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Joseph Stiglitz et Christine Lagarde
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Dans un papier récent Paul Krugman prix Nobel d’économie, spécialiste des questions de commerce international a publié un article dont le titre éloquent « Le Viagra et la richesse nationale » symbolise la problématique ambiguë d’un produit, le Viagra, qui donne du bonheur aux utilisateurs/consommateurs alors que sa présence dans les statistiques de production est quasiment absente. Plus près de nous, le Président Nicolas Sarkozy a demandé au prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz de réfléchir sur la façon de mesurer le bien-être dans la production nationale.
Ces deux attitudes symbolisent la question sensible de la remise en cause de l’indicateur traditionnel que représente le PIB comme mesure de la richesse nationale. Le PIB est le résultat d’une double composition incluant la production marchande, celle des entreprises dont l’évaluation se fait au prix du marché et la production des administrations dont l’évaluation se fait au coût des facteurs. Dans le premier cas les externalités négatives comme la pollution ne sont pas prises en compte, ainsi que les externalités positives comme l’accès à des soins gratuits.
En situation de crise économique, force est de constater que les inégalités de revenu, de patrimoine, accentuent les différences entre les citoyens. Il faut donc des nouveaux outils pour intégrer les différentes formes d’externalités et pour évaluer de manière exhaustive les inégalités. Il faut donc de nouvelles mesures pour améliorer la compréhension des statistiques internationales. Avec la crise, l’urgence écologique devient essentielle pour mesurer la richesse à partir des facteurs qui la produisent, comme le capital ou le travail. |
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Le capital utilisé jusque là était uniquement le capital technique, c’est à dire les machines, alors que le capital doit être appréhendé dans toutes ses dimensions, économique, naturel, humain, financier, technologique, etc. Il faut donc un indicateur crédible.
Le produit national net est-il cet indicateur ? Que l’on me permette d’en douter car s’il faut modifier la manière de comptabiliser la richesse, s’il faut introduire des éléments nouveaux comme la subjectivité, l’enjeu est que la promotion de nouvelles mesures statistiques reste du domaine de la communication politique. Comment intégrer les productions d’une entreprise comme Total qui respectant les mesures environnementales en France ne le ferait pas à l’étranger car Total est une entreprise multinationale. Dans ce cas, il faudrait taxer la production de Total réalisée à l’étranger dans les conditions de non prise en compte des normes environnementales (en Afrique, en Asie) lorsque cette production Total rentre en France. Quel homme politique, quel douanier oserait le faire ?
La commission présidée par le Nobel d’économie Stiglitz souhaite édifier une économie à visage humain à la suite d’un autre prix Nobel l’Indien Armatya Sen qui par le mécanisme du microcrédit pense qu’il faut intégrer les pauvres à l’économie mondiale par un auto développement. La commission Stiglitz veut modifier les statistiques au prétexte que les marchés nous aveuglent et que le bien-être est souvent ignoré et qu’il faut élargir les indicateurs aux activités non marchandes, comme la garde d’enfants, comme la santé, l’éducation, le logement, la sécurité, l’environnement ; en clair, intégrer des éléments objectifs et subjectifs : une sorte d’inventaire à la Prévert. |
Si Joseph Stiglitz est dans son rôle, on peut néanmoins faire remarquer que la commission économique des Nations Unies a mis en place plusieurs indicateurs comme l’IDH, indicateur de développement humain ou l’indicateur de participation des femmes à l’activité économique. Depuis que ces indicateurs existent, la pauvreté, les inégalités de richesse et de répartition, l’exploitation des femmes dans le Tiers monde n’ont pas cessé.
De grâce, si le bien-être voire le stock de bien-être (encore faut-il le mesurer) sont des éléments intelligibles de débat, le bien-être reste inopérant pour comprendre l’orientation des politiques publiques qui malgré tout restent orientées vers la création du beaucoup plus, c'est-à-dire de la richesse matérielle. Il faut souhaiter qu’une deuxième commission Stiglitz réfléchisse de façon pertinente sur le choix des indicateurs pertinents et sur la méthodologie acceptable par tous, pays émergents, Chine, Inde, Brésil, et l’Occident pour favoriser une prise de conscience politique, théorique, calculatoire à propos des indicateurs pertinents pour mesurer la production et le bien-être.
Ne pas le faire, c’est rester dans la communication politique gratuite et les effets de manche comme trop souvent le monde capitaliste nous a habitué. Les exemples des pays nordiques, Danemark, Suède, Norvège, doivent être médités, non de façon théorique mais concrète : ces pays acceptent une fiscalité lourde pour une meilleure répartition des revenus, pour la prise en compte de l’environnement (taxe carbone très élevée) et pour la mise en place des infrastructures sociales de base pour tous (santé, éducation, logement, le vivre ensemble).
Les pays nordiques ne se contentent pas de mots mais passent rapidement à la pratique en prenant des actions décisives pour le produit national net et pour le bonheur intérieur brut. |
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