Mort de sans papiers

Malien, Baba Traoré était âgé de 29 ans. Il était arrivé en France en 2004 pour donner un rein à sa soeur, aujourd'hui âgée de 40 ans, qui souffre d'une insuffisance rénale. C'est un professeur de médecine de l'hôpital Necker à Paris, qui l'avait fait venir pour effectuer cette transplantation.

Aujourd'hui, il est mort en en se jetant à l'eau à la suite d'un contrôle d'identité. Ne pas avoir ses papiers, c'est être un criminel selon qu'on a la peau basanée. En revanche, ceux qui conduisent sans papier - sans permis de conduire, devrais-je dire - peuvent dormir tranquilles !!!

En Août 2007, Ivan, un enfant de 13 ans d'une famille russo-tchéchène déboutée de l'asile, est resté quelque temps dans le coma après avoir tenté avec son père de fuir, par le balcon, la police venue à leur domicile.

En Septembre, Chulan Zhan Lui, une femme chinoise, est décédée après s'être jetée par la fenêtre de son immeuble, prise de panique à l'arrivée de policiers venus interroger son logeur.

En Février, John Maïna, un Kenyan, s'est pendu après avoir appris le rejet définitif de sa demande d'asile.

Elisabeth Guérin, cette Béninoise de 38 ans qui s'était vu refuser par le préfet d'Indre-et-Loire le renouvellement de sa carte de séjour après la mort de son mari français, a appris, dimanche matin 6 Avril, par la radio, qu'elle allait être régularisée. Est-ce possible ?



L'état de droit et la Somalie

Loin de moi, l'idée que la piraterie est bien. Je veux juste comprendre 2 choses :

- pourquoi les autorités locales somaliennes déclarent-elles la présence de 3 à 5 morts, qu'on peut associer à la phrase du général Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées, qui prétend qu'il faut éradiquer ce genre d'individus. Cela signifie t-il qu'en France, on arrête les criminels, y compris les meurtriers et assassins, mais qu'en Afrique, on peut tirer sur des voleurs ?

- si la France officielle a tué, il faut le reconnaître, on ne fait pas d'omelette sans casser d'oeuf. Sinon l'image de la France en Afrique, pas brillante jusque-là (se rappeler les démentis d'Alliot-Marie lorsque l'armée française avait pourtant tiré sur la foule en Côte d'Ivoire en 2004) va définitivement sombrer...

- enfin, je voudrais comprendre pourquoi des Somaliens qui agissent dans leurs eaux territoriales, donc chez eux, doivent-ils être jugés en France ? Bob Denard a t-il été jugé en Afrique ? Les sans papiers africains sont-ils jugés dans leur pays pour manquement aux règles de l'État français. Pourquoi n'envoie t-on pas la police, l'armée ou les groupes d'élites pour aller récupérer nos nombreux ressortissants emprisonnés, quelles qu'en soient les raisons, aux États-Unis, en Chine, en Allemagne, en Russie, il y aurait même un Français condamné à mort en Indonésie, une Française condamnée à 100 ans au Mexique, etc... Où est Zorro Sarko ?

- pourquoi joue t-on les fiers à bras lorsqu'il s'agit de pays africains, y compris non francophones. Si ces pays n'ont pas de droit – et pourquoi pas de légitimité ? -, pourquoi félicite t-on tout le temps la régularité d'élections où des autocrates – des rois nègres devrais-je dire – peuvent se maintenir plus de 40 ans à la tête de leur pays, grâce à nous.

La France qui se targue d'imposer aux Africains la bonne gouvernance et le respect de l'état de droit, devrait commencer à se l'appliquer à elle-même !!!



Arche de Zoé

Venez, servez-vous, il ne coûte rien, ou si peu, d’enlever de petits Africains. C’est, en somme, le message que vient de délivrer le président tchadien, Idriss Déby, à tous ceux qui souhaitent venir faire leur marché sur le continent. Aussi louables leurs motivations soient-elles dans l’absolu - sauver des enfants de la misère -, les actes des membres de l’Arche de Zoé, à commencer par son président Eric Breteau, méritaient une condamnation exemplaire. Car la justice tchadienne comme la presse internationale avaient mis à jour les errements des six humanitaires français.

Arrêtés le 26 Octobre par les autorités tchadiennes, les membres de l’Arche de Zoé avaient été jugés par la justice du pays pour « enlèvement d’enfants tendant à compromettre leur état civil, faux et usage de faux en écritures publiques et grivèlerie » et leurs quatre complices tchadiens et soudanais pour « complicité d’enlèvement d’enfants ». Le tribunal de Ndjamena avait condamné les Français, le 26 Décembre, à huit ans de travaux forcés.

Mais la raison d’État, les intérêts d’un pouvoir chancelant sont quelquefois supérieurs à ceux de la justice. Le président tchadien, Idriss Déby, menacé par une coalition rebelle, estimait ne pouvoir se passer du soutien militaire et logistique de son allié français. Il avait permis qu’ils fussent extradés quelques heures après le verdict de la justice de son pays. Et aujourd’hui, il les gracie. Il donne ainsi raison à Nicolas Sarkozy qui, dès le 6 Novembre, avait déclaré qu’il ramènerait les membres de l’Arche de Zoé en France « quoi qu’ils aient fait ».

Cette affaire et son épilogue pourraient n’être qu’un énième et banal épisode du grand feuilleton de la Françafrique, s’ils ne risquaient d’être interprétés comme un signal fort par tous les pseudos travailleurs humanitaires en mal de causes : l ’autorisation de faire n’importe quoi au Tchad et au-delà pour peu que l’on soit riche, occidental, et animé des meilleures intentions du monde.

D'ailleurs, les gendarmes français jouent déjà aux cow-boys en Somalie (voir ci-dessus).



Ave Césaire

Un article de Nicolas Brimo dans Le canard enchaîné du 23 Avril (page 8), rappelle les relations compliquées entre Césaire et la métropole :

- Césaire avait refusé de rencontrer Sarko lors de la polémique sur la loi de Février 2005 sur les bienfaits de la colonisation,

- c'est l'inverse qu'avait fait Giscard lors de son septennat au cours d'un voyage à Fort de France, où il refusa d'aller saluer Césaire dans sa mairie,

- il fut quasiment interdit de prononcer le nom de Césaire dans la radio-TV d'État pendant près de 20 ans,

- le « Discours sur le colonialisme » oeuvre magistrale d'Aimé Césaire, déjà censurée sous la IVème république socialiste, fut retirée du programme national des classes terminales (François Bayrou était le Ministre de l'Éducation Nationale de l'époque) - comme quoi dans ce domaine à droite comme à gauche, il y a bien consensus pour une même censure -,

- c'est seulement depuis 1986 que les citoyens des DOM bénéficient des mêmes avantages sociaux que les métropolitains ; encore faut-il nuancer, puisque dans les TOM un Réunionais a un RMI moindre qu'en France parce que les conditions de vie y sont moins chères, mais pour un fonctionnaire métropolitain, son traitement (salaire) y sera plus élevé qu'en France parce que les conditions locales de vie y sont plus difficiles : tout est dit !!!