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Monsieur Cahuzac : du mensonge à la descente aux enfers
Lucien Pambou revient sur la chute de Jérome Cahuzac
Par Lucien Pambou le 11/04/2013

Jérôme Cahuzac
Est pris celui qui croyait prendre en otage la République par ses convictions qui ont fini par devenir des mensonges. C’est bien Monsieur Cahuzac, ancien Ministre du Budget, qui est au centre de cette affaire marquée par des revirements et une faillite morale de la part du Ministre.

Pour le philosophe Nietzsche, le pire ennemi du mensonge n’est pas la vérité mais bien les convictions d’un individu. Armé de cette maxime, Monsieur Cahuzac est passé du statut de victime (à laquelle on a prêté la présomption d’innocence), à celui de menteur professionnel après avoir porté aux gémonies le site Médiapart dont la ténacité des journalistes et de son directeur a fini par faire triompher la vérité sur le personnage romanesque que représente Monsieur Cahuzac membre du gouvernement de François Hollande.

La République irréprochable de François Hollande n’est pas comptable des comportements délictueux de ses Ministres, elle reste néanmoins éclaboussée par la faute morale et la responsabilité politique d’un de ses Ministres en vue
Lucien Pambou


La République irréprochable de François Hollande n’est pas comptable des comportements délictueux de ses Ministres, elle reste néanmoins éclaboussée par la faute morale et la responsabilité politique d’un de ses Ministres en vue : Monsieur Cahuzac. « Démissionnez Monsieur Cahuzac de votre mandat de député », lui demandent certains de ses amis après que le Président de la République et le Premier Ministre aient mis fin à sa fonction de Ministre. Au nom de la morale républicaine et de la faute lourde qu’il a commise, Monsieur Cahuzac va-t-il partir du parti socialiste et laisser son mandat de député ? Monsieur Cahuzac a menti en regardant dans les yeux ses collègues lors d’un débat à l’Assemblée nationale.
En reconnaissant ses fautes, Monsieur Cahuzac a inauguré pour la France la stratégie de l’aveu souvent adoptée outre atlantique par les prévenus qui souhaitent bénéficier de la mansuétude du jury pour amoindrir leur peine. Mentir aux Etats Unis quand on est accusé sur la base de preuves est un parjure, alors que dans notre pays mentir peut être considéré comme un exercice qui vise à préserver ses intérêts et qui, de ce point de vue, n’est pas reconnu comme un délit.

La position de Monsieur Cahuzac devient intenable même si, par son mea culpa, il innove en matière de culpabilité. L’affaire Cahuzac, toute proportion gardée, ressemble un peu à celle de DSK/Nafissatou Diallo (affaires de mœurs) et à celle de Lance Amstrong/Fédération internationale de cyclisme (affaire de dopage et de tricherie). Dans les trois cas nous sommes dans des situations de mensonges qui ont tardé à éclore.

La position de Monsieur Cahuzac devient intenable même si, par son mea culpa, il innove en matière de culpabilité
Lucien Pambou


Les faits sont avérés, François Hollande l’a compris en publiant un communiqué. En intervenant à la télévision le Président de la République a voulu montrer sa désapprobation, se désolidariser de son Ministre et profiter d’une fenêtre de tir négative pour faire des propositions (projets de loi à venir) concernant une République exemplaire qui oblige dans ce type d’affaires à laisser les juges travailler et à contraindre les Ministres à déclarer leur patrimoine. En cas de faute politique grave (détournement et blanchissement d’argent, fraude fiscale, etc.), il faudrait que les Ministres reconnus coupables soient déchus de leur mandat national.

Jérôme Cahuzac
Pauvre République française meurtrie par ses élites politiciennes dont la plupart d’entre elles sont corrompues. Ces élites aux affaires demandent aux populations françaises assommées par l’austérité de faire des efforts, de payer leurs impôts alors qu’elles se goinfrent en utilisant des comptes bancaires dissimulés et logés ailleurs dans des paradis fiscaux.

Après on s’étonnera que les élites soient traitées de pourries, ce dont elles se défendent toujours sur les plateaux de télévision et à la radio. En se mettant à table, Monsieur Cahuzac soulage peut-être sa conscience, mais il approfondit l’écart entre les élites et la population, ce qui se traduit souvent par une abstention forte élections après élections.

N’en déplaise à certains journalistes (...) Monsieur Cahuzac est bien coupable


N’en déplaise à certains journalistes qui, au nom de leur réputation de chroniqueurs sur les radios nationales et sur une grande chaîne de télévision, se sont octroyés le droit d’accuser Médiapart de fonder un journalisme de sensation et de culpabilité (Libération du 3 avril 2013, « Ténacité de Médiapart » de Isabelle Hauney), Monsieur Cahuzac est bien coupable. Haro sur ces journalistes trop proches de la gamelle politique, qui oublient que lorsque la Droite était aux Affaires, ils ne se gênaient pas pour critiquer celle-ci avec véhémence. Maintenant que leurs amis sont aux Affaires, ils veulent donner des leçons de morale à la terre entière et même à certains de leurs confrères qui ne font que leur travail.
Messieurs les gamellistes du pouvoir, taisez-vous. On vous a pris la main dans le pot de confiture, heureusement que des médias comme Médiapart, le Canard enchainé et d’autres médias existent. Le journalisme d’investigation qui n’est pas habituel dans notre tradition française, ne doit pas être considéré comme un journalisme de caniveau mais bien un journalisme qui fonde le pluralisme.

Monsieur Cahuzac, vous êtes aux enfers, vous avez commis une faute morale lourde, vous avez avoué votre responsabilité, vous devez, ni plus, ni moins, et comme n’importe quel citoyen, accepter le verdict de la justice, mais, en attendant ce verdict, démissionner de vos mandats électifs communaux et nationaux. C’est à ce prix que la forte chaleur de l’enfer sera atténuée.

Messieurs les gamellistes du pouvoir, taisez-vous
Lucien Pambou


Ce qui vaut aujourd’hui pour Monsieur Cahuzac au PS et au nom de la justice, devra s’appliquer à n’importe quel responsable politique de l’UMP, de l’UDI, du Front de Gauche, du Parti communiste, de l’extrême droite, si celui-ci est reconnu coupable dans une affaire de ce niveau et quelques soient le statut et le niveau de responsabilité de cet homme (ou femme) politique.
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