Rocs Bon posteur

Inscrit le: 11 Déc 2004 Messages: 744 Localisation: Sith land
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Posté le: Lun 09 Oct 2006 18:58 Sujet du message: Encore une humiliation pour l'Afrique |
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Peter Brabeck-Letmathe, le très discret PDG de Nestlé, pensait se trouver en terrain conquis : un parterre de femmes, dirigeantes de multinationales, patronnes américaines, consultantes de haut vol, banquières d'affaires, profite du déjeuner pour l'écouter discourir sur : «Comment diriger de façon responsable ?» L'invité du Women's Forum de Deauville, qui s'est terminé samedi, parle développement durable, stock-options et diversité qui est «une chance pour Nestlé», dont, précise Brabeck, 99 % des clients dans le monde sont des femmes. Pas de quoi lâcher sa fourchette sur la côte d'agneau et le brick d'artichaut au menu.
Le bon partenaire». Puis viennent les questions de la salle. «Combien de femmes avez-vous dans votre conseil d'administration et votre comité exécutif ?» lance Christine Ockrent, qui animait un certain nombre de débats à Deauville. «Deux au CA et aucune au comité exécutif, lâche sèchement le patron de Nestlé. On ne peut pas imaginer diriger une entreprise comme Nestlé sans avoir eu une certaine expérience internationale. Et peu de femmes l'ont.» D'un coup, la bronca monte dans la salle. Et Brabeck, au lieu de corriger habilement le tir sur un mode consensuel ou langue de bois, poursuit, cinglant : «Je sens comme une frustration, ici. Mais il faut regarder la réalité en face. Chez nous, nous avons beaucoup de couples de cadres dirigeants qui doivent bouger dans le monde entier. Ce n'est pas ma faute si, souvent, ce sont les femmes qui suivent leur mari et l'homme qui continue à faire carrière.»
Dans la salle à manger, les esprits vont continuer à s'échauffer, entre des femmes qui souhaitent que les entreprises s'engagent de manière plus volontaire à promouvoir la «diversité», et donc à faciliter l'accès des femmes aux postes à très haute responsabilité, et celles qui font comme si l'ascension sociale dans les entreprises n'était qu'une question de volonté individuelle, combinée à une bonne stratégie matrimoniale. «Les entreprises ne sont pas responsables de notre stagnation, de nos échecs, s'agace ainsi, au micro, une Américaine. Pour gagner et faire carrière, il y a une donnée qu'il ne faut pas négliger, il faut choisir le bon partenaire.» Celui qui saura composer avec les absences de sa femme, ne pas jalouser son ascension sociale et s'occuper des enfants, quand il y en a. L'an passé, Anne Lauvergeon, patronne d'Areva, avait ainsi expliqué que son succès professionnel tenait aussi à son «supporting partner», en français : son «mari».
Quand elles sont à la tribune, toutes les participantes à ce deuxième Forum des femmes ont toujours un mot pour leur famille, leurs enfants. Comme pour rappeler que, derrière le manager, il y a une femme. Christine Lagarde, la ministre déléguée au Commerce extérieur, venue parler mondialisation, y va de son anecdote. «Ce matin, j'ai vu mon fils aîné repasser ses chemises tout seul, raconte-t-elle. Je me suis dit : voilà au moins une chose que j'aurai bien faite dans ma vie pour les femmes, faire en sorte qu'il se débrouille sans attendre maman ou sa femme.» Sur les Blackberry dégainés entre chaque table ronde ou atelier, on voit beaucoup d'enfants en fond d'écran. Carlos Ghosn, le PDG de Renault-Nissan, y est aussi allé de son couplet. «J'ai trois filles et un garçon, dit-il. Je ne peux imaginer qu'une de mes filles me dise, un jour : "J'ai raté un job parce que je suis une femme."»
Ouverture. Au milieu de ce concert unanime sur les bienfaits de la diversité, les interventions de participantes venues de pays en voie de développement permettent de remettre les débats en place. «Encourager la diversité dans vos entreprises est une chose, fait ainsi remarquer une Malaisienne à Carlos Ghosn. Mais vous voyez bien que les gouvernements avec qui vous discutez, quand vous voulez implanter une usine, sont souvent loin de partager vos convictions...» Dans un autre débat intitulé : «Mondialisation, facteur d'intégration féminine», les participantes sont chargées d'élaborer des propositions. On parle nouvelles technologies, éducation des filles... Une participante camerounaise fait brutalement baisser l'enthousiasme d'un cran : «J'aime beaucoup les recommandations avancées, mais je ne voudrais pas que vous quittiez cette salle sans savoir que chez moi nous n'avons pas d'eau potable. Et que, sans eau potable, les femmes ne peuvent rien faire.» Cette ouverture sur le tiers-monde est une des exigences du forum. Difficile à tenir. «Certaines femmes n'ont pas de visa ou pas les moyens de se déplacer, note Mercedes Erra, une des membres fondatrices du Women's Forum et PDG d'Euro RSCG Worldwide. On doit continuer l'effort vers elles, sinon notre forum pourrait s'appauvrir.» Et se transformer en «bête» Davos au féminin. Les montagnes en moins. _________________ Domine ta peur et tu seras plus fort que la mort |
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