
Il y a quelques semaines, je suis devant mon poste de télévision. Les interviews se succèdent. Dominique Sopo de SOS-Racisme, François Hollande du Parti Socialiste, le porte-parole de l'UMP se relaient en boucle sur les chaînes d'information. La raison de leur belle unanimité, dénoncer une agression antisémite. Qui aurait eu lieu dans un quartier à forte population juive, et dont la victime "portait une kippa".
En substance, si une personne portant kippa se fait agresser, c'est forcément un acte antisémite.
Cela rappelle fortement les "analyses", que nous contestons assez fortement, de certains forumistes pour qui dès lors qu'une personne à peau noire se fait agresser par quelqu'un qui ne l'est pas, il s'agit forcément d'un acte raciste.
Dans les deux cas, un emballement un peu rapide, probablement causé par le fait que des actes antisémites et racistes sont encore, malheureusement, une réalité en France. Même si l'on doit reconnaître que lorsqu'il est avéré qu'un acte est raciste les médias mettent rarement leur puissance de feu pour le dénoncer.
Après l'agression du RER D qui avait vu les médias s'emballer pour dénoncer un imaginaire acte antisémite, on aurait pu s'attendre à une plus grande prudence de leur part, et une pratique plus poussée de l'art que les journalistes français se targuent de pratiquer: celui de la vérification systématique.
Les journalistes se seraient alors aisément rendu compte, comme ils l'ont fait avec un peu de retard, qu'on était en présence d'un règlement de comptes entre bandes. Bandes de loubards serais-je tenté de dire, qui sèment la violence, et dont la composition est souvent "ethnique" si l'on en croit un rapport rédigé par les défunts Renseignements Généraux.
Ce qui signifie qu'il existe des bandes d'arabes, des bandes de noirs, et également des bandes de juifs.
Bandes qui se retrouvent souvent pour régler leurs comptes "entre hommes". Les médias ont abondamment relayé l'année dernière le fait que certaines bandes de la banlieue nord se retrouvaient du côté de la Gare du Nord pour des règlements de comptes plutôt violents.
Personne n'a vu du "racisme anti-arabe" quand des jeunes arabes se faisaient tabasser par des jeunes noirs, ou du "racisme anti-noir" quand l'inverse se produisait.
Une vérification rapide aurait permis aux médias de se rendre compte qu'on était malheureusement dans le même cas de figure, et que la victime était d'ailleurs d'une part "connue des services de police" comme le veut l'expression consacrée, et sous contrôle judiciaire d'autre part.
Et que la violente altercation qui le laissa inconscient était le troisième affrontement de la journée entre ce que nous appelerons "la bande à Ruddy" et la bande d'africains (comprendre: noirs).
Un patron de bar proche du lien de l'incident cité par Le Post estime lui aussi que "C'est un règlement de compte entre petites bandes, des groupes de jeunes qui se sont pris la tête. Ils étaient très excités. Ils sont venus pour se bagarrer.". Et même le très sérieux Figaro rapporte, même si les deux organisations s'en défendent, que le jeune agressé serait proche du Betar et de la LDJ (Ligue de Défense Juive), deux mouvements plutôt violents.
Compte tenu de tous ces éléments, il est donc surprenant que l'antisémitisme ait été retenu par le procureur de la République.
On peut penser que lors de bagarres opposant des bandes "ethniquement homogènes" qu'entre autres noms d'oiseau, insultes aux mères des uns et des autres fusent des insultes sur la communauté d'origine de l'autre.
Mais qu'on ne se méprenne pas. Les gens qui ont agressé Ruddy sont des voyoux, et auront mérité les sanctions que la justice ne manquera pas de leur infliger.
Seulement, en banalisant l'usage du mot "antisémitisme" les médias et hommes politiques prompts à la récupération ne devront pas s'étonner d'une banalisation du mot.
L'agression fût-elle verbale, comme cela survient encore trop souvent, d'un jeune juif portant tranquillement ses courses ne peut pas et ne doit pas être qualifiée de la même façon qu'un règlement de comptes entre bandes de loubards.
Parce que quand on dit "antisémitisme", tous comprennent, à juste titre, "membre du peuple victime de la shoah", et que cette qualification ne devrait être retenue que lorsque quelqu'un a été agresse parce que juif.
Autremement les autres membres de la communauté nationale française, dont les noirs, continueront à penser qu'il y a deux poids deux mesures...
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