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Carlos Wembe : ''il est possible de gérer les risques bancaires dans les pays en développement''
Consultant en gestion des risques, Carlos Wembe revient sur son dernier ouvrage et les problématiques liées aux risques d'investissement dans les pays en développement, particulièrement en Afrique
Par Redaction Grioo.com le 02/01/2013
Monsieur Wembé vous êtes l’auteur du livre « Méthodes et techniques de gestion des risques bancaires. Application aux pays en voie de développement », présentez-vous à nos internautes.

Permettez-moi tout d’abord de remercier Grioo.com, pour sa contribution à la promotion de la culture africaine à travers le monde.

Je suis camerounais, j’ai 30 ans. Je suis consultant en gestion des risques bancaires. J’ai travaillé au sein des groupes bancaires BNP Paribas, Société Générale, et Rothschild. Je suis diplômé de Sciences Po Paris, de l’Université Catholique de Lille et de l’Université Catholique d’Afrique Centrale.

Votre livre parle d’un problème majeur, et aujourd’hui d’actualité compte tenu des récents développements de la crise économiques de 2007. Comment est née l’idée, quelle est la problématique abordée et à qui s’adresse l’ouvrage ?

L’idée est née des difficultés que j’ai rencontrées, en tant qu’étudiant d’abord et en tant que professionnel plus tard, à me procurer des ouvrages traitant des problématiques propres aux économies africaines. Elle a pris corps au fil de mes études universitaires et de mes expériences professionnelles.

Mon ouvrage traite de la gestion des risques bancaires dans le contexte économique particulier des pays en développement. Il intègre les différentes contraintes liées à ces économies : faible degré de financiarisation, faible taux de bancarisation, fortes contraintes réglementaires, importance du secteur informel, etc. Cette édition est consacrée aux risques liés aux crédits d’investissement, en adoptant le point de vue du banquier.

L'ouvrage traite de la gestion des risques bancaires dans le contexte économique particulier des pays en développement. Il intègre les différentes contraintes liées à ces économies : faible degré de financiarisation, faible taux de bancarisation, fortes contraintes réglementaires, importance du secteur informel...
Au-delà de la gestion des risques, le livre s’intéresse au problème de l’accès aux crédits bancaires par les entreprises africaines, en particulier les PME, qui demeurent le moteur de l’économie. L’accès au crédit bancaire permet de financer l’investissement, qui à son tour permet de relancer la croissance et de réduire la pauvreté.

Le livre s’adresse à tous ceux qui s’intéressent au problème du financement de l’économie par les banques (professionnels, étudiants, etc.). L’ouvrage expose, en termes simples, les principales techniques de gestion des risques liés aux crédits d’investissement, tout en évitant une mathématisation excessive.

L’accès à des sources de données fiables, dans le domaine bancaire, représente une contrainte majeure dans certains pays en développement. Comment avez-vous fait face à cette difficulté ?

C’est une excellente question, car la fiabilité des sources de données est essentielle. Cet ouvrage a été réalisé dans le cadre d’un travail de recherche universitaire. Il apporte donc un regard « scientifique » sur le sujet traité. Les données ont été collectées en entreprise, lors de descentes réelles sur le terrain et d’entretiens. Je me suis également appuyé sur la littérature économique et financière, et sur mon expérience. Comme je l’indique dans le livre, certaines données jugées confidentielles n’ont pas été présentées, même si elles ont contribué à l’analyse.

L’accès à l’information dans les pays en développement est évidemment un problème lié, en partie, au coût financier engendré par les méthodes de collecte. Cependant, avec le développement des moyens modernes de communication (internet, etc.), ce problème tend à s’estomper.

Le livre s’intéresse également au problème de l’accès aux crédits bancaires par les entreprises africaines, en particulier les PME, qui demeurent le moteur de l’économie...

Wembe Carlos
Revenons, quelque peu, sur la question de l’octroi de crédits par les banques au sein des économies africaines. Prenons le cas de votre pays, le Cameroun. Pourquoi les banques qui y sont implantées ne prêtent pas ?

C’est une question très intéressante et à laquelle il est difficile de répondre brièvement. Effectivement, les banques implantées dans certains pays africains ont du mal à faire confiance aux entrepreneurs. Elles prêtent très peu à moyen et long terme, et à des conditions jugées sévères. Les financements à long terme ont représenté chaque année, en moyenne seulement 2,23% de l’encours total des concours bancaires, entre 2007 et 2010 dans la zone CEMAC (Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale). Plusieurs raisons sont évoquées.

La fonction principale d’une banque est d’être l’intermédiaire entre ceux qui détiennent un excédent de capitaux (les épargnants), et ceux qui en ont besoin (les investisseurs). Elles ont donc des contraintes liées à la nature des fonds collectés (court terme contre moyen/long terme), à la réglementation bancaire en vigueur et au profil de risque de l’investisseur. Cette dernière contrainte est la plus souvent avancée par les banques.

En outre, (pour le Cameroun, ainsi que la majorité des pays de la CEMAC), le contexte historique (la crise financière des années 90 ayant entrainé d’importantes restructurations dans le domaine bancaire, les conséquences des programmes d’ajustement structurel, la dévaluation du FCFA, et la crise bancaire récente de 2007) explique en partie la frilosité des banquiers. Des progrès ont cependant été faits, comme le confirment certains indices internationaux.

Les banques implantées dans certains pays africains ont du mal à faire confiance aux entrepreneurs
Carlos Wembe
L’un de ces indices est l’environnement des affaires. Il est défini par la Banque Mondiale et se base sur dix critères, parmi lesquels : les difficultés d’obtention d’un crédit, le degré d’ouverture de l’économie, ou encore le temps mis pour créer une société.

En 2012, 46 économies d’Afrique Sub-saharienne figuraient dans le classement. Sur le critère « obtention de crédit », le Cameroun a été classé 12ème, en tête des pays de la sous-région d’Afrique Centrale (au même titre que le Gabon et la Guinée Équatoriale). Même si des améliorations sont à faire, l’environnement bancaire et financier camerounais est considéré comme l’un des plus dynamiques de la sous-région d’Afrique Centrale.

Quelles solutions proposez-vous dans votre ouvrage et ou peut-on se procurer votre livre ?

L’objet du livre est de réconcilier les attentes du banquier de celles du client. Le but étant d’une part, de faciliter l’accès au crédit bancaire aux entreprises ; d’autre part, de permettre au banquier de sécuriser ses marges.

Dans cette optique, je fais appel à des méthodes qui ont fait leur preuve dans les pays d’Asie ou d’Inde. Ces méthodes sont basées, par ordre d’importance, sur des critères qualitatifs, réglementaires et quantitatifs.

Le livre est disponible en ligne, notamment sur le site Amazon.fr via le lien suivant : Méthodes et techniques de gestion des risques
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