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Le dynamisme de la diaspora libanaise en afrique

 
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essama
Grioonaute 1


Inscrit le: 20 Nov 2005
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MessagePosté le: Jeu 13 Avr 2006 20:59    Sujet du message: Le dynamisme de la diaspora libanaise en afrique Répondre en citant

Je vous propose de vous faire partager des articles parus dans l'express relatifs à la diaspora libanaise en Afrique, cela vous permettra de comprendre dans quelles circonstances ils sont arrivés et comment ils ont fait pour réussir.
Leurs parcours vous permettront de voir qu'il est tout à fait possible de réussir sur le continent à condition de faire preuve de travail et de détermination.
Alors même que les africains fuient leur continent comme des mouches, les libanais ont profité du marché énorme qu'ils avaient pour se faire de l'argent. Figurez-vous que leurs capitaux gagnés en afrique ont largement contribué à la reconstruction de leur pays d'origine, à concurrence de 6 milliards de dollars.


Des diams, de la sueur et des larmes

En quelques années, le quincaillier ambulant troque sa carriole contre une échoppe

La scène se passe à la frontière ivoiro-ghanéenne. «Papiers!» grommelle le douanier. «Nationalité? - Libanaise», répond le voyageur au teint clair. «J'ai dit: nationalité!», beugle le gabelou. «Libanais», insiste le fils du Cèdre, interloqué. La réplique cingle: «Mais enfin, ce n'est pas une nationalité, c'est une profession!» L'anecdote suffit à dévoiler les clichés et les fantasmes que charrie l'épopée africaine des enfants du Levant, lointains héritiers des Phéniciens qui accostèrent jadis dans les parages du Cap-Vert.

Vieille histoire. Dès le milieu du XIXe siècle, des heurts confessionnels secouent la montagne libanaise. Alors souveraine, l'élite chrétienne maronite refoule des cohortes de paysans musulmans vers les terres ingrates et rocailleuses du Sud. Dès lors, les bannis chercheront à fuir la pauvreté sur d'autres continents. Mais le premier aventurier connu, parti de Mazyara (Nord), se nomme Elias Khouri Younes, signalé en 1882 au Nigeria. Ce défricheur maronite voulait comme tant d'autres échapper ainsi à la conscription - le badal - imposée par l'occupant ottoman et aux persécutions du sultan Abdulhamid II. Cap sur la Gold Coast, le futur Ghana, le Sénégal, le Liberia ou la Côte d'Ivoire.

Sous le mandat français, en vigueur de 1920 à 1943, le recrutement se fait plus ambitieux. Des citadins instruits rejoignent la troupe des gueux du Liban-Sud. Les maisons de commerce de Bordeaux ou Nantes souhaitent «mailler» l'Afrique-Occidentale française (AOF), riche de ses promesses d'or, de café, de cacao ou d'arachide, d'un réseau de courtiers bosseurs et de négociants opiniâtres. Or le Libanais s'adapte sans renâcler aux rudesses de la vie de brousse et apprend vite les dialectes locaux. Ainsi, après avoir semé des comptoirs sur la côte, les soutiers de la geste coloniale s'enfoncent dans les terres. Certains accompagnent sur le continent la progression du chemin de fer français, s'arrêtant au Mali, au Niger ou en Haute-Volta, l'actuel Burkina. Ceux-là joueront les intermédiaires avec les marchands de l'empire du Soudan, africains, berbères ou arabes. En quelques années, le quincaillier ambulant troque sa carriole contre une échoppe puis, pour peu que la chance lui sourie, lègue à ses fils un commerce prospère. Au choix, denrées alimentaires, tissus, bois, diamant, métal jaune, équipement électrique. Ou un peu de tout cela. Dans le sillage de l'avant-garde, les frères et les cousins, originaires du même village, étoffent la communauté. Jusqu'en 1975, on recense chaque année de 3 000 à 4 000 nouveaux venus.

L'«Afroliban» a aussi ses indigents, ses boutiquiers et ses broussards en guenilles

Combien sont-ils? Les estimations varient. 20 000 en 1952, dix fois plus un demi-siècle après. Une certitude: plus de 80% des Afro-Libanais, venus des confins sud du pays du Cèdre, sont de confession chiite. La guerre civile qui, dès 1975, embrase la mère patrie, affecte avant tout Beyrouth et les régions méridionales démunies, déclenchant une nouvelle vague d'émigration. En deux temps. Les parents cherchent là encore à soustraire les garçons à l'embrigadement militaire et milicien. Avant que la campagne «Paix en Galilée», menée en 1982 par l'armée israélienne sous les ordres d'Ariel Sharon, prélude aux deux décennies d'occupation de la «zone de sécurité» frontalière, ne fasse le reste. Faut-il voir là une manière de miracle? Jamais les Libanais n'ont importé dans les pays d'adoption les déchirements beyrouthins. Bien sûr, on a vu des dynasties fortunées financer, selon leur allégeance, les chiites du mouvement Amal ou du Hezbollah, les milices chrétiennes phalangistes ou les caïds druzes de Walid Joumblatt. De même, les tempêtes de l' «Orient compliqué» soufflent parfois jusqu'en Afrique. Plus d'une secte terroriste a tenté d'y recruter des agents, des pirates de l'air ou des donateurs. Le cheikh Abdul Moneim Zein, chef spirituel de la communauté chiite sénégalaise, revendique un rôle décisif dans la libération des otages français du Liban. Reste que le culte du business prévaut sur tous les autres. Minoritaire, la communauté serre les rangs dans l'adversité. D'autant que, au fil des ans, les liens avec le lointain Liban se distendent. Beaucoup, africains de naissance, n'y ont jamais posé le pied. Certains héritiers parlent peu ou mal l'arabe. Et l'on renonce souvent au passeport frappé du Cèdre. Le Ghana fait un peu figure d'exception. Dans l'ancienne Côte de l'Or, la plupart des gamins filent en pension dès 6 ans. Mais au Liban, là où 9 familles sur 10 passent leurs vacances. Un signe: les deux vols hebdomadaires Accra-Beyrouth affichent complet. Un autre cliché résiste mal à l'examen. Celui du flambeur friqué. Car l'«Afroliban» a aussi ses indigents, ses boutiquiers et ses broussards en guenilles.

Bienvenue au Sénégal, berceau et épicentre de l'épopée. On y dénombrait en 1897 une dizaine de Libanais, «colporteurs sans installation fixe». Ils seraient aujourd'hui 25 000, dont 8 000 naturalisés. Parmi eux, une centaine de médecins, 30 avocats, autant de pharmaciens, 50 ingénieurs, des enseignants, témoins d'une intégration qu'atteste aussi cette rue de Dakar dédiée à Abou Karim Borji, prince de l'immobilier. Un autre Borji, Faez de son prénom, a accédé au rang de général. Tandis que le député Ali Saleh siège au Parlement. La médaille a son revers. Histoire de «préserver l'emploi des jeunes Sénégalais», la patrie de la terenga - l'hospitalité - a fermé en 1987 sa porte aux exilés. De plus, la «tribu» libanaise a perdu depuis l'indépendance la moitié de ses effectifs, au profit notamment du Gabon, de la Guinée et de l'attrayante Côte d'Ivoire, longtemps dopée par la vigueur de son économie. «Notre seconde patrie», avance le chiite Nabih Berri, président de l'Assemblée libanaise, lui-même natif de Sierra Leone. Depuis 1970, la confrérie la plus fournie du continent a quintuplé, dépassant les 80 000. Elle détient 80% du parc immobilier privé, les trois quarts de la distribution, et contrôle 40% de l'activité industrielle. L'eldorado? Plus vraiment. Le miracle ivoirien s'est essoufflé. Depuis 1985, l'horizon s'assombrit. On vit fleurir cette année-là à Abidjan des tracts menaçants, tandis que le président Félix Houphouët-Boigny dénonçait «les fraudeurs et les corrupteurs», brebis galeuses d'une famille pourtant promue au rang de «63e ethnie» du pays.

Et voilà que la locomotive ouest-africaine déraille. Le putsch du général Robert Gueï, au soir de Noël 1999, les coups d'Etat avortés, les violences d'octobre 2000, sur fond de scrutins agités et de réveil des démons ethniques, la rébellion armée nordiste, déclenchée le 19 septembre dernier, et qui ébranle le pouvoir du président élu, Laurent Gbagbo: tout concourt à tarir les échanges, à paralyser les affaires et à aiguiser les peurs. «Trente ans d'Afrique pour en arriver là... soupire une restauratrice condamnée à l'oisiveté. La plupart de mes amis songent à plier bagage.» Par centaines, femmes et enfants ont trouvé refuge au Sénégal, au Ghana ou au Liban. «Je crains pour mes filles, avoue Mona. Nous avons une maison à Nice, une à Beyrouth, mais je ne partirai que contrainte et forcée. Comment faire une croix sur tout un pan de ma vie?» Bousculés, les Ivoiriens du Levant ont toutefois leurs icônes: Mustapha Khalil, qui, après ses déboires sénégalais, édifia un petit empire où se côtoient les laitages, l'acier et le caoutchouc; Najib Zahr, l'un des bâtisseurs de Yamoussoukro, ville natale du défunt Houphouët, et président de l'Union libanaise culturelle mondiale (ULCM); ou la métisse Nawal el-Assad, styliste en vogue.

Descendre dans l'arène politique? Certains s'y hasardent. «Pourquoi donc m'ont-ils lâché?» s'étonne en privé l'ancien président sénégalais Abdou Diouf, vaincu en mars 2000 par Abdoulaye Wade. Né à Tripoli (nord), Monie Captan sera ministre des Affaires étrangères du Liberia. Et Charles Taylor recourt aux services d'un ambassadeur itinérant descendu du Cèdre, Mohamed Salami. Au Mali, un Libanais dakarois fut voilà peu le grand argentier de la campagne de Soumaïla Cissé, candidat devancé au second tour. Parfois, l'engagement se paie comptant. Les tombeurs du Ghanéen Kwame Nkrumah, renversé en 1966, ont évincé ses amis libanais du commerce privé, réservé aux autochtones. La leçon portera. Quant au régime marxisant du Malien Modibo Keita, il tentera à coups de monopoles d'Etat de supplanter les «étrangers» dans le cuir, la laine ou la gomme arabique. Patriarche de la famille Ashkar, Emile, le roi de la kola, n'échappera pas à la fièvre nationaliste. «C'est pourtant au Tombouctou, l'un de nos immeubles, que se réunissaient les militants du RDA, le mouvement panafricain d'Houphouët», soupire son fils Alain. Trafic d'armes ou fausse monnaie: l'image de la communauté pâtit aussi des collusions affairistes. Au Nigeria, sous la dictature de Sani Abacha; au Zaïre, au temps de Mobutu.

Pluie de griefs
Parfois tapageuse, la réussite des «visages pâles», boucs émissaires commodes, éveille les jalousies. Les premières émeutes ciblées datent de 1919. Terrorisme, trafic de drogue, fraude, corruption: justifiés ou pas, les griefs, parfois relayés par des rivaux français, se multiplient. On accuse les négociants de spéculer sur le cacao, de ruiner les paysans, d'exporter frauduleusement les profits. En janvier 1985 - année noire - le Gabonais Omar Bongo sonne la charge. Trois jours durant, les médias bégayent sa harangue contre les «semeurs de désordre et les voleurs». A Port-Gentil, les magasins, livrés aux pillards, partent en fumée. Au Bénin, l'ex-Dahomey, on s'en prend aux «commerçants véreux, fossoyeurs de l'économie nationale». La fureur peut prendre un tour sinistre. En janvier 2001, en République démocratique du Congo, 11 jeunes Libanais, raflés peu après l'assassinat du président Laurent-Désiré Kabila, seront exécutés. Trahison? Diversion? Mystère. «La pire tragédie infligée à la diaspora», déplore le quotidien arabe Al-Wasat. Avant de fustiger l'incurie des autorités de Beyrouth, où l'on mettra des semaines à envoyer un émissaire à Kinshasa. Du sang, de la sueur, des larmes. Et beaucoup d'argent. La fortune et ses revers. Libanais, une profession? Soit. Un métier d'avenir? Voire.
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essama
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MessagePosté le: Jeu 13 Avr 2006 21:08    Sujet du message: Répondre en citant

Au sénégal
Le succès et sa rançon

Très présents dans les professions libérales, l'industrie et le commerce, les «Sénégalais d'ethnie libanaise» détiennent 60% des PME-PMI du pays. Et en sont, souvent, jalousés...

Tous les matins avant l'aube, Moussa Sharara fait sa gymnastique: assouplissements, pompes, abdominaux. Puis il rejoint son champ, non loin de Dakar, où, parvenu à l'âge de la retraite, il a démarré une carrière… d'agriculteur! A 93 ans, ce fringant grand-père a de l'énergie à revendre. «Le travail, c'est la santé! Quand je suis inactif, je m'étiole», s'exclame le vieil homme au tonus d'acier dont la saga familiale, avec ses 155 membres, fait penser à une version «made in Africa» de la série télévisée Dynasty.

A l'automne 1937, le paquebot Champollion, parti de Beyrouth, cingle sur une Méditerranée démontée, avec le jeune Moussa à son bord. Un mois plus tard, après une escale à Marseille, ce villageois du sud du Liban débarque à Dakar, la capitale de l'Afrique-Occidentale française (AOF). Il y retrouve son cousin Souleymane, un grand commerçant, tout comme lui de confession chiite, arrivé treize ans plus tôt. Vendeur de cigarettes, puis négociant d'arachide en brousse, il s'improvise photographe ambulant. Apprend le wolof en huit mois. S'offre, avec ses premiers revenus, des cours de grammaire et d'orthographe françaises. Le voici armé pour importer du papier photographique, négoce qui fera sa fortune. Consécration et symbole éclatant de sa réussite: il bâtit en plein centre-ville «son» immeuble. Tous les appartements sont mis en location, à l'exception d'un seul, que, par superstition, il habite toujours, au cœur d'un quartier populaire: «Il faut rester fidèle aux lieux qui vous ont porté chance.»

Leurs trajectoires sont emblématiques de l'intégration réussie des Libanais d'Afrique

Père de famille, il élève sa progéniture selon un principe intangible: «Etudiez d'abord! Pour l'argent, soyez patients: il sera encore temps d'en gagner plus tard…» Disséminés au Canada, en France, en Belgique, au Liban, ses 13 enfants ont retenu la leçon. Avocat, ingénieur, prof de lettres, psychothérapeute ou informaticien, ils possèdent tous des situations enviables.

A Monaco, Farouk est ainsi le «kiné» attitré du prince Rainier tandis que son frère Nabil, médecin généraliste, soigne le gotha du Rocher. Quant à Kazem, Fayçal, Aboudé et Amoudé, restés au Sénégal, leurs trajectoires sont emblématiques de l'intégration réussie des Libanais d'Afrique.

Ancien conseiller de l'ex-président Abdou Diouf, Kazem, l'aîné, âgé de 60 ans, est une figure locale bien connue. Avocat d'affaires doté d'un solide carnet d'adresses, il défend les intérêts de la First International Bank (américaine) et de la République populaire de Chine. Sans oublier ceux de plusieurs ambassades: Brésil, Inde, Koweït. Il possède en outre une entreprise informatique. Et, surtout, un flair infaillible: «Quand Air Afrique a déposé son bilan, j'ai immédiatement créé une compagnie charter, en joint-venture avec l'américaine World Airways pour rétablir la [NDLR: très rentable] liaison Dakar-New York.» Résultat, Kazem peut tranquillement continuer à rendre visite à son fils Walid, étudiant à Manhattan.

Ancien conseiller de l'ex-président Abdou Diouf, Kazem, l'aîné, âgé de 60 ans, est une figure locale bien connue. Avocat d'affaires doté d'un solide carnet d'adresses, il défend les intérêts de la First International Bank (américaine) et de la République populaire de Chine. Sans oublier ceux de plusieurs ambassades: Brésil, Inde, Koweït. Il possède en outre une entreprise informatique. Et, surtout, un flair infaillible: «Quand Air Afrique a déposé son bilan, j'ai immédiatement créé une compagnie charter, en joint-venture avec l'américaine World Airways pour rétablir la [NDLR: très rentable] liaison Dakar-New York.» Résultat, Kazem peut tranquillement continuer à rendre visite à son fils Walid, étudiant à Manhattan.

L'esprit de famille

Avec son menu international, La Fourchette est l'une des meilleures tables de Dakar, fréquentée par une clientèle d'affaires. L'établissement du cadet des Sharara, Amoudé, 38 ans, tourne bien. Du coup, ce dernier a diversifié ses activités: traiteur, il organise désormais des cocktails d'ambassade, des banquets privés et des événements en tous genres. Un marché considérable. Sur la ligne d'arrivée du Paris-Dakar, au bord du lac Rose, on peut voir ses buffets dressés sur les dunes de sable, à l'ombre de tentes aux couleurs de sponsors du rallye, ses clients. Prospère mais philosophe, Amoudé n'a pas oublié ses débuts difficiles, qu'il évoque pudiquement: «Dans l'adversité, mes grands frères m'ont toujours épaulé. Chez les Sharara, on a l'esprit de famille. Quand c'est nécessaire, les Libanais se serrent les coudes sans se poser de questions.»

Capitaine d'industrie de la filière pêche, associé - ce qui est plutôt rare - à des Sénégalais de souche, Fayçal, 52 ans, est, lui, l'enfant prodige de la fratrie. Vice-président du patronat sénégalais, c'est un homme en vue dont les avis sur les questions socio-économiques sont très écoutés. Après avoir redressé plusieurs entreprises, il dirige une conserverie de thon, les Pêcheries frigorifiques du Sénégal, et une usine de filetage, Amerger Casamance, deux unités ultramodernes qui représentent 2 000 emplois.

On dit souvent, sous forme de boutade, que «libanais», ce n'est pas une nationalité mais plutôt une profession. «Ce n'est pas faux, sourit Fayçal. Très présents dans les professions libérales et l'industrie, les Libanais sont les premiers investisseurs du Sénégal. Ils possèdent 60% des PME-PMI. Et pèsent lourd en termes d'emplois.» C'est la rançon du succès: ces talentueux businessmen sont quelque peu jalousés. Et, du coup, accusés d'être à la source de toutes les corruptions. «C'est bien connu: chaque Libanais a un douanier et un policier dans sa poche», affirme sans nuance un journaliste qui résume une idée répandue. Cependant, Babacar Touré, président du groupe de presse Sud Communication, tempère: «On utilise les Libanais comme bouc émissaire. Mais la corruption est un mal national qui dépasse largement le cadre de telle ou telle communauté. Dans les administrations, où ne travaille aucun Libanais, les choses qui relèvent du droit s'obtiennent par des passe-droits. Et on ne peut hélas que le constater: l'expression courante “donner le prix de la kola”, qui désigne le bakchich, est bel et bien africaine, non pas libanaise.» Une version des choses confirmée par un inspecteur des impôts: «Sur 100 contribuables d'origine libanaise, 95 en moyenne paient leurs taxes et impôts rubis sur l'ongle. Mais cette proportion tombe à 40% parmi le reste de la population…»

Citoyens «à part entière» mais aussi «entièrement à part», les «Libanais» sont-ils des Sénégalais comme les autres? Fayçal Sharara - qui «supporterait sans hésiter les Lions de la Teranga s'il y avait un match de foot Sénégal-Liban» - revendique haut et fort sa «sénégalité»: «Nous récusons l'appellation “Libanais”; nous sommes bel et bien des Sénégalais d'ethnie libanaise! Car, si nos parents étaient venus avec l'idée de faire fortune et de retourner au pays, notre génération, elle, a coupé les ponts avec le Liban.» Nombreux sont ceux qui, en effet, n'ont visité qu'une seule fois la terre de leurs ancêtres.

«Les Libanais partagent des aspirations communes avec le reste de la nation sénégalaise»

Pourtant, les Sénégalais d'origine libanaise vivent, c'est vrai, repliés sur eux-mêmes. «Le communautarisme libanais n'est pas différent de celui des Sénégalais de New York ou des immigrés du monde entier. Et n'oublions pas qu'au temps de la colonie Arabes et Africains fréquentaient des mosquées distinctes: ce cloisonnement obligatoire a influencé les rapports sociaux, c'est certain», plaide Fayçal Sharara. Qui balaie une autre critique récurrente: «On nous reproche l'absence de mariages mixtes. Mais l'intégration ne se joue pas au niveau de la ceinture! Le fond du débat consiste à savoir si les Libanais participent au développement du pays et partagent des aspirations communes avec le reste de la nation. La réponse est oui.»

Réputé pour sa stabilité, le pays de la teranga (mot wolof pour hospitalité) n'est pas entièrement à l'abri de troubles intercommunautaires. Les mini-émeutes de 1996, déclenchées par un fait divers, sont encore dans les mémoires. Cette année-là, une employée de maison est retrouvée assassinée au domicile d'un Libanais. Avant que la police n'ait le temps de démasquer le criminel - un Nigérian - la rue désigne spontanément la communauté libanaise à la vindicte. Une foule hostile se masse dans le centre-ville. Avec l'aide de certains médias, le mouvement est vite désamorcé. «Mais cet épisode nous a profondément traumatisés. Ce fut un électrochoc», se souvient Fayçal Sharara, qui décide alors, avec d'autres, de fonder l'Alliance. L'objectif unique de cette association laïque est de rapprocher les deux communautés, en remédiant au déficit d'image des Libanais. Une conférence publique est organisée, pour briser tabous et non-dits. «Il fallait mettre la “question libanaise” sur la place publique. On m'a dit: “Tu es fou! ”; “Ne braquons pas les projecteurs sur nous! ”, autrement dit: vivons cachés pour être heureux. A mon sens, il faut au contraire sortir du ghetto et participer davantage à la vie de la cité.» Depuis, l'Alliance a convaincu les Libanais, ces abstentionnistes congénitaux, de la nécessité de sortir de l'ombre en votant lors des élections, manière d'affirmer leur citoyenneté.

Jusqu'à présent, rares sont les Libanais à s'être aventurés dans les sables mouvants de la politique, hormis Kazem Sharara, ex-conseiller du président Diouf, Fares Attyé, ex-militant socialiste, Samir Abou Risk, aujourd'hui conseiller municipal de Rufisque, ou encore feu Ramez Bourgi. Au vrai, ils ne s'y sentent pas les bienvenus. «Pas un seul haut fonctionnaire, député ou ministre n'est d'origine libanaise. Parmi 60 conseillers, le président Abdoulaye Wade n'a pas daigné choisir un seul Libanais… Notre communauté comporte pourtant des gens de talent qui, à l'instar des Corses en France, estiment devoir être représentés au niveau de l'Etat», remarque Samir Jarmache, vice-président de l'Alliance.

Dans ce contexte, le cas de l'hyperactif Fayçal Sharara représente une exception. Depuis peu, il préside l'Ipress, la caisse de retraite du Sénégal. Jamais avant lui une telle fonction, d'intérêt public, n'avait été occupée par un Sénégalais d'origine étrangère. La nomination de ce gestionnaire probe et compétent fait la fierté des Libanais. Et inspire cette réflexion à son neveu Moussa (fils de l'avocat Kazem), 26 ans, expert-comptable chez Ernst & Young à Dakar: «Mon oncle Fayçal montre la voie. J'espère qu'un jour, un Sénégalais d'origine libanaise ira encore plus loin. Et deviendra maire de Dakar ou ministre des Finances. On peut rêver, non? Là-bas, en Amérique du Sud, plusieurs Libanais sont bien devenus présidents de la République…»
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essama
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MessagePosté le: Jeu 13 Avr 2006 21:11    Sujet du message: Répondre en citant

Au Mali
Le rêve africain de Bassam Azar

A force de travail acharné, ce maronite a rendu ses supermarchés incontournables à Bamako

Petit, râblé, Bassam Azar, 40 ans, a la vivacité d'esprit de l'homme d'affaires qui ne s'en laisse pas compter. Pour ce rejeton d'une famille de commerçants maronites originaires du village d'Aintoura, au pied du mont Liban, l'Afrique est la grande chance des Libanais. Installée au Mali depuis trois générations, sa famille a subi les contrecoups de l'indépendance, en 1960, comme toutes les autres familles libanaises de cette ancienne colonie de l'AOF. «Mon père est parti la mort dans l'âme ouvrir des magasins en Haute-Volta, l'actuel Burkina, puis il est retourné à Beyrouth», se souvient-il. C'est là que Bassam, qui a deux sœurs et un frère, est né, avant de revenir avec ses parents en terre africaine à l'âge de 1 an. Bassam a grandi en Haute-Volta, mais c'est pourtant au Mali qu'il a choisi de s'installer pour faire fortune. Refusant d'apprendre l'arabe, il quitte l'école pour entrer en apprentissage dans l'entreprise familiale au moment où éclate la guerre civile au Liban, en 1976.

«Tout ce que j'ai réalisé, je l'ai fait à la force du poignet»

«Tout ce que je sais aujourd'hui, je l'ai appris par moi-même; tout ce que j'ai réalisé, je l'ai fait à la force du poignet», dit-il fièrement. Travailleur infatigable, cet ancien phalangiste débarque à Bamako le 13 septembre 1982, une semaine avant les massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila. Conquis par les nombreuses occasions qui s'offrent à lui, il ouvre son premier magasin, Azar libre-service, en plein centre-ville, deux ans à peine après son arrivée. En 1987, c'est le tour du «grand» Azar, situé dans le quartier de l'Hippodrome, où résident la plupart des familles de coopérants français, et, en 1989, celui du «petit» Azar, de l'autre côté du fleuve, dans ce qui est aujourd'hui un quartier huppé de Bamako.

Son ascension est stoppée en 1991, quand éclate la révolution du 26 mars contre la dictature de Moussa Traoré. Ses magasins sont pillés, puis brûlés, pendant les émeutes, qui firent près de 300 morts. «J'ai perdu 95% de ce que je possédais, explique-t-il calmement. Mais je n'ai aucune rancœur!» Grâce à un prêt bancaire, il entreprend la reconstruction de ses magasins, plus grands et plus beaux! Pour être à nouveau ruiné en 1994, quand intervient la dévaluation du franc CFA, qui double le montant de ses remboursements. Alors il se remet à travailler d'arrache-pied, imposant des cadences infernales à ses employés, qui le respectent néanmoins en raison de son courage et de sa détermination.

Aujourd'hui, les magasins Azar sont incontournables dans le paysage bamakois de la grande distribution, qui, il est vrai, ne subit la concurrence que... d'autres Libanais. L'Amandine, une pâtisserie ouverte en 1999, qui fait aussi café-restaurant, est l'autre grande réussite de Bassam, devenu malien en 1991, sous le gouvernement de transition mis en place par le général Amadou Toumani Touré, l'actuel président, dit «ATT». Après vingt ans de dur labeur dans un pays où sont nées ses deux filles, et où son épouse - une Libanaise, comme lui - se sent «mieux qu'au Liban», ce commerçant dans l'âme est en passe de réaliser son rêve africain. Il ouvrira sur plus de 2 800 mètres carrés, d'ici à la fin de l'année, le premier centre commercial de la capitale. Un investissement de 1,6 milliard de francs CFA qui devrait le mettre à l'abri de tout nouveau revers de fortune.
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essama
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MessagePosté le: Jeu 13 Avr 2006 21:18    Sujet du message: Répondre en citant

En Sierra Leone
Les Libanais sont éternels

Dans ce paradis du diamant ravagé par dix ans de guerre civile, la communauté levantine préserve son influence, malgré la suspicion des Sierra-Léonais et les revers de fortune

Quelques heures durant, en ce lundi d'automne, un vent de panique a balayé Freetown. Il a suffi pour cela que radio-trottoir propage dans les quartiers d'affaires de la capitale sierra-léonaise l'annonce du décès d'Amadou Jalloh, un boutiquier de l'ethnie foula tabassé cinq jours plus tôt par deux chauffards libanais de souche, dont un métis. A peine informé, Samir Hassaniyeh, le président de la communauté des fils du Cèdre, alerte la police et, jonglant avec les portables, invite ses amis commerçants à fermer boutique, voire à verrouiller leurs grilles. Avertis, les parents d'élèves viennent à la mi-journée cueillir les enfants sur le seuil de l'Ecole internationale libanaise. C'est que tous craignent les raids de représailles des street boys, voyous désœuvrés aussi avides de piller les échoppes que de venger le défunt. Superflu cette fois, le dispositif trahit les angoisses d'une «tribu» à l'histoire tourmentée.

On recense 5 000 Libanais environ, contre 25 000 voilà quinze ans

Si le souvenir des émeutes de 1985 se dissipe, nul n'oublie la guerre civile déclenchée en mars 1991 ni son cortège d'atrocités, de coups d'Etat et d'incursions dévastatrices des rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF), enfin vaincus dix ans plus tard. Bien sûr, les épreuves traversées par Samir et les siens n'ont rien de commun avec le cauchemar infligé aux ruraux démunis, mutilés à la machette, voire exécutés d'une balle dans la tête, ou à leurs enfants, réduits en esclavage. «Au regard de cette tragédie, il serait indécent de se plaindre», concède l'héritier d'une lignée beyrouthine. Reste que, au-delà des saccages, les enlèvements et les assassinats ont marqué les esprits. Jamais Jamil Saïd, patriarche autrefois tout-puissant, n'a surmonté le meurtre de son fils, abattu en 1999 dans sa villa. La peur, la ruine, les confiscations: décimée par l'exil, la confrérie a fondu. On recense 5 000 Libanais environ, contre 25 000 voilà quinze ans. «En 1997, aux heures les plus noires, nous n'étions pas 300», lâche le Druze Samir, fils d'un villageois venu du Chouf. Depuis que la Mission des Nations unies en Sierra Leone (Minusil), épaulée par un robuste contingent britannique, a réduit les fusils au silence, les fugitifs quittent leur retraite de Conakry, Beyrouth, Anvers ou Londres pour rentrer dans leur pays d'adoption. Même s'ils rechignent désormais à s'aventurer dans la brousse comme aux confins des frontières guinéenne et libérienne, où rôdent des bandes d'insurgés. Parfois, le paterfamilias jette l'ancre à Freetown, quitte à expédier un fils ou un neveu dans le bastion provincial. Tel est le cas de Kassim Basma, caïd du diamant, dont le cadet Jihad orchestre à Koidu (Est) la reconstruction du comptoir et de la maison dévastés. Pas facile de renoncer à une patrie, certes peuplée de crève-la-faim, mais dont les entrailles regorgent d'or et de gemmes. Surtout quand on y a poussé son premier cri. «Un jour tu gagnes, un jour tu perds», murmure, flegmatique, un jeune loup. Tant que le solde reste positif...

Né sur cette terre

Bien des dynasties, souveraines dans le commerce, ont pris racine à l'orée du siècle dernier. Encore adolescents, certains des pionniers fuirent alors le Levant au hasard des bateaux en partance, résolus à échapper au recrutement forcé des janissaires ottomans. «Je suis né sur cette terre, tranche Jamal, “sierra-libanais” de la troisième génération. Je parle le krio - le créole du cru - mais pas l'arabe. Je ne connais rien du pays de mes ancêtres. Où pourrais-je me sentir chez moi ailleurs qu'ici?» Le mardi et le jeudi, en fin de journée, Jamal retrouve les copains sur le terrain de foot du Club sportif, le temps d'un tournoi acharné et rigolard. Sur la cendrée, seul l'arbitre est noir de peau. «Ceux qui pouvaient partir l'ont fait, glisse entre deux tacles un libero d'à peine 30 ans. Nous, on s'est fait avoir.» Çà et là, une inquiétude affleure: à qui transmettre le témoin au soir de sa vie? Les rejetons, peu enclins à l'aventure et bardés de diplômes conquis à Londres, New York ou Beyrouth, renâclent. «J'en connais qui prolongent leurs études pour retarder l'échéance», souligne un successeur saisi par le doute. «J'aime ce pays et ceux qui l'habitent. Financièrement, le jeu en vaut la chandelle. Mais ai-je envie de cette vie-là? Mon père me voit mieux en prof d'université qu'en chef d'entreprise.»

Samir a trois enfants. Le fils aîné travaille chez IBM à Washington, le benjamin est informaticien à Londres, là où la fille achève ses études d'avocate. Quant à son frère cadet Fouad, il a décroché voilà peu le trophée de meilleur psychiatre hospitalier du Royaume-Uni. Voilà comment des lignées meurent d'avoir trop bien réussi...

Avec son poil dru, sa voix éraillée et sa gestuelle théâtrale, Ahmed el-Ali passerait sans peine pour le cousin levantin du paysan de Fernand Raynaud. Le diam' africain? A l'en croire, ça eût payé, mais ça ne paie plus. «Voilà tout ce que j'ai acheté en une semaine, ronchonne-t-il en extrayant de sa poche deux modestes pierres serrées dans un papier plié. Il y en a tout au plus pour 500 dollars.» Ici, comme dans les officines de la capitale, l'usage veut que le diamond dealer - le négociant - contemple avec une moue dédaigneuse les diamants bruts que les «creuseurs» exhument de la glaise. D'ailleurs, si le porte-étendard des Libanais de Kenema (Sud-Est), quincaillier en gros de son état, s'adonne au commerce de ces petits éclats d'éternité, s'il fournit des permis de fouilles aux soutiers locaux, c'est uniquement pour prêcher l'exemple. On trouve dans son bric-à-brac des pelles et des pioches coréennes, des tamis, des cuvettes, des seaux, des vélos chinois, des matelas de mousse, des rouleaux de moustiquaire, de la tôle ondulée, des générateurs, de la peinture, des radiocassettes ou des balances de diamantaire. Et, dans un recoin de l'arrière-boutique, la pièce exiguë où il jauge à la loupe les précieux fragments de carbone qu'on lui propose. «A moi de montrer la voie. De convaincre que nous devons agir dans le strict respect de la loi, disposer de licences d'exploration en règle, acquitter la taxe de 3% sur les transactions.»

Prompts à invoquer leur légalisme, les princes du négoce le savent mieux que quiconque: seule une infime partie des pierres quitte le pays par les canaux officiels. Des milliers de carats filent en catimini par le Liberia ou la Guinée-Conakry. Voire sur vol régulier, dans les valises du ministre des Transports. Pour l'heure, le hadj - il a accompli par deux fois le pèlerinage à la Mecque - s'échine à rembourser ses dettes. Car Ahmed a «tout perdu» voilà quatre ans, lors de la féroce bataille qui opposa le RUF aux soldats nigérians de l'Ecomog, la force d'interposition ouest-africaine. «Il a fallu décamper d'urgence vers le Liberia voisin. Sans un sou et vêtu d'une chemise sale. J'ai erré pendant sept jours dans le bush. Me voilà reparti de zéro. Et même au-dessous de zéro: faute d'avoir placé de l'argent sur un compte en banque, j'ai dû emprunter.» Il est loin, l'archétype du Libanais flambeur, Ray-Ban sur le nez et havane à la bouche, ralliant le casino au volant de sa décapotable pour y claquer sa fortune en faisant tinter ses gourmettes en or massif. L'épopée sierra-léonaise a aussi ses broussards, qui triment à la dure pour 400 euros par mois. Partir, rester? Ceux-là n'ont pas le choix.

«Au Sierra-Léonais, je me dis libanais; au Libanais, sierra-léonais. Je ne suis ni l'un ni l'autre. Les deux ? Peut-être»
Si elle tient fermement la barre, l'élite jure quant à elle avoir réduit la voilure. Plus question, assènent les trentenaires, de naviguer dans les eaux troubles de la politique. Quitte à se distinguer de leurs cousins d'Afrique, les vieux capitaines de l'armada libanaise ont longtemps cédé aux sirènes du pouvoir. Sous Siaka Stevens, Premier ministre puis chef de l'Etat entre 1968 et 1985, le musulman chiite Jamil Saïd, éminence grise redoutée, et le chrétien maronite Antoine Yazbeck hantaient les coulisses du palais. «Ils étaient à la fois partenaires en affaires du président, faiseurs de rois et superministres», admet un as de la jeune garde. Au point d'assister aux réunions de cabinet. Et d'inspirer, dit-on, le choix de son successeur, Joseph Momoh. Diamant, import-export, rizières, pêcheries, avoirs fonciers, assurances: amis et rivaux, Jamil, décédé l'an dernier à Beyrouth, et Antoine, fringant retraité, régnaient en ce temps-là sur un empire. «Maître d'une cinquantaine de sociétés, Tony en ignorait même l'étendue», s'amuse un expatrié. Epoque révolue? A coup sûr, entonnent en chœur les héritiers. «Dans une région aussi instable, le mélange des genres coûte cher, arguë l'un d'eux. Business d'abord.» Ce qui n'empêche pas de tisser dans l'ombre des réseaux d'influence. «Tous les politiciens qui émergent ont une dette envers les Libanais, tranche Sonny l'indigène, hôtelier et dealer à Kenema. Le jour venu, le bienfaiteur peut miser sur la gratitude de son obligé. D'ailleurs, à quoi bon descendre dans l'arène? Contrôler l'économie, c'est détenir la réalité du pouvoir.» Seuls deux des membres du gouvernement du président Ahmed Tejan Kabbah, triomphalement réélu en mai 2002, ont du sang arabe dans les veines: l'attorney general - ministre de la Justice - Eke Halloway et le vice-ministre de la Défense.

Tenus en suspicion, les immigrés d'Orient chantent sans relâche les louanges de «ce pays qu'on adore et qui nous a tant donné». Dans son bureau, Kassim Basma a affiché en bonne place le «serment d'allégeance national». Chacun jure ainsi d'œuvrer loyalement en faveur de l'unité, de la paix et de la prospérité du pays et de placer son intérêt «au-dessus de tout». La communauté n'en finit plus d'offrir des gages de patriotisme. A Freetown, elle distribue des sacs de riz, de sucre et de farine aux amputés du camp d'Aberdeen, octroie des bourses aux étudiants nécessiteux ou fait don de 10 millions de leones - 5 000 euros - à l'équipe nationale de football. Ali, le principal de l'International Lebanese School, précise que 20% des élèves et la plupart des enseignants sont sierra-léonais. Partout, on fait assaut de civisme. Certes, les Libanais de Kenema ont englouti 40 000 dollars dans la réfection de leur école, dévastée par les tirs d'artillerie, et dont une cinquantaine de familles de déplacés squattent encore les abords. Mais ils ont aussi fourni la charpente métallique du futur hôtel de ville. Face au visiteur, Ahmed el-Ali et le chef du conseil communal rivalisent de civilités et se donnent du «chairman». En privé, le premier confie qu'il attend toujours les 3 000 dollars que lui emprunta jadis l'élu. Qu'importe. La quiétude des Libanais du coin est à ce prix. Quand, voilà dix ans, le capitaine Valentine Strasser, alors au pouvoir, ravit à Kassim Basma une pierre de 3 millions de dollars, le négociant ne s'insurgea pas davantage... A Kenema, le créancier et son débiteur pilotent donc, main dans la main, le comité chargé de veiller au respect du cleaning saturday mensuel. Un samedi par mois, le tandem, escorté par une escouade de policiers et de militaires, sillonne ainsi les ruelles ocre de la ville pour vérifier que chacun consacre la matinée à nettoyer les abords de son logis. Tant pis pour les récalcitrants: embarqués, ils seront mis à l'amende.

Hésitations identaires

Le zèle citoyen du hadj fait grincer quelques dents. «Même en ce domaine, les Libanais font la loi», râle un étudiant. C'est ainsi: quoi qu'il dise ou fasse, l'enfant du Chouf, de Tyr ou de la Bekaa demeure un étranger, un Blanc, aux yeux de son voisin à la peau d'ébène, descendant d'esclaves affranchis. «Je peux, comme mon père, être natif de cette terre, y vivre avec femme et enfants, pratiquer les dialectes, obtenir la nationalité sierra-léonaise, payer impôts et taxes rubis sur l'ongle, rien n'y fait», constate Hassan Halloway, patron d'une agence de voyages. A l'heure de définir leur identité, nombre de ses congénères hésitent. L'un, diamantaire prospère, se dit libanais avant tout; l'autre, sierra-léonais d'origine libanaise. Quant à ce fils d'une prestigieuse famille maronite, il dépeint ainsi le dilemme: «Au Sierra-Léonais, je me dis libanais; au Libanais, sierra-léonais. Je ne suis ni l'un ni l'autre. Les deux? Peut-être. Mais, dans ce cas, je me sens aussi anglais, pour avoir vécu et étudié à Londres, et français de culture.» Au fronton de l'Ecole internationale, fondée en 1956, le drapeau frappé du cèdre répond aux couleurs - vert-blanc-bleu - du pays adoptif. Et, dans le bureau du principal, le portrait d'Emile Lahoud, le président libanais, donne la réplique à celui de Kabbah.

Les documents officiels ne lèvent pas le doute. Le passeport maison a pour avantage de dispenser de visas le commerçant qui parcourt l'Afrique. Tel vétéran, né avant l'indépendance, exhibe un livret britannique. Son ami, nostalgique de la mère patrie, garde un sésame libanais. Jamal Shallop, lui, est sujet du royaume de Belgique. Tout comme ses quatre enfants, qui ont vu le jour à Anvers, la Mecque du diamant haut de gamme. «Beaucoup plus commode pour bosser avec l'Occident», confesse cet amateur de cigares. Il arrive pourtant que les principes prévalent sur l'intérêt. Fidèle à son statut de British overseas citizen - Britannique d'outre-mer - Samir Hassaniyeh exclut de solliciter la nationalité sierra-léonaise. Le porte-parole de la communauté juge injustes et obsolètes les lois qui, depuis plus de quarante ans, interdisent aux immigrants comme aux mulâtres l'accès à la haute administration ou au rang d'officier. Il a au demeurant fait parvenir à la présidence un plaidoyer écrit en faveur de la révision des textes. «Je peux voter, mais pas briguer un siège de député, souligne cet assureur à la mèche grisonnante et indocile. Le type établi depuis deux mois et naturalisé a plus de droits que moi, qui vis ici depuis cinquante-huit ans. Les Libanais d'ici s'engageraient davantage s'ils se sentaient citoyens à part entière.» «Une évidente discrimination persiste, admet en écho un ancien haut fonctionnaire africain. Pour autant, bien peu investissent à long terme dans le secteur minier. Ils passent pour ceux qui écument nos ressources naturelles pour les exporter.» Fin et cultivé, Walid comprend ce ressentiment. A l'entendre, le fabuleux potentiel du sous-sol sierra-léonais aiguise les tensions raciales et sociales. «Les gens d'ici voient la richesse comme un jeu à somme nulle: faute de pouvoir en créer, on ne peut que la partager.» La fortune, en ville, se fait rarement ostentatoire. «Mes cigares, confie Jamal, je les fume à la maison ou au restau, pas dans la rue.»

Mauvaise presse

Nos pères ont bossé comme des mules. Le fric, on l'a durement gagné. Et tant pis pour les jaloux. Maintes fois entendue, l'antienne est un peu courte. Car les «frères de couleur» ne dénoncent pas que l'arrogance des nantis. Ils les accusent d'avoir, pour préserver leur emprise, pactisé avec tous les pouvoirs: la junte, le RUF, Kabbah. Autre grief, le recours à la corruption, qu'il s'agisse d'acheter un passeport, les faveurs d'un ministre ou la bienveillance d'un juge. «Ces types se croient au-dessus des lois, peste Michael sur le forum qu'héberge un site Internet. J'en appelle à tous les patriotes: débarrassons-nous de cette menace.» Si la communauté a si mauvaise presse, elle le doit aussi à la vénalité de «journalistes» dévoyés. «Ils débarquent dans votre bureau et vous menacent d'un papier accablant, raconte une victime. A moins que, moyennant 100 dollars... Porter plainte n'a aucun sens. Certains paient. D'autres non.»

«Jamais les tourments qui secouaient un Liban en guerre n'ont contaminé la famille des expatriés»

Perdue au cœur de Bo, la maison natale du grand homme ne paie pas de mine. C'est pourtant dans cette bicoque au toit de tôle rouillée que Nabih Berri, président de l'Assemblée nationale libanaise, a vu le jour voilà soixante-quatre ans. Avant la noire décennie qui a meurtri la terre de son enfance, le leader du mouvement chiite Amal débarquait une ou deux fois l'an à Freetown. «Moins par nostalgie que pour empocher les fonds réunis par ses disciples», souffle un initié. Souvent venus du sud du pays du Cèdre, adeptes du chiisme pour la plupart, les Libanais ne font pas mystère du respect que leur inspirent les miliciens pro-iraniens du Hezbollah. «Il n'y a pas de collecte organisée, soutient l'un d'eux, mais chacun fait ce qu'il veut de son argent. Washington peut bien reléguer le Hezb au rang d'organisation terroriste. Pour nous, c'est un parti politique représenté au Parlement, dont les combattants ont chassé l'occupant sioniste du berceau de nos ancêtres.» S'il zappe volontiers d'une chaîne arabe à l'autre, Hussein avoue un faible pour al-Manar, la station satellitaire du Parti de Dieu. L'effigie du cheikh Hassan Nasrallah, son chef, trône sur le téléviseur. Dans la quincaillerie d'Ahmed el-Ali, un petit portrait de l'ayatollah Khomeini, l'icône de la révolution islamique iranienne, orne un présentoir de lampes à pétrole. Gare aux amalgames: la moto au réservoir garni d'autocollants à la gloire d'Oussama ben Laden, aperçue devant la grande mosquée de Koidu, appartient bel et bien à un musulman d'Afrique au teint de jais. L'heure est au profil bas. D'autant que, selon les services de renseignement occidentaux, la vente illicite de diamants sierra-léonais raflés par les rebelles du RUF alimente depuis trois ans les caisses d'al-Qaeda. Pour un montant estimé à plusieurs millions de dollars. L'an dernier, peu après le carnage du World Trade Center, Samir a été sommé de s'expliquer devant les députés: relayée sur le Web et la BBC, la rumeur accusait des Libanais de Bo et Kenema d'avoir fêté le massacre. «Archifaux! s'indigne la figure de proue de la communauté. J'ai d'ailleurs pu rétablir la vérité.» Il demandera même, dans un courrier plein de déférence adressé à «Son Excellence le Président de la République, source de l'Honneur et de la Justice», l'ouverture d'une enquête.

Miliciens maronites des Forces libanaises, fedayins du Hezbollah, partisans druzes de Walid Joumblatt: certains nouveaux venus traînent un lourd passé. «Mais jamais les tourments qui secouaient un Liban en guerre n'ont contaminé la famille des expatriés, insiste Hassan Halloway. Ni querelles religieuses ni bisbilles politiques. Chiite, sunnite, chrétien? A vrai dire, j'ignore souvent la confession de mon voisin.» Parfois féroces, les conflits ont la couleur de l'argent ou l'éclat du diamant. Bien sûr, à l'échelon local, la solidarité joue encore. On se cotise pour secourir le vieux broussard asthmatique et édenté, ruiné par les razzias des rebelles. «Mais, en affaires, c'est chacun pour soi», soupire Hassan.

Chacun pour soi, et Basma pour tous. Ce mardi d'octobre, dans le salon VIP de l'aéroport Lungi, douaniers, policiers et officiels viennent tour à tour souhaiter bon voyage à Kassim Basma, en partance pour sa retraite anversoise. Impavide, le chiite épicurien puise des liasses de leones dans sa mallette de cuir. Nul ne repartira les mains vides. Les diamants sont éternels; les Libanais et le paternalisme aussi.
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essama
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MessagePosté le: Jeu 13 Avr 2006 21:21    Sujet du message: Répondre en citant

La triple identité d'Abbas Jaber

«A nous deux, Paris!» Un beau jour, Abbas Jaber, un Franco-Sénégalais d'origine libanaise, lance ce cri balzacien comme un défi. Puis il quitte sa ville natale de Thiès, au Sénégal. Vingt ans plus tard, fortune faite, ce PDG idéaliste de 44 ans préside aux destinées de Jaber's Negoce, une société sise dans le quartier de la place de l'Etoile. Epaulé par son frère Mazen, il exporte jusqu'à 350 000 tonnes de denrées alimentaires (sucre, farine, blé, achetés sur les places boursières) par an vers l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale. Le magazine économique L'Expansion a, voilà peu, classé l'entreprise parmi les dix plus belles réussites des années 1990.

La clef du succès des Libanais d'Afrique

Inspiré par des idées simples - «Ce sont généralement les meilleures», dit-il - il révolutionne le commerce avec l'Afrique: tandis que ses concurrents affrètent seulement des portions de cargo, lui voit grand et remplit des navires entiers. Ces économies d'échelle lui ont permis de réduire ses prix de vente. Et de bousculer les entreprises du secteur, un peu assoupies. «Mais les débuts furent difficiles: on m'a dénigré et mis des bâtons dans les roues. Boycotté par des fournisseurs hexagonaux, j'ai dû m'approvisionner aux Pays-Bas et en Allemagne. Moralité: même lorsqu'on est hyper-compétent, l'intégration dans la société française ne va pas sans mal», sourit, sans rancune, cet homme d'affaires qui collectionne des peintures africanistes du XIXe et du XXe siècle et se passionne pour le pilotage aérien.

Fier de sa triple identité - sénégalaise, française, libanaise - Abbas Jaber livre à travers son exemple la clef du succès des Libanais d'Afrique. «Alors que mes concurrents exigent des lettres de crédit, des paiements sécurisés et des garanties en tout genre, je me contente souvent d'un engagement verbal. A tout codifier, on finit par déshumaniser les échanges. Et par créer des rapports de suspicion, de méfiance et, finalement, d'inélégance avec ses clients. Or, d'une grande noblesse d'âme, les Africains se sentent bien davantage liés par la parole que par un contrat écrit, toujours sujet à chicanerie en raison d'une virgule mal placée», souligne cet amoureux du Continent noir qui parle et, parfois, rêve en wolof.

Dans ses bureaux parisiens du XVIe arrondissement, aménagés selon les principes de «déco» du feng shui, il présente fièrement sa performante équipe: un joli melting-pot d'une vingtaine de salariés, tous bac + 5, originaires du Mali, de Madagascar, du Maghreb, des Philippines, mais aussi… de Bretagne ou du Pays basque! «Voici la France de demain!» s'exclame ce PDG d'entreprise «citoyenne», ravi que le gouvernement Raffarin compte en son sein Tokia Saïfi, secrétaire d'Etat au Développement durable. «Une autre preuve vivante, insiste-t-il, que les immigrés peuvent réussir en France ailleurs que dans le foot ou les spectacles comiques…»
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bamiléké
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MessagePosté le: Ven 14 Avr 2006 15:26    Sujet du message: Répondre en citant

J'espère que l'éclairage sur l'entreprenariat Libanais ne créra pas autant ds polémiques que l'entreprenariat de certains peuples africains... Cool
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Rocs
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MessagePosté le: Dim 16 Avr 2006 14:54    Sujet du message: Répondre en citant

Comment se fait-il que des gesn venu d'ailleurs reusissent chez nous alors que ceratin de nos fréres preferent sont pret a mourir pour aller laver les sols europeen?
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essama
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MessagePosté le: Dim 16 Avr 2006 21:23    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Les Afros sont frappés de ce que l'on appelle le syndrome "EBA" (Everything but Afro) ou TSA en bon Francais. Si on ajoute a cela l'aliénation et la manque de connaissance de soi, on arrive a la reussite des autres et le maintient des notres dans la misere: on arrive également a ce genre de texte qui fait l'eloge des autres et jamais des notres.


Je pense que tu n'as pas lu mes interventions car j'ai souvent evoqué la réussite des nôtres sur le continent, je trouve d'ailleurs malheureux que dans nos pays, la majorité des entreprises soient contrôlées par des étrangers.
J'énonce simplement une vérité pendant que les noirs se clochardisent en europe d'autres profitent de notre marché pour se faire de l'argent.
Là ou les africains ne voient que difficultés et malheurs d'autres arrivent à percevoir les opportunités et en profitent en conséquence.
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MessagePosté le: Dim 16 Avr 2006 21:35    Sujet du message: Répondre en citant

Marin.R.Delany a écrit:
Aux antilles, le pb n'est pas si différent qu'en Afrique: si c un Afro (ou antillais de peau foncée, pour etre plus précis) qui reussit il y a tjrs un autre Afro pour minimiser sa reussite mais des qu'n c un libanais, un syrien, un couli, etc... il y a moins de crispation pour le reconnaitre.

C'est encore présent, mais c'est de moins en moins vrai, Marin. Tu vas désormais trouver davantage d'Antillais pour saluer la réussite d'un des leurs que pour dénigrer.

Les médias locaux font de plus en plus l'éloge des entrepreneurs antillais, ce qui permet à la population de se reconnaître et de se mieux se valoriser.

Seul mais notable HIC : ces entrepreneurs sont généralement... expatriés. Alors on s'extasie sur la réussite de nos jeunes cadres dynamiques et autres entrepreneurs au Canada, aux USA ou en Asie (rarement en France...), parce que "c'est bien, POUR UN ANTILLAIS, quand même" Rolling Eyes mais sur place... le débarquement continue. Ce qui fait grincer de plus en plus de dents localement (les conflits sociaux récents sont souvent motivés par la discrimination raciale et l'arrogance de certains cadres "importés").

Les mentalités évoluent, mais la route est longue... Confused
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"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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bamiléké
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MessagePosté le: Lun 17 Avr 2006 13:09    Sujet du message: Répondre en citant

muna Deïdo a écrit:
bamiléké a écrit:
J'espère que l'éclairage sur l'entreprenariat Libanais ne créra pas autant ds polémiques que l'entreprenariat de certains peuples africains... Cool


Ouaih! toujours égale à toi même!...

Deïdo.



Marin R Delany a dit:
Les Afros sont frappés de ce que l'on appelle le syndrome "EBA" (Everything but Afro) ou TSA en bon Francais. Si on ajoute a cela l'aliénation et la manque de connaissance de soi, on arrive a la reussite des autres et le maintient des notres dans la misere: on arrive également a ce genre de texte qui fait l'eloge des autres et jamais des notres.

Mais bien sur faire l'éloge des siens ne pourrait ètre que du tribalisme, n'est ce pas Muna?
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MessagePosté le: Lun 17 Avr 2006 13:16    Sujet du message: Répondre en citant

essama a écrit:
Citation:
Les Afros sont frappés de ce que l'on appelle le syndrome "EBA" (Everything but Afro) ou TSA en bon Francais. Si on ajoute a cela l'aliénation et la manque de connaissance de soi, on arrive a la reussite des autres et le maintient des notres dans la misere: on arrive également a ce genre de texte qui fait l'eloge des autres et jamais des notres.


Je pense que tu n'as pas lu mes interventions car j'ai souvent evoqué la réussite des nôtres sur le continent, je trouve d'ailleurs malheureux que dans nos pays, la majorité des entreprises soient contrôlées par des étrangers.
J'énonce simplement une vérité pendant que les noirs se clochardisent en europe d'autres profitent de notre marché pour se faire de l'argent.
Là ou les africains ne voient que difficultés et malheurs d'autres arrivent à percevoir les opportunités et en profitent en conséquence
.


Toujours cette fascination sur la réussite des autres...Mais je m'abstiendrai de citer à nouveaux les communautés africaines qui s'en sortent sur le continent, c'est mal vu par la plupart de mes compatriotes...

Le problème et que tu cite souvent des personnes qui representent plutot des individualités, des exceptions parmis leurs compatriotes.
Dans n'importe quel groupe humain, il y en a toujours quelques uns qui se distinguent.
L'interet serait de savoir si communautés entières d'africains ont mis en place des systèmes de developpement économique.
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Laikamit
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MessagePosté le: Mar 18 Avr 2006 12:12    Sujet du message: Répondre en citant

Les libanais sont les descendants des phénitiens, ils ont un sens du commerce incroyable qui est transmis de génération en génération. Pour les empêcher de commercer, il faudrait éditer des lois strictes qui protègent les commerçants africains.
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Benny Da B'
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MessagePosté le: Mar 18 Avr 2006 12:20    Sujet du message: Répondre en citant

Laikamit a écrit:
Pour les empêcher de commercer, il faudrait éditer des lois strictes qui protègent les commerçants africains.


Mouais...ca va pas être si simple, un bon nombre d'entre eux étant né et parfois depuis plusieurs générations dans les pays africains francophones ont pris la nationalité de leurs pays d'acceuil. Donc il possède la double. Considérant donc que beaucoup travaillent avec des papiers "locaux"...sur quels critères tu vas t'appuyer pour les sortir ?
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essama
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MessagePosté le: Mar 18 Avr 2006 18:03    Sujet du message: Répondre en citant

[quote="muna Deïdo"]
bamiléké a écrit:


Citation:
Toujours cette fascination sur la réussite des autres...Mais je m'abstiendrai de citer à nouveaux les communautés africaines qui s'en sortent sur le continent, c'est mal vu par la plupart de mes compatriotes...

Le problème et que tu cite souvent des personnes qui representent plutot des individualités, des exceptions parmis leurs compatriotes.
Dans n'importe quel groupe humain, il y en a toujours quelques uns qui se distinguent.
L'interet serait de savoir si communautés entières d'africains ont mis en place des systèmes de developpement économique.

Surprised
L'afrique francophone n'est pas libre,la lutte de l'indépendance est inachevée c'est là où se situe notre problème,pas ailleurs!... ton pays utilise le franc cfa et abrite une base militaire franSSaise comment peux-tu penser qu'à la réussite économique? pourquoi faire? si tu n'es pas indépendant? pourquoi tu places toujours les boeufs avant la charrue Bamiléké?
ça te sert à quoi des millions si tu es en prison ou dans une tombe?

DEÏDO1.


Je pense que tu fais une grosse erreur, le combat économique est très important si nous voulons retrouver notre souveraineté. Supposons que demain, nous obtenions le contrôle du franc cfa, la liberté que cela engendra ne sera pas totale si nos banques et nos entreprises restent etrangères. En conséquence, la masse monétaire nous echappera.

Il est primordiale que les africains comprennent que l'economie est indispensable pour le bon fonctionnement d'une société. Il faut que nous nous battions pour nous réapproprier petit à petit notre espace économique sinon nous continuerons à être dépendants.

Il y'a franchement matière à s'inquieter d'après une analyse du système économique de s'apercevoir que 80 % des entreprises gabonnaises appartiennent à des étrangers ou que 60 % des entreprises sénégalaises appartiennent à des libanais.

Comment se fait-il que des minorités étrangères aient le contrôle sur nos économies ?

Je pense que ce n'est pas très sérieux de dire que la réussite économique n'a aucune importance car je commencerais vraiment à croire que les africains se complaignent dans leur situation de dépendance. C'est bien de dénoncer la domination politique et monétaire de la france mais ce n'est pas une raison pour que l'on renonce à notre espace économique.
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Benny Da B'
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MessagePosté le: Mar 18 Avr 2006 18:23    Sujet du message: Répondre en citant

essama a écrit:

Il y'a franchement matière à s'inquieter d'après une analyse du système économique de s'apercevoir que 80 % des entreprises gabonnaises appartiennent à des étrangers ou que 60 % des entreprises sénégalaises appartiennent à des libanais.


Au risque de me répéter il faut bien faire attention et ne pas confondre la quincaillerie du Libanais et les grosses multinationales francaises.

Comme je le disais plus haut dans le cas des Libanais, ce sont des sociétés de droit "local"..ivoirien, sénégalais ou autres et dans de plus en plus de cas...le temps allant...les types vous montrent "fièrement" leur passeport africains. Tout ca pour dire...que c'est pas si exact que çà dire entreprises étrangères...ou alors ca voudrait dire que l'intégration n'est pas possible en afrique ?

Précision, je ne suis pas angélique sur les manières de faire du bizness des libanais et sur le racisme souvent affiché qu'ils manisfestent, je dis juste que sous l'angle du droit...c'est pas que des entreprises etrangères.
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essama
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MessagePosté le: Mar 18 Avr 2006 18:58    Sujet du message: Répondre en citant

Lorsque je parle d'entreprises etrangères, cela comprend également les multinationales françaises. On ne peut pas se rassurer en se disant que certaines entreprises ont été crée par des étrangers naturalisés.
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Benny Da B'
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MessagePosté le: Mar 18 Avr 2006 19:04    Sujet du message: Répondre en citant

C'est pas pour me rassure, c'est pas çà ...c'est par rapport à l'intervenant qui disais:

"Pour les empêcher de commercer, il faudrait éditer des lois strictes qui protègent les commerçants africains."

et moi je disais sur quelle base si les entreprises sont de droit local et que le patron a la double nationalité ?

C'était çà mon propos.
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Enyegue Nyegue
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MessagePosté le: Mer 19 Avr 2006 08:33    Sujet du message: Répondre en citant

[quote="essama"]
muna Deïdo a écrit:
bamiléké a écrit:


Citation:
Toujours cette fascination sur la réussite des autres...Mais je m'abstiendrai de citer à nouveaux les communautés africaines qui s'en sortent sur le continent, c'est mal vu par la plupart de mes compatriotes...

Le problème et que tu cite souvent des personnes qui representent plutot des individualités, des exceptions parmis leurs compatriotes.
Dans n'importe quel groupe humain, il y en a toujours quelques uns qui se distinguent.
L'interet serait de savoir si communautés entières d'africains ont mis en place des systèmes de developpement économique.

Surprised
L'afrique francophone n'est pas libre,la lutte de l'indépendance est inachevée c'est là où se situe notre problème,pas ailleurs!... ton pays utilise le franc cfa et abrite une base militaire franSSaise comment peux-tu penser qu'à la réussite économique? pourquoi faire? si tu n'es pas indépendant? pourquoi tu places toujours les boeufs avant la charrue Bamiléké?
ça te sert à quoi des millions si tu es en prison ou dans une tombe?

DEÏDO1.


Je pense que tu fais une grosse erreur, le combat économique est très important si nous voulons retrouver notre souveraineté. Supposons que demain, nous obtenions le contrôle du franc cfa, la liberté que cela engendra ne sera pas totale si nos banques et nos entreprises restent etrangères. En conséquence, la masse monétaire nous echappera.

Il est primordiale que les africains comprennent que l'economie est indispensable pour le bon fonctionnement d'une société. Il faut que nous nous battions pour nous réapproprier petit à petit notre espace économique sinon nous continuerons à être dépendants.

Il y'a franchement matière à s'inquieter d'après une analyse du système économique de s'apercevoir que 80 % des entreprises gabonnaises appartiennent à des étrangers ou que 60 % des entreprises sénégalaises appartiennent à des libanais.

Comment se fait-il que des minorités étrangères aient le contrôle sur nos économies ?

Je pense que ce n'est pas très sérieux de dire que la réussite économique n'a aucune importance car je commencerais vraiment à croire que les africains se complaignent dans leur situation de dépendance. C'est bien de dénoncer la domination politique et monétaire de la france mais ce n'est pas une raison pour que l'on renonce à notre espace économique.


Very Happy Very Happy Vous avez demandé le "panafricaniste libanais"? Jsui là!!
Je vois ke malgré les bombardements ke j'ai recu de la prt des MOP et MarinR. Delany, il reste une vérité absolue ke la bonne foi doit nous faire reconnaitre: les libanais ont largemnt réussi chez nous, et pour certains, cela se poursuit depuis plusieurs générations!!
Bien sur, je vois encore des esprits augris et envieux ki préconisent l'expulsion manu militari de ces "non nationaux" (pour ne pas dire "non noirs", n'est ce pas? Hypocrisie, quand tu nous tiens...)... Mais Benny a soulevé une bonne question, ke j'avais déjà exposée dans un topic similaire précédemment: Il y'en a ki ont la nationalité Camerounaise, ivoirienne, sénégalaise... Etatnt donné k'on devra se débarasser des "non nationaux", eh bien, ils ne seront pas concernés!!
De plus, je ne vois pas le bien fondé d'une telle idée... En koi expulser des commercants dynamikes ki contribuent BEAUCOUP à la vie économique de nos pays nous aidera? Au contraire, s'il y a des esprits assez éclairés sur le monde du business, ils comprendront ke cette présence est vitale: la concurrence stimule la création et l'innovation!!
Ce n'est pas du tout le même cas k'avec Mugabé, si certains font le parallèle: les terres k'il a arraché aux blancs avaient été acquises par la violence, la force... Mais expulser un libanais ki a monté son entreprise plus ou moins légalement (je ne sous estime pas d'éventuelles magouilles de leur part... Mais une fois encore, il y a toujours un corrupteur ET un corrompu ), sur le simple fait... well, k'il est libanais... Je ne sais pas ce ke c'est pour vous, mais moi j'appelle ca du racisme et l'aveuglement ultranationaliste...
De plus, il semble ke pour "légitimer" ces points de vue nauséeux, beaucoup "d'antilibanais' ont tendance à les mélanger aux francais expats ki vivent chez nous... Parallèle maladroit. Parce ke comme l'a (encore) dit Benny, les francais oeuvrent pour des multinationales "vampires" ki pillent l'afrique, alors k'à mon avis le petit fils d'immigrés libanais, tiens des commerces où il emploie la main d'oeuvre locale, il produit et vend sur un marché local, et les revenus sont investis sur place pour la plus grande partie... De plus, ils sont souvent mieux intégrés dans nos moeurs et sociétés (il y en a beaucoup ki sont mariés à des africaines, parlent nos langues, et connaissent nos us...), à l'opposé des francais ki vivent reclus dans leurs quartiers résidentiels avec l'arrogance ke nous connaissons tous...
Ceci dit, MarinR. Delany, je suis d'accord avec toi kand tu évokes l'aspect de l'aliénation des populations africaines, notamment le fameux EBA (Evrything But Afro)... Mais penses tu ke le vrai problème réside chez les libanais? C'est à nous developper les initiatives et affronter les libanais d'un point de vue commercial et concurrentiel... Parce ke s'ils doivent être expulsés (ce ke je trouve déjà illégitime), eh bien, il faudra mettre des gens compétents à la place... Et comment tu fais toi, puiske tu es apparemment entouré d"'aliénés"?? Si j'étais plutot enthousiaste face à l'initiative de Mugabé, je ne suis ke plus ke confus kand à la situation dans lakelle le Zimbabwe se trouve actuellement... Explications?
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essama
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MessagePosté le: Mer 19 Avr 2006 10:22    Sujet du message: Répondre en citant

Le panafricaniste libanais a encore frappé. Je voudrais que tu m'indiques où j'ai parlé de procéder à l'expulsion manu militari des libanais.
J'ai tout simplement dit que les nationaux doivent entreprendre davantage pour avoir une place plus importante au sein de leur espace économique.
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bamiléké
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MessagePosté le: Mer 19 Avr 2006 17:47    Sujet du message: Répondre en citant

[quote="essama"]
muna Deïdo a écrit:
bamiléké a écrit:


Citation:
Toujours cette fascination sur la réussite des autres...Mais je m'abstiendrai de citer à nouveaux les communautés africaines qui s'en sortent sur le continent, c'est mal vu par la plupart de mes compatriotes...

Le problème et que tu cite souvent des personnes qui representent plutot des individualités, des exceptions parmis leurs compatriotes.
Dans n'importe quel groupe humain, il y en a toujours quelques uns qui se distinguent.
L'interet serait de savoir si communautés entières d'africains ont mis en place des systèmes de developpement économique.

Surprised
L'afrique francophone n'est pas libre,la lutte de l'indépendance est inachevée c'est là où se situe notre problème,pas ailleurs!... ton pays utilise le franc cfa et abrite une base militaire franSSaise comment peux-tu penser qu'à la réussite économique? pourquoi faire? si tu n'es pas indépendant? pourquoi tu places toujours les boeufs avant la charrue Bamiléké?
ça te sert à quoi des millions si tu es en prison ou dans une tombe?

DEÏDO1.


Je pense que tu fais une grosse erreur, le combat économique est très important si nous voulons retrouver notre souveraineté. Supposons que demain, nous obtenions le contrôle du franc cfa, la liberté que cela engendra ne sera pas totale si nos banques et nos entreprises restent etrangères. En conséquence, la masse monétaire nous echappera.

Il est primordiale que les africains comprennent que l'economie est indispensable pour le bon fonctionnement d'une société. Il faut que nous nous battions pour nous réapproprier petit à petit notre espace économique sinon nous continuerons à être dépendants.

Il y'a franchement matière à s'inquieter d'après une analyse du système économique de s'apercevoir que 80 % des entreprises gabonnaises appartiennent à des étrangers ou que 60 % des entreprises sénégalaises appartiennent à des libanais.

Comment se fait-il que des minorités étrangères aient le contrôle sur nos économies ?

Je pense que ce n'est pas très sérieux de dire que la réussite économique n'a aucune importance car je commencerais vraiment à croire que les africains se complaignent dans leur situation de dépendance. C'est bien de dénoncer la domination politique et monétaire de la france mais ce n'est pas une raison pour que l'on renonce à notre espace économique.


Bravo Essama , je m'acharne depuis des lustres à tenter de le faire comprendre à certains grioonautes.
Cette indifference, cette apathie de certains face à la main mise occidentale sur nos économies est dramatique.
Certe le système actuel est loin d'ètre parfait mais il faudrait d'abord tenter de le maitriser avant de passer à une autre phase. Les nombreux exemples que tu cite prouvent qu'il y a encore moyen de tirer son épingle du jeux mème en Afrique francophone...
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Enyegue Nyegue
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MessagePosté le: Ven 21 Avr 2006 08:42    Sujet du message: Répondre en citant

essama a écrit:
Le panafricaniste libanais a encore frappé. Je voudrais que tu m'indiques où j'ai parlé de procéder à l'expulsion manu militari des libanais.
J'ai tout simplement dit que les nationaux doivent entreprendre davantage pour avoir une place plus importante au sein de leur espace économique.


Laughing Laughing Essama, Essama, roulez, roulez (si tu es un kmer beti comme je le pense tu dois surment connaitre ce bon vieux bikutsi!!)
l'allusion au "non africains" ne s'adressait pas à toi, mais à Laikamit, peut etre le fait ke j'aie pris ton post en citation t'as induit en erreur..
Ceci dit, j'attends kand même ton avis sur le fond de mon argumentation.. Kesle tu en penses? Et MOP?
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Nato
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MessagePosté le: Mar 02 Mai 2006 13:09    Sujet du message: Répondre en citant

[quote="essama"]
muna Deïdo a écrit:
bamiléké a écrit:


Citation:
Toujours cette fascination sur la réussite des autres...Mais je m'abstiendrai de citer à nouveaux les communautés africaines qui s'en sortent sur le continent, c'est mal vu par la plupart de mes compatriotes...

Le problème et que tu cite souvent des personnes qui representent plutot des individualités, des exceptions parmis leurs compatriotes.
Dans n'importe quel groupe humain, il y en a toujours quelques uns qui se distinguent.
L'interet serait de savoir si communautés entières d'africains ont mis en place des systèmes de developpement économique.

Surprised
L'afrique francophone n'est pas libre,la lutte de l'indépendance est inachevée c'est là où se situe notre problème,pas ailleurs!... ton pays utilise le franc cfa et abrite une base militaire franSSaise comment peux-tu penser qu'à la réussite économique? pourquoi faire? si tu n'es pas indépendant? pourquoi tu places toujours les boeufs avant la charrue Bamiléké?
ça te sert à quoi des millions si tu es en prison ou dans une tombe?

DEÏDO1.


Je pense que tu fais une grosse erreur, le combat économique est très important si nous voulons retrouver notre souveraineté. Supposons que demain, nous obtenions le contrôle du franc cfa, la liberté que cela engendra ne sera pas totale si nos banques et nos entreprises restent etrangères. En conséquence, la masse monétaire nous echappera.

Il est primordiale que les africains comprennent que l'economie est indispensable pour le bon fonctionnement d'une société. Il faut que nous nous battions pour nous réapproprier petit à petit notre espace économique sinon nous continuerons à être dépendants.

Il y'a franchement matière à s'inquieter d'après une analyse du système économique de s'apercevoir que 80 % des entreprises gabonnaises appartiennent à des étrangers ou que 60 % des entreprises sénégalaises appartiennent à des libanais.

Comment se fait-il que des minorités étrangères aient le contrôle sur nos économies ?

Je pense que ce n'est pas très sérieux de dire que la réussite économique n'a aucune importance car je commencerais vraiment à croire que les africains se complaignent dans leur situation de dépendance. C'est bien de dénoncer la domination politique et monétaire de la france mais ce n'est pas une raison pour que l'on renonce à notre espace économique.



Idea

Le problème est d'opposer l'économie à la politique. Les deux constitue en fait un serpent qui se mord la queu dans le monde d'aujourd'hui. Les USA sont la plus grande puissance économique, mais aussi politique. Il nous faut des forces politiques pour défendre et prendre des marchés( national et international)pour nos entreprises et donc d'augmenter des revenus de nos populations. Il nous faut aussi des entreprises fortes pour donner des moyens à nos politiques de se defendre et de defendre leurs interêts et leur population.
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