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Aujourd'hui 3 juin 2008 s'ouvre le sommet de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) consacré à la crise alimentaire mondiale. Plus de 40 chefs d'État et de gouvernement, ainsi que quelques 2000 délégués vont se réunir à Rome, siège de l'organisation, pendant trois jours.
Objectif : esquisser un plan d'action pour lutter contre la flambée des prix agricoles. À cette occasion, les ONG vont également tenter de faire entendre leur voix. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon va lancer une idée : suspendre définitivement ou temporairement un vaste panel de taxes agricoles et de tarifs douaniers. Assouplir les réglementations encadrant les produits agricoles pourrait en effet contribuer à faire baisser le cours des denrées alimentaires, et ainsi venir en aide aux millions de pauvres qui font face à la plus importante hausse des prix alimentaires depuis trente ans.
Un responsable des Nations Unies a indiqué que cette stratégie venait d'un rapport rédigé par le groupe de travail de l'ONU, constitué spécialement pour s'attaquer à la question de la flambée des prix. L'application de ce plan pourrait coûter jusqu'à 15 milliards de dollars. |
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Les propositions des ONG |
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La hausse des prix a engendré des violences au Pakistan
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AFP |
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À l'occasion du sommet, les ONG vont également proposer quelques pistes. Plus de 31 d'entre elles ont appelé l'Union européenne à abandonner son objectif de produire 10% de carburants « verts » d'ici 2020. En effet, la production de ces « biocarburants » passe par la conversion de terres agricoles à des fins énergétiques. Ce détournement d'une part de la production alimentaire explique entre 20 et 30% de la flambée des prix, selon le FMI. Le rapporteur de l’ONU sur le droit à l’alimentation, Olivier de Schutter, approuve l’idée d’un moratoire sur les biocarburants : « en abandonnant ces objectifs, nous enverrions un signal fort aux marchés que le prix des récoltes de denrées alimentaires ne va pas monter indéfiniment, décourageant ainsi la spéculation ». Sans parler du fait que subventionner les carburants verts coûte cher. « On évalue entre 13 et 15 milliards de dollars le montant des subventions des pays de l’OCDE ! », explique Robert Bailey, d'Oxfam International. « Alors que ces cultures alimentent la destruction d’écosystèmes », ajoute-t-il.
Par ailleurs, beaucoup d'ONG recommandent d'appliquer le principe de souveraineté alimentaire, c'est à dire le droit, pour les pays les plus démunis, de protéger leurs marchés nationaux. « La libéralisation doctrinaire des échanges a détricoté la possibilité des pays pauvres à se nourrir eux-mêmes », explique Alex Cobham, de Christian Aid. « Et les élites du Sud ont préféré acheter la paix sociale via des importations à bas prix ». L'application de ce principe de souveraineté alimentaire passerait par le rétablissement de protections tarifaires ou douanières, ou la réhabilitation des structures – comme les caisses de stabilisation – pour aider les petits paysans.
D'autre part, Oxfam International souligne que l'aide au développement agricole dans les pays les plus pauvres a été négligée ces vingt-cinq dernières années. Une solution ? Réinvestir dans l'agriculture, et ce de façon massive. « La France ne donne que 10 % de son aide en projet agricole », indique Ambroise Mazal, du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD). Jacques Diouf, le directeur de la FAO, estime à 20 milliards d'euros par an la somme qu'il faudrait injecter dans l'agriculture, en cash, pour acheter localement et aider à augmenter la production grâce à la distribution de semences et d'engrais.
Autre modification importante à apporter : les stratégies et objectifs du FMI et de la Banque mondiale ne doivent plus primer sur les institutions telles que la FAO, le Programme alimentaire mondial (PAM) ou le Fonds international de développement agricole (FIDA). « Ces institutions sont efficaces même si lestées par la bureaucratie, et surtout écrasées par la logique du FMI, de la Banque mondiale et de l’OMC. Changeons la hiérarchie : le droit à manger avant celui de commercer », propose Robert Bailey, d'Oxfam international. En outre, dans le domaine des institutions, Action contre la faim (ACF) veut lutter contre la fragmentation de l'aide. L'organisation milite pour la création d’un Fonds mondial contre la faim et la malnutrition. « Un instrument nouveau pour permettre une meilleure coordination », explique François Danel, directeur général d’ACF. |
Visite controversée de Robert Mugabe |
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Le président Zimbabwéen Robert Mugabe et sa femme, à l'aéroport de Fiumicino à Rome, le 1er juin 2008.
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rfi.fr |
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Mais ce sommet ne commence pas précisément sous les meilleures auspices. Dimanche 1er juin, c'est le très controversé président zimbabwéen Robert Mugabe qui est arrivé à Rome. Il s'agit de son premier déplacement à l'étranger depuis les élections du 29 mars, remportées par l'opposition. Il est accompagné par son épouse Grace, ainsi que par plusieurs responsables du gouvernement.
Sauf que techniquement, Robert Mugabe est interdit de séjour dans l'Union européenne, en raison des atteintes aux droits de l'homme commises dans son pays. Que fait-il donc à Rome ? Cette interdiction ne concerne pas les sommets de l'ONU sur le territoire européen. Reste que plus d'un, au sommet, voient d'un mauvais œil cette présence culottée. En effet, en 2005, lors d'un précédent sommet à Rome également, le président du Zimbabwe s'était fait remarqué par des propos qui avaient fait s'étouffer quelques uns. Comparant George Bush et Tony Blair aux fascistes Adolf Hitler et Benito Mussolini, il avait aussi dénoncé les pays donateurs, les accusant de déverser des vivres inutiles sur le Zimbabwe. Et déjà, à l'époque, le pays connaissait une crise alimentaire grave.
Ainsi, à l'annonce de la présence de Mugabe au sommet, les réactions n'ont pas traîné. L’opposition zimbabwéenne estime que « Mugabe n’a aucun mandat et aucune légitimité pour être à Rome ». Le Premier ministre britannique Gordon Brown, qui lui voue une haine déclarée, considère que sa présence à Rome est « particulièrement regrettable, étant donné sa contribution aux difficultés liées à la situation alimentaire » dans son pays. De son côté, le gouvernement australien a jugé « obscène » ce déplacement de Mugabe, tandis que le gouvernement français, plus diplomate, s’est interrogé lundi 2 juin sur « l’opportunité de cette visite, compte tenu de la situation au Zimbabwe ».
Eh oui, l'ancien « grenier de l’Afrique australe » s’est effondré depuis que le régime de Robert Mugabe a décidé de mettre en pratique une réforme agraire en 2000. En outre, le Zimbabwe bat tous les records en matière d'inflation annuelle, puisque celle-ci s'élève à 165 000%.
Outre Robert Mugabe, de nombreux autres dirigeants vont participer à ce sommet de Rome : l'Argentine Cristina Kirchner, le Français Nicoals Sarkozy, le Brésilien Lula da Silva, l'Egyptien Hosni Moubarak, l’Espagnol José Luis Zapatero, le Sénégalais Abdoulaye Wade, ainsi que le président iranien Mahmoud Ahmadinedjad, etc. Robert Zoellick, le président de la Banque mondiale, et Dominique Strauss-Kahn, patron du FMI, sont également présents.
Selon l'indice FAO des prix alimentaires, la moyenne des quatre premiers mois de l'année est supérieure à 53 % à la même période de 2007. Cette crise touche les plus pauvres, qui doivent consacrer la plus grande partie de leur budget à l'alimentation. La sécurité alimentaire est menacée, mais aussi la sécurité tout court. |
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