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Le Regard de Journalistes Camerounais sur la RDC

 
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M.O.P.
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MessagePosté le: Lun 09 Aoû 2004 11:39    Sujet du message: Le Regard de Journalistes Camerounais sur la RDC Répondre en citant

http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=all&id=1092003328


LUNDI, 09 AOûT , 2004 - 06:15
Dossiers du Lundi : Vivre : Fier d’être kinois !Un projet et une vision singuliers ont donné une âme et une éthique à ce pays qui en complexerait plus d’un Camerounais. Instantanés
S. A. G.



Le transport
Première surprise: les taxis n’existent pas. En tout cas, pas de manière conventionnelle, comme ils le sont dans la plupart des pays, avec une couleur précise, des tarifs donnés, des chauffeurs identifiés, des procédures administratives connues. En Rdc, est taximan, celui qui veut ; celui qui a une voiture et qui s’en sent l’inspiration. Conséquence, en route, tout le monde stoppe n’importe quelle voiture. Avec raison, puisque, presque tous les automobilistes de cette ville s’arrêtent quand ça leur chante pour transporter des gens de toutes sortes. Par ailleurs, le moyen de transport le plus courant entre le centre-ville et sa périphérie, c’est ces sortes de gros cars, sales et bordéliques, semblables à ceux qui roulent comme des tombeaux à Douala. Les gens y sont massés comme des briques et les secousses ne sont pas rares. Le tarif le plus courant ? 100 francs congolais, sur les grands axes. Après, tout devient aléatoire, risqué pour le client. Les rixes sur l’argent à payer ne sont pas rares. Mais, au bout du compte, tout le monde est généralement content.
La bouffe
On mange à Kin, de manière assez proche de ce qui se fait au Cameroun. Peuple bantou, on dira, dont le régime alimentaire est très souvent constitué de ce que produit l’agriculture en zone de forêt et de savane : du manioc et de ses feuilles, du gombo et de ses dérivés, des ignames et des tas d’autres tubercules. Le must de l’affaire, un plat que l’on appelle le "lengua-lengua", des feuilles qui sont semblables au folong camerounais mais dont les délices ne sont pas comparables. Un vrai régal. Encore plus délicieux lorsqu’on pose au-dessus, quelques épais morceaux de buffle, de phacochère ou de boa.
Les animaux sauvages sont en effet proches de l’extermination, sur l’appétit de ceux qui n’ont de prétention écologique que dans la prospérité de leur estomac. Parfumé au "pily-pily", piment écrasé sans assaisonnement, on a de quoi tenir sa bouche en haleine.

Les communications
Par route, il faut oublier : entre les villes de ce vaste pays, aucun axe bitumé. Situation tellement désastreuse que seules les personnes les plus fauchées sont contraintes de s’aventurer sur des pistes qui ressemblent souvent à des scénarios de bout du monde. Les autres, c’est le train, qui fonctionne d’ailleurs par intermittence, sur quelques tronçons du pays, en se prélassant parfois comme un long serpent ennuyeux et sans âme. Il n’existe pas de ligne ferroviaire qui traverse tout le pays, d’un bout à l’autre ou permet même, ne serait-ce que quelques jonctions. Solution pour les riches, l’avion.
Avec une grande multitude de compagnies. Dont quelques unes, on s’en souvient, jettent souvent leurs passagers en plein ciel, à 6 kilomètres du sol, dans le vide. D’autres se crashent dans des marchés. Alors que, pour aller de Kinshasa à Lubumbashi, à l’autre bout du pays, il faut jusqu’à quatre heures et moins de la moitié pour aller de Douala à Kin. Seule consolation : les télécommunications, elles, ne valent presque rien. Une puce de téléphone portable coûte presque 3.000 Cfa, alors qu’elle est à 10.000 Cfa au Cameroun et les communications ne tiennent pas sur un clou. Le secret ? Il y a tout de même jusqu’à six opérateurs téléphoniques en compétition. Le plus grand de tous, Vodacom, sud-africain, caracole en tête de tous avec plus de 800.000 abonnés dans tout le pays.

La bière
Les gens qui partent du Cameroun se montrent souvent inconsolables devant la qualité des bières congolaises qu’ils trouvent faibles, médiocres, presque mauvaises pour la plupart d’entre elles. Ils disent qu’elles sont fades, sans goût, sans énergie. Qu’elles sont "l’eau-l’eau". Alors que les kinois, eux, ne font pas un pas sans leur Skol ou sans leur Primus, les deux emblèmes les plus frappants de leur alcoolisme invétéré. Ils parlent aussi beaucoup de leur Guinness qui n’a toutefois pas la même vigueur que la camerounaise ; quelques connaisseurs se vantent en buvant la Mützig. D’autres font référence à la Castel. Et il faut trouver quelques autres, au loin de leurs expériences, en train de s’enivrer de Sambal, une bière brassée aux confins de la République, à Lubumbashi.

La ville
Kinshasa est tout, sauf une laide ville. Franchement : de belles avenues, de grands espaces, des intentions de jardins, des buildings modernes et avantageux, une véritable organisation de l’espace urbain et une extraordinaire discipline de ses habitants, qui change tellement du chaos urbain de Douala ou de Yaoundé, par exemple. Avec la grande avenue du 18 juin, date de l’indépendance, on sait gré aux colonisateurs belges d’avoir donné à ce pays une âme que n’ont pas réussi à disperser les infamies du mobutisme et de la zaïrianisation des décennies 70 et 80. Mieux qu’on ne le croit et plus qu’on ne le présume, Kinshasa a ainsi fière allure. La ville a un sens, une éthique. Ses routes ne sont pas, comme on le voit ailleurs systématiquement parsemées de nids de poules. Les automobilistes ne stationnent pas n’importe comment ; les piétons marchent sagement sur les trottoirs (qui, il est vrai, existent), l’éclairage public n’agonise pas, les fils de distribution du courant électrique ne pendent pas partout, sur des poteaux mal fichus. Les routes ne sont pas sales et tous les quartiers, même les plus désorganisés, sont précisément organisés: toutes les rues sont identifiées, et les maison numérotées. La preuve ? La distribution du courrier se fait à domicile.


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M.O.P.
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MessagePosté le: Lun 09 Aoû 2004 11:43    Sujet du message: Demain, le Congo ." Debout Congolais "… Répondre en citant

http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=all&id=1092003269


Dossiers du Lundi : Demain, le Congo ." Debout Congolais "… Ce sont là les premières paroles de l’hymne national du Congo démocratique. Pays au visage meurtri qui retrouve progressivement sa fierté après ces années de perpétuelle crise et de déchirement interne.
Mutations



" Debout Congolais "… Ce sont là les premières paroles de l’hymne national du Congo démocratique. Pays au visage meurtri qui retrouve progressivement sa fierté après ces années de perpétuelle crise et de déchirement interne. Mais le Congo n’est pas debout, pas encore. Il le sera sans doute demain, par la volonté de ses fils et filles qui, malgré leurs ressentiments réciproques, ont décidé d’en faire à nouveau une nation, c’est-à-dire une terre indivisible où les Congolais se sentent chez eux. Et, pour, cela, ils se battent. Ils débattent. Ils sont debout. Ils veulent la paix. Rien que la paix. Hier abasourdis, d’abord déboussolés par les années d’errance de la dictature du pouvoir Mobutu, puis bousculés par des guerres civiles à répétition, les Congolais n’ont jamais été aussi interpellés par leur chant patriotique.
Comme s’ils s’étaient passés le mot, les compatriotes de Joseph Kabila chantent aujourd’hui à l’unisson l’hymne de la concorde pour atteindre cette quiétude tant rêvée. Et le pays tout entier vit au rythme de cette culture de la paix qui charrie autant d’espoir que de fanatisme. Ça se mesure au foisonnement d’idées qui bousculent les dogmes d’hier. Ça se lit aussi à l’acharnement des sectes et autres églises de réveil à faire renaître la foi dans un pays sans repères. Ça se voit aussi à travers l’effervescence quotidienne de ces rues à l’ambiance festivalière. Ça se vit tous les jours à travers cet effort de normalisation qui fait de Kinsasha une ville policée, rangée, propre. Rien à voir donc avec les réalités d’un pays en guerre.
La vérité, c’est que les congolais ont connu la guerre, ils savent à présent ce que vaut la paix. Ils y croient. Fermement. Ils savent qu’ils y arriveront. Une attitude qui peut décontenancer plus d’un citoyen de ce pays, le Cameroun, où on parle de paix, mais où, curieusement, personne ne croit véritablement à la paix.
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MessagePosté le: Lun 09 Aoû 2004 11:44    Sujet du message: Ambiance : Dombolo et cadences infernales Répondre en citant

http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=all&id=1092003471

LUNDI, 09 AOûT , 2004 - 06:17
Dossiers du Lundi : Ambiance : Dombolo et cadences infernales . Partout, le son, la bière aussi, les filles bon marché et la rumba."La vie est belle", chantait, Papa Wemba au cœur des années 90.
S. A. G.



Qu’adviendra-t-il donc à la musique congolaise si des ténors comme Papa Wemba changent de cap et décident de ne plus se consacrer exclusivement à la rumba – il a décidé de virer vers le chant religieux, une vraie défaite après son terrible passage en prison – dont ils estimaient pourtant, il y a peu, être les rois absolus ? Peu de perspectives claires se dégagent en effet, pour l’instant, du sort à venir de la musique congolaise, dès lors que, comme il est aisé d’observer, sur le plan international, la concurrence que lui mène l’ivoirienne se fait avec une atrocité sans bornes. Basculement de centre d’intérêt en effet en Afrique, alors qu’il y a à peine dix ans, ce n’est qu’aux airs de Kofi Olomidé, Tchiko Tchikaya, Alain Kounkou, J.B. Mpiana et autres Werra Son que s’agitaient les dance-floors de tous les pays. On parlait alors du dombolo comme d’une marque de fabrique que ne pouvait espérer de concurrencer et, a fortiori, de détrôner d’autres courants musicaux. Le makossa se mettait au pas d’un suivisme plein de chagrin, comme mieux donner le signe de ce que l’époque était sans soute à cette domination sans partage.
Les années 2000 ne sont donc pas celles qui – du moins, pour l’instant – semblent porter bonheur à la musique congolaise. Minée qu’elle est par une évidente faillite de la créativité, une série de scandales honteux – le cas Papa Wemba étant le plus emblématique – et, comme il fallait s’y attendre, une adhésion des producteurs qui se fait de moins en moins rapide. A l’extérieur, les données sont donc froides : la musique congolaise a énormément perdu du terrain. A Paris, les hommes qui comptent, ne sont qu’Ivoiriens. A Bruxelles, pareil; même si, ici, pour des raisons de forte colonie congolaise, le dombolo s’accroche encore malgré tout. Au Cameroun, on fait encore quelques efforts ; à Brazza, on reste fidèle. Mais dans les faits, les données sont compliquées. Pourtant, à l’intérieur de ses terres, le dombolo vit dans une sorte de vase qui l’empêche presque de se rendre compte du début de morosité qui le guette. Vitalité soutenue par des ténors dont l’existence se réduit presque à donner corps, en permanence, à une rivalité qui consiste de manière somme toute dérisoire, à déterminer qui est le plus populaire, le plus reconnu, le plus aimé et le plus commercialement porteur. Ainsi, le 31 décembre 2001, Papa Wemba réunissait 9.000 personnes au Palais Omnisports de Bercy, pour un concert qui résonnait comme une réaction aux 17.000 clients que Kofi Olomidé, le "Grand Mapao", rassemblait le 14 février 2000, sur les mêmes lieux et aux 16.000 adeptes qui vinrent quelques mois plus tard faire la gloire de Werrason au même endroit.

L’écho tourmenté de ces victoires vient ainsi toujours donner du grain à moudre à ces nombreuses hordes de fanatiques qui, à Kinshasa, dressent la fureur de leur passions sur le dos de quelques rivaux : les rixes qui s’en dégagent alimentent ainsi régulièrement la chronique mondaine d’une ville qui en raffole au premier plan. Pourtant, loin de ce cliché parfois réducteur, la musique congolaise tient une vitalité qui, dans le cœur de Kin, ville au six millions d’âmes, se donne en expression dans les dizaines de cabarets qui animent les nuits de quelques viveurs. Lieu de culte et de fermentation de l’âme même de cet art d’où sont sorties toutes les étoiles et bien de gloires. On parle de Franco et de Tabu Ley, notamment, comme les principaux designers de la musique congolaise moderne. Raison sans doute pour laquelle ils sont précisément ceux à qui on rend le plus hommage à ce jour, dans les centaines de reprises qui leur sont consacrées par jour.

Comme c’est le cas à "La Crèche", l’un des lieux les plus mythiques de la ville, dans le quartier Matongue, en plein centre-ville, tout en haut, perché à l’étage et sentant des urines, où quelques vieux chanteurs aux visages usés, se donnent aux enchantements d’une époque dans laquelle ils se mirent sans se reconnaître, avec une corbeille placée à leurs devants. Corbeille sur laquelle est inscrit : "Encouragez les artistes". Quelques billets de banque, quelques encouragements convaincus, des pas de danse. La rumba authentique, celle du grand T.P. Ok Jazz ; la seule, l’immortelle, celle à la mesure de laquelle bat encore le cœur de la vraie et grande Kinshasa.
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M.O.P.
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MessagePosté le: Lun 09 Aoû 2004 11:45    Sujet du message: Presse : Journalisme de vide et de pauvreté Répondre en citant

http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=all&id=1092003554

Dossiers du Lundi : Presse : Journalisme de vide et de pauvreté . D’une qualité de fabrication peu flatteuse et d’un contenu à améliorer, les lecteurs, fauchés, regardent les journaux de loin.
S.A.G.



Le Soft est sans doute, et de loin, le tabloïd le mieux fabriqué, circulant dans les mains du lectorat du Congo-Kinshasa. Et ce, certainement parce qu’il vient de loin, de Bruxelles notamment où il est fabriqué et imprimé en toute quiétude, par le groupe Finpress. 28 pages de qualité, pour ce qui ressemble dès lors, plus à un journal européen qu’à un africain : une et intérieur en couleur, photos de grande qualité, montage irréprochable, bien que souvent travesti par des textes trop longs et un secrétariat de rédaction qui ferait du complexe à n’importe quel journal camerounais à la mode. On en admire par ailleurs un positionnement éditorial qui ne se fait aucune surenchère sur les guerres de mille saisons et des querelles d’une époque. Pour dire qu’il n’est pas tout à fait possible, lorsqu’on passe par la capitale congolaise, de ne pas s’enthousiasmer à la lecture de ce qui n’est malheureusement qu’un cas largement unique. Car, de manière générale, la presse congolaise est plutôt un sévère abîme de médiocrités. Où les journaux, de fabrication hasardeuse, ressemblent souvent franchement à tous ces mauvais titres que l’on se désole de voir fleurir dans les kiosques de la presse sans intérêt du Cameroun. Et encore ! On est en effet surtout frappé par le peu de génie qui est consacré au montage et à l’impression, avec des photos très souvent floues, des images confuses, des légendes imparfaites et aussi souvent que possibles inexistantes.
Modeste Mutinga, le directeur de publication du quotidien Le Potentiel, 20 pages, le plus en vue dans la capitale, balbutie ainsi presque lorsqu’il s’agit de trouver des explications à ce marasme. Selon lui, tout est à la fois, une question d’organisation des médias locaux, de formation des journalistes, d’histoire de la presse locale, de pouvoir d’achat, de dispositions à la lecture des populations et de crise de la citoyenneté. "Car, se demande-t-il, comment expliquer que dans un pays de 70 millions d’habitants et dont la capitale compte pas moins de six millions de personnes, il n’y ait aucun journal qui tire à plus de 3.000 exemplaires ? Le seul qui le fait, Le Potentiel, y arrive au gré de sacrifices et d’invendus qui sont souvent terribles. Tous les autres, c’est 1.000 exemplaires et parfois même 800 et, pour certains, vous ne le croyez pas, 500 exemplaires qu’ils n’arrivent d’ailleurs pas à écouler entièrement! C’est un vrai désastre". Aussi désastreux que l’est, par exemple, la présence d’une seule imprimerie dans toute la ville, celle de son journal, et qui rend bien entendu, aléatoire toute solidité entreprenariale, dans un contexte où le moindre dysfonctionnement devient catastrophique.
Il est d’ailleurs un fait qui ne peut que frapper l’étranger à Kinshasa : l’absence de kiosques à journaux. Donc, l’absence de lieux de référence où le lecteur effectue sa rencontre rituelle avec les journaux.

On en arrive à avoir le sentiment que tout ce qui est donné à lire se vend dans une sorte de clandestinité, dans le noir, dans le silence. La tenante du kiosque du Grand Hôtel de Kinshasa ne prend d’ailleurs pas la peine d’afficher autre chose que la presse étrangère. Chez elle, se vante-t-elle presque, il est plus facile de trouver des quotidiens français, anglais, belges et même italiens, mais pas un seul congolais. Son explication, simple et lapidaire : "La presse locale se vend mal ; presque personne ne l’achète". Et pourquoi ? "Je ne sais pas". C’est tout. Ceux qui veulent donc en savoir un bout sur ce qui se passe au pays ne gardent qu’une issue : le quelques vendeurs à la criée qui s’agitent sur les avenues des quartiers chics, aux abords des ambassades et des grands services administratifs. En dehors de qui, il n’y a presque pas de lecture de la presse.

Pourtant, dans ce pays aux étendues interminables nombreux sont les opérateurs privés qui se lancent dans des entreprises de presse. Le Congo compte ainsi un nombre de journaux que personne ne saurait d’autant plus déterminer qu’ils naissent partout, tous les jours, dans un contexte politique qui est celui d’une exceptionnelle liberté de presse. Avant l’avènement du multipartisme en 1989, il n’y avait en effet que deux journaux en circulation légale dans le pays ; mais la situation n’était pas forcément meilleure. Aujourd’hui, avec une explosion qui est plus forte qu’on ne l’imagine, la presse congolaise n’a pas nécessairement gagné en qualité, mais elle a surtout conquis la véritable autonomie qui la dispense de titrer à la une "La présidente de la république…", pour parler de l’épouse du président de leur république.
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M.O.P.
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MessagePosté le: Lun 09 Aoû 2004 11:47    Sujet du message: Dogmatisme : Dieu à la bourse des valeurs du désespoir . Répondre en citant

http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=all&id=1092003615

LUNDI, 09 AOûT , 2004 - 06:20
Dossiers du Lundi : Dogmatisme : Dieu à la bourse des valeurs du désespoir . 15 chaînes de télévision entièrement consacrées aux "nouvelles Eglises" et au pentecôtisme de tout poil.
Serge Alain Godong



C’est bien sous le réveil des églises dites de "réveil" que Kinshasa se révèle, à chaque lendemain de peine, à la lumière du jour naissant. Dans une ville où les cieux de juillet affichent la morosité de ces saisons sèches que l’on vit là-bas. On lit le visage des hommes et on y trouve des douleurs qui viennent se donner en repentance à la surface des tabernacles. Et des prêches sans fin. Et des pasteurs de toutes les coutures. Et des liturgies de tous les goûts. Et des âmes qui ne demandent qu’à être réhabilitées, dès lors que l’alignement de leurs quotidiens leur offre si peu d’espoir, si peu de certitudes, si peu de vie. Les pauvres s’abandonnent aux divinités que leur confie leur désespoir. Et se bornent à espérer que demain sera peut-être moins sordide qu’aujourd’hui. C’est bien peu de dire que la religion est sans doute l’institution qui a le plus hérité des imaginaires. A l’heure où les désarrois ne s’achèvent plus, les Congolais semblent en effet avoir trouvé dans la foi, l’horizon à leurs angoisses de tous les jours. Ils prient comme ils ne l’avaient jamais fait par le passé, sans doute parce que la figure de la Bonté ne leur est jamais parue aussi éloignée. "Nouvelles religions", évangélismes et pentecôtismes à la sauvette qui participent ailleurs d’un renouveau de Dieu qui fait dire à certains, que le monde est entré dans l’ère du marketing du Très Haut.
Avec ces "entrepreneurs de la foi", moulés à l’école américaine, qui font tenir des cotisations sans répit sur les bas de laine de ceux qui n’ont plus rien à donner. Il est particulièrement fastidieux de se mettre en idée de compter le nombre d’Eglises qui opèrent à Kinshasa et dans le restant du pays. Ce qu’on sait par contre, c’est qu’elles ne manquent pas de vigueur à compter les billets de banque qui viennent s’empiler dans le secret de leurs matelas. Les tenants de cet incroyable business s’habillent ainsi comme des hommes en quête de revanche, roulent dans des voitures sur lesquelles ils inscrivent "Jésus, la vie", fument des cigares ostentatoires, se parfument chez Chanel. Eglises de "réveil", donc. Réveil, avec en coin de l’œil, l’obsession du franc congolais. Obsession qui justifie toutes les imaginations et qui débouche sur bien de dénominations, souvent extraordinairement farfelues : "Eglise de la bonté divine", "Eglise de la volonté révélée". Au Cameroun, on sait des années de feymania qu’elles ont accouché d’un modèle d’homme nouveau, évidemment couronné par de nouvelles habitudes et sécrétant un nouveau mode de vie. Au Congo, les années d’Eglises ont laissé une population en plan, hébétée, qui va aux prêches comme dans une mission impossible.

Missions qui exigent de quelques bonnes filles, qu’elles fassent les putes, dans l’espoir de se payer la dîme réclamée par leur pasteur. Pourquoi donc le Bon Dieu se comblerait-il de personnes misérables ? Réveil des Eglises, qui se manifeste aussi par une réalité somme toute implacable : l’arrimage du nombre de télévisions au nombre d’églises. Sur les 25 chaînes de télévision que l’on reçoit en effet en hertzien dans la zone de Kinshasa, 15 sont en effet entièrement consacrées à des églises bien définies. Sans parler des radios. Autant de médias dont les contenus sont exclusivement consacrés à relayer des prestations pastorales de toutes les égéries du marché. On y écoute des jurons à longueur de journées, des citations intelligentes de passages de la Bible, de psalmodies de toutes sortes, des cantiques parfois angoissantes, d’interminables cris de désespoir. Le succès de la recette est tel que le Kibanguisme est lui aussi à la page avec deux chaînes entièrement vouées à son culte ; alors que, de l’autre côté, l’Eglise catholique, la plus vieille du pays, se dit qu’elle devrait peut-être elle aussi franchir le pas pour éviter de se laisser marcher sur les pieds : depuis quelques mois, la conférence épiscopale du Congo fait circuler une importante liste de contribution pour ceux qui voudraient bien soutenir le lancement prochain de la chaîne de télévision catholique.

Dossiers du Lundi : Télévision : Chacun pour soi, Dieu pour tous. 25 chaînes de télévision mais presque rien à regarder, en dehors de quelques clips de dombolo et quelques pasteurs intrépides.
S. A. G.



25 chaînes de télévision, mais presque rien à regarder. Ainsi pourrait se résumer la véritable tragédie audiovisuelle dans laquelle s’épanouissent les habitants de ce pays. Qui connaissent, comme peu de pays en Afrique, un développement de la scène audiovisuelle que l’on qualifierait volontiers d’exceptionnel, au regard de ce qui se passe ailleurs, sur le continent où les initiatives dans ce secteur sont soit strictement contrôlées (cas du Cameroun et de quelques autres pays à la démocratie attardée), soit alors, victimes d’un contexte économique qui ne favorise d’aucune manière la prise d’initiatives fortes. Au Congo, où l’on aurait pu soupçonner le deuxième cas de figure d’être prédominante, l’on observe plutôt un scénario tout à l’inverse des attentes et des présomptions. Car, à la chaîne publique qui compte deux stations dont les mobiles de fonctionnement éditoriaux et managériaux ne sont guère très éloignés de ce qui se fait dans l’antre de la Crtv, se sont ajoutées des tas de chaînes qui présentent tous les cas de figure imaginables. Il y a effectivement, en tout début, des chaînes privées ordinaires. Aux moyens souvent modiques, aux personnels presque toujours erratiques et assez peu formés. Elles ne se font pas de grande illusion sur leur destin et n’envisagent pas de réinventer le monde.
Leur ligne de conduite : faire la maximum avec le minimum. Leur créneau ? la musique et quelques programmes faciles à réaliser en studio, des débats sans fin, des palabres de quartier, des présentateurs qui s’habillent comme des marionnettes de cirque, des reporters qui parlent n’importent comment, disent n’importe quoi et s’asseyent comme des voyous devant les cameras. La seule à relativement tirer son image de ce chaos, Tropicana Tv que l’on peut parfois regarder sans trop se mettre en colère ; ses journaux étant des tranches d’antenne que l’on pourrait comparer au journal des provinces de la Crtv ; quelques magazines étant dignes d’intérêt et une approche globale dans la tenue d’antenne qui se fait sans trop de gaffe.
La musique est ainsi, de loin, le type de contenu que l’on retrouve le plus sur les antennes. Du matin au soir. Du dombolo, comme de bien entendu : Kofi et compagnie. Les commentateurs débattent à n’en plus finir sur leurs dernières tenues, leurs tournées, leurs alliances, leurs promesses d’albums et la détestation qu’ils se font des autres leaders de la scène musicale congolaise. Phénomène tellement systématique qu’il n’est pas jusqu’aux chaînes religieuses à échapper à la mode. Elles qui, au nombre de quinze, sont de loin le succès quantitatif le plus énorme de cette libéralisation intervenue au tout début des années 90. Leur prospérité étant directement tributaire du rayonnement que connaissent par ailleurs la multitude d’églises qui sévissent dans le pays.

La mode, à Kin, pour tout pasteur qui se prendrait au sérieux, est donc d’ouvrir une chaîne à lui ; pour ses prédications et tout le reste. Résultat : des hommes en soutanes qui discourent toute une journée à l’antenne pour rappeler ce qu’on sait déjà : "Jésus est le chemin de la vérité et de la vie". Pour dire aussi qu’ils sont évidemment les hommes à suivre ; et que les autres sont forcément des vendeurs d’illusions et que l’outil dont ils disposent participe de la stricte nécessité d’amener la Grâce du Très Haut jusque dans les derniers recoins des cœurs de fidèles. Une autre tactique d’occupation d’antenne consiste d’ailleurs, pour certains de ces prédicateurs, à louer des tranches d’antenne, sur le même créneau horaire, pour la diffusion des mêmes prêches. Ce qui donne parfois des résultats renversants : sur cinq chaînes pourtant différentes, le même type qui parle avec le même costume, les mêmes mots, en vendant le même optimisme effréné. La publicité ordinaire étant d’une faiblesse navrante dans un environnement à l’économie anémiée, la parole de Dieu est donc, en tout premier, la source à laquelle s’abreuve les télévisions


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M.O.P.
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MessagePosté le: Lun 09 Aoû 2004 11:48    Sujet du message: Processus : L’interminable transition Répondre en citant

http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=all&id=1092003749

LUNDI, 09 AOûT , 2004 - 06:22
Dossiers du Lundi : Processus : L’interminable transition . Depuis quatorze ans, le Zaïre redevenu Congo cherche les voies de la stabilité.
Haman Mana



Lorsqu’on débarque à Kinshasa, on peut être choqué par la vétusté et la tenue des infrastructures. Mais on sera toujours surpris par la joie de vivre, le sens de l’humour et de l’autodérision des Kinois. A peine sortis du mobutisme, les voilà qui son rentrés de plain-pied dans un système où le non-Etat s’est érigé en Etat. Depuis bientôt une quinzaine d’années, ils ont tout vu tout, connu, dans l’échelle des misères humaines. Mais comme par enchantement, ce peuple qui semblait complètement désabusé et désarmé, eu égard au destin de leur immense pays, aurait-il commencé à espérer ? En tous cas, c’est comme si depuis les derniers développements de l’actualité politique dans ce pays, un souffle d’espoir s’était mis à traverser le Congo, qui, il faut le relever, reste attaché à son unité et à la paix . C’est comme si les Congolais avaient enfin pris la résolution de profiter de cette vie et de ces richesses qui font de leur pays une ambivalence permanente : un enfer ou un paradis. Loin des clichés éculés sur un pays en déliquescence, nos reporters ont séjourné en Rdc et partagent leur carnet de voyage.
Le parti-Etat du Zaïre de Mobutu, le Mouvement Populaire pour la Révolution était une structure aussi tentaculaire que spectaculaire, mais tellement vide… Le 24 avril 1990, dans le vent du discours de La Beaule et du Cycle des Conférences nationales en Afrique francophone, le " Roi du Zaïre " prendra lui-même les devants : l’instrument avec lequel il a régné sur le pays pendant deux décennies sera sabordé. Mubutu espérait par cet acte donner un sursis à son pouvoir déjà sérieusement bousculé par une rue affamée et impatiente de respirer ce grand air des libertés qui s’exhalait de partout. A la sortie de la Conférence nationale riche en émotions et en résolutions du Zaïre, tout avait été programmé pour qu’elle dure vingt quatre mois . Aujourd’hui, quatorze ans plus tard, le pays est toujours dans la " transition " Entre – temps, il y a eu 3 millions de morts, et 70 millions de vivants qui attendent, dans une instabilité politique, économique et sociale, rarement égalé.

En 1996, commence la " guerre de l’Est ." Un certain Laurent Désiré Kabila déclenche, dans les provinces orientales du pays, un maquis qui progresse vers la capitale à la vitesse d’un feu de brousse. L’armée de Mobutu, sauf les grandes parades sur le Boulevard du 30 juin, a perdu toute capacité opérationnelle. Si elle en avait même, aucune motivation ne subsiste plus chez ces hommes qui comme tous les Zaïrois, n’ont plus qu’une idée dans la tête : se débarrasser du Maréchal, qui n’est pas à une infortune personnelle près. Un cancer de la prostate l’a, depuis plusieurs années, sérieusement diminué. Le 17 mai 1997, Mobutu quitte Kinshasa dans un scénario des plus rocambolesques. Kabila, le rebelle venu de l’Est avec son "armée" de jeunes, en majorité d’origine rwandaise, s’installe dans les palais abandonnés par l’ancien pouvoir et prône une doctrine nouvelle, celle de la " Libération ". Les populations qui croyaient avoir échappé au mobutisme se retrouvent prises en étau dans un nouveau régime de terreur qui, à la sauce de la vendetta et de la chasse aux sorcières, ajoute celle de la rapine. Les libertés fondamentales acquises après la Conférence nationale souveraine sont remises en cause par le nouveau pouvoir.

Les journalistes sont pourchassés et emprisonnés, voire éliminés. C’est dans ce contexte que naîtra, le 2 novembre, un Ong à l’appellation aussi évocatrice que singulière : "Journalistes en Danger". Dans le partage du "butin", Kabila se brouille aves ses alliés. L’Alliance des Forces Démocratiques de Libération, (Afdl), l’outil de prise du pouvoir, se fissure de toutes parts. Kabila en personne lui donne le coup de grâce: il dissout l’Afdl, non sans l’avoir qualifiée de " conglomérat d’aventuriers. " James Kabarebe, son chef d’état-major, est remercié, et prié de rentrer chez lui. Il se sauve et, à peine hors de portée de tir, il crée une nouvelle rébellion sur le même terroir, le Rassemblement congolais pour la démocratie, qui naît le 2 août 1998. Sur le modèle de celle qui l’a précédée, cette rébellion prend le pays, ville par ville : du nord au Sud Kivu, voire le Kasaï à l’est.

Kabila père
Sur leur route, naturellement, les rebelles se payent sur la bête et se servent grassement sur ces richesses qu’il faut seulement se baisser pour ramasser. Les combats atteindront même la banlieue de Kinshasa. Mais une armée considérée par les populations comme étant une force d’agression extérieure n’a pas les mêmes chances de réussite qu’une autre, dont on considère qu’elle agit dans le sens de la libération. Les populations de Kinshasa elles mêmes feront échec à cette autre prise de la ville. Kabila, face à ses anciens alliés, annoncera une "guerre longue et populaire" , avant de souligner "Nous sommes déjà à 3 millions de morts, et il n’y a toujours ni vainqueur, ni vaincu…" 1999. Le président Chiluba de Zambie appelle autour d’une même table, tous les belligérants et essaye d’obtenir un cessez-le-feu. Mais ce dernier est violé dès la sortie des négociations. Kabila, produit de la guerre, pouvait-il se transformer en homme de paix une fois au pouvoir ? Toujours est-il que l’homme, dans tous les pourparlers, fera toujours montre d’une intransigeance qui, sans doute, agacera plus d’un. C’est ici que bien des observateurs situent les origines de son surprenant assassinat, le 07 janvier 2001, en son palais et par un élément de sa propre garde.

Les suites données au procès ayant suivi cette élimination, l’alchimie ayant entraîné le remplacement du père par le fils, renforcent les convictions de tous sur la thèse de l ‘écartement de Kabila père, pour son remplacement par quelqu’un de plus "commode". Le soutien immédiat des pays occidentaux au pouvoir de Joseph Kabila, on le comprend dès lors, ne procède point d’un hasard heureux ou malheureux. Le processus de paix, avec Joseph Kabila, est donc relancé. Commence alors le long cycle des négociations inter congolaises de Sun City en Afrique du Sud. Le voisin sud africain est d’autant plus intéressé à la résolution de ce conflit que la déstabilisation chez le voisin n’est jamais gage de sérénité chez soi… Après une année de négociations, le dialogue inter congolais débouche sur ce que l’on a baptisé " l’Accord global et inclusif ". Celui-ci est fondé sur un partage du pouvoir entre les belligérants. Pour que cet accord ne soit pas perçu comme une manière de prime aux chefs de guerre, on a ajouté la société civile à ce partage. Ce qui a donc débouché sur le fameux 1+4: un président de la République et quatre vice-présidents. En plus, il a été mis sur pied des institutions d’appui à la démocratie : la Haute autorité des médias, La Commission électorale indépendante, La Commission Vérité et réconciliation, l’Observatoire des Droits de l’Homme, l’Observatoire d’éthique et de lutte contre la corruption. Toutes ces institutions disposent de 24 mois pour parvenir à une élection dont sortira le président élu de la République démocratique du Congo.
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Muana Kongo
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MessagePosté le: Lun 09 Aoû 2004 13:35    Sujet du message: Répondre en citant

voilà un travail de presse très critique, mais parfois à côté de la plaque, et souvent hâtif dans les conclusions. dommage.
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MessagePosté le: Mar 10 Aoû 2004 13:15    Sujet du message: Répondre en citant

M.O.P., ça c'est du boulot.

Je vais régulièremnent sur le site de du journal Mutations (le meilleur journal camerounais, et de très loin), et j'avais raté cette série sur le Congo.
J'ai juste lu l'article ci dessous, que j'ai trouvé passionant, et dont je vous recommande la lecture.

Citation:
Dominique Sakombi Inongo : Mobutu, Satan, Kabila et le Christ.Ombres et contres-jour d’un personnage qui, à lui tout seul, est l’incarnation des contradictions de l’ex-Zaïre.
Haman Mana à Kinshasa

Dans les films de série B made in Hong Kong de nos jeunesses troubles, il y avait à tous les coups celui qu’on désignait le "chef bandit", le méchant, avec à ses côtés, son "bras droit" et son "bras gauche", lieutenants incontournables dans les tueries et rapines. En appliquant à Mobutu Roi du Zaïre, le film à succès du Belge Michel Thierry, cette grille de lecture restée indélébile dans notre subconscient, Mobutu, dans le rôle du caïd, aurait sûrement, pour acolyte, le nommé Sakombi, grand initiateur et exécuteur à l’occasion, des oeuvres du mobutisme. Dans ce film,on aperçoit ce qui n’est qu’un détail de cette fresque inénarrable que furent les trente années de pouvoir du maréchal Mobutu Sese Seko Waza Banga sur ce pays-continent au cœur de l’Afrique, et qui est à ce jour, le résumé même des contradictions du monde Noir. 1970. L’homme fort de Léopoldville, qui avait pris le pouvoir cinq années plutôt, lance dans le pays, le "Retour à l’authenticité", une manière d’africanisme nimbé de totalitarisme, le tout baignant dans un culte de la personnalité porté à son paroxysme. La République du Congo devient le Zaire, la capitale Léopoldville devient Kinshasa, les citoyens sont priés de se débarrasser de leurs prénoms européens pour adopter des patronymes authentiquement africains, le costume cravate à l’occidentale est banni au profit de "l’abacost", la veste d’inspiration maoïste, le chef de l’Etat est promu au rang de divinité et traité comme tel…

Le grand théoricien de toute cette "zaïrinisation" est un fringant quadragénaire, Lumumbiste aux années ardentes de l’indépendance, et qui vient d’être promu au poste de "Commissaire d’Etat à l’orientation Nationale et à l’information". Sakombi Inongo, pendant les vingt cinq années qui suivront, ne quittera plus les hautes sphères du système Mobutu : membre du Comité central du Mouvement populaire pour la révolution, parti unique (on était membre du Mpr depuis le sein de sa mère, clamait alors la propagande officielle) ; commissaire d’état (ministre) à la Jeunesse et aux Sports, Secrétaire national à la Jeunesse du Mpr, ambassadeur à Dakar puis à Paris… A la chute de Mobutu, Sakombi, comme par enchantement, se retrouvera dans le camp de ceux qui instruiront à charge le Mobutisme, mais cela est une autre histoire…
Juillet 2004. Grand Hôtel Kinshasa. Dans l’un des salons de l’établissement, un sexagénaire est attablé. L’homme est vêtu avec cette sobriété qui est marque de distinction : un costume trois-pièces bleu à rayures blanches, une cravate austère, de fines bottines. L’homme porte plutôt bien ses soixante-quatre ans : les tempes juste un peu grisonnantes, cette expression sereine, ce visage sans la moindre ride. A coup sûr, la nature a été généreuse avec lui. Dans le Congo d’aujourd’hui, il est vice-président de la Haute Autorité des médias, l’une des institutions mises sur pied pour la transition dans le pays. Tous ceux qui s’approchent de lui ont d’abord et toujours l’embarras du titre : Certains lui donnent " M. le Ministre ", d’autres, du "pasteur", d’autres encore du "évangéliste"…

Lorsque je lui demande comment il souhaiterait que je l’appelle, il simplifie les choses : " M Sakombi, tout simplement, dit-il dans un sourire avant de ponctuer : je suis pasteur. J’évangélise. J’ai mon église et mes fidèles, je leur enseigne la parole de Dieu tous les jours ". Puis, allant du coq à l’âne : " j’ai vécu à Dakar autour de 1977. Une belle époque : le foisonnement intellectuel était à son apogée. C’est en ce temps-là que j’ai lancé l’idée de la ligue des Etats noirs qui devait faire le contrepoids à la Ligue arabe. Si cette idée là avait été suivie par nos chefs d’Etat, peut-être aurions-nous un autre continent aujourd’hui ? "
L’homme parle avec conviction, en requérant du regard l’approbation de son interlocuteur…
- Et le Mobutisme alors ? " Nous en reparlerons, soupire-t-il calmement, en tendant un numéro de téléphone, avant d’ajouter : mon secrétaire particulier vous arrangera un rendez-vous. Je suis très occupé, voyez-vous ? "
Puis l’homme se lève, comme pour faire comprendre que la conversation continuera seulement plus tard. Appel le lendemain de Dominique Sakombi, aux fins de rassurer :
- Jeune homme, je vais trouver un moment pour discuter avec vous. Comme je vous l’ai dit, mon particulier appellera pour vous préciser le lieu et l’heure.

Il n’y aura plus d’appel…On peut le comprendre : l’évocation de ce passé-là n’enthousiasme plus le "frère Jacob" (comme il aime à se faire appeler par ses ouailles), grand gourou de "La Voie de Dieu", l’une des sectes parmi les plus florissantes de la capitale de la Rdc… Il faut aller chercher dans l’édition de juin 98 du mensuel Le Soft, pour retrouver, dans une interview de Sakombi, l’évocation en des termes de son cru son passé : "J’étais mobutiste et je ne le suis plus. J’aimerais que vous sachiez que c’est moi qui ai inventé le terme mobutisme (…) Le président Mobutu avait été informé par Dieu sur ce qui lui arriverait s’il ne se convertissait pas et n’abandonnait pas ses liens fréquents et profonds avec les occultistes de tous bords, notamment des magiciens, des sorciers, des féticheurs, des marabouts, etc. Mais qu’il aurait la vie sauve, c’est à dire qu’il serait guéri s’il acceptait Jésus-Christ comme son sauveur personnel et qu’il mourrait dans la gloire s’il abandonnait sa voie. Mais au cas contraire, il échouerait dans toute démarche politique, il quitterait le pouvoir, serait malade, et il en mourrait ayant tout perdu." Par ces temps où les anciens barons du mobutisme sont, soit par delà le Congo, par peur des représailles, ou sont dans les prisons du nouveau pouvoir de Kinshasa, l’homme qui est le doctrinaire même du régime déchu est invité à la table de Laurent Kabila. Lui seul sait trouver une explication à cet étonnant revirement de situation : "J’ai connu Kabila pendant que nous combattions, lui comme maquisard, moi comme dirigeant politique. Je le connaissais aussi, puisque je suis un vieux lumumbiste moi-même.

Je fus le premier vice-président de la jeunesse du Mouvement national congolais de Lumumba à Kinshasa en 1959- (…) Une nuit à Kinshasa, pendant nos longs, nombreux et importants entretiens, il me dira que je suis un homme d’Etat, que j’avais beaucoup fait pour notre pays, j’avais dénoncé le mobutisme que j’avais créé, j’avais apporté la parole de Dieu au peuple, et par conséquent, il souhaitait que je lui apporte ma collaboration et que nous puissions travailler ensemble, d’autant plus que ma parole est sacrée parce que je me réfère à Dieu. Il m’a demandé de m’occuper de la communication, car notre image était au creux de la vague". Pour le reste, les journalistes kinois se souviennent de l’épisode ministériel de Sakombi auprès de Kabila comme étant l’un des plus répressifs à jamais connus par le pays : journalistes emprisonnés, journaux et radios privés interdits, passages à tabac…
Le 17 janvier 2001, à l’assassinat de Kabila, le "Mzee" (le vieux, petit nom affectueux, trouvaille une fois de plus de Sakombi) le ministre de l’Information se payera un dernier mensonge d’Etat : le démenti formel et ferme sur la mort de son patron qui, rassurait –il, se faisait soigner dans une clinique de Harare… De proches témoins affirment qu’à l’arrivée de Joseph Kabila, Sakombi le baptisa "Junior", mais le fils de l’autre n’apprécia pas. L’idéologue de Mobutu et de son tombeur sera remercié dans la toute première charrette opérée par le fils. Sans ciller, l’évangéliste s’en retournera retrouver ses fidèles, qu’il n’avait d’ailleurs jamais quittés.

Mais on ne saisira jamais la personnalité troublante de Dominique Sakombi Inongo, si l’on ne visite pas "Les magiciens du repentir" (les confessions du frère Dominique) ; un ouvrage de Pius Ngandu Nkashama (L’Harmattan 1995, 176 pages). Dans lequel on tombe sur des aveux surprenants. Mais plus troublants encore, sont ceux-ci, qu’il a faits dans un autre ouvrage, "La société zaïroise dans le miroir de son discours religieux " : "Pendant vingt ans, j’ai fréquenté les magiciens des Indes et d’Israël, des marabouts du Sénégal et de Guinée, des sorciers du Bas-Zaire et de l’Equateur. J’étais devenu l’incarnation de Satan. J’étais porte-parole du gouvernement. Tous les communiqués, je les "travaillais" sataniquement, avant que le peuple ne les écoute, afin qu’il soit envoûté."
Les expériences personnelles de l’homme qui avoue avoir communié avec Satan relèvent plutôt d’un univers étonnant : "Au moment de rentrer, la valise s’ouvrit toute seule. Je vis la grosse tête d’un boa de huit mètres. Le boa me regarda. Il avait des yeux de femme. A sa queue était attachée une enveloppe comme celle que m’envoyait Elise, la secrétaire de la maison de la magie.

Dans l’enveloppe, il y avait une lettre : c’est moi Elise. Les yeux que tu vois sont les miens. Tu dois rester ici pendant trois jours. Tu ne mangeras pas ; tu resteras nu ; et je ferai de toi tout ce que je voudrai. Le boa s’enroula autour de moi. Il me souleva jusqu’au lit. Il se mit à jouer avec moi. Il commença à me lécher tout le corps. Il prit ma langue dans la sienne et l’enroula. Je ne peux vous décrire comment ce boa s’est joué de moi. Le troisième jour, le boa n’avait plus les yeux d’Elise. Je fis venir mon garde du corps pour le tuer. Dans la tête du boa, je trouvai une bague qui devint ma protection". Il y en a d’autres, de plus terrifiantes encore, comme l’histoire de cette mallette acquise par Sakombi en 1983, et qui pouvait multiplier les richesses à l’infini, mais avec pour condition, le sacrifice de deux enfants chaque année… On sort de l’univers "sakombien" bouleversé, tout en ayant la conviction que l’univers des pouvoirs absolus en Afrique est bien plus complexe qu’on ne peut le croire de prime abord.
Et tous les jours dans son église, le pasteur enseigne la parole de Dieu…


Le fait que des journalistes africains (de la presse ecrite, de surcroît), voyagent dans un autre pays africains pour faire un reportage denué de sensationalisme (je veux dire, les gars de Mutations n'y sont pas allés comme les occidentaux qui vont en Irak, au Kosovo ou au Darfour), cela force mon admiration.
Muana n'a pas trop aimé (normal, il est congolais Very Happy ), mais je trouve cette serie d'articles vraimentpas mal.
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MessagePosté le: Mar 10 Aoû 2004 13:27    Sujet du message: Répondre en citant

Par rapport aux articles de mutation en question, trois points ont attiré mon attention:

Arrow L'urbanisation de Kinshasa
Bon, les transports urbains chaotiques, c'est un peu la même chose partout en Afrique.
Qu'il n'y ait pas de axes routiers entres les grandes villes de RDC, c'est vraiment dommage, mais c'est un peu comprehensible car ce pays est vraiment vaste, même si ce n'est pas une excuse.
Mais le truc vraiment interessant qui ressort de ces article, c'est la qualité de l'urbanisation.
Citation:
Kinshasa est tout, sauf une laide ville. Franchement : de belles avenues, de grands espaces, des intentions de jardins, des buildings modernes et avantageux, une véritable organisation de l'espace urbain et une extraordinaire discipline de ses habitants, qui change tellement du chaos urbain de Douala ou de Yaoundé, par exemple. Avec la grande avenue du 18 juin, date de l'indépendance, on sait gré aux colonisateurs belges d'avoir donné à ce pays une âme que n'ont pas réussi à disperser les infamies du mobutisme et de la zaïrianisation des décennies 70 et 80. Mieux qu'on ne le croit et plus qu'on ne le présume, Kinshasa a ainsi fière allure. La ville a un sens, une éthique. Ses routes ne sont pas, comme on le voit ailleurs systématiquement parsemées de nids de poules. Les automobilistes ne stationnent pas n'importe comment ; les piétons marchent sagement sur les trottoirs (qui, il est vrai, existent), l'éclairage public n'agonise pas, les fils de distribution du courant électrique ne pendent pas partout, sur des poteaux mal fichus. Les routes ne sont pas sales et tous les quartiers, même les plus désorganisés, sont précisément organisés: toutes les rues sont identifiées, et les maison numérotées. La preuve ? La distribution du courrier se fait à domicile.

Nous les Camers, nous sommes très fiers de notre pays (ya pas de mal), mais quand on va ailleurs en Afrique, chez des gens "moins vantards", on est toujours surpris et on la boucle un peu.
J'ai été une fois au Bénin, et j'y ai vu des routes et des autoroutes comme il n'y en a pas dans tout le Camer. L'urbanisation de nos villes au Camer est à revoir, on est fort au foot, nous sommes de grands intellos, mais il nous faut aller ailleurs en Afrique (comme à Kinshasa) pour voir que dans d'autres domaines, nous avons pas mal de choses à apprendre.

Arrow La deliquescence de la musique Congolaise.
Mon vieux était un dingue de Franco.
Enfants, nous pouvions toucher tous ses disques, sauf ceux de Franco. J'ai grandi avec cette musique.
Citation:
Basculement de centre d'intérêt en effet en Afrique, alors qu'il y a à peine dix ans, ce n'est qu'aux airs de Kofi Olomidé, Tchiko Tchikaya, Alain Kounkou, J.B. Mpiana et autres Werra Son que s'agitaient les dance-floors de tous les pays. On parlait alors du dombolo comme d'une marque de fabrique que ne pouvait espérer de concurrencer et, a fortiori, de détrôner d'autres courants musicaux. Le makossa se mettait au pas d'un suivisme plein de chagrin, comme mieux donner le signe de ce que l'époque était sans soute à cette domination sans partage.
Les années 2000 ne sont donc pas celles qui - du moins, pour l'instant - semblent porter bonheur à la musique congolaise. Minée qu'elle est par une évidente faillite de la créativité, une série de scandales honteux - le cas Papa Wemba étant le plus emblématique - et, comme il fallait s'y attendre, une adhésion des producteurs qui se fait de moins en moins rapide. A l'extérieur, les données sont donc froides : la musique congolaise a énormément perdu du terrain. A Paris, les hommes qui comptent, ne sont qu'Ivoiriens. A Bruxelles, pareil; même si, ici, pour des raisons de forte colonie congolaise, le dombolo s'accroche encore malgré tout. Au Cameroun, on fait encore quelques efforts ; à Brazza, on reste fidèle. Mais dans les faits, les données sont compliquées.

De mon point de vue, les guitaristes congolais restent et demeurrent, jusqu'à nouvel ordre, les meilleurs d'Afrique (même si au niveau de la basse, les camers sont indetronables Very Happy).
Les batteurs congolais sont sans égaux en Afrique, ce sont les meilleurs depuis Tony Allen (le batteur de Fela).
Les orchestres congolais (de musique pop, j'insiste) sont sans égaux en Afrique.
Le dombolo, au niveau de l'orchestration et de la qualité musicale ne peut pas être comparé à la musique ivoirienne, il n'y a pas match à ce niveau. Techniquement, en ce qui concerne la musique pop africaine, le Dombolo est ce qui se fait de mieux, et son niveau technique est extrêmement élevé.
Citation:
Pourtant, à l'intérieur de ses terres, le dombolo vit dans une sorte de vase qui l'empêche presque de se rendre compte du début de morosité qui le guette. Vitalité soutenue par des ténors dont l'existence se réduit presque à donner corps, en permanence, à une rivalité qui consiste de manière somme toute dérisoire, à déterminer qui est le plus populaire, le plus reconnu, le plus aimé et le plus commercialement porteur.
...
La musique est ainsi, de loin, le type de contenu que l'on retrouve le plus sur les antennes. Du matin au soir. Du dombolo, comme de bien entendu : Kofi et compagnie. Les commentateurs débattent à n'en plus finir sur leurs dernières tenues, leurs tournées, leurs alliances, leurs promesses d'albums et la détestation qu'ils se font des autres leaders de la scène musicale congolaise.

Malheureusement, son contenu, son message, est vide de sens, stupide, et même parfois complètement idiot. Lire une interview de Mpiana ou Werrasson est une torture pour l'intelligence. Leurs extravagances, leurs luttes pour savoir "qui est le meilleur" et "qui sape le plus", ça fait vraiment pitié. J'ai même lu que les fan-clubs se battent parfois à mort en RDC.
C'est pour cela que les africains d'aujourd'hui se tournent vers la musique ivoirienne, dont la qualité orchestrale est (extrêmement) pauvre, mais qui porte des messages qui parlent aux gens, avec des chanteurs qui ne se prennent pas la tête, et qui parlent des vrais problèmes auxquels les gens sont quotidiennement confrontés, sans pour autant manquer d'humour et de sens de l'auto-derision.

Arrow La recrudescence des cercles religieux au Congo.
De ce côté-là, c'est vrai que ça deborde.
Citation:
C’est bien sous le réveil des églises dites de "réveil" que Kinshasa se révèle, à chaque lendemain de peine, à la lumière du jour naissant. Dans une ville où les cieux de juillet affichent la morosité de ces saisons sèches que l’on vit là-bas. On lit le visage des hommes et on y trouve des douleurs qui viennent se donner en repentance à la surface des tabernacles. Et des prêches sans fin. Et des pasteurs de toutes les coutures. Et des liturgies de tous les goûts. Et des âmes qui ne demandent qu’à être réhabilitées, dès lors que l’alignement de leurs quotidiens leur offre si peu d’espoir, si peu de certitudes, si peu de vie. Les pauvres s’abandonnent aux divinités que leur confie leur désespoir. Et se bornent à espérer que demain sera peut-être moins sordide qu’aujourd’hui. C’est bien peu de dire que la religion est sans doute l’institution qui a le plus hérité des imaginaires. A l’heure où les désarrois ne s’achèvent plus, les Congolais semblent en effet avoir trouvé dans la foi, l’horizon à leurs angoisses de tous les jours. Ils prient comme ils ne l’avaient jamais fait par le passé, sans doute parce que la figure de la Bonté ne leur est jamais parue aussi éloignée. "Nouvelles religions", évangélismes et pentecôtismes à la sauvette qui participent ailleurs d’un renouveau de Dieu qui fait dire à certains, que le monde est entré dans l’ère du marketing du Très Haut.
Avec ces "entrepreneurs de la foi", moulés à l’école américaine, qui font tenir des cotisations sans répit sur les bas de laine de ceux qui n’ont plus rien à donner. Il est particulièrement fastidieux de se mettre en idée de compter le nombre d’Eglises qui opèrent à Kinshasa et dans le restant du pays. Ce qu’on sait par contre, c’est qu’elles ne manquent pas de vigueur à compter les billets de banque qui viennent s’empiler dans le secret de leurs matelas. Les tenants de cet incroyable business s’habillent ainsi comme des hommes en quête de revanche, roulent dans des voitures sur lesquelles ils inscrivent "Jésus, la vie", fument des cigares ostentatoires, se parfument chez Chanel. Eglises de "réveil", donc. Réveil, avec en coin de l’œil, l’obsession du franc congolais. Obsession qui justifie toutes les imaginations et qui débouche sur bien de dénominations, souvent extraordinairement farfelues : "Eglise de la bonté divine", "Eglise de la volonté révélée". Au Cameroun, on sait des années de feymania qu’elles ont accouché d’un modèle d’homme nouveau, évidemment couronné par de nouvelles habitudes et sécrétant un nouveau mode de vie. Au Congo, les années d’Eglises ont laissé une population en plan, hébétée, qui va aux prêches comme dans une mission impossible.

Même au camer, il y a maintenant plein de congolais qui viennent faire fumer l'opium du peuple aux gens. Les populations sont si desesperées qu'elle sont prêtes à n'importe quoi et se font plumer en 2 temps 3 mouvements.
Il faut fermer tous ces trucs, c'est une vaste escroquerie, et je ne sais pas pourquoi le Congo est au centre de cette mascarade des "Eglises du Reveil" (laissez-nous dormir, merci), mais il faudra bien qu'un jour ou l'autre on en finisse avec ces conneries.
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Muana Kongo
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MessagePosté le: Mar 10 Aoû 2004 13:51    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis en désaccord avec:
Citation:
n sait gré aux colonisateurs belges d'avoir donné à ce pays une âme que n'ont pas réussi à disperser les infamies du mobutisme et de la zaïrianisation des décennies 70 et 80.
absurde.
Citation:
La deliquescence de la musique Congolaise.
je ne suis pas d'accord, pour moi, le reproche se fait à un autre niveau: c'est avant tout une musique abrutissante, principalement. Pour le rythme, il est bon, mais ce n'est pas l'essentiel. Les chanteurs à l'ancienne étaient à un autre niveau que les clowns superficiels actuels, qui n'ont rien de mieux à faire que d'exhiber leurs vêtements achetés à des prix toujours absurdes.
Citation:

Malheureusement, son contenu, son message, est vide de sens, stupide, et même parfois complètement idiot. Lire une interview de Mpiana ou Werrasson est une torture pour l'intelligence. Leurs extravagances, leurs luttes pour savoir "qui est le meilleur" et "qui sape le plus", ça fait vraiment pitié. J'ai même lu que les fan-clubs se battent parfois à mort en RDC.
exactement mon point de vue.Pour les
Citation:
"Eglises du Reveil"
je suis aussi d'avis
Citation:
qu'un jour ou l'autre on en finisse avec ces conneries.
et le plus tôt sera le mieux.
Cela dit, ce qui me déplait, c'est la manière de mélanger des choses qui n'ont rien à voir ou les transformer pour étayer le propos. Et je ne suis pas congolais, je suis Ne-kongo. Cool
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MessagePosté le: Jeu 19 Aoû 2004 16:10    Sujet du message: Répondre en citant

muana kongo a écrit:
Je suis en désaccord avec:
Citation:
n sait gré aux colonisateurs belges d'avoir donné à ce pays une âme que n'ont pas réussi à disperser les infamies du mobutisme et de la zaïrianisation des décennies 70 et 80.
absurde.

C'est vrai que ça m'a aussi fait tiquer, c'est un commentaire un peu limite.
Mais bon, je me demande si le mobutisme et la zaïrianisation ont eu un bilan plus positif que le colonialisme.

muana kongo a écrit:
Citation:
La deliquescence de la musique Congolaise.
je ne suis pas d'accord, pour moi, le reproche se fait à un autre niveau: c'est avant tout une musique abrutissante, principalement. Pour le rythme, il est bon, mais ce n'est pas l'essentiel. Les chanteurs à l'ancienne étaient à un autre niveau que les clowns superficiels actuels, qui n'ont rien de mieux à faire que d'exhiber leurs vêtements achetés à des prix toujours absurdes.

En gros, et ce point de vue n'engage que moi, la musique congolaise s'est toujours illustrée par un grand niveau technique (et c'est valable jusqu'au jourd'hui), mais le message a toujours été pauvre. Il n'y jamais eu au Congo de chanteurs engagés comme Fela ou Alpha Blondy (je peux me tromper, bien sûr). De temps à autres quelques allusions contestataires, mais il me semble que en gros, la musique congolaise reste dans la lignée qui a toujours été la sienne.
Moi je crois que c'est juste la classe qui a foutu le camp, dans la musique congolaise.
Il y a quelques mois, je regardais des videos clips chez un pote, et j'ai vu des clips de Mbilia Bel, je n'en revenais pas... Toute décolorée, lançant ses jambes à gauche et à droite comme une adolescente...Je n'ai pas reconnu la Grande Dame pleine de classe qui incarnait la musique congolaise quand elle chantait avec Tabu Ley. Si un jour mon vieux voit ces clips, il aura une attaque cardiaque, Dieu l'en preserve. Il ne croira pas que c'est la même femme qui chantait "Keyna", moi même j'ai eu de la peine à le croire

muana kongo a écrit:
Et je ne suis pas congolais, je suis Ne-kongo. Cool
Ça c'est bon à savoir. Surprised
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