20h France 2: dérapage sur l'abolition de l'esclavage.
Par tiptop, dimanche 29 janvier 2006 à 22:15 :: Général :: #763 :: rss
Je suis scandalisé par les propos tenus sur l’esclavage lors du 20h du 29/01/06 sur France2. L’exposé est calqué sur les thèses du livre de Grenouilleau. Le livre est contreversé, comme tous les autres quand il s’agit d’un sujet sensible. Qu’importe. Passe encore que le rôle de la France soit une fois de plus minimisé par une présentation pour le moins déculpabilisante : les trois traites (orientale, africaine et atlantique) sont mises au même niveau ainsi que les pays ayant participé à la dernière (la France étant un pays parmi d’autres). Le plus grave c’est la chute : après l’abolition de l’esclavage en 1848 par Schoelcher, les esclaves sont devenus je cite « des citoyens à part entière ».
Comment peut-on énoncer sur une chaîne public une telle énormité ? Schoelcher est un grand homme mais il faut rappeler tout de même que l’esclavage dans les colonies a longtemps perduré (voir les ouvrages de Marc Ferro « Histoire de la colonisation » et « le livre noir »). De plus le travail forcé s’est progressivement substitué à l’esclavage et n’a pas été moins meurtrier. La construction du chemin de fer de Brazzaville à Pointe noire s’achèva en 1934 après avoir fait estime t-on 18000 morts soit près de 36 par kilomètre. Le gouverneur de l’époque Antonetti déclara :« Il faut accepter le sacrifice de 6000 à 8000 hommes » (revue histoire et patrimoine Août 05). D’après France 2 aurait-il du dire 6000 à 8000 « citoyens à part entière » ? Mais bien sûr le chemin de fer est probablement un de ces aspects positifs de la présence Française ! Je propose la lecture de « Terre d’ébène » d’Albert Londres à ceux qui pensent que ces affranchis devraient nous être redevables de leur « liberté » . Dernière précision il aura fallu attendre 1957 pour abolir le travail forcé.
Le voile concernant le passé colonial de la France est en train de se déchirer. Certains s’en félicitent, d’autres pas. Mais que de telles énormités soit proférées devant une large audience ne peut pas être sans conséquence dans un pays où les revendications identitaires se font de plus en plus vives. Si le nécessaire travail de mémoire doit être traité de façon aussi légère et irresponsable j’en viendrai presque à regretter le temps où l’histoire coloniale et la traite étaient paisiblement occultés et uniquement affaire de spécialistes.
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