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LANGUES ETRANGERES : ARMES DU GENOCIDE CULTUREL EN AFRIQUE
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Farao
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MessagePosté le: Lun 03 Oct 2005 17:10    Sujet du message: Quelques remarques en passant Répondre en citant

spego105 :
Citation:
J'ai travaillé entre 1984 et 1987 en France pour l'usine Guinéenne Friguia de Kimbo. Nous faisions venir en France des techniciens Guinéens pour les former et les perfectionner dans une usine identique à Gardanne dans le sud de la France. Pour les ingénieurs nous avons pu constater le désastre de l'enseignement exclusif en langue africaine.

Tu attribues donc leur mauvais niveau à leur langue de formation.
Ici, au Bénin, nous avons connu un régime marxiste-léniniste entre 1972 et 1989, avec pour conséquence une floppée de techniciens formés dans les pays de l'Est (dans les langues des pays hôtes et non les notres). De notoriété publique, le niveau de ces diplomés est éxécrable.
Quels sont les éléments qui te permettent de mettre les faibles compétences de tes Guinéens sur le dos de la langue et non de la formation?
Je savais que Sékou Touré avait essayé d'introduire les langues nationales dans l'enseignement et que ça c'était soldé par un échec. (J'ignorais qu'il était allé jusqu'à l'enseignement supérieur). Quelqu'un ici aurait-il des données sur cette expérience? Leur stratégie, les problèmes rencontrés, les ressources mobilisées, les causes de l'échec, le bilan... Ca apporterait des éléments concrets à cette discussion.

L'an passé j'ai entendu le ministre rwandais de l'éducation présenter à la radio leur système éducatif (mixte: kyniarwanda, anglais et français). Là aussi ce serait interressant d'avoir des données concrêtes. Je vais voir s'il y a moyen de trouver quelque chose là-dessus sur le net.

MonaLisa:
Les difficultés que tu soulèves sont réelles mais que de fatalisme! Ton crédo: les obstacles du terrain sont insurmontables donc autant se contenter du statu quo.
Je pense qu'il faut sortir de cette vision à court terme.
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Farao
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MessagePosté le: Lun 03 Oct 2005 17:29    Sujet du message: Toujours en passant Répondre en citant

En attendant de plus amples détails sur les expériences tentées, un peu de lecture:

Citation:


La langue de l'ancien colonisateur (Français, Anglais Portugais, Espagnol) est demeurée dans la plupart des pays africains la langue de l'administration et du système éducatif. Cet héritage historique pour le moins aliénant est source d'un profond malaise dans la mesure où l'utilisation d'une "langue mineure", fait de nos écrivains des "Exilés de l'intérieur", et les productions en langues africaines n'ont qu’une possibilité limitée d'audience en dehors de leurs zones de création. (...)
L'usage des langues des anciens colonisateurs crée des cloisonnements fictifs, car n'est aucun argument dont le poids puisse justifier la prééminence des différences linguistiques par rapport à l'unicité de l'appartenance culturelle. (...)
Comme le soulignent souvent les écrivains africains, c'est par la force des choses qu'ils sont amenés à écrire dans une langue étrangère. Celle-ci est présentée comme un moyen obligé, un outil emprunté mis au service d'un message original. (...)
Si Kourouma réussit à dégager son récit d'un certain déterminisme de la langue en laquelle il écrit en la "violentant" celle-ci n'est pas pour autant un récipient neutre, un simple outil malléable à souhait, dont on pourrait se servir impunément, et la générosité empressée de ceux à qui on l'emprunte est loin d'être dépourvue d'arrière-pensées.
L'expression "Afrique noire de langue Française", si elle désigne la totalité des anciennes "possessions françaises", ne rend guère compte de la complexité ni de la problématique du phénomène linguistique dans les pays concernés. Le Français y est, nous l'avons dit, une "langue mineure". Il n'est ni la langue première de la masse ni même celle que parle "l'élite" instruite dans son milieu d'origine.
Parler d'une "Afrique de langue Française" est une imposture dont on ne souligne pas assez le caractère cocardier et un tantinet triomphaliste et qui n'est pas toujours exempte d'une connotation de mépris pouvant conduire, lorsqu'on n'y prend garde, à un certain cynisme.
En voici un exemple : dans ses "Poèmes et Contes d'Afrique" le Togolais Paul Akakpo TYPAMM publie une ode (en Français) à sa langue maternelle:

"Ô langue mienne
Souffle de mes narines
Prunelle de mes yeux
De mes yeux du corps et de l'esprit
A toi, mes chants d'allégresse
Langue mienne
Ambroisie de mon âme
Parfum des parfums
Langue aux contours encensés d'amour
Salut !"

Et Robert Cornevin d'applaudir l'"Ode à ma langue maternelle", " L'un des plus beaux morceaux jamais consacrés à une langue africaine"...
Les implications idéologiques du mot "francophone" sont plus perverses encore.
"Francophone" signifie qui parle habituellement le français. Appliqué à l'Afrique, ce mot introduit une profonde distorsion dans la réalité. De plus, "la Francophonie" est un lieu purement idéologique, un immense territoire mythique englobant tous les coins de la terre où la langue française est en usage, assemblés dans une soi-disant communauté de culture qui n'est en réalité qu'une vaste et subtile manigance ayant pour but de défendre, préserver et étendre la place et l'influence du français dans le monde en vue de soutenir les intérêts économiques et politiques de la France.
Après "les Colonies Françaises", "les Possessions Françaises", "L'empire Français", "L'union Française" et "La Communauté Française" et leurs faillites successives on inventa "La Coopération Française" et la "Francophonie" qui ne sont que les nouveaux avatars de l'idéologie impérialiste du capitalisme français.
Dans un essai de sémiologie, Roland Barthès a déshabillé certaines subtilités de la phraséologie officielle française relative aux "Affaires Africaines" après la Deuxième Guerre Mondiale :
"Le vocabulaire officiel des affaires africaines - écrit-il - est, on s'en doute purement axiomatique. C'est dire qu'il n'a aucune valeur de communication, mais seulement d’intimidation. Il constitue donc une "écriture" c'est-à-dire un langage chargé d'opérer une coïncidence entre les normes et les faits, et de donner à un réel cynique la caution d'une morale noble. D'une manière originale, c'est un langage qui fonctionne essentiellement comme un code, c'est-à-dire que les mots y ont un rapport nul ou contraire à leur contenu. C'est une écriture que l'on pourrait appeler cosmétique parce qu'elle vise à recouvrir les faits d'un bruit de langage, ou si l'on préfère, du signe suffisant du langage."
Si la variation des mots peut traduire une variation dans les pensées et les attitudes, ils servent, plus souvent qu'on ne le pense, de façade et d'hypocrite raison sociale à celles-ci.
Eu égard à toutes ces implications suspectes, certains préfèrent utiliser "d'expression Française" qui tient compte du fait que le français n'est pas une langue maternelle des écrivains concernés et a le mérite de faire référence aux conflits manifestes et à la problématique de l'acculturation.
Cette dernière expression du critère linguistique de caractérisation de la littérature semble donc moins occulte que "francophonie et même de "langue française", assertion prétendument apodictique, à forte charge suggestive, qui attribue par subreption à la langue française un statut que l'on souhaite lui voir acquérir et contre lequel le bon nombre d'intellectuels africains s'insurgent. Même si le gigantisme de l'effort qu'implique l'entreprise de réhabilitation des langues africaines, la diversité et l'extrême complexité des problèmes qu'elle pose, dissuadent souvent les meilleures volontés et leur imposent à leur corps défendant de s'accommoder du statu quo.

extrait de "L' IDEOLOGIE DANS LA LITTERATURE NEGRO - AFRICAINE D’EXPRESSION FRANÇAISE" de Guy Ossito Midiohouan, l'Harmattan

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Farao
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MessagePosté le: Mar 04 Oct 2005 09:23    Sujet du message: I'm back Répondre en citant

Mes recherches ont commencé à donner des fruits. Pas seulement ceux auxquels je m’attendais…

Le premier document que je vous propose est pour moi une heureuse surprise : j’avais tendance à croire que l’expansion du Swahili dans les pays d’Afrique de l’Est était un phénomène naturel. Ce n’est pas toujours le cas ; en Tanzanie la volonté politique a joué un grand rôle dans la diffusion de cette langue.

Le second document, qui parle de l’expérience guinéenne, confirme qu’à l’origine de l’échec sont l’improvisation, la navigation à vue et le manque de moyen ; et non une prétendue inadéquation des langues africaines aux exigences du monde moderne.

Je m’excuse d’avance auprès des grioonautes allergiques aux longs copier-collers ; mais sur un sujet qui charrie autant d’idées reçues nous ne pouvons faire l’économie d’un état des lieux des expériences déjà tentées.

Faute de quoi on ne dépassera pas le stade des incantations et des décrets: « Il suffit de… », « Ca ne marchera jamais », etc…
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Farao
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MessagePosté le: Mar 04 Oct 2005 09:23    Sujet du message: La Swahilization de la Tanzanie Répondre en citant

La Swahilization de la Tanzanie
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/tanzanie.htm


Les langues tanzaniennes

Ce pays de 34 millions d'habitants, dont environ 960 000 habitants dans les îles de Zanzibar et de Pemba, compte autant de langues que d'ethnies. En réalité, les langues sont beaucoup nombreuses dans la mesure où beaucoup de langues tanzaniennes sont fragmentées en plusieurs variétés dialectales. La majorité des Tanzaniens parlent d'abord leur langue locale comme langue maternelle, puis généralement le swahili comme langue seconde.
Les langues les plus importantes de par le nombre de leurs locuteurs, soit au moins 300 000 personnes, sont les suivantes: le sukuma (15,5 %), le gogo (4,1 %), le haya (3,7 %), le tumbuka (3,1 %), le nyamwezi (2,8 %), le makondé (2,8 %), le hehe (2,3 %), le nyakyusa-ngondé (2,3 %), le chagga (1,8 %), le nyaturu (1,7 %), le maasai (1,3 %), le nilamba (1,3 %), le yao (1,2 ), le makhuwa-meetto (1,1) et le swahili (1 %). À l'exception du maasaï (famille nilo-saharienne), toutes ces langues appartiennent à la grande famille bantoue. Seules quelques langues parlées dans le nord-est du pays font partie des langues nilo-sahariennes, khoïsane (sadawe), couchitiques (gorowa et iraqw). Certaines ethnies sont originaires de l'Inde et du Pakistan, comme les Goujarats (250 000); ils parlent une langue indo-iranienne (le goujarati).
La plupart des 960 000 Zanzibarais, contrairement aux Tanzaniens du continent, parlent le swahili comme langue maternelle, mais cette langue est appelée le kiunguja par les insulaires. Comme ils sont musulmans dans leur très grande majorité, ils apprennent l'arabe à l'école. Cette langue ne peut pas être considérée comme langue seconde dans la mesure où elle n'est utilisée que dans la madrasa et à la mosquée; elle n'est pas utilisée dans les échanges et ce n'est pas une langue de communication. Beaucoup ne savent que répéter par cœur les sourates, prières, etc., apprises à la madrasa.
Sur le continent, l'anglais est parlé, ou plutôt «baraguiné», par les guides, les employés des agences et des hôtels, c'est-à-dire par tous ceux qui ont affaire, de près ou de loin, avec les touristes ou les étrangers. Les petits commerçants ignorent l'anglais, même s'ils savent quelques mots utiles pour les touristes.

Le swahili, l'anglais et l'arabe

Les langues officielles sont l'anglais, la langue de l'ancien colonisateur, parlé comme langue seconde par 1,5 million de locuteurs (4,5 % de la population), et le swahili (appelé kiswahili) qui, langue maternelle de seulement 1 % de la population, est parlé par près de 95 % des Tanzaniens comme langue seconde.

- Le swahili
Le swahili, proclamé comme langue co-officielle avec l'anglais au moment de l'indépendance, est devenu la véritable langue véhiculaire orale du pays au point où l'anglais a sans cesse reculé depuis, sauf à l'écrit où dans les universités et certains services administratifs il conserve une place privilégiée. Pour le reste, contrairement aux autres pays bantouphones, le swahili joue un rôle prédominant en Tanzanie.
Le swahili s'écrit avec l'alphabet latin. (...)

À l'origine, la «côte swahilie» (voir le tracé en rouge indiquant un «couloir») s'étendait du sud de la Somalie au Mozambique en incluant l'archipel des Comores. Au cours du XIXe siècle, le swahili pénétra le continent tout au long des pistes marchandes et esclavagistes. La colonisation européenne favorisa encore son extension. Le swahili est aujourd'hui la langue africaine la plus enseignée dans le monde.
En Tanzanie, cette langue qui était déjà en grande partie utilisée dans la plupart des échanges sociaux semble avoir encore pris de l'expansion depuis l'indépendance. C'est la langue qui assure la communication entre les différentes communautés linguistiques de Tanzanie, que ce soit dans les marchés, les bus qui sillonnent le pays ou lors des réunions qui rassemblent des gens ou les entreprises.
C'est également la langue parlée au sein des familles, de plus en plus nombreuses, dont les conjoints sont issus de deux communautés linguistiques différentes: ils parlent swahili (ou kiswahili) entre eux, alors que les enfants ignorent bien souvent la langue maternelle de leurs parents. Bref, le swahili est parlé sur tout le territoire et la plupart des Tanzaniens s'identifient à cette langue. Il faut surtout retenir que, pour le moment encore, le swahili est bien plus une langue véhiculaire (dans plusieurs pays, dont la Tanzanie continentale) que vernaculaire (seulement à Zanzibar).

- L'anglais
L'anglais est la langue officielle au même titre que le swahili en Tanzanie. Elle n'est une langue seconde que pour une minorité de la population. L'anglais n'est abordé qu'en fin des études primaires et devient malheureusement «langue d'enseignement» dans les écoles secondaire, alors que ni les élèves ni les professeurs ne maîtrisent cette langue. N'oublions pas qu'environ 10 % de la population est scolarisée dans cette langue qui est très mal maîtrisée par ceux et celles qui terminent leur secondaire. La population tanzanienne est donc swahiliphone, contrairement à ce qu'écrivent la majorité des guides touristiques qui affirment, sans aucune nuance, que la Tanzanie est un «pays anglophone» ou que «l'anglais est parlé partout». Il suffit d'arriver dans n'importe quel village et de demander son chemin en anglais pour avoir de désagréables surprises. On peut essayer de faire ses courses en anglais, mais il faudra aussi choisir soigneusement son interlocuteur pour comprendre combien on doit! Certains Tanzaniens dans les agences touristiques, les hôtels, les gros commerces, etc., savent des mots, mais ne peuvent pas construire des phrases. Les gros commerçants parlent l'anglais, mais pas les petits vendeurs qui constituent ce qu'on appelle le «secteur informel», véritable moteur du commerce; en réalité, les commerçants qui parlent anglais sont généralement les gros commerçants qui sont à 75 % environ d'origine indienne. Les guides et employés des agences touristiques, qui représentent un infime pourcentage de la population, «baragouinent» l'anglais dans la plupart des cas. Ils ne s'expriment généralement que dans un anglais extrêmement simple; pour la majorité d'entre eux, il ne faut surtout pas leur demander quelque chose qui dépassent le strict cadre de leurs attributions. Pour résumer, on pourrait dire que, outre le secteur touristique où l'on peut avoir l'impression que les gens parlent un peu l'anglais, seuls les gros commerçants (à majorité indienne) et les fonctionnaires ayant fait de solides études supérieures parlent vraiment l'anglais. Cela représente donc un tout petit pourcentage de la population.

- L'arabe
La langue arabe n'est apprise que dans les écoles coraniques (ou madrasa), surtout à Zanzibar, et n'est utilisée que dans les mosquées. C'est pourquoi l'arabe (classique) n'est pas une langue seconde en Tanzanie (incluant Zanzibar). D'ailleurs, ce n'est pas une langue utilisée les échanges inter-ethniques, ni dans les relations commerciales.
(…)

Le socialisme tanzanien et la swahilisation

Au début des années soixante, le Tanganyika (Tanzanie) était demeuré un pays pauvre, disposant de peu de ressources exportables, d'une industrie à l'état embryonnaire et dont l'agriculture était fondée sur les cultures vivrières. En février 1967, Julius Nyerere, lors de la célèbre «déclaration d'Arusha», posa les principes fondateurs d'une nouvelle politique économique, visant notamment à atteindre l'autosuffisance alimentaire et jetant les bases d'un socialisme à la tanzanienne: «Un gouvernement honnête, l'égalité entre les riches et les pauvres, l'indépendance économique». Il déclara aussi: «La Tanzanie est engagée dans une guerre contre la pauvreté et l'oppression; cette lutte est à la base de notre projet d'amener le peuple tanzanien et tous les Africains de l'état de pauvreté à celui de prospérité.» Malheureusement, cet idéal ne s'est jamais matérialisé.
Du point de vue politique, le président Nyerere tenta d'unifier le pays en dépassant les clivages ethniques, entre autres, par l'usage du kiswahili (ou swahili). L'introduction du kiswahili constitua l'un des supports les plus ambitieux de la politique linguistique tanzanienne. Nyerere imposa la «swahilisation» de tous les domaines de l'État. Alors qu'en 1960 les candidats à l’Assemblée nationale devaient, aux termes de la loi, lire et parler couramment l’anglais, cette prescription disparut en 1965, et la campagne électorale se fit en kiswahili. Dès le début des années soixante-dix, le Parlement tanzanien siégea presque uniquement dans cette langue. Parallèlement, le kiswahili devint la langue officielle des tribunaux de première instance (1964). En septembre 1967, Julius Nyerere réaffirma l'importance du swahili dans Education for Self-Reliance, et expliqua les raisons qui favorisaient le «bannissement» de l'anglais: cette langue était le symbole du monde capitaliste et de valeurs opposées à la philosophie de l'Ujamaa, ce qui signifie «socialisme» en swahili. Le kiswahili devait être la langue des Tanzaniens, de l'Ujamaa et des valeurs africaines.
L'usage du kiswahili s’étendit progressivement à des fonctions officielles de plus en plus nombreuses. Il devint la langue d'enseignement obligatoire au primaire et son introduction était prévue au secondaire (années quatre-vingt) et à l'université (années quatre-vingt-dix). Ainsi, le kiswahili acquit à la fois le statut de «langue nationale» et de «langue officielle» (Lugha ya Taifaî).
De plus, des organismes linguistiques, dont le Bakita et l'Institute of Swahili Research de l’University College de Dar-es-Salaam, furent prévus afin de faire appliquer la politique de swahilisation linguistique; ils avaient pour mission de standardiser le kiswahili et d'assurer sa promotion. De très nombreuses commissions ou associations privées devaient ensuite travailler sur la modernisation de la langue. La swahilisation de la société tanzanienne fut sans doute facilitée par le fait que la promotion du kiswahili ne pouvait pas être assimilée à la prise de pouvoir d’un groupe ethnique sur les autres. On pourrait affirmer aussi que Julius Nyerere a eu presque la chance d'appartenir à l'une des plus petites des 120 ethnies tanzaniennes, les Zanakis, ce qui implique qu'on ne pouvait l'accuser de défendre des intérêts tribaux. Enfin, le kiswahili avait le très grand avantage de ne représenter aucune ethnie particulière et de ne privilégier ni défavoriser aucune des quelque 120 langues maternelles parlées sur le territoire, même si le kiswahili était la langue maternelle d'une petite minorité de Tanganyikais vivant sur la côte est du pays. L'objectif ultime de la politique linguistique de Nyerere était sans doute de remplacer l'anglais par le swahili dans tous les domaines.
Puis, l'État exerça progressivement son contrôle sur tous les secteurs de la vie économique. Les banques et les sociétés privées furent nationalisées et des coopératives d'État furent créées afin de subvenir aux besoins de la population. La propriété agricole fut exploitée selon un système communautaire, et les agriculteurs, jusque-là dispersés, furent regroupés au sein de villages appelés Ujamaa («socialisme»). Mais les regroupements ethniques en villages, l'entraide obligatoire et le travail en commun suscitèrent aussi l'hostilité de certains paysans, ainsi qu'une certaine réticence de la part des investisseurs occidentaux. Les réformes deJulius Nyerere furent également entravées par une conjoncture économique internationale défavorable, une mauvaise gestion publique marquée par la corruption généralisée, ainsi que par la résistance des habitants et des gouvernements locaux. En 1973, la TANU décida de transférer la capitale de Dar-Es-Salaam (face à Zanzibar) à Dodoma, située plus au centre du pays.
En 1977, la TANU devint la Chama Cha Mapinduzi (CCM ou Parti révolutionnaire de Tanzanie) à la suite de sa fusion avec l'Afro-Shirazi Party de Zanzibar. Entre 1970 et 1980, la Tanzanie joua un rôle important par son appui à divers mouvements africains de libération. Les nationalistes du Mozambique y trouvèrent refuge pour organiser leur guérilla contre les Portugais. En 1979, les troupes tanzaniennes entrèrent en Ouganda afin de renverser le régime dictatorial d'Idi Amin Dada et maintinrent leur présence dans le pays jusqu'en 1981. Le président Nyerere devint aussi l'un des représentants africains les plus actifs dans les négociations visant à mettre fin à la domination blanche sur la Rhodésie (devenue ensuite le Zimbabwe).
Tout en conservant de bonnes relations avec l'Ouest, la Tanzanie reçut une aide substantielle en provenance de la Chine qui l'aida, ainsi que la Zambie, à construire le Tanzam, un train permettant d’évacuer le minerai de cuivre zambien par le port de Dar-es-Salaam. Cependant, à partir de 1983, la crise économique rendit nécessaire la libéralisation de l'économie tanzanienne.
(…)

La politique linguistique de la Tanzanie

Depuis l'indépendance, la politique linguistique de la Tanzanie a généralement été favorable à la swahilisation du pays. Mais ce qui est surprenant, c'est que la Constitution de 1984, pas plus que les précédentes, ne contient de disposition linguistique à ce sujet. L'anglais est une langue officielle dans les faits (de facto) depuis la colonisation britannique; quant au kiswahili, il est une autre langue officielle de par les pratiques linguistiques en vigueur. Autrement dit, la Tanzanie est probablement l'un des rares États bilingues au monde à avoir deux langues officielles non reconnues juridiquement par la Constitution ni par aucune loi: il s'agit de deux langues officielles reconnues simplement dans les faits (de facto).

Les langues de la législation

Dès la proclamation de la République, le gouvernement tanzanien a dû composer avec la langue anglaise qui avait toujours été la langue courante de la législation, de l'Administration et de la justice. C'est ainsi que l'anglais a continué à jouir de ses privilèges de langue officielle pendant plusieurs décennies. C'était la seule langue du Parlement, de la justice, de l'Administration et de l'école.
À l'heure actuelle, le Parlement tanzanien (appelé le Bunge), comme d'ailleurs les réunions du Conseil des ministres, fait usage du kiswahili dans les débats, l'anglais étant réservé aux détails techniques de procédure et à la rédaction des lois. Les lois sont rédigées dans les deux langues officielles. Le journal officiel existe en deux versions: la Official Gazette (en anglais) et la Gazeti Rasmi (en kiswahili). Les lois sont systématiquement publiées en deux langues. Cependant, il existe un sentiment de la prédominance de l'anglais écrit du fait que ce genre de texte est souvent manipulé par des gens qui en font usage par l'anglais: par exemple, les magistrats, les avocats, les conseillers juridiques, les hommes d'affaires ou dans les relations internationales. Cela dit, les débats parlementaires ont lieu en kiswahili; les dirigeants du pays, dont le président tanzanien, s'adressent à la population en kiswahili et les campagnes électorales se déroulent en kiswahili. Quant au Parlement de Zanzibar, les députés discutent en kiswahili et rédige leurs textes en cette même langue.

Les langues de la justice

Les tribunaux de première instance, pour leur part, bien qu'ils administrent des lois rédigées exclusivement en anglais, fonctionnent généralement en kiswahili, parfois en une langue régionale, rarement en anglais. Les cours de seconde instance utilisent les deux langues, l'anglais ou le kiswahili, mais la Cour d'appel de l'État tanzanien privilégie encore l'anglais, bien que le kiswahili commence à concurrencer sérieusement cette langue. Bref, dans toutes les cours de justice, le kiswahili demeure omniprésent dans les conversations, car les employés, avocats et témoins utilisent exclusivement cette langue à l'oral. Si le kiswahili reste la langue d'expression orale du tribunal, les jugements sont prononcés en fonction de lois rédigées en anglais. De fait, les documents sur lesquels repose le fonctionnement de la justice sont tous rédigés en anglais. Tous les ouvrages émanant de la Tanzania Law Society sont rédigés uniquement dans cette langue.

Les langues de l'Administration

Dans l'Administration gouvernementale, l'anglais et le swahili sont les langues légalement admises, mais le swahili est pratiquement seul à être utilisé dans les communications orales avec les citoyens parce qu'il demeure la langue la plus connue dans tout le pays. Dans les municipalités, certaines autres langues sont aussi employées à l'oral, en plus du swahili, comme le sukuma, le gogo, le hya, le chaga, le nyamwezi, le ha, etc.
Cependant, le gouvernement emploie toujours l'anglais dans la documentation officielle destinée à l'ensemble des citoyens, avec en en tête la seule appellation suivante: The United Republic of Tanzania. Les rares textes rédigés en kiswahili semblent être les courriers internes des employés au service de l'Administration, car tout le système administratif repose sur des textes rédigés et imprimés en anglais. Ainsi, l'anglais écrit demeure le support de toutes les structures de l'État et tout citoyen tanzanien est forcément confronté un jour ou l'autre à l'anglais. L'affichage gouvernemental est généralement bilingue, parfois uniquement en kiswahili.
À Zanzibar, la situation est différente. Même les lettres signées des ministres sont en kiswahili, quand elles s'adressent à des Tanzaniens. Une nomination, une directive, c'est en kiswahili avec en en-tête Serikali ya Mapinduzi ya Zanzibar. Le recrutement par voie de petites annonces pour la fonction publique se fait en kiswahili et en anglais pour les deux parties, continent et Zanzibar.

Les langues de l'enseignement

Du côté du monde de l'éducation, les écoliers tanzaniens sont scolarisés pendant tout le cycle primaire en kiswahili. Toutefois, l'usage du kiswahili ne s'est jamais répandu aux cycles supérieurs, bien que cela ait été envisagé dès 1967. Jusqu'à présent, à partir du secondaire, la langue d'enseignement est uniquement l'anglais, sauf pour le kiswahili en tant que matière et l'éducation civique, qui sont enseignés en kiswahili. À l'université, le kiswahili est inexistant, car seul l'anglais sert de véhicule de transmission des connaissances. À Zanzibar ainsi que dans les écoles coraniques du continent, l'arabe est également enseigné comme langue seconde avec l'anglais.
Le système d'enseignement tanzanien n'est pas exempt de problèmes liés à l'emploi des langues. Dans les écoles primaires, où l'on enseigne pourtant en kiswahili, il est fréquent que les manuels en kiswahili ne suivent pas. Autrement dit, des cours peuvent se donner en kiswahili accompagnés de manuels en anglais. Au secondaire, même si l'anglais est omniprésent dans l'enseignement, la formation en anglais des professeurs devant enseigner dans cette langue laisse souvent à désirer. Cette situation entraîne des conséquences à l'université où beaucoup d'étudiants éprouvent des difficultés importantes à suivre les cours en anglais. Or, la pénurie de professeurs formés en kiswahili et de manuels en cette langue, et la présence de nombreux manuels en anglais mal adaptés à la population africaine sont en train de faire régresser l'usage du kiswahili et de compromettre le niveau général de l'éducation et de la culture générale des Tanzaniens.
Au moment de l'Indépendance, il existait une volonté politique de soutenir une politique de swahilisation, mais après quarante ans il faudrait songer à redéfinir cette politique qui se limite souvent à des discours et des prises de positions officielles, sans conséquences. Il faudrait, d'une part, développer davantage le lexique technique et scientifique du kiswahili, d'autre part, former des professeurs aptes à enseigner adéquatement l'anglais en tant que langue d'enseignement.
D'ailleurs, les opposants à la promotion du kiswahili dans l'enseignement dénoncent justement cette prétendue incapacité de la langue swahilie à exprimer des idées et des concepts par manque de vocabulaire. Ils estiment que l'usage de l'anglais doit être plus étendu afin que les Tanzaniens puissent participer de plein droit à la «communauté internationale». Ils craignent que la promotion du kiswahili se fasse au détriment de l'anglais et en arrive à «couper la Tanzanie» du reste du monde.
Par contre, les partisans de la promotion du kiswahili croient que cette langue peut satisfaire à tous les besoins et être utilisée à tous les niveaux d'enseignement, incluant l'université. Ils soutiennent que l'usage du kiswahili à tous les niveaux de l'éducation ne peut que favoriser un meilleur développement cognitif pour les enfants tanzaniens. De fait, une étude tanzanienne (de P. Mlama et M. Materu, 1978) portant sur le niveau secondaire démontre depuis assez longtemps la supériorité de l’enseignement en swahili par rapport à l’anglais dans le développement des fonctions cognitives; par exemple, lorsqu’une question est posée en anglais, les réponses des élèves dénotent un défaut de compréhension et/ou l’inaptitude à répondre en anglais. Or, lorsque la même question est posée en swahili, les réponses sont pertinentes et clairement exprimées. Enfin, ceux qui préconisent un enseignement en swahili précisent aussi que, à l'heure actuelle, l'enseignement n'étant plus gratuit depuis 1993, seule une minorité favorisée de Tanzaniens accéderont au secondaire et à l'anglais.
Cela dit, le gouvernement tanzanien a fait connaître sa position officielle lors d'un colloque international tenu en 2000 à l'Université de Dar-es-Salaam. Le vice-président Omar Ali Juma a déclaré que le gouvernement s'est engagé à faire employer le kiswahili comme langue d'instruction à tous les niveaux : «Nous, en Tanzanie, sommes fiers que la langue kiswahilie nous aie unis et soit connue par tous les gens. Nous devons défendre et protéger cette langue.» La politique culturelle de 1997 précise qu'un programme spécial doit être préparé pour faire du kiswahili la langue d'enseignement à tous les niveaux d'éducation. Dans son discours donné en kiswahili, Omar Ali Juma a déclaré que la politique culturelle de 1997 incarne la vision du gouvernement sur le développement des langues nationales au pays. Il a incité les organismes responsables du développement de la langue nationale à préparer des terminologies et des manuels pour réaliser la mise en oeuvre du kiswahili comme véhicule d'enseignement dans le système éducatif tanzanien. Toutefois, il a précisé aussi que le passage au kiswahili ne doit pas signifier le rejet de l'enseignement de l'anglais: «La politique stipule clairement que les langues étrangères, incluant l'anglais, ne doivent pas être sous-évaluées, mais doivent être apprises et employées là où elles sont nécessaires. Nous attendons que les experts de la langue nous aident à atteindre ce but.»
En réalité, la politique culturelle de 1997 veut promouvoir le développement des langues nationales pour qu'elles puissent être utilisées dans l'enseignement, à partir de l'école primaire jusqu'à l'université. Cette politique mentionne également que les programmes spéciaux seront prévus pour développer le kiswahili et s'assurer en même temps que d'autres langues étrangères ne soient pas négligées. Jusqu'ici, le gouvernement n'a fait aucun pas pour mettre en application cette décision, ni pour inclure les questions linguistiques dans la Constitution. En dépit des déclarations d'intentions, le gouvernement tanzanien n'est peut-être pas prêt à donner au kiswahili la place qui lui fut promise par la TANU (Tanganyika African National Union ou Union nationale africaine du Tanganyika) avant l'indépendance, car appliquer une telle politique linguistique coûte beaucoup d'argent (trop!) pour un pays avec de maigres ressources financières.
Pour ce qui est de Zanzibar, l'anglais, comme sur le continent, reste un parent pauvre dans l'enseignement, bien que la swahilisation y soit plus poussée. Comme dans tout le pays, à l'université, l'anglais reste la langue d'enseignement. Dans les faits, il est impossible pour la plupart des Zanzibarais de discuter en anglais dès qu'ils se retrouvent entre eux. L'anglais demeure une langue scolaire, alors que l'administration universitaire fonctionne en kiswahili. La question linguistique, à Zanzibar comme sur le continent, est loin d'être réglée.

Les médias et les activités économiques

En Tanzanie, la langue des médias est manifestement le swahili (ou kiswahili). La radio nationale et des stations privées émettent dans cette langue toute la journée. La presse écrite, qui s'est considérablement développée depuis 1993, utilise massivement le kiswahili. Le nombre de journaux publiés en anglais est minime, comparativement au nombre de journaux paraissant tous les jours en kiswahili. En somme, les médias témoignent d'un pays plus swahiliphone qu'anglophone.
(…)
Pour les activités économiques, la plupart des communications orales se font en kiswahili, même si presque tous les documents écrits sont en anglais. On peut dire que les langues de l'activité économique sont le kiswahili pour les affaires ordinaires (commerces locaux, banques, postes et autres services publics) et l'anglais pour les affaires importantes (grandes entreprises et commerce international). En ce sens, l'anglais a surpassé le kiswahili dans la mesure où la connaissance de l'anglais constitue un facteur de prestige dans les milieux de travail où l'instruction est importante. Par ailleurs, le bilinguisme anglais-kiswahili est fréquent dans l'affichage commercial et les raisons sociales, mais la publicité se fait majoritairement en kiswahili.

La politique linguistique officielle de la Tanzanie est de favoriser le swahili, tout en maintenant encore l'anglais pour quelque temps dans certaines fonctions. Ça, c'est le discours officiel, qui est démenti dans les faits. Le swahili ou kiswahili n'a pas encore la place qui lui avait été promise par la TANU (Tanganyika African National Union ou Union nationale africaine du Tanganyika) en 1967 et que sa situation quarante ans après l'Indépendance laisse encore à désirer. Le kiswahili a bien remplacé l'anglais dans certains domaines et il est effectivement présent oralement sur tout le territoire, dans les lieux publics et administratifs, mais il reste d'un usage restreint dans des domaines de prestige, dont l'enseignement secondaire et universitaire, ainsi que dans la plupart des textes administratifs, politiques et judiciaires, qui régissent la vie publique de ce pays. Le swahili occupe la place prépondérante à l'oral et les médias, mais est négligé à l'écrit et jusque dans les symboles de l'État.
De plus, on peut se demander comment il se fait que l'État a favorisé le swahili parlé par seulement 1 % de la population plutôt que le sukuma (15 %) dont le nombre des locuteurs dépasse les cinq millions. C'est que le swahili possède l'avantage d'être une langue parlée dans tout le sud-est de l'Afrique par 30 à 40 millions de personnes (comme langue seconde), qu'il dispose d'une écriture et d'une littérature, et est devenu une langue d'enseignement jusqu'à l'université. Les autres langues tanzaniennes sont limités aux communications orales, elles ne sont pas enseignées et restent trop localisées au point de vue géographique. Beaucoup de jeunes des villes refusent souvent de parler leur langue locale pour éviter de se marginaliser; ils connaissent souvent mieux le swahili que leur langue maternelle. Il faut ajouter aussi que la plupart des langues locales sont fragmentées en une multitude de variantes dialectales et sont donc très limitées dans leurs fonctions sociales. C'est pourquoi le swahili paraît avoir tous les atouts pour devenir la langue véhiculaire importante en Tanzanie. Il n'en demeure pas moins que le swahili demeure l'une des rares langues autochtones en Afrique, avec l'arabe, à pouvoir tenir tête à l'anglais. C'est déjà une grande victoire pour l'Afrique!
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MessagePosté le: Mar 04 Oct 2005 09:24    Sujet du message: Le Cas de la Guinée Répondre en citant

Le Cas de la Guinée
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/guinee_franco.htm

La Guinée accéda à l'indépendance le 2 octobre 1958. Quant à Sékou Touré, il devint un héros en donnant naissance au mythe du «nationaliste intransigeant», tandis que la Guinée devint le symbole de la «dignité africaine retrouvée». Très populaire dans son pays comme dans toute l’Afrique, Sékou Touré fut, en tant que premier président de la Guinée, le grand «responsable suprême» du pays. Il mit aussitôt en oeuvre une politique de «panafricanisme» impliquant la «décolonisation intégrale de toutes les structures du pays», afin d’instaurer une «société socialiste».

- La révolution culturelle

Avec Sékou Touré, la Guinée porta dorénavant le nom de République populaire révolutionnaire de Guinée. L’une des toutes premières «décisions législatives» adoptée au lendemain de l'indépendance peut nous donner une idée du caractère autoritaire du nouveau régime en place. Voici le texte de l’ordonnance du 2 octobre 1958 destinée simplement à contrer le vol dans le pays:

Citation:
Article 1er - Tout individu coupable de vol sera condamné à des peines de trois à dix ans de prison.
Article 2 - Les peines infligées pour vol seront effectuées dans un pénitencier et les condamnés seront astreints à des travaux de force.
Article 3 - La peine pourra être élevée à quinze ans en cas de récidive.
Article 4 - Les vols commis soit la nuit, soit par effraction, soit par escalade, soit en bande, soit avec arme, soit avec menaces, soit avec violences, seront punis de la peine de mort.
Article 5 - Le propriétaire qui, en défendant son bien, aura occasionné la mort d'un ou de plusieurs voleurs, bénéficiera de l'excuse absolutoire.
Article 6 - Quiconque aura occasionné par sa faute la mort d'autrui sera condamné à la peine de mort, à moins qu'il ne lui soit reconnu des circonstances atténuantes.
Article 7 - Quiconque par son imprudence aura occasionné la mort d'autrui sera condamné à la peine de mort, s'il est avéré que cette imprudence a été la cause principale ayant entraîné le décès.
Article 8 - La présente ordonnance sera appliquée provisoirement pendant la période qui sera jugée déterminante pour entraîner les améliorations envisagées par le gouvernement.
Article 9 - La présente ordonnance sera publiée et communiquée partout où besoin sera.


Avec la révolution culturelle, les fonctionnaires du gouvernement devaient répondre au téléphone en disant d’abord: «Allô! Prêts pour la révolution!». Au cours de l'année 1960, Sékou Touré ordonna une destruction massive de livres, journaux, documents administratifs, juridiques, archives, etc., dans tous les services publics. Les archives furent pillées et vidées, et tous les autres documents furent brûlés sous le contrôle d'un agent de la sécurité. Par la suite, l'importation de livres et de journaux étrangers fut interdite pour les particuliers. L’une des émissions les plus écoutées à l’époque par les Guinéens, la Revue de presse, fut supprimée pour être remplacée par la Causerie du président où il était le seul à parler. Dans les campagnes, les radios rurales durent adopter une «approche personnelle» en langues nationales pour communiquer avec la population. Comme on pouvait bien s’y attendre, la révolution passait aussi par la langue... et par l’école.

- La réforme scolaire

En 1958 déjà, le gouvernement avait pris la décision d'«adapter les structures de l'éducation aux nouvelles réalités nationales» dans le but d'instaurer un «enseignement démocratique et populaire». La réforme ambitionnait de «scolariser tous les enfants du pays à partir de l'année scolaire 1964-1965». Toutefois, c’est à partir de 1968 que Sékou Touré appliqua sa politique linguistique d’africanisation et entreprit de réformer l’éducation dans les écoles primaires.
La Commission nationale d'alphabétisation fut créée. Après avoir codifié le premier alphabet guinéen (sans trop de rigueur scientifique), la commission choisit huit langues nationales (malinké, soussou, peul ou poular, kissi, basari, loma, koniagi et kpellé) sur une vingtaine et élabora des syllabaires dans plusieurs autres langues nationales. Les objectifs portèrent sur deux points importants: la réforme de l’enseignement destiné à assurer les liens entre «l’école», «la vie» et «la production», et à alphabétiser les adultes dans les langues nationales. En tout, il y eut une bonne vingtaine de réformes en éducation. La Direction nationale d'alphabétisation produisit une documentation importante afin de subvenir aux besoins des différentes matières enseignées dans les écoles. Par ailleurs, de nombreuses publications en langues nationales furent rédigées par les enseignants guinéens.
Dans les premières années de la réforme, les apprentissages de base (lecture, écriture, calcul) se faisaient dans l'une des langues nationales au cours de la première année, alors que le français n'était abordé qu'à l'oral. Puis, au cours des trois années primaires suivantes, les élèves passaient progressivement du français comme matière enseignée au français en tant que langue d'enseignement. Les langues nationales suivaient le processus inverse: de langue d'enseignement, elles devenaient des matières d’enseignement. À l’époque, cette réforme scolaire fit passer Sékou Touré pour un précurseur dans toute l’Afrique.
Par la suite, la «révolution culturelle socialiste» modifia la politique adoptée dans les programmes d'enseignement. Le français cessa net d'être la langue d'enseignement au primaire. Dans chaque région, la langue «dominante» dut être enseignée dans les écoles (primaires). Par exemple, les élèves étudièrent en soussou en Guinée maritime, en poular au Fouta-Djalon, en malinké en Haute-Guinée, en kissi, en toma, en guerzé en Guinée forestière, etc. Ainsi, les langues nationales choisies devinrent des langues d'enseignement à la place du français, et ce, de la 1re à la 8e année, ainsi qu’une discipline de la 9e année à l'université. Les mémoires de fin d'études supérieures en langues nationales ou traitant des langues nationales enrichirent la documentation de l'Académie des langues de la Guinée.
Les résultats de cette «révolution culturelle» se révélèrent décevants. D’une part, les langues nationales étaient handicapées du fait qu’elles n’avaient jamais servi dans les communications écrites, notamment dans les sciences et les techniques; il fallait recourir au français. La formation des maîtres entraîna d'énormes problèmes, car les anciens instituteurs durent apprendre à lire et écrire dans une langue nationale pour se rendre compte que les manuels scolaires ne suivaient pas. En effet, l'unique imprimerie de Conakry ne peut jamais suffire à la tâche et la plupart des manuels préparés par les chercheurs en pédagogie restèrent à l'état de manuscrits, dans les tiroirs. Finalement, le nombre des langues d'enseignement passa de huit à six. On peut attribuer l'échec de la politique linguistique de Sékou Touré à plusieurs causes: une réforme bâclée et improvisée, la rareté des manuels scolaires et l'insuffisance de la formation des maîtres.
Par ailleurs, afin de faire face à la scolarisation d'une nombreuse jeunesse, le gouvernement de Sékou Touré imposa «l'enseignement de masse». Or, cet enseignement fut mal reçu par la population. En effet, une classe pouvait comporter jusqu’à 200 élèves ou plus, les «travaux champêtres» et l'idéologie socialiste absorbaient les trois quarts du temps, les élèves étaient notés collectivement (non individuellement), les salles de classe ne disposaient généralement d'aucun équipement, chaque élève devant même apporter son siège. En fait, nombre d'enfants abandonnèrent simplement l'école, car beaucoup de parents, surtout dans les campagnes, préférèrent faire travailler leurs enfants aux champs. La propagande du gouvernement de Sékou Touré annonçait régulièrement un taux officiel de scolarisation de 40 %, alors qu’en réalité il oscillait plutôt autour de 20 %. À la fin du régime, en 1984, le taux de scolarisation restait encore inférieur à 20 %. Soulignons que, durant cette période, tous les enfants des élites guinéennes fréquentaient systématiquement l’école privée et apprenaient, pour leur part, le français.

- Un bilan décevant

Le régime autoritaire de Sékou Touré s’était rapidement transformé en dictature et aurait provoqué, au cours des ans, l’exil du quart de la population guinéenne (deux millions de personnes). Ayant acculé son pays à la faillite et, devant le mécontentement grandissant de la population, le dictateur entreprit d’assouplir son régime. Il fit alors de nombreux voyages diplomatiques dans le but d'établir des relations avec d'autres pays et de trouver des investisseurs; il chercha de l'aide auprès du bloc communiste (Europe de l'Est, Union soviétique et Chine) afin d’obtenir le financement que la France lui refusait. Cible de plusieurs tentatives d'assassinat, il accusa régulièrement la France de comploter pour renverser son régime et rompit toute relation avec celle-ci en novembre 1965. Entre 1958 et 1971, neuf des 71 membres du gouvernement furent exécutés, huit moururent en détention, 18 furent condamnés aux travaux forcés à perpétuité, 20 remis en liberté provisoire, cinq réfugiés à l'étranger. Les rapport du «responsable suprême» avec les pays voisins, soit la Côte d’Ivoire, le Niger, le Sénégal et le Burkina Faso, restèrent troubles jusqu’en 1978.
Curieusement, la Constitution «révolutionnaire» de 1982 (ni celle de 1958) ne contenait aucune disposition d'ordre linguistique. Paradoxalement, les tentatives de Sékou Touré de faire de la Guinée un pays officiellement plurilingue semblent avoir été un énorme échec. Il est probable que ce ne soit pas ce que la population désirait. C'est dans ce cadre général d'échec qu'intervint en 1984 la mort subite du chef de l'État, Sékou Touré.
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MessagePosté le: Jeu 06 Oct 2005 15:07    Sujet du message: Répondre en citant

MoneFANG a ecrit:
Citation:

Les critères ...
Je vais tenter de te présenter un model schématisant comment je vois le processus d'unification de la langue en Afrique.
je reviendrais sur ce topic avec mon model.

Salut MoneFANG, en attendant, je rebondis sur ceci:
Axelle Kabou a ecrit:
Citation:
Les Africains vont peut-être avoir enfin l'occasion d'apprendre à leurs dépens que le droit au tribalisme érigé en principe de développement au moment des indépendances par pur anti-colonialisme n'est pas le signe d'un raffinement culturel, mais le produit d'une lacheté historique, gratifiante pour quelques-uns à court terme, mais suicidaire, pour tous, à long
terme.

Premierement, il serait interessant de savoir ce que Axelle Kabou entend par «anti-colonialisme»(J’ai lu son bouquin, mais je ne me rappelle plus si elle a aborde ce point. Je te serai reconnaissant si tu peux m’eclairer sur cette question).
Deuxiemement, le tribalisme est le produit de l’entreprise coloniale. C’est parce que l’economie coloniale a privilegie certaines regions au profit des autres, c’est parce qu’elle n’etait pas integree a l’ensemble d’un pays qu’au lendemain des independances les nationaux habitant les regions rendues "prosperes par l’activite economique coloniale" ont pris conscience de leur statut par rapport aux autres. C’est dans cette perspective qu’il faut avant tout interpreter la genese du tribalisme. On voit deja, qu’a partir de la, le rapport qu’Axelle Kabou fait est fausse d’avance, puisqu’a partir des independances, les choses ne se sont fait que par mimetisme.
Son erreur, comme celle de la plupart de nos aines a ete de n’avoir pas, dans les analyses, assez accorde d’attention a ce phenomene, fruit du colonialisme, mais aussi fait sociologique, qu’une theorie sur l’unite, si louable soit-elle, ne peut depasser.
Aime Cesaire a ecrit:
Citation:
Je fais systématiquement l'apologie de nos vieilles civilisations nègres ... Et alors, me dira-t-on, le vrai problème est d'y revenir.
Non, je le répète ...
Ce n'est pas une société morte que nous voulons faire revivre ... C'est une société nouvelle qu'il nous faut crèer ... riche de toute la puissance productive moderne, chaude de toute la fraternité antique.

Discours sur le colonialisme

Oui, a condition qu’on se rende bien compte comme l’a dit Cheikh Anta Diop, que le modernisme pour nous devrait signifier "l’integration d’elements nouveaux" pour se mettre au niveau des autres peuples, mais qui dit "Integration d’elements nouveaux" suppose un milieu integrant lequel est la societe reposant sur un passe, non pas sur sa partie morte, mais sur la partie vivante et forte d’un passe suffisamment etudie pour que tout un peuple puisse s’y reconnaître.» Cheikh Anta Diop(Nations Negres et Culture, Page 16)
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MessagePosté le: Jeu 06 Oct 2005 18:17    Sujet du message: Répondre en citant

La problématique de l ' enseignement des langues a été largement discutée au Sénégal voir
http://www.google.gg/search?sourceid=navclient&hl=fr&ie=UTF-8&rls=RNWE,RNWE:2005-21,RNWE:fr&q=langues+nationales+enseignement+s%C3%A9n%C3%A9gal
bonne lecture

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MessagePosté le: Sam 08 Oct 2005 19:22    Sujet du message: Re: I'm back Répondre en citant

Farao a ecrit:
Citation:
j’avais tendance à croire que l’expansion du Swahili dans les pays d’Afrique de l’Est était un phénomène naturel. Ce n’est pas toujours le cas ; en Tanzanie la volonté politique a joué un grand rôle dans la diffusion de cette langue.


Ca sera toujours comme ca dans tous les domaines, vu que c'est la politique qui fixe les orientations. Et le probleme majeur a l'emergence d'une langue africaine sera la manifestation de cette volonte politique dans tous les pays. Un obstacle de taille a l'heure actuelle!
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Yom
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MessagePosté le: Mar 11 Oct 2005 15:08    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques liens vers des articles de la revue Peuples Noirs, Peuples Africains (de Mongo Beti: http://www.arts.uwa.edu.au/mongobeti/ )
Tous datent de la période 1978-1979, le débat ne semble pas avoir beaucoup évolué depuis:

POUR DEUX LANGUES AFRICAINES DE COMMUNICATION
(Dans une perspective Panafricaine)
S.N. KASSAPU
http://www.arts.uwa.edu.au/mongobeti/issues/pnpa12/pnpa12_07.html

LA LANGUE FRANÇAISE EN AFRIQUE NOIRE POSTCOLONIALE
Ambroise KOM
http://www.arts.uwa.edu.au/mongobeti/issues/pnpa12/pnpa12_06.html

LES LANGUES ET L'ÉDUCATION AU MALI
(Réponse à un expertisé français)
Dulaye DANYOKO
http://www.arts.uwa.edu.au/mongobeti/issues/pnpa03/pnpa3_03.html

LA QUESTION DE LA LANGUE NATIONALE
Lecas ATONDI-MONMONDJO
http://www.arts.uwa.edu.au/mongobeti/issues/pnpa03/pnpa3_05.html

AFRIQUE FRANCOPHONE:
la langue française survivra-t-elle à Senghor?
Mongo BETI
http://www.arts.uwa.edu.au/mongobeti/issues/pnpa10/pnpa10_08.html

Mongo Beti, pas très bon futurologue sur le coup
Si la langue française en Afrique doit s'obstiner dans la complicité avec l'exploitation effrénée de populations sans défense, si elle doit persister dans le soutien de potentats cruels, alors, sans aucune crainte de me tromper, je peux prophétiser que la francophonie africaine ne survivra pas à Senghor; que d'ici quelques petites décennies, il n'est pas impossible d'entendre soupirer : la langue française en Afrique, c'est fini!
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Yom
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MessagePosté le: Mer 12 Oct 2005 16:21    Sujet du message: Répondre en citant

Yom a écrit:
Quelques liens vers des articles de la revue Peuples Noirs, Peuples Africains (de Mongo Beti: http://www.arts.uwa.edu.au/mongobeti/ )


J'ai oublié le plus intéressant, article qu'on pourrait qualifier d'afrocentriste et qui met le doigt sur les contradictions de Mongo Beti
http://www.arts.uwa.edu.au/mongobeti/issues/pnpa32/pnpa32_04.html
Y A BON FRANÇAIS AFRICAIN
Karim TRAORE et Jean-Claude NABA

Quelques extraits:
Citation:
Jusqu'à quels insondables abîmes la domination française a-t-elle réussi à se frayer la voie au tréfonds de nos âmes ? Jusqu'à quel point nous a-t-elle détraqués en tentant de nous remodeler à sa guise ? (...) N'a-t-elle pas, en définitive, brisé en nous le ressort de toute survie dans la dignité, de toute ambition d'un salut collectif ?
(Mongo Beti, dans Préface à : Le Temps de Tamango de Boubacar Boris Diop)

Citation:
Les colonialistes français ayant eu pour visée une bantoustanisation des colonies, l'école coloniale servira à créer une classe de privilégiés, d'assimilés et d'extravertis dont le nombre — bantoustanisation oblige — devra être limité (création d'écoles de fils de chefs ... ). Pour ce faire, une péjoration des langues et des cultures africaines sera nécessaire. La farce des « indépendances » jouée, la langue française n'est pas remise en cause tout d'abord parce que la dépendance vis-à-vis de la métropole n'a fait que changer de dénomination, ensuite parce que ce maintien d'une langue étrangère « officielle » arrange la classe au pouvoir : langue de sorcier, secret du pouvoir, le français devait rester tel, d'où l'application des « dirigeants » africains à monopoliser l'enseignement en érigeant des goulots d'étranglement pour les « aspirants dirigeants » (conditions d'examens de plus en plus dures, suppression des internats dans les lycées d'Etat), en refusant d'employer ou en tentant d'acheter les dissidents potentiels[1] ou de fait, et en s'efforçant de récupérer à leur compte des prises de position et des idées progressistes sur les cultures et les langues africaines. Les carnavals d'authenticité à la Mobutu et à la Eyadema en sont des illustrations. Les langues africaines se verront accorder, d'une façon limitée bien sûr, une certaine importance, plus exactement : une importance incertaine. En effet, derrière l'objectif officiel clamé de combattre l'analphabétisme se cachent toujours des intérêts économiques, les programmes d'alphabétisation en langues africaines étant toujours en rapport étroit avec la production agricole ou industrielle d'exportation. Il va donc de soi que les quelques leçons de lecture et d'écriture dispensées dans les villages, sont vite oubliées, aucun effort ne pouvant être fait pour maintenir le niveau des « alphabétisés » : la presse, la radio (à part quelques émissions « folkloriques ») sont en langue française.



Citation:
La recherche par les instances officielles d'une solution suivra deux chemins :

— sur le plan psycho-pédagogique, on « découvre » que la maîtrise par l'enfant de sa langue maternelle facilite l'acquisition d'une langue étrangère qu'il apprend par la suite. On se tournera donc vers les langues africaines, pour faire d'elles un instrument primaire d'acquisition du français ;

— par ailleurs, on travaillera à une formule nouvelle du français en Afrique, un « français sans douleurs pour nègres ». Les universités et les instituts linguistiques africains sont le lieu privilégié d'une telle recherche (Institut de Linguistique Appliquée d'Abidjan, Centre de Linguistique Appliquée de Dakar ... ).

L'idée de M. Beti d'« africaniser » le français n'a, en fait, rien de nouveau : tout coopérant professeur de français en Afrique a, à un moment ou un autre de sa vie fructueuse, écrit un article sur ce thème ou en a fait son sujet de maîtrise ou de doctorat (cf. Maurice Houis, Maurice Calvet, Jacques Champion, Retord, Dumestre, Canu ... ). Dans nos instituts de linguistique, on peut voir chercheurs africains et français peiner côte à côte à la poursuite d'un but commun : améliorer la qualité du français parlé en Afrique grâce à une connaissance poussée des langues africaines, qui sont donc loin d'être un but en soi. A brève ou longue échéance, les Africains se verront imposer un français dont les normes auront été fixées par la France — par la force et au nom de la Francophonie plénipotentiaire —, un français de serviteurs.

Ce qui anime nos dévoués coopérants en linguistique, ce n'est pas seulement cet idéal noble de servir et défendre des buts néo-colonialistes : nombre d'entre eux font ainsi carrière « sur le dos » des langues africaines et se retrouvent très souvent directeurs de nos fameux instituts ou experts en Africanistique sur les rives de la Seine. Le nombre insignifiant de « coopérants » africains dans les instituts européens d'africanistique est la preuve que la métropole tient à tout prix à contrôler et gérer nos langues et leur enseignement. Les seuls endroits où l'on enseigne ces langues en Europe restent encore les centres de recrutement de mercenaires nouveau style pieusement nommés « coopérants ».

De ce côté, le langage parlé est suffisamment clair : s'intéresser aux langues africaines à cause du français, afin de généraliser une certaine forme, dite « africanisée » de la langue qui ne nous opprime que depuis trop longtemps. Cela saute aux yeux. On se demande alors pourquoi tant de voix favorables, même parmi les Africains, à un français « africanisé ».


Citation:
L'argument massue de M. Beti — la nécessité de choisir ou d'imposer une seule langue à l'échelle nationale — est ce qu'il y a de plus fallacieux. Cité à maintes reprises par le passé, servi à toutes les sauces par les combattants de la « Francophonie », il relève, venant des « francophiles », d'un esprit foncièrement malhonnête. Comment s'expliquer le fait que M. Beti parle subitement le même langage ? Deux possibilités :

— M. Beti ne s'est peut-être pas suffisamment documenté sur le sujet. S'il l'avait fait, il serait à coup sûr tombé sur des conseils du genre :

... pourquoi ne pas allier à l'avantage de la neutralité linguistique et politique (sic) l'avantage de posséder dès lors une langue d'enseignement et de culture qui soit en même temps un instrument de grande communication et faire ainsi d'une pierre deux coups[4].

assortis de constatations et suggestions telles que :

Aujourd'hui, parmi les langues les plus répandues dans le monde, le français et l'anglais peuvent sans conteste prétendre au titre de langues « internationales ».
Or les Etats d'Afrique noire, pour la plus grande partie, ont choisi (sic), soit l'anglais soit le français en tant que langues nationales officielles.
Un tel choix ne peut que favoriser l'expression culturelle et économique de ces Etats en leur facilitant les échanges et les relations à l'échelle internationale
[5].

— Autre éventualité : M. Beti, comme beaucoup d'intellectuels africains formés à l'école européenne, reprend à son compte un concept de la Nation typique de l'esprit bourgeois européen, notamment celui de la Nation monolingue. Par là, M. Beti oublie — ou méprise — entre autres le combat des minorités ethniques ou linguistiques de la France elle-même.

Faisant de la situation linguistique en France une situation idéale, il essaie de la transposer sur l'Afrique. Les opprimés seuls savent qu'elle est loin de l'être.

Chaque peuple, dans la recherche de solutions à ses problèmes, se tourne toujours vers son histoire. Faisons en autant : les empires africains, bien que n'ayant pas été monolingues, n'ont jamais thématisé le problème linguistique. Ces empires n'en fonctionnaient pas moins.

A notre avis, la notion de Nation devrait être essentiellement basée sur le fait que des peuples (linguistiquement hétérogènes, fait qui est toutefois trop simplifié et amplifié par les gendarmes du français en Afrique) participent d'un même fonds culturel. En cela, les résultats des travaux de chercheurs comme Cheikh Anta Diop sont d'une importance capitale. N'importe quelle langue africaine serait alors mieux indiquée que le français qui, culturellement, n'a rien de commun avec une quelconque langue africaine.

Mais il n'est ni nécessaire, ni utile, ni raisonnable de vouloir ériger une langue, même africaine, en langue nationale unique : c'est une fuite devant la réalité et l'ampleur de la tâche à accomplir que de voir dans le nombre des langues africaines un frein à l'entente nationale panafricaine.

Une concession toutefois : la nécessité de langues régionales — comprises dans un sens plus large que chez M. Beti. Ces langues ne sont pas à désigner, puisqu'elles existent déjà : en Afrique de l'Ouest, le Bambara/Jula relie linguistiquement la Guinée, le Mali, la Côte-d'Ivoire, la Haute-Volta, le Sénégal, la Gambie. Le Hausa est utilisé au Niger, au Nigeria, au Togo, au Bénin, au Ghana, en Haute-Volta. L'exemple du Swahili en Afrique de l'Est est bien connu.
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ARDIN
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MessagePosté le: Mer 12 Oct 2005 17:14    Sujet du message: Répondre en citant

MERCI BEAUCOUP YOM!!!!
Je vais prendre le temps de lire tout ca a tete reposee.
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Benny Da B'
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MessagePosté le: Mer 09 Nov 2005 12:16    Sujet du message: Répondre en citant

Ce thème est très interessant sur le fond et beaucoup de bonnes choses ont été apportées.

J'aimerais jouer au pragmatique chiant pour rappeler que dans de nombreux pays africains le Français (ou l'anglais d'ailleurs) est la langue de la paix sociale...

Je m'explique un peu WinkWink ..Après vous pourrez y aller...j'ai déjà mes sacs de sables ! Razz

Bref...je veux dire par là que dans les pays ou la composition ethnique est sensible, les pays ou l'équilibre est précaire car ou plusieurs communautés sont en mesure de revendiquer le pouvoir...passer par le français permet finalement une certaine neutralité....

En voyageant en afrique j'ai pu me rendre compte de cette différence...au sénégal un président peut parler wolof sans déclencher d'émeutes, au mali bambara,....

En Côte d'ivoire...à part dans son propre village (et encore...) un homme politique ou tout autre cadre, directeurs etc qui parlerait sa langue serait:

1 ) Compris par maximum 25 % de la population
2) Indéxé tout de suite...quoi qu'il dise de vouloir tribaliser le débat...

Et ainsi dans ces pays à l'équilibre linguistique tendu...choisir une langue africaine à enseigner à l'école voudrait dire favoriser une communauté (ou alors il faudrait choisir uen langue extérieure au pays totalement...)

Ce que je veux dire par là ...c'est que je pense que beaucoup de monde est conscient des incohérences lié à l'adoption du français dans l'école mais on sait aussi sur le terrain les petits avantages que cela peut procurer...

En gros pour sortir de la langue du colons il faudrait d'abord avoir évacué les questions lié à "ethnie et politique"...
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ARDIN
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MessagePosté le: Ven 11 Nov 2005 02:51    Sujet du message: Répondre en citant

Benny Da B' a écrit:
Ce thème est très interessant sur le fond et beaucoup de bonnes choses ont été apportées.

J'aimerais jouer au pragmatique chiant pour rappeler que dans de nombreux pays africains le Français (ou l'anglais d'ailleurs) est la langue de la paix sociale...

Je m'explique un peu WinkWink ..Après vous pourrez y aller...j'ai déjà mes sacs de sables ! Razz

Bref...je veux dire par là que dans les pays ou la composition ethnique est sensible, les pays ou l'équilibre est précaire car ou plusieurs communautés sont en mesure de revendiquer le pouvoir...passer par le français permet finalement une certaine neutralité....

En voyageant en afrique j'ai pu me rendre compte de cette différence...au sénégal un président peut parler wolof sans déclencher d'émeutes, au mali bambara,....

En Côte d'ivoire...à part dans son propre village (et encore...) un homme politique ou tout autre cadre, directeurs etc qui parlerait sa langue serait:

1 ) Compris par maximum 25 % de la population
2) Indéxé tout de suite...quoi qu'il dise de vouloir tribaliser le débat...

Et ainsi dans ces pays à l'équilibre linguistique tendu...choisir une langue africaine à enseigner à l'école voudrait dire favoriser une communauté (ou alors il faudrait choisir uen langue extérieure au pays totalement...)

Ce que je veux dire par là ...c'est que je pense que beaucoup de monde est conscient des incohérences lié à l'adoption du français dans l'école mais on sait aussi sur le terrain les petits avantages que cela peut procurer...

En gros pour sortir de la langue du colons il faudrait d'abord avoir évacué les questions lié à "ethnie et politique"...


Merci Benny pour ton post, mais je pense que la reponse se trouve deja parmi les messages precedemment postes. Sinon, il aurait suffit que tu commencas par ta conclusion pour resoudre le probleme de l'equilibre linguistique dont tu parles et des incoherences liees a l'adoption du francais. Je te cite:
Citation:
En gros pour sortir de la langue du colons il faudrait d'abord avoir évacué les questions lié à "ethnie et politique"...

L'emergence et le developpement d'une culture politique de participation qui permettrait aux citoyens de renoncer a l'indifference et d'affirmer leur souverainete a travers les choix electoraux, la formulation des demandes, l'interpellation ou la sanction des gouvernants qui instrumentalisent l'ethnie a des fins politiques. L'essentiel du debat, doit etre axe sur les modalites d'amenagement de la democratie au regard des conditions historiques et socio-culturelles.
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Benny Da B'
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MessagePosté le: Ven 11 Nov 2005 09:50    Sujet du message: Répondre en citant

Ardin,

On se comprend...

Je l'avoue humblement je n'ai pas pris le temps de lire à fond tout le topic WinkWink

Je voulais juste donner un éclairage sur la frilosité qu'on a dans certains pays africains par rapport à cette question...c'est un peu la boite de pandore ce sujet dans les pays à l'équillibre ethnique tendu comme je disais...

Mais pour le reste, je suis parfaitement d'accord avec ce que tu dis !
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ARDIN
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MessagePosté le: Mer 16 Nov 2005 18:29    Sujet du message: Répondre en citant

Farao!, rien que pour toi, je mets cet extrait du livre du Professeur Joseph Ki-Zerbo, "Eduquer ou Perir". C'est aux pages 102 et 103.

Une pedagogie nouvelle doit unifier les demarches dans le sens de l’africanisation en particulier par l’irruption de la nature et des cultures ambiantes, ainsi que par le travail productif concu comme un prodigieux moniteur. L’un des facteurs-cles de cette renovation, c’est l’introduction des langues africaines dans le dispositif educatif.
S’il est bien evident que cette politique linguistique presente des difficultes enormes pour sa mise en oeuvre, celle ci, par les success eclatants qu’elle a demontres et par l’experience positive des pays “anglophones”, s’impose comme la voie du bon sens. Mais les freins politiques internes et la force d’inertie face au changement, font que rien n’a varie veritablement depuis les independences, malgre les ecoles, experimentales ou pilotes…qui ne pilotent rien. Chacun a conscience qu’il faut aux Africains une ou deux grandes langues de communications mondiale et d’abord intra-etatique et interafricaine. Ce sont les langues europeennes.
Mais l’exigence de vivre sa culture en termes “modernes” par le truchement de sa propre langue est au moins aussi imperative.
L’aspect technique du probleme a ete assez approfondi, bien qu’il y ait encore de nombreuses langues non decrites scientifiquement. Les etudes socio-linguistiques et demographiques ont permis d’identifier des langues d’intercommunication que la dynamique de l’Histoire est en train de degager ou d’affirmer. La “modernisation” de ces langues est plutot un faux probleme, si l’on veut mettre par la en cause leur aptitude intreseque a exprimer le monde contemporain, car il s’agit d’un processus historique d’enrichissement qui est commande par la praxis et qui a joue pour toutes les langues des pays aujourd’hui industrialises.

Les langues africaines ne devraient etre ni confines aux deux ou trois premieres annees de l’enseignement primaire, malgre l’importance de cette periode(car elles risquent alors d’etre reduites a un statut de minorite), ni etre reportees a la quatrieme annee, comme le propose Guy Belloncle, malgre les arguments considerables qu’il avance a l’appui de cette position, pour des raisons politiques et sociologiques. En effet, l’auteur lui-meme signale quelques pages plus haut “les deperditions scolaires massives qui interviennent au cours des quatres premieres annees et qui peuvent atteindre jusqu’a 50% des effectifs”. Autrement dit, Presque la moitie des enfants quitteraient l’ecole sans avoir atteint le stade des langues africaines. L’experience des pays comme la Tanzanie est ici tres importante a etudier. Elle demontre que l’introduction de la langue africaine dans l’enseignement n’est pas “une simple substitution d’un vehicule linguistique a un autre, mais un boulversement psychologique et culturel majeur fonde sur les exigencies fondamentales des gens”. L’introduction des langues africaines suffit a elle seule pour transformer le systeme de l’education de base; car ce sont ces memes langues qui sont utilisees dans le domaine extra-scolaire de l’education, par exemple, dans les Centres de Formation des Jeunes Agriculteurs(CFJA) du Burkina Faso, ou huit langues sont deja utilisees, ce qui permet d’operer dans la langue maternelle des interesses dans 80% des centres. Les deux secteurs de l’education de base se trouveraient ainsi interconnectes grace a l’introduction des langues africaines dans le domaine proprement scolaire. Le travail productif constitue le second pied grace auquel le systeme educatif marcherait enfin sur ses deux pieds dans tous ses compartiments. En matiere de contenus, tous les terrains que nous avons cites precedemment concernant le deploiement des savoirs africains dans l’ecole, comme exprimant une partie de la societe africaine concue comme realite mixte, doivent intervenir.

PS: Desole pour cette longue attente.
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Farao
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MessagePosté le: Dim 04 Déc 2005 13:07    Sujet du message: Le mot est laché: AFRICANISATION Répondre en citant

ARDIN a écrit:
"Eduquer ou Perir"

J'aime beaucoup ce titre.

Joseph Ki-Zerbo a écrit:
Une pedagogie nouvelle doit unifier les demarches dans le sens de l’africanisation en particulier par l’irruption de la nature et des cultures ambiantes, ainsi que par le travail productif concu comme un prodigieux moniteur. L’un des facteurs-cles de cette renovation, c’est l’introduction des langues africaines dans le dispositif educatif.


J'ai souligné ce qui me parait important dans ce paragraphe. (N'ayant pas lu le livre en question j'attends des développements sur "l'irruption de la nature" et "le travail productif")

Le seul rétablissement des langues n'est pas suffisant. Il doit s'inscrire dans un ensemble qui replace l'élève africain dans son contexte propre. Qui tienne compte de ses particularités et de ses rythmes et qui le forme (je suis tenté de dire: "qui le conditionne") à être un acteur de changement dans son milieu natif.

Je pense que je vais désormais utiliser le mot du Pr. Ki-Zerbo: Africanisation du système scolaire africain.

Joseph Ki-Zerbo a écrit:
S’il est bien evident que cette politique linguistique presente des difficultes enormes pour sa mise en oeuvre, celle ci, par les success eclatants qu’elle a demontres et par l’experience positive des pays “anglophones”, s’impose comme la voie du bon sens.


Rien à ajouter.

Joseph Ki-Zerbo a écrit:
Mais les freins politiques internes et la force d’inertie face au changement, font que rien n’a varie veritablement depuis les independences, malgre les ecoles, experimentales ou pilotes…qui ne pilotent rien


... Où l'on reparle de la volonté politique.
On lit périodiquement sur ce forum que les Noirs en général sont très forts sur la parlotte, que tout à déja été diagnostiqué et que les solutions sont là, il ne reste plus qu'à les appliquer... Mais que concrêtement rien n'avance.
C'est une critique un peu facile. Elle ne tient pas compte des nombreuses initiatives sur le terrain, et sous-estiment dramatiquement les resistances auxquelles elles se heurtent, à commencer par ces gouvernements pour qui le redressement de l'Afrique est le cadet des soucis.
Nous devons reconnaitre que les rares fois où nous avons connu des gouvernants réellement préoccupés du sort de leurs peuples, des progrès ont été faits.
En Afrique nous avons un sérieux problème de légitimité du leadership. Les Bongo, Campaoré, Biya, sassou, Eyadema (II), Obiang Nguéma, etc... ne sont pas là pour nous.

Autre facteur d'inertie, largement sous-estimé: cette paresse intellectuelle caractéristique des "élites" francophones qui nous amène à nous contenter d'argumentations du genre "La langue européenne nous permet de communiquer entre nous, Africains", alors que le terrain nous démontre chaque jour que le cloisonnement du continent en Afrique "francophone", "lusophone", "anglophone" et que sais-je encore? sépare les peuples, créant des barrières artificielles dans des espaces jusqu'alors gérés par les langues véhiculaires africaines.

Ceux d'entre vous qui se trouvent sur le continent ont peut-être suivi l'élection de Miss CEDEAO hier sur leur télévision nationale? Des compétitrices francophones, anglophone, lusophones qui avaient besoin de traducteurs pour communiquer avec leur public africain...

Tout un symbole.
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MessagePosté le: Sam 24 Déc 2005 11:52    Sujet du message: Répondre en citant

http://www.afrik.com/article8931.html

Les langues européennes retardent l’Education en Afrique

jeudi 27 octobre 2005, par Panapress


L’utilisation des langues européennes comme vecteur d’enseignement freine le progrès de l’Education en Afrique. La position du consultant britannique John Clegg, exprimée mercredi, à Addis-Abeba, au cour de la septième Conférence internationale sur les Langues et le Développement est un plaidoyer pour la promotion du bilinguisme dans l’éducation.


M. Clegg, spécialiste de l’enseignement pédagogique et de l’élaboration des politiques dans le domaine de l’Education par le biais de l’anglais en tant que langue secondaire dans les écoles primaires et secondaires, a insisté sur la nécessité de mesures susceptibles de promouvoir le bilinguisme dans le secteur éducatif.

S’exprimant à l’occasion de la septième Conférence internationale sur les Langues et le Développement, M. Clegg a reconnu qu’il faudra du temps pour instaurer le bilinguisme dans l’Education et a lancé un appel aux organismes de développement pour leur demander d’oeuvrer activement à sa promotion. "Il faut que les gouvernements lancent des expériences hautement visibles dans le domaine de l’éducation bilingue et envisagent de l’étendre plus largement", a-t-il suggéré.

Une conférence inédite en Afrique

Cette conférence, qui se tient pour la première fois en Afrique, regroupe une large gamme de participants issus de toutes les parties du monde. Elle a pour but d’offrir un cadre pour l’examen des importantes questions touchant à la politique linguistique, aux apprentissages et à l’enseignement des langues dans le contexte du monde en développement ; Elle se fonde sur le point de vue des décideurs, des éducateurs spécialisés en langues et en alphabétisation, des experts des questions de développement et des donateurs.

Pendant cette rencontre de trois jours, les participants se pencheront essentiellement sur les relations conjuguées des langues dans l’identité interpersonnelle et institutionnelle, l’éducation et la politique linguistique de certaines sociétés multiculturelles.

M. Clegg a déclaré au cours de la conférence, que l’utilisation des langues européennes comme vecteur d’enseignement a eu un effet négatif sur les résultats scolaires en Afrique subsaharienne. "L’éducation dispensée par le biais d’une seconde langue réussit dans certaines conditions qui ne sont malheureusement pas réunies en Afrique subsaharienne (...) En revanche, l’Education dispensée par le biais des langues européennes réduit les niveaux de réussite individuelle et scolaire", a-t-il encore noté.

Impact positif des langues maternelles

Tout dernièrement, M. Clegg s’est occupé de la formation des enseignants d’Afrique du Sud, d’Ethiopie et de Tanzanie utilisant l’anglais comme langue étrangère. Il collabore actuellement avec l’Université de Bristol et l’Institut de l’Education de Londres. De son point de vue, les gouvernements et les organismes d’assistance ne disposent pas de connaissances suffisantes sur la question des vecteurs d’enseignement en Afrique.

"Le débat sur les vecteurs d’instruction est limité et dispose de peu d’éléments (...) Le débat sur l’élaboration des politiques évite de s’arrêter sur les effets limitants, sur les résultats de l’enseignement dispensé par le biais des langues européennes (...) Les populations sont informées des choix linguistiques au niveau de l’école, [tandis que] l’enseignement pédagogique passe sous silence les questions touchant au vecteur d’instruction", a-t-il ajouté.

L’exemple de l’Ethiopie

En ce qui concerne l’impact de la langue maternelle sur les résultats académiques, l’universitaire éthiopien, Teshome Nekatibeb, a indiqué que les apprenants ayant fait leurs études dans leur langue maternelle enregistraient de meilleurs résultats que ceux ayant fait leurs études en anglais. Selon M. Nekatibeb, il ressort d’une enquête réalisée dans 372 écoles primaires d’Ethiopie que la correspondance entre la langue maternelle et la langue d’enseignement est le facteur de réussite le plus déterminant pour les apprenants. "C’est à la suite de cette constatation qu’il avait été recommandé l’usage de la langue maternelle comme vecteur d’instruction en Ethiopie", a-t-il encore mentionné.

La majeure partie des pays d’Afrique subsaharienne renferme une variété d’ethnies et de langues et les questions linguistiques jouent un rôle crucial dans la construction nationale. La Conférence sur les Langues et le Développement se tient tous les deux ans dans des pays différents. Elle est organisée à titre volontaire par des institutions ou des organisations ayant un intérêt direct pour les questions touchant aux langues et au développement. Cette série de rencontres avait démarré à Bangkok, en 1993, et elle s’était ensuite tenue à Bali (1995), à Langkawi (1997), à Hanoï (1999), à Phnom Penh (2001) et à Tachkent (2003).

Les pays africains suivants sont représentés à cette rencontre : Botswana, Cameroun, Ethiopie, Egypte, Soudan, Nigeria, Tanzanie, Sierra Leone, Afrique du Sud, Kenya, Namibie, Sénégal, Malawi, Ouganda et Zambie.
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Tedy
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MessagePosté le: Jeu 19 Jan 2006 21:13    Sujet du message: Répondre en citant

a propos de freinage, j'ai noté en lisant les réponses des élèves ki échouent à l'examen d'entrée en 6e k la principale raison d l'échec est le fait kil n comprennent pas la question. la meme kestion posée dans leur langue maternelle, ki s trouve etre celle kils comprennent le mieux trouvera tt d suite 1e réponse censée. on se moque des élèves à l'école primaire ki n parlent pas correctement le francais, c super frustrant, d'avoir a apprendre une langue et en meme temps apprendre la science, l'histoire,les maths,... dans la meme langue. du coup c du bourrage de crane k l'on fait. les enfants apprennent tt par coeur et se contente de le réciter sur papier. c a qui sait réciter le mieux. vous appelez-ca de l'éducation. on comprend pourkoi les parents au village hésitent a envoyer leurs enfants à l'école; ca sort plus abruti k'autre chose. c dommage mais c la réalité. on frappe l'enfant pour kil pronnonce correctement des mots ki n'ont aucun rapport avec son alphabet de base. la colonisation pratiquée par nous-memes sur nos enfants. et si on en parlait!!!!!!!!!!
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ARDIN
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MessagePosté le: Ven 20 Jan 2006 00:26    Sujet du message: Répondre en citant

tedy a écrit:
a propos de freinage, j'ai noté en lisant les réponses des élèves ki échouent à l'examen d'entrée en 6e k la principale raison d l'échec est le fait kil n comprennent pas la question. la meme kestion posée dans leur langue maternelle, ki s trouve etre celle kils comprennent le mieux trouvera tt d suite 1e réponse censée. on se moque des élèves à l'école primaire ki n parlent pas correctement le francais, c super frustrant, d'avoir a apprendre une langue et en meme temps apprendre la science, l'histoire,les maths,... dans la meme langue. du coup c du bourrage de crane k l'on fait. les enfants apprennent tt par coeur et se contente de le réciter sur papier. c a qui sait réciter le mieux. vous appelez-ca de l'éducation. on comprend pourkoi les parents au village hésitent a envoyer leurs enfants à l'école; ca sort plus abruti k'autre chose.

Salut tedy!!!
C’est la tout le probleme de la conception de l’education en Afrique que pose Joseph Ki-Zerbo dans son livre “Eduquer ou Perir”
Voici ce que disaient Stanislas Spero Adotevi et Baba Hakim Haidara, les prefaceurs de l’ouvrage:

(…) De nombreuses personnalites s’accordent desormais a penser que la crise de la societe et de l’economie est fondamentalement une crise culturelle. Les cultures doivent etre evolutives preparant le changement dans les perceptions, les conceptions, les valeurs, les progress scientifiques et technologiques que les societes doivent s’approprier et integrer au point de devenir a leur tour creatrices dans ces domains. Or le systeme educatif mis en place privilegie la consummation externe sans engendrer de culture a la fois compatible avec la civilisation originelle et resolument porteuse d’avenir.
(…) Rehabiliter, reanimer l’inventivite de peoples que les chocs avec l’exterieur ont trop souvent conduits a sous-estimer leurs propres capacites creatrices, va demander que l’education soit reorientee et mieux distribuee, de facon a etre productrice de culture.
Citation:
c dommage mais c la réalité. on frappe l'enfant pour kil pronnonce correctement des mots ki n'ont aucun rapport avec son alphabet de base. la colonisation pratiquée par nous-memes sur nos enfants. et si on en parlait!!!!!!!!!!

Il nous faut prendre conscience et faire prendre conscience de cette situation:et engager, comme ils le disent, une reflexion sur l’education apparaît donc comme primordiale. Elle doit etre situee dans une perspective positive qui prenne en compte toutes les dimensions des aspirations de l’homme considere en tant que finalite et agent central du developpement.
(…)La dimension ethique et culturelle de l’education doit accompagner sinon orienter celles qui se rapportent a la qualite de la vie et de l’environnement, mais les valeurs doivent etre assumees librement et dans la conscience d’une solidarite necessaire aujourd’hui comme demain. Dans cette perspective, les valeurs de solidarite des societes africaines devront etre conservees et developpees. A cote de ces valeurs, il s’agira par une appropriation de l’espace de vie par l’enfant, de le faire passer de la responsabilite collective a la responsabilite individuelle.
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Soundjata Kéita
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MessagePosté le: Dim 12 Mar 2006 16:56    Sujet du message: Répondre en citant

Voir topic suivant :
"[Linguistique kamite appliquée] La Méthode A.R.T.E"
http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=5991



Hotep, Soundjata
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La vérité rougit l'oeil, mais ne saurait le transpercer


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Nomade
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MessagePosté le: Dim 19 Mar 2006 08:53    Sujet du message: Répondre en citant

Gerfault a écrit:
Une petite contribution:

Paris, France (PANA) - Une responsable du Programme des Nations-
unies pour le développement (PNUD) a plaidé jeudi à Paris pour
une langue commune en Afrique


Quelqu'un peut-il me dire pourquoi un responsable doit plaidé devant les nations unis un sujet qui ne regarde que les Africains. En plus, à Paris, de vrai enfants...


Citation:

"mais,
a-t-elle ajouté, je ne dis pas qu'il faut enlever le français,
l'anglais ou l'espagnol". Il faut, selon elle, "instaurer une
politique multilingue sur le continent africain".


Ah, ok, là je comprends Wink
En tout cas, moi je le dis, il faut enlever le francais, l'anglais et l'espagnol.

-------------------------

Bon, plus sérieusement, je suis heureux de découvrir (à l'aide d'un lien posté ailleurs) ce topic pour la première fois depuis mes derniers messages ici au sujet de la langue. Je n'avait jamais lu ce topic et je vois que beaucoup de gens réalise aussi (avec réflexions profondes a l'appuie) l'importance des langues africaines pour le développement future de l'afrique. J'ai beaucoup appris dans ce thread.

J'aimerais pouvoir commenté presque tout les messages ici. Mais je vais donné que de "pas-si-bref-que-ca" commentaires sur certain aspect pour le moment (il y a des messages que je me dois de lire ou relire).

Je ne vois pas la multitude de langues en Afrique comme une source de division mais plutot une source d'union. Meme dans les campagne africaine (et ailleurs bien sur), ou souvent la majorité des africains habitent, il est très commun pour les paysans de connaitre plusieurs langues. Les africains ont vraiment cette capacité à être polyglottes. Une de ces autres langues est souvent la langue d'un villages voisins. On reconnait tous que les africains adorent joué avec les langues en générale (meme ceux de la diaspora!). Je pense que si la pauvreté était moins grande et que tous avaient accès à l'éducation ( entre parenthese, dans sa langue maternelle, on le souhaite) les différences ne serait pas une source de problème, mais bien générateurs d'emplois et une richesse culturelle. Vous savez toutes les langues africaines sont souvent étonnament apparenté. C'est encore plus vrai pour les langues des ethnies africaines prochent l'une de l'autre géographiquement.

En gardant en perpective que plusieurs Africains sont multilingues, ce que je préconiserait dans la pratique est :

1 - Le maintient et la promotion des langues locales (vie quotidienne, écoles (primaire, ...) , etc)

2 - Apprentissage d'une langue voisines dès le primaire. Surtout que cela se fait souvent naturellement.

3 - Apprentissage d'une langue regionales, nationales ou bien pan-africaine dès le primaire aussi.

L'apprentissage d'une langue européenne (ou bien d'autres langues africaine bien sur) serait laissé à l'initiative personneles des gens. Comme un allemand qui décide d'apprendre le chinoix. Évidemment, il serait interdit dans la majorité des emplois d'exiger la connaissance de ces langues europpenne pour pouvoir postuler a ceux-ci. On peut imaginer des exceptions comme un emploi dans le milieu touristique. Cependant, il est bien sur plus qu'acceptable d'exiger la connaissance de la langue locale pour postuler a des emplois.

Je me dois de noter que je ne prétends pas inventé rien ici. De plus, il va s'en dire que la dites langues régionales, nationales ou bien pan-africaine peut être un genre de lingua-franca ou bien une langue dominantes de la régions. Dans tous ceci parfois 2 et 3 vont s'entremeler ou bien s'anhiler (pe si 3 est un language pan-africain, 2 peut etre un language nationale). Il est aussi entendu que cette langue régionales doit etre la (ou l'une des) langue officielle du pays. Cette officialisation de la langue en plus d'etre effective dans le systeme éducatif doit etre effective dans le gouvernement (fonctionnaire, police, publications du gouvernement y compris site web, discours de politiciens, émission dans la télévision nationale, etc) ainsi que dans certaines autres lois régissant la société. Par exemple, l'affichage en ville peut être bilingue avec obligation d'afficher dans cette langues communes.

Pour la déterminations de cette langues communes (régionale, nationales ou pan-africaine), je pense qu'il faut laisser a chaque pays africain le soin de décidé ce qui est meilleur pour lui. Aussi, cela ne veut pas dire qu'il ne peut pas avoir d'autre langues officielles dans le pays. Mais, on doit toujours pouvoir avoir du services dans cette langue commune au gouvernement et dans les activités officielles (pe cours universitaire, télé-nationales). Une université régionales dans la langue locales est aussi possible dans ce schéma. Je suppose que cela va dépendre de la forces démographique et du déveppement de cette régions rattaché a cette langues locales. La langues communes peut être une langue déjà dominante au pays (wolof, haussa); Ou bien même un lingua-franca créé a partir de plusieur langues locales.

Dans cette perspective de création d'un lingua-franca, il est possible qu'une langue dominante va avoir prépondérance dans la grammaire et le vocabulaire mais que plusieurs éléments d'une ou de plusieurs langue locales y seraient intégrés. Cette dernière méthode de conception de la langues communes comme un lingua franca peut aussi s'appliquer pour une langue pan-africaine. Par exemple, toute la région des langues bantou pourrait adopter le swahili comme langues officielle (rappellons qu'il peut exister plus d'une langue officielle dans un pays). Pour le cas du swahili, il serait intéressant pour le language meme d'intégrer plus d'éléments bantou. Le swahili est un language bantu qui n'est pas si riche que ça au niveau lexicales dans sa forme standardisé (il a été propagé pour etre un lingua franca sans trop de locuteur qui le parle a la naissance), donc il pourrait facilement intégré plusieurs mots et styles grammaticale de autres langues bantou. Le rendant plus attrayant pour d'autre régions de l'afrique. On pourrait commencer par éliminer le lexique arabic du language. Dois-je rappeler que le swahili est un pur language bantou, pratiquement tout les mots arabic ont leur équivalent (synonymes) bantou (cependant parfois, pas utilisé pratiquement dans certaines régions). Je parle du swahili pas nécessairement pour que l'on choissisent ce language en particulier, mais plutot parce que l'expérience pratique de ce language en tant que lingua franca régionaux et détribalisé peut servir dans la conception de d'autres lingua franca nationale, régionaux ou bien pan-africain.

Avec un soutient éducatif et legislatif je pense qu'il est possible de promouvoir les langues africaines dans le respect de tous et chacun.
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ARDIN
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MessagePosté le: Sam 08 Avr 2006 18:35    Sujet du message: Répondre en citant

Salut!

Je remonte ce topic pour vous faire partager ce temoignage de Tetevi Godwin Tete-Adjalogo

[…] Enfin, ce qui m’est le plus penible a rememorer de ma tender enfance de colonise, c’est bel et bien la praxis colonialiste du “signal”. Et pourtant je n’en avais pas souffert physiquement outre-mesure. Ce qui me revolte encore aujourd’hui, c’est la conscience que le “signal” representait la nature humaine, la quintessence meme de l’imperialo-colonialisme.

En effet, qu’est ce a dire que “le signal”? Le fait etait que, la politique averee de l’assimilation aidant, il fallait contraindre les Negrillons que nous etions a apprendre le francais par tous les moyens, a n’apprendre que le francais comme langue. Dans cet ordre d’idees, il nous fallait totalement oublier notre langue maternelle! Et le fameux “signal” si bien connu des Africains “francophones” de ma generation a ete invente a cette fin. Il consistait en un morceau de bois. Son porteur devait le transmettre a son camarade qu’il entendait parler sa langue maternelle. Le dernier porteur du “signal” au terme de chaque journee etait astreint a subir des punitions de tous genres! Il y avait meme, a cet egard, la chansonnette suivante:

"SI TU PARLES LE MINA
JE TE DONNE LE SIGNAL"


Or, la langue est a la fois l’ame vivante et l’esprit nourricier de toute civilisation. Elle en est le socle premier. C’est pourquoi, tuer une langue, c’est. ipso facto, tuer la culture et/ou la civilisation qu’elle sous-tend. Et “le signal” n’avait autre objectif que d’assassiner les langues indigenes africaines…
Reconnaissons au passage, que parallelement a cette pratique francafricaine, les Anglais et les Allemands promouvaient les langues locales importantes tout au long de l’enseignement academique dans leurs colonies. C’est bien le cas de l’ewe transcript en caracteres latins depuis les annees 1857

A telle enseigne que le Negro-africain des anciennes colonies francaises, s’il est universitaire sorti de la Sorbonne, ou d’Oxford, ou de Harvard, ou encore de Lomonossov de Moscou, il manie le francais ou l’anglais ou le russe avec virtuosite, mais il ne domine et ne maitrise nullement sa langue maternelle. Il peut discourir avec brio a longueur de journee sur tel ou tel sujet, mais il ne sait pas dire correctement “Bonjour” dans la langue de sa mere.
En d’autres mots, il ignore l’ame profonde du peuple dont il est issu et dont il se trouve plus ou moins culturellement coupe.

C’est cela que nous dit la vibrante plume du philosophe et sociologue Togolais Ferdinand N’sougan Agblemagnon:

“Pour la societe traditionnelle, a culture orale, la langue n’est pas seulement le moyen permettant des communications plus ou moins fines, c’est aussi le support essential de la culture, c’est le point vivant entre l’individu et les structures sociales: la langue est a la fois la source et le musee de la culture; elle est tout le fondement de la culture traditionnelle; se detacher provisoirement ou definitivement de la langue, c’est perdre le contact avec la societe traditionnelle et avec la tradition elle-meme.
Dans les societes a culture orale comme la societe ewe, c’est avant tout la langue qui maintient le flambeau de la civilisation traditionnelle et “l’esprit” des structures traditionnelles.”
(Sociologie des Societes Orales d’Afrique Noire, Page 52)

Et, pendant qu’a l’instar d’une epee de Damocles, “le signal” se trouvait suspendu sur nos freles tetes, nous glorifions la “Mere-patrie” par des chansons dont la poesie des paroles et la beaute de la melodie ressortaient si envoutantes les unes que les autres.

En voici un echantillon qu’il me plait, aujourd’hui encore, de fredonner volontiers. Elle servait a rythmer les mouvements d’ensemble que nous presentions aux gouverneurs des colonies les 14 juillet, 11 novembre et le jour de la fete de la sainte Jeanne d’Arc:
"O France cherie,
Notre mere benie,
Repands tes bienfaits
Sur notre cher Togo.
Dans toutes les maisons
De la ville de Lome,
Nous te louons
Par nos chansons."


En bref, l’Africain contemporain, des villes notamment, nous apparait tel un produit culturel hybride, mal ajuste, malheureux dans sa peau.
Tetevi Godwin Tete-Adjalogo(La question Negre, Pages 65-67)
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Yom
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MessagePosté le: Lun 10 Avr 2006 10:17    Sujet du message: Répondre en citant

ARDIN a écrit:
Salut!

Je remonte ce topic pour vous faire partager ce temoignage de Tetevi Godwin Tete-Adjalogo

[…] Enfin, ce qui m’est le plus penible a rememorer de ma tender enfance de colonise, c’est bel et bien la praxis colonialiste du “signal”. Et pourtant je n’en avais pas souffert physiquement outre-mesure. Ce qui me revolte encore aujourd’hui, c’est la conscience que le “signal” representait la nature humaine, la quintessence meme de l’imperialo-colonialisme.


Juste une remarque:
La pratique du signal n'est pas spécifiquement colonialiste, puisqu'elle était largement employée en France, là où les langues régionales prédominaient. C'est une pratique "jacobine" française, typique de la politique uniformisatrice de la IIIe République et un modèle d'éducation archaïque et détestable basé sur l'humiliation.

Ensuite:
Citation:
Reconnaissons au passage, que parallelement a cette pratique francafricaine, les Anglais et les Allemands promouvaient les langues locales importantes tout au long de l’enseignement academique dans leurs colonies. C’est bien le cas de l’ewe transcript en caracteres latins depuis les annees 1857

La question qui me vient alors est pourquoi aucun de ces pays n'a complètement abandonné la langue coloniale, alors que certains en auraient la possibilité assez facilement (Kenya, Tanzanie, Rwanda, Burundi, Botswana)?
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Krakatau
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MessagePosté le: Lun 10 Avr 2006 12:03    Sujet du message: Répondre en citant

Yom a écrit:
ARDIN a écrit:
Salut!

Je remonte ce topic pour vous faire partager ce temoignage de Tetevi Godwin Tete-Adjalogo

[…] Enfin, ce qui m’est le plus penible a rememorer de ma tender enfance de colonise, c’est bel et bien la praxis colonialiste du “signal”. Et pourtant je n’en avais pas souffert physiquement outre-mesure. Ce qui me revolte encore aujourd’hui, c’est la conscience que le “signal” representait la nature humaine, la quintessence meme de l’imperialo-colonialisme.


Juste une remarque:
La pratique du signal n'est pas spécifiquement colonialiste, puisqu'elle était largement employée en France, là où les langues régionales prédominaient. C'est une pratique "jacobine" française, typique de la politique uniformisatrice de la IIIe République et un modèle d'éducation archaïque et détestable basé sur l'humiliation.

Ensuite:
Citation:
Reconnaissons au passage, que parallelement a cette pratique francafricaine, les Anglais et les Allemands promouvaient les langues locales importantes tout au long de l’enseignement academique dans leurs colonies. C’est bien le cas de l’ewe transcript en caracteres latins depuis les annees 1857

La question qui me vient alors est pourquoi aucun de ces pays n'a complètement abandonné la langue coloniale, alors que certains en auraient la possibilité assez facilement (Kenya, Tanzanie, Rwanda, Burundi, Botswana)?


...bien que cela soit extrait d' une fiction ( en l' occurence le film hollywoodien " Thunderheart" de Michael Apted ) Il y est dit par un Policemen Sioux comme quoi dans son enfance, on lui lavait la bouche chaque fois que quelqu' un l' entendait parler sa propre langue

Ce film est pour moi est aussi très révélateur de certain éléments de spiritualité, avec ce qui y est dicrètement révélé de pratique chamanique et ce qu' elle peuvent avoir, en surface en tout cas ** , de similaire avec la pratique des fétiches et la relation avec les âmes des défunts, des esprits. l' indisciple au commun des mortel...)

___

** je suis un occidental et ne parle donc que de ce que je crois pouvoir honnêtement appréhender
( a défaut de pouvoir dire objectivement puisque ce concept est, il me semble, tributaire de son contexte culturel de souche, pour lequel n' existe en principe que ce qui est perceptible et palpable par tout le monde ici et maintenant et donc, ne peut donc vraiment tolérer l' existence d' un monde invisible )

___

J' espère que vous excuserez ma petite digression, merci ...
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ARDIN
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MessagePosté le: Sam 15 Avr 2006 03:46    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Yom!

Yom a écrit:
Citation:
Juste une remarque:
La pratique du signal n'est pas spécifiquement colonialiste, puisqu'elle était largement employée en France, là où les langues régionales prédominaient. C'est une pratique "jacobine" française, typique de la politique uniformisatrice de la IIIe République et un modèle d'éducation archaïque et détestable basé sur l'humiliation.

Je pense qu'il s'est situe dans le temps en le disant, et il ignorait sans doute, a l'epoque, que cette pratique fut largement employee en France a un autre moment de l'Histoire. Mais je m'interroge sur l'idee que tu te fais de la notion de "la politique uniformisatrice", et de ce que tu entends par "modele d'education archaique et detestable base sur l'humiliation".
Citation:
La question qui me vient alors est pourquoi aucun de ces pays n'a complètement abandonné la langue coloniale, alors que certains en auraient la possibilité assez facilement (Kenya, Tanzanie, Rwanda, Burundi, Botswana)?

Peut etre parce que les Allemands ne sont pas restes au Togo(en emettant une reserve sur ce qu'il appelle "l'enseignement academique" dans ces colonies et la periode qui le couvre) aussi longtemps que les Anglais au Kenya ou en Tanzanie, et qu'apres, les Francais ayant pris la releve, ont, comme tu peux l'imaginer, detruit "le travail" que les Allemands avaient fait a ce niveau a travers leur methode.
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Yom
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MessagePosté le: Ven 12 Mai 2006 11:11    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Ardin! Désolé de ma réponse tardive.

ARDIN a écrit:
Salut Yom!

Yom a écrit:
Citation:
Juste une remarque:
La pratique du signal n'est pas spécifiquement colonialiste, puisqu'elle était largement employée en France, là où les langues régionales prédominaient. C'est une pratique "jacobine" française, typique de la politique uniformisatrice de la IIIe République et un modèle d'éducation archaïque et détestable basé sur l'humiliation.

Je pense qu'il s'est situe dans le temps en le disant, et il ignorait sans doute, a l'epoque, que cette pratique fut largement employee en France a un autre moment de l'Histoire. Mais je m'interroge sur l'idee que tu te fais de la notion de "la politique uniformisatrice", et de ce que tu entends par "modele d'education archaique et detestable base sur l'humiliation".


Ce n'est pas à un autre moment, mais au même moment (ou peu de temps avant, c'est la "IIIe République").
Je faisais référence au jacobinisme et l'idée émise depuis la Révolution d'imposer la langue et la culture française parisienne, dans un but politique. Cf. la fameuse phrase de l'abbé Grégroire* (Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton; l'émigration et haine de la République parlent allemand... La Contre-révolution parle l'italien et le fanatisme parle basque. Cassons ces instruments de dommage et d'erreurs.)

Quand au "modèle d'education archaique et detestable base sur l'humiliation", je ne sais plus vraiment ce que je voulais dire là Wink et c'est de toute façon hors-sujet.

*Oui, le même abbé Grégroire, abolitionniste, qui reconnaissait 150 ans avant CA Diop la négritude des égyptiens anciens.
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ARDIN
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MessagePosté le: Dim 14 Mai 2006 20:32    Sujet du message: Répondre en citant

Yom a écrit:
Salut Ardin! Désolé de ma réponse tardive.

Salut!
Meme avec un siecle de retard, ta reponse aura toujours ete la bienvenue et toujours aussi appreciee Wink

Yom a écrit:
Citation:
Ce n'est pas à un autre moment, mais au même moment (ou peu de temps avant, c'est la "IIIe République").
Je faisais référence au jacobinisme et l'idée émise depuis la Révolution d'imposer la langue et la culture française parisienne, dans un but politique. Cf. la fameuse phrase de l'abbé Grégroire* (Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton; l'émigration et haine de la République parlent allemand... La Contre-révolution parle l'italien et le fanatisme parle basque. Cassons ces instruments de dommage et d'erreurs.)

*Oui, le même abbé Grégroire, abolitionniste, qui reconnaissait 150 ans avant CA Diop la négritude des égyptiens anciens.

Sauf que ca repondait certainement a un besoin, qui fut le souci d'uniformisation.
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ASSE
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MessagePosté le: Mar 25 Juil 2006 05:25    Sujet du message: Langue et culture ? Répondre en citant

La seule langue que j'aimrais d'abord maîtriser c'est celle de mon père et de ma mère car lis à une pratique culturelle et à une connaissance ancestrale , faîtes de ythes et de légendes....

La pratique d'une langue doit être volontaire et non soumis par le jeux du nombre .... La plupart des langues africaines qui se sont répandus sont liées aux activités commerciales suscitant ainsi un language commun pour marchander! Si cela n'avait pas été chacun restera encore là à parler son dialecte... Rolling Eyes

Mais l'essentiel n'est t'il pas d'être en parfaite osmose avec nos us et coutumes tribales premières d'abord, avant d'étendre notre instruction à des langues Africaines ou des langues étrangères plus ou moins commune ?!? Question

La Liberté et le Respect de nos cultures veut aussi qu'on préserve TOUS les dialectes anciens et sacrés de certaines ethnies même si ils ne sont plus parlés que par deux pélerins... archives, recueil linguistique, dictionnaires et autres sont là et doivent être là pour ne pas que ces langues ne disparaissent pas afin que dans le futur tout ce qui souhaite s'y pencher puisse les apprendre... Smile

C'est là ou les linguistes et autres intelectuels de nos universités africaines , les anciens qui palent encore les dialectes, doivent faire ENSEMBLES des efforts pour matérialiser tout ça grâce une collaboration intelligente . Very Happy C'est de notre devoir à tous, de ne pas laisser mourrir ce qui fait notre indentité.... la richesse culturelle de l'afrique noire réside dans sa pluralté linguistique et culturelle, l'unit du peuple noire doit allez au delà du langage (swahili)pour être une unité de DESTIN.

Connaître d'abord sa cuture avant celle des autres est une priorité, comment expliquer à mon grand père que j'apprenne le Swahii alors que lui s'est évertuer toute sa vie ) me transmettre sa lange et sa culture sous le prétete qu c'est la langue la plus parlée en Afrique Noire... Question Rolling Eyes Shocked

Ne faisons pas les mêmes erreurs ... Cool Je suis pour un language commun autant que bon nombre d'entre vous , mais aussi pour préserver les particularismes de chaque culture noire africaine !
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Krakatau
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MessagePosté le: Mar 25 Juil 2006 11:00    Sujet du message: Répondre en citant

A défaut d' une langue, dans un premier temps une graphie commune ( tel mandombe ) au mieux compatible avec la totalité des langues négro-africaine

Dans cette optique de préservation des particularités culturelles, cela ne pourrait en rien être nefaste...
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LIONKING
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MessagePosté le: Mar 05 Sep 2006 13:55    Sujet du message: Répondre en citant

Je comprends bien ta position ASSE mais je dois quand-mème te faire une petite critique.

Comme le colon tu ne fais pas une distinction entre Langues et dialectes.

Je suis moi aussi Anthropo-linguiste.


Je ne dis pas qu'en Afrique il n'existe pas de dialecte en tant que tel ou que l'idiome que tes parents parlent n'est pas un dialecte d'une autre langue mais en général le mal que nos colons aidés d'anthropologues mal illuminés et ce jusqu'aux années 90 du XXième siècle ont fait c'est de ne pas comprendre qu'en Afrique, à l'instar des Etats-Nations Européennes, à leur arrivée, il existait autant de Nations que de LANGUES, d'où leur indépendance les unes des autres.


Le topic a Intelligemment indiqué la langue du colon comme arme du génocide car déposséder une entière Nation de sa langue c'est l'assassiner et détruire sa postérité.

Celui qui nous a renseignés sur l'imposition en France de la labngue Française nous a donné des indices précieux à la lumière desquels on peut doublement se rebeller contre le jacobisme européen qui s'est transporté comme élément moteur des fédérations coloniales crées en Afrique qui aujourd'hui tiennent lieu de Nation.

Ceci explique la difficulté pour chaque pays d'imposer une langue déjà existante comme idiome National.

Les pays Africains ont comme l'a dit celui qui a cité Sékou Touré des pays Européens créés sur la carte à Berlin et donc le modèle Européen ne pouvait pas fédérer des langues indépendantes. Les blancs le savaient bien.

Le cas du Togo Ex colonie Allemande comme le Cameroun est éloquent.

Au Cameroun, on parle aujourd'hui d'enseigner la langue Béti (qui en fait n'existe pas mais il existent des langues cousines autrefois dialectes qui ont une commune origine béti).

Voilà ce qui arrive (tard) mais qui arrive quand les efforts des uns tuent le travail des autres.

L'idée fédératrice des Allemands avait fait d'une langue Bamiléké (celle de Bafang) l'unique langue qui a été autorisée dans les écoles au Cameroun et s'est maintenue donnant accès à des diplòmes jusqu'au milieu des annes 80.

Comme au Togo, la France a eu raison des Allemands qui sont (il ne faut pas l'oublier) à l'origine du découpement colonial de l'Afrique.

Que veut donc dire tout ceci?

L'Afrique a reçu sa condamnation à mort quand on a commencé à tuer ses langues. Le fait de créer des états africains n'a pas aidé la conservation des langues car faire de plusieurs nations une seule Nation en mème temps justifie qu'on lui donne une langue d'emprun, celle du colon. Voilà le deuxième attentat à la linguistique Africaine.

De trois, je disais qu'on a commencé à tuer l'Afrique mais elle refuse de mourir. Dieu merci ses fils ont une créativité énorme! A défaut de la conservation, ou de la récupération intégrale, les fédérations coloniales se sont offert un cadeau qui est celui des langues urbaines qui naissent dans les pays les plus populeux d'Afrique.

Ces milieu urbains faits d'Hybrides comme quelqu'un l'a souligné ici sont en train de créer un phénomène irreversible: DE NOUVELLES LANGUES!

En attendant que de la mème manière que dans les Universiés du monde on enseigne une pleiade de langues européennes qu'on vulgarise le Swahili parmi le Africains (surtout de la dispora), Ou que chaque pays africain choisise la langue qui va le caractériser, L'Afrique a déjà choisi un chemin pour se regénérer linguistiquement: LES LANGUES CREOLES DES MILIEUX URBAINS.

Ce n'est pas tout car le combat est de préserver nos langues ancestrales mais ce n'est pas négligeable non plus.

PEACE OUT!

LIONKING
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MessagePosté le: Ven 09 Mar 2007 12:59    Sujet du message: Répondre en citant

Nos langues: Elles sont menacées de disparition, le Cameroun cherche à sauver 280 langues locales
YAOUNDE - 9 MARS 2007
© Correspondance


Cours du soir, outils pédagogiques, débats, films, émissions radiophoniques interactives, concours d'expression Au Cameroun, les initiatives se multiplient pour promouvoir et sauver près de 280 langues locales, pour la plupart menacées de disparition.

SYFIA - Foyer Bangang à Douala. Dans l'immense salle de réunion, quelques bancs de deux à trois places font face au grand tableau noir. Une dizaine d'apprenants du soir du nguiemboon, une langue locale parlée par des populations de l'ouest du Cameroun, tente tant bien que mal de déchiffrer les écrits qui barrent le tableau. 'L'alphabet de cette langue est bien différent de celui du français', explique Chanceline Yemafo, avant de se replonger dans ses révisions. Pas moins de 32 lettres en effet, réparties en voyelles, consonnes, semi-voyelles et semi-consonnes. 'Je ne suis là que depuis deux semaines. Je commence à lire, mais je ne sais pas encore écrire', raconte Bertrand Signing, également inscrit à ces cours gratuits ouverts aux personnes de tous âges.

Un peu partout dans le pays, des initiatives comparables se multiplient. A la Briqueterie, un quartier de Yaoundé, des cours de langue douala, là aussi gratuits et ouverts à tous, sont par exemple proposés depuis le début du mois par une association des fils et filles Sawa, dont le douala est la langue maternelle.

Environ 280 langues locales sont parlées au Cameroun. Mais seuls le français et l'anglais, les deux langues officielles, disposent d'un statut légal défini par la Constitution et sont utilisées dans l'enseignement et la vie courante. 'Le français et l'anglais ont énormément influencé nos langues maternelles. Aujourd'hui, on ne peut plus les parler une dizaine de minutes sans introduire des mots d'une de ces deux langues', regrette Marcel Ngami, un commerçant.

La situation est encore plus alarmante chez les jeunes de moins de 30 ans, en permanence exposés aux langues dominantes dans les médias et les nouvelles technologies. Idem dans les foyers où les conjoints ne partagent pas la même langue. Dans ces unions, répandues en ville, maris et femmes ne s'expriment donc que dans l'une des deux langues officielles. Il devient ensuite difficile pour eux de communiquer avec leurs familles restées au village et qui ne parlent que la langue locale.

Les résultats d'un concours d'expression organisé en 2004 par la fondation AfricAvenir, qui oeuvre pour la promotion des cultures locales, sont à ce titre révélateurs : seuls 20 % des candidats lycéens pouvaient à l'époque compter de 1 à 5 dans leur langue d'origine. Quatre ans plus tôt, une étude réalisée par l'universitaire Denis Bitjaa Kody avait montré que leur usage était en voie de disparition même quand, au sein du ménage, l'homme et la femme partagent la même langue locale. D'après cette enquête, les adultes utilisent en famille la langue maternelle dans une situation sur deux et les jeunes (de 10 à 17 ans) seulement dans un cas sur quatre. 'A la prochaine génération, ces jeunes qui ne parlent pas les langues locales ne pourront pas les transmettre à leur progéniture', concluait Denis Bitjaa Kody.

Pour tenter de réagir, ces dernières années, des communautés organisées en associations et encadrées pour la plupart par l'Association camerounaise pour la traduction de la bible et l'alphabétisation (Cabtal) ont créé en leur sein des comités de langues, chargés de produire des outils pédagogiques pour l'enseignement. Ces associations ont désormais entre autres activités l'enseignement et l'apprentissage des langues maternelles. Dans les villes, les ressortissants de l'Ouest obligent par ailleurs de plus en plus les épouses à parler la langue de leurs maris, afin d'éviter l'usage d'autres langues au foyer.

'En fin d'année dernière, nous avons organisé un débat sur l'urgence d'utiliser nos langues dans la vie publique et active et mis à la disposition du public 215 livres publiés en 81 langues locales', explique Lydie Chantal Mendong, du secrétariat permanent d'AfricAvenir.

Des films chrétiens, à l'instar de La Bible ou de Jésus de Nazareth sont traduits ou produits en langues locales avec des sous-titres en français. Les radios privées et publiques multiplient les émissions interactives. 'C'est un moyen de faire maîtriser nos langues par les jeunes qui les négligent parfois', estime Rudy Ebongue, responsable des programmes à Dynamic FM, une radio privée de Douala. Certaines entreprises soutiennent de leur côté l'organisation de concours d'expression.

Une promotion par petites touches

La Constitution camerounaise de 1996 ne fait qu'évoquer la promotion des langues maternelles locales. Créée en 1998, une direction de la promotion des langues locales faisait inscrire au programme des enseignements dans le primaire des cours de culture nationale. 'Nous enseignons aux enfants les proverbes, les contes dans la langue de la région dans laquelle est basée l'école', précise Rosssini Tsapi, un instituteur.

La conception et la publication d'ouvrages pédagogiques en langues locales ont été accélérées par les travaux de l'Association camerounaise pour la traduction de la bible et l'alphabétisation (Cabtal). Soucieuse d'évangéliser dans toutes les langues, cette dernière s'est lancée dans bon nombre de traductions de la bible et a ainsi contribué à concevoir plusieurs alphabets. Elle a été soutenue dans ses efforts par la Société internationale de linguistique (SIL), une Ong internationale, spécialiste de ces questions.

Ces dernières années, la Cabtal s'est par ailleurs engagée aux côtés d'associations villageoises pour donner un second souffle au Projet opérationnel pour l'enseignement des langues au Cameroun (Propelca). Ce programme, créé dans les années 1970 afin de renforcer l'enseignement des deux langues officielles (français et anglais), mais aussi d'introduire les langues nationales maternelles à l'école primaire et dans le secondaire, n'a véritablement débuté qu'en 1982 dans deux langues et dans deux écoles. En 2005, ce projet était plus ou moins actif dans 300 écoles primaires éparpillées sur plus de la moitié du territoire. Le Propelca bénéficie actuellement à plus de 36 000 élèves.


Source: C. Nforgang ( Wal Fadjri)
http://www.cameroon-info.net/cmi_show_news.php?id=19030
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Krakatau
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MessagePosté le: Mer 08 Aoû 2007 13:20    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour aux habitués, et aux autres, du forum grioo

J' intervient directement dans le fil de cet impressionnant débat de fond après mûre réflexion, ce texte ayant initialement été destiné a Muana Kongo en privé, absent du forum depuis un long moment déjà

Cela pour vous indiquer ce qui pourrais s' avérer être une éventuelle contribution a la cause évoquée le long de ce sujet, minime mais honnête, auquelles mes activités dans la production musicale pourraient prétendre
Autour de tout cela du reste, j' ai déjà eu l' heur d' échanger quelque messages avec Muana Kongo en MP ici-même ainsi que publiquement sur l' ancien forum Afrik.com il y a de cela ma foi, plusieurs années déjà

De fait, j' ai actuellement en attente de trouver un ou divers éditeurs, pour des productions musicales allant de formations traditionnelles enregistrées sur le terrain ( en brousse ) a des travaux de collaborations comme compositeur/arrangeur, selon plus élaborés
La question qui nous concerne, toutefois est la suivante :

J' ai dans l' idée pour en avoir conversé avec qui de droit, que nous ( "nous" ) proposer des transcriptions des chansons originales dans une graphie la plus appropriée , ( N'ko ou Mandombe a ce que je connais )

Cela relatif a cette statégie qui contriburait a la diffusion d' un alphabet commun, dans le cas de figure a défaut de l' afrique noire ( ce qui au présent relèverait de la pure utopie) concernerait essentiellement a un groupe linguistique précis,
( mandingue et apparentés, en ce qui concerne mes artistes ont tous été enregistrés a Bobo-dioulasso ou je compte m' installer définitivement dès 2008 )

Si la chose peu avoir une quelconque efficacité en l' état actuel des choses, une occasion pourrait se présenter ici.

Je ne vais pas vous mentir, mes compétences en dehors de mon strict domaine, sont limitées, de fait je vis d' une rente d' invalidité octroiée il y a une vingtaine d' années pour des problèmes psychologiques graves sur lesquel je ne vais pas m' appensantir ici ( les anciens du forum Afrik.com se souviendront peut-être d' un sujet débattant fortuitement de la chose, je crois m' en être sortit avec la dignité necessaire )

Ce qui toutefois sous-entend, point important, que même si je suis de coeur a la cause, il y a des responsabilités que je sais ne pas pouvoir prendre en charge

Toutefois, mon expérience me permet a moi tout seul ( si utile ) de créer des prototypes de produits sur CD a savoir :
- la finition des production musicales ( au minimum de ma contribution : l' enregistrement de terrain, puis la masterisation des prises de son )
- comme la conception des pochettes ( privilégiant a l' usage les images digitalisées de tableaux d' artistes-peintres locaux du sud-ouest Burkina, sinon , a défaut seulement, de mes propres créations )

Il va de soit qu' une telle entreprise mérite d' être mûrement méditée, et pour ma part s' inscrirait uniquement dans le long terme,
Je m' en expliquerais encore si utile, si d' aventure ce post trouvait quelques échos favorable...

Alexandre Borcic

______



P.S.

a titre indicatif voici deux liens en rapport avec ce post concernant les prises de son de formations traditionnelles :
http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=8120&highlight=
Ainsi que des artistes peintre dont j' ai essayé aussi de mettre leur travail a contribution pour la création des pochettes CD en collaboration avec les musiciens :
http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=8121&highlight=
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Muana Kongo
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MessagePosté le: Mer 10 Déc 2008 01:33    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Krakatau,
effectivement j'ai été longuement absent, mais bon, là n'est pas la question. J'ai vu ton message parmi une foule d'autres et même très tard, je te fais partager mon point de vue:
1) la musique est réellement une des manières les plus efficaces de propager une langue. Aussi, ton projet pourrait être très intéressant. Je suppose qu'il a du évoluer depuis le temps, où en es-tu aujourd'hui?
2) Enregistrer les paroles par écrit en plus du support audio me paraît une bonne idée et si tu peux récolter les paroles je peux te les transcrire en Mandombe et en N'ko. Quoique ce dernier ne sera utilisable que pour les langues Mande.
3) L'aventure me tenterait, bien (la production sur CD et la distribution). Avant il faut voir qui est ciblé exactement, où, quand, etc... Il faudrait un site web au projet (je peux t'aider pour ça) mais le mieux est de continuer la discussion sur un autre sujet (si tu es toujours dispo) soit par mp.


Pour en revenir au sujet initial:
On a parlé du pb des langues étrangères comme véritable poison pour les notres. Mais quelles solutions peut-on envisager selon vous à court, moyen et long terme?
Je projette avec une association, de préparer un événement sur l'écriture Mandombe et l'inauguration d'un sytème d'exploitation en Kikongo/Lingala/Mandombe que nous avons développé (basé à l'origine sur un noyau Linux, mais passera d'ici peu à un noyau gnu hurd pour enfin d'ici 2 ans tourner sur un noyau développé en interne, mais qui n'a pas encore de nom *public*).
Quelqu'un a-t-il des idées à faire partager concernant ce genre d'événements ou encore des moyens d'actions à la portée d'un comité réduit, pour les faire prospérer?
J'ai constaté sur le terrain (au pays) que les gens ne délaissent pas toujours leurs langues volontairement, mais ils ne sont pas représentés dans l'administration, dans le commerce, les médias, l'école etc...
Mon idée en plus d'un OS exclusivement en langues africaines (patientez quelques mois pour qu'il soit en ligne ainsi que la plate-forme de traduction), serait le développement d'un réseau d'entrepreneurs qui commerceraient dans les langues maternelles et échangeraient uniquement via celles-ci sans recours au français/anglais et autres, mais via un mécanisme de traduction automatisée.

ben en fait, c'est pas si compliqué, mais c'est long, j'ai besoin de connaître la langue, d'avoir les mots classés par leur fonction grammaticale, une explication sur les positions possibles de tel ou tel type de mots dans la phrase et des explications sur le sens et l'usage de ces mots en français et de là je peux générer un traducteur automatique relativement fiable en quelques jours.

Si des gens sont intéressés, ça se déroule maintenant.

Autre chose, amis grioonautes, y aurait-il des volontaires pour faire de la numérisation et constituer une bibliothèque numérique dans nos langues?
Il suffit de scanner des documents afrocentrés (une liste peut être trouvée sur le site http://per-ank.bankula.org), de préférence avec la reconnaissance de caractères activée.
Cela facilitera le processus d'automatisation des traductions et permettra d'obtenir rapidement une bibliothèque multilingue africaine.

On fera dans le même temps les démarches nécessaires pour obtenir les autorisations de reproduire et diffuser ces livres ainsi que les contraintes légales, etc.

Mais le temps presse, chaque minute qui passe c'est autant de pages que de membres de la communauté, qui pourraient être numérisées!
Si le projet vous intéresse, n'hésitez pas à le faire savoir, à apporter vos suggestions, etc. Une fois l'idée assez maturée, on passera à la prochaine étape. Mais rien n'empêche de scanner tout en discutant ou de scanner même si on ne veut pas discuter...
Laughing
Le tout est d'avoir les bouquins en versions électroniques exploitables:
odt, swx, pdf (pas pdf image surtout), etc.

Et pour ceux qui veulent contribuer à la traduction automatisée de leurs langues, il faudrait un lexique comme je l'ai dit assez conséquent (cf plus haut) au format excel, csv, html, ou ce que vous voulez tant que les différentes classes de mots sont bien séparées sous forme d'un tableau avec un format bien défini:
mot type_de_mot (verbe, adv, pronom, etc) explication/utilistation
et un fichier à part avec une description des types de mots et leurs positions relatives dans les phrases selon les types de phrases.
Autre chose, il faut distinguer les tons longs, ascendants, courts, etc comme vous le souhaitez mais préciser la lecture dans le fichier d'explications.

Par exemple pour le kikongo:


mot type contexte
sala verbe travailler, faire, agir
saala verbe rester
ntinu nom vient du verbe tina (fuir); celui qui protège, autrement dit le roi
ame possessif ce qui est à moi, mon, le miens

descriptif:

dans les affirmatives, le sujet prend telle position, le verbe telle position, le complément telle autre par raport au sujet, etc.

Cela permettra de faire du traitement croisé et d'obtenir des traductions standard assez propres (compréhensibles et correctes grammaticalement, mais ne vous attendez pas à trouver les formulations les plus complexes sauf si vous les expliquez bien).

Voilà désolé pour ce long post, j'espère qu'il portera ses fruit
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Krakatau
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MessagePosté le: Mer 17 Déc 2008 23:43    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Muana kongo, honoré que vous m' accordiez ainsi crédit,

Je vais donc, vous répondre un peu plus concrètement par MP...


Very Happy
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MessagePosté le: Mer 24 Déc 2008 17:20    Sujet du message: Répondre en citant

Muana Kongo a écrit:
Autre chose, amis grioonautes, y aurait-il des volontaires pour faire de la numérisation et constituer une bibliothèque numérique dans nos langues?
Il suffit de scanner des documents afrocentrés (une liste peut être trouvée sur le site http://per-ank.bankula.org), de préférence avec la reconnaissance de caractères activée.
Cela facilitera le processus d'automatisation des traductions et permettra d'obtenir rapidement une bibliothèque multilingue africaine.

On fera dans le même temps les démarches nécessaires pour obtenir les autorisations de reproduire et diffuser ces livres ainsi que les contraintes légales, etc.

Salut,

Les personnes que le projet intéresse peuvent nous contacter à cette adresse: per-ankh@bankula.org

Merci
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MessagePosté le: Mer 24 Déc 2008 17:24    Sujet du message: Répondre en citant

Wossup ?!!

J'ai un scanner à la maison donc... Twisted Evil
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MessagePosté le: Mer 24 Déc 2008 17:31    Sujet du message: Répondre en citant

Maryjane a écrit:
Wossup ?!!

J'ai un scanner à la maison donc... Twisted Evil

Attends toi tout simplement à recevoir la bibliothèque de Muana Kongo et d'Ogotemmeli pour ensuite faire le travail en toute tranquilité...
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MessagePosté le: Lun 03 Aoû 2009 11:10    Sujet du message: Un logiciel d'apprentissage des langues Camerounaises Répondre en citant

Un logiciel d'apprentissage des langues Camerounaises:

Patrimoine : Un logiciel d'apprentissage made in Cameroon

Une association de jeunes étudiants vient de concevoir un didacticiel de cinq langues parlées dans notre pays.


"DicoTrad" est déjà une fierté pour ses concepteurs. Le président de l'association "Nouvelle génération", Christian Richard Essama, est tout excité lorsqu'il parle du produit. Un logiciel qui permet d'apprendre le Bassa, le Duala, l'Ewondo, le Medumba et le Fufuldé, toutes des langues maternelles du Cameroun. Le mode d'emploi stipule d'insérer le Compact Disc (Cd) dans un ordinateur et l'utilisateur peut s'initier aux mots, aux chants et autres expressions d'une langue de son choix, parmi les cinq que propose l'application. Par ailleurs, les concepteurs de Dico Trad ont associées cinq rubriques au projet. Le dictionnaire notamment, où l'utilisateur clique sur un mot et obtient automatiquement sa traduction en français ou en anglais. Le logiciel comporte également des éléments sonores. L'utilisateur peut ainsi obtenir la prononciation syllabique d'un mot. Une autre rubrique plonge les apprenants dans l'ambiance des différences langues. Pour le Duala, par exemple, il a été enregistré des chants "ngosso" ; et les berceuses pour ce qui est de l'Ewondo. Des interviews des personnes telles que le prince René Bell reviennent par ailleurs sur les spécificités des différentes langues. "Depuis le début de sa distribution, Dico Trad ravi ses utilisateurs", se ravit Christian Essame.

Pourtant, à en croire ce dernier, l'élaboration de ce produit n'a pas été facile. Mais grâce au volontarisme de ses "géniteurs" et de plusieurs collaborateurs, il a vu le jour au bout de 8 mois de travail. Hormis les membres de l'association "Nouvelle génération", la conception du dictaciel a, en effet, bénéficié de l'appui de quelques professeurs de langues maternelles et patriarches. M. Samnick, enseignant de Bassa au collège Libermann, Valère Epée, patriarche Sawa, et plusieurs autres personnes ressources, ont notamment contribué à la production de "Dico Trad". Bien que le produit fini soit favorablement accueilli, l'idée de mettre sur pied un logiciel d'apprentissage de langues maternelles s'est heurtée à de nombreux écueils. "La majorité des personnes que nous sollicitions, ne croyait pas en nous. Les jeunes sont peu fiables pour réaliser un tel projet", confient les membres de Nouvelle génération. "D'autres nous aidaient tout en étant sceptiques en disant qu'ils verront bien où on aboutira", ajoute M. Essame.

Après des nuits d'insomnie et d'acharnement auprès de leurs sources, l'association a finalement eu raison des appréhensions et du découragement. Le président du groupe confie tout même que ses camarades et lui ont dû miser sur la solidarité et l'entraide pour concrétiser leur idée. L'enregistrement vocal des mots et expressions s'est fait dans un studio gracieusement offert par un membre du groupe. Il en est de même du déficit en ressources humaines et matérielles, qui a été comblé par la générosité des adhérents de l'association et quelques personnes qui, malgré tout, ont cru au projet. Les séances de travail de secrétariat et autres se déroulaient au siège de l'association, qui n'est autre que le domicile du président. Actuellement "Dico Trad est gratuitement distribué dans les établissements secondaires, partenaires de l'association Nouvelle génération. Si les organismes que nous avons saisis répondent favorablement à nos demandes, nous comptons passer très bientôt de cinq à onze langues", promet Christian Essame.

Monique Ngo Mayag

Source: http://www.quotidienmutations.info/aout/1249279262.php
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kwende
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MessagePosté le: Lun 03 Aoû 2009 14:45    Sujet du message: Répondre en citant

comment obtenir ce logiciel ??
existe t'il une association donnant des cours de douala en region parisienne ,je cherche des cours oraux en vain.......
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MessagePosté le: Lun 03 Aoû 2009 15:17    Sujet du message: Répondre en citant

kwende a écrit:
comment obtenir ce logiciel ??
existe t'il une association donnant des cours de douala en region parisienne ,je cherche des cours oraux en vain.......


J'ai pas pu trouver une page internet de cette association sur le net, j'ai demande au journal qui a publier l'article de me faire parvenir leur adresse si possible.
Tu peux faire la meme chose.
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