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Jacques Schwarz-Bart ou le saxophone globe-trotter
16/06/2007
 

Après trois gigs au Sunset, mythique jazz-club parisien, l’ébouriffant saxophoniste guadeloupéen basé aux USA, Jacques Schwarz-Bart, fêtera les 10 ans du légendaire Festival Gnaoua Musiques du Monde d’Essaouira (Maroc). Transe promise sur la terre mère Afrique.
 
Par Rodolphe Lauretta
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Parmi les saxophonistes les plus en vue aujourd’hui et, de plus, compositeur inspiré, Jacques Schwarz-Bart s’apprête à partir pour Essaouira (Maroc), où l’attend une palpitante aventure : la rencontre entre le gwoka, patrimoine hérité de ses ancêtres esclaves guadeloupéens, et la musique des Gnaoua. Ces descendants d’esclaves, qui furent arrachés à l’Afrique sub-saharienne, forment une confrérie ayant, au Maroc, particulièrement préservé la richesse de son legs. La transe appelée par le gwoka et celle que convoquent les Gnaouas deviendront une et indivisible : une seule source, un seul peuple, comme avant chacune des deux déportations. C’est le prodige du Festival d’Essaouira que d’appeler le plus grand nombre (la majeure partie des concerts est d’accès libre) à s’abandonner à ces musiques guérisseuses.

Fara.C

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Fils des écrivains André et Simone Schwarz-Bart, Jacques a réussi, après un début de carrière démarré sur le tard, à se faire un nom internationalement dans le paysage du jazz. Son parcours, entre la Guadeloupe où il est né, la Suisse, Paris, et les Etats-Unis où il réside depuis le début des années 90, l’a notamment conduit à enregistrer et tourner avec la star de la soul D’Angelo et le prodige afro-américain de la trompette Roy Hargrove. Sans oublier les nombreuses jam sessions et séances de studio effectuées à New-York, ville phare du jazz où le saxophoniste a pu développer son talent. L’année dernière, l’artiste guadeloupéen a enregistré un projet qui lui tenait à cœur, « Soné Ka La », album qui forge un pont entre le gwoka, tradition guadeloupéenne liée au tambour de même nom, et son expérience afro-américaine. On y retrouve, entre autres, les chanteurs Jacob Desvarieux et Jean-Pierre Coquerel, la star guadeloupéenne du dance-hall Admiral T, ainsi que deux jeunes références en matière de gwoka : Sonny Troupé au tambour makè et Olivier Juste au tambour boula.

Grioo.com : Comment êtes-vous venu à la musique ?
JSB : En venant au monde. J’ai chanté avant de parler. La musique a été mon premier rapport au monde. À 8 ans j’ai commencé la guitare et, deux ans plus tard, je donnais mes premiers concerts jazz à Lausanne en Suisse où vivaient mes parents à l’époque. Le père d’un ami possédait une imposante collection de disques de jazz qui m’a permis de m’immerger dans cet univers. À notre retour en Guadeloupe, ne trouvant pas de scène jazz, j’ai fini par arrêter la guitare, vers l’âge de 13 ans. Ce n’est que bien plus tard, à 24 ans, que je me suis remis à la musique en démarrant l’étude du saxophone. Entre- temps j’avais pris la voie des bons élèves en suivant des études de droit, puis de Sciences-Politiques, à Paris.

 
© Rebecca Meek  

N’était-ce pas un risque important que d’abandonner une carrière confortable dans la haute administration pour embrasser celle, bien plus aléatoire sur le plan matériel, de la musique ?

JSB : La question est de savoir ce qui motive un être humain à vivre. Après avoir commencé à travailler dans la haute administration, j’ai compris que le chemin que j’avais emprunté, très couru dans le système scolaire français, n’avait rien à voir avec mes aspirations personnelles. Le manque d’imagination personnelle qui prévaut souvent dans ce type de fonction m’a vite repoussé. Ma soif de créativité était telle qu’il aurait été suicidaire pour moi de poursuivre dans cette voie.

Avez-vous approché le milieu jazz parisien lors de vos études à Sciences-Po ?

JSB : Ca m’est complètement passé à côté. Mis à part ma collection de CD jazz qui m’a toujours nourrie et ne m’a jamais quittée. A l’époque j’avais un objectif : sortir de Sciences-Po et intégrer la haute administration dans de bonnes conditions, ce que j’ai fait. Lorsque j’ai changé d’objectif en me lançant dans l’étude du saxophone et en intégrant l’école de musique de Berkley à Boston, je m’y suis plongé avec la même détermination.

Avant la sortie de « Soné Ka la », vous avez enregistré le disque « Inspiration » sous le nom de Brother Jacques. Cet excellent projet soul-jazz n’a pas eu l’exposition qu’il mérite…

JSB : Cet album devait être signé chez Warner Jazz, label qui a été liquidé il y a environ quatre ans par la nouvelle direction de Warner. C’est advenu une semaine avant la signature prévue de mon contrat. Le choc a été rude. C’était comme se réveiller au milieu d’un cauchemar. L’aspect positif est que j’ai tout de suite enchaîné sur RH Factor, le projet groove du trompettiste américain Roy Hargrove. Ce dernier m’a d’ailleurs emprunté la chanson ‘Forget/Regret’, tirée de mon CD « Inspiration », et devenue le tube du premier disque de RH Factor. Cela m’a permis d’attirer l’attention d’Universal, avec qui j’ai finalement signé l’opus « Soné Ka La ».


La découverte du gwoka, emblème de la culture guadeloupéenne ?

JSB : Le tambour gwoka a été mon premier instrument. Je le tapotais sur les disques de jazz de mes parents tels que Charlie Mingus, Louis Armstrong. Le légendaire maître tambouyé Carnot m’avait fabriqué un petit tambour et expliqué les rythmes fondamentaux du gwoka. J’avais 4 ans. Ce lien intime avec ces rythmes, qui remonte à l’enfance, m’a permis aujourd’hui de développer un travail qui repose sur une connaissance technique détaillée, mais aussi sur un rapport émotionnel avec chacun de ces rythmes.

Comment avez-vous approfondi vos recherches dans cette tradition musicale ?

JSB : Par mon analyse du travail accompli par Gérard Lokel, premier guitariste à avoir ouvert la voie du gwoka moderne, avec des techniques d’improvisation, des harmonies modales… Son art avait une portée politique indépendantiste. Chaque note de sa musique devait être une balle dirigée à l’encontre du colonisateur français, et tout individu, même guadeloupéen, qui voulait observer de près sa musique, devenait un espion potentiel. Le petit garçon de 7 ans que j’étais alors devait donc se cacher derrière un arbre pour écouter les répétitions de ce guitariste, qui m’ont ouvert l’esprit sur les possibilités étonnantes qu’offre le mélange du gwoka et de la musique moderne. D’autre part, lors de mes retours réguliers en Guadeloupe, j’emmenais toujours mon saxophone dans les lewoz (rassemblements) afin d’expérimenter les choses que je développais chez moi à New-York et qui me hantaient constamment.

De quelle façon avez-vous abordé l’écriture de l’album « Soné Ka La » ?
JSB : Cela faisait plus de quinze ans que je composais des morceaux dans la veine gwoka jazz. Lorsque je me suis senti prêt, les idées ont afflué et l’écriture du disque a été fluide. Tout au long de l’album, j’ai tenté d’appliquer trois règles fortes. Premièrement, ne jamais sacrifier la mélodie. Ensuite, ne jamais sacrifier le rythme. Enfin, garder un équilibre entre le simple et le complexe. En ce qui concerne les mélodies, je me suis inspiré des chants traditionnels gwoka, du type de phrasés et d’intervalles que l’on y trouve. J’ai utilisé la totalité des rythmes du gwoka, mais pas toujours de façon traditionnelle. Dans le titre ‘Love’ par exemple, j’emploie un rythme que j’ai baptisé ‘ka la roulé’, une combinaison entre le kaladja et le roulé. Dans le titre ‘Gwoka’ j’ai amené le ‘dékaladja’, que j’ai nommé ainsi car c’est un rythme kaladja qui est décalé d’un temps.

 
© Rebecca Meek  

Vous êtes-vous influencé des saxophonistes de biguine et de kompa pour appréhender la musique que vous jouez aujourd’hui ?

JSB : A part Stellio, qui reste selon moi un talent unique dans l’histoire de notre musique, je n’ai jamais ressenti d’émotion profonde à l’écoute des grands soufflants de la musique antillaise. Par ailleurs j’ai joué le répertoire d’Al Lirvat, de Stellio, étudié certaines œuvres du pianiste Alain Jean-Marie, dont l’approche de la biguine me touche particulièrement, tourné dans la section cuivre de Tabou Combo… J’apprécie énormément la biguine et le kompa. Ceci dit, l’intention émotionnelle du gwoka est pour moi très différente de celle de la biguine ou du kompa. C’est une musique rituelle d’appel des esprits, qui peuvent être des esprits de fête, de mort, de voyage entre les mondes. Elle place l’individu en rapport de conscience avec son environnement mystique et, sans me réclamer d’aucune sorte de religion, je reste un mystique convaincu. C’est pour ces raisons que le gwoka a éveillé en moi une telle vocation.

Le 22 juin, vous participerez à la création que le batteur algérien Karim Ziad présentera, pour fêter le 10ème anniversaire du fameux Festival Gnaoua Musiques du Monde d’Essaouira (Maroc), où des maîtres musiciens gnaoui (‘maâlems’) rencontrent des artistes venus du monde entier. Une grande aventure vous attend...

JSB : Karim Ziad, un des trois programmateurs du festival, m’a sollicité pour me joindre à son groupe. Il a dû avoir mes coordonnées par le bassiste Michel Alibo, invité sur le dernier disque de Karim, «Dawi» , qui combine jazz-funk et musique gnaoui. Michel jouera également avec nous au Maroc. Lors d’une de mes tournées françaises, j’ai donc reçu l’appel de Karim, et la possibilité de me produire dans ce festival m’a enthousiasmé. Je sais que Karim a écouté « Soné Ka La » et l’a beaucoup apprécié. Ayant moi-même puisé dans les racines africaines de notre musique caribéenne à travers le gwoka, je suis heureux et honoré de franchir l’océan pour baigner dans cette culture auprès de maîtres gnaoui. Cette tradition, où la transe tient une place centrale, me parle. Tout rythme est chargé d’une certaine énergie, que l’on pourrait aussi nommer esprits, et qui a le pouvoir de vous extraire de votre réalité quotidienne en vous transportant dans un état de transe. Dans le gwoka, le rythme mendé possède cette particularité.

Le 16 juin, vous clôturez une série de trois concerts au Sunset-Sunside, célèbre club de jazz parisien de la rue des Lombards. Deux grands musiciens antillais, le pianiste Mario Canonge et le bassiste Thierry Fanfant se sont joints à vous, pour l’occasion…

JSB : Nous nous connaissons depuis longtemps. Mario et Thierry ont commencé la musique avant moi. Je les écoutais avant même de commencer le saxophone. Je les regarde avec le respect de l’apprenti par rapport au maître. C’est une joie de partager avec eux les compositions de « Soné Ka La ».


Quels sont vos projets ?

JSB : Après une tournée européenne et une présentation de mon groupe aux Antilles, je continuerai de faire vivre ce projet et de le partager avec un plus large public international. En août, l’album sort aux Etats-Unis sur Emarcy, label jazz d’Universal. Ensuite, je compte me lancer dans l’écriture du second volume de « Soné Ka La ». Du pain sur la planche… Mais un vrai plaisir.

Propos recueillis par Rodolphe Lauretta



Informations pratiques :

CD :

Jacques Schwarz-Bart, « Soné Ka-La» (Universal Jazz France).

Site :

www.brotherjacques.com

Concerts :

- 14, 15 et 16 juin, 22h, au Sunset, 60, rue des Lombards, Paris : Jacques Schwarz-Bart Sextet avec, en invité, Mario Canonge. Tél. (33) (0) 1 40 26 21 25 ; www.sunset-sunside.com.
- 23 et 24 juin, Festival Gnaoua Musiques du Monde d’Essaouira, Maroc (le 23 avec Karim Ziad, le 24 avec le batteur Ari Hoenig).
Le Festival Gnaoua Musiques du Monde d’Essaouira a lieu du 19 au 23 juin ; www.festival-gnaoua.net
- 25 juin, New York, USA.
- 7 juillet, Montréal Jazz Festival, Québec.
- 26 juillet, Toulon Jazz Festival, France.
- 28 septembre, Paris, Festival Gwoka, France.
- 11 octobre, Toulouse, Jazz sur son 31, salle Nougaro, France.
- 13 octobre, Caveirac, Festival de Jazz de Nîmes, France.







       
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