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Jean-Baptiste Djoumessi : 'il ne peut y avoir de bonne gouvernance sans démocratie'
10/07/2007
 

Auteur de 'la France au Cameroun, le Refus de Partager la Liberte, l'Egalite et la Fraternite', Jean-Baptiste Djoumessi livre sa vision des options que devrait suivre le continent africain pour aller de l'avant en matière de développement
 
Par Paul Yange
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Jean-Baptiste Djoumessi  
Jean-Baptiste Djoumessi
 

Vous êtes l’auteur de "la France au Cameroun, le Refus de Partager la Liberté, l'Egalité et la Fraternité," pouvez-vous nous expliquer le fil conducteur de votre livre ?

Le fil conducteur est simple : nous avons raté notre décolonisation et c’est la France qui était la puissance tutrice. Nous ne devons pas en rester là. De nombreux camerounais écrivains et autres se limitent à cette décolonisation ratée alors qu’il y a d’autres choses à faire. Il faut se tourner vers l’avenir et regarder plus loin. Si la France avait partagé sa devise, on se porterait mieux car il y a des valeurs qui sont de portée universelles et peuvent donc être partagées. Il ne faut pas concevoir un développement du Cameroun ou africain qui soit tellement tropicalisé qu’il ne ressemble à rien d’autre.


A la base, le libéralisme repose sur l'individualisme et un certain égoïsme, ce qui ne cadre pas avec la culture africaine. Mais il me semble néanmois être la voie pour l'avenir de l'Afrique
Jean-Bapstiste Djoumessi


Le deuxième élément du fil conducteur du livre est de dire que le Cameroun est partie prenante de ce monde, et comme l’avait écrit Adam Smith dans "les fondements de la richesse des nations", la richesse est basée sur le libéralisme. S’il faut que l’on procède à une inculturation, il faut que l’on voie les limites de cette thèse pour permettre une inculturation camerounaise qui ne nous écarte pas trop du courant principal. L'on doit rester dans le grand courant universaliste du libéralisme économique ou politique.

Vous partez du postulat que l’Afrique a raté sa décolonisation. Est-ce que ce postulat est correct ?

C’est un postulat, il n’y a qu’à faire la comparaison avec d autres anciennes colonisations. Je prends le cas des Etats-Unis et de l’Angleterre. Voilà une décolonisation qui n’a pas été ratée. Aujourd’hui il y a un véritable co-développement entre les Etats-Unis et l’Angleterre à telle enseigne que l’on ne peut même pas imaginer que hier, les Etats-Unis étaient une colonie anglaise.

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Les colonisations en Afrique Noire et aux Etats-Unis n’étaient peut-être pas de même nature ?

Il n’y pas une différente de nature dans la colonisation, les anglais exploitaient le coton américain (matière première), les français et les autres puissances coloniales exploitaient les matières premières donc du point de vue de la nature, de la motivation de la colonisation, c’est la même chose. Les différences viennent de ce qui constitue les causes de l’enrichissement de différentes nations. C’est là que se situe la différence.

Nous africains nous sommes accrochés aux idées communistes selon lesquelles il y a une inégalité découlant de l’exploitation de l’homme par l’homme et qu’il faudrait combattre. Nous sommes restés sur ces idées, démenties par l’évolution de la pensée économique. Les pays communistes eux-mêmes ont abandonné ces idées qui n’ont pas permis à leurs sociétés de s’épanouir.

En Afrique, les dirigeants tirent avantage de la maxime "c'est le peuple qui fait le prince, mais c'est le prince qui gouverne"
Jean-Baptiste Djoumessi






 
 

Quel rapport faites vous entre le concept de bonne gouvernance et de démocratie. Quelles différences faites vous ?

Il y a un lien étroit entre les deux concepts. La gouvernance économique doit être contrôlée par la gouvernance politique.

Si le peuple est souverain, il a son mot à dire en ce qui concerne la gouvernance politique. Mais s’il n’est pas souverain, il ne peut pas s’exprimer, et c’est la situation dans laquelle se trouvent la quasi-totalité des pays africains.

Les dirigeants en Afrique tirent avantage d’une pensée de Montesquieu selon laquelle "c’est le peuple qui fait le prince, mais c’est le prince qui gouverne". Donc il y a comme un paradoxe, qui peut être à la base d’un cercle vertueux ou d’un cercle vicieux. Il faudrait que les africains s’impliquent dans ce type de débat pour faire évoluer les choses.


Vous semblez penser que sans démocratie, la bonne gouvernance ne peut pas réellement exister. Est-ce véritablement le cas ?

Oui pour moi sans démocratie, il ne peut y avoir de bonne gouvernance. Il faut que l’Etat agisse sur la base d’un programme de développement qui doit être apprécié par le peuple. Comme le peuple dans toute sa composante ne peut pas être à même d’apprécier par lui-même des programmes gouvernementaux, il faut à la fois des partis politiques bien structurés, qui jouent le rôle de donneurs d’avis différents, et qu’il y ait des penseurs, des intellectuels qui donnent leurs points de vue sur la manière dont le pays est gouverné.

Vous dites que dans le cas du Cameroun la stratégie de bonne gouvernance est mal conçue et mal appliquée depuis le début des années 90. Comment cela se manifeste t-il ?

Quand je dis cela, je pars d’une définition, les détournements de fonts publics sont-ils des crimes de raison ou de passion ? Si ce sont des crimes de raison, on peut prendre des mesures pour dissuader le criminel de commettre son forfait. Si c’est un crime de passion, c’est autre chose car le mobile échapperait a la prise de conscience de la sanction de la société. Il faut prendre des mesures pour sanctionner les détournements de fonds publics qui relèvent d un crime de raison.

Nous sommes dans un pays où il y a des procureurs. Le procureur de la république devrait pouvoir jouer son rôle. Son action est très limitée parce que la hiérarchie du ministère chargé du contrôle supérieur des gestionnaires publics doit donner le feu vert pour que des poursuites soient engagées. Si le procureur qui défend les intérêts de la république, avait les mains libres pour jouer son rôle, les gens seraient plus hésitants à commettre des détournements des fonds publics. La presse indépendante qui jouit d’une grande liberté au Cameroun s est constituée observateur pour dénoncer les délinquants en cols blancs. Fréquemment, l on voit des fac-similés dans la presse privée, qui dénonce mais sans suite. Le procureur devrait se saisir de ces scandales qui sont déjà connues de l’opinion publique. Le manque de sanctions systématiques enlève la crédibilité au Gouvernement.

Robert Zoellick, nouveau directeur de la banque mondiale  
Robert Zoellick, nouveau directeur de la banque mondiale
© afriqueouest.info
 

Aujourd’hui le concept qui est reconnu le plus efficace au niveau économique est le libéralisme. Comment celui-ci peut-il s’adapter en Afrique ?
Les africains sont des hommes comme les autres, c.a.d. dotes d une âme, d un corps et d un esprit. A partir de ce moment, il y a possibilité d’appliquer dans leurs pays, les règles qui sont à l’origine de la richesse d’autres nations. Moyennant évidemment certaines adaptations.

Le libéralisme économique repose sur l’individualisme et un certain égoïsme, ce qui ne cadre pas avec la culture de base de l’africain qui est beaucoup plus communautariste. Mais l'on pourrait utiliser ce concept et encourager la générosité des riches, sans culpabiliser ceux qui s enrichissent en appliquant les règles du marché.

Par rapport à l’avenir de l’Afrique, peut-on inventer d’autres concepts ou le libéralisme est-il la seule voie ?
Le libéralisme me semble être la voie. Je ne pense pas que les africains soient tellement originaux et particuliers par rapport aux autres peuples qu’ils puissent faire différemment ce que tous les autres peuples ont fait pour se développer.

Lors de l’élaboration des politiques sociales, qu’on fasse une place particulière a la politique de la famille. En Afrique, la conception de la famille est différente par exemple de celle de la famille en France. Ce qui est compréhensible. Chez nous, l’éducation dès l’enfance est faite au sein du milieu familial pour transmettre la coutume. C est ainsi que certaines taches sont réservées aux femmes et aux enfants. Il n’y a pas de crèches ou de baby-sitting.

Il y a des penseurs occidentaux comme Freud qui a démontre que le complexe de l’adulte habite l’enfant. Quand celui-ci devient adulte, il n’a plus ce modèle en face de lui. C’est un véritable drame social.


Dans nos pays, il y avait des pratiques démocratiques avant les indépendances
Jean-Baptiste Djoumessi







Chez nous, on estime que les tâches qui en occident sont réservées aux adultes doivent être confiées aux enfants pour leur éducation, de sorte qu’il y ait continuité entre l enfance et l adulte. L’enfant mettra ainsi en perspective la vision de sa vie adulte de sorte que devenu grand, il ne soit pas de ce point de vue un névrosé. On pourrait prendre plusieurs autres exemples pour expliquer les nuances que la culture africaine apporte en matière de développement. Mais encore faut-il bien la penser et montrer en quoi elle peut venir en complément ou en remplacement de ce qui est proposé en Occident.

En religion, l’église l’a bien comprit. L’église Catholique a accepté l’inculturation car elle avait comprit que sans inculturation, la religion chrétienne n’allait pas s’ancrer en Afrique. L inculturation a permis une progression et l'expansion du catholicisme notamment au Cameroun.

Pensez-vous que les africains ont des choses à apprendre d’autres peuples ?

Les africains ont à apporter des choses aux autres. La conception de la famille dont je parlais tout à l’heure peut-être enseignée aux occidentaux. Les asiatiques ont des choses à apprendre de nous comme nous en avons à apprendre d’eux. Les européens nous ont appris que les droits de l’homme sont sacrés. Il faut poser ce postulat des droits de l’homme pour tous les individus.

Il y a des rapports de force entre les différents pays, est ce que les valeurs seraient suffisantes en elles mêmes ?

Le débat qui a cours en Europe porte sur une idée républicaine en Europe et dans le monde. C’est un débat dans lequel les africains doivent s’investir. Il faut que les africains se convainquent qu’ils ne sont pas des hommes à part, mais des êtres humains à part entière.

Nous avons des jeunes qui n’ont aucun complexe entre individu, mais la différence entre les pays crée un complexe qui n’a pas lieu d’être. Attali dit que dans le passé, le cœur de la puissance économique s’est déplacé, Gênes, Londres, Amsterdam etc. A chaque époque, c’est le couple démocratie/ marchande qui a permis l’essor économique.

Quelques chefs d'Etat de l'époque des indépendances : Senghor, Mobutu, Ahidjo, Houphouët  
Quelques chefs d'Etat de l'époque des indépendances : Senghor, Mobutu, Ahidjo, Houphouët
 

Sous quel horizon pensez-vous que l’Afrique sera capable d’appliquer ces concepts, de bonne gouvernance, démocratie car beaucoup de personnes pensent que ça ne fera pas de si tôt sur le continent...

Il faut s’inscrire en faux contre ces idées. Avant les indépendances, il y avait nombre de pratiques démocratiques dans nos pays. Aujourd’hui, la politique politicienne qui répond à une logique de conservation du pouvoir, l emporte sur la politique de développement. En occident, la campagne électorale est beaucoup plus basée sur un programme et sur une politique économique pour convaincre les électeurs. Chez nous ces politiques ne sont même pas élaborées, les gens se débrouillent et recourent à toute sortes de moyens pour corrompre les consciences des électeurs.

Le but de la manœuvre ailleurs, est d obtenir la majorité confortable au parlement pour avoir les moyens législatifs nécessaires pour appliquer les programmes « vendus » à l’électorat pendant la campagne. Depuis 15 ans, au Cameroun, le parti au pouvoir a bien la majorité au parlement, sans grands résultats sur le quotidien des camerounais.

Dans mon livre, je me prononce contre cette thèse. Quoi que dans le cas du Cameroun, nous vivons un paradoxe : à l’époque du parti unique, les taux de croissance économiques étaient plus forts qu ils ne le sont devenus sous le multipartisme. Ils ont chuté.

On pourrait conclure : à quoi cela sert-il d’avoir plusieurs partis si cela conduit à de mauvaises prouesses économiques. Il faut se dire que les hommes providentiels qui ont fait avancer l’humanité n’avaient pas l’ambition d’exercer le pouvoir politique. Les hommes providentiels qui ont fait avancer l’humanité se sont mis en marche pour faire avancer l’ensemble.

Quand vous prenez l’exemple de la France, les mesures qui vont être mises en place bénéficieront à l’ensemble des français et pas seulement au camp du vainqueur de l élection présidentielle. Dire qu’il faut des guides éclairés est la négation de la souveraineté du peuple.


Vous ne pensez pas qu’il y a un cercle vicieux, pas d’économie forte, pas de démocratie. Pour vous c’est le contraire qu’en pensez-vous ?

Si nous voulons un progrès, adoptons les solutions et les méthodes qui ont marché ailleurs. Si par exemple, on laisse les procureurs jouer leur rôle, les détourneurs de fonds se tiendront tranquilles.

Les intellectuels qui ont démissionné et trahi leurs missions, doivent se remettre au travail et jouer prioritairement leur rôle. Et non aussi aller barboter dans la marre, pour briguer des mandats politiques. Ils doivent utiliser le potentiel intellectuel qui est le leur pour analyser et dire quels modèles économiques, politiques ou sociaux sont pertinents pour notre développement, ou ne le sont pas.

En conclusion à qui s’adresse ce livre ?

Mon livre s’adresse aux jeunes. Les jeunes sont notre avenir, le fer de lance des nations. Les jeunes doivent devenir responsables, examiner les idées "vraies" à la lumière d’un certain nombre de principes.

Deuxièmement, les intellectuels doivent cesser d’être perroquets, ou la voix de leur maître. Le drame qu ils préparent, est celui du jour ou quand le peuple n en pourra plus, tuera ses dirigeants qui n auront pas au préalable pu prendre le chemin de l’exil. Est-ce cela qui doit toujours arriver à nos leaders en Afrique ?

Dans d’autres pays, les anciens leaders sont consultés et respectes pour leur sagesse et leur expérience. En Afrique, a quelques exceptions près, les anciens leaders sont souvent personae non grata dans leur pays d’origine.

Où peut-on trouver votre livre ?

Vous pouvez le commander sur internet en cliquant sur le lien suivant

http://www.societedesecrivains.com/pc/viewPrd.asp?idproduct=1076

Ou en vous rendant sur mon site internet

www.djoumessi.com dans la rubrique "commander un ouvrage"

Lui écrire : djoumessijb@djoumessi.com

       
Mots-clés
afrique   cameroun   democratie   
 
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