jovial Grioonaute
Inscrit le: 29 Juin 2006 Messages: 51 Localisation: Nord
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Posté le: Mer 26 Juil 2006 18:40 Sujet du message: Lettre ouverte à Mme la Ministre déléguée à la Francophonie |
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À Madame Brigitte Girardin
Ministre déléguée à la Coopération,
au Développement et à la Francophonie
15 et 20, rue Monsieur
75007 Paris
Téléphone : +33 (0)1 53 69 30 00
Télécopie : +33 (0)1 53 69 43 70
Lettre ouverte à Brigitte Girardin,
ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie,
au sujet de la mort du jeune Alim Mongoche en particulier
et de la situation des personnes homosexuelles au Cameroun en général
Madame la Ministre,
Jeudi 27 juillet à 20h00, vous recevrez à dîner S.E. Paul Biya, Président de la République du Cameroun. À cette occasion, nous souhaiterions que vous évoquiez avec lui la mort du jeune Alim Mongoche en particulier et la situation des personnes homosexuelles au Cameroun en général. En effet, la législation camerounaise permet à ce jour encore l'incarcération de ces personnes sur la seule base de leur orientation sexuelle. De plus, leur incarcération est bien souvent une condamnation à mort qui ne dit pas son nom : mauvais traitements, coups et viols y sont leur lot quotidien, sans compter l'absence de traitement pour celles d'entre elles qui sont séropositives au VIH.
Ainsi, un compatriote de S.E. Paul Biya, le jeune Alim Mongoche, incarcéré pendant plus d'un an pour délit d'homosexualité, s'est éteint le 20 juin dernier. Atteint du sida, Alim n'avait bénéficié d'aucune prise en charge médicale durant sa détention. Jamais le procureur de la République du Cameroun n'a accepté de le remettre en liberté, fût-ce de manière provisoire. Maigrissant à vue d'oeil, incapable de tenir sur ses jambes, Alim a été abandonné à son triste sort par les autorités pénitentiaires camerounaises. Le 29 juin au soir, une veillée funèbre en sa mémoire a eu lieu devant l'ambassade du Cameroun en France en présence de l'évêque de Parténia Monseigneur Gaillot et des adjoints au maire du IXème arrondissement de Paris Jean-Bernard Peyronel et Jean-Claude Legrand, ceints de leur écharpe tricolore. Jean-Luc Roméro, conseiller régional d'Île-de-France, avait à cette occasion envoyé un message de soutien et le cabinet du maire de Paris avait par ailleurs fait part de sa solidarité. Sur de grandes affiches arc-en-ciel, les participants ont été conviés à inscrire des messages en mémoire d'Alim : « Ta vie et ta mort sont un appel à lutter pour le droit de vivre et d'aimer » (Monseigneur Gaillot) ; « L'amour, comme la liberté, est sans aucun doute universel » (Jean-Claude Legrand).
Patrie des Droits de l'Homme, la France ne peut rester indifférente à la mort du jeune Alim ou à la situation des personnes homosexuelles au Cameroun. Comme l'indique votre site Internet diplomatie.gouv.fr, "la diplomatie française s'attache à combattre par son action, dans les enceintes multilatérales et dans le cadre de ses relations bilatérales, les violations des droits de l'homme partout où elles sont commises". En conséquence, nous vous renouvelons notre demande d'intervention auprès de S.E. Paul Biya lors des entretiens que vous pourrez avoir avec lui au cours de son prochain séjour en France. Vous pourriez notamment le prier de vous éclairer sur la réponse qu'il entend apporter à la lettre ouverte qui lui a été adressée sur ces sujets le 20 juillet dernier par Mgr Gaillot, An Nou Allé, SOS homophobie, l'ADEFHO (Association camerounaise de défense des homosexuels), le COFENHO (Collectif camerounais des familles d'enfants homosexuels), le CRAN (Conseil représentatif des associations noires), le Comité IDAHO (Journée internationale de lutte contre l'homophobie), la Fédération française des Centres LGBT, la Commission LGBT des Verts, les "Oublié(e)s" de la Mémoire (Association civile homosexuelle du devoir de mémoire) et sept autres associations LGBT régionales françaises : ADHÉOS Charente-Maritime (Association d'aide, de défense homosexuelle, pour l'égalité des orientations sexuelles), CIGaLes (Centre LGBT Dijon Bourgogne), Émergence 57 (Association LGBT de Sarreguemines), Homo-Sphère (Association LGBT de Nouvelle–Calédonie), Homonyme (Centre LGBT Nancy Lorraine–Sud), la LGP Région Centre (Espace LGBT de Touraine) et Reims Liberté Gaie (Centre LGBT Reims).
Cette lettre priait plus particulièrement S.E. Paul Biya :
1°- d'avoir un geste envers la famille du jeune Alim Mongoche, durement éprouvée par cette perte douloureuse ;
2°- d'engager un processus de dépénalisation de l'homosexualité, comme y invite l'esprit de la nouvelle constitution du Cameroun ;
3°- de soutenir les associations qui militent pour que la vie privée soit respectée au Cameroun ;
4°- de soutenir les associations qui oeuvrent pour que la prévention du sida au Cameroun soit effective aussi pour les personnes homosexuelles.
Nous souhaiterions, Madame la Ministre, vous rencontrer pour faire le point sur ce dossier et sur d'autres liés à la répression de l'homosexualité en Afrique, notamment au Sénégal ou au Zimbabwé. Dans l'attente de votre réponse, nous restons à votre entière disposition et vous prions, Madame la Ministre, d'agréer l'expression de notre respectueuse considération.
Mgr Jacques Gaillot,
Évêque de Parténia
An Nou Allé !
CGL Antilles & Guyane
Association des NoirEs LGBT en France
SOS homophobie
ARDHIS
CRAN
Comité IDAHO
Charles GUEBOGO
(sociologue travaillant
sur les questions homosexuelles au Cameroun,
membre d'Alternatives-Cameroun)
et ADHEOS Charente-Maritime, Arc-en-Ciel Toulouse, Bagdam Espace Lesbien Toulouse,
EnerGay et LGP Région Centre (Espace LGBT de Touraine)
Pour An Nou Allé !
CGL Antilles & Guyane
Association des NoirEs LGBT en France
Le Président,
Louis-Georges Tin
+33 (0)6 19 45 45 52
president@annoualle.org
Contact :
Le Secrétaire général,
David Auerbach Chiffrin
+33 (0)612 951 621
contact@annoualle.org
P/J : Lettre ouverte à Son Excellence Paul Biya, Président de la République du Cameroun, au sujet de la mort du jeune Alim Mongoche en particulier et de la situation des personnes homosexuelles au Cameroun en général, en date du 20 juillet 2006 |
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