Posté le: Sam 18 Mar 2006 15:06 Sujet du message: 18 Mars 1977: qui a tué Marien?
Le 18 mars 1977 les congolais s’en souviennent. A 14h 30 précise, les sirènes retentissent, Brazzaville est en état d’alerte maximale, les barrages sont érigés, la radio diffuse de la musique militaire. Des coups de feux viennent de crépiter du côté du palais présidentiel, sis au bord du fleuve Congo, juste en face de Kinshasa dans ce qui s’appelait alors le Zaïre et qui fait de ces deux villes, les deux capitales les plus rapprochées du monde. Une proximité qui nous vaudra un premier bruit attestant d’une attaque des zaïrois sur le palais où siège le premier des congolais, le président fondateur du parti congolais du travail (PCT parti unique, marxiste-léniniste), le commandant Marien N’Gouabi (le fils de Mama Mbwalé) qui y aurait trouvé la mort. Des coups d’État le pays en avait vu d’autres, dont celui qui porta Marien Ngouabi lui-même au pouvoir le 31 juillet 1968. Mais celui-ci avait quelque chose de particulier : le président installé depuis 9 ans aurait été sauvagement abattu à l’aide d’un marteau qui lui aurait fracassé la mâchoire. En plus, le crime n'est pas revendiqué, et les auteurs ne s'installent pas au pouvoir qui restera vacant plus de deux semaines!
Très vite écartée la piste zaïroise, les médias officielles vont vers 18h dégoupiller les meilleurs refrains empruntés au grand frère soviétique : « Des réactionnaires capitalistes, valets locaux de l’impérialisme occidental, et jaloux du succès de la révolution marxiste congolaise viennent de perturber le sens de l’histoire en assassinant le camarade Marien Ngouabi ».
Qui sont donc ces « ennemis du peuple » ? Des noms circulent d’ores et déjà et des arrestations s'ensuivent. Le prédécesseur du président assassiné, l’ancien président Alphonse Massamba Débat dont la rumeur disait que Ngouabi voulait lui rétrocéder le trône est abattu le 25 Mars 1977 par une charge d’obus tirée à bout portant. Aucun morceau de son corps ne fut retrouvé.
Le Cardinal Emile Biayenda, une des dernières personnalités reçues par Marien Ngouabi la veille de son assassinat, est à cette date déjà passé aux armes au petit matin du 22 Mars 1977, sous les mains d’un commando jamais identifié formellement. Deux meurtres parmi d’autres dans cette période trouble, qui ne donneront lieu ni à enquête, ni à procès.
Mais qui donc a assassiné Marien Ngouabi ?
Le ministre de la défense de l’époque, Denis Sassou Nguesso le sait, si ce n’est pas lui-même. En tout cas, c’est lui qui gouvernera provisoirement le pays entre le 18 mars et le 3 Avril lorsqu’un semblant d’institution (Le CMP, comité militaire du parti) reprendra officiellement les rennes du pays, Sassou s y retrouvant vice-président. C’est lui qui mène donc les enquêtes entre ces deux dates, où ses services vont se livrer à une élimination systématique de tous les suspects quelque soit leur rang et de tous les témoins potentiels.
Lors du procès Marien Ngouabi qui eût lieu en 1978, le principal témoin de l’instruction sera le fils même de Ngouabi, âgé de 13 ans à l’époque des faits qui raconta comment les assaillants pénétrèrent le palais armes aux points, la fuite de la garde, son père se défendant tout seul avec son pistolet en criant « A la garde, on m’attaque ! »… Un récit qui donnera la fameuse phrase « Tomber vaillamment l’arme à la main, comme l’immortel Marien Ngouabi ». (Aujourd’hui cette expression s’utilise pour les bons vivants qui meurent du sida, sans jamais avoir abandonné le groove. On dit aussi « il est touché » quand un viveur est atteint du sida; ou, il est « mort au combat! ».) C’est encore ce fils qui emmena son père à l’hôpital alors qu’il baignait dans une marre de sang, mais, selon lui, il était encore vivant, balbutiant même à l’entrée de l’hôpital militaire, le nom de son assassin : « Onsou ».
Ce qui ne manqua pas bien sûr d'alimenté l'idée qu'un médecin de la "mauvaise ethnie" l'acheva en douceur sur le lit d'hopital...
Du témoignage de Marien Ngouabi junior seront inculpés 11 individus, jugés, et tous condamnés à mort puis exécutés. Mais le peuple s’est toujours douté que les vrais assassins couraient toujours, voir se tenaient à la place des accusateurs.
1991 c’est la démocratie. A la conférence nationale qui se transforme en tribunal de l’histoire politique, la thèse d’un Marien Ngouabi mort au palais et de surcroît l’arme à la main est sérieusement remise en doute par nombre de témoignages. Le médecin qui a reçu le corps de l’illustre à l’hôpital affirme que le mec est arrivé avec la carotide tranchée et que donc, il est mort sur le coup et sur place, là où même la carotide lui a été tranchée. Impossible donc qu’il susurra le nom de son assassin sur le palier de l’hôpital. L'hypothèse de l'entrée d'assaillants dans le palais présidentiel fut elle aussi sèchement écartée car de tout évidence, Marien n'était pas au palais à 14h30 et cela n'état pas difficile à savoir...
Le fils aurait-il donc menti sur la mort de son père ? C’est évident! Agé de près de 30 ans, 14 ans après les faits, Marien Ngouabi Junior devenu le symbole du fils indigne, se donnera la mort en se tirant une balle dans la tête.
Bien. Mais cela ne nous dit toujours pas qui a tué Marien Ngouabi ce 18 Mars 1977. En tout cas ce n’est pas son successeur, le général Jacques Joachim Yhombi Opango. C’était un officier sans écurie dans l’armée, et il se trouvait au moment des faits et ce depuis des semaines, dans son villages à plus de 500 km au nord de Brazzaville. Il fut par ailleurs posté par ses pairs comme chef de l’Etat parce qu’étant l’officier le plus gradé de l’ethnie de Ngouabi il représentait la continuité, en sachant bien qu’il n’avait aucun charisme et serait manipulable. Les congolais ne l’ont jamais accusé de ce meurtre. Mais on l'accuse plutot de ne pas avoir été regardant dans l'enquete, et surtout de n'avoir gracié aucun des 11 condamnés à mort.
Ce que l’on sait, c’est que Ngouabi n’est pas mort à 14h30 qui n’était que l’heure du « spectacle de feu d’artifice » à la présidence pour faire diversion; il est plus probable (selon de nombreux témoignages) qu’il soit mort en réalité deux heures plus tôt, dans un hôtel appelé le Mistral où il avait rendez-vous avec une de ses maîtresses (d'où l'expression mort au combat, quand on "creve de sexe"), une blanche, vers 12h30 ou 13h. La présence de Sassou Nguesso sur les lieux n’est pas attestée par tous les témoignages (un ancien ministre des finances affirmera que Sassou se trouvait aux W.C. quand il le téléphona pour lui annoncer la mort de Marien Ngouabi : « j’ai pleuré, il a pleuré, nous avons pleuré » dit-il avec fausse émotion et sans préciser s'il avait pleuré de joie ou de tristesse...), mais celles de Pierre Anga un des plus influents militaires de l’époque, et cousin de la victime, ainsi que Carlos, un garde du corps cubain prêté par l’ami communiste Fidèle Castro, ne semblent faire aucun doute. Un des deux a eût sa peau.
Si c’est Carlos, pour le compte de qui a t-il exécuté Marien ? Fidèle Castro son boss qui l’a convoqué immédiatement à la Havane après les faits, l’a fait… disparaître à son tour. Il est possible que Carlos travaillait pour Sassou. Mais dans ce cas, pourquoi avoir accepté de rentrer à uba sur convocation de Fidele Castro alors que le coup avait réussi et que Fidele était un proche frère communiste de Ngouabi? Pourquoi y avoir associé le capitaine Pierre Anga, ennemi juré d’El Sas (Sassou)? Sachant que par la suite, leur relations ne s’améliorant pas, Anga accusait régulièrement Sassou d’incompétence et d’agitation subversive? Sassou réussira d’ailleurs à faire exclure Anga du CMP, puis, quand il parvint au pouvoir en 1979, il radia Anga de l’armée le pourchassa au point de le forcer à se réduire en rébellion. (Il fut arrêté en 1988 grâce à l’armée du gendre gabonais, exécuté, son corps fut exposé au village de Sassou où tous les habitants étaient invités à cracher dessus. Son corps fut ensuite jeté aux bêtes sauvages après l’avoir émasculé. On raconte que Sassou se sert de ces parties génitales d’Anga comme porte-clé… Il faut aussi préciser qu’on accuse Anga de l’avoir cocufié).
Une dernière rumeur circulant ici et là tente d’accréditer l’idée que c’est Anga qui l’égorgea dans un accès de colère au cours d’une dispute violente au Mistral, en présence de Sassou. Difficile à croire, parce que si c’était le cas, Sassou l’aurait immédiatement mis aux arrêts et aurait ensuite pris le pouvoir, évitant ainsi le risque des 2 ans de transitions de Yhombi. Si Anga avait pris le dessus sur Sassou, il les aurait tué tous les deux, parce que Anga détestait plus Sassou que Ngouabi, son propre cousin.
La France? A l’époque c’était pas à la mode d’accuser la France à tout bout de champ. Cette mode est né avec le renversement de Bokassa. Il fallait attendre SURVIE pour lui donner un nom.
Alors putain, qui a tué Marien Ngouabi ce 18 mars 1977?
29 ans après, le mystère demeure. _________________ Révélons de l'Afrique et des Noirs ce qu'ils ont de positif. Pour le reste, les impérialistes occidentaux et leurs valets aliénés ou consentants s'en chargent déjà.
L'Afrique, j'y crois!
Marvel
Je n'ai pas voulu citer tous ceux qui on perdu la vie dans cette histoire et dont l'innocence n'est même plus remise en doute même par ceux qui les ont zigouillé. Barthélémy Kikadidi est de ceux là. Mais aussi Ndoundi-Ganga, Samba dia Nkoumbi etc... Ils sont nombreux. _________________ Révélons de l'Afrique et des Noirs ce qu'ils ont de positif. Pour le reste, les impérialistes occidentaux et leurs valets aliénés ou consentants s'en chargent déjà.
L'Afrique, j'y crois!
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En définitive Sassou a un passé si opaque? Pourquoi il n'a jamais été jugé? même en qualité de témoin?
Deïdo.
Mon frère, qui va le juger? Quand? Comment? Même un mec comme ce sinistre Hissein HABRE qui pourtant a déserté le pouvoir de force depuis plus de 15 ans, NOUS n'arrivons pas à le juger.
@+, M82 _________________ Tambola na mokili, o mona mayandzi
En définitive Sassou a un passé si opaque? Pourquoi il n'a jamais été jugé? même en qualité de témoin?
Deïdo.
Mon frère, qui va le juger? Quand? Comment? Même un mec comme ce sinistre Hissein HABRE qui pourtant a déserté le pouvoir de force depuis plus de 15 ans, NOUS n'arrivons pas à le juger.
@+, M82
Sassou n'a pas pu être jugé parce que ses successeurs n'ont eu ni la volonté ni le courage de le faire, à cause des calculs politiciens. _________________ Révélons de l'Afrique et des Noirs ce qu'ils ont de positif. Pour le reste, les impérialistes occidentaux et leurs valets aliénés ou consentants s'en chargent déjà.
L'Afrique, j'y crois!
Marvel
Il n'y a pas que cela. Parmi les successeurs de SASSOU-NGUESSO, certains n'avaient pas intérêt à le juger. Comme je l'ai entendu chez mes frères Maliens récemment, "le poisson ne va pas voter un budget pour les hameçons".
@+, M82 _________________ Tambola na mokili, o mona mayandzi
A l’occasion du 29ème anniversaire de l’assassinat du Président Marien Ngouabi, nous projetions de rencontrer le colonel Roland Ngouabi, l’aîné de ses enfants survivants, pour qu’il nous parle de son père. La rencontre s’est faite quelques jours trop tard, il s’est cependant prêté au jeu des questions de Roger Tello, Daniel Lobé Diboto et Ya Sanza qui ont, comme vous l’allez lire, largement débordé l’ordre du jour.
Roger Tello : Qu’évoque pour vous la date du 18 mars 1977
Colonel Roland Ngouabi : C’est d’abord un événement douloureux et tragique pour moi parce que c’est la perte d’un père. Ça ne me rappelle rien de très bon si ce n’est les sirènes, le fait que mon défunt grand frère était venu en catastrophe dans une Peugeot 504 plein de sang puisqu’il conduisait déjà à 13 ans et demi, il est entré dans l’enceinte de l’Ecole des Cadets en pleurs au volant, il délirait un peu. Et aussitôt on nous a emmenés mon défunt grand frère et moi chez le colonel Odonko, à l’époque je crois que c’est à Poto Poto, nous avons passé toute la journée là-bas. Il y avait les coups de feu, le couvre-feu, la situation était un peu tendue, c’est surtout ça. En dehors des coups de feu, il y avait les gens qui couraient de gauche à droite, puisque l’école militaire n’est pas très loin de la Présidence c’est une distance de 500m à vol d’oiseau.
RT : Et à quel moment on vous à dit que le commandant Marien Ngouabi était décédé ?
R.NG : Le lendemain.
RT : Le lendemain samedi ?
R.NG : Oui puisqu’au départ on disait qu’il était blessé.
RT : Qui vous apporte la nouvelle, les parents ?
R.NG : Ce sont les parents qui étaient avec nous. Ils ont tout d’abord caché la nouvelle, mais je crois que mon grand frère puisqu’il avait soulevé le corps plus ou moins traumatisé, il savait ce qu’il en était étant donné qu’il l’avait emmené à l’hôpital.
RT : Le commandant Ngouabi en tant que président de la république était-il en tenue militaire ?
R.NG : Je n’étais pas présent, non je ne crois pas, c’est mon défunt grand frère qui était présent et qui avait suivi la bagarre à un rayon de 50 à 100m puisqu’il était à la balançoire, il observait de loin. Le temps qu’il aille prendre la garde, il y a eu des coups de feu.
RT : S’agit-il de votre frère Marien ?
R.NG : Oui mon aîné d’un an et demi.
RT : Et les autres frères cadets ?
R.NG : Ils étaient trop petits, je crois que celle qui me suit Dominique la fille elle devait avoir 4 ans.
RT : A ce moment là où se trouvait Madame Ngouabi ?
R.NG : Dans ses appartements au premier étage.
RT : On vous annonce la nouvelle un bon matin, la famille est sous le choc : les dispositions à prendre ?
R.NG : Nous avons été conduits chez le président du Comité Militaire du Parti (CMP), le Président Yombi puisqu’il avait le couvre feu.
RT : Mon Colonel, avec le temps on vous a explique le scénario est-ce que ça vous étonne parfois ?
R.NG : Soyez plus précis.
Ya Sanza : C’est-à-dire au fur et à mesure que vous avez eu 13,14,15 ans vous n’avez pas eu soif de connaître la vérité ?
R.NG : Nous nous en tenions à notre âge à la version officielle, car on a pas la maturité pour trouver quelque chose de flou à 12 ans.
Y.S : Colonel, aujourd’hui avec le recul du temps et le regard d’un adulte mettez-vous en question cette version officielle ?
R.NG : C’est-à-dire ?
Daniel Lobé Diboto : Est-ce que pour vous il y a un doute par rapport à la version officielle ou vous la tenez pour authentique ?
R.NG : Je ne peux pas vous répondre là-dessus. Pour moi j’analyse les procès qu’il y a eu et je fais ma synthèse, parce que vous savez ces histoires politiques sont compliquées.
RT : Qu’elle est votre synthèse ?
R.NG : Que voulez-vous dire ?
RT : Comment analysez-vous les vérités, contre vérités, et les révélations des journaux ? (DLD montre à Rolland Ngouabi le magazine Afrique Education N°167 du 01 au 15 nov. 2004, où en pages 22,23,24 est accréditée la thèse d’un assassinat fomenté par les membres les plus influents du PCT qui auraient redouté que Marien Ngouabi restitue le pouvoir à Alphonse Massamba Débat)
R.NG : Je ne peux pas vous répondre parce qu’il y a tellement de versions. Mais je n’étais pas au courant de celle que vous me présentez, (il lit quelques lignes) c’est la première fois que je la vois. Pourrais-je en avoir une photocopie ? (Il appelle un planton qui va photocopier l’article).
RT : Quelle est la version du Colonel Roland Ngouabi ?
R.NG : J’étais trop petit, et je n’ai jamais enquêté, d’ailleurs je ne suis pas habilité à le faire ; je ne vois pas comment je vais me mettre à mener une enquête.
RT : Etes-vous libre dans votre esprit, vous passez à gauche et à droite il y a l’Université Marien Ngouabi, le mausolée Marien Ngouabi, l’Avenue Marien Ngouabi, quel est votre sentiment lorsque vous entendez parler du nom de votre papa ?
R.NG : Personnellement je me dis que si sa mémoire perdure, ce n’est pas seulement au Congo, j’ai voyagé et j’ai rencontré beaucoup des gens importants même en France, je crois qu’à l’époque le dirigeant de la banque de France ou du Crédit Lyonnais qui m’avait beaucoup parlé de lui ; j’en étais surpris. Donc il a une auréole internationale du fait qu’il était un homme de dialogue, proche des populations, puis assez humble, désintéressé par l’enrichissement illicite. Je crois que ces valeurs là, ses qualités humaines qui ont fait que les gens puissent peréniser sa mémoire. Vous savez il y a aussi le contexte politique : l’héritage du PCT qui joue. En somme il y a donc beaucoup d’aspects positifs.
RT : Est-ce qu’aujourd’hui mon Colonel, vos relations avec les membres du PCT sont bonnes ?
R.NG : Vous savez du fait que je suis dans la force publique je n’ai pas un regard approfondi sur la question. J’observe de loin et mon opinion reste... Ce genre de question il faut les poser à mes frères qui font la politique et par conséquent sont membres du parti. Parce que naturellement tout officier ou homme de rang n’a pas vocation de faire la politique. Je peux donner un point de vue parce que c’est quand même le parti de mon défunt père.
RT : Est-ce que vous partez à Owando ?
R.NG : Assez souvent oui...
RT : A Ombélé ?
R.NG : Bien sûr.
RT : Vous parlez avec les parents ?
R.NG : Bien sûr nous sommes toujours liés. C’est un réflexe que nous avions avec mon défunt grand frère nous allions souvent au village.
Y.S : Cette année contrairement à l’euphorie d’antan la commémoration du décès de votre père se fait avec une certaine discrétion. On se rend compte qu’à Brazzaville le mausolée, où rappelons le, il n’est pas enterré, est envahi par les herbes, il n’y a plus de garde d’honneur et manifestement il y a une volonté de faire de Savorgnan de Brazza la figure de proue de l’histoire du Congo. Est-ce que vous pensez qu’on est entrain d’opérer une « démarienisation » du pays ? N’est pas une façon d’effacer la date du 18 Mars 1977 ?
R.NG : Je crois que vous m’emmenez là dans un chapitre historique. Parlant de monsieur Savorgnan de Brazza, c’est quand même un personnage assez aimé des populations d’Afrique centrale, ce n’était pas un conquérant mais plutôt un homme de dialogue, proche des populations, ce qui a suscité l’admiration des peuples à l’époque. Donc je ne pense pas qu’il faudrait faire l’amalgame entre le président Marien Ngouabi et l’histoire de la ville de Brazzaville je ne vais pas rentre dans ces détails là. J’ai plutôt le sentiment que c’est dans le domaine entre les pays.
Effectivement, vous avez raison, il y a comme une négligence au niveau de l’entretien du musée, et certains faits sont constatés. Mais je crois que c’est plus lié à la démocratisation du pays. A mon avis c’est la démocratie, le multipartisme, par conséquent il y a certains privilèges qui sont réduits parce que les chefs d’Etat... il n’y a pas que le président Marien Ngouabi. A mon avis il faut réhabiliter tous les autres chefs d’Etat.
Y.S : Je reviens sur l’idée que j’avais au départ : vos relations avec votre père. Je sais que c’est loin, vous étiez très jeune. Mais étiez-vous proche de lui ? Etait-il un homme qui s’occupait de ses enfants, qui arrivait à leur donner de son temps ? Comment était Marien Ngouabi à l’intérieur de la cellule familiale ?
R.NG : Malheureusement il était beaucoup pris par les affaires d’Etat, c’est normal. Je pense qu’après les heures de travail il était très proche de ses enfants, il était souvent en famille. Par ailleurs il était pris jusqu’à des heures tardives parfois jusqu’à 4 heures du matin. A l’époque vous savez qu’il y avait l’ardeur révolutionnaire qui est liée aux indépendances ça et là de certain pays africains. Vu cette ardeur socialiste, révolutionnaire qui s’explique par le mouvement de l’indépendance et ce genre de parti proche du système soviétique ou chinois il régnait un climat de congrès, sessions à répétition, c’était la grande bureaucratie si bien qu’on le voyait rarement. Cependant il était disponible aux heures de repas et les après-midi.
Y.S : Lorsqu’on parle de Marien Ngouabi en le comparant à d’autres Présidents, les congolais aiment bien dire qu’il était très simple, qu’il allait faire ses courses lui-même, il poussait son chariot, il faisait les files d’attente dans les super marchés, est-ce que à votre avis ça fait partie de la légende ou de la réalité du personnage ?
R.NG : Bien il n’y a pas de fumée sans feu, on le dit. Nous, ce que nous avons constaté c’est qu’il était désintéressé par le luxe, tout ce qui est lié à un certaine bourgeoisie et nous l’avons vécu à maintes reprises. Je me rappelle que quand Mohamed Ali a gagné son combat de boxe contre Georges Forman à Kinshasa, nous avons voulu faire une surprise pendant le banquet à la présidence. Le trio Magesi devait se produire à cette occasion. Nous avions acheté des équipements de boxe aux fins de simuler avec mon frère le combat Ali/Forman. Dès que papa a su que nous avions acheté les gants, shorts et bottes c’était tout un scandale, il nous a parlé comme si nous étions des grandes personnes : « Vous gaspillez l’argent dans les magasins pendant que le peuple a faim... »
RT : Il vous a dit ça ?
R.NG : Oui ! Nous avions quand même 11 ans et en tant que fils de président on ne peut pas s’acheter une paire de bottes, ça nous a marqué. Il tenait à ce qu’il n’y ait pas de gaspillage.
RT : Parlons de son patrimoine il n’a rien laissé, pas de chèque, pas de compte en banque ?
R.NG : Malheureusement il n’a rien laissé, rien du tout. C’est une grande famille il n’a rien laissé : ses comptes bancaires ne sont que légende. L’appartement qui est habité par ma mère à Strasbourg (France) a été offert par le président algérien Houari Boumediene, à l’époque ce n’est pas l’argent de l’Etat congolais, c’est un cadeau que le président Boumediene avait fait à ma mère parce que nous étions à l’hôtel lors du divorce en 1972. De ce côté-là il était intègre.
RT : Et la villa qui est juste à côté de l’ambassade américaine à Brazzaville ?
R.NG : Elle n’était pas encore payé lors de son décès sinon en partie et le solde a été réglé par le président du CMP, Joachim Yombi Opango.
Y.S : Comment la famille à-t-elle survécu puisqu’elle n’avait rien ?
R.NG : Mais... je ne comprends pas très bien la question.
RT : On comptait plus par exemple sur l’avocat Okoko, le Colonel Odonko, les parents, le Colonel Yabo, comment l’on vous aidait pour subvenir à vos besoins ?
R.NG : Nous étions plus ou moins gérés par la présidence.
Y.S : Une pension ?
R.NG : Le minimum pour vivre et un dispositif de personnel minimum, par exemple un cuisinier...il n’y avait pas de problème.
RT : En face (commissariat centrale et bureaux du colonel Roland Ngouabi), au bord de la mer le commandant Marien Ngouabi avait laissé un immeuble dit-on.
R.NG : Je ne sais pas si c’est dans le cas de la rumeur je n’ai pas d’éléments palpables. J’étais trop jeune 11-12 ans je ne pouvais pas maîtriser ce genre de situation.
RT : A Owando, par exemple à Ombélé j’ai visité la maison laissée par le président Ngouabi, est-ce votre patrimoine ou celui des parents ?
R.NG : Non c’est notre patrimoine, qui était géré par la défunte grand-mère. Actuellement nous avons des cousins qui sont là-bas pour assurer le minimum.
RT : Au centre-ville à Brazzaville,vers le marché il y a un bâtiment laissé par papa.
R.NG : Là il se pose un petit contentieux de famille puisqu’il n’a pas laissé de testament. En tant qu’aîné je m’oblige de réunir mes frères et sœurs aux fins de trouver une solution, puisque nous sommes quand même 10, nous étions 11 moins le défunt.
RT : Quand vous êtes devant les proches de papa, par exemple le professeur Anaclet Thiomambé, Henri Okongo, est-ce que vous parlez très bien ?
R.NG : Oui, ce sont des rapports pour le moins suggestifs : bonjour papa, au revoir papa, ça s’arrête là. C’est un contact physique de quelques heures, je sais que nous sommes des proches mais il n’y a pas de vraie fréquentation, on peut passer des mois et des mois.
RT : Dominique Ngouabi, est souvent à Pointe-Noire, vous consultez-vous afin de couvrir quelques problèmes de famille ?
R.NG : C’est bien que vous en parliez, parce que c’est lui qui émerge avec ma sœur cadette Dominique la fille, ils sont plus ou moins dans les affaires et effectivement il donne un coup de pousse ça et là dans la famille. Il est quand même un peu entreprenant en Angola, au Centrafrique et en France, il bouge beaucoup.
RT : Mon Colonel, savez-vous que votre nom Ngouabi est un passeport et que vous pouvez résoudre de grands problèmes ?
R.NG : Bien entendu, même à l’étranger je ne peux pas rentrer dans les détails.
RT : Quand vous êtes à Pointe-Noire ou à Brazzaville, le regard du peuple vous le sentez réceptif parce qu’il y a Ngouabi fils qui passe ?
R.NG : Tout à fait je l’ai vécu plusieurs fois, mais ça s’explique du fait que le président n’a pas laissé des traces négatives sur son passage au pouvoir même si il a eu des problèmes avec certains opposants, ils sont tous en vie, c’est la preuve palpable. Voilà pourquoi quand j’ai travaillé à Mpaka en qualité de chef d’Espoir en 2004, voici une anecdote : il y avait un monsieur avec sa famille à l’église, comme les gens aiment raconter n’importe quoi, il montre le conteneur, et il dit que c’est là que le commandant Ngouabi met les cadavres. Malheureusement, il y avait un policier en civil qui l’a fait descendre avec sa famille et l’a emmener à l’intérieur, il l’ouvrit le conteneur, « Monsieur vous parlez de cadavres, ici ce sont les outils de SOCOFRAN. » Quand je suis arrivé sur les lieux la question que j’ai posé à ce monsieur était la suivante : « Est-ce que du vivant de mon père il faisait couler du sang ? Pourquoi voulez-vous aujourd’hui que je le fasse ? Mon père n’étant pas sanguinaire pourquoi voulez-vous que je le sois ? ».
YS : J’aimerais vous reposer la question d’une manière plus abrupte, tirez-vous avantage de votre nom ?
R.NG : Dire la contraire ça serait mentir, qu’on le veuille ou non, quand on est fils de... automatiquement vous tirez des avantages. Ce serait malhonnête de dire le contraire.
RT : Vous balayez d’un revers de la main tout ce qui est rumeur à Pointe-Noire, que le colonel Ngouabi à fait X ou Y ?
R.NG : C’était déjà démontré sur la chaîne de télévision TPT (Télévision Pour Tous) j’avais prouvé que c’était des rumeurs... Soyez direct vous voulez parler de quel problème ?
RT : Le Colonel Ngouabi a tapé X, il a violé Y et ainsi de suite.
R.NG : Oui, voilà... ça tombe bien ; je me suis rencontré avec des gens qui parlent de moi, sans savoir que c’est moi plusieurs fois.
RT : Malgré la popularité ils ne vous reconnaissent pas ?
R.NG : Ils me disent, « Oui il était là, il a fait ci, dis donc, il a fait ça ! ». Voyez-vous dans les pays assez sous développés les gens vivent beaucoup de rumeurs et de légendes, ils racontent n’importe quoi. L’histoire de Mpaka relative au viol, s’agissant de mademoiselle Laetitia Mavoungou, c’est une amie qui vit depuis deux ans avec moi. Elle vivait avec moi à la Résidence Pemba, elle n’a pas eu seulement le courage de dire la vérité à ses parents. Je l’ai prouvé après, en dépit du fait que les chefs étaient contre moi. J’ai demandé aux inspecteurs de vérifier à la Résidence Pemba en présence de la fille. C’est vérifié en une heure. Oh ! non, non ! C’est parce qu’il y avait un lobby des chefs qui vivait dans cette rumeur, et un peu de jalousie. Ça a été démontré, vu que la rumeur avait circulé, j’ai été démis de mes fonctions ensuite remis dans mes fonctions. Et justement je vais vous expliquer quelque chose : dans la police, nous avons un système de prévention, mais dès lors que nous sommes face à la délinquance criminelle, nous avons des méthodes coercitives. Nous n’allons pas traiter un avocat ou un citoyen paisible comme un criminel de sang ou comme un violeur. A ce moment nous utilisons les moyens plus ou moins coercitifs. En fait c’est la politique du bâton, c’est contre les gens qui méritent ce traitement. C’est en ce moment que les gens font l’amalgame et disent que je suis violent. Nous sommes en face des gens qui ne comprennent que le langage de la force.
RT : Les jeunes surnommés "chégués" au rayon du grand marché vous admirent et vous prennent pour leur avocat, à quoi est due cette admiration ?
R.NG : Elle est due au règlement de certains problèmes sociaux, l’homme est souvent biface, il y a un côté qui critique autrui et l’autre qui l’admire. L’homme prend plaisir à salir l’autre, et c’est mon cas ; comme si ces gens médisant sur moi avaient un objectif précis. Ils parlent de moi en mal, tenez j’ai à Brazzaville une association Des Mères Sinistrées où j’essaie d’aider avec le peu de moyens que j’ai les mamans démunies. Suis-je si méchant que ça comme aiment le dire certains congolais ?
RT : Mon Colonel à l’époque vous étiez parachutiste et aujourd’hui vous voilà dans la police, qu’est-ce qui vous a poussé à changer de corps ?
R.NG : Non, je ne peux pas répondre, j’ai des raisons personnelles.
RT : Bon sportif également, cultivez-vous toujours cet esprit de tranquillité ?
R.NG : Honnêtement je ne pratique plus le sport, mais je vais m’y réatteler parce que étant un grand sportif, dès que vous arrêtez, vous sentez de petites fièvres, etc. Je vais reprendre le sport et même de part mes fonctions, je suis obligé. Quand je dis que j’ai laissé le sport, c’est le sport intensif parce que je m’entraîne quatre heures par jour. Ça ne veut pas dire que j’ai tout arrêté.
DLD : Vous convenez que votre nom est un passeport. Vous sentez-vous interpellé par le devoir un jour d’assurer de hautes fonctions politiques dans ce pays ?
R.NG : Des postes de responsabilité, nous en avons tous à tous les niveaux. Prenez un directeur d cabinet, un ministre, un chef de service, tout le monde a une part à faire pour l’émancipation de la Nation. Donc toute personne est apte à apporter sa pierre dans l’édification de la Nation. Mais dire que je suis voué à telle ou telle fonction, non !
RT : Ça veut dire que vous êtes libre de travailler là où l’on vous envoie ?
R.NG : Là où je me sens apte de part ma formation professionnelle. Mais je vous ai dit que je ne fais pas de politique. Je ne me vois pas être leader quelque part.
RT : Vous est-il arrivé de recevoir des propositions pour que vous occupiez un poste politique ? Par exemple, quel poste ?
R.NG : Bien sûr, il y a beaucoup de dirigeants du PCT qui m’ont proposé de me placer dans la politique, mais c’est incompatible avec mes fonctions dans la force publique.
YS : vous n’avez jamais été tenté d’abandonner vos fonctions ?
R.NG : Bien sûr, j’ai déjà été tenté de changer de carrière, mais c’est difficile d’aller faire de la politique. Les meetings supposent que j’abandonne la force publique, or, je me sens bien où je suis. Je ne vois pas ce schéma.
YS : vous êtes au Corps Urbain, comment expliquez vous la présence d’un tel arsenal dans votre bureau ? (2 fusils à pompe, un PMAK, un lance grenades très visibles dans un ratelier)
R.NG : Oui, c’est parce que je suis le second du commandant du Corps Urbain, le colonel Iloko Urbain. Je suis donc chef d’état-major. Je m’occupe des unités spécialisées de la police : la Brigade Anti Criminalité (BAC), la Compagnie d’Intervention (CI), la Compagnie de Circulation Routière (CCR) et la compagnie de proximité et d’îlotage. Si vous êtes surpris par cet arsenal, c’est parce que nous sommes dans un pays en post conflit. Nous pouvons avoir à faire à des bandits armés d’armes de guerre, ce qui n’est pas le cas dans certains pays où il y a la sécurité publique. Voilà pourquoi vous voyez cet armement un peu sophistiqué. C’est parce qu’on peut intervenir dans des endroits où il y a des bandits armés, des militaires délinquants et autres malfrats.
RT : Avez-vous de bons rapports avec ceux qui ont succédé à papa : Joachin Yombi, André Milongo à la transition, Denis Sassou Ngesso, Pascal Lissouba, Mr Kombo ?
R.NG : Bien, je commence par le Président Yombi, que j’appelle papa, j’ai grandi aussi auprès du Président Sassou qui est mon père adoptif. Nous avons de très bons rapports. Le Président Milongo, bien sûr, je l’ai vu à plusieurs reprises, il me reçoit cordialement. Nous n’avons pas de problème. Vous savez que Mr Kombo est resté longtemps à Owando. Nos rapports sont directs et francs. Bon, le Président Lissouba, je n’ai pas eu trop de relations avec lui peut être parce que j’étais à l’époque à Pointe-Noire, je pense que mon jeune frère le connaît mieux que moi.
RT : Etes vous populaire ?
R.NG : Je ne sais pas, je n’ai jamais fait de sondage.
YS : Merci colonel de nous avoir accordé autant de votre temps.
R.NG : Merci à vous, mais vous aviez des questions piège.
Roland Ngouabi _________________ La véritable désaliénation du Noir implique une prise de conscience abrupte des réalités économiques et sociales. F. Fanon
L'ignorance est un danger que tout homme doit éviter. S. NKOUA
Merci à vous, mais vous aviez des questions piège.
Oh ca oui. Alors on refait l'interview pour la compréhension générale?
Nkossi a écrit:
Citation:
A l’occasion du 29ème anniversaire de l’assassinat du Président Marien Ngouabi, nous projetions de rencontrer le colonel Roland Ngouabi, l’aîné de ses enfants survivants, pour qu’il nous parle de son père. La rencontre s’est faite quelques jours trop tard, il s’est cependant prêté au jeu des questions de Roger Tello, Daniel Lobé Diboto et Ya Sanza qui ont, comme vous l’allez lire, largement débordé l’ordre du jour.
Roger Tello : Qu’évoque pour vous la date du 18 mars 1977
Colonel Roland Ngouabi : C’est d’abord un événement douloureux et tragique pour moi parce que c’est la perte d’un père. Ça ne me rappelle rien de très bon si ce n’est les sirènes, le fait que mon défunt grand frère était venu en catastrophe dans une Peugeot 504 plein de sang puisqu’il conduisait déjà à 13 ans et demi, il est entré dans l’enceinte de l’Ecole des Cadets en pleurs au volant, il délirait un peu. Et aussitôt on nous a emmenés mon défunt grand frère et moi chez le colonel Odonko, à l’époque je crois que c’est à Poto Poto, nous avons passé toute la journée là-bas.
Selon les témoignages, c'est lors de ce séjour que la version fallacieuse d'un Marien mort l'arme à la main aurait vu le jour et aurait été inculquée aux jeunes, et surtout à Marien Jr qui tiendra cette version en témoignage sous serment, coutant la vie de nombreux innocents. Le détail du domicile du colonel Ondoko (Poto-poto ou pas) aura parait-il une importance capitale sur sa culpabilité ou disons, sa participation à fabriquer une version détournée de la mort du "fils de mama Mbualé", le camarade Marien Ngouabi.
Citation:
RT : Le commandant Ngouabi en tant que président de la république était-il en tenue militaire ?
La question qui tue. En effet, ce fut cela le témoignage de Marien Junior, et de nombreux officiers. Mais les médecins qui reçurent le corps affirmèrent qu'ils portait un abacost (costume congolais du cadre), beige, et miraculeusement propre alors que le corps de Marien était blessé. Qui l'avait changé (et lavé! selon le médecin légiste le Pr Ngalibali, plus que formel), pourquoi, à quel moment?
Citation:
R.NG : Je n’étais pas présent, non je ne crois pas, c’est mon défunt grand frère qui était présent et qui avait suivi la bagarre à un rayon de 50 à 100m puisqu’il était à la balançoire, il observait de loin. Le temps qu’il aille prendre la garde, il y a eu des coups de feu.
Roland a bien raison de 'décharger la responsabilité de ce témoignage à son défunt frère...
Citation:
RT : S’agit-il de votre frère Marien ?
R.NG : Oui mon aîné d’un an et demi.
RT : Et les autres frères cadets ?
R.NG : Ils étaient trop petits, je crois que celle qui me suit Dominique la fille elle devait avoir 4 ans.
RT : A ce moment là où se trouvait Madame Ngouabi ?
R.NG : Dans ses appartements au premier étage.
Mais son témoignage n'a jamais été enregistré. Serait-ce parce qu'elle était de l'ethnie "politiquement opposée", celle sur qui on déchargera le crime? Il faut aussi comprendre que madame Ngouabi dont il est ici question n'est pas la mère de Marien et Roland qui sont mulatres, mais la seconde épouse que Ngouabi a prise dans le groupe ethnique opposé au sien, lorsqu'il est devenu président. Comme un monarque épouse les femme de chaque région pour faire l'unité nationale. A chacun de juger le geste.
Citation:
RT : On vous annonce la nouvelle un bon matin, la famille est sous le choc : les dispositions à prendre ?
R.NG : Nous avons été conduits chez le président du Comité Militaire du Parti (CMP), le Président Yombi puisqu’il avait le couvre feu.
Pourquoi chez le général Yhombi, qui deux semaines plus tard succédera à Ngouabi, littéralement poussé par Sassou? Ce n'est pas un parent direct à eux, bien qu'ils viennent de la même ethnie. Il semble que ces actes étaient censés préparer l'idée que la stabilité du régime est maintenue car on reste dans la meme famille quitte à forcer la famille. Yhombi s'est fait avoir comme un enfant.
Citation:
RT : Mon Colonel, avec le temps on vous a explique le scénario est-ce que ça vous étonne parfois ?
R.NG : Soyez plus précis.
Ya Sanza : C’est-à-dire au fur et à mesure que vous avez eu 13,14,15 ans vous n’avez pas eu soif de connaître la vérité ?
R.NG : Nous nous en tenions à notre âge à la version officielle, car on a pas la maturité pour trouver quelque chose de flou à 12 ans.
Y.S : Colonel, aujourd’hui avec le recul du temps et le regard d’un adulte mettez-vous en question cette version officielle ?
R.NG : C’est-à-dire ?
Daniel Lobé Diboto : Est-ce que pour vous il y a un doute par rapport à la version officielle ou vous la tenez pour authentique ?
R.NG : Je ne peux pas vous répondre là-dessus. Pour moi j’analyse les procès qu’il y a eu et je fais ma synthèse, parce que vous savez ces histoires politiques sont compliquées.
RT : Qu’elle est votre synthèse ?
R.NG : Que voulez-vous dire ?
J'ai du mal à comprendre que 29 ans après la mort de Marien, les langues ont encore du mal à se délier. Même son fils refuse catégoriquement de faire appel à sa raison et d'exposer son doute. Serait-ce parce que les commanditaires tiendraient toujours les rennes du pays?
Citation:
RT : Comment analysez-vous les vérités, contre vérités, et les révélations des journaux ? (DLD montre à Rolland Ngouabi le magazine Afrique Education N°167 du 01 au 15 nov. 2004, où en pages 22,23,24 est accréditée la thèse d’un assassinat fomenté par les membres les plus influents du PCT qui auraient redouté que Marien Ngouabi restitue le pouvoir à Alphonse Massamba Débat)
R.NG : Je ne peux pas vous répondre parce qu’il y a tellement de versions. Mais je n’étais pas au courant de celle que vous me présentez, (il lit quelques lignes) c’est la première fois que je la vois. Pourrais-je en avoir une photocopie ? (Il appelle un planton qui va photocopier l’article).
Enfin, Roland ne nous prend pas pour des imbéciles. La thèse de la remise du pouvoir à Massamba Débat est la plus commentée depuis 29 ans. Elle est peut-être fausse, mais j'ai du mal à croire qu'un congolais, surtout dans sa position n'en est pas entendu parler. Marien qui était littéralement tombé amoureux de la physique des quantas, avait repris ses études alors que président et s'en passionnait. C'était connu de tous. Il se désinteressait de la politique et montrait des signes de fléchissement dans la rigueur marxiste. Parce que franchement, le bilan de Marien dans le fond est assez chaotique. Et comme tous les populistes qui savent que les résultats ne suivent pas, il s'est mis à glisser peu à peu vers le culte de la personnalité pour enjoliver la réalité. Mais honnête étaot-il certainement dans le fond, on lui prétait l'intention de rendre le baton de chef à son prédécesseur, Alphonse Massamba Débat. Un communiste mais civil, réputé excellent gestionnaire (le congo lui doit 9/10sième de ses usines), mais particulièrement violent.
Citation:
RT : Quelle est la version du Colonel Roland Ngouabi ?
R.NG : J’étais trop petit, et je n’ai jamais enquêté, d’ailleurs je ne suis pas habilité à le faire ; je ne vois pas comment je vais me mettre à mener une enquête.
Mouais... 29 ans plus tard
Citation:
RT : Est-ce qu’aujourd’hui mon Colonel, vos relations avec les membres du PCT sont bonnes ?
R.NG : Vous savez du fait que je suis dans la force publique je n’ai pas un regard approfondi sur la question. J’observe de loin et mon opinion reste... Ce genre de question il faut les poser à mes frères qui font la politique et par conséquent sont membres du parti. Parce que naturellement tout officier ou homme de rang n’a pas vocation de faire la politique. Je peux donner un point de vue parce que c’est quand même le parti de mon défunt père.
Bien parlé.
Citation:
RT : Est-ce que vous partez à Owando ?
R.NG : Assez souvent oui...
RT : A Ombélé ?
R.NG : Bien sûr.
RT : Vous parlez avec les parents ?
R.NG : Bien sûr nous sommes toujours liés. C’est un réflexe que nous avions avec mon défunt grand frère nous allions souvent au village.
La question cachée ici est : "avez vous la côte au village de Papa, parmi les anciens? ne vous prennent-ils pas pour des traitre au coin, qui ont accompagnéss ceux qui ont tué le fils de mama Mbualé, votre propre père". Alors répond répond que non, leur rapport sont familiales, et que c'était ainsi même du vivant de Marien jr, le plus soupçonné de trahison. Puis la questionq ui suit n'est pas anodine non plus:
Citation:
Y.S : Cette année contrairement à l’euphorie d’antan la commémoration du décès de votre père se fait avec une certaine discrétion. On se rend compte qu’à Brazzaville le mausolée, où rappelons le, il n’est pas enterré, est envahi par les herbes, il n’y a plus de garde d’honneur et manifestement il y a une volonté de faire de Savorgnan de Brazza la figure de proue de l’histoire du Congo. Est-ce que vous pensez qu’on est entrain d’opérer une « démarienisation » du pays ? N’est pas une façon d’effacer la date du 18 Mars 1977 ?
Moi j'entendrai plutôt par, est-ce que si Owando s'en fiche un peu de vous, ce n'est pas parce que Ngouabi est passé de mode?
Citation:
R.NG : Je crois que vous m’emmenez là dans un chapitre historique. Parlant de monsieur Savorgnan de Brazza, c’est quand même un personnage assez aimé des populations d’Afrique centrale, ce n’était pas un conquérant mais plutôt un homme de dialogue, proche des populations, ce qui a suscité l’admiration des peuples à l’époque. Donc je ne pense pas qu’il faudrait faire l’amalgame entre le président Marien Ngouabi et l’histoire de la ville de Brazzaville je ne vais pas rentre dans ces détails là. J’ai plutôt le sentiment que c’est dans le domaine entre les pays.
Echappatoire.
Citation:
Effectivement, vous avez raison, il y a comme une négligence au niveau de l’entretien du musée, et certains faits sont constatés. Mais je crois que c’est plus lié à la démocratisation du pays. A mon avis c’est la démocratie, le multipartisme, par conséquent il y a certains privilèges qui sont réduits parce que les chefs d’Etat... il n’y a pas que le président Marien Ngouabi. A mon avis il faut réhabiliter tous les autres chefs d’Etat.
Pour un soldat qui n'avait pas d'opinion politique... En tout cas il est loin d'être kamite lui!
Citation:
Y.S : Lorsqu’on parle de Marien Ngouabi en le comparant à d’autres Présidents, les congolais aiment bien dire qu’il était très simple, qu’il allait faire ses courses lui-même, il poussait son chariot, il faisait les files d’attente dans les super marchés, est-ce que à votre avis ça fait partie de la légende ou de la réalité du personnage ?
R.NG : Bien il n’y a pas de fumée sans feu, on le dit. Nous, ce que nous avons constaté c’est qu’il était désintéressé par le luxe, tout ce qui est lié à un certaine bourgeoisie et nous l’avons vécu à maintes reprises. Je me rappelle que quand Mohamed Ali a gagné son combat de boxe contre Georges Forman à Kinshasa, nous avons voulu faire une surprise pendant le banquet à la présidence. Le trio Magesi devait se produire à cette occasion. Nous avions acheté des équipements de boxe aux fins de simuler avec mon frère le combat Ali/Forman. Dès que papa a su que nous avions acheté les gants, shorts et bottes c’était tout un scandale, il nous a parlé comme si nous étions des grandes personnes : « Vous gaspillez l’argent dans les magasins pendant que le peuple a faim... »
Franklin Boukaka vous connaissez? je vous le ferai connaitre dans le sujet sur la musique congolaise. Malheureusement j'ai encore du mal à régler le problème des droits d'auteurs si j'osais mettre en ligne une radio. Mais ca viendra... Alors Boukaka était un jeune musicien congolais qui chantait ce qui s'appelait alors de la musique révolutionnaire. On dira sur grioo "un conscient". Sa musique était aussi très belle. Il a chanté en 1972 une chanson où il dénonçait le pillage des caisses par Ngouabi et sa bande. Marien avait comme signe distinctif d'avoir les lèvres particulièrement épaisse. Et dans sa chanson, Boukaka disait "regardez la bouche qui mange de la viande, elle est reconnaissable, pendant que vous les autres sont aux légumes tout le temps". Un matin de 1972 il fut enlevé avec certains de ses amis qui étaient réellement des activistes politiques, parfois membre du parti unique, celui de Ngouabi, et fut sauvagement assassiné. Ses chansons furent interdites depuis lors, jusqu'à la conférence nationale.
Alors que Ngouabi ne veuille pas faire de vague en 1974 après "le combat du siècle" en voyant ses gosses claquer des sous, moi je comprends.
Mais c'est inutile de le cacher maintenant. On sait depuis la publication des mémoires de Foccart que Ngouabi detournait des sous que lui apportait Foccart lui-même... Il ne lit pas beaucoup notre colonel...
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RT : Il vous a dit ça ?
R.NG : Oui ! Nous avions quand même 11 ans et en tant que fils de président on ne peut pas s’acheter une paire de bottes, ça nous a marqué. Il tenait à ce qu’il n’y ait pas de gaspillage.
Vous retrouvez un morceau de Boukaka dans l'intro de l'Album de Biso na Biso (Passi, Mystik, Ben J et les autres, 1998).
Citation:
RT : Parlons de son patrimoine il n’a rien laissé, pas de chèque, pas de compte en banque ?
R.NG : Malheureusement il n’a rien laissé, rien du tout. C’est une grande famille il n’a rien laissé : ses comptes bancaires ne sont que légende. L’appartement qui est habité par ma mère à Strasbourg (France) a été offert par le président algérien Houari Boumediene, à l’époque ce n’est pas l’argent de l’Etat congolais, c’est un cadeau que le président Boumediene avait fait à ma mère parce que nous étions à l’hôtel lors du divorce en 1972. De ce côté-là il était intègre.
Foccart explique bien l'implication de Boumedienne dans cette affaire: un prête nom, selon le conseiller du président français. Qui croire?
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RT : Et la villa qui est juste à côté de l’ambassade américaine à Brazzaville ?
R.NG : Elle n’était pas encore payé lors de son décès sinon en partie et le solde a été réglé par le président du CMP, Joachim Yombi Opango.
Président du CMP, je vous le rappelle, signifiait à l'époque 'président de la république. Avec quels deniers?
Citation:
Y.S : Comment la famille à-t-elle survécu puisqu’elle n’avait rien ?
R.NG : Mais... je ne comprends pas très bien la question.
Vous pouvez répétez? c'est quoi survivre?
Citation:
RT : On comptait plus par exemple sur l’avocat Okoko, le Colonel Odonko, les parents, le Colonel Yabo, comment l’on vous aidait pour subvenir à vos besoins ?
R.NG : Nous étions plus ou moins gérés par la présidence.
C'est à dire Yhombi d'abord, puis Sassou largement. Ouf, on y arrive! Il m'a l'air sincère ce garçon.
Citation:
Y.S : Une pension ?
R.NG : Le minimum pour vivre et un dispositif de personnel minimum, par exemple un cuisinier...il n’y avait pas de problème.
Oh non aucun! Juste que le minimum est une notion très relative...
Citation:
RT : En face (commissariat centrale et bureaux du colonel Roland Ngouabi), au bord de la mer le commandant Marien Ngouabi avait laissé un immeuble dit-on.
R.NG : Je ne sais pas si c’est dans le cas de la rumeur je n’ai pas d’éléments palpables. J’étais trop jeune 11-12 ans je ne pouvais pas maîtriser ce genre de situation.
RT : A Owando, par exemple à Ombélé j’ai visité la maison laissée par le président Ngouabi, est-ce votre patrimoine ou celui des parents ?
R.NG : Non c’est notre patrimoine, qui était géré par la défunte grand-mère. Actuellement nous avons des cousins qui sont là-bas pour assurer le minimum.
Bon alors, il avait des biens ou pas?
Citation:
RT : Au centre-ville à Brazzaville,vers le marché il y a un bâtiment laissé par papa.
R.NG : Là il se pose un petit contentieux de famille puisqu’il n’a pas laissé de testament. En tant qu’aîné je m’oblige de réunir mes frères et sœurs aux fins de trouver une solution, puisque nous sommes quand même 10, nous étions 11 moins le défunt.
Ca c'est une interview à reprendre. Grace aux questions pièges la langue se délie...
Citation:
RT : Quand vous êtes devant les proches de papa, par exemple le professeur Anaclet Thiomambé, Henri Okongo, est-ce que vous parlez très bien ?
R.NG : Oui, ce sont des rapports pour le moins suggestifs : bonjour papa, au revoir papa, ça s’arrête là. C’est un contact physique de quelques heures, je sais que nous sommes des proches mais il n’y a pas de vraie fréquentation, on peut passer des mois et des mois.
excusez moi mais Okongo ne s'appele t-il pas Nicolas? Et Thiomambé, c'est Tsomambé. Plus haut j'ai vu Yabo, c'est EYABO et j'ai aussi lu Odonko, c'est Ondoko. Mince, ils pourraient faire attention quand même ce sont les acteurs principaux de l'histoire du Congo! Qui osera écrire Napaléon, ou De Galle?
Citation:
RT : Dominique Ngouabi, est souvent à Pointe-Noire, vous consultez-vous afin de couvrir quelques problèmes de famille ?
R.NG : C’est bien que vous en parliez, parce que c’est lui qui émerge avec ma sœur cadette Dominique la fille, ils sont plus ou moins dans les affaires et effectivement il donne un coup de pousse ça et là dans la famille. Il est quand même un peu entreprenant en Angola, au Centrafrique et en France, il bouge beaucoup.
Dominique dans les affaires? Bon. Soit. Sans être mauvaise langue, j'avais lu dans Jeune Afrique qu'il était conseiller diplomatique de François Bozize. Ce dernier l'aurait viré à la demande de Gbagbo parce qu'il accordait des passeports diplomatiques aux rebelles ivoiriens contre rémunération. Il paraitrait que depuis il a créé une boite de lobbying pétrolier. Les affaires doivent bien tourner alors, à en croire son frère. Puis quelle idée de donner à deux de ses gosses le même prénom? Dominique la fille et Dominique le garçon.
Mais Ngouabi n'en est pas à une bizarrerie près.
A la naissance d'un de ses fils (c'est Dominique je crois) il décida que tous les garcons nés dans la même maternité dans la semaine où naquit son fils, devaient porter le prénom de Marien. Ce prénom (masculin de Marie) étant lui même rare (en Français du moins, ailleurs il y'a Mario ou Mariano), lorsque vous rencontrez un congolais prénommé Marien, c'est qu'il est né en 1969 à la maternité Blanche Gomez...
Citation:
RT : Mon Colonel, savez-vous que votre nom Ngouabi est un passeport et que vous pouvez résoudre de grands problèmes ?
Une allusion directe au businessman Dominique?
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R.NG : Bien entendu, même à l’étranger je ne peux pas rentrer dans les détails.
RT : Quand vous êtes à Pointe-Noire ou à Brazzaville, le regard du peuple vous le sentez réceptif parce qu’il y a Ngouabi fils qui passe ?
R.NG : Tout à fait je l’ai vécu plusieurs fois, mais ça s’explique du fait que le président n’a pas laissé des traces négatives sur son passage au pouvoir même si il a eu des problèmes avec certains opposants, ils sont tous en vie, c’est la preuve palpable.
Euhh... Pardon. Il y va fort le jeune Ngouabi. Qui a tué plus d'opposant que Ngouabi, je ne vois pas...
Citation:
Quand je suis arrivé sur les lieux la question que j’ai posé à ce monsieur était la suivante : « Est-ce que du vivant de mon père il faisait couler du sang ? Pourquoi voulez-vous aujourd’hui que je le fasse ? Mon père n’étant pas sanguinaire pourquoi voulez-vous que je le sois ? ».
C'est vrai qu'il ne lit pas bcp Roland. Ah oui, il était jeune.
Citation:
YS : J’aimerais vous reposer la question d’une manière plus abrupte, tirez-vous avantage de votre nom ?
Ben voilà! La question était bien: "faites vous comme votre frère Dominique?" Trop fort ces journalistes!
Citation:
R.NG : Dire la contraire ça serait mentir, qu’on le veuille ou non, quand on est fils de... automatiquement vous tirez des avantages. Ce serait malhonnête de dire le contraire.
Bravo. il n'est pas si mauvais que ça le colonel...
RT : Vous balayez d’un revers de la main tout ce qui est rumeur à Pointe-Noire, que le colonel Ngouabi à fait X ou Y ?
Citation:
R.NG : C’était déjà démontré sur la chaîne de télévision TPT (Télévision Pour Tous) j’avais prouvé que c’était des rumeurs... Soyez direct vous voulez parler de quel problème ?
RT : Le Colonel Ngouabi a tapé X, il a violé Y et ainsi de suite.
R.NG : Oui, voilà... ça tombe bien ; je me suis rencontré avec des gens qui parlent de moi, sans savoir que c’est moi plusieurs fois.
RT : Malgré la popularité ils ne vous reconnaissent pas ?
R.NG : Ils me disent, « Oui il était là, il a fait ci, dis donc, il a fait ça ! ». Voyez-vous dans les pays assez sous développés les gens vivent beaucoup de rumeurs et de légendes, ils racontent n’importe quoi. L’histoire de Mpaka relative au viol, s’agissant de mademoiselle Laetitia Mavoungou, c’est une amie qui vit depuis deux ans avec moi. Elle vivait avec moi à la Résidence Pemba, elle n’a pas eu seulement le courage de dire la vérité à ses parents. Je l’ai prouvé après, en dépit du fait que les chefs étaient contre moi. J’ai demandé aux inspecteurs de vérifier à la Résidence Pemba en présence de la fille. C’est vérifié en une heure. Oh ! non, non ! C’est parce qu’il y avait un lobby des chefs qui vivait dans cette rumeur, et un peu de jalousie. Ça a été démontré, vu que la rumeur avait circulé, j’ai été démis de mes fonctions ensuite remis dans mes fonctions. Et justement je vais vous expliquer quelque chose : dans la police, nous avons un système de prévention, mais dès lors que nous sommes face à la délinquance criminelle, nous avons des méthodes coercitives. Nous n’allons pas traiter un avocat ou un citoyen paisible comme un criminel de sang ou comme un violeur. A ce moment nous utilisons les moyens plus ou moins coercitifs. En fait c’est la politique du bâton, c’est contre les gens qui méritent ce traitement. C’est en ce moment que les gens font l’amalgame et disent que je suis violent. Nous sommes en face des gens qui ne comprennent que le langage de la force.
Bon Roland, on arrête la comédie. Le coup des viols, ça ne remonte pas à Mpaka dans les années récentes. Ca fait bien 20 ans qu'on t'accuse de violer, même devant témoins. L'affaire du Xè anniversaire de la mort de ton vieux est encore dans les mémoires... Bon, rumeurs ou vérités, je n'en sais rien. En tout tu as réussi à terrifier tout le Congo (les ska punk). Et grâce (ou à cause) de la protection de tonton Dédé que tu avoues, on aura du mal à te croire.
Citation:
RT : Les jeunes surnommés "chégués" au rayon du grand marché vous admirent et vous prennent pour leur avocat, à quoi est due cette admiration?
R.NG : Elle est due au règlement de certains problèmes sociaux, l’homme est souvent biface, il y a un côté qui critique autrui et l’autre qui l’admire. L’homme prend plaisir à salir l’autre, et c’est mon cas ; comme si ces gens médisant sur moi avaient un objectif précis. Ils parlent de moi en mal, tenez j’ai à Brazzaville une association Des Mères Sinistrées où j’essaie d’aider avec le peu de moyens que j’ai les mamans démunies. Suis-je si méchant que ça comme aiment le dire certains congolais ?
Tien, c'est bien ça!
Citation:
RT : Mon Colonel à l’époque vous étiez parachutiste et aujourd’hui vous voilà dans la police, qu’est-ce qui vous a poussé à changer de corps ?
R.NG : Non, je ne peux pas répondre, j’ai des raisons personnelles.
Dis que c'est parce que c'est illégal ouais...
Citation:
RT : Bon sportif également, cultivez-vous toujours cet esprit de tranquillité ?
R.NG : Honnêtement je ne pratique plus le sport, mais je vais m’y réatteler parce que étant un grand sportif, dès que vous arrêtez, vous sentez de petites fièvres, etc. Je vais reprendre le sport et même de part mes fonctions, je suis obligé. Quand je dis que j’ai laissé le sport, c’est le sport intensif parce que je m’entraîne quatre heures par jour. Ça ne veut pas dire que j’ai tout arrêté.
Waouh! et quand c'est le sport intense il fait quoi Roro? C'est quand il se repose au moins pour manger?
Citation:
DLD : Vous convenez que votre nom est un passeport. Vous sentez-vous interpellé par le devoir un jour d’assurer de hautes fonctions politiques dans ce pays ?
R.NG : Des postes de responsabilité, nous en avons tous à tous les niveaux. Prenez un directeur d cabinet, un ministre, un chef de service, tout le monde a une part à faire pour l’émancipation de la Nation. Donc toute personne est apte à apporter sa pierre dans l’édification de la Nation. Mais dire que je suis voué à telle ou telle fonction, non !
Merci
Citation:
RT : Ça veut dire que vous êtes libre de travailler là où l’on vous envoie ?
R.NG : Là où je me sens apte de part ma formation professionnelle. Mais je vous ai dit que je ne fais pas de politique. Je ne me vois pas être leader quelque part.
Deux fois merci.
Citation:
RT : Vous est-il arrivé de recevoir des propositions pour que vous occupiez un poste politique ? Par exemple, quel poste ?
R.NG : Bien sûr, il y a beaucoup de dirigeants du PCT qui m’ont proposé de me placer dans la politique, mais c’est incompatible avec mes fonctions dans la force publique.
YS : vous n’avez jamais été tenté d’abandonner vos fonctions ?
R.NG : Bien sûr, j’ai déjà été tenté de changer de carrière, mais c’est difficile d’aller faire de la politique. Les meetings supposent que j’abandonne la force publique, or, je me sens bien où je suis. Je ne vois pas ce schéma.
YS : vous êtes au Corps Urbain, comment expliquez vous la présence d’un tel arsenal dans votre bureau ? (2 fusils à pompe, un PMAK, un lance grenades très visibles dans un ratelier)
C'est tout? C'est la misère alors! Elève, il était mieux équipé que ça. Ils sont trop fort ces journalistes. Malheureusement leurs questions sont trop à l'attention des purs brazzavillois pour être comprises, et je ne veux pas être mauvaise langue. Enfin, pas trop. Meme si la moitié de Brazza le sait.
Ca me rappelle l'anecdote de l'historien qui va en corse et demande dans le taverne le nom du Corse qui a poignardé Henri 4. Ravaillac, tout le monde connait et c'est dans les livres d'histoire, mais personne ne lui répond. Quand il paie son addition le maitre d'hotel lui fait "eh, on n'est pas des balance nous hein!".
Citation:
R.NG : Oui, c’est parce que je suis le second du commandant du Corps Urbain, le colonel Iloko Urbain. Je suis donc chef d’état-major. Je m’occupe des unités spécialisées de la police : la Brigade Anti Criminalité (BAC), la Compagnie d’Intervention (CI), la Compagnie de Circulation Routière (CCR) et la compagnie de proximité et d’îlotage. Si vous êtes surpris par cet arsenal, c’est parce que nous sommes dans un pays en post conflit. Nous pouvons avoir à faire à des bandits armés d’armes de guerre, ce qui n’est pas le cas dans certains pays où il y a la sécurité publique. Voilà pourquoi vous voyez cet armement un peu sophistiqué. C’est parce qu’on peut intervenir dans des endroits où il y a des bandits armés, des militaires délinquants et autres malfrats.
Mais oui. Si les armes ne sont pas à l'armurerie, on se demande bien comment tant de bandit en ont!
Citation:
RT : Avez-vous de bons rapports avec ceux qui ont succédé à papa : Joachin Yombi, André Milongo à la transition, Denis Sassou Ngesso, Pascal Lissouba, Mr Kombo ?
R.NG : Bien, je commence par le Président Yombi, que j’appelle papa, j’ai grandi aussi auprès du Président Sassou qui est mon père adoptif. Nous avons de très bons rapports. Le Président Milongo, bien sûr, je l’ai vu à plusieurs reprises, il me reçoit cordialement. Nous n’avons pas de problème. Vous savez que Mr Kombo est resté longtemps à Owando. Nos rapports sont directs et francs. Bon, le Président Lissouba, je n’ai pas eu trop de relations avec lui peut être parce que j’étais à l’époque à Pointe-Noire, je pense que mon jeune frère le connaît mieux que moi.
Puissant ce jeune frère. Non tu parles encore de Domi? S la Françafrique n'existait pas, il l'aurait créé rien que pour lui; ma parole! A propos qu'est devenu son association des fils et filles des chefs d'Etat africains? Question de simple curiosité!
Citation:
RT : Etes vous populaire ?
R.NG : Je ne sais pas, je n’ai jamais fait de sondage.
YS : Merci colonel de nous avoir accordé autant de votre temps.
R.NG : Merci à vous, mais vous aviez des questions piège.
Je te comprends. Tu as du avoir horriblement chaud!
Roland Ngouabi _________________ Révélons de l'Afrique et des Noirs ce qu'ils ont de positif. Pour le reste, les impérialistes occidentaux et leurs valets aliénés ou consentants s'en chargent déjà.
L'Afrique, j'y crois!
Marvel
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