Tene Grioonaute
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Posté le: Dim 12 Nov 2006 19:21 Sujet du message: La liberté de parole agressée au Cameroun |
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La liberté de parole agressée au Cameroun
Une animatrice radio a été tabassée. Son émission «gênait des personnalités».
Par Fanny PIGEAUD
QUOTIDIEN : samedi 11 novembre 2006
Deux mois d'arrêt de travail : les inconnus qui ont agressé cette semaine une animatrice de Sweet FM, une station de radio privée de Douala, la capitale économique du Cameroun, n'ont pas fait dans la dentelle. «Trois hommes cagoulés ont pénétré dans son domicile vers 2 heures du matin en lui disant qu'ils allaient "l'aider à ne plus parler". Ils l'ont emmenée à près de deux cents mètres de sa maison, et là, ils ont notamment tenté de l'étrangler» , raconte Alexandre Lembe, le rédacteur en chef de la radio Sweet FM.
Recrudescence. Animatrice d'une émission de libre antenne (A vous la parole), Agnès Tailé recevait depuis au moins deux semaines des menaces téléphoniques quotidiennes lui demandant de «cesser de parler à la radio». «Avec son émission, elle gênait visiblement certaines personnalités, sans que l'on sache lesquelles», souligne son rédacteur en chef.
A Douala et dans tout le pays, les journalistes sont extrêmement inquiets. «On assiste depuis quelques mois à une recrudescence d'agressions contre des journalistes. Nous avons affaire à des professionnels, envoyés par des gens qui utilisent la méthode du règlement de comptes au lieu de passer par les canaux légaux comme la plainte pour diffamation. Cette dernière agression va influencer la liberté de ton de cette radio : les responsables ont déjà indiqué qu'ils allaient désormais éviter un certain nombre de sujets sensibles», commente Jean-Marc Soboth, du Syndicat national des journalistes du Cameroun. Ce dernier déplore le manque de réaction des autorités camerounaises. «Cette attaque, lâche et inquiétante, ne doit pas rester impunie. [...] On ne doit pas pouvoir s'en prendre physiquement à ceux qui donnent la parole à la population», a déclaré Reporters sans frontières (RSF).
Depuis qu'il remplace Agnès Tailé à l'animation de son émission, Alexandre Lembe reçoit à son tour chaque jour plusieurs appels anonymes : «J'ai vraiment peur, je n'ose plus envoyer mes enfants à l'école depuis qu'on les a directement menacés dans un des messages que j'ai reçus», confie-t-il.
Déontologie. Depuis quelques mois, plusieurs médias camerounais sont l'objet de sévères critiques après plusieurs dérapages dans leur manière de traiter l'information. «Il y a un problème d'observation des règles déontologiques chez beaucoup de journalistes, c'est évident et préoccupant. Mais il ne faut pas voir de lien entre ce problème et ces règlements de comptes», estime Jean-Marc Soboth.
http://www.liberation.fr/actualite/monde/216498.FR.php |
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