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LES MENSONGES DE L'ECONOMIE
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OGOTEMMELI
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Inscrit le: 09 Sep 2004
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MessagePosté le: Dim 17 Juil 2005 18:55    Sujet du message: LES MENSONGES DE L'ECONOMIE Répondre en citant

John Keneth GALBRAITH, "Les mensonges de l'économie", éd. Grasset, 2004

Galbraith est mon économiste préféré. Bien que l’ayant enseignée et pratiquée au plus haut niveau, il a toujours conservé une distance critique empreinte de grande perspicacité à l’égard de la science économique. Dans ce savoureux opuscule, il sape certains fondements théoriques fallacieux d’une « science » trop souvent aveugle de la réalité.

CAPITALISME OU ECONOMIE DE MARCHE ?
Quand le mot « capitalisme » est devenu synonyme de « exploitation de l’homme par l’homme », il a été subrepticement remplacé par « Economie de marché » ; ce qui ne veut rien dire mais permet de faire croire que les phénomènes économiques obéissent à des forcent « invisibles », « naturelles ». Or, la configuration des relations économiques telle qu’elle existe procède essentiellement de choix idéologiques identifiables, plus que jamais capitalistes/libéralistes. Or, « en réalité, le marché est habilement géré dans tous ses aspects » [p24], non plus par un individu (propriétaire/entrepreneur) mais par une institution, la SOCIETE ANONYME, avec à sa tête le tout puissant Patron/PDG. « La croyance en une économie de marché où le client est roi est l’un de nos mensonges les plus envahissants » [p29], puisque dans les faits tout est mis en œuvre avec des moyens colossaux (enquêtes, publicité, promotions, etc.) pour anticiper et prescrire les comportements des consommateurs.

TRAVAIL OU SOUFFRANCES ?
La catégorie dite « travail » en science économique est particulièrement ambiguë et contradictoire. Elle désigne simultanément les grandes souffrances (physiques, psychiques, etc.) imposées aux plus nombreux en échange de revenus de plus en plus faibles, leur permettant à peine de survivre, et le grand plaisir (et autres gratifications symboliques) qu’ont quelques uns à occuper des fonctions prestigieuses, royalement rémunérées. Ainsi, « le travail est jugé essentiel pour les pauvres. S’en affranchir est louable pour les riches. » [p36]

ENTREPRISE OU BUREAUCRATIE PRIVEE ?
La théorie économique continue d’entretenir l’imagerie obsolète du chef d’entreprise, propriétaire solitaire de son affaire, qu’il dirige quotidiennement et dont l’essor ou la faillite dépendent de ses qualités personnelles de « capitaine d’industrie ». Non que de telles figures n’existent plus, mais le fait crucial, qui surdétermine les relations économiques telles qu’elles se nouent aujourd’hui consiste en la SOCIETE ANONYME dirigée par une pléthore de personnel dont le chef de file est le PDG, et ayant pour but ultime, supérieur à tout autre, sa propre reproduction avec accroissement exponentiel de ses avantages et privilèges personnels (salaires mirobolants, stock-options, golden parachute, jet privé, etc.).
« Comme toutes les bureaucraties, celle de l’entreprise a une forte tendance à l’auto-expansion. Pour fixer le salaire d’un responsable, le nombre de ses subordonnés est un facteur important ; sa situation est plus agréable et valorisante s’il délègue réflexion et action à des échelons inférieurs. C’est aussi pour lui un moyen d’échapper aux efforts fastidieux et aux connaissances pointues. Le respect dont il jouit dans les hautes sphères est fonction du nombre de ses subordonnés. » [p.40]
Les équipes managériales hypertrophiques qui en général ne sont pas propriétaires de l’entreprise, en détiennent la quasi-totalité des pouvoirs, notamment ceux de déterminer elles-mêmes leurs salaires, de désigner les coupables des échecs (stratégiques, financiers, commerciaux), de s’auto-congratuler en cas de succès…

Bref, je voulais signaler à votre attention ce texte vraiment édifiant sur l’indigence épistémologique où se trouve une discipline « scientifique » aux pouvoirs les plus extravagants sur une réalité que pourtant elle échoue à analyser adéquatement. La science économique contemporaine est un SCANDALE qui consiste en une escroquerie intellectuelle!!!
_________________
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Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
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Et tant de leurs valeureux Ancêtres, souvent trop seuls au front...
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rollie fingers
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MessagePosté le: Lun 18 Juil 2005 12:54    Sujet du message: Répondre en citant

En effet j'ai tjrs douté des gens qui sortent des théories économiques abracadabrantes pour noyer des questions plutôt essentielles résumées dans le livre civilisation ou barbarie ou bien plutôt dans le titre de ce livre meme.
La traite négriere : de l'économie.
colonisation néo- colonisation: de l'économie.
Civilisation ou barbarie?
ps: j'ai tjrs été une loque en économie donc jpourrais pas aller plus loin dans le débat mais mon intuition me dit que tu es proche de la vérité ogotemelli... Wink
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Sergio Lafrikain
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MessagePosté le: Lun 18 Juil 2005 23:50    Sujet du message: Re: LES MENSONGES DE L'ECONOMIE Répondre en citant

Salut,

Citation:
La théorie économique continue d’entretenir l’imagerie obsolète du chef d’entreprise, propriétaire solitaire de son affaire, qu’il dirige quotidiennement et dont l’essor ou la faillite dépendent de ses qualités personnelles de « capitaine d’industrie ». Non que de telles figures n’existent plus, mais le fait crucial, qui surdétermine les relations économiques telles qu’elles se nouent aujourd’hui consiste en la SOCIETE ANONYME dirigée par une pléthore de personnel dont le chef de file est le PDG, et ayant pour but ultime, supérieur à tout autre, sa propre reproduction avec accroissement exponentiel de ses avantages et privilèges personnels (salaires mirobolants, stock-options, golden parachute, jet privé, etc.).


Cela ne m'étonne pas vu que la science économique prend sa source dans l'économie politique qui fut d'abord l'étude d'une économie domestique : celle de la maison royale.
Si bien que du Moyen Age à notre époque il n'y a eu de changées que les structures permettant d'accroître la richesse. Mais l'esprit est resté le même.

J'ai été très attentif aux guillemets que tu as mis au mot scientifique. La question de la scientificité de l'économie m'a toujours taraudé l'esprit. La faute sûrement à Max Weber. On sait que les disciplines ont été classées en sciences dures (math, physique et autres) et en sciences molles(sciences humaines et sociales dont la sociologie, la philosophie, la psychologie, l'économie...). Mais avec le temps, l'économie a été qualifiée comme la science sociale qui arrivait le mieux à faire des prédictions par exemple sur le comportement du consommateur et, qui plus est, s'appuie sur des formules mathématiques de plus en plus sophistiquées comme si la mathématisation était le signe de la scientificté d'une discipline (cf la biologie). En tout cas, il est admis que l'économie peut prétendre au statut de science au sens de "science dure" mais tout en restant une science sociale. Là où se trouve la problématique, c'est que l'économie s'appuie sur des valeurs subjectives très fortes. Sur ce point là, Weber apporte un éclairage suffisant sur la naissance du capitalisme au travers de l'éthique protestante. Qu'est-ce à dire? Le capitalisme ou l'"économie de marché" dans sa forme actuelle sert une partie de l'humanité au détriment d'un grand nombre. Or l'erreur vient de cette petite partie qui la définit comme étant objective et la panacée (le modèle unique) dans le même temps. Et si l'on descend de manière fractale dans l'entreprise, c'est encore une petite partie qui détient le maximum de capital et qui se répartit les richesses, mais je ne dis ni si c'est mal ni si c'est bien. Je ne tire pas de conclusion.



Capitalisme et bureaucratie vont ensemble. Du moins le mariage a été très fructueux au début du XXè siècle ( époque de Weber, Taylor, Ford, Fayol...). Pour produire plus, il ne s'agissait pas seulement de faire travailler plus, mais aussi de standardiser. Je pense que je n'apprends rien. Ce qu'il y a d'intéressant, c'était que pour produire plus, il fallait aussi organiser les fonctions de la firme/entreprise. Si Taylor s'est chargé de la division des tâches, Weber et Fayol ont proposé une organisation des fonctions, de forme pyramidale, c'est à dire une mise en place de la bureaucratie. Autrement dit, il fallait organiser tout le processus support à la production pour suivre et accompagner de manière efficace la production et donc pour "faire" plus d'argent.



Citation:
Bref, je voulais signaler à votre attention ce texte vraiment édifiant sur l’indigence épistémologique où se trouve une discipline « scientifique » aux pouvoirs les plus extravagants sur une réalité que pourtant elle échoue à analyser adéquatement. La science économique contemporaine est un SCANDALE qui consiste en une escroquerie intellectuelle!!!


Du coup, je me demande si la science économique est réellement une science dans la mesure ou elle échoue à analyser adéquatement la réalité ou est-ce un ensemble d'outils sophistiqués pour accroître la richesse coûte que coûte?
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OGOTEMMELI
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Messages: 1498

MessagePosté le: Lun 17 Oct 2005 07:47    Sujet du message: Répondre en citant

Sergio Lafrikain a écrit:
Du coup, je me demande si la science économique est réellement une science dans la mesure ou elle échoue à analyser adéquatement la réalité ou est-ce un ensemble d'outils sophistiqués pour accroître la richesse coûte que coûte?

Je reviendrai sur ce topic qui m'a un peu échappé. Je me rappelle que les physiocrates parlaient de CHREMATISTIQUE, plutôt que d'économie. Faut croire que ce sont eux qui avaient raison...
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Sergio Lafrikain
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MessagePosté le: Jeu 20 Oct 2005 15:51    Sujet du message: Répondre en citant

Salut,

[quote="grand sorcier"]A tous ces mensonges et pseudo-sciences il faut aussi rajouter la duperie des diplomes !

Citation:
En effet, a part les entreprises publiques ou l'on placent des gens du serail bardés de diplomes, tous sortis du meme moule de l'ENA et qui plantent les entreprises et on les case ailleurs. On constate que les gens diplomés n'ont pas forcement fait leur preuve pour la gestion d'entreprises. J'irai meme jusqu'a dire qu'ils sont le contre exemple d'une bonne gestion economique.


Si tu le dis

Citation:
1) Dans un monde bien fait et serieux, un dirigeant qui plante une entreprise ne devrait jamais en retrouver une autre. Car il n'a pas fait ses preuves. Or dans le monde anarchique ou nous vivons ceux-ci plantent des entreprises, s'en sortent avec des golden parachute, et se retrouvent placés illico dans
d'autres prestigieuses entreprises en se basant non pas sur leurs performances avérés mais uniquement sur leur diplome.


Lequel? Quel monde? Le monde idéal?

Citation:
2) Les gens bardés de diplomes ont appris une seule chose : la capacité à repondre a des question bien stéréoptypées. Ils ont appris a reproduite un modèle. Ils peuvent donc etre de bons employés mais certainement pas de bon entrepreneurs. D'abord ils ont une gestion purement administrative
alors qu'un entrepreneur est un joueur qui prend des risques, qui
se laissent gouvernés par sa passion, par sa vision à long terme,
par son flair qu'il a acquis non pas la tete baissé dans des rapports
et des analyses de chiffres mais en marchant dans la rue, en rencontrant
des gens.


Je ne suis pas si sûr que çà. Certaines formations apprennent à réfléchir et à refuser toute vérité toute faite. C'est toujours une question de personne et d'état d'esprit. Ta vision est assez manichéenne, mets-y de la nuance. Peux-tu expliquer?

Citation:

3) Il y a quasiment une incapacité congenitale pour les bardés
de diplomes à diriger ! Car les bardés de diplomes cherchent
a devenir employés ou à passer des concours. Les entrepreneurs
sont des aventuriers, des joueurs. Ils savent prendre des risques.
Or en apprend pas en prendre des risques à l'ecole. Ca ne s'apprend
pas.


Si c'est une incapacité congénitale, alors leur incapacité ne tient pas au diplôme. Même sans diplôme, ils devraient être incapables de diriger. Ne te contredis pas!

Citation:
Quand vous regardez Steeve Jobs qui sort Ipod, Ipod Nano, c'est
sa vision d'entrepreneur, de batisseur, de fonceur qui le fait avancer.
Il est constructif. Par un coup de coeur il va embaucher des designers
et saura rentabiliser ces embauches...


Un exemple n'a jamais rien démontré, il suffit de prendre le contraire.

Citation:
Tandis que d'autres boites vont faire des profits en supprimant
des emplois et en delocalisant. Il n'y a que des gestionnaires
diplomés pour faire ça. Ca marche a court terme. Mais le niveau
de vie des pays Occidentaux est en train de diminuer, alors
dans combien de temps ce genre de strategie economique
vont-elles se retourner contre ces gestionnaires à la vision
limitée ?

Certes!


Pour ne pas perdre le fil de la problématique posée par Ogotemmeli, reste dans la problématique qui est la sienne, sinon on risque de dériver vers des débats passionnés et de donner raison à Senghor.
Voici les raisons pour lesquelles j'avance ces propos :
Arrow aucun dipôme , ni le fait d'être bardés de diplômesn'a jamais garanti quoi que ce soit. Ok. Mais de là, tu ne peux pas en tirer des conclusions selon lesquelles les surdiplômés dirigent mal les entreprises. Le problème est un problème de personne et non de diplômes. C'est la conclusion à laquelle tu aurais du logiquement aboutir d'après tes propos sur leur incapacité congénitale.

Bien @ toi
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OGOTEMMELI
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Messages: 1498

MessagePosté le: Dim 23 Oct 2005 07:48    Sujet du message: Répondre en citant

J'aime bien l'idée de penser la Science économique comme "un ensemble d'outils sophistiqués pour accroître la richesse coûte que coûte". En quelque sorte, le discours économique ambiant serait comme un livre de recettes pour faire du profit. Pis encore, l'usage de ces "recettes" peut faire fi de toute morale, toute éthique (ce que suggère le "coûte que coûte"), pour atteindre le but visé...
Auquel cas, cette soit-disant "science" est de moindre utilité qu'on le croit trop souvent dans la recherche des voies et moyens pour la prospérité d'une nation. Cette recherche ne pouvant se départir d'une éthique (de la responsabilité, par exemple), d'une morale collective.

Ainsi, la recherche du bien public est une préoccupation radicalement distincte de la recherche de profit ; qui suppose par conséquent des "recettes" autres que celles proposées par la science économique. Voici pourquoi je préfère l'Economie politique, entendue comme l'usage "d'outils économiques" dans la poursuite de fins expressément politiques. Où par conséquent l'économique n'est pas une fin en soi, mais un ensemble de moyens mis au service de la politique. Il s'agit alors de pourvoir aux besoins de biens et services d'une collectivité humaine organisée en Société Politique.

C'est pourquoi, il est stupide (entre mille exemples) de juger une entreprise publique à l'aune de ses Deficits/Excédents budgétaires. Par exemple, pour la RATP, la question n'est pas de savoir si elle fait des profits ou des pertes, mais si elle réalise efficacement sa mission de service public de transport : si ses trains sont en nombre suffisant, confortables, salubres. S'ils couvrent le maximum de destinations, à des horaires les plus adaptés aux besoins des usagers, s'ils partent et viennent à l'heure, dans des conditions de sécurité maximale, etc.

Toutes sortes de critères d'appréciation qui privilégient la qualité effective du service rendu à soi-même par la collectivité et n'ont rigoureusement rien à voir avec la rentabilité économique, la marge commerciale, le profit. Car un service public est en principe un service que les citoyens (en tant que contribuables) se paient à eux-mêmes (en tant qu'usagers). Leurs investissemnts de citoyens n'ont aucunement pour but de leur rapporter des bénéfices, mais plutôt de leur procurer un Service Public de la meilleure qualité possible...
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Sergio Lafrikain
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MessagePosté le: Dim 23 Oct 2005 17:05    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Ogotemmeli

Citation:
[quote="OGOTEMMELI"]J'aime bien l'idée de penser la Science économique comme "un ensemble d'outils sophistiqués pour accroître la richesse coûte que coûte". En quelque sorte, le discours économique ambiant serait comme un livre de recettes pour faire du profit. Pis encore, l'usage de ces "recettes" peut faire fi de toute morale, toute éthique (ce que suggère le "coûte que coûte"), pour atteindre le but visé...


Exactement. Dans le discours l'économie promet monts et merveilles, mais dans les faits elle part des résultats qu'elle cherche à atteindre. Et les outils qui sont mis en place, toutes ces équations savantes sont au service d'un profit maximum. Ils n'existent que par rapport à ce but.

Citation:
Auquel cas, cette soit-disant "science" est de moindre utilité qu'on le croit trop souvent dans la recherche des voies et moyens pour la prospérité d'une nation. Cette recherche ne pouvant se départir d'une éthique (de la responsabilité, par exemple), d'une morale collective.


Tout à fait. D'ailleurs, les "penseurs du monde" ont compris qu'il y avait un problème avec l'économie actuelle, ses principes et ses valeurs. Du coup, on parle beaucoup ces temps-ci de développement durable, de responsabilité sociale et tous les concepts nouveaux liés à l'éthique financière. Même si ces approches combinent valeurs éthiques et vie économique, il y a encore pas mal de choses qui me gênent encore dans ces évolutions économiques, attendons de voir.

Citation:
Ainsi, la recherche du bien public est une préoccupation radicalement distincte de la recherche de profit ; qui suppose par conséquent des "recettes" autres que celles proposées par la science économique. Voici pourquoi je préfère l'Economie politique, entendue comme l'usage "d'outils économiques" dans la poursuite de fins expressément politiques. Où par conséquent l'économique n'est pas une fin en soi, mais un ensemble de moyens mis au service de la politique. Il s'agit alors de pourvoir aux besoins de biens et services d'une collectivité humaine organisée en Société Politique.


J'illustrerai tes propos avec un autre exemple. Beaucoup croit que l'informatique est une solution, une fin en soi, alors que çà n'est qu'un outil. Mais quand on le pense comme fin, on complexifie sans cesse, on rajoute des modules, des fichiers etc. Et au final, on obtient un bel outil dont l'utilisateur ne peut plus s'en servir voire difficilement.
Les outils économiques sont comme les outils informatiques, on oublie qu'ils doivent servir et non être servis. Et s'ils ne sont pas bons, s'ils ne remplissent pas leur missions premières alors il faut les changer ou les abandonner. Sans quoi, en les gardant on complexifie : c'est ce qui se passe, me semble-t-il.

Citation:
C'est pourquoi, il est stupide (entre mille exemples) de juger une entreprise publique à l'aune de ses Deficits/Excédents budgétaires. Par exemple, pour la RATP, la question n'est pas de savoir si elle fait des profits ou des pertes, mais si elle réalise efficacement sa mission de service public de transport : si ses trains sont en nombre suffisant, confortables, salubres. S'ils couvrent le maximum de destinations, à des horaires les plus adaptés aux besoins des usagers, s'ils partent et viennent à l'heure, dans des conditions de sécurité maximale, etc.


Malheureusement mon frère, c'est bien ce qui se passe et qui va croissant. Actuellement, sous la coupe de loi LOLF, le public essaie tant bien que mal de se mettre au diapason du privé. Du coup il doit s'appproprier la notion de culture de performance du privé. Evidemment je laisse de côté les problèmes liés au statut même des salariés du publics, aux problèmes de nouveaux modes de travail.
Donc sous cette loi, c'est toute la culture financière qui est revue depuis la systématisation des comptes de bilan jusqu'au compte de résultat et j'en passe. On y parle donc d'excédent budgétaire, de capacité d'auto finacement etc... Et comme tu le dis, la vocation première du service public a été occulté : faire du service public. Que cherche-t-on? des indicateurs financiers ou des indicateurs qualifatifs de service rendu? Dans la course pour éviter les dépenses publiques, c'est le premier qui a été choisi. Je ne prétends pas avoir de solutions, mais il existe la possibilité de "réduire les dépenses inutiles ou les excès" . Il y a 2 façons de gagner de l'argent : en gagner ou réduire le gaspillage. Je prends la seconde option, surtout si ce n'est pas mon argent. C'est un gage sûr.

Citation:
Toutes sortes de critères d'appréciation qui privilégient la qualité effective du service rendu à soi-même par la collectivité et n'ont rigoureusement rien à voir avec la rentabilité économique, la marge commerciale, le profit. Car un service public est en principe un service que les citoyens (en tant que contribuables) se paient à eux-mêmes (en tant qu'usagers). Leurs investissemnts de citoyens n'ont aucunement pour but de leur rapporter des bénéfices, mais plutôt de leur procurer un Service Public de la meilleure qualité possible...


Tout à fait d'accord. Mais le public n'a pas mis en place, à ma connaissance, une politique qualité assez forte pour impulser la culture du service. Ce qui est triste dans l'affaire : nos pays partagent exactement le même modèle, avec les paradoxes et problématiques bien sûr.

Bien @ toi!
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Sergio Lafrikain
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Localisation: Ile de France

MessagePosté le: Jeu 03 Nov 2005 21:12    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Ogotemmeli,

Citation:
Je reviendrai sur ce topic qui m'a un peu échappé. Je me rappelle que les physiocrates parlaient de CHREMATISTIQUE, plutôt que d'économie. Faut croire que ce sont eux qui avaient raison...


Tu as quelques infos là-dessus? Ca a l'air pas trop mal! Wink

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haylé
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Inscrit le: 06 Oct 2005
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MessagePosté le: Lun 14 Nov 2005 12:36    Sujet du message: Répondre en citant

Pour moi y a « science et économie» et « science économie »

Mais ce débat relève de la pensée économique et non de la science économie qui à pour base la mathématique financière ou l’économétrie pour définir de fonctions concrète et exactes.


Une science capable de démontrer de mensonges avec des équations mathématique pertinentes.

Une partie de l’économie c’est de la science aléatoire (comme la probabilité. …). qui s'appuye sur de theoremes de tatonnement surtout lorsqu'elle fait de previsoin à long terme.


Mais une autre partie à pour fondement en s’appuyer sur des fonction mathematiques pour demontrer une certaine realité des echanges entre les hommes (monnaitaire ,finnaciere, materielle, ........).
En faite une science qui à pour fonction de reguler des echanges entre les humains.

Voici un exercice parmi tend d’autres faussement gobé par les petits Leuco
Pour le néophyte qui mélange, « science et économie» et « science économie »

EXO :
En 1992, le PIB par tête était de 21 558 $ (aux prix de 1990) aux USA, et de 300$ en Ethiopie.

1) Si l’Ethiopie pouvait croître au taux de croissance des USA (1,2) dans le futur, combien d’années lui faudrait-il pour arriver au niveau auquel sont parvenus les USA en 1992 ?
2) Quel devrait être le taux de croissance nécessaire pour qu’elle y arrive en 100 ans ? et en 50 ans ?

SOLUTION


1) lorsque Y0 et Yt sont les situations initiales et finales pour une économie dont le PIB par habitant, noté y , croît à un taux moyen annuel égal à a , on doit avoir :

Yt=(1+a)t Y0

Soit sous forme de logarithme : LnYt =LnY0+tLn(1+a)

Il est facile de déduire la valeur de t en fonction des autres paramètres :

T=Ln (Yt/Y0) Ln(1+a)

Ce qui correspond, dans ce cas d’espèce, à une valeur :

t=Ln(21558/300) Ln(1,012)= 358,359


IL faudrait 359 ans pour que le niveau de vie devienne comparable à celui des USA actuels (de 1992)

2) il s’agit maindenat d’utiliser la relation precedente pour trouver la valeur exigée pour le taux de croissance a :


Pour une période d’ajustement d’un siècle soit t=100, on tire :

a= 4,37%

Pour une période raccourcie de moitie, soit t=50, on obtient :

a=8,93%


Ainsi de suite

PS : a est tiré de l’équation suivante

A= exp(Ln(Yt/Y0)/t)-1= ?

T=100, 50 , 25 jusqu’ à n+1 ou n-1

Yt=21558
Y0=300
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Benny Da B'
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MessagePosté le: Lun 14 Nov 2005 12:40    Sujet du message: Répondre en citant

Donc 359 ans pour que l'éthiopie rattrappe les USA actuels ....et pendant ces 359 ans les USA vont rester inertes et ne plus croitre ?

Ces calculs eco alors......... Sad
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haylé
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MessagePosté le: Lun 14 Nov 2005 12:52    Sujet du message: Répondre en citant

IL peut y avoir des alea. (des hasards heureux)

par exemple le Tchad qui à passer d'une croissance de 2% annuelle à une croissance record mondiale en 2003 54% biensur à cause de l'exploitation de son petrole et de l'or.

Mais la croissance ne pas signe de developpement ni partage de richesse surtout lorqu'il ya pas distribution de richesse .

La croissance du Tchad à servi au president et ses amis de venir achetés de maisons de luxes dans les 16 arrondissement de Paris , Ni ecole , ni hopital
l'exemple du Tchad est transposable pour tout les autres pays du continent africains.
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haylé
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MessagePosté le: Lun 14 Nov 2005 13:06    Sujet du message: Répondre en citant

Benny

Si tu lu très bien le texte tu vera qu'on parle de rattrapage à une date donnée , qui est 1992.

C'est à dire le niveau de USA en 1992 mais pas suivre USA sur toute sa vie de croissance
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Nkossi
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MessagePosté le: Mer 28 Déc 2005 19:33    Sujet du message: Répondre en citant

OGOTEMMELI a écrit:

TRAVAIL OU SOUFFRANCES ? La catégorie dite « travail » en science économique est particulièrement ambiguë et contradictoire. Elle désigne simultanément les grandes souffrances (physiques, psychiques, etc.) imposées aux plus nombreux en échange de revenus de plus en plus faibles, leur permettant à peine de survivre, et le grand plaisir (et autres gratifications symboliques) qu’ont quelques uns à occuper des fonctions prestigieuses, royalement rémunérées. Ainsi, « le travail est jugé essentiel pour les pauvres. S’en affranchir est louable pour les riches. » [p36]


Tout est dit dans cette citation…
J’ai eu à faire un petit travail sur le secteur informel et la résistance à la prolétarisation au sud du Sahara Wink Attention, je ne suis pas friand de théorie Laughing

Contrairement aux analyses selon lesquelles le secteur informel serait né à la faveur de la crise, j’ai tenté de démontrer que les activités dites informelles aujourd'hui ont existé avant le processus de mise au travail salarié des populations africaines. Et si ces activités existent aujourd'hui, cela est dû au fait que la propension a la multiactivité, Cette propension à multiplier les métiers, les placements agricoles et les réseaux n’a pas été brisée par le processus de prolétarisation. Ces activités permettent la non prolétarisation complète des travailleurs. (La prolétarisation complète en Occident a été d’une rare violence cf K Marx…)

Si l'on pose la colonisation comme une reproduction hors de la métropole, des rapports de production capitalistes, en particulier du rapport spécifique de la production de la plus value, on peut considérer cet élargissement comme une naissance (tentative) du mode de production capitaliste dans les colonies.

Sous condition de la création et la reproduction d'une force de travail libre, (ce qui constitue la condition historique de la production capitaliste.)
Toutefois, ce n'est pas dès sa pénétration dans les colonies que la capital a créé le salariat Car n'importe quelle forme de capital ne favorise pas les conditions de la naissance et du développement du travail salarié.
L'existence du salariat comme forme générale d'exploitation de la force de travail exige un certain degré de développement du capitalisme, en particulier de la production capitaliste. Ce qui suppose que la production de marchandises en soit nécessairement forme générale de la production.
On peut donc dire que l'avènement du travailleur salarié constitue en fait, à la fois une condition et un résultat de la production capitaliste.

Vu que les populations africaines restaient solidement attachées à leurs habitudes de production non capitalistes traditionnelles et refusaient de travailler pour l'européen. leur mise au travail pour les colonies s'est faite de manière forcée.

J’ai parlé de la prolétarisation forcée et du contrôle patronal. A chaque forme de contrainte, j’ai mentionné les réponses des populations
PAr prolétarisation forcée, j'entends que le travailleur potentiel est contraint d'abandonner ses propres modes de subsistances ou de revenus (propriété foncière, commerce, artisanat...) et de dépendre de + en + d'un salaire. En reaction il y a eu : la désertion, la révolte, le travail avec cible...
La conclusion que j'en tire c'est que le refus de ne dépendre qu'un d'un salaire (formel) pour vivre a entraîné la perpetuation parallèle d'activités dites informelles.

Par ce contrôle patronal, il s'agissait d'obliger le travailleur à se soumettre à la hiérarchie.
Face à cela, les travailleurs africains ont eu quatre réponses:
-Ils essayaient de reprendre possession du processus de définition des tâches (en cherchant délibérément à restaurer leur qualification ou leurs techniques traditionnelles quand ils étaient confrontés aux tentatives du patron pour atomiser, déqualifier et masséifier le processus de production);
-ils échappaient à la direction ou ils la leurraient sur le niveau de productivité possible; ils recouraient au sabotage (sabotage étudié pour travailler moins, sans pour autant rendre le travail plus pénible).

Les résultats du travail forcé, les difficultés pour prolétariser les populations étaient elles que le gouverneur F .Eboué dans ses résolutions à la conférence de BZV en 1944 préconisait « l’application d’une politiquue démographique, faisant une large place à l’activité agricole de l’ingigène, librement exercée dans le cadre familial, social et coutumier... »

Finalement, il y a eu 3 formes de contraintes successives et progressives qui ont entraîné l’extension du salariat : Les exigences de l’impôt, la nécessité d’acquérir du numéraire pour acheter qlq marchandises de traite, la troisième coïncide avec l’époque contemporaine, avec les exigences de reproduction de la force de travail…

Tout ceci rejoint la citation de Galbraith : d’abord prolétariser pour rendre dépendant d’un travail salarié, puis réduire autant que possible ce salaire pour tjs avoir le nouveau paupérisé à sa merci… Wink
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Jeu 29 Déc 2005 17:16    Sujet du message: Répondre en citant

Nkossi a écrit:
Si l'on pose la colonisation comme une reproduction hors de la métropole, des rapports de production capitalistes, en particulier du rapport spécifique de la production de la plus value, on peut considérer cet élargissement comme une naissance (tentative) du mode de production capitaliste dans les colonies.

Ce postulat me pose problème, même s'il me semble provenir des travaux de Samir Amin, Immanuel Wallerstein, etc.

Je vois l'économie coloniale comme un mode de production à part entière, irréductible à "la reproduction hors métropole des rapports de production capitalistes." Car, en effet, les rapports de production en Colonie ne sont guère capitalistes, ils sont colonialistiques : l'occupation militaire de terres d'autrui, l'exploitation des ressources naturelles de cet espace colonisé, avec la réquisition de la force de travail des autochtones, les indigènes, dans un cadre légalisé dit du Travail Forcé ; sous condition d'exterminations physiques massives desdits indigènes. Par conséquent, la société coloniale n'est pas un succédané de la société capitaliste, c'est une réalité sociétale spécifique : colonialiste.

Il y aurait alors un biais analytique majeur à appréhender les phénomènes économiques survenant dans une telle société colonialistique avec des catégories épistémiques conçues pour penser le capitalisme : ce biais est récurrent dans les analyses marxistes du développemet économique, chez les Tiers-mondistes comme Samir Amin ; lesquels (à mon humble avis) pêchent par excès d'économicisme...

Pour autant : ce que je crois comprendre de ton étude (fort intéressante, au démeurant...), c'est que le salariat n'est pas une spécificité du capitalisme ; ni théoriquement, ni encore moins historiquement. En effet, des personnels travaillant sur les chantiers des pyramides kmtiennes recevaient un salaire ; soit plus de trois mille ans avant qu'il n'y eût de capitaliste. Aussi cette étude vient-elle débrouiller une sorte de généalogie du salariat en Afrique coloniale, et surtout néocoloniale. Où le salariat s'observerait comme un phénomène concurrent et/ou complémentaire d'activités de travail plus anciennes, dites du "secteur informel"...

De mon point de vue la société capitaliste n'est pas viable pour tous ; mais elle dispose de faramineux moyens pour perdurer des siècles, avec nombre de crises et autres révoltes. Au contraire de la société coloniale (en tout cas celle issue de la colonisation de l'Afrique par l'Europe), dont l'espérance de vie ne pouvait qu'être nécessairement précaire, en raison de sa nature foncièrement criminogène surconsommatrice de vies humaines. En sorte que l'introduction du salariat dans la Colonie est une initiative parmi d'autres visant à transformer la dite Colonie en une dépendance du capitalisme, sans liberté ni capital. C'est ce processus, hybride, qu'on a appelé néocolonialisme ; et qui n'est toujours pas du capitalisme. D'ailleurs, je doute que ne se reproduisent jamais nulle au monde les conditions socio-historiques ayant donné naissance au capitalisme en Occident. C'est toujours par paresse intellectuelle que les économistes en particulier continuent d'analyser tout phénomène économique par le prisme du capitalisme (ou de l'anti-capitalisme, ce qui revient au même)...
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Nkossi
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MessagePosté le: Ven 30 Déc 2005 17:09    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
C'est toujours par paresse intellectuelle que les économistes en particulier continuent d'analyser tout phénomène économique par le prisme du capitalisme (ou de l'anti-capitalisme, ce qui revient au même)...

Je te suis. En même temps, c’est commode d'avoir une sorte d’étalon. D’où, en partant de ce prisme, les rapports de production colonialistiques seraient une conséquence d’une sorte de capilalisme non abouti, tronqué. Les forme de contôle de la force de travail (travail forcé…) étant pour la plus part des ces auteurs une réaction ex post à la résistance des populations locales à se laisser prolétariser, à abandonner leur modes de production antéreurs…

Citation:
Pour autant : ce que je crois comprendre de ton étude (fort intéressante, au démeurant...), c'est que le salariat n'est pas une spécificité du capitalisme ; ni théoriquement, ni encore moins historiquement. En effet, des personnels travaillant sur les chantiers des pyramides kmtiennes recevaient un salaire ; soit plus de trois mille ans avant qu'il n'y eût de capitaliste. Aussi cette étude vient-elle débrouiller une sorte de généalogie du salariat en Afrique coloniale, et surtout néocoloniale. Où le salariat s'observerait comme un phénomène concurrent et/ou complémentaire d'activités de travail plus anciennes, dites du "secteur informel"...


La spécificité du salariat dans le capitalisme serait qu’il devient exclusif pour la sustentation du travailleur pendant sa période d’emploi (reconstitution immédiate de la force de travail), son entretien en période d’inemploi, et son remplacement par l’entretien de sa progéniture (reproduction)…
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MessagePosté le: Dim 01 Jan 2006 20:48    Sujet du message: Répondre en citant

Nkossi a écrit:
Je te suis. En même temps, c’est commode d'avoir une sorte d’étalon. D’où, en partant de ce prisme, les rapports de production colonialistiques seraient une conséquence d’une sorte de capilalisme non abouti, tronqué.

Pas vraiment d'accord avec ça : les rapports de production colonialistiques n'ont pas vocation à "aboutir" à quoique que ce soit, pas même au capitalisme ; ils ont vocation à n'être que ce qu'ils sont, intrinsèquement colonialistiques, avec leurs propres raisons d'être qui se suffisent à elles-mêmes. Ce sont ces raisons qu'il faut pister dans une analyse de la société coloniale (même au point de vue économique), plutôt que de la réduire (analogiquement?) à du processus capitaliste "tronqué".

Plus généralement, c'est en chaque phénomène historique/sociétal qu'il faut trouver les catégories propres à son analyse, plutôt que d'y appliquer coûte que coûte des catégories extrinsèques. Mudimbé le dit encore mieux ainsi (dans "L'odeur du père"...) :
"Ce n'est pas que je veuille affirmer un écart irréductible entre traditions, entre sociétés humaines. Je dis simplement que la singularité des expériences historiques est une évidence, que l'on peut arracher à chaque expérience ses propres normes d'intelligibilité sans que n'interviennent nécessairement des instruments ou des catégories privilégiés par une autre expérience ; toute transposition risquant, à chaque fois, d'informer des valeurs et d'instruire, en des discours convaincants mais malheureux, des mythes faciles, des jeux exquis d'instances fallacieuses surgies des phantasmes du descripteur ou de sa culture."
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MessagePosté le: Mar 10 Jan 2006 14:43    Sujet du message: Répondre en citant

Sergio a écrit:
Du coup, je me demande si la science économique est réellement une science dans la mesure ou elle échoue à analyser adéquatement la réalité ou est-ce un ensemble d'outils sophistiqués pour accroître la richesse coûte que coûte?

La difficulté de l’analyse des phénomènes économiques tient aussi dans son incapacité à intégrer la composante psychologique humaines, une même information a des répercutions différentes selon la psycho de celui qui la reçoit : prenant une annonce d’un licenciement sur la bourse, tu auras des investisseurs qui y verront une perspective de profit via la réduction des charges de l’entreprise en question, tandis que d’autres décéleront un signe avant coureur de difficultés à venir…
Ogo a écrit:
Je reviendrai sur ce topic qui m'a un peu échappé. Je me rappelle que les physiocrates parlaient de CHREMATISTIQUE, plutôt que d'économie. Faut croire que ce sont eux qui avaient raison...

Si j’ai bonne mémoire, la chrématistique renvoie à l’accumulation de richesses en pièces d'argent et métaux précieux (?)
Ogo a écrit:
Plus généralement, c'est en chaque phénomène historique/sociétal qu'il faut trouver les catégories propres à son analyse, plutôt que d'y appliquer coûte que coûte des catégories extrinsèques. Mudimbé le dit encore mieux ainsi (dans "L'odeur du père"...)

On est d’accord sur ce genre de limites, chaque « spécialiste » pèche justement par excès de « spécialité ».
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MessagePosté le: Lun 01 Mai 2006 23:33    Sujet du message: Répondre en citant

Je m’étonne que personne ne rende hommage au personnage qui a permis d’initier ce topic, à savoir John Kenneth GALBRAITH.

Il est décédé le samedi 30.04.2006 à l’âge de 97 ans.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3382,36-767100@51-767102,0.html

Ces hommes qui sont de véritables génies dans leur domaine mais qui conservent ce recul qui leur permet d’entrer dans la catégorie des grands sages, manquent énormément.

Selon la formule consacrée, Rest In Peace, J.K.G.
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MessagePosté le: Mar 02 Mai 2006 04:05    Sujet du message: Répondre en citant

http://info.france2.fr/eco/20540653-fr.php

Citation:
La mort de l'économiste John Kenneth Galbraith

L'économiste américain John Kenneth Galbraith est décédé samedi aux Etats-Unis à l'âge de 97 ans


Son livre le plus célèbre, "L'Ère de l'opulence", paru en 1958, était devenu un best-seller.

Galbraith y défendait l'idée que les Etats-Unis sont devenus un pays riche en biens de consommation, mais pauvre en services sociaux.

L'économiste luttait contre le mythe du rapport positif entre l'accroissement de la richesse et de la stabilité sociale et s'employait à illustrer de quelle manière les consommateurs sont manipulés par la publicité.

Considéré aux Etats-Unis comme "libéral" (à gauche), il avait conseillé le président démocrate John F. Kennedy et avait été ambassadeur en Inde. Il s'était brouillé avec le président Lyndon Johnson sur la question de la guerre du Vietnam, à laquelle il s'opposait vivement, mais avait contribué à la mise au point du programme de Johnson sur la "Great Society" et était l'auteur d'un important discours présidentiel qui en exposait les objectifs, rappelle le New York Times.

Galbraith , qui était professeur émérite à l'université de Harvard, où il a enseigné durant une bonne partie de sa carrière, est mort samedi dans un hôpital de Cambridge, dans le Massachusetts.

_________________
"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
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MessagePosté le: Mar 02 Mai 2006 04:27    Sujet du message: Répondre en citant

http://permanent.nouvelobs.com/etranger/20060430.FAP3649.html?1116

Citation:
Décès de l'économiste John Kenneth Galbraith --par Ken Maguire--
AP | 30.04.06 | 13:02


John Kenneth Galbraith, l'un des plus célèbres économistes "de gauche" de l'économie de la deuxième moitié du XXe siècle, professeur émérite à Harvard et ardent défenseur de l'interventionnisme public, est mort samedi soir à l'âge de 97 ans.
Son fils Alan a annoncé son décès, de mort naturelle, à l'hôpital Mount Auburn de Cambridge (Massachusetts), où il avait été admis il y a près de deux semaines. "Il a eu une vie remplie et merveilleuse", a-t-il déclaré.
Au cours de sa très longue carrière, cet économiste américain né au Canada aura été conseiller de tous les présidents démocrates, de Franklin D. Roosevelt à Bill Clinton, en passant par John F. Kennedy, dont il fut ambassadeur en Inde.
Sans doute le plus connu des militants "libéraux" (de gauche) américains, président de l'ADA (Americans for Democratic Action, l'un des organismes les plus influents de la gauche américaine), il n'aura eu de cesse de défendre l'importance de l'intervention de l'Etat dans le domaine social et de dénoncer les excès du capitalisme et de la société de consommation.
Son livre le plus célèbre, "L'ère de l'opulence", publié en 1958, lui vaut une notoriété qui ne se démentira plus. Il y développe la thèse selon laquelle l'économie américaine crée certes la richesse individuelle mais ne remplit pas les besoins collectifs, écoles ou autoroutes. En 1999, cet ouvrage était encore classé 46e sur la liste des 100 ouvrages non-romanesques en langue anglaise les plus lus.
Spécialiste d'économie keynésienne, opposant à la guerre du Vietnam et mentor de plusieurs générations de hauts fonctionnaires américains, il défend le "pouvoir d'opposition", notamment le rôle joué par les syndicats dans le rééquilibrage du capitalisme, l'importance de la sagesse populaire.
Travailleur acharné capable d'hiberner plusieurs mois pour écrire dans sa retraite du Vermont, cet écrivain prolifique a à son palmarès notamment "Les Mensonges de l'économie", "Anatomie du pouvoir", "Le Nouvel Etat industriel", mais encore "Journal d'un ambassadeur", né de son expérience en Inde, où il décrit "une institution incontrôlablement marrante": le département d'Etat...
Avec l'économiste soviétique Stanislav Menchikov, il écrit à quatre mains en 1988 "Capitalisme, communisme et coexistence: de l'antagonisme à l'entente". Et en 1999, il revient sur les nombreux grands de ce monde qu'il a fréquentés, pour un livre truffé d'anecdotes sur les coulisses politiques d'une bonne partie du XXe siècle, "Des Amis bien placés, de Roosevelt à aujourd'hui".
Maître d'un humour décapant dont la société américaine a souvent fait les frais, ce géant de deux mètres aura également été un inlassable globe-trotter, passant sa vie à donner des conférences aux quatre coins de la planète.
Né le 15 octobre 1908 dans l'Ontario, diplômé de l'Université de Toronto en 1931, Galbraith s'installe aux Etats-Unis où il termine ses études d'économie rurale en Californie, avant d'enseigner à Harvard puis Princeton. Pendant la guerre, il travaille au bureau fédéral du contrôle des prix, avant de repartir en 1948 à Harvard, où il enseignera jusqu'à sa retraite en 1975. Marié à Catherine Atwater en 1937, il a eu trois fils, Alan, Peter et James. AP

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bouf
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MessagePosté le: Sam 13 Mai 2006 14:51    Sujet du message: Mensonges de l'économie Répondre en citant

L'économie n'est pas une "science" ! J'estime que l'expression "science économique"mérite d'être revue. Elle n'est pas du tout scientifique parce qu'elle démontre un état de situations mercantiles où se rencontrent différents flux monnétaires variables basés sur des échanges prévisibles et pratiqués volontairement par des acteurs économiques sur le marché.
_________________
Le dialogue favorise l'expansion de toutes les ressources puisque des échanges diverses convergent et participent à une vaste construction parfois inattendue par leurs auteurs. L'ignorance s'efface donc au fur et à mesure que des expressions surprenantes nous éclairent autour des résultats positifs constatés en conclusion.

V. K.E.
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Chabine
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MessagePosté le: Sam 13 Mai 2006 15:57    Sujet du message: Re: Mensonges de l'économie Répondre en citant

bouf a écrit:
L'économie n'est pas une "science" ! J'estime que l'expression "science économique"mérite d'être revue. Elle n'est pas du tout scientifique parce qu'elle démontre un état de situations mercantiles où se rencontrent différents flux monnétaires variables basés sur des échanges prévisibles et pratiqués volontairement par des acteurs économiques sur le marché.


Tout à fait, bouf. L'économie a été érigée en science, au cours de l'histoire, pour mieux masquer ses fondements idéologiques.

Pour étayer ce propos, je ne saurais que trop vous recommander l'ouvrage de ce spécialiste d'économie politique :

"Brève Histoire de la pensée économique", de Jacques VALIER
http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=4&srid=299&ida=6020

La perspective historique remet pas mal de pendules à l'heure, et permet de démonter l'escroquerie d'une économie scientifique répondant à des lois mathématiques de toute éternité. Il s'agit, comme dans d'autres disciplines, d'idéologie.

Bienvenue parmi nous, bouf
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GrandKrao
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MessagePosté le: Sam 13 Mai 2006 16:11    Sujet du message: Re: Mensonges de l'économie Répondre en citant

Chabine a écrit:
bouf a écrit:
L'économie n'est pas une "science" ! J'estime que l'expression "science économique"mérite d'être revue. Elle n'est pas du tout scientifique parce qu'elle démontre un état de situations mercantiles où se rencontrent différents flux monnétaires variables basés sur des échanges prévisibles et pratiqués volontairement par des acteurs économiques sur le marché.


Tout à fait, bouf. L'économie a été érigée en science, au cours de l'histoire, pour mieux masquer ses fondements idéologiques.

Pour étayer ce propos, je ne saurais que trop vous recommander l'ouvrage de ce spécialiste d'économie politique :

"Brève Histoire de la pensée économique", de Jacques VALIER
http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=4&srid=299&ida=6020

La perspective historique remet pas mal de pendules à l'heure, et permet de démonter l'escroquerie d'une économie scientifique répondant à des lois mathématiques de toute éternité. Il s'agit, comme dans d'autres disciplines, d'idéologie.

Bienvenue parmi nous, bouf



Chabine tu crois sérieusement que ce n'est qu'une idéologie? peux tu être plus précise!

Les échanges entre les sociétés humaines sont d'abord basé sur leurs besoins pour un mieux être, sauf que l'argent sert aujourd'hui d'intermédiaire pour quantifier ces échanges, et c'est de là que parte toutes ces théories sur l'organisation de ces échanges, d'où celle de l'organisation "scientifique" de ces échanges!
L'economie c'est d'abord la constitution de reserve en biens pour assurer son train de vie quotidient ou l'améliorer(c'est valable pour l'individu comme pour la société)!
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Chabine
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MessagePosté le: Sam 13 Mai 2006 17:21    Sujet du message: Re: LES MENSONGES DE L'ECONOMIE Répondre en citant

GrandKrao a écrit:
Chabine a écrit:
bouf a écrit:
L'économie n'est pas une "science" ! J'estime que l'expression "science économique"mérite d'être revue. Elle n'est pas du tout scientifique parce qu'elle démontre un état de situations mercantiles où se rencontrent différents flux monnétaires variables basés sur des échanges prévisibles et pratiqués volontairement par des acteurs économiques sur le marché.

Tout à fait, bouf. L'économie a été érigée en science, au cours de l'histoire, pour mieux masquer ses fondements idéologiques.

Pour étayer ce propos, je ne saurais que trop vous recommander l'ouvrage de ce spécialiste d'économie politique :

"Brève Histoire de la pensée économique", de Jacques VALIER
http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=4&srid=299&ida=6020

La perspective historique remet pas mal de pendules à l'heure, et permet de démonter l'escroquerie d'une économie scientifique répondant à des lois mathématiques de toute éternité. Il s'agit, comme dans d'autres disciplines, d'idéologie.

Chabine tu crois sérieusement que ce n'est qu'une idéologie? peux tu être plus précise!


Je vais essayer. Pour ce faire, je reproduis un extrait de l'ouvrage de VALIER :

Citation:
Les débats qui animent la vie économique contemporaine ne peuvent être compris indépendamment de la forme qu'ils ont revêtue dans le passé.
Comment, par exemple, appréhender les controverses actuelles sur le libéralisme économique, si l'on ignore que la question de l'interventionnisme de l'Etat partageait déjà les physiocrates et les mercantilistes, qu'elle devait opposer plus tard les socialistes utopiques et Marx aux thèses d'Adam Smith et de Ricardo, et que, dans les années 1930, elle allait rebondir avec la "nouvelle donne" keynésienne ?
Quand on évoque le communisme, sait-on que Platon en son temps s'est prononcé pour la propriété commune et l'interdiction de tout échange marchand, tandis qu'Aristote était favorable à la propriété privée et, dans certaines limites, à l'échange marchand ?
L'histoire de la pensée économique est une nécessité, sauf à imaginer que l'économie politique puisse se réduire, comme elle tend malheureusement à la faire aujourd'hui, à des modèles mathématiques dont les soubassements doctrinaux et théoriques demeurent des non-dits.


L'étude historique des fondements de la pensée économique apporte un éclairage capital sur les CHOIX DE SOCIETE qui ont été adoptés à un moment donné de l'histoire. La controverse entre Platon et Aristote sur la question illustre parfaitement cette question.

Au départ, la pensée économique nait de l'essor de l'économie marchande dans la Grèce Antique. Cet essor conduisant à une accumulation de richesses parallèle à un fort accroissement des inégalités sociales (déjà !), des interrogations morales et sociales apparaissent.

Je cite de nouveau :

Citation:
A partir du VIè-Vè sicèle av. JC., la Grèce connaît un important essor de l'économie marchande. Elle tend à passer d'une économie naturelle, dans laquelle production, répartition des activités de travail et distribution des richesses sont organisées consciemment et collectivement au sein de petites communautés, tribus ou clans, à une économie marchande, où les producteurs, indépendants les uns des autres, produisent pour vendre sur le marché. Les échanges marchands deviennent plus intensifs. Ils s'internationalisent, Athènes contrôlant alors toute une zone commerciale sur le pourtour de la Méditerranée. Athènes, toutes proportions gardées, devient, comme l'Angleterre du XIXè siècle, l'atelier du monde, important des matières 1ères, puis produisant et exportant des produits finis. Parallèlement, l'usage de la monnaie, nécessaire au développement de ces échanges, s'étend considérablement. Il en est de même de la pratique des prêts à intérêt.
Cette évolution économique s'accompagne d'une évolution sociale, et en particulier de l'essor de nouvelles couches sociales qui s'enrichissent : commerçants, marchands, financiers, qui accumulent de l'argent pour satisfaire leurs besoins personnels et non plus, comme les riches d'antan, pour participer à la gloire de la Cité. Les inégalités sociales se creusent entre ces nouvelles couches sociales riches et une plèbe de chômeurs dans les villes, paysans chassés de leurs terres par la concentration de la propriété foncière et qui, une fois en ville, ont du mal à trouver du travail, celui-ci étant pour l'essentiel efectué par des esclaves. L'opposition permanente entre riches et pauvres perturbe profondément le fonctionnement de la cité athénienne. A la démocratie triomphante succèdent des régimes dictatoriaux.
De la fin du Vè siècle au début du IVè siècle av. JC., Athènes connait donc une crise sociale et politique grave. Elle s'accompagne d'une crise morale et intellectuelle qui se manifeste par la mise en cause des lois de la Cité, jusque là intangibles, voire sacrées. L'équilibre remarquable qui s'était établi au Vè siècle, et qui avait fait d'Athènes la plus opulente et la plus inventive des cités, s'effondre.


Voilà pour le contexte. Toute ressemblance avec une situation contemporaine étant tout sauf fortuite, bien sûr Shocked L'histoire repasse les plats... Confused

Et c'est là que l'idéologie entre en scène :

Citation:
C'est sur ce fond de crise que se développe au IVè siècle av. JC. un vaste débat, politique mais aussi économique, puisque est discutée la question de l'économie marchande, et en particulier le problème de savoir s'il faut ou non encourager son développement. Dans ce débat s'illustrent Platon (428-348 av. JC.) et Aristote (384-322 av. JC.).
Contrairement à Platon, son maître, pour qui la construction d'une Cité juste et harmonieuse répond au besoin d'assurer le salut des âmes, Aristote s'attache à la réalisation du bonheur sur terre. Esprit universel et scientifique, il s'intéresse aussi bien à la physique et aux sciences naturelles qu'à l'économie et à la politique. Il traite de l'économie principalement dans deux ouvrages, Politiques et Ethique à Nicomaque.


et nous en venons plus concrètement à la question des CHOIX IDEOLOGIQUES :

Citation:
Platon s'était déclaré favorable à la communauté des biens et à l'interdiction de tout échange marchand et d'usage de l'argent. Dans sa cité idéale, tout appartient à tous. Aristote s'oppose à cette idée d'une communauté des biens, difficile à réaliser, qui entrainerait des conflits beaucoup plus fréquents entre les citoyens et qui les inciterait à moins d'efforts. Il défend la propriété privée, au nom de l'efficacité. Il aborde alors la question de l'économie marchande et celle de la justice.


Tout prend origine à partir du CHOIX IDEOLOGIQUE de société qu'on se fixe comme point de départ. Platon place le bien-être commun au-dessus de tout, Aristote s'inscrit dans une attitude profondemment matérialiste autant qu'individualiste. La place qui revient à ce dernier dans l'idéologie occidentale et chrétienne est tout à fait édifiante, du reste. Il s'agit bien de l'affrontement de 2 conceptions du monde.

On sait quel choix l'a emporté, et quelles en sont les conséquences jusqu'à aujourd'hui. La meilleure façon de désarmer la contestation d'un modèle c'est de l'ériger en vérité absolue. Les "lois d'airain" de l'économie (ultra-libérale si possible... Rolling Eyes ).

L'économie va donc progressivement être érigée en science, ce qui, en cette ère du matérialisme dont la phase triomphante a débuté il y a a plus de 5 siècles, est THE gage de crédibilité absolue (puisque qu'on ne peut pas aller à l'encontre des principes de la science... du moins jusqu'à l'arrivée d'Einstein...)

Le reste n'est que tergiversations diverses autour du degré de barbarie du système choisi (est-ce qu'on exploite à fond ou est-ce qu'on a intérêt à limiter un peu la purge du citron histoire d'avoir une marge Arrow interventionnisme plus ou moins significatif ou pas, keynesianisme, etc, etc...). Celà est ma prise de position personnelle, je sais Confused

GrandKrao a écrit:
Les échanges entre les sociétés humaines sont d'abord basé sur leurs besoins pour un mieux être, sauf que l'argent sert aujourd'hui d'intermédiaire pour quantifier ces échanges, et c'est de là que parte toutes ces théories sur l'organisation de ces échanges, d'où celle de l'organisation "scientifique" de ces échanges!
L'economie c'est d'abord la constitution de reserve en biens pour assurer son train de vie quotidient ou l'améliorer(c'est valable pour l'individu comme pour la société)!

Ton présuposé initial est déjà idéologique, qui doit être précisé : le mieux-être de tous ou d'une minorité ?

Ensuite :
- l'échange marchand est-il le seul moyen d'atteindre ce bien-être ou est-il possible d'en définir d'autres ?
- dans le cas où c'est l'échange marchand qui est choisi comme vecteur, l'argent est-il le seul moyen ou peut-on en définir d'autres ?
- le train de vie quotidien a-t-il vocation à être simplement assuré ou doit-il forcément être "amélioré" en permanence ?
- Quel est le prix à payer sur le long terme pour l'amélioration constante du train de vie quotidien ?

Comme tu le vois, tous ces points partent de postulats idéologiques que nous sommes fondés à interroger.


Pour revenir à KEYNES après ce long détour :
OGOTEMMELI a écrit:
John Keneth GALBRAITH, "Les mensonges de l'économie", éd. Grasset, 2004

CAPITALISME OU ECONOMIE DE MARCHE ?
Quand le mot « capitalisme » est devenu synonyme de « exploitation de l’homme par l’homme », il a été subrepticement remplacé par « Economie de marché » ; ce qui ne veut rien dire mais permet de faire croire que les phénomènes économiques obéissent à des forcent « invisibles », « naturelles ». Or, la configuration des relations économiques telle qu’elle existe procède essentiellement de choix idéologiques identifiables, plus que jamais capitalistes/libéralistes. Or, « en réalité, le marché est habilement géré dans tous ses aspects » [p24], non plus par un individu (propriétaire/entrepreneur) mais par une institution, la SOCIETE ANONYME, avec à sa tête le tout puissant Patron/PDG. « La croyance en une économie de marché où le client est roi est l’un de nos mensonges les plus envahissants » [p29], puisque dans les faits tout est mis en œuvre avec des moyens colossaux (enquêtes, publicité, promotions, etc.) pour anticiper et prescrire les comportements des consommateurs.

on voit bien que nous sommes ici en pleine idéologie. On part du présuposé que "l'Homme est un loup pour l'homme" (Hobbes), et partant de là, on organise le système de prédation d'une façon plus ou moins sophistiquée.

Y a-t-il d'autres voie ? Oui, me semble-t-il, certains Grionautes l'explorent ici : http://www.grioo.com/forum/viewtopic.php?t=1369

en s'appuyant sur un autre repère épistémologique, radicalement opposé : "L'Homme est le remède de l'Homme"

Si on va au bout du raisonnement, les fondements sont éminemment spirituels. Celà est applicable à toute autre discipline dite "scientifique" (sinon les religions ne s'y interesseraient pas).

J'espère avoir répondu à tes questions Wink
_________________
"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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Leviathan
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MessagePosté le: Jeu 22 Mar 2007 09:07    Sujet du message: Répondre en citant

samba94 a écrit:
La prospérité des pays européens s'est faite sur d'abord les profits du trafic négrier puis du pillage des colonies l'afrique en particulier qui continue encore aujourd'hui.
Si ils n'avaient pas pillé l'afrique les européens surtout la France et l'Angleterre auraient le niveau du Portugal ou de la Pologne soit tout diviser par deux . Imaginez ce pays la France avec la majorité des gens qui gagneraient 800 Euros


Mais c'est bizarre parce que les Portugais sont les premiers a arriver en Afrique et sont ceux qui sont restes officiellement le plus longtemps si on constate que l'Angola et le Mozambique n'ont ete decolonises que apres la revolution des oeillets en 1975. Et puis, le Portugal aussi a pille l'Afrique:Angola, Cape Vert, Mozambique, Sao Tome et Principe. Pour Sao Tome et Principe, au cours du XVe siècle, des colons portugais viendront s'installer, apportant avec eux des esclaves qui travailleront dans les plantations de canne à sucre. Ce fut pareil pour toutes leurs colonies d'ailleurs. L'exploitation des portugais a duree jusqu'en 1975, alors pourquoi le Portugal n'est meme pas parmi les 30 plus grande economie de ce monde? Pourquoi la Norvege qui n'a jamais exploitee ou pilee l'Afrique est de loin avant le Portugal et meme, en revenu par habitant et qualite de vie, loin devant la France et l'Angleterre? L'Allemagne non plus n'a pas pilee l'Afrique, mais tu remarqueras que elle devance economiquement l'Angleterre et la France.

Alors si on constate que les pays Europeens qui s'en sorte le mieux, et qui roule sur l'or, sont des pays qui n'ont jamais pille l'Afrique, il faut revoir cette idee du pillage de l'Afrique qui enrichi les anciennes metropoles... Aussi, quand tu dis que des pays comme la France et l'Angleterre auraient le niveau de la Pologne, il faut tout de meme preciser que le PIB de la Pologne est de 303,229 milliards de $, bien avant l'Afrique du Sud et le Nigeria petrolier, le soi disant "geant de l'Afrique noire". Donc on voit que bien que n'ayant jamais pilles l'Afrique, la Pologne s'en sort mieux que les deux plus grandes economies de l'Afrique.

Alors mon cher frere, relativise cette histoire de pillage. Apres avoir ete un pays pauvre et ensuite avoir ete detruit par la guerre, le Japon est devenu en 16 ans( de 1952 a 1968, la seconde economie mondiale! C'est a dire plus riche que l'empire britannique qui a pourtant attaque, subjugue, exploite et pille la moitie de la planete! Qui donc les Japonnais ont ils pilles pour accomplir ce miracle?
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"....a chaque fois qu'un pays africain achete une arme, c'est contre un Africain. Ce n'es pas contre un Europeen, ce n'est pas contre un Asiatique, c'est contre un Africain."-----Thomas Sankara, Addis-Abeba, le 29 Juillet, 1987
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OGOTEMMELI
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MessagePosté le: Jeu 22 Mar 2007 10:32    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Mais c'est bizarre parce que les Portugais sont les premiers a arriver en Afrique et sont ceux qui sont restes officiellement le plus longtemps si on constate que l'Angola et le Mozambique n'ont ete decolonises que apres la revolution des oeillets en 1975. Et puis, le Portugal aussi a pille l'Afrique:Angola, Cape Vert, Mozambique, Sao Tome et Principe. Pour Sao Tome et Principe, au cours du XVe siècle, des colons portugais viendront s'installer, apportant avec eux des esclaves qui travailleront dans les plantations de canne à sucre. Ce fut pareil pour toutes leurs colonies d'ailleurs. L'exploitation des portugais a duree jusqu'en 1975, alors pourquoi le Portugal n'est meme pas parmi les 30 plus grande economie de ce monde?

Il ne suffit pas de posséder des colonies, il faut encore les gérer avec prévoyance et perspicacité. On connait le cas de gens ayant gagné le gros lot et l'ont dilapidé imprudemment, au profit d'autres. Le cas particulier de tel ou tel pays n'invalide pas le fait indéniable que les conséquences économiques de la Traite des Nègres ont été très largement favorables à l'expansion commerciale, technique et industrielle de l'Europe :
Eduardo Galeano a écrit:

L'ESPAGNE POSSEDAIT LA VACHE, MAIS D'AUTRES BUVAIENT SON LAIT

Entre 1503 et 1660, cent quatre-vingt-cinq mille kilogrammes d'or et seize millions de kilogrammes d'argent arrivèrent dans la métropole andalouse. L'argent transporté en Espagne en un peu plus d'un siècle et demi représentait le triple des réserves européennes. Et il ne faut pas oublier que ces chiffres officiels sont sous-évalués.

Les métaux arrachés aux nouveaux territoires coloniaux [grâce, notamment, au travail des esclaves africains] stimulèrent le développement économique européen et même, peut-on dire, le rendirent possible.

Les effets de la conquête des trésors perses qu'Alexandre le Grand déversa sur le monde hellénique ne peuvent être comparés à l'ampleur de cette formidable contribution de l'Amérique au progrès étranger. Non à celui de l'Espagne, certes, bien qu'elle possédât les mines d'argent de l'Amérique.

Au XVIIè siècle, on disait : "l'Espagne est comme la bouche qui reçoit les aliments, elle les mâche, elle les triture, pour les envoyer ensuite aux autres organes, et n'en retient pour sa part qu'un goût fugitif et les particules qui par hasard restent dans ses dents."

Les Espagnols possédaient la vache, mais d'autres buvaient son lait. Les créanciers du royaume, en majorité étrangers, vidaient systématiquement les coffres de la Casa de Contratacion de Séville, destinée à garder enfermé à double tour et sous double surveillance le trésor provenant d'Amérique. La couronne était hypothéquée. Elle cédait à titre d'avance presque toutes les cargaisons d'argent aux banquiers allemands, génois, flamands et espagnols.

Les impôts perçus en Espagne connaissaient en grande partie le même sort : en 1543, 65% du montant des rentes royales étaient destinés au paiement des annuités.

[...] Un rapport français de la fin du XVIIè siècle nous permet de savoir que l'Espagne ne contrôlait alors que 5% du commerce avec "ses" possessions coloniales d'outre-océan, en dépit du mirage juridique du monopole : près d'un tiers du total était entre les mains des Hollandais et des Flamands, un quart entre celles des Français ; les Génois en détenaient plus de 20%, les anglais, 10% et les allemands un peu moins. L'Amérique était un négoce européen.
Charles Quint, héritier des Césars dans le Saint Empire après une élection achetée, n'avait passé en Espagne que seize années sur les quarante de son règne. Ce monarque au menton proéminent et au regard stupide, qui avait accédé au trône sans connaître un seul mot d'espagnol, gouvernait entouré d'une cour de Flamands rapaces qu'il gratifiait de sauf-conduits pour faire sortir d'Espagne des mules et des chevaux chargés d'or et de bijoux ; il les récompensait en leur octroyant des évêchés et des archevêchés, des titres bureaucratiques et même la première autorisation d'emmener des esclaves noirs dans les colonies américaines. Lancé à la poursuite du démon dans toute l'Europe, Charles Quint anéantit le trésor de l'Amérique dans ses guerres religieuses.

["Les veines ouvertes de l'Amérique Latine", pp36-43]

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Les Panafricanistes doivent s'unir, ou périr...
comme Um Nyobè,
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Dilo
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MessagePosté le: Jeu 22 Mar 2007 11:26    Sujet du message: Répondre en citant

Selon LEVIATHAN,
Citation:
...Ce fut pareil pour toutes leurs colonies d'ailleurs. L'exploitation des portugais a duree jusqu'en 1975, alors pourquoi le Portugal n'est meme pas parmi les 30 plus grande economie de ce monde? Pourquoi la Norvege qui n'a jamais exploitee ou pilee l'Afrique est de loin avant le Portugal et meme, en revenu par habitant et qualite de vie, loin devant la France et l'Angleterre? L'Allemagne non plus n'a pas pilee l'Afrique, mais tu remarqueras que elle devance economiquement l'Angleterre et la France.


Outre que Ogotemmeli ait si bien formulé la réponse quant au cas du Portugal, on ne saurait laisser passer ces propos légèrement écrits par Leviathan sur la Norvège et l'Allemagne.
La Norvège dépendait du Danemark jusqu'en 1814 (...), or la GOLD COAST, l'actuel Ghana fut d'abord colonisé et exploité en or et esclaves par les Vickings danois (norvégiens), avant la vente de cette colonie et les autres "possessions" des caraïbes, aux Anglais. Le profit fut énorme pour les Vickings.
L'allemagne a bien colonisé et exploité farouchement l'actuel Namibie, le Tanganyka (Tanzanie), le Cameroun, le Togo, jusqu'en 1918. Et le pillage fut énorme et cruel!!, M. Leviathan.
De la traite négrière à la Francafrique de nos jours, il serait indécent de vouloir minimiser l'énorme profit que tous les pays européens ont tiré, directement ou indirectement, de ces crimes.
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Tii
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MessagePosté le: Jeu 22 Mar 2007 13:39    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

samba94 a écrit:

La prospérité des pays européens s'est faite sur d'abord les profits du trafic négrier puis du pillage des colonies l'afrique en particulier qui continue encore aujourd'hui.


Quel raccourci !

Dès le 13e siècle l’Europe commence à creuser un écart économique - certes limité - avec le reste du monde. Si l’Europe occidentale n’est pas beaucoup plus riche que le reste du monde, elle commence à le dominer notamment à travers les grandes compagnies de commerce qui ont acquis le contrôle des mers (grâce à la supériorité des techniques maritimes).

La traite négrière a certes procuré des bénéfices énormes à l'Occident, mais les bases de la domination économique étaient déjà là.


samba94 a écrit:

Si ils n'avaient pas pillé l'afrique les européens surtout la France et l'Angleterre auraient le niveau du Portugal ou de la Pologne soit tout diviser par deux . Imaginez ce pays la France avec la majorité des gens qui gagneraient 800 Euros.


Et quid du rôle de la révolution industrielle dans l'essor de l'Europe occidentale ?

Cdlt.
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Leviathan
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MessagePosté le: Ven 23 Mar 2007 02:52    Sujet du message: Répondre en citant

Tii a écrit:

La traite négrière a certes procuré des bénéfices énormes à l'Occident, mais les bases de la domination économique étaient déjà là.


Tout a fait.
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Leviathan
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MessagePosté le: Ven 23 Mar 2007 02:58    Sujet du message: Répondre en citant

Dilo a écrit:


L'allemagne a bien colonisé et exploité farouchement l'actuel Namibie, le Tanganyka (Tanzanie), le Cameroun, le Togo, jusqu'en 1918. Et le pillage fut énorme et cruel!!, M. Leviathan.


Oui, mais l'allemagne a perdu sa place au soleil apres le traite de versailles. Le pillage fut enorme et cruel, mais ont ils pilles plus que les Anglais, les Francais et les Portugais qui sont restes presque 60 ans plus longtemps? Je suis desole, c'est pas a cause de son passage en Afrique que l'Allemagne est la 3 eme puissance economique mondiale. Si rien que le pillage rendait une nation riche, et bien la France et l'Angleterre seraient bien avant le Japon et l'Allemagne.

Citation:
De la traite négrière à la Francafrique de nos jours, il serait indécent de vouloir minimiser l'énorme profit que tous les pays européens ont tiré, directement ou indirectement, de ces crimes.


Dis moi un peu, ce sont les arabes qui ont commences la traite, et quelles sont les profits tirés par ces arabes? Sont-ils pour autant plus riche que les pays comme Singapour et le Japon? Ou meme la Pologne et l'Italie?
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Leviathan
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MessagePosté le: Ven 23 Mar 2007 03:07    Sujet du message: Répondre en citant

samba94 a écrit:
....le Japon ne s'est pas interesse a l'afrique mais a bel et bien colonisé ses voisins Corée et Chine. L'une des raisons de développement du Japon ça à été la quasi interdiction d'avoir une armée ce qui a supprimé un lourd poste budgétaire mais aussi une très bonne gestion et des institutions très stables.


Okay, je t'accorde que le Japon a colonisé ses voisins de la Corée et de la Chine, mais est-ce que ces pays ont autant de richesses naturelles que les pays Africains? Et puis, a l'heure des indepances des pays Africains, la Chine et la Coree n'est elles pas plus pauvres que les pays Africains? Mais maintenant regardes ou est la Corée et ou va la Chine...Singapour, colonise par les Britanniques et ayant gardee l'anglais comme langue administrative, n'a rien a envier aujourd'hui a son ancienne colonie. La Malaisie aussi s'en sort tres tres bien. Elle fais 100 mieux que les pays Africains ayant ete aussi colonise par la meme couronne britannique. Aucun pays Africains n'a rattrape son pays colonisateur sur le plan economique. Tandis que Singapour a un revenu par habitant presque du meme niveau que l'Angleterre et la France.
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Leviathan
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MessagePosté le: Ven 23 Mar 2007 03:13    Sujet du message: Répondre en citant

Dilo a écrit:

La Norvège dépendait du Danemark jusqu'en 1814 (...), or la GOLD COAST, l'actuel Ghana fut d'abord colonisé et exploité en or et esclaves par les Vickings danois (norvégiens), avant la vente de cette colonie et les autres "possessions" des caraïbes, aux Anglais. Le profit fut énorme pour les Vickings.



La Norvege doit sa richesse a sa gestion exemplaire de son petrole et a un systeme qui lui convient parfaitement bien. Rien avoir avec leur dependance du Danemark des siecles precedent. Et puis meme, jusqu'a la fin de la deuxieme guerre mondiale, la Norvege etait un pays pauvre. Ce n'est que apres la decouverte du petrole dans la mer du nord en 1959 que les choses ont commences. Compare un peu ce que les Norvegiens ont fait avcec leur petrole et ce que le Nigeria a fait avec le sien. Le nigeria a recu 300 milliards de revenu petroliers en 25 ans, et malgre tout, il reste l'un des pays les plus pauvre de la planete avec des infrastructures qui ne depasse meme pas ceux de la Pologne ou de la Croatie!

Ok, le profit fut enorme pour les Vikings, mais qu'est ce qui empeche les Bantus, Peuls et Nilotiques de faire des enormes profits et de maitriser les technologies et les industries comme les font les scandinaves? Donc tu vois que c'est pas une question de pillage, d'exploitation et de traite. C'est une question de mauvaise gestion, de corruption, de manque d'organisation, de vision, et de savoir-faire. Malgre tout nos malheurs, l'Afrique a eu largement le temps de rattrapes ses bourreaux. Vu que la prosperite generale n'a n'interesse pas les dirigeants africains et que le desir de depasser les autres ne les chatouille pas, voila ce que on a.
_________________
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Dilo
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MessagePosté le: Ven 23 Mar 2007 09:16    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Leviathan!
Je n'ai pas l'habitude de bavardage infructueux. L'instigateur de ce topic l'a intitulé "Les mensonges de l'économie", et l'a voulu comme une contestation du terme "sciences" économiques.
J'ai voulu faire une remarque d'appoint sur un bout de ton intervention hors du débat voulu par l'initiateur du topic.
Ceci dit, sur ton approche ci-dessus, je suis en accord avec toi sur certains points, quant à la situation des pays que tu cites, soient-ils européens ou africains. L'organisation, le sérieux, la prévention, le patriotisme font la différence entre l'Afrque et ses bourreaux.
Mais comment vouloir comparer un continent déboussolé comme notre Afrique à genoux et des nations qui justement ont puisé leur force en nous réduisant à ce que nous sommes devenus? Donc des complexés, des dépendants, des vulnérables.
Bien sûr ni l'Allemagne, ni la Norvège ni la Suisse (par exemple) n'ont atteint leur statuts économiques actuels en raison de l'exploitation de l'Afrique, mais de l'ardeur et du sérieux dans l'organisation de leurs pays.
Tant que l'Afrique ne se libérera pas mentalement, tout l'or, le diamant, le pétrole de ce monde ne sera qu'une manne pour les autres et pour une poignée d'Africains riches mais sans dignité.
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MessagePosté le: Jeu 08 Mai 2008 01:26    Sujet du message: Répondre en citant

Je relance ce topic avec une réflexion, ma foi (sans jeu de mots Laughing ) fort d'actualité. Spéciale dédicace aux plus fervents adeptes du "le Capitalisme va nous sauver, le libre-échange, c'est ça même qui est la vérité". Hier encore triomphants, bien aphones aujourd'hui... Confused

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1949

Dany-Robert Dufour : « Notre dieu marché et ses fausses promesses d’abondance »
2 mai 2008

« Le marché présente les attributs de la divinité : il prétend posséder l’omnipotence pourvu qu’on le laisse vraiment jouer, et il se présente comme le lieu même de la vérité. Laissez jouer de façon immanente les passions privées, et l’intérêt général sera servi. Ce serait miraculeux... si ce n’était une idée fausse par son dogmatisme même. Ce qui commence à apparaître clairement, notamment parce qu’il existe une contradiction entre l’économie marchande, qui fonctionne sur l’idée d’une production infinie de richesses, et l’économie du vivant, qui se constitue à partir du constat que la terre est ronde, donc finie, et que les ressources naturelles sont limitées. » Dany-Robert Dufour est philosophe et a publié « Le Divin Marché ».


Dany-Robert Dufour s’entretient avec Bernard Poulet pour l’Expansion, 1er avril 2008

Au moment où l’on parle de désenchantement du monde, vous affirmez que les hommes se sont donné un nouveau dieu, le marché. Est-ce autre chose qu’une image ?

Oui, car si nous sommes sortis des formes de la religion transcendante, celle qui était donnée de l’extérieur par une divinité venue d’au-delà du monde des hommes, nous sommes véritablement entrés dans une nouvelle religion immanente. Ma réflexion part, entre autres, des textes des jansénistes et des calvinistes du XVIIe siècle, de Pascal, de Nicole et de Bayle. Ces penseurs se heurtaient au problème qu’au-delà du petit cercle des élus il fallait proposer quelque chose au reste de l’humanité. C’est Bernard de Mandeville, un calviniste, qui a résolu la question avec sa célèbre Fable des abeilles, en conjecturant que « les vices privés font la vertu publique ». Bref, on passe du plan A de Dieu, la sainteté réservée à ceux qui ont la grâce, au plan B, qui postule que Dieu n’a pas pu abandonner les hommes chus. Ce plan secret dit que c’est par leurs vices que les hommes seront sauvés, dans la mesure où ils concourent ainsi, même involontairement, à la fortune publique.

Cette thèse est le germe de la nouvelle religion qui se réalise dans le « divin marché », notamment grâce à Adam Smith : il reprend Mandeville et le blanchit, substituant à la notion de vice celle d’intérêt privé et de self-love(l’égoïsme) comme source de l’intérêt collectif. On oublie souvent qu’Adam Smith était un théologien et que son invention du marché s’inscrit dans les problématiques de la Providence. Il s’inspire des réflexions de Newton, pour qui Dieu, le grand horloger, n’a pas organisé le cosmos au hasard. Smith réintègre cette interprétation dans l’ordre humain : l’intérêt privé chez Smith joue le même rôle que l’attraction chez Newton. De l’un comme de l’autre découle l’harmonie du tout. Autrement dit, la recherche des intérêts privés entraîne des bénéfices publics. Aujourd’hui, beaucoup d’économistes oublient les fondements théologiques de cette doctrine et croient qu’ils sont dans un modèle de pure rationalité.

Ce sont les origines, mais aujourd’hui le marché n’est-il pas conçu plus rationnellement ? Pourquoi serait-il « divin » ?

Parce que ces idées s’accompagnent d’une série de nouveaux commandements. Nous sommes passés des religions transcendantes, qui étaient fondées sur des interdictions - « Tu ne tueras point », etc. -, à une nouvelle religion fondée sur des commandements incitateurs - tu dois viser ta jouissance personnelle, tu dois réaliser tes passions privées, etc. Ces principes dépassent l’économie, où ils fonctionnent plutôt bien, pour toucher tous les domaines de la vie.

Or les autres grandes économies humaines, les économies symbolique, politique, psychique, sémiotique, etc., ne fonctionnent pas selon les mêmes principes. Par exemple, dans l’économie psychique, le non-frein à la jouissance peut devenir mortifère. Ainsi, l’économie du désir fonctionne avec des interdits comme l’interdit de la mère, qui autorise le désir pour les autres femmes. Dans une économie de laisser-faire psychique, l’enfant ne connaît plus de limites et, basculant du côté de l’économie de la jouissance, il tendra à vouloir assouvir tous ses désirs. C’est ainsi que nous nous trouvons assujettis à une nouvelle divinité perverse, quelque peu sadienne, qui nous dit : « Jouissez ! » Le marché laisse croire à l’individu qu’il va pouvoir satisfaire ses pulsions en lui fournissant tous les objets dont il a besoin.

En réalité, cet assouvissement pulsionnel entraîne de redoutables phénomènes d’addiction, de sorte que la jouissance attendue n’advient jamais vraiment. C’est ce manque qui explique l’importance des phénomènes de dépression, qui remplacent de plus en plus la névrose classique en produisant un trouble psychique dans lequel on se retrouve en deçà de soi-même. Cela se manifeste aussi avec ces gens au-delà d’eux-mêmes, dans une sorte d’infatuation subjective, possédés par un sentiment de toute-puissance entraînant la multiplication de comportements que l’on qualifie de pervers.

Vous laissez entendre que ce serait le cas de notre président de la République ?

C’est en effet un cas intéressant... Il est probable que celui-ci fournisse un bon exemple d’infatuation subjective. Je dirai même qu’il donne une sorte de leçon de perversion, sur le thème : « Faites comme moi, jouissez ! » On ne cache plus et, surtout, on ne se maîtrise plus. Au contraire, on exhibe, et c’est un des symptômes des troubles contemporains liés à ce commandement du laisser-faire. Laissez faire les vices privés, les passions, les pulsions ! Bref, je crois que notre président donne un fort mauvais exemple à la jeunesse de notre pays, car il ne semble pas savoir que l’autonomie, telle qu’elle a été définie par Rousseau ou par Kant, ce n’est pas faire tout ce que l’on veut, mais « obéir aux lois qu’on s’est données ». Ce qui suppose un long travail sur soi, fait avec d’autres, permettant de se rendre maître de ses passions et de ses pulsions, seule façon d’être vraiment libre.

Mais en quoi le marché devient-il une divinité ? Il n’y a que de l’immanent dans tout ça...

Le marché présente les attributs de la divinité : il prétend posséder l’omnipotence pourvu qu’on le laisse vraiment jouer, et il se présente comme le lieu même de la vérité. Laissez jouer de façon immanente les passions privées, et l’intérêt général sera servi. Ce serait miraculeux... si ce n’était une idée fausse par son dogmatisme même. Ce qui commence à apparaître clairement, notamment parce qu’il existe une contradiction entre l’économie marchande, qui fonctionne sur l’idée d’une production infinie de richesses, et l’économie du vivant, qui se constitue à partir du constat que la terre est ronde, donc finie, et que les ressources naturelles sont limitées. La promesse, quasi religieuse, d’une richesse progressant infiniment n’est donc pas tenable. La crise financière et économique qui vient d’exploser l’illustre, et si nous ne comprenons pas qu’elle en annonce d’autres, bien plus sérieuses, c’est probablement parce que nous sommes victimes d’un dogme assez aveugle.

Pourtant, les économistes les plus libéraux, à l’instar d’un Friedman, ne sont pas religieux, ils se veulent au contraire hyperrationnels...

Milton Friedman donne une place absolue à l’idée que les échanges peuvent s’autoréguler. Et quand il y a de l’absolu, il y a du religieux. Il estime, par exemple, dans sa fameuse théorie des prix, que des millions d’actes individuels s’ignorant les uns les autres peuvent aboutir à un équilibre des prix, entre des gens qui n’ont besoin, comme il le dit lui-même, ni de se parler, ni de s’aimer, ni même de se connaître. Or je crois que cette idée qu’il n’y a besoin ni de se parler, ni de se connaître, ni de s’aimer attente justement à toute l’économie symbolique, au besoin d’échanger avec l’autre, à la nécessité de construire quelque chose qui assure une régulation symbolique.

Pourquoi opposez-vous gouvernance à gouvernement ?

La gouvernance vient directement de l’expression américaine de corporate governance, qui, elle-même, renvoie à un tournant décisif dans la gestion de l’entreprise. Bien loin d’indiquer un approfondissement de la démocratie, elle désigne la prise de pouvoir du capitalisme financier sur le capitalisme industriel. Elle paraît contester les lourds pouvoirs centralisés. En fait, c’est un masque pour la prise de pouvoir par les actionnaires, résultat du libre jeu du marché.

La gouvernance tend un redoutable piège à la démocratie : elle se présente comme son élargissement par une meilleure participation de la société civile alors qu’elle détruit le seul espace où les citoyens peuvent accéder à la démocratie. Avec la gouvernance, on aboutit à la disparition des instances qui, comme l’Etat, pourraient jouer un rôle régulateur, au-dessus des intérêts particuliers. Il y a renversement au détriment du politique et en faveur de ce qu’on appelle la société civile, laissant libre champ aux rapports de forces, donc à la victoire des plus forts, ici les marchés financiers.

Pour vous, la « pensée 68 » aurait contribué à la victoire de l’ultralibéralisme ?

Autour de 1968, notre monde a connu un passage du modèle keynésiano-fordiste au modèle ultralibéral. Parallèlement se sont développées les philosophies postmodernes, celles notamment de Foucault ou de Deleuze. La critique des institutions de Foucault, brillante et forte, visant à déconstruire toutes les institutions qui « emprisonnaient l’individu », comme l’école, la prison, l’hôpital ou l’asile, a en fait nourri la pensée de la dérégulation. Il s’agissait de concevoir un nouvel espace politique et social autorisant tout acte singulier, une société fondée sur la récusation de toute régulation.

Ensuite, plus trivialement, les étudiants de 1968 ont préparé le triomphe de cette société avec des slogans comme « jouir sans entraves », « réalisez vos désirs », etc., sans s’apercevoir que tout cela allait non pas détruire l’ancien capitalisme, mais devenir l’idéologie de l’anarcho-capitalisme ultralibéral. C’est ce qui me fait dire que nombre d’insurgés de 1968 ont été victimes d’une sérieuse ruse de l’histoire : pour l’essentiel, ils ont atteint des buts exactement contraires à ceux qu’ils visaient.

Alors, que met-on à la place de ce dieu marché ?

L’humanité a passé son temps à tuer ses dieux, elle peut encore le faire. Je ne condamne pas le marché - c’est le mode d’échange entre les hommes institué presque depuis la nuit des temps -, mais je suis contre l’idée que tout est « marchandisable ». Face au divin marché, il faut élaborer des limitations, que ce soit pour la production des richesses, qui ne pourra pas être infinie puisque nos ressources sont finies, ou pour la satisfaction des intérêts privés. Il faut en somme remettre le marché à sa place pour qu’il ne s’impose plus comme un absolu au détriment des autres économies humaines.

Le Divin Marché : La révolution culturelle libérale
Présentation de l’éditeur : " Les vices privés font la fortune publique " : cette formule aujourd’hui banale scandalisa l’Europe des Lumières lorsqu’elle fut énoncée pour la première fois en 1704 par Bernard de Mandeville. Pourtant. ce médecin, précurseur trop méconnu du libéralisme, ne faisait qu’énoncer la morale perverse qui, au-delà de l’Occident, régit aujourd’hui la planète. Elle est au cœur d’une nouvelle religion qui semble désormais régner sans partage, celle du marché : si les faiblesses individuelles contribuent aux richesses collectives, ne doit-on pas privilégier les intérêts égoïstes de chacun ? En philosophe, Dany-Robert Dufour poursuit dans cet ouvrage ses interrogations sur les évolutions radicales de notre société. En présentant, en autant de chapitres. les " dix commandements " inquiétants qui résultent de la morale néolibérale aujourd’hui dominante. il analyse les ébranlements qu’elle provoque dans tous les domaines : le rapport de chacun à soi et à l’autre, à l’école. au politique, à l’économie et à l’entreprise, au savoir, à la langue, à la Loi, à l’art, à l’inconscient, etc. Et il démontre ainsi qu’une véritable révolution culturelle est en cours.

Dany-Robert Dufour, philosophe, est professeur en sciences de l’éducation à l’université Paris-VIII, directeur de programme au Collège international de philosophie.
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"Le colonialisme et ses dérivés ne constituent pas à vrai dire les ennemis actuels de l'Afrique. À brève échéance ce continent sera libéré. Pour ma part plus je pénètre les cultures et les cercles politiques plus la certitude s'impose à moi que LE PLUS GRAND DANGER QUI MENACE L'AFRIQUE EST L'ABSENCE D'IDÉOLOGIE."
Cette Afrique à venir, Journal de bord de mission en Afrique occidentale, été 1960, Frantz Fanon, Pour la Révolution Africaine
2011, annee Frantz Fanon
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