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"Entre les murs", de Laurent Cantet, remporte la Palme d'or du 61e Festival de Cannes
Pour la première fois depuis 21 ans et Sous le soleil de Satan de Maurice Piala en 1987, le jury a de nouveau décerné la palme d'or à un film français, Entre les murs, réalisé par Laurent Cantet.
Par Audrey Brière le 26/05/2008

Laurent Cantet et les acteurs (Reuters)



















Dimanche 25 mai 2008, cérémonie de clôture du 61e Festival de Cannes. Pour la première fois depuis 21 ans et Sous le soleil de Satan de Maurice Piala en 1987, le jury a de nouveau décerné la palme d'or à un film français, Entre les murs, réalisé par Laurent Cantet. Le film, qui avait été sélectionné à la dernière minute, se glissant à une place vide une semaine après la conférence de presse qui avait annoncé la sélection officielle, a malgré tout fait l'unanimité du jury. Nicolas Sarkozy et Christine Albanel, la ministre de la Culture, ont rendu hommage aux acteurs.

Pour suivre une année scolaire dans un collège parisien, le cinéaste a fait appel à un vrai professeur de français, François Bégaudeau, ainsi qu'à des élèves. Il a reçu son prix entouré des adolescents du film. François Bégaudeau, qui incarne le professeur, a estimé que le film visait à donner aux « vieux » des nouvelles d'une jeunesse « pas plus con qu'une autre ». « C'est plutôt un film à destination des vieux, si je peux me permettre », a-t-il indiqué cours de la conférence de presse qui a suivi le palmarès. « Il y a un discours sur la jeunesse qui est vieux comme le monde et qui a tendance à s'intensifier depuis quelque temps, à savoir: les jeunes sont cons, les jeunes jouent au jeux vidéo, ils sont analphabètes, etc. », a poursuivi le professeur de français, auteur du livre dont s'est inspiré Laurent Cantet. « Tous ces gens qui prétendent juger la jeunesse, qui représente quand même des millions de personnes, en deux ou trois aphorismes, ça leur fera du bien de prendre des nouvelles de la jeunesse. Elle est pas plus con qu'une autre », a-t-il conclu.

Quant aux adolescents, ils ont savouré leur succès. Franck Keïta, qui interprète le rôle de Souleymane dans le film, a déclaré que la récompense obtenue était « un truc de dingue. On était tous émus, tous contents ». « Si on nous avait dit qu'on irait à Cannes, je l'aurais pas cru. Si on nous avait dit qu'on aurait la Palme d'or, non plus », s'est-il enthousiasmé. « On a vécu l'inimaginable. On a monté les marches ! », s'est pour sa part exclamé Nassim Amrabt, ravi de pouvoir dire qu'il « a vécu une expérience dans le cinéma ». Et les élèves de remercier chaleureusement l'équipe du film, réalisateur en tête. Pour Franck-Souleymane, cette expérience les a fait mûrir. « Quand on a commencé, on était tout petits. Cela nous a fait réfléchir, nous a fait grandir ».

Laurent Cantet, 46 ans a déjà à son actif trois longs-métrages, Ressources humaines, L'Emploi du temps et Vers le sud. Chacun de ses travaux donnent à voir la réalité du monde et ses inquiétudes. Avec Entre les murs, il signe un « film généreux, sensible et profondément humain, qui reflète la diversité et la complexité de la société française », selon la directrice générale du Centre national de la cinématographie (CNC), Véronique Cayla, qui a par ailleurs salué la vitalité du cinéma français.

Quant au reste du Palmarès, l'Italien Matteo Garrone a reçu le Grand prix pour Gomorra, réquisitoire contre la mainmise de la mafia sur la ville de Naples. Catherine Deneuve et Clint Eastwood ont reçu un prix spécial rendant hommage à l'ensemble de leur carrière, et le prix du jury a été décerné à l’Italien Paolo Sorrentino pour Il Divo, qui reconstitue les années Giulio Andreotti, ancien président du Conseil. Le Turc Nuri Bilge Ceylan a reçu le prix de la mise en scène pour Les Trois Singes, et Le Silence de Lorna de Jean-Pierre et Luc Dardenne celui de meilleur scénario. La Brésilienne Sandra Corveloni, pour son rôle dans Linha de Passe de Walter Salles et Daniela Thomas, a été consacrée avec le prix d'interprétation féminine, et Benicio Del Toro, Ernesto Che Guevara dans le Che de Steven Soderbergh, celui d'interprétation masculine.
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