L’Union européenne fait interrompre l’enquête
L’enquête sur l’assassinat du diplomate français Michel Niaucel vient d’être stoppée depuis jeudi dernier. La cause ? L’Union Européenne, par la voix de son représentant en Côte d’Ivoire, Michel Arrion a demandé l’interruption de l’enquête sur le meurtre. La police ivoirienne, par la voix de son directeur général adjoint Désiré Adjoussou a annoncé hier vendredi au cours d’un point de presse, l’interruption de l’enquête «pour prévenir tout incident diplomatique».
De sources toujours dignes de foi, Carine, l’épouse du diplomate tué, sur qui pèsent de lourds soupçons quant à l’assassinat de son mari, a été libérée par la Police ivoirienne jeudi en fin d’après midi, parce qu’elle bénéficie d’une immunité diplomatique. Au nom de cette «couverture», Karine Niaucel ne sera donc pas jugée pour répondre de son acte au cas où elle serait coupable du meurtre de son mari.
Selon le Directeur général adjoint de la police, l’enquête se déroulait normalement lorsque Michel Arrion, délégué de l’Union européenne (UE) est arrivé sur les lieux (du crime) pour signifier que la résidence de la victime est protégée par un statut diplomatique, conformément à la convention de Vienne.
Pourquoi cette interruption brutale de l’enquête par l’Union européenne là où Paris, dès les premières heures, a souhaité que «toute la lumière soit faite» sur ce crime odieux en brandissant un arsenal juridique ? Ne s’agit-il pas là d’une entrave à la manifestation de la vérité ? Avec cette sortie inopinée de Michel Arion, l’Union européenne donne une autre dimension à cette affaire, ce qui laisse planer une suspicion légitime sur son implication. Cette institution, experte en communication, observe un silence radio. Au moment où la police ivoirienne s’apprêtait à apporter la lumière sur cette affaire, l’Union européenne provoque l’ombre pour l’étouffer. Certainement parce qu’elle n’a pas trouvé matière à incriminer le régime d’Abidjan sur un prétendu «escadron de la mort» ou les «jeunes patriotes à la solde de Gbagbo». Malgré cette obstruction de la justice, il faut décerner une palme spéciale à la police ivoirienne pour sa clarté et son professionnalisme dans cette ténébreuse affaire.
Pour mémoire, il faut rappeler que Michel Niaucel a été tué dans la nuit du 6 au 7 février dernier dans sa résidence au Plateau-Indénié, en face de la caserne du Commandement supérieure de la Gendarmerie nationale. Selon des sources introduites dans le milieu judiciaire, tant que l’épouse du défunt va bénéficier d’une immunité diplomatique, la police restera toujours impuissante. En revanche, l’on pourra engager un procès contre Carine Blanc quand son immunité prendra fin ou sera levée. Il reste donc à savoir pour combien d’années encore cette protection diplomatique servira de prétexte pour freiner l’éclatement de la vérité.
Cyrille Djedjed & Pierre Aimé Koffi
Le Courrier d'Abidjan
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