La FAO (Food and Agriculture Organisation, organisme onusien) a annoncé, le 12 mai 2008, que la production de riz en Asie, Afrique et Amérique latine atteindrait un nouveau record en 2008. « La production mondiale de riz paddy pour 2008 pourrait s’accroître d’environ 2,3 %, atteignant un nouveau niveau record de 666 millions de tonnes d’après nos prévisions préliminaires », a déclaré Concepción Calpe, l'experte en riz de l'organisation.
« Pour la première fois, la production de riz paddy en Asie pourrait dépasser en 2008 le point de référence de 600 millions de tonnes pour atteindre 605 millions de tonnes », a-t-elle ajouté. « Des augmentations sont prévues dans toute la région, les gains de production les plus importants étant attendus au Bangladesh, en Chine, aux Philippines, en Thaïlande et au Vietnam [...] ». En Afrique, s'il pleut suffisamment au cours des prochains mois, la production de riz devrait s’accroître de 3,6%. On s'attend notamment à d’importantes augmentations en Côte d’Ivoire, en Égypte, au Ghana, en Guinée, au Mali et au Nigéria. Quant à l'Amérique latine et les Caraïbes, la production de riz devrait atteindre 26,2 millions de tonnes.
Cependant, les prix resteront probablement élevés à court terme, la majeure partie de la production devant être récoltée à la fin de l'année. « Les cours devraient rester très fermes, au moins jusqu’au troisième trimestre 2008, sauf en cas d’allègement des restrictions sur les exportations au cours des prochains mois », a poursuivi l'experte en riz de la FAO.
De façon générale, les prix du riz ont enregistré une augmentation d’environ 76 % entre décembre 2007 et avril 2008, selon l'indice des prix du riz de l'organisme onusien. De bonnes conditions climatiques à venir permettraient de faire baisser les prix. En outre, la levée des restrictions gouvernementales sur les exportations aiderait grandement à retrouver le cours normal de 2007. Instaurées pour prévenir des pénuries domestiques, ces restrictions avaient fait du riz une denrée rare sur les marchés internationaux, entraînant une flambée des prix sans précédent. Toutefois, cela reste hypothétique, dans la mesure où les producteurs sont contraints de payer plus cher les engrais, les pesticides et le pétrole.
Par ailleurs, d'autres difficultés sont encore à surmonter, comme la catastrophe provoquée par le cyclone Nargis au Myanmar. Elle pourrait fausser les pronostics, selon Mme Calpe. En effet, le cyclone ayant détruit les réserves alimentaires du pays, la production de riz s'en trouvera nettement amoindrie, privant de nombreux habitants de l'accès à cet aliment de base. De vastes régions productrices sont complètement inondées, et le cyclone a ravagé le Myanmar au moment de la récolte du riz de la saison sèche, qui représente normalement 20% de la production annuelle. À Rangoon, la capitale, les prix ont déjà bondi de près de 50%. Selon la FAO, les dégâts causés par Nargis pourraient avoir des répercussions sur la production à l'échelle mondiale.
Jacques Diouf, le directeur général de la FAO, a lancé un appel aux chefs d'État et de gouvernement des 191 membres de l'organisation pour qu'ils participent du 3 au 5 juin à Rome à une Conférence sur la Sécurité alimentaire mondiale. Plusieurs d'entre eux ont déjà confirmé leur participation. |