Posté le: Jeu 27 Avr 2006 22:43 Sujet du message: V for Vendetta
[Note de la modération :
Martin R Delany ayant pris soin de supprimer la quasi-totalité de ses posts depuis son arrivée sur les forums, ce topic initié par l'intéressé - qui par la suite a pris soin de supprimer tant son message d'origine que le titre même de la conversation, la modération se réserve le droit d'en rétablir au moins le titre, PAR RESPECT pour les grioonautes qui ont pris le temps de lui répondre .
Cordialement.]
Marin.R.Delany a écrit:
cela valait le coup meme si j'ai pas respecter une de mes regles en matiere de cinéma: il faut au moins un Afro dans le film
Qui sait si ce n'est pas un afro qui se cache sous le masque ?
Oui, je sais qu'Hugo Weaving (l'acteur qui a une voix parfaite pour ce personnage) n’est pas afro, mais peut être qu'Alan Moore (l'auteur de la B.D) avait imaginé un homme noir sous ce masque...
« V » étant une « idée » (la liberté) il est en chaque être humain qui se bat pour cette idée.
Donc « V » est aussi un afro...
« V For vendetta » est tiré d’une bande dessinée d’Alan Moore et David Lloyd que je conseille à tous les amateurs de bande dessinée « adulte » ou « intelligente ».
J’ai trouvé que le film était assez fidèle (autant que possible) à l’histoire de la B.D, mais ne traduisait pas assez la noirceur de celle-ci.
Il faut savoir que la sortie du film était prévue il y a plus d’une année déjà (novembre 2004… « Remember, remember the Fifth of november »…) mais pour des raisons obscures (suivez mon regard…) il n’est sorti que maintenant et en le visionnant j’ai été largement conforté dans mon opinion selon laquelle les producteurs et réalisateur ont dû recevoir quelques coup de fils bien orientés….
La B.D est une sorte de summum du genre subversif et à la vision du film (avec le report extrêmement long de sa sortie) on voit bien que celui-ci a été édulcoré.
Ce que j’ai trouvé tout de même assez courageux de la part du réalisateur, c’est d’avoir inclus (pour ceux qui ont fait attention) des images des attentas de Londres de l’année 2005 et tout en faisant défiler ces images, d’avoir fait le lien avec cette technique de la peur qui consiste, pour un gouvernement, à terroriser son propre peuple pour instaurer des dictatures ou prendre des décisions contestées (ou contestables).
Finalement mon opinion est partagée et je me dis qu’il y aura certainement un « director’s cut » de ce film d’ici quelques années et qu’il vaudra le détour.
Petite réflexion sur le pouvoir :
"Nous ne cherchons pas le pouvoir en vue de nos propres fins, mais pour le bien de la majorité tel que nous le définissons. Les hommes, ces créatures frêles et lâches, ne peuvent endurer la liberté ni faire face à la vérité. Ils doivent être dirigés par ceux qui sont plus forts qu'eux. L'espèce humaine a le choix entre la liberté et le bonheur, or le bonheur vaut mieux.
Le bien des autres ne nous intéresse pas, nous ne recherchons que le pouvoir, le pur pouvoir. Les nazis et les communistes se rapprochent beaucoup de nous par leurs méthodes, mais ils n'eurent jamais le courage de reconnaître leurs propres motifs. Ils prétendaient s'être emparés du pouvoir pour une période limitée; passé le point critique, il y aurait un paradis où les hommes seraient libres et égaux. Nous ne sommes pas ainsi, nous savons que jamais personne ne s'empare du pouvoir avec l'intention d'y renoncer. On n'établit pas une dictature pour sauvegarder une révolution. On fait une révolution pour établir une dictature. La persécution a pour objet la persécution. La torture a pour objet la torture. Le pouvoir a pour objet le pouvoir.
L'esclavage c'est la liberté. Seul, libre, l'être humain est toujours vaincu. Mais s'il renonce à son identité, s'il se soumet entièrement et totalement, il se fond dans le pouvoir collectif, il est alors tout-puissant et immortel.
Ce pouvoir est aussi le pouvoir sur d'autres êtres humains, sur les corps mais surtout sur les esprits. Le pouvoir sur la matière n'est pas important, notre maîtrise de la matière est déjà absolue. Ce qui importe c'est de commander à l'esprit. La réalité est à l'intérieur du crâne... Le réel pouvoir, le pouvoir pour lequel nous devons lutter jour et nuit, est le pouvoir non sur les choses, mais sur les hommes. Comment assure-t-on le pouvoir sur un autre? En le faisant souffrir. L'obéissance ne suffit pas. Comment, s'il ne souffre pas, peut-on être certain qu'il obéit, non à sa volonté, mais à la nôtre?
Le pouvoir est d'infliger des souffrances et des humiliations. Le pouvoir est de déchirer l'esprit humain en morceaux que l'on rassemble ensuite sous de nouvelles formes que l'on a choisies. Commencez-vous à voir quel sorte de monde nous créons? Un monde de crainte, de trahison, de tourment. Un monde d'écraseurs et d'écrasés, un monde qui au fur et à mesure qu'il s'affinera deviendra plus impitoyable. Le progrès dans notre monde sera le progrès vers plus de souffrance. Notre civilisation est fondée sur la haine; il n'y aura pas d'autres émotions que la crainte, la rage, le triomphe et l'humiliation. Nous détruirons tout le reste.
Nous avons coupé les liens entre l'enfant et les parents, entre l'homme et l'homme, entre l'homme et la femme. Mais plus tard, il n'y aura ni femme ni ami. Les enfants seront à leur naissance enlevés aux mères, comme on enlève leurs oeufs aux poules. La procréation sera une formalité annuelle, comme le renouvellement de la carte d'alimentation. Il n'y aura plus de loyauté que pour le pouvoir. Tous les plaisirs de l'émulation seront détruits remplacés par l'ivresse toujours croissante du pouvoir, qui s'affinera de plus en plus. Il y aura à chaque instant, le frisson de la victoire, la sensation de piétiner un ennemi impuissant... Autant qu'un monde de triomphe ce sera un monde de terreur... Nous commanderons à la vie à tous ses niveaux.
Vous imaginez qu'il y a quelque chose qui s'appelle la nature humaine qui sera outragée par ce que nous faisons et se retournera contre nous. Mais nous créons la nature humaine. L'homme est infiniment malléable.
Tel est le monde que nous préparons. Un monde où les victoires succèderont aux victoires et les triomphes aux triomphes, un monde d'éternelle pression, toujours renouvelée, sur la fibre de la puissance. Vous commencez à réaliser ce que sera ce monde. À la fin vous ferez plus que le comprendre, vous l'accepterez, vous l'accueillerez avec joie, vous en demanderez votre part en idolâtrant vos propres bourreaux. »
Extrait de "1984" de George Orwell (un homme qui avait tout compris) _________________ "Nous avons accepté l'inacceptable"
JP Bemba
"Jamais le besoin d'ordre, d'autorité et de fermeté n'a été aussi présent dans la société française."
On ne pourra pas dire qu'on n'était pas prévénus... _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
En gros : surtout, n'allez pas voir ce film, il risquerait de vous faire réfléchir ! _________________ "Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
Posté le: Jeu 04 Mai 2006 13:35 Sujet du message: Re: V for Vendetta
Marin.R.Delany a écrit:
Pour revenir au film, il nous rappelle que c le gvt qui doit avoir peur du peuple et non le contraire. En d'autres termes, et selon moi, c les responsabilites de gvt fasciste repose sur les epaules du peuple car ils ne peuvent dire qu'ils ne savaient pas.
J'espère que tu seras assez indulgent, Marin, pour permettre que je m'autorise à poster sur ce sujet bien que n'ayant pas regardé le film. C'est que je ne parviens à m'accorder avec la dernière phrase de ton intervention que je cite plus haut. Je soutiens qu'on ne peut pas parler d'une responsabilité quelconque d'un peuple qui subit la loi repressive d'un régime totalitaire ou fasciste. Parce que la particularité d'un tel régime réside entre autre en ceci qu'il dirige en s'appuyant:
1- Sur l'armée, l'oppression et l'uniformisation de la pensée politique. Ici on n'a qu'une personne ou un groupe de personnes qui établissent ce qu'est la loi. Et quand on s'en offusque, on paie en général le prix fort (Mort, prison, tortures, exil etc).
2- Une démocratie factice. Le peuple a, dans ce cas, la liberté de penser qu'il est en désaccord avec la politique en place, il a aussi le droit de par les institutions démocratiques mises en place (Partis, associations, syndicats etc) d'exprimer son mécontentement ou ses aspirations. C'est ainsi qu'un peuple prend acte effectif de la responsabilité qui est la sienne.
Mais alors quand le régime en place se fait fort d'ignorer ou de manipuler les tendances que le peuple exprime par le biais soit d'une élection, soit d'un référendum (les seules voies par lesquelles un peuple exerce son pouvoir dans une démocratie), je ne crois pas qu'on puisse mettre en cause la responsabilité de ce peuple ici.
Par rapport au film en lui-même, se servir du principe du conte relatant les hauts faits du chevalier ardent qui se dévoue à la veuve éplorée et à l'orphelin pour règler une question politique, même dans un film, me paraît
bien idéaliste. Et ceci précisément dans le cas où on aurait une nation, un peuple qui ne maîtrise pas les rouages élémentaires de la chose démocratique. Parce qu'une fois délivrée du joug totalitaire, cette nation ne saurait pas se servir des libertés nouvellement acquises et retombera donc entre les mains des anciens ou de nouveaux opportunistes. Ce ne sont pas les exemples qui font défaut en Afrique.
Tu n’as pas tort et c’est l’une des raisons pour laquelle Alan Moore (l'auteur de V) trouve le film tellement éloigné de son oeuvre qu'il a demandé à ne pas figurer dans le générique de fin.
Il faut savoir que V (comme je l’écris plus haut) est une idée (la liberté) qui doit pouvoir s’incarner en chaque individu.
Le personnage poursuit deux objectifs : 1 Une vengeance personnelle qui aboutirait à : 2 Le chaos, car l’élément de sa vengeance est la colonne vertébrale du régime politique.
Mais ce Chaos potentiel et provoqué doit être compensé par une responsabilisation des masses pour éviter que l’on tombe dans ce que l’on défini à tort comme l’anarchie ou que ne peuple ne retombe à nouveau « entre les mains des anciens ou de nouveaux opportunistes » .
Et c’est la raison pour laquelle le personnage s’évertue (Dans la B.D) à expliquer ce qu’il fait.
Malheureusement ce n’est pas du tout repris dans le film ou d’une manière pas assez explicite. _________________ "Nous avons accepté l'inacceptable"
JP Bemba
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