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Etudiante de l'Université Africaine des Sciences libres
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Pays d’Afrique du Nord, la Tunisie accueille, chaque année, des étudiants noirs africains dans ses universités, ses instituts étatiques ou privés. Ainsi, et d’après les chiffres fournis par le ministère de l’Enseignement supérieur tunisien, 786 Noirs Africains sont inscrits dans les universités et instituts publics.
Il s’agit de 42 Congolais (Brazzaville), 23 Congolais (Kinshasa), 71 Sénégalais, 9 Soudanais, 40 Béninois, 40 Tchadiens, 36 Camerounais, 96 Ivoiriens, 41 Burkinabés, 42 Nigériens, 96 Ivoiriens, 14 Ghanéens, 43 Guinéens, 105 Maliens, 23 Nigérians, 9 Malgaches, 50 Djiboutiens, 3 Mauriciens, et 2 Seychellois. Le reste se répartissant entre Gabonais (bien que nombre d’entre eux soient inscrits dans des facs ou des instituts privés), Comoriens, Mauritaniens…
Pour nombre d’étudiants d’Afrique noire, avoir opté pour la Tunisie, en premier ou en second choix, c’est avoir sélectionné un bon niveau d’étude, à l’instar de D.S., 19 ans, mauritanien, étudiant dans un institut en première année de gestion : «A la base, je voulais aller en France. Malheureusement, je me suis inscrit trop tard. Il a, alors, fallu que je choisisse entre le Sénégal, le Maroc et la Tunisie. J’ai opté pour la Tunisie parce qu’on m’avait dit qu’au niveau des études, elle était la meilleure». |
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Cette question de niveau des études revient souvent dans les réponses de ces jeunes. «La Tunisie est parmi les meilleurs pays en Afrique a bien donné ces cours», déclare L.N., une étudiante congolaise (RDC) en troisième année de DUT Télécoms dans une université libre de Tunis. Et J.L., ingénieur sénégalais de 28 ans, ayant obtenu ses diplômes supérieurs dans la capitale tunisienne de surenchérir : «Les études en Tunisie y sont très bien dispensées. C’est un pays calme, stable et dont les diplômes sont mondialement reconnus».
La stabilité est aussi mise en avant par Z.S.Y., un Ivoirien de 20 ans, étudiants en deuxième année de multimédia : «Je ne pouvais faire mes études en Côte d’Ivoire vu le contexte politique. J’ai choisi la Tunisie parce que c’est un pays où l’on est en sécurité et parce qu’il y a la Banque Africaine de Développement».
D’autres raisons ont poussé ces jeunes à choisir la Tunisie comme la présence d’un parent déjà sur place à l’instar de C.N., étudiant gabonais en deuxième année science de gestion, venu rejoindre son frère, ou encore parce ce pays du Maghreb est supposé être un pays francophone. |

Supposé être un pays francophone, certes, mais la réalité est tout autre. Avec l’arabisation préconisée par l’Etat tunisien, le français est en perte de vitesse, ce qui pose problème aux étudiants noirs africains issus, pour la plupart, d’un pays francophone.
Pour l’étudiante congolaise L.N., «les professeurs ont du mal à faire passer les cours en français ». J.L., l’ingénieur sénégalais, parle, également, d’un problème de langue : «Les profs et les étudiants tunisiens s’expriment en arabe, ce qui ne me permet pas de suivre». Et l’Ivoirien Z.S.Y. d’ajouter : «Les profs ne parlent pas bien la langue française».
Le problème de la langue entraîne un problème de communication et de compréhension. L’intégration de ces jeunes étudiants n’a pas été et n’est pas toujours facile ni dans le milieu estudiantin, ni dans la société tunisienne. Les mentalités et la différence de culture sont bien souvent des barrières. |

«Ils (les Tunisiens) regardent les Noirs comme des bêtes de foire. Des enfants m’appellent "guira, guira". J’ai l’impression que leurs parents ne les éduquent pas, ni leur apprennent la tolérance», déclare D.S., le Mauritanien. Son compatriote S.S, 23 ans, préparant une maîtrise en fac de science surenchérie
: «Les gens croient que si nous sommes ici, c’est qu’il n’y a rien chez nous. Ils ont des idées préconçues sur les Noirs. On m’a déjà lancé à la figure "Rawah lil bledek", rentre chez toi. Dans la rue, les enfants nous jettent souvent des cailloux et nous traitent de "abid", esclave, de "kahlouche", nègre. Ils nous appellent "guira, guira". C’est très démoralisant. En plus, la plupart des Tunisiens sont racistes mais le cachent. On le sent partout, en classe, au resto universitaire, dans le métro. C’est une société très hermétique. Il y a plus d’hypocrites que de Tunisiens sincères». O.M.D., un autre étudiant Mauritanien, de 26 ans, a ajouté : «Je suis dans ma deuxième année. Je n’ai jamais eu un vrai ami. Toutes les relations sont basées sur des intérêts. Donc, il est difficile de trouver quelqu’un sur qui on peut faire confiance». |

Leur «grand frère», M.B.S., 39 ans, docteur en géologie, vit en Tunisie depuis 17 ans. Il raconte les problèmes qu’il a rencontrés : «Les Tunisiens confondent gentillesse et naïveté, respect et faiblesse. Toutefois, il y a des exceptions. Nous sommes perçus comme des sous-hommes. On nous manque de respect.
A mon arrivée, j’étais perçu comme un être misérable, affamés. On nous demandait au restaurant si nous avions des oranges, des pommes dans notre pays d’origine. Ils croyaient que nous étions venus étudier en Tunisie car nous n’avions pas d’universités chez nous et que c’était ici que nous goûtions pour la première fois au riz, couscous, pâtes etc. Quand vous êtes gentil avec eux, ils vous prennent pour un naïf. Ils aiment utiliser la "ruse" pour tromper les gens. On devient leur ami quand ils ont besoin de nous et dès qu’ils obtiennent ce qu’ils veulent, ils nous oublient».
Et M.B.S. de continuer : «Les difficultés d’intégration résident parfois dans la méconnaissance de l’autre. Je trouve que les Tunisiens connaissent mal l’Afrique noire. Celle-ci est assimilée à la misère, la famine etc. De ce fait, nous avons du mal à nous faire accepter sur le même pied d’égalité. Cela peut étonner les Tunisiens, mais les Noirs Africains ont beaucoup plus de difficultés en Tunisie que les immigrés n’en ont en France. Ici, on a beau faire 20 ans, on renouvellera sa carte de séjour chaque année. Quand on est Tunisien, on ne peut pas comprendre certaines choses. Il faut vivre l’humiliation au quotidien pour comprendre le calvaire qu’on vit ici». |

Malgré ces problèmes d’intégration, certains trouvent une avancée dans les relations avec le voisinage. Comme c’est le cas de M.T.A., 24 ans, étudiant malien en quatrième année d’ingénierie : «Oui, il existe une avancée positive avec mon voisinage. L’habitude s’est installée. Le voisinage a finalement compris que nous sommes tous des humains et que nous appartenons au même continent».
Les autres difficultés que ces étudiants rencontrent sont d’ordre financières. Quelques-uns sont allés étudier en Tunisie grâce à une bourse donnée par le pays d’origine. Les autres s’y sont rendus par leurs propres moyens ou avec l’aide de parents. Cependant, que ce soit la bourse ou l’aide parentale, certains étudiants ont dû mal à subvenir à leurs besoins. Il y a une sorte d’aide communautaire qui s’instaure.
Les étudiants se réunissent par petits groupes pour louer des villas ou des appartements. Chacun, à tour de rôle, cuisinera pour les autres etc.
Chaque année, pour faire connaître leur pays aux étudiants tunisiens et pour se réunir avec un maximum de leurs compatriotes, des journées sont organisées au centre culturel et universitaire Houcine Bouzaïène de Tunis, par communauté. C’est presque le seul moment de l’année durant lequel les différences entre Noirs Africains et Tunisiens n’existent pas. |
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