Posté le: Mer 25 Jan 2006 19:16 Sujet du message: L'Afrique est elle perdue?
L’éclairage de SHANDA TOnmE
Entre sauvagerie, crime préméditée, et inconscience : l’Afrique est-elle perdue ?
La deuxième semaine du mois de janvier 2006 aura été suffisamment révélatrice, de toutes les tares qui font balbutier le destin de l’Afrique, et font croire, que l’esclavage et la colonisation, ont cessé trop tôt.
Le jugement apparaîtra sévère pour certains, déplacé pour d’autres, mais au fond, personne ne soutiendra, que l’auteur n’est pas africain. Nous voulons toujours aller plus loin dans l’interrogation politique et l’investigation historique. Nous voulons comprendre pourquoi notre sort peut se résoudre en un océan de désespoirs, de catastrophes, d’humiliations, et d’incongruités à peine défendables.
Qu’est-ce qui peut en effet, expliquer, que des individus, hauts placés dans la sphère d’un Etat, recourent à la tricherie pour faire admettre leurs enfants dans une école professionnelle ? Ce qui vient de se passer au Cameroun, où des fils et filles des dignitaires du régime, ont été automatiquement déclarés admis à l’issue du concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature, jette un trouble profond, sur notre morale générale. Autant le directeur de l’Ecole, les enfants concernés, appartiennent à quelque chose proche de ce qu’un ministre français a appelé “ racaille ”, une racaille de la mauvaise gouvernance.
La logique ainsi consacrée, voudrait que des familles de tricheurs, de pilleurs des caisses publiques, assurent la continuité de la misère et du vol dans le pays, en se faisant succéder par leurs enfants partout : l’administration publique ; la diplomatie ; la magistrature…. Ainsi de suite. Il n’y a aucun doute que seule la guerre peut y mettre fin. C’est d’ailleurs le seul moyen pour les peuples, de préparer le destin le plus partagé et le plus consensuel.
Ailleurs, c’est à nouveau la Côte d’Ivoire, braisier que l’on croyait refroidi, qui a encore occupé les cœurs, et nourrit des jugements contradictoires. Les débats ont semblé reprendre, entre une intelligentsia ralliée au discours anti-colonialiste de Gbagbo, et une frange politique qui pense à un manège permanent du président intellectuel, pour garder le pouvoir.
La question ivoirienne, va au-delà d’une simple confrontation interne pour le pouvoir. De nombreux enjeux interviennent en effet dans cette situation, et nous font croire aujourd’hui, que des questions préalables de principe ont été volontairement escamotées. La vision initiale d’une confrontation entre les ethnies, attisées par des ambitions personnelles, demeure certainement un des meilleurs paramètres de lecture de la crise, mais plus du tout la plus importante. C’est dans ce contexte, qu’il faut revoir les interférences externes, et leurs poids dans la viabilité des solutions à maintes reprises proposées. Si les décisions de Marcoussis semblent toujours d’actualité, les instruments et les acteurs de leur mise en œuvre n’ont jamais été autant défaillants.
A quoi joue en réalité l’Union africaine, la France et l’Onu dans cette crise ? Au même moment où l’on déplore les déviations du régime d’Abidjan et sa volonté de confisquer le pouvoir, on garde le silence ou mieux on avalise les dictateurs à l’instar de Bongo, Compaoré, Déby et autres.
Ce que l’on a appelé sans aucune réserve, la prestation de serment de Bongo, est une honte pour toute l’Afrique. Du Caire à Ougadougou en passant par Libreville et Ndjamena, les mêmes acteurs qui prétendent conduire la Côte d’Ivoire vers un destin démocratique à travers des élections libres, jouent un jeu faux, incohérent, et criminel. Lorsque Jacques Chirac déclare, à l’occasion des vœux au corps diplomatique, que ses anciennes colonies ont retrouvé la stabilité, en mesure-t-il un seul instant la grossièreté et le caractère provocateur pour des millions d’Africains privés du droit élémentaire de voter ?
Le fond du problème se situe donc, dans une appréciation en permanence biaisée, venant des acteurs externes, lesquels, se conduisent plus comme des pyromanes, que comme des sauveteurs. L’Onu n’a aucune qualité et encore moins de l’autorité, pour dénoncer en Côte d’Ivoire, une confiscation du pouvoir par le clan Gbagbo, alors qu’elle se montre complaisante en face de dictatures barbares ailleurs sur le continent. Nous sommes plus que jamais dans cette logique, celle qui veut que le tenant du pouvoir s’y éternise par tous les moyens. L’Union africaine qui avait si bien posé les jalons de la condamnation des coups d’Etat, s’est complètement ridiculisée dans le cas du Togo. Où en sommes-nous ?
En soutenant le fils d’Eyadema avec la complicité et les appuis ouverts de Paris, l’équipe dirigeante de l’Union africaine a montré la voie au reste : élections truquées ; successions familiales ; modifications constitutionnelles intempestives. Ni à New York, ni à Paris, ni à Addis-Abeba, on n’a levé le petit doigt pour s’étonner que le fringant dictateur gabonais, veuille encore oppresser son peuple pendant sept autres années, avec au bout du compte, des plans pour se faire succéder par son fils comme au Togo.
Le mal est très profond, et justifie amplement notre interrogation. Ce n’est plus une question de sauvages ou d’inconscients. C’est une perdition sans nom. C’est la fin de tout repère et même de toute civilisation. La cristallisation des dictatures trouve sa justification, dans cette absence totale de logique, que l’on soit scientifique, littéraire, simple citoyen, touriste ou étranger, on n’y comprend plus rien du tout.
Nous devons faire ce constat froid dorénavant, avant de développer la réflexion pour toute avancée. A ceux qui tentent encore de se cacher derrière de fausses fiertés parce qu’ils ont commis un livre, une étude, ou tout simplement une œuvre artistique quelconque, nous devons rappeler la cruauté des réalités de nos incohérences et de nos incapacités.
Démocratie, bien-être, justice sociale, libertés, droits de l’homme et élections, n’ont pas la même signification ici, et pour cause, les guerres libératrices n’ont pas encore eu lieu. A ce propos, il ne faut point confondre les luttes anti-colonialistes avec les luttes sociales qui fondent la société et définissent les règles d’existence et de coexistence. A Yaoundé, on croit que la démocratie et les élections libres se trouvent à Bamako, pourtant, d’une capitale à une autre, les villes africaines ne sont pas si différentes, de par leurs immondices, leur mal vivre, et leur absence de prise en charge des problèmes élémentaires de la cité.
Dans l’univers d’un Bongo ou d’un Compaoré, l’Afrique est représentée comme une sorte de foire anarchique où des singes contemporains que l’on dénomme chefs d’Etat, règnent par défaut sur des cancrelats dociles. Rien dans leurs manières de faire, n’inspire la civilisation moderniste, et surtout, rien n’indique qu’ils ont le souci de léguer à la postérité, un héritage inébranlable. Même la perspective d’être jugé, n’entame plus l’incohérence et l’insolence des dictateurs. Lorsqu’un homme d’Etat dont on connaît la responsabilité dans la ruine du pays, organise la tricherie dans un concours pour faire admettre son fils, il satisfait à une culture de la malversation de son temps, et le fils en question, produit d’un gêne sale, assume ainsi son appartenance à une identité familiale de voleur. Si quelqu’un devrait l’oublier, nous sommes là pour le leur rappeler.
Notre sortie est honnête, lorsque sur la Côte d’Ivoire, nous proclamons le droit de Gbagbo, de faire comme tout le monde, c’est-à-dire de réfuter et de refuser tout ce qui porte atteinte à la logique des présidents éternels. C’est de la plus haute conscience et de la plus haute politique qu’il s’agit, même si en face, l’Onu et les autres ont cru y opposer la plus haute des indignations. L’inventeur des mandats de sept ans n’est autre que la culture politique française, une culture politique qui ne s’est jamais départie de l’esprit monarchique, et qui a inoculé le virus à ses potentats coloniaux.
Chirac qui parle de stabilité là où nous savons tous que des révolutions violentes et des guerres civiles génocidaires couvent comme un feu de montagne, est le même qui déclarait déjà à une époque pas très reculée, que la démocratie n’est pas faite pour l’Afrique. C’est toujours le même qui déclarait qu’il vaut mieux laisser faire les dictateurs africains dans leurs simulacres d’élections, car ils risquent de ne plus en faire du tout s’ils sont critiqués. Il ne s’agit ni d’un dépit, ni d’une noble courtoisie, c’est de la pure hypocrisie, celle qui consiste chez les maîtres racistes et colonialistes, à soutenir “ que les singes ne font que ce qui est conforme à leur culture, à leur civilisation et à leur manière d’être ”.
Pour ceux des Africains qui ont une idée claire de l’agencement des rapports des forces trafiqués sur le continent, le combat commence par des efforts pour convaincre son entourage. Il faut convaincre que les indépendances de 1960 ne représentent pas la libération pour nous, que les régimes politiques en cours demeurent très étrangers à nos véritables préoccupations, que dès lors tous les regroupements à l’instar de l’Union africaine, ne peuvent être autre chose que des syndicats de corrompus.
Il faut en conclusion, se convaincre, que les pratiques politiques abjectes et humiliantes actuelles, ressortent d’une culture sauvage qui ne prendra fin qu’avec des guerres purificatrices. Il est par conséquent inutile de se perdre en pitié pour la Côte d’Ivoire, le Tchad, le Soudan ou la Sierra Léone. Leur sort se situe dans un processus historique de cause à effet compréhensible à travers une analyse froide des capacités des dirigeants et des peuples, à faire la guerre. Il n’existe nulle part au monde, de nation solide qui n’ait pas connu la guerre. Si on avait laissé les forces antagonistes en Côte d’Ivoire se battre et s’entre-déchirer jusqu’au bout, le pays serait maintenant réorganisé et en paix.
Chaque société doit pouvoir aller jusqu’aux extrémités de ses contradictions, pour forger les cadres institutionnels et légaux adaptés à sa configuration humaine et culturelle. Sans cela, elle ne peut connaître que des expériences de gouvernance primitives et imparfaites, où quelques individus malsains, sortis des ombres des combines infectes, sacrifient en permanence le destin de la collectivité, sur l’autel des intérêts égoïstes.
Le messager
Le 25-01-2006 _________________ Mentalité de la cueuillette=sida économique
« nan laara an saara » :
"Si on se couche, on est mort" . Joseph Ki-Zerbo
et font croire, que l’esclavage et la colonisation, ont cessé trop tôt.
Cette seule phrase disqualifie totalement l'analyse.
Citation:
Qu’est-ce qui peut en effet, expliquer, que des individus, hauts placés dans la sphère d’un Etat, recourent à la tricherie pour faire admettre leurs enfants dans une école professionnelle ?
Ce genre de questions ridicules devient vraiment indigeste... Ces gens n'ont donc que ça à faire de tourner autour du pot? Et forcément c'est un genre de problème à la fois:
1- général (partagé par tous les africains du continent)
2- inexplicable (rien à voir avec la corruption généralisée elle-même liée à la natur de sous-traitance des régimes en place)
3- fondamental (à la base de toutes nos misères)
Mais pourquoi n'y a-t-on pas pensé plus tôt! tous ces gens morts en combattant l'intérêt occidental n'avaient rien compris! Il fallait juste qu'ils cherchent à ne plus être d'incohérente et incapables
Citation:
cancrelats dociles.
Que ces gens qui n'ont ni espoir ni la capacité de sortir du cercle de l'auto-flagellation cessent de s'occuper des affaires des nègres soit en s'exilant ou d'une autre manière n'importe-laquelle. je me demande s'ils réalisent en tenant ces discours que ce sont eux les purs produits et rouages de la dépendance africaine...
Citation:
Pour ceux des Africains qui ont une idée claire de l’agencement des rapports des forces trafiqués sur le continent, le combat commence par des efforts pour convaincre son entourage. Il faut convaincre que les indépendances de 1960 ne représentent pas la libération pour nous, que les régimes politiques en cours demeurent très étrangers à nos véritables préoccupations, que dès lors tous les regroupements à l’instar de l’Union africaine, ne peuvent être autre chose que des syndicats de corrompus.
Il faut en conclusion, se convaincre, que les pratiques politiques abjectes et humiliantes actuelles, ressortent d’une culture sauvage qui ne prendra fin qu’avec des guerres purificatrices.[...]
Comme si tout ça ne pouvait se dire sans injurier les nègres au préalable comme si cétait une condition pour être écouté... pire, comme si injurier les nègres et tenir ces propos anti-colonialistes (après lesa avoir critiqué) avait un sens...
_________________ ----«Le Jeune Africain Moderne sera armé de savoirs, pas de fusils importés.»
Si vous partagez ce rêve, aidez-nous à en faire une réalité. Soutenez l'initiative Vitu, sur :
http://igg.me/at/vitu
A ne manquer pour rien au monde:
-------->http://www.youtube.com/watch?v=24ZO1HlvmpQ
---> http://www.youtube.com/watch?v=CjDua-fqSUg
La deuxième semaine du mois de janvier 2006 aura été suffisamment révélatrice, de toutes les tares qui font balbutier le destin de l’Afrique, et font croire, que l’esclavage et la colonisation, ont cessé trop tôt.
Le jugement apparaîtra sévère pour certains, déplacé pour d’autres, mais au fond, personne ne soutiendra, que l’auteur n’est pas africain.
Le jugement m’apparaît nauséabond !
Peut on imaginer que l’on puisse dire « la Shoah a cessé trop tôt » !!
Il n’y a aucune légitimité à dire « que l’esclavage et la colonisation, ont cessé trop tôt » que l’auteur soit africain ou non, même s'il dénonce la corruption, connue de tous, dans certains pays africains.
Citation:
Il faut en conclusion, se convaincre, que les pratiques politiques abjectes et humiliantes actuelles, ressortent d’une culture sauvage qui ne prendra fin qu’avec des guerres purificatrices.
La culture sauvage dont il parle c’est celle léguée par les pays colonialistes je suppose ? HEIN?
Hélas, je doute que les auteurs de tels articles aient un minimum de recul par rapport à ce qu'ils écrivent... cela-dit, il est toujours possible de leur répondre, même si cela ne les arrête pas tous, ça en calmera peut-être quelques-uns...? _________________ ----«Le Jeune Africain Moderne sera armé de savoirs, pas de fusils importés.»
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---> http://www.youtube.com/watch?v=CjDua-fqSUg
L'auteur de cet article Shanda Tomme et un chroniqueur célèbre dans une des journaux de proue de "l'opposition" au Cameroun.
Ses analyses politiques sur la situation de son pays et de l'Afrique en general ont souvent été interressantes et justes (selon moi) dans le passé.
Mais aujourd'hui celui ci verse vers une sorte de nihilisme desespéré dans ses reflexions sur la situation du continent.
Je traduirai cela vers une sorte de sentiment d'impuissance et de désolation face à un régime qui continue imperturbablement depuis des lustres à étaler ses limites et contradictions face à une population tétanisée et misérable.
Dans une précédente chronique , celui-ci a pratiquement condamné à l'exil définitif , tous les ressortissants camerounais qui ont choisis de s'expatrier pour une raison ou pour une autre,en les accusant de trahison ...!!!
Bref nous assistons à la mutation d'un intellectuel engagé en une sorte de Pol Potisme idéologique.
Je craint que nous verront de plus ce genre de dérive idéologique de la part de ceux qui sont censés éclairer les autres, avec toutes les conséquences que cela implique... _________________ Mentalité de la cueuillette=sida économique
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"Si on se couche, on est mort" . Joseph Ki-Zerbo
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