Activisme : L’Etat traîne Mboua Massok au tribunal
Le père des "villes mortes" est accusé d’avoir profané le monument du Général Leclerc à Bonanjo.
Denis Nkwebo
Le vendredi 3 mars 2006, le Combattant Mboua Massok ma Batalong s’est présenté par-devant le juge du Tribunal de première instance (Tpi) de Douala Bonanjo. Il a été invité à y répondre des faits de " dégradation des biens publics ou classés ", charge retenue contre lui par le Procureur de la République. A 9 heures 40 minutes, le juge Nzali, président du tribunal appelle le prévenu à la barre. Mboua Massok, le pagne et l’écharpe tricolore aux couleurs du Cameroun noués autour de la taille, un tricot démembré au corps, la barbe abondante, une paire de babouches aux pieds et une baguette "magique"en main, s’y précipite. "Vous êtes poursuivi par le ministère public pour avoir porté des inscriptions sur le monument du Général Leclerc à la Place du gouvernement à Bonanjo. Reconnaissez-vous les faits", a demandé, entre autres, le président au prévenu.
" Oui, votre honneur. Je reconnais entièrement les faits", a répondu Mboua Massok, plongeant toute l’assistance dans un silence de mort. La foule de sympathisants affiche une mine confiante.
Le procureur de la République a fait une observation, sous forme de préalable à l’ouverture des débats proprement dits. "Le prévenu n’est pas habillé décemment", a-t-il observé. De quoi irriter la défense, qui a aussitôt répliqué. "Ce qui est décent n’est pas nécessairement ce qui est occidental. Mon client est habillé dans la tradition Bassa. Etant donné que ce procès est aussi le procès de la colonisation, de l’acculturation, de l’aliénation…", a déclaré Me Momo Jean de Dieu, qui a saisi l’opportunité de l’exception du Procureur, pour dévoiler sa ligne de défense. Il a observé qu’il est d’abord question de savoir si le monument du Général Leclerc à Bonanjo appartient au Cameroun, auquel cas les ministres des Enseignements Secondaires et de l’Education de Base doivent être appelés à la barre, étant donné qu’ils assurent la tutelle des monuments, ou alors si l’ouvrage historique appartient à la France. "Dans ce dernier cas, seul le ministère public français serait compétent. Ou alors, l’ambassadeur de France ou le consul général devraient eux aussi se présenter à la barre".
Le 29 janvier 2006, Mboua Massok, qui se présente comme étant "l’honorable député nationaliste non déclaré élu" de Douala 5ème, a été arrêté à la Place du Gouvernement à Bonanjo. Présenté au Procureur de la République le 30 janvier, il a été inculpé pour "dégradation des biens publics ou classés ". Il lui est reproché d’avoir porté sur le mûr situé à l’arrière-plan du monument du Général Leclerc, l’inscription "à démolir, nos martyrs d’abord, 180 jours"; un "acte de subversion" suffisamment grave dont il devrait répondre devant les tribunaux. A la première audience en date du 3 février 2006 au Tpi, sur la demande de Me Momo, conseil du prévenu, l’affaire avait été renvoyée au 3 mars dernier.
D’ores et déjà, le Conseil supérieur de la rébellion morale "structure de lutte pacifique" mise sur pied par Mboua Massok, avait exprimé le souhait de voir les débats porter non sur la dégradation des biens publics dont il est accusé, mais sur l’identité nationale, la "camerounisation" des places publiques, des rues, des édifices, des mémoriaux ou des stèles à l’honneur des héros et martyrs du Cameroun. "Leclerc, un soldat Français mérite-t-il, au détriment de Douala Manga Bell et de Ngosso Din en tant que martyrs Camerounais authentiques, d’être honoré à la Place de l’Indépendance du Cameroun qui plus est à Bonanjo ?" La question ainsi posée a induit Mboua Massok à se présenter au tribunal en tenue traditionnelle africaine. "C’est bien que les choses aient commencé par un débat sur la tradition. C’est là que je les attendais", s’est réjoui le prévenu à la clôture de l’audience. Le président du tribunal a renvoyé l’affaire au 5 mai 2006 pour production des pièces par Me Momo. Dès lors s’ouvriront les débats. _________________ La vie est un privilege, elle ne vous doit rien!
Vous lui devez tout, en l'occurence votre vie
Activisme : L’Etat traîne Mboua Massok au tribunal
Le père des "villes mortes" est accusé d’avoir profané le monument du Général Leclerc à Bonanjo.
Denis Nkwebo
Le vendredi 3 mars 2006, le Combattant Mboua Massok ma Batalong s’est présenté par-devant le juge du Tribunal de première instance (Tpi) de Douala Bonanjo. Il a été invité à y répondre des faits de " dégradation des biens publics ou classés ", charge retenue contre lui par le Procureur de la République. A 9 heures 40 minutes, le juge Nzali, président du tribunal appelle le prévenu à la barre. Mboua Massok, le pagne et l’écharpe tricolore aux couleurs du Cameroun noués autour de la taille, un tricot démembré au corps, la barbe abondante, une paire de babouches aux pieds et une baguette "magique"en main, s’y précipite. "Vous êtes poursuivi par le ministère public pour avoir porté des inscriptions sur le monument du Général Leclerc à la Place du gouvernement à Bonanjo. Reconnaissez-vous les faits", a demandé, entre autres, le président au prévenu.
" Oui, votre honneur. Je reconnais entièrement les faits", a répondu Mboua Massok, plongeant toute l’assistance dans un silence de mort. La foule de sympathisants affiche une mine confiante.
Le procureur de la République a fait une observation, sous forme de préalable à l’ouverture des débats proprement dits. "Le prévenu n’est pas habillé décemment", a-t-il observé. De quoi irriter la défense, qui a aussitôt répliqué. "Ce qui est décent n’est pas nécessairement ce qui est occidental. Mon client est habillé dans la tradition Bassa. Etant donné que ce procès est aussi le procès de la colonisation, de l’acculturation, de l’aliénation…", a déclaré Me Momo Jean de Dieu, qui a saisi l’opportunité de l’exception du Procureur, pour dévoiler sa ligne de défense. Il a observé qu’il est d’abord question de savoir si le monument du Général Leclerc à Bonanjo appartient au Cameroun, auquel cas les ministres des Enseignements Secondaires et de l’Education de Base doivent être appelés à la barre, étant donné qu’ils assurent la tutelle des monuments, ou alors si l’ouvrage historique appartient à la France. "Dans ce dernier cas, seul le ministère public français serait compétent. Ou alors, l’ambassadeur de France ou le consul général devraient eux aussi se présenter à la barre".
Le 29 janvier 2006, Mboua Massok, qui se présente comme étant "l’honorable député nationaliste non déclaré élu" de Douala 5ème, a été arrêté à la Place du Gouvernement à Bonanjo. Présenté au Procureur de la République le 30 janvier, il a été inculpé pour "dégradation des biens publics ou classés ". Il lui est reproché d’avoir porté sur le mûr situé à l’arrière-plan du monument du Général Leclerc, l’inscription "à démolir, nos martyrs d’abord, 180 jours"; un "acte de subversion" suffisamment grave dont il devrait répondre devant les tribunaux. A la première audience en date du 3 février 2006 au Tpi, sur la demande de Me Momo, conseil du prévenu, l’affaire avait été renvoyée au 3 mars dernier.
D’ores et déjà, le Conseil supérieur de la rébellion morale "structure de lutte pacifique" mise sur pied par Mboua Massok, avait exprimé le souhait de voir les débats porter non sur la dégradation des biens publics dont il est accusé, mais sur l’identité nationale, la "camerounisation" des places publiques, des rues, des édifices, des mémoriaux ou des stèles à l’honneur des héros et martyrs du Cameroun. "Leclerc, un soldat Français mérite-t-il, au détriment de Douala Manga Bell et de Ngosso Din en tant que martyrs Camerounais authentiques, d’être honoré à la Place de l’Indépendance du Cameroun qui plus est à Bonanjo ?" La question ainsi posée a induit Mboua Massok à se présenter au tribunal en tenue traditionnelle africaine. "C’est bien que les choses aient commencé par un débat sur la tradition. C’est là que je les attendais", s’est réjoui le prévenu à la clôture de l’audience. Le président du tribunal a renvoyé l’affaire au 5 mai 2006 pour production des pièces par Me Momo. Dès lors s’ouvriront les débats.
Htp,
J'ai toujours ete intrique par la presence de cette statuette a Douala.
le debat semble enfin s'ouvrir en Afrique sur l'importance de la vision des Heros nationnaux .
Quel honte C'est pareil chez moi, il y a toujours des rues qui porte le nom des esclavagistes... _________________ "tout nèg a nèg
ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg
nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg
sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!
a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti
Quel honte C'est pareil chez moi, il y a toujours des rues qui porte le nom des esclavagistes...
Sans parler de l'aéroport de Cayenne...
Allez, petite consolation : voilà comment on traite les monuments qui ne nous plaisent pas, au péyi (et même s'il s'agit d'une enfant du péyi, c'est même tarif !)
Statue de l'impératrice Joséphine Bonaparte sur la savane de F-de-F _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Activisme : L’Etat traîne Mboua Massok au tribunal
Le père des "villes mortes" est accusé d’avoir profané le monument du Général Leclerc à Bonanjo.
Denis Nkwebo
Le vendredi 3 mars 2006, le Combattant Mboua Massok ma Batalong s’est présenté par-devant le juge du Tribunal de première instance (Tpi) de Douala Bonanjo. Il a été invité à y répondre des faits de " dégradation des biens publics ou classés ", charge retenue contre lui par le Procureur de la République. A 9 heures 40 minutes, le juge Nzali, président du tribunal appelle le prévenu à la barre. Mboua Massok, le pagne et l’écharpe tricolore aux couleurs du Cameroun noués autour de la taille, un tricot démembré au corps, la barbe abondante, une paire de babouches aux pieds et une baguette "magique"en main, s’y précipite. "Vous êtes poursuivi par le ministère public pour avoir porté des inscriptions sur le monument du Général Leclerc à la Place du gouvernement à Bonanjo. Reconnaissez-vous les faits", a demandé, entre autres, le président au prévenu.
" Oui, votre honneur. Je reconnais entièrement les faits", a répondu Mboua Massok, plongeant toute l’assistance dans un silence de mort. La foule de sympathisants affiche une mine confiante.
Le procureur de la République a fait une observation, sous forme de préalable à l’ouverture des débats proprement dits. "Le prévenu n’est pas habillé décemment", a-t-il observé. De quoi irriter la défense, qui a aussitôt répliqué. "Ce qui est décent n’est pas nécessairement ce qui est occidental. Mon client est habillé dans la tradition Bassa. Etant donné que ce procès est aussi le procès de la colonisation, de l’acculturation, de l’aliénation…", a déclaré Me Momo Jean de Dieu, qui a saisi l’opportunité de l’exception du Procureur, pour dévoiler sa ligne de défense. Il a observé qu’il est d’abord question de savoir si le monument du Général Leclerc à Bonanjo appartient au Cameroun, auquel cas les ministres des Enseignements Secondaires et de l’Education de Base doivent être appelés à la barre, étant donné qu’ils assurent la tutelle des monuments, ou alors si l’ouvrage historique appartient à la France. "Dans ce dernier cas, seul le ministère public français serait compétent. Ou alors, l’ambassadeur de France ou le consul général devraient eux aussi se présenter à la barre".
Le 29 janvier 2006, Mboua Massok, qui se présente comme étant "l’honorable député nationaliste non déclaré élu" de Douala 5ème, a été arrêté à la Place du Gouvernement à Bonanjo. Présenté au Procureur de la République le 30 janvier, il a été inculpé pour "dégradation des biens publics ou classés ". Il lui est reproché d’avoir porté sur le mûr situé à l’arrière-plan du monument du Général Leclerc, l’inscription "à démolir, nos martyrs d’abord, 180 jours"; un "acte de subversion" suffisamment grave dont il devrait répondre devant les tribunaux. A la première audience en date du 3 février 2006 au Tpi, sur la demande de Me Momo, conseil du prévenu, l’affaire avait été renvoyée au 3 mars dernier.
D’ores et déjà, le Conseil supérieur de la rébellion morale "structure de lutte pacifique" mise sur pied par Mboua Massok, avait exprimé le souhait de voir les débats porter non sur la dégradation des biens publics dont il est accusé, mais sur l’identité nationale, la "camerounisation" des places publiques, des rues, des édifices, des mémoriaux ou des stèles à l’honneur des héros et martyrs du Cameroun. "Leclerc, un soldat Français mérite-t-il, au détriment de Douala Manga Bell et de Ngosso Din en tant que martyrs Camerounais authentiques, d’être honoré à la Place de l’Indépendance du Cameroun qui plus est à Bonanjo ?" La question ainsi posée a induit Mboua Massok à se présenter au tribunal en tenue traditionnelle africaine. "C’est bien que les choses aient commencé par un débat sur la tradition. C’est là que je les attendais", s’est réjoui le prévenu à la clôture de l’audience. Le président du tribunal a renvoyé l’affaire au 5 mai 2006 pour production des pièces par Me Momo. Dès lors s’ouvriront les débats.
Mille Merci M.O.P., enfin, enfin, nous sommes avec toi, mon HONARABLE Mboua Massok ma Batalong
Htp
Merikare _________________
Père des Villes-mortes et de la Rébellion morale, le combattant de la liberté a été récemment arrêté, puis libéré. Il a comparu devant le tribunal de première instance de Douala, à Bonanjo, vendredi 3 mars. Pour dégradation des biens publics ou classés. Approché pour qu’il dise exactement ce qu’on lui reproche et qu’il précise les objectifs de son combat, Mboua Massok ma Batalong se livre.
Pourquoi avez-vous été arrêté le 29 janvier 2006 à Bonanjo, à Douala ?
Il se trouve que depuis 2001, je remets fondamentalement en question la présence à la Place de l’indépendance de la statue - certains parlent de monument - du général Leclerc. Celui par qui tout s’est passé pour que nos aïeux aillent en France défendre la France. Or, nous sommes indépendants depuis le 1er janvier 1960. La France a installé la statue de Leclerc sur l’emplacement où notre indépendance a été obtenue, et sur son regard. Alors qu’il y a nos héros de l’indépendance, nos nationalistes, qui méritent de trôner, sur les places de l’indépendance au Cameroun. A deux cents mètres de cet endroit, il y a la tombe de Rudolph Douala Manga Bell. Il gît dans l’anonymat total, pendant que quelqu’un d’autre, qui n’a rien à voir avec notre histoire, est débout. J’estime que c’est une aberration. C’est un non-sens. J’ai donc demandé qu’on enlève la statue de Leclerc. Pendant que j’étais en train de porter les inscriptions, “ à démolir, nos martyrs d’abord ”, sur le mur situé à l’arrière plan de la statue de Leclerc, j’ai été arrêté par des éléments du commissariat central de Bonanjo. J’ai été conduit au commissariat du premier arrondissement vers 8h30, ce fameux 29 janvier 2006. Ils m’ont fait passer un jour en cellule. Le lendemain, vers 17h, le lundi 30 janvier, on m’a extrait de la cellule, pour me présenter au parquet. Le procureur de la République m’a dit que je pouvais rentrer chez moi, mais que je devais revenir pour un procès qui devait commencer le 03 février. Mes conseils ont estimé qu’ils ne connaissaient pas encore le contenu du dossier, et qu’il était souhaitable de trouver une date plus appropriée. Le juge a donc opté pour le 03 mars.
On vous reproche d’avoir dégradé des biens publics...
Je ne sais pas en quoi ce monument constitue un bien public. En ce qui me concerne, cette statue devrait être ramenée à l’ambassade ou au consulat de France, s’il faut absolument qu’elle reste au Cameroun. Nous respectons les accords. Ainsi que les consulats, sauf si l’on nous apprend que l’extension du consulat français à Douala comprend la Place de l’indépendance du Cameroun à Bonanjo.
Pourquoi avoir décidé de passer à l’acte maintenant, au début de cette année ?
Comme je vous l’ai dit tantôt, l’idée me tient à cœur depuis 2001. Je croyais à ce moment-là que le monument était en béton. Je ne pensais pas encore à écrire “ A démolir… ”. J’étais arrivé sur les lieux avec un burin. Malheureusement, ce n’était pas démontable par un burin. Cette fois-là, on m’avait arrêté, on m’avait entendu sur procès-verbal, et on m’avait relaxé. S’il faut remonter à la genèse du problème, je vous dirai que tout part de la rébellion morale. Nous avons institué une démarche à l’intérieur de la rébellion morale. Elle vise à rétablir la conscience morale. A travers la revalorisation des patriotes, qui ne sont plus de ce monde, mais qui ont beaucoup apporté à la patrie. C’est dans cette perspective que j’avais lancé le “ Pas du millénaire ”. Tout un concept révolutionnaire. La rébellion morale a pour objet la fortification morale du peuple camerounais. Il s’agit de réformer nos mentalités. De par sa structure, la rébellion morale avait, dès l’origine, admis ce type de revendication. Il fallait que le monument Leclerc quitte cet endroit. Car, il matérialise la présence française continue chez nous. Il ne faut pas faire preuve de légèreté sur une question aussi importante.
Le consulat de France à Douala n’a pas apprécié l’acte que vous avez posé. En êtes-vous conscient ?
Effectivement. Lorsqu’ils ont eu vent de l’atteinte du monument par la peinture, les responsables français à Douala ont décidé immédiatement de remettre la peinture, pour que les inscriptions, qui y étaient portées, disparaissent. Des personnes attentives, qui passaient par là, ont eu le temps de filmer les inscriptions. L’histoire retiendra ce qui s’est passé. Il y a des photos qui peuvent l’attester. Ils veulent falsifier l’histoire de notre pays. Nous nous y opposons.
La date du dimanche 29 janvier 2006 avait-elle une signification particulière pour vous ?
Je ne vais pas focaliser l’attention sur la date. Ce jour-là, nous l’avons choisi tout simplement parce que le Cameroun était engagé dans le tournoi de la Coupe d’Afrique des Nations en Egypte. Comme on a tendance chez nous à utiliser le football comme une diversion -je parlerai même de perversion- nous avons décidé d’agir ce jour-là, pour dire aux gens qu’il y a des choses essentielles. Des choses qui n’ont rien à voir avec le football.
Le Cameroun a tout de même des liens historiques avec la France. Des monuments de personnages français sur notre territoire peuvent aussi témoigner des bonnes relations entre les deux pays...
Je ne dis pas absolument que je suis contre. Mais, je précise bien ma démarche : “ Nos martyrs d’abord ! ”. Quelqu’un ne peut pas venir chez nous, choisir la chambre du patron. Le patron a sa chambre. Il lui revient de trouver la chambre qu’il juge approprié pour son étranger. S’il fallait solliciter l’avis des Camerounais avant d’ériger la statue du général Leclerc, je doute fort qu’on choisisse l’emplacement actuel, qui se trouve en plein centre administratif de la capitale économique. Encore moins la place de l’indépendance ! Les Français n’ont pas le droit de choisir ses lieux où ils doivent ériger leurs monuments chez nous. Sauf si, les lieux leur appartiennent. Nous ne doutons pas qu’un jour il puisse y avoir réciprocité. Si en France, nous pouvons, nous aussi, avoir des places, espaces publics où nous pouvons dresser les monuments de nos combattants de la liberté, à ce moment, on parlerait d’une véritable réciprocité.
Qu’attendez-vous des Camerounais ?
Je souhaite que mes compatriotes ne m’abandonnent pas. J’ai souvent été traité de grand bandit par l’administration. On m’envoie à la prison de New-Bell comme un grand bandit. Vous savez qu’en Côte d’Ivoire, les Français ont tué quelqu’un dernièrement, parce qu’ils l’avaient considéré comme un grand bandit. J’ai peur que cela constitue des prémices, qu’on me mette un jour une balle dans la tête, parce que je remets en cause la présence du monument Leclerc à Bonanjo. J’espère que le peuple camerounais sera attentif et mobilisé. Je compte beaucoup sur vous les journalistes et les médias pour mobiliser l’opinion publique nationale sur ce procès. Il faut que les gens viennent assister au procès, qu’ils en fassent leur procès ; car je ne fais que soulever un problème qui nous concerne tous.
Jusqu’où êtes-vous prêt à aller dans cette bataille ?
Je suis prêt à aller jusqu’au niveau où cela va finir, se terminer. Nous voulons mettre un terme à la présence des monuments français au Cameroun, tant qu’il n’y aura pas de monuments camerounais en France. Notre ambition, c’est qu’à l’endroit où se trouve la statue de Leclerc, on dresse le monument de Douala Manga Bell, par exemple. Ce ne serait que justice faite.
Peut-on dresser le monument d’une figure historique du Cameroun à côté de celui du monument Leclerc ?
Non. On ne peut pas mettre Douala Manga Bell à côté de Leclerc. Ils n’ont jamais collaboré de leur vivant. Ce n’est pas après leur mort qu’ils vont collaborer. Chacun sera à sa place. Regardez la pagode, la maison du Roi Bell, qui s’est battu au point de détruire la logique de l’apartheid au Cameroun. C’est bien au Cameroun que l’apartheid a commencé. Ce n’est pas en Afrique du Sud, où le phénomène a sévi plus tard.
Des héros comme Rudoph Douala Manga Bell, Martin-Paul Samba et bien d’autres patriotes ont lutté, se sont sacrifiés, pour que nous soyons libres. Ces hommes de valeur doivent mériter une place de choix dans nos cœurs, dans notre vie quotidienne. Ils méritent qu’on érige pour eux des monuments à des endroits significatifs. Il faut honorer les valeurs là où elles doivent être honorées. La place du monument Leclerc est en France.
Entretien mené par Edmond Kamguia K. et David Nouwou _________________ La vie est un privilege, elle ne vous doit rien!
Vous lui devez tout, en l'occurence votre vie
Le Cameroun a tout de même des liens historiques avec la France. Des monuments de personnages français sur notre territoire peuvent aussi témoigner des bonnes relations entre les deux pays...
Pitin, il ya du boulot au niveau de la presse tout de même! Il fait exprès de ne rien comprendre ou bien?
Sinon, que dire... sincères féiliciations et encouragements du fond du coeur au frère MBOUA MASSOK!!!
Citation:
“ NOUS VOULONS METTRE UN TERME A LA PRESENCE DES MONUMENTS FRANÇAIS AU CAMEROUN ”
ye va Katiopa ya mvimba (et dans toute l'Afrique!). Je dirais bien vive le Cameroun, mais au fait comment appelez-vous votre pays vous-même? Ou comment est appellée du moins la région dont vient Mboua Massok par ses habitants?
Ah une autre remarque...
Citation:
un tricot démembré au corps,
Je n'arrive pas à me représenter ce à quoi cette notion correspond.
Sinon, merci pour l'article, ça m'a mis d'excellente humeur. _________________ ----«Le Jeune Africain Moderne sera armé de savoirs, pas de fusils importés.»
Si vous partagez ce rêve, aidez-nous à en faire une réalité. Soutenez l'initiative Vitu, sur :
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positif: prise de conscience , reveil de conscience face à l'histoire et ses travers
négatif: l'histoire est ce qu'elle est, qu'elle nous plaise ou non. les faits sont là et si on veut être réaliste face à elle, ce n'est pas en faisant disparaitre ses traces qu'elle n'aura pas pour autant existé !
je proposerais non pas le maintien de ces monuments dans nos villes mais un transfert de ceux existants vers des musées (musée de l'histoire camerounaise par exemple)
Ce qu'on devrait faire disparaitre, ce sont ces noms de lycées et collèges, ces avenues aux noms de tous ces colons. On remplacerait ceux ci(et les monuments aussi d'ailleurs) par ceux qui ont résisté aux colons(Um nyobé, moumié etc).
C'est une facon de tirer notre histoire à notre avantage et de forger les consciences des jeunes générations sur la portée historique de nos choix face à notre pays.
Inscrit le: 25 Mai 2005 Messages: 3244 Localisation: Derrière toi
Posté le: Mer 22 Mar 2006 23:02 Sujet du message:
Chabine a écrit:
Pakira a écrit:
Quel honte C'est pareil chez moi, il y a toujours des rues qui porte le nom des esclavagistes...
Sans parler de l'aéroport de Cayenne...
Allez, petite consolation : voilà comment on traite les monuments qui ne nous plaisent pas, au péyi (et même s'il s'agit d'une enfant du péyi, c'est même tarif !)
Statue de l'impératrice Joséphine Bonaparte sur la savane de F-de-F
C'est beau ça nan ??? je l'ai prise en photo de nuit la dernière fois à Madinina, un frisson dans le dos en option . Faudrait en exhumer quelques uns de leur tombe aussi en passant.
Petit bémol ; ils ont oublié d'égratigner la gueule sur le blason qu'elle tient. La prochaine fois, je la termine au burin dans un souci de finition digne de ce nom, les chiens errants du périmètre en spectateurs avertis . _________________ Les Toiles de Maryjane
[/b]. moins la région dont vient Mboua Massok par ses habitants?
Ah une autre remarque...
Citation:
un tricot démembré au corps,
Je n'arrive pas à me représenter ce à quoi cette notion correspond.
.
Hotep Muana Kongo
D'après son nom, il est Bassa, le peuple REVOLUTIONNAIRE comme notamment Um Nyobé...
"Démembré" c'est un t-shirt sans manches, dans le cas précis probablement ce que les français appellent "marcel", les vieux aiment bien porter ça chez nous. _________________ Mu mpenda mu dangwanè kanga...
Pour sa énième audience qui a eu lieu vendredi dernier, 4 juillet, le procès opposant le combattant Mboua Massok ma Batalong, à l’Etat du Cameroun, n’a pas connu son verdict. Bien plus, le renvoi de l’affaire au 1er septembre 2006, n’en n’a pas été le principal développement. Dans la salle d’audience du Tribunal de première instance (Tpi) de Douala Bonanjo, les personnes qui ont pris l’habitude de venir écouter les envolées lyriques de Mboua Massok, les joutes oratoires entre son conseil, Me Jean De Dieu Momo et les officiels du Tpi, ont doublé en nombre. En effet, lors de la précédente audience, le prévenu avait indiqué au juge Nzali qu’il ne comparaîtrait plus jamais debout, alors que tout " les autres sont assis ". Face à des interlocuteurs qui ne croyaient point à son sérieux, Mboua Massok avait exigé du Tpi qu’on lui produise le texte de loi qui dit qu’au Cameroun, les prévenus doivent comparaître débout.
Face à son insistance, le juge avait estimé qu’il n’y avait aucune objection à ce que Mboua comparaisse débout, le 4 août. Vendredi dernier, celui qui insiste à être considéré comme un " député nationaliste non déclaré élu " a pris toutes ses dispositions. " Je suis venu avec ma chaise et ma table. S’ils me disent qu’ils n’en n’ont pas pour moi, je vais faire rentrer mon arsenal (chaise et table)", a-t-il déclaré au reporter de Mutations. Malheureusement, le juge de séant ne lui a pas donné la possibilité de plaider " coupable", comme il entendait le faire. L’affaire a été tout simplement renvoyée au 1er septembre prochain, " parce que le juge permanent est empêché". Pour Me Momo, avocat du prévenu, " il n’y avait aucun impératif justifiant absolument le renvoi. Mais nous serons toujours présent à la prochaine audience ".
C’est en date du vendredi 3 mars 2006, que le combattant Mboua Massok avait comparu pour la première fois dans cette affaire, par-devant le juge du Tribunal de première instance (Tpi) de Douala Bonanjo où il a été invité à répondre des faits de "dégradation des biens publics ou classés", charge retenue contre lui par le Procureur de la République. Le prévenu est accusé d’avoir porté des inscriptions sur le monument du Général Leclerc à la Place du gouvernement à Bonanjo. Dans sa défense, Mboua Massok insiste qu’il reconnaît entièrement les faits qui lui sont reprochés. _________________ La vie est un privilege, elle ne vous doit rien!
Vous lui devez tout, en l'occurence votre vie
Vêtu de sa tenue traditionnelle, le torse passablement nu, Camille Mboua Massock (même s’il est contre les prénoms européens) embarrasse forcément le tribunal qui le trouve alors mal habillé. Au cours de la dernière audience de l’affaire qui l’oppose au ministère public qui l’accuse d’avoir dégradé le monument Leclerc en plein cœur du quartier Bonanjo, "le combattant", comme il aime à se faire appeler, a insisté pour comparaître assis. "Aucun texte au Cameroun ne prévoit que le tribunal écoute un prévenu debout parfois de longues heures durant. C’est une atteinte à la liberté", a conclu le mis en cause face au tribunal. Depuis lors, il en a fait un cheval de bataille. Commentant cette approche de ce qu’il appelle lui-même, "l’autre démarche de la rébellion morale", Mboua Massock ma Batalong soutient qu’il est "patriotique d’obtenir que les prévenus puissent comparaître assis devant les tribunaux à travers tout le Cameroun".
Personnage à l’abord très facile, aucun de ses propos d’entrée de jeu ne laisse entrevoir son caractère trempé. Il vous aborde sourire aux lèvres, le verbe haut et la poignée de main très chaleureuse. Pourtant, il est ferme sur ses principes. Il pense, par exemple, qu’il ne faut faire aucune concession aux Européens par rapport aux questions de développement qui interpellent le Cameroun et l’Afrique. "Le combat repose sur la remise en question permanente de tout ce qui ne sert pas les intérêts de l’homme noir. Dans leurs luttes, les Européens sont radicaux à dire que la civilisation c’est eux. En tant que tel, ils prétendent tendre vers Dieu. A l’inverse, ils proclament que l’Afrique c’est le berceau de la barbarie. Comment ne pas, dans ces conditions là, recommander la fermeté? Il ne faut surtout pas de compromis, de peur d’aboutir à des compromissions avec l’oppresseur".
Des thèses comme celle-ci, Mboua Massock en développe plusieurs autant sur la gouvernance du Cameroun que sur l’urbanisation dont il estime qu’elle est une émanation de l’Occident. "Bonanjo est l’embryon de l’Etat du Cameroun. Anciennement place de l’indépendance, c’est la place du gouvernement aujourd’hui. Or, en quelques secondes, l’on s’aperçoit que beaucoup de choses ne sont pas à leur place. Il en est du monument Leclerc, de celui de Nachtigal comme du soldat inconnu qui ne pouvait être noir. Dans ces trois éléments cités, lequel peut-il permettre au jeune Camerounais de s’approprier son passé? Face à la réponse négative, j’ai juste ajouté une inscription: nos monument d’abord, pour m’entendre dire que j’ai dégradé le patrimoine", clame celui qui se présente comme un pacifiste et prône qu’on peut gagner des combats sans faire la guerre. S’il est conscient de faire des admirateurs, il s’entend régulièrement dire qu’il est devenu fou.
Rébellion morale
A 53 ans, le père du Programme social pour la liberté et la démocratie (Psld) a tour à tour initié des fronts de combat les uns aussi inédits que les autres. Il en est des villes mortes qu’il suggère à la coordination des partis politiques de l’opposition en 1991, de la grève de la faim qu’il engage pour susciter un débat national (quelle que soit la dénomination) en guise de premier volet de la rébellion morale en 1999, que de la dixième phase qui le décide à marcher à pied de Douala à Yaoundé pour dénoncer les retrouvailles au Cameroun en janvier 2001 du chef de l’Etat français et ses homologues d’Afrique. Ces différentes initiatives ne sont pas les seules. Le "combattant" qui dit ne pas faire d’effort pour en susciter, révèle certaines autres idées découragées par certains politiques.
En 1992, alors que le Rdpc au pouvoir confisque le débat et la scène, il appelle les leaders de la ordination des partis politiques à se munir chacun d’un siège pour prendre place sur la chaussée du pont sur le Wouri. La suggestion échoue par manque de courage de la part de ceux qui l’entourent qui estiment en plus que les généraux ne vont pas au front.
Comptable de formation ayant exercé à la Camair, il est aux prises avec la police camerounaise pour la première fois en 1985. A l’époque le comptable, qui est en même temps artiste plasticien, présente un tableau au cours d’une soirée organisée par la direction de cette entreprise. Au cours de l’exposé de présentation du tableau dont il a longtemps refusé la réalisation, il met en garde contre la mauvaise gestion dans un chant. Suffisant pour qu’on lui trouve des tendances subversives. Le lendemain il subit une perquisition à ses bureaux de la direction générale de la Camair où les enquêteurs des renseignements généraux trouvent un document comportant l’ébauche d’un gouvernement de dix-sept postes. "J’étais convaincus qu’on peut diriger ce pays avec dix-sept personnes seulement. Pour le commissaire, cette trouvaille avait valeur de trophée de guerre. Je fus transféré à Yaoundé avant d’être libéré quelque temps après".
A la suite de cet épisode, Mboua Massok demande une mise en disponibilité et crée en prévision aux privatisations actuelles Entreprises générales de production industrielle (Egpi). Avec un groupe d’amis originaires des dix provinces du Cameroun, il se réunit dans un hôtel de la place où ils sont sous la filature des services secrets. C’est ainsi que ceux exerçant à la Camair sont mutés. Et le groupe disloqué. En 1990, il s’intéresse davantage à la politique et fait ses premiers pas dans la coordination des partis politiques. Déçu par ce milieu, il mène ses combats seuls à chaque point mort de la vie nationale pour que le Noir redevienne lui-même. _________________ La vie est un privilege, elle ne vous doit rien!
Vous lui devez tout, en l'occurence votre vie
Mboua Massock alias "Le combattant" (12/04/2006)
A 53 ans, il garde la verve de sa toute prime jeunesse. Plus vive, plus tranchante et plus pugnace. Il était à la tête du cortège qui a manifesté son soutien à Eto'o fils.
Par Jean-Célestin EDJANGUE
A 53 ans, il garde la verve de sa toute prime jeunesse. Plus vive, plus tranchante et plus pugnace. Celui qui a été envoyé à sept reprises dans les geôles de la République pour ses prises de positions et ses actes citoyens, était à la tête du cortège des manifestants qui ont apporté leur soutien à Eto’o Fils, victime de propos et gestes racistes lors du match Sarragosse contre Fc Barcelone. En attendant de retrouver les tribunaux le 5 mai dans l’affaire dite de “ Dégradation des biens publics ”, celui qu’on appelle “ Le Combattant ” a bien voulu, pour le quotidien Le Messager, dire ce qu’il pense du rôle des intellectuels, de la société civile et des partis politiques, quant à la vieille critique face à la déperdition de nos valeurs africaines et humanistes. Au passage, il égratigne le président Paul Biya et l’Etat camerounais engagés dans une “ pseudo lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite ”. Sans langue de bois.
Vous qui êtes habitué à marquer des actes citoyens. Dans quel cadre situez-vous la manifestation de soutien à Samuel Eto’o Fils, qui a subi des propos et actes racistes le 25 février dernier à Sarragosse?
C’est effectivement un acte citoyen que de me joindre à ce rassemblement pour dire halte aux actes racistes et apporter toute notre chaleur et tout notre soutien à l’un de nos fils et frères les plus talentueux dans le domaine du sport en général et du football en particulier. Tout ce que je pose comme acte est citoyen. Les gens interprètent cela à leur manière, parfois parce qu’ils m’ont vu dans des champs politiques. Je suis suffisamment attaché aux grandes valeurs, qu’elles soient liées au passé ou au présent. Et j’estime que Eto’o en constitue une. S’il n’ y a pas de repère sur le plan historique, sur le plan social ou même de la vie quotidienne, on ne peut pas s’en sortir. Si les enfants peuvent aller loin, c’est parce qu’ils auront aussi eu ces repères. Eto’o est un repère de la victoire, du courage, de la détermination. Quand on le voit jouer, on sent qu’il veut faire tous les efforts pour gagner. C’est pourquoi nous devons manifester notre fierté à son endroit non seulement devant le petit écran quand il marque un but ou réussit un geste spectaculaire. Nous avons la chance qu’il soit des nôtres, de notre pays, de notre continent. C’est pourquoi nous devons tout autant lui témoigner notre solidarité quand il est attaqué, mal traité, injurié. Nous devons manifester publiquement notre joie et notre affection pour Eto’o aux yeux du monde. Les exclusions sur la base de teint, des origines sociales et autres, sont des combats à mener de tout temps.
Le fait que les actes en question proviennent des Européens, c’est-à-dire des peuples qui ont toujours voulu donner des leçons de respect des droits de l’Homme aux Africains, constitue-t-il une source de motivation supplémentaire de mobilisation?
Je ne défends pas les valeurs africaines et humanitaires par rapport à l’Europe. Je les défends par rapport à l’Afrique. L’Europe, contrairement à ce que certains pensent n’a jamais été le point départ du respect des grandes valeurs. C’est l’Afrique qui est le berceau de l’humanité et donc de tout ce que l’humanité a produit. Malheureusement à l’heure actuelle très peu d’Africains en sont conscients. Même lorsque je pose des actes pour réveiller les consciences à ces valeurs du passé parce que c’est la base. Au fur et à mesure qu’on rentre on doit retrouver une Afrique debout, fière, digne. L’Afrique n’a jamais été ce qu’elle est maintenant. Ce qu’elle est aujourd’hui, c’est une transformation des Africains. On a fait de nous des peuples hybrides. Nous ne sommes plus nous-mêmes. Nous sommes devenus comme un ordinateur à qui on a enlevé un logiciel pour mettre un autre. Nous fonctionnons exactement comme des gens à qui on a mis un autre type de cerveau, un autre type de conscience. Notre conscience n’est plus africaine. Regardez, dernièrement on nous dit qu’il faut que des hommes commencent à coucher avec les hommes, les femmes avec les femmes. En tant qu’Africain ça me donne la chair de poule. Ce débat par ailleurs ordurier sur l’homosexualité aliène la mentalité africaine.
On a l’impression que les hommes politiques, les intellectuels et autres éclaireurs de conscience, ont démissionné de leur mission de la veille critique. La nature ayant horreur du vide, chacun est amené à faire n’importe quoi. Quelle est la responsabilité des uns et des autres dans la déliquescence de la société camerounaise?
Je commence par les intellectuels. Un grand journaliste, Béchir Ben Yamed avait fait un article il y a quelques années où il se demandait “ Où sont les intellectuels? ”. Il développe exactement la thèse de la démission des intellectuels en Afrique. Les intellectuels ne sont plus là. Ils sont partis manger. Mais nous devons continuer le combat, seuls ou avec les autres. Une manifestation comme celle que nous organisons de soutien à Samuel Eto’o contre le racisme et la xénophobie, est l’occasion aussi d’interroger le sens citoyen des Camerounais, de même que celui des valeurs élevées. C’est la reconnaissance et l’identification de ces grandes valeurs. Quant à l’Etat, il est évident qu’il n’existe pas au Cameroun. Il ne peut donc pas jouer un rôle de veille des consciences ou de guide. L’Etat est au maquis pour ce genre de chose. C’est une tâche qui est trop élevée pour lui. Constater vous-même, le président Biya arrive à Douala où se trouve la tombe de Douala Manga Bell. Mais Biya ne s’incline même pas devant cette tombe. Il est alors président de qui? De quoi? De quelle République? Tant qu’il ne sera pas connecté à ce passé glorieux, il ne fera rien de bon pour notre pays. Mais il faut toujours se rattraper. Je lui conseille de faire le tour des régions du Cameroun pour s’incliner devant les tombes de nos héros morts pour notre pays. Dans tous les pays du monde entier, les grands hommes d’Etat s’identifient aux grands noms qui ont fait l’histoire locale, nationale et même internationale.
L’Etat dont vous parlez vient d’engager depuis quelques mois, la traque des criminels présumés en col blanc. Comment situez-vous cette action et quelle portée lui donnez-vous?
L’Etat camerounais dont vous parlez est un Etat imaginaire. Ce n’est pas lui qui traque les bandits. C’est le travail que nous avons effectué depuis belle lurette auprès de la Communauté internationale qui est en train de porter des fruits. Je ne suis donc pas sensible à ce que fait l’Etat dans ce domaine. Pourquoi? Souvenez-vous, en 1986 je suis arrêté pour avoir écrit un texte sur la corruption. Je le conclus en disant que si vous êtes responsable et que vous avez devant vous les faits justes et que vous ne prenez pas des décisions qui s’imposent, il faut démissionner. On m’arrête en concluant que je demande à Paul Biya de démissionner. J’ai fait pour cela 22 jours de détention à Douala et 12 à Yaoundé. Je ne peux donc pas reconnaître l’action de l’Etat dans la lutte contre la corruption. Mais je dis merci à la communauté internationale de s’être arrimée à notre travail pour prendre en main l’Etat camerounais et le guider.
Source : Le Messager
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