent le tissu (qui n’a pas nécessairement un rapport avec le deuil) qu’elles ont choisi dans lequel, on confectionnera les vêtements pour les éprouvés… L’autre habitude qui s’installe c’est celle d’imprimer sur des tee-shirts des textes du genre « A notre regretté… »
Les femmes arboreront des tresses particulières, les hommes se raseront parfois la tête…


Tout ce que tu dis est exact papa Nkossi, et doit certainement exister, à quelques variantes près, dans toutes les cultures africaines.

Il serait intéressant d'analyser ce que ces rituel révèlent de notre rapport à la mort. Chez nous par exemple, les deuils sont rarement sereins. La mort est une réalité que nous refusons d'admettre tout simplement. Nous ne reconnaissons comme "naturelle" que la mort qui arrive avec la vieillesse. Tout autre décès est suspecté, quelle que soit son origine, surtout si le défunt est jeune, pire s'il s'agit d'un enfant. Il y a toujours une cause extérieure à la mort. Même la maladie n'est pas considérée comme une cause, car il y a toujours une cause à la maladie elle-même.

ça m'a toujours beaucoup étonné de constater que le pragmatisme qui domine souvent dans les cultures africaines, ne s'applique pas quand il s'agit de la mort. Il semble que c'est un cycle de la vie que nous avons beaucoup de mal à intégrer. En considérant par exemple que les morts ne sont pas morts, qu'ils sont toujours parmis les vivants, qui leur vouent un culte via les "mânes de nos ancêtres", c'est aussi une manière de refuser la mort.
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Dernière édition par Madi le Sam 21 Jan 2006 20:10; édité 1 fois
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bounty
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MessagePosté le: Sam 21 Jan 2006 19:58    Sujet du message: Répondre en citant

MARVIN a écrit:

En RDC les femmes forment (en temps normales) des associations(moziki) association constituees de membres originaires des mèmes ethnies, d'anciennes élèves, de commerçantes, de culte ou de travail, mais aussi par des relations de voisinage et d'amitié. Les femmes faisant partie de ce groupe participent à l'ensemble des cérémonies jusqu'à l'enterrement. Elles portent le deuil et le retirent en général.

Tu n'as pas tord les femmes forment bien les mozikis. D'ailleurs ma maman en fait partie cela sert à se réunir et à preparer les enterrements. D'après ce que m'a dit ma maman il y'a différentes sortes de moziki même si le but reste le même.
Je sais aussi que lors du deuil de mon père lorsque nous étions au pays nous les femmes avons eu les cheveux coupés je me souviens pas puisque j'étais bébé mais maman me l'a dit. Tout ceci fait parti des rituels liés au deuil...


Dernière édition par bounty le Sam 21 Jan 2006 21:25; édité 1 fois
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Cathy
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MessagePosté le: Sam 21 Jan 2006 20:06    Sujet du message: Répondre en citant

Pourqoui les femmes se coupent-elles les cheveux à la mort du mari Bounty? Les cheveux symbolisent la séduction, est-ce la raison?
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- C'était une erreur de Genèse."
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bounty
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MessagePosté le: Sam 21 Jan 2006 20:09    Sujet du message: Répondre en citant

madi a écrit:

Tout ce que tu dis est exact papa Nkossi, et doit certainement exister, à quelques variantes près, dans toutes les cultures africaines.

Il serait intéressant d'analyser ce que ces rituel révèlent de notre rapport à la mort. Chez nous par exemple, les deuils sont rarement sereins. La mort est une réalité que nous refusons d'admettre tout simplement. Nous ne reconnaissons comme "naturelle" que la mort qui arrive avec la vieillesse. Tout autre décès est suspecté, quelle que soit son origine, surtout si le défunt est jeune, pire s'il s'agit d'un enfant. Il y a toujours une cause extérieure à la mort. Même la maladie n'est pas considérée comme une cause, car il y a toujours une cause à la maladie elle-même.

ça m'a toujours beaucoup étonné de constater que le pragmatisme qui domine souvent dans les cultures africaines, ne s'applique pas quand il s'agit de la mort. Il semble que c'est un cycle de la vie que nous avons beaucoup de mal à intégrer. En considérant par exemple que les morts ne sont pas morts, qu'ils sont toujours parmis les vivants, qui leur vouent un culte via les "mânes de nos ancêtres", c'est aussi une manière de refuser la mort.

Oui il est vrai que la mort n'est pas toujours accepté lorsque mon père est mort de maladie il était encore jeune beaucoup de gens ont refusé de mettre ça sur la maladie mais sur la sorcellerie. Il y'en a même qui ont osé prentendre que c'était ma mère qui l'avait bouffé dans son sommeil Laughing
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bounty
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MessagePosté le: Sam 21 Jan 2006 20:14    Sujet du message: Répondre en citant

cathy a écrit:
Pourqoui les femmes se coupent-elles les cheveux à la mort du mari Bounty? Les cheveux symbolisent la séduction, est-ce la raison?

Peux tu me dire qu'est-ce qu'un mari bounty ? Car je ne vois pas où tu veux en venir Shocked ?
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Vidékon
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MessagePosté le: Sam 21 Jan 2006 20:19    Sujet du message: Répondre en citant

bounty a écrit:
cathy a écrit:
Pourquoi les femmes se coupent-elles les cheveux à la mort du mari Bounty? Les cheveux symbolisent la séduction, est-ce la raison?

Peux tu me dire qu'est-ce qu'un mari bounty ? Car je ne vois pas où tu veux en venir Shocked ?

Ton pseudo, c'est bounty donc je pense qu'elle à voulu dire :
"Pourquoi les femmes se coupent-elles les cheveux à la mort du mari, Bounty?" Laughing
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bounty
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MessagePosté le: Sam 21 Jan 2006 20:24    Sujet du message: Répondre en citant

Vidékon a écrit:

Ton pseudo, c'est bounty donc je pense qu'elle à voulu dire :
"Pourquoi les femmes se coupent-elles les cheveux à la mort du mari, Bounty?" Laughing

Je trouve ça assez offensant qu'elle porte atteinte au mari defunt de ma mère et par la même occasion à mon père. Et il n'y a rien de drole la dedans.
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Cathy
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MessagePosté le: Sam 21 Jan 2006 20:28    Sujet du message: Répondre en citant

Vidékon a écrit:
bounty a écrit:
cathy a écrit:
Pourquoi les femmes se coupent-elles les cheveux à la mort du mari Bounty? Les cheveux symbolisent la séduction, est-ce la raison?

Peux tu me dire qu'est-ce qu'un mari bounty ? Car je ne vois pas où tu veux en venir Shocked ?

Ton pseudo, c'est bounty donc je pense qu'elle à voulu dire :
"Pourquoi les femmes se coupent-elles les cheveux à la mort du mari, Bounty?" Laughing


Laughing Laughing Laughing
Alors là Bounty, elle n'est pas mal celle là. Bounty d'or.
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bounty
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MessagePosté le: Sam 21 Jan 2006 20:57    Sujet du message: Répondre en citant

Je te verrai bien cathy avec le sourire de l'ange ou du joker...
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Cathy
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MessagePosté le: Sam 21 Jan 2006 21:04    Sujet du message: Répondre en citant

bounty a écrit:
Je te verrai bien cathy avec le sourire de l'ange ou du joker...


Bon Bounty, aucune ironie dans ma précédente question. Je la reformule :

Pourquoi les femmes se coupent-elles les cheveux à la mort de leurs conjoints,("virgule", comme quoi une virgule peut changer le sens d'une phrase et éviter des malentendus) Bounty?
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MessagePosté le: Sam 21 Jan 2006 21:27    Sujet du message: Répondre en citant

Ce ne sont pas le seules femmes qui sont sensées se couper les cheveux à la mort d'un défunt ou d"une défunte, je me rappelle moi-même, enfant on nous avait coupé les cheveux à nous tous les petits-fils à la mort de notre grand-mère maternelle, c'était à Brazzaville.
Il semblerait que se soit plus le résultat d'une concertation entre certains membres de la famille, sans doute réunis autour de son chef, afin de décider qui doit avoir la boule à zéro en signe de deuil et de respect vis à vis du mort, plus nombreux sont les rasés, plus on considère qu'on accordait d'importance au mort !

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bounty
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MessagePosté le: Sam 21 Jan 2006 21:30    Sujet du message: Répondre en citant

cathy a écrit:


Bon Bounty, aucune ironie dans ma précédente question. Je la reformule :

Pourquoi les femmes se coupent-elles les cheveux à la mort de leurs conjoints,("virgule", comme quoi une virgule peut changer le sens d'une phrase et éviter des malentendus) Bounty?

Je ne sais pas comme cette question sur les cheveux me préoccupait j'ai appelé ma maman la seule chose qu'elle a pu me dire c'est qu'on lui a coupé les cheveux car c'était sa femme et moi car j'étais sa fille.
Le mystere reste entier si quelqun connaissait la raison précise hors l'argument du rituel je dormirai moins conne Laughing
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bounty
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MessagePosté le: Sam 21 Jan 2006 21:37    Sujet du message: Répondre en citant

Je viens de voir ton message Menga ma Kongo alors la raison ce serait en guise de respect pour signifier son attachement au défunt. Alors cela veux dire qu'entre le congo brazzaville et le congo kinshasa d'ou je viens les rituels seraient les mêmes.
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Menga ma Nza
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MessagePosté le: Dim 22 Jan 2006 04:04    Sujet du message: Répondre en citant

bounty a écrit:
Je viens de voir ton message Menga ma Kongo alors la raison ce serait en guise de respect pour signifier son attachement au défunt. Alors cela veux dire qu'entre le congo brazzaville et le congo kinshasa d'ou je viens les rituels seraient les mêmes.

Je ne suis pas sûr à 100 %, bounty, que la raison que j'invoque-là soit la bonne, mais les deux Congos partagent forcément bon nombre de coutumes, et pour cause non seulement ils ne faisaient quasiment qu'un avant la colonisation, mais en plus les populations que l'on trouve sur les deux rives sont à quelques détails près les mêmes.

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Nkossi
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MessagePosté le: Dim 22 Jan 2006 18:43    Sujet du message: Répondre en citant

Bounty a écrit:
Tu n'as pas tort les femmes forment bien les mozikis. D'ailleurs ma maman en fait partie cela sert à se réunir et à preparer les enterrements. D'après ce que m'a dit ma maman il y'a différentes sortes de moziki même si le but reste le même.

Les mozikis sont des groupes d’entraide mutuelle dans les domaines variés de la vie, ça ne concerne pas que les décès. Vous avez par exemple des mozikis qui font régulièrement des tontines (likélemba) pour lever de capiatux pour financer des projets des différents membres…

Cathy a écrit:
Pourqoui les femmes se coupent-elles les cheveux à la mort du mari, Bounty ? Les cheveux symbolisent la séduction, est-ce la raison?

Comme on l’a déjà dit, il n y a pas que les femmes qui peuvent se couper les cheveux, les hommes aussi le font. Ce qui est particulier aux femmes en matière capillaire, c’est qu’elles se font un type de tresses qui symbolisent le deuil, elles ne peuvent arborer ces tresses qu’à cette occasion. Si j’en trouve une illustration, je la mettrai.

Patrick Nguéma Ndong dans une de ses émissions explicait un jour que les cheveux sont comme des récepteurs dans la communication avec l’au-delà, ainsi pour que le(a) defunt(e) ne soit pas retenu par nos pleurs, il faut couper ces récepteurs pour qu’il ne parte pas le cœur gros.

Citation:
Il y a des pleurs, des chants de deuil mais pas seulement car pour essayer de dédramatiser la situation, il y a aussi ceux qui poussent à rire dans ce malheur parfois même en chambrant le mort…

Les pleurs se font en chanson, il y a des dialogues à plusieurs, par exemple une femme lance une complainte et les autres lui répondent, ainsi de suite. Les hommes ne pleurent généralement qu’à leur arrivée à la veillée, (chaque membre de la famille étant accueilli par une relance des pleurs) et à l’enterrement entre temps ils s’occupent de l’intendance…
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MessagePosté le: Dim 22 Jan 2006 18:58    Sujet du message: Répondre en citant

Se couper les cheveux est un rite vieux de plusieurs millenaires datant de l'Egypte négro-pharaonique. Les bantus qui se sont installés en Afrique centrale ont continué a pratiquer ce rite. Ce rite est un moyen de rendre hommage au défunt pour les personnes qui portent le deuil en général des personnes qui ont un lien souvent biologique ou conjugal avec la personne décédée. Il s'agit de s'abstenir pendant un certain nombre de jours (qui va de 40 jours à mois) et que pendant ce temps la personne ne peut s'adonner à des choses charnelles, voire des activités ayant trait à la mondanité. C'est un respect que l'on exprime ainsi à la personne defunte.
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MessagePosté le: Dim 22 Jan 2006 18:59    Sujet du message: Répondre en citant

Précisions sur la durée du deuil 40 à 3 mois chez les Lari (Kongo).
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Chabine
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MessagePosté le: Dim 22 Jan 2006 20:24    Sujet du message: Re: Les veillées mortuaires dans nos sociétés Répondre en citant

Nkossi a écrit:
Le rapport à la mort, les cérémonies qui s’y rapportent sont aussi un trait de notre culture. J’aimerais aborder ce sujet par le biais des veillées mortuaires (matangas, au Kongo).


Super topic, Nkossi ! Wink Tu as dit "nos sociétés", sans délimiter d'aire géographique, donc je m'incruste, pour souligner les similitudes entre les traditions décrites chez vous et ce qui se passe chez nous aux ANTILLES.

Nkossi a écrit:
Quand il y a une mort donc, on organise une veillée pour soutenir la famille dans sa douleur dans l’attente de l’enterrement.
(J’ai toujours une petit choc quand je vois dans certaines contrées qu’un mort doit être enterré le lendemain de son décès, j’ai l’impression que la famille n’a pas le temps de réaliser ce qui lui arrive.)


La veillée est également ici un moment incontournable où l'on se doit d'accompagner la famille du défunt, sous peine d'opprobe sociale ! Il faut dire qu'il est difficile de ne pas être au courant d'un décès : les avis d'obsèques sont diffusés à la radio 3 fois par jour, et on y décline l'état civil du défunt, ainsi que son surnom (beaucoup de personnes n'étant connues que sous leur surnom), et toute sa parentèle (la formule d'usage étant : "cet avis est diffusé de la part de son épouse Mme X... née Y, de ses enfants Trucmuche, épouse Machine, etc..., des parents, amis et alliés"). Ils sont également publiés dans le seul quotidien de l'île, la plupart du temps avec la photo, ainsi que les avis de remerciements après l'enterrement et l'avis de messe de sortie de deuil. DONC, avec tout ça, l'île étant petite, si vous avez raté le coche, vous avez intérêt à avoir une bonne excuse... Confused

Il est donc important d'assister la famille du défunt, quelque soit la proximité avec lui : parent proche, bien sûr, mais ça peut aussi être très éloigné, ça peut concerner un collègue (pas forcément proche), la famille d'un ami, un ancien enseignant de vos jeunes années, bref, l'éventail est très large. Tout ça pour dire que la veillée mortuaire, tout comme l'enterrement qui la suit, est un événement social capital dans nos sociétés antillaises.

Nkossi a écrit:
Concrètement au cours d’une telle veillée, on dort dehors à la belle étoile sur des nattes, autour de grands feux, on raconte des histoires, des devinettes, des charades… Il y a des pleurs, des chants de deuil mais pas seulement car pour essayer de dédramatiser la situation, il y a aussi ceux qui poussent à rire dans ce malheur parfois même en chambrant le mort…
L’endroit de la veillée est signalée par une feuille de palmier.


Oh la la, ça fait rêver ! Chez nous, pas de nattes ni de feux de camps, du moins plus à ma connaissance, que je sache. Les veillées sont traditionnellement organisées au domicile du défunt, où le cercueil est exposé au centre de la maison, entouré de la famille proche, et, si l'entourage est pieux, des prieuses entonnant des chants de deuil (ne me demandez pas de détails, je suis une vraie mécréante... Embarassed ).

Dans les veillées traditionnelles, dans les campagnes, existait la tradition du conteur, qui venait entretenir l'assemblée de contes, et souvent de blagues aussi, évoquant s'il le faut le défunt (voir le personnage de Joby Bernabé dans le film d'Euzhan Palcy, "La Rue Cases-Nègres", lors de la veillée du vieux Médouze, le mentor du jeune héros du film). La formule rituelle du conteur pour tenir l'assemblée en haleine était de lui lancer les interpellations d'usage, auxquelles il fallaitr répondre selon la tradition :

- Le conteur : Yéééééé Krik !
- L'assemblée : Yéééééé Krak !
- Le conteur : Yéééééé Mistikri !
- L'assemblée : Yééééé Mistikra !
- Le conteur : Krik !
- L'assemblée : Krak !
- Le conteur : Est-ce que la cour dort ?
- L'assemblée : Non, la cour ne dort pas !
- Le conteur : et bien messié zé dames, je vais vous raconter l'histoire de.... (etc, et commence alors le conte).


Il y a d'autres interpellations rituelles (Dlo monté mônes ! Dlo désann mônes !) mais, euh... je ne me rappelle plus la réponse à donner... Embarassed

Nkossi a écrit:
Pour se tenir éveillé, on boit du café, du thé (aujourd’hui les aînés sont très vigilants autour de la préparation de ces boissons car certains jeunes plaisantins en profitent parfois pour jeter qlq « herbes » dans le breuvage pour donner un coup de fouet aux gens ah ! la jeunesse Laughing Laughing )


Chez nous, le rhum tient une place importante, bien qu'évidemment, les "débordements" soient mal vus (je ne me souviens pas avoir vu quelqu'un tituber lors d'une veillée, mais je ne suis pas une référence en termes d'expérience de la chose ... Confused). L'autre incontournable est la SOUPE DE PIED (soupe de légumes et de pied de porc) qui DOIT être faite et servie aux visiteurs dès leur arrivée... Je dis DOIT car lors du décès du patriarche de ma famille, j'ai essayé de négocier sa soupe favorite (un calalou), et on a m'a dit NON... Embarassed Donc ce fut LA soupe de pied... Confused
Normalement il ne s'agit pas d'une réception, et le seul plat qui devrait être servi est cette fameuse soupe, mais on assiste depuis quelques années à une légère dérive de la tradition, avec buffet, cacahuètes et amuse-gueules pour les visiteurs... Confused Du coup, ça peut finir par ressembler à une réception quelconque, parfois, un peu... bizarre Confused

Nkossi a écrit:
La famille et l’assistance se cotisent aussi pour faire face aux funérailles. Je ne sais pas si les assurances décès supplanteront cette habitude de cotisations tellement que c’est devenu comme un réflexe…

Je n'ai pas de détails sur ce point, mais il me semble qu'on assiste aux mêmes tendances ici.

Nkossi a écrit:
Le tissu typique du deuil est un pagne carrelé gris-blanc, noir-blanc, totalement noir ou totalement blanc… De nos jours, les gens ont de moins en moins recours à ces couleurs spécifiques, ce qui se passe, c’est que les femmes se concertent entre elles, vont au marché et achètent le tissu (qui n’a pas nécessairement un rapport avec le deuil) qu’elles ont choisi dans lequel, on confectionnera les vêtements pour les éprouvés… L’autre habitude qui s’installe c’est celle d’imprimer sur des tee-shirts des textes du genre « A notre regretté… »
Les femmes arboreront des tresses particulières, les hommes se raseront parfois la tête…

Pas de coutumes capillaires particulières ici à ma connaissance, par contre le deuil est de rigueur, et est décliné en fonction de la proximité par rapport au défunt (grand deuil 100% noir pour une veuve, blanc/noir/gris pour les proches, violet sombre/bleu marine pour les autres). On ne vas pas à une veillée ni à l'église décolletée, normalement (même si j'ai vu des cas... Rolling Eyes je veux bien qu'il fasse chaud, mais quand même... Confused)

Nkossi a écrit:
Dans les villes surtout, ces cérémonies sont dénaturées : pour certains, les veillées deviennent des lieux de rendez-vous, de retrouvailles après de virées nocturnes…
J’ai en tête une chanson du « Tout Puissant OK JAZZ » de Luambo Makiadi alias Franco « Mokolo na ko kufua, éko zala bongo, bayé ba kufa liboso to monaka ézalaka bongo (…) Esika ya matanga ékoma féti (…) Ba kéndéki Bouyou bakosi ba lalaki matanga (…) Ba yéli ndé mibali, mibali ba yéli ndé ba chérieééé (…)
Qui parle en gros de débauches sur ces lieux…

Les lignes ci dessus sont une entrée en matière pour que l’on discute des cérémonies, des symboles… autour du deuil dans nos sociétés… Wink

Pas entendu parler de "débauches" lors des veillées mais l'importance sociale que ça revêt en fait parfois un événement mondain plus que l'expression du soutien à la famille. Celà dit, j'ai quand même pu apprécier la solidarité chaleureuse que ça représente d'être aussi entouré, des 2 côtés de la barrière.

Un bémol : la veillée devient de plus en plus impersonnelle depuis la mise en place de salles de veillée à l'Hôpital principal de l'île. Pas terrible, en plus des embouteillages monstre que ça produit pour accéder aux salles de veillée.

Voilà pour un aperçu de la veillée chez nous. Plus d'infos sur ce lien, qui décrit les veillées d'antan :
http://antanlontan.chez-alice.fr/veillee.htm

La Fête des Morts à la Toussaint revêt une grande importance également (voir : http://antanlontan.chez-alice.fr/toussain.htm ).

A an lot solèy Wink
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"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
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Nkossi
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MessagePosté le: Dim 22 Jan 2006 22:07    Sujet du message: Répondre en citant

J'attendais ta contribution Chabine Wink
Chabine a écrit:
La veillée est également ici un moment incontournable où l'on se doit d'accompagner la famille du défunt, sous peine d'opprobe sociale ! Il faut dire qu'il est difficile de ne pas être au courant d'un décès : les avis d'obsèques sont diffusés à la radio 3 fois par jour, et on y décline l'état civil du défunt, ainsi que son surnom (beaucoup de personnes n'étant connues que sous leur surnom), et toute sa parentèle (la formule d'usage étant : "cet avis est diffusé de la part de son épouse Mme X... née Y, de ses enfants Trucmuche, épouse Machine, etc..., des parents, amis et alliés").

Idem chez nous, quant aux avis, ils sont diffusés 2 fois par jour à la radio.

Nkossi a écrit:
Le tissu typique du deuil est un pagne carrelé gris-blanc, noir-blanc, bleu-blanc totalement noir ou totalement blanc…


Tu sais quoi Chabine, ce tissu carrelé c'est exactement celui qui est en fond sur la page que tu as mise : TISSU A CARREAUX
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MessagePosté le: Dim 22 Jan 2006 23:28    Sujet du message: Répondre en citant

Nkossi a écrit:
Nkossi a écrit:
Le tissu typique du deuil est un pagne carrelé gris-blanc, noir-blanc, bleu-blanc totalement noir ou totalement blanc…

Tu sais quoi Chabine, ce tissu carrelé c'est exactement celui qui est en fond sur la page que tu as mise : TISSU A CARREAUX


Laughing C'est donc du MADRAS (et moi qui pensais que ça nous venait des Hindous arrivés à partir de 1850)
Le genre de détails tous bêtes qui fait davantage pour la Renaissance panafricaine que bien des discours assomants et doctes... Wink
Un peu comme le jour où j'ai découvert l'origine du Tchip... en entendant des Africaines tchiper de façon bieeeeeeen appuyée en plein RER à Paris... Laughing Laughing Laughing Une vraie Révolution ! Laughing

L'union fait la force, elle se tisse pas à pas... Wink
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Nkossi
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MessagePosté le: Lun 23 Jan 2006 15:28    Sujet du message: Répondre en citant

Chabine a écrit:
Laughing C'est donc du MADRAS (et moi qui pensais que ça nous venait des Hindous arrivés à partir de 1850)
Le genre de détails tous bêtes qui fait davantage pour la Renaissance panafricaine que bien des discours assomants et doctes... Wink
Un peu comme le jour où j'ai découvert l'origine du Tchip... en entendant des Africaines tchiper de façon bieeeeeeen appuyée en plein RER à Paris... Laughing Laughing Laughing Une vraie Révolution ! Laughing
L'union fait la force, elle se tisse pas à pas... Wink


Je n'ai pas d'infos sur l'origine du port de ce tissu en ce qui nous concerne.
Par contre, un jour, je suis tombé des nues en voyant une copine guadeloupéenne tchiper, et moi de lui demander "mais vous aussi vous faîtes ça ?" Wink , qu'est ce qu'on a rigolé !!! Laughing Laughing
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MessagePosté le: Lun 23 Jan 2006 17:26    Sujet du message: Répondre en citant

Nkossi a écrit:
Chabine a écrit:
Laughing C'est donc du MADRAS (et moi qui pensais que ça nous venait des Hindous arrivés à partir de 1850)
Le genre de détails tous bêtes qui fait davantage pour la Renaissance panafricaine que bien des discours assomants et doctes... Wink
Un peu comme le jour où j'ai découvert l'origine du Tchip... en entendant des Africaines tchiper de façon bieeeeeeen appuyée en plein RER à Paris... Laughing Laughing Laughing Une vraie Révolution ! Laughing
L'union fait la force, elle se tisse pas à pas... Wink

Je n'ai pas d'infos sur l'origine du port de ce tissu en ce qui nous concerne.
Par contre, un jour, je suis tombé des nues en voyant une copine guadeloupéenne tchiper, et moi de lui demander "mais vous aussi vous faîtes ça ?" Wink , qu'est ce qu'on a rigolé !!! Laughing Laughing


M'enfin... la Martinique est pourtant le Royaume du TCHIIIIIIIIIIIP bieeeeeen méprisant, bieeeeeen appuyé, lâché du bout des lèvres par la chabine péteuse de service... Rolling Eyes

Quant aux tissus, ça mériterait une petite enquête sur les origines... Dans le même domaine, j'ai été frappée, lors d'un voyage en Chine l'an dernier, de voir des vêtements traditionnels chinois, de style pékinois (vestes à col mao), avec des tissus évoquant très fortement les tissus wax africains ! Shocked
Les teintes étaient souvent à dominante indigo (Bleu de chine) mais pas seulement, y'en avait de toutes les couleurs et de tous les motifs...

Bref, ça mériterait un topic à lui tout seul... Revenons au respect dû aux défunts...
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Nkossi
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MessagePosté le: Lun 23 Jan 2006 18:15    Sujet du message: Répondre en citant

Mama Madi a écrit:
(...) Il semble que c'est un cycle de la vie que nous avons beaucoup de mal à intégrer. En considérant par exemple que les morts ne sont pas morts, qu'ils sont toujours parmis les vivants, qui leur vouent un culte via les "mânes de nos ancêtres", c'est aussi une manière de refuser la mort.


Est-ce une façon de refuser la mort, toujours est t-il que dans certaines coutumes que je connais, quand on veut parler du défunt on ne dira jamais "celui qui est mort", on dira plutôt celui qui nous a quittés, et le terme spécifique celui qui est allé chercher du bois...
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MessagePosté le: Lun 23 Jan 2006 18:28    Sujet du message: Répondre en citant

Nkossi a écrit:
Mama Madi a écrit:
(...) Il semble que c'est un cycle de la vie que nous avons beaucoup de mal à intégrer. En considérant par exemple que les morts ne sont pas morts, qu'ils sont toujours parmis les vivants, qui leur vouent un culte via les "mânes de nos ancêtres", c'est aussi une manière de refuser la mort.


Est-ce une façon de refuser la mort, toujours est t-il que dans certaines coutumes que je connais, quand on veut parler du défunt on ne dira jamais "celui qui est mort", on dira plutôt celui qui nous a quittés, et le terme spécifique celui qui est allé chercher du bois...


Nous aussi, on dit plutôt d'un défunt qu' "il est parti".

Quant à la remarque de madi, s'agit-il de refuser la mort ou de perpétrer une croyance profonde qui donnerait un autre sens à la mort ? Comme par exemple la notion de réincarnation chez les Bouddhistes, par exemple (je ne connais pas la spiritualité africaine pour pouvoir donner des exemples "pays").
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MARVIN
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MessagePosté le: Lun 23 Jan 2006 18:50    Sujet du message: Répondre en citant

Nkossi a écrit:
Mama Madi a écrit:
(...) Il semble que c'est un cycle de la vie que nous avons beaucoup de mal à intégrer. En considérant par exemple que les morts ne sont pas morts, qu'ils sont toujours parmis les vivants, qui leur vouent un culte via les "mânes de nos ancêtres", c'est aussi une manière de refuser la mort.


Est-ce une façon de refuser la mort, toujours est t-il que dans certaines coutumes que je connais, quand on veut parler du défunt on ne dira jamais "celui qui est mort", on dira plutôt celui qui nous a quittés, et le terme spécifique celui qui est allé chercher du bois...


Ah bon ?!
Peux tu STP dire en lingala comment on dit "celui qui nous a quitté" ?
Pcq moi je connais le mot "ébembé" qui signifi defunt ou dépouille.
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MessagePosté le: Lun 23 Jan 2006 19:58    Sujet du message: Répondre en citant

MARVIN a écrit:
Nkossi a écrit:
Mama Madi a écrit:
(...) Il semble que c'est un cycle de la vie que nous avons beaucoup de mal à intégrer. En considérant par exemple que les morts ne sont pas morts, qu'ils sont toujours parmis les vivants, qui leur vouent un culte via les "mânes de nos ancêtres", c'est aussi une manière de refuser la mort.


Est-ce une façon de refuser la mort, toujours est t-il que dans certaines coutumes que je connais, quand on veut parler du défunt on ne dira jamais "celui qui est mort", on dira plutôt celui qui nous a quittés, et le terme spécifique celui qui est allé chercher du bois...


Ah bon ?!
Peux tu STP dire en lingala comment on dit "celui qui nous a quitté" ?
Pcq moi je connais le mot "ébembé" qui signifi defunt ou dépouille.

Je ne suis pas l'interpellé, mais permets-moi de répondre, en Lingala, je ne saurais le faire, mais dans une des dérivés du Kikongo, on dit "Bo ba yenda" pour parler des morts, ce qui littéralement signifie "ceux qui sont partis".
On ne précise pas où, encore que une autre chanson mortuaire dans la même langue stipule que ceux qui partent s'en vont au "bitsinda", sorte de royaume des "partis", en réalité tout cela témoigne non d'un refus de la mort, mais d'une perception de celle-ci comme d'un simple état transitoire vers un certain ailleurs, vers d'autres niveaux de conscience...

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MARVIN
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MessagePosté le: Lun 23 Jan 2006 20:37    Sujet du message: Répondre en citant

Menga ma Kongo a écrit:
MARVIN a écrit:
Nkossi a écrit:
Mama Madi a écrit:
(...) Il semble que c'est un cycle de la vie que nous avons beaucoup de mal à intégrer. En considérant par exemple que les morts ne sont pas morts, qu'ils sont toujours parmis les vivants, qui leur vouent un culte via les "mânes de nos ancêtres", c'est aussi une manière de refuser la mort.


Est-ce une façon de refuser la mort, toujours est t-il que dans certaines coutumes que je connais, quand on veut parler du défunt on ne dira jamais "celui qui est mort", on dira plutôt celui qui nous a quittés, et le terme spécifique celui qui est allé chercher du bois...


Ah bon ?!
Peux tu STP dire en lingala comment on dit "celui qui nous a quitté" ?
Pcq moi je connais le mot "ébembé" qui signifi defunt ou dépouille.

Je ne suis pas l'interpellé, mais permets-moi de répondre, en Lingala, je ne saurais le faire, mais dans une des dérivés du Kikongo, on dit "Bo ba yenda" pour parler des morts, ce qui littéralement signifie "ceux qui sont partis".
On ne précise pas où, encore que une autre chanson mortuaire dans la même langue stipule que ceux qui partent s'en vont au "bitsinda", sorte de royaume des "partis", en réalité tout cela témoigne non d'un refus de la mort, mais d'une perception de celle-ci comme d'un simple état transitoire vers un certain ailleurs, vers d'autres niveaux de conscience...

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Merci Menga ma Congo.

Voici ce que j'ai trouvé (en googlisant) sur les raisons pour une femme de transfigurer son apparence pour un deuil.Mit appart les raisons sociale citées en bas, je crois qu'il sagirait , en qq sortes,de detruire ,de tuer son apparence comme pour mourir symboliquement avec le defunt.

Pour une femme qui porte le deuil, son corps (pris ici comme métonymie de sa personne) est socialement valorisé au moyen de sa capacité à se conformer aux normes sociales de signification aux autres de son chagrin, de sa détresse ou de sa douleur. Un deuil qui ne manifesterait pas son inscription sur le corps, fût-il « sincère » et profond dans son retentissement psychologique, « dévalorise » la femme. Dès lors, pour une femme, déstructurer son apparence physique en arrêtant de se « maquiller », en refusant de porter des bijoux en or, en se coupant les cheveux ou en les tressant, en portant des pagnes de moindre valeur et en portant des sandales, etc., c'est objectiver son retentissement intérieur du deuil et, simultanément, appeler à la reconnaissance de sa « valeur » ou de sa dignité sociales. Mais dans un contexte social où le souci du paraître est très prononcé, comme en témoigne le phénomène de la « sape » (Gandoulou 1989), la fonction sociale de la déstructuration de l'apparence tend tout entière à se résumer dans le projet à la fois narcissique, social et symbolique de renaître symboliquement après une sorte de métamorphose codifiée.


Dernière édition par MARVIN le Lun 23 Jan 2006 21:06; édité 3 fois
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MessagePosté le: Lun 23 Jan 2006 20:58    Sujet du message: Répondre en citant

lolo01 a écrit:
Se couper les cheveux est un rite vieux de plusieurs millenaires datant de l'Egypte négro-pharaonique. Les bantus qui se sont installés en Afrique centrale ont continué a pratiquer ce rite. Ce rite est un moyen de rendre hommage au défunt pour les personnes qui portent le deuil en général des personnes qui ont un lien souvent biologique ou conjugal avec la personne décédée.



la femme du footballeur camerounais vivien FOE avait coupé ses cheveux selon les images d'elle que j'ai pu voir après le deuil de son mari.
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Nkossi
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MessagePosté le: Lun 23 Jan 2006 21:31    Sujet du message: Répondre en citant

MARVIN a écrit:
(...) Ah bon ?!
Peux tu STP dire en lingala comment on dit "celui qui nous a quitté" ?
Pcq moi je connais le mot "ébembé" qui signifi defunt ou dépouille.


Menga ma Kongo a compris le sens de ce que j'ai dit et a répondu comme il faut. Il existe bien des mots pour désigner la dépouille / cadavre (ce que veut dire ébembé). Mais quand on parle des disparus on ne parle pas en ces termes. Pour parler par ex des grands parents disparus tu ne parleras pas d'ébembés, tu diras par exemple "Ba koko ba tika biso", ou "Ba koko ba kenda"...
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Marvel
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MessagePosté le: Mar 24 Jan 2006 00:13    Sujet du message: Répondre en citant

Sujet fort intéressant. Merci Chabine ton récit me retourne. Nous sommes si proches.

Nkossi a écrit:
quand on veut parler du défunt on ne dira jamais "celui qui est mort", on dira plutôt celui qui nous a quittés, et le terme spécifique celui qui est allé chercher du bois...


Je crois savoir que "Celui qui est allé chercher du bois" s'utilise uniquement pour les jumeaux. On dit d'un jumeau défunt qu' "il est allé couper du bois". Pour tout le reste, ils sont partis à Bitsinda. C'est ce que j'entends.
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Nkossi
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MessagePosté le: Mar 24 Jan 2006 13:33    Sujet du message: Répondre en citant

marvel a écrit:
Sujet fort intéressant. Merci Chabine ton récit me retourne. Nous sommes si proches.

Nkossi a écrit:
quand on veut parler du défunt on ne dira jamais "celui qui est mort", on dira plutôt celui qui nous a quittés, et le terme spécifique celui qui est allé chercher du bois...


Je crois savoir que "Celui qui est allé chercher du bois" s'utilise uniquement pour les jumeaux. On dit d'un jumeau défunt qu' "il est allé couper du bois". Pour tout le reste, ils sont partis à Bitsinda. C'est ce que j'entends.


Ce que tu dis sur les jumeaux est vrai Marvel. Mais ce n'est pas la règle partout car chez les Bayas du Kongo dia Mavula "celui qui est allé chercher du bois" se dit à propos de tout proche parent décédé.

Sinon as tu des infos sur les différents symboles / couleurs qu'on a évoqués dans le topic ?
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Madi
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MessagePosté le: Mar 24 Jan 2006 20:08    Sujet du message: Répondre en citant

Nkossi a écrit:
Mama Madi a écrit:
(...) Il semble que c'est un cycle de la vie que nous avons beaucoup de mal à intégrer. En considérant par exemple que les morts ne sont pas morts, qu'ils sont toujours parmis les vivants, qui leur vouent un culte via les "mânes de nos ancêtres", c'est aussi une manière de refuser la mort.


Est-ce une façon de refuser la mort, toujours est t-il que dans certaines coutumes que je connais, quand on veut parler du défunt on ne dira jamais "celui qui est mort", on dira plutôt celui qui nous a quittés, et le terme spécifique celui qui est allé chercher du bois...


C'est intéressant de remarquer que nous parlons toujours des morts au présent. Et c'est vrai aussi qu'on emploie beaucoup des expressions comme "ils sont partis", "ils nous ont laissé". Le terme "refus" n'est sans doute pas exact , et comme l'a dit Chabine, le fait de situer les défunts dans la forêt, dans le village des ancêtres, voir parmi nous, etc. est une interprétation de la vie après la mort, qui vaut bien celle du paradis ou de l'enfer.

Ce qui m'a poussé à parler de refus, c'est en partie le fait qu'on considère très souvent la mort comme quelque chose d'anormale. Sauf si elle touche des personnes âgées. En dehors de la vieillesse, toute mort, même celle dûe à un accident de voiture ou une maladie grave, est suspecte, et on cherche très souvent à trouver un coupable ou une explication irrationnelle à une mort toute à fait rationnelle. C'est juste ce mécanisme que je ne comprends pas très bien.
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Kirikou
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MessagePosté le: Mer 25 Jan 2006 12:44    Sujet du message: Répondre en citant

Nkossi a écrit:

Les pleurs se font en chanson, il y a des dialogues à plusieurs, par exemple une femme lance une complainte et les autres lui répondent, ainsi de suite. Les hommes ne pleurent généralement qu’à leur arrivée à la veillée, (chaque membre de la famille étant accueilli par une relance des pleurs) et à l’enterrement entre temps ils s’occupent de l’intendance…

A l'ouest du Cameroun ça se passe aussi comme ça. des l'annonce (ou le constat) de la mort, les femmes de la concession entonnent des pleurs sous forme de complaintes. Et les voisines ont tôt fait de rappliquer (il faut dire qu'on ne peut s'y tromper). L'enterrement a généralement lieu le samedi (le samedi est une date moderne; avant je crois que c'était le jour du marché ou le lendemain je ne sais plus). Et toute la semaine on a une veillée. Ca se passe devant la case de la défunte (la fois où j'ai assisté c'était une défunte) en général. les amis sont assis en cercle dans la cours et la famille au centre. Chaque nouvel arrivant (plutôt arrivante)arrive en pleurant/chantant, la famille reprend et l'assemblée suit. Suivant les personnes, on peut rester 5 à 1à mn à pleurer. En fait on chante le defunt, on dit sa douleur,....
A côté de celà, suivant l'importance de la personne, il y a des danses rituelles, les anses des sociétés secrètes. Le plus drôle c'est que parfois les danseurs sont cachés. On construit une sorte d'enceinte avec des palmiers et ils ansent à l'intérieur. On les alimente en eau et en nourriture et parfois ils ne s'en vont qu'au petit matin.
Le jour de la grande veillée, on assiste à une préparation particulière. Tout le monde est rasé. Soit on coupe tous les cheveux, soit on se contente d'en prelever une partie derriere le crane. Ca n'a pas grand chose à voir avec le degré de parenté mais toujours est il que si on adopte la boule à zero pour le deces du premier parent proche, on est tenue de le faire pour tout les autres; il en va de même si on choisit de se faire prelever juste ue touffe de cheveux. Je ne sais pas quelle est la signification exacte de ce geste.
A côté de celà, on prépare aussi un repas. L'incortounable chez nous c'est le "kongrès" ou "keloun bap" (écriture phonétique plus que exacte qui veut dire p). C'est de la banane plaintain cuite avec juste de la viande de porc ou de chevre.
La veillée a lieu dans la cour du chef de la concession et c'est une alternance de chants trites et de chants plus gaies. Tout le monde est assis en cercle autour du feu et on essai de tenir jusqu'au matin.
Pour l'enterrement lui même, ce qu'on peut relever ce sont les danses rituelles de la famille et des sociétés secrètes...

Ces rituels sont moins marqués lorsqu'il s'agit d'un jeune enfant.
Si la personne (enfant ou non) est soupçonné d'être un mauvais sorcier, il est interdit de le pleurer de peur qu'il ne revienne. On l'enterre dans la sobriété et rapidement.
Dans le temps, si la personne c'était suicidé, eh bien on fouettait le corps et on le jettait au loin dans la forêt...

Sinon en ce qui concerne la conservation des corps avant, on m'a parlé du tronc des bananiers. et justement, au nord du Cameroun, on enterre le defunt presqu'immédiatement à cause de ce problème de décomposition.
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