Pakira Super Posteur

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Posté le: Jeu 22 Juin 2006 15:29 Sujet du message: Peuple San : le développement durable avant la lettre |
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Elément clé du développement durable, la gestion de l’eau suppose une bonne compréhension de l’environnement et de ses ressources. Pendant des siècles, le peuple San a su tirer le meilleur parti des faibles ressources en eau que recèle la région désertique du sud du Kalahari (Afrique du sud). Mais ce savoir s’est perdu au moment de la colonisation.
Lorsqu’ils rencontrèrent trois des derniers locuteurs de l’ancienne langue N/u, les dirigeants de la communauté des ‡Khomani¹ San consultèrent les anciens sur le processus de restitution de leurs terres. Ces derniers identifièrent les trois richesses principales de leur culture aborigène : ! haa, ! ão, //kx’am, c’est-à-dire l’eau, la terre et la vérité. L’eau et l’accès à l’eau ont toujours constitué un enjeu clé dans la défense, la conquête et la colonisation du sud du Kalahari.
Les anciens de la communauté des San se souviennent de l’époque où il n’existait pas de trous de forage dans le Sud du Kalahari. L’eau de surface n’y était pas disponible en dehors de la saison des pluies. La population consommait les plantes qui absorbent l’eau, notamment le précieux melon à pistache (Citrillus Lanatus), un végétal sauvage qui renferme une grande quantité d’eau. Au cours du XIXe siècle, les colons ne pouvaient pénétrer à l’intérieur du Kalahari du Sud (à cheval sur les frontières actuelles de l’Afrique du Sud, de la Namibie et du Botswana) sans avoir recours aux techniques traditionnelles du peuple San.
Quand la guerre que livrait l’Allemagne aux Nama (1904-1908) en Namibie gagna cette région voisine, le melon à pistache revêtit une importance considérable pour toutes les parties. (…) L’armée impériale allemande dut abreuver hommes, chevaux et chameaux entièrement grâce aux plantes du désert. Ces événements se déroulaient au cœur de l’été, quand la température atteint 50 degrés à l’ombre. Les agresseurs des deux bords enlevaient des traqueurs San pour les aider à se diriger dans les dunes et à trouver les précieuses plantes. (…)
Les San eux-mêmes disposaient d’un certain nombre de techniques destinées à recueillir et utiliser l’eau. Pendant la saison des pluies, ils enfouissaient des coquilles d’œufs d’autruches dans les dunes de sable rouge après les avoir vidées. L’eau descendait à l’intérieur des dunes de sable des semaines après les pluies. Les San allaient récupérer les coquilles lorsque le besoin s’en faisait sentir et les scellaient à l’aide d’un bouchon de cire. Cette pratique subsiste dans certaines fermes, même si l’on utilise aujourd’hui des bouteilles en plastique.
Le gouvernement britannique et l’Union sud-africaine furent profondément perturbés par l’invasion allemande du Sud du Kalahari. La Grande-Bretagne ne tarda pas à entrer en guerre contre son ancienne alliée. Le gouvernement sud-africain de l’époque décida de recruter des colons blancs pour peupler la limite des terres habitées et renforcer la frontière. Au début des années 1920, le gouvernement accorda des subventions aux fermiers blancs afin de financer le forage de puits, en particulier le long des lits des rivières (Auob, N‡osob, Molopo et Kuruman) où l’on pouvait accéder facilement à l’eau souterraine.
Une identité malmenée
Ces forages eurent des conséquences dramatiques pour le sud du Kalahari. Le peuple nomade des San perdit l’ensemble de son territoire en quelques années. On érigea des clôtures et l’on interdit à la population de circuler librement. Ensuite, comme partout ailleurs, les colons décimèrent la faune.
Le gibier devint tellement rare qu’une famine s’abattit sur la région dès 1927. Cette situation amena les San à vivre et à travailler dans des fermes où leur maigre salaire leur permettait d’acheter la nourriture à laquelle ils avaient auparavant libre accès. Les fermiers interdirent aux San de célébrer leurs traditions religieuses, notamment de pratiquer la transe. Les San se trouvèrent ainsi brutalement coupés de leur identité. Dans un premier temps, on eut recours à des techniques scientifiques consistant à mesurer crânes, nez et appareils génitaux pour déterminer l’authenticité de leurs origines. (…) Pendant cette période, ils cessèrent de transmettre une grande partie de leur culture, de leur langue et de leurs traditions à la génération suivante de peur de la stigmatiser. Tout cela à cause du forage des puits. (…)
Le sud du Kalahari est composé de différents types de sols, mais les dunes de sable rouge prédominent. Lorsqu’il pleut, la pluie coule entre deux dunes. On s’appelle cela une « rue ». Quand plusieurs rues se rejoignent et que l’eau ne peut pas s’écouler où que ce soit, cela forme une « cuvette ». (…) Certaines de ces cuvettes sont peut-être vieilles d’un million d’années. Selon les San, la composition chimique de chaque dune et de chaque cuvette est particulière (fait confirmé par les scientifiques). On cherche aujourd’hui du sel dans certaines cuvettes.Les San savent dans quelles rues poussent les plus belles plantes et quelles cuvettes renferment de l’eau potable de surface après la pluie. L’eau de certaines d’entre elles provoque une diarrhée immédiate ou s’avère toxique pour l’homme. Des méthodes traditionnelles permettent cependant de purifier une partie de l’eau. Pour s’en souvenir, les San baptisent les cuvettes de noms tels que « Grande cuvette à diarrhée » (Xausndi ‡gas).
Au cours du processus de restitution des terres aux San, engagé vis-à-vis du Parc national de Kalahari Gemsbok (aujourd’hui Parc transfrontalier de Kgalagadi), les responsables du parc avancèrent qu’il n’existait aucune source d’eau potable. Or, une étude topographique prouva que le parc renfermait non seulement de l’eau grâce aux plantes qui y poussaient mais qu’il existait également des endroits où l’on pouvait recueillir de l’eau en surface ou juste sous la surface du sol. Ces points d’eau avaient déjà été signalés soixante-dix ans auparavant aux colons et au gardien du parc. Certains anciens s’en souviennent encore.
Restitution des terres
Le 21 mars 1999, le gouvernement sud-africain attribua aux San du Kalahari du Sud presque 40 000 hectares de terres situées à l’extérieur du parc national et 25 000 hectares à l’intérieur de celui-ci à titre de compensation pour les pertes qu’ils avaient subies. Le jour où Thabo Mbeki, le président de l’Afrique du Sud, restitua les terres, les anciens qui parlaient la langue N/u se rassemblèrent et adressèrent une prière à leurs ancêtres pour qu’ils leur envoient de la pluie. Au moment où Thabo Mbeki montait dans sa limousine pour repartir, un gros nuage de pluie se forma et d’énormes gouttes de pluies s’abattirent sur ce désert habituellement chaud et sec. Un grand nombre d’Occidentaux y virent un phénomène merveilleux et inexplicable. Après le transfert de la première ferme au peuple San en décembre 1999, une longue saison de pluies commença, marquée par les précipitations les plus fortes que l’on ait vues depuis le début des années 1970, lorsque les derniers San avaient été chassés du parc. Les pluies récentes ont provoqué la réapparition de la flore et de la faune de la région. Certains des anciens sont retournés sur les terres et emmènent leurs petits-enfants ramasser des melons à pistache, des concombres de gemsbok et des oignons du désert sur les dunes. Il tombe tellement de pluie que les rues sont pleines comme des réservoirs et les rivières N‡osob et Auob coulent pour la troisième fois en cent ans. Ironie du sort, les terres cultivées et abondamment irriguées qui bordent la rivière Orange et que les colons avaient arrachées aux indigènes sont inondées et les récoltes ont commencé à pourrir cette année.
Nigel Crawhall
Dans la plupart des langues San, on utilise des signes extra-alphabétiques pour représenter les clics, qui sont prédominants et distincts. L’inventaire phonétique de la langue San est si riche que tous les autres symboles de l’alphabet romain sont déjà réservés à un autre usage. Une partie des signes utilisés proviennent de l’alphabet de l’Association phonétique internationale.
| = clic dental ; || = clic latéral ; ! = clic alvéolaire-palatal ; = clic palatal
Cet article est extrait d’un ouvrage à paraître prochainement (en anglais) : Water and indigenous peoples
Coéditeurs : Rutgerd Boelens
Coordination, WALIR (Water Law and Indigenous Rights Programme)
Université de Wageningen, Pays-Bas
Moe Chiba and Douglas Nakashima.
UNESCO-LINKS (Local Indigenous Knowledge System)
Publié par l’UNESCO.
Photo © Kim Ludbrook/EPA/Sipa, Paris: Les anciens de la communauté des San, considèrent l'eau comme un élément fondamental de leur culture.
Source Le Courrier de l’Unesco
http://www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=1282 _________________ "tout nèg a nèg
ki nèg nwè ki nèg klè
ki nèg klè ki nèg nwè
tout nèg a nèg
nèg klè pè nèg nwè
nèg nwè pa lè wè nèg klè
nèg nwè ké wéy klè
senti i sa roune nèg klè
mè nèg klè ké wéy klè a toujou nèg
sa ki fèt pou nèg vin' blang?
blang té gen chivé pli long?
pou senblé yé nou trapé chivé plat kon fil mang!!!
mandé to fanm...!
mè pou kisa blang lé vin' nwè?
ha... savé ki avan vin' blan yé té ja nèg!
a nou mèm ké nou mèm dépi nânni nânnan...
chinwa soti, kouli soti, indyen soti, blang soti
mèm koté nèg soti
avan yé sotil koté y fika
AFRIKA!!!"
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