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Bonjour Henri Melingui. Pouvez-vous vous présenter à nos internautes ?
Et bien, je suis camerounais, j’ai 22 ans, je viens d’écrire et réaliser mon premier film intitulé Sexe, Champagne & Chocolat, qui a été entièrement tourné au Cameroun dès mon retour de Los Angeles où j’ai étudié la Gestion d’Entreprise et le Cinéma. Je suis également le rédacteur du blog Quartier Boz’art sur H7Films.com, où l’on peut retrouver des critiques de séries TV (Breaking Bad, Gossip Girl, Walking Dead, etc..) ainsi que l’actualité du cinéma.
Vous avez mené récemment une opération visant à faire rouvrir des salles de cinéma à Yaoundé au Cameroun. Pouvez-vous nous raconter le déroulement de cette opération et nous dire quel a été son résultat final ?
Dans l’ensemble, cette opération a été positive dans le sens où elle nous a permis de faire en sorte que notre prochain film (qui est déjà en préparation) puisse bénéficier de plusieurs week-ends de projections dans les salles de Yaoundé et Douala appartenant aux divers centres culturels présents dans ces deux villes.
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Plus que les moyens financiers, le problème du cinéma africain repose essentiellement sur trois points : l’exposition, la distribution, et à un degré moindre, les compétences |
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Cela permettra enfin au public local de voir en salles des films camerounais, avec des personnages qui leur ressemblent, et ont leurs préoccupations. Aussi cela nous donne l’opportunité de montrer aux investisseurs potentiels que le cinéma au Cameroun et en Afrique est un créneau porteur, contrairement à ce qu’on pourrait penser.
Malheureusement, des incompatibilités d’emplois du temps et de moyens financiers n’ont pas permis l’organisation de projections pour Sexe, Champagne & Chocolat durant l’été, et nous avons par la suite préféré placer toute notre énergie pour assurer une organisation parfaite des projections de notre second film, plutôt que de nous précipiter pour le premier.
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Vous êtes relativement jeune en comparaison d’autres personnes travaillant dans l’industrie du cinéma. Qu’est ce qui vous a poussé à vous lancer si tôt vers cette activité ?
C’est juste que je sais que c’est ce que j’ai envie de faire. J’aime écrire, j’aime réaliser. J’aime raconter des histoires tout simplement. Ma formation m’a donné les outils me rendant capable de le faire. Donc à un moment je me suis dit qu’il me fallait tenter ma chance. Il y a tellement de choses à faire dans ce domaine, et de difficultés à surmonter dans ce milieu en Afrique, que je pense qu’il est préférable de commencer jeune.
Vous avez réalisé un film, « sexe, champagne et chocolat » ? Pouvez-vous évoquer pour les internautes la trame du film et le sujet qu’il aborde ?
Sexe, Champagne & Chocolat, c’est l’histoire de deux amis, Jérémy (joué par Jacques Ekwa) et Stéphanie (interprétée par Elsina Florez) qui sont tous les deux célibataires le jour de la St Valentin. Ils décident ainsi de la passer ensemble plutôt que de rester chacun seul dans leur coin. Finalement, une chose en entrainant une autre, Stéphanie propose à son ami de passer la nuit ensemble, et lorsque celui-ci est victime d’une panne sexuelle, leur soirée prend une tout autre tournure. Et le reste… il faut voir le film pour le découvrir.
Si je devais décrire le film, je dirais que c’est une comédie qi n’a pas peur d’explorer en profondeur ses personnages, et parvient à mieux vous faire comprendre le lien qui unit ces deux personnages, et la difficulté à placer la limite entre l’amitié et l’amour.
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Le financement est souvent le nerf de la guerre dans le cinéma africain. Les réalisateurs et les producteurs rencontrent de nombreuses difficultés, les salles de cinémas n’existent quasiment plus dans les capitales africaines et le public africain lui-même ne s’intéresse guère aux productions africaines. Quel est votre avis sur ces questions ?
Plus que les moyens financiers, le problème du cinéma africain repose essentiellement sur trois points : l’exposition, la distribution, et à un degré moindre, les compétences.
L’exposition, tout simplement parce que quand un film comme Sexe, Champagne & Chocolat sort, personne n’en parle, et pourtant ce ne sont pas les efforts de communication auprès des journalistes qui font défaut. Rares sont les publications, telles que la vôtre, qui nous accordent le moindre article, la moindre brève, et encore moins une interview. Pour vous dire, plus d’une dizaine de journalistes ont eu l’occasion de voir le film il y a plusieurs mois de cela, et nous n’avons toujours pas pu obtenir la moindre critique du film, positive ou négative! Le résultat est forcément que le public ignore complètement notre existence, et lorsque par hasard il la découvre, on souffre du manque de crédibilité que procure une couverture médiatique décente assortie de critiques du film.
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La distribution, parce que non seulement les grandes salles historiques sont fermées, mais nous manquons surtout de petites salles de « quartiers » 100 ou 150 personnes au plus qui permettraient d’avoir des séances pendant une, deux, voire trois semaines qui aideraient grandement à rentabiliser les budgets des films. Et il n’est pas toujours facile de convaincre les centres culturels de nous louer leurs salles pour plus d’une journée, bien que cela fasse partie de leur mission d’aide au développement de la culture locale.
Et c’est pareil en ce qui concerne les DVD, il est très difficile de convaincre les grandes surfaces de vendre des DVD, simplement parce qu'elles ne l’ont jamais fait auparavant et qu’elles ne veulent pas s’aventurer en terrain inconnu (bien que cela soit très commun en Europe et aux USA). Et pourtant, avec un bon réseau de distribution à travers le Cameroun, la vente d’a peine 10-15 000 exemplaires rentabiliserait le budget d’un film. En ce qui concerne le streaming pour la diaspora, des sites comme AfricaFilms.TV et ZeenTv.net se présentent comme des pionniers, et on attend impatiemment de voir les retombées apportées par ces sites.
Enfin concernant les compétences, on entend les grandes chaines destinées à l’Afrique (Canal + Afrique, TV5, etc…) se plaindre que les scénaristes ne soient pas au niveau, cependant leurs sièges sociaux se trouvent généralement à Paris et sont quasiment inaccessibles pour les auteurs basées en Afrique qui souhaiteraient leur soumettre des projets ou tout simplement en discuter. Vous avouerez qu’il est difficile de trouver de bons auteurs, si on ne fait rien pour les rencontrer sur le terrain en lançant des appels à projets, par exemple.
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Les chaines locales sont malheureusement dirigées par des cadres dont la formation n’a souvent rien à voir avec la télévision et la fiction. Ainsi, ils ne sont souvent pas capables de vous expliquer pourquoi un scénario ou un autre est bon ou pas, et encore moins d’améliorer un scénario présentant quelques défauts mineurs |
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Et lorsqu’il s'agit des chaines locales, celles-ci sont malheureusement dirigées par des cadres dont la formation n’a souvent rien à voir avec la télévision et la fiction. Ainsi, ils ne sont souvent pas capables de vous expliquer pourquoi un scénario ou un autre est bon ou pas, et encore moins d’améliorer un scénario présentant quelques défauts mineurs. Et pourtant, le rôle de producteur en chef/directeur de la fiction est le plus important dans le cinéma et la TV, car ce sont eux qui peuvent modeler les projets à leur guise, les améliorer et indiquer aux scénaristes la voie à suivre durant la phase de développement.
L’argent pour financer les films et séries n’est pas le problème principal à résoudre sur le long terme. Si des investisseurs (annonceurs, entrepreneurs, banques) ont l’assurance que leurs films auront l’exposition suffisante dans les médias, que le réseau de distribution sont en place (salles, DVD, internet), et que les directeurs de chaines TV ou les patrons de studios savent ce qu’ils font et ont une vraie stratégie, ils ne sont pas fous, ils investiront. Ils voient bien les revenus qui sont générés en Europe et aux USA, et même en Asie par l’audiovisuel.
Où votre film sera-t-il visible ?
Le film est actuellement disponible en streaming et en téléchargement sur notre site internet H7Films.com. Vous pourrez également retrouver le film sur AfricaFilms.Tv et ZeenTv.net qui sont des plates-formes de téléchargements entièrement dédiées au cinéma africain, dont les lancements officiels sont prévus pour la fin de l’année 2011.
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Avez-vous d’autres projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?
Comme j’ai pu le dire en réponse à l’une des questions précédentes, je suis en train de préparer le tournage de mon prochain film dont le tournage est prévu pour le mois de Janvier 2012, pour une sortie en Mai 2012. Le titre provisoire est Nuit Blanche, et il s’agit d’une comédie romantique. Je suis aussi en pleine écriture d’une série TV, mais malheureusement les chaines de télévisions locales, bien que conscientes du fait qu’elles ont besoin de nouveaux programmes, restent frileuses et hésitent à prendre des décisions, car elles manquent de directeurs de programmations capables de diriger une politique de développement de la fiction.
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