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Olivier Falla-Etzol, senior manager chez Atos Consulting
29/11/2007
 

Grioo.com est allé à la rencontre d'Olivier Falla-Etzol, senior manager au sein d'Atos Consulting. Né en Guadeloupe, il a grandi à Grigny, un quartier dit ''sensible''. Un début de scolarité difficile ne l'a pas empêché de mener une intéressante carrière professionnelle tout en enseignant parallèlement à l'université. Il est aussi l'un des fondateurs de Stratexia, une organisation à but non lucratif qui opère dans le domaine du co-développement
 
Par Paul Yange
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Olivier Falla-Etzol  
Olivier Falla-Etzol
 

Bonjour Olivier Falla-Etzol, pouvez-vous vous présenter à nos internautes ?

Bonjour, je suis Olivier Falla-Etzol, j’ai 34 ans, je suis marié et père de deux enfants. Au niveau professionnel, j’exerce à titre principal le métier de consultant en management et systèmes d’information au sein du cabinet Atos Consulting, pôle conseil du groupe Atos Origin (50 000 personnes dans une quarantaine de pays pour un C.A de 5,4 milliards d’euros).

Plus précisément, j’occupe les fonctions de Senior Manager au sein de la Business Unit Banque et Assurance où j’accompagne des groupes de protection sociale, des mutuelles et des banques mutualistes dans des projets de regroupement de structures, d’amélioration de leur performance commerciale et de gestion et d’évolution de leur système d’information, de gestion et de pilotage.

Quelqu’un avec un bac+4/5 qui n’a pas peur des gens et qui a envie de travailler peut réussir dans les métiers du conseil
Olivier Falla-Etzol


Vous êtes originaire de la Guadeloupe...

Je suis né en 1973 à Grand Bourg de Marie-Galante qui est une dépendance de la Guadeloupe, et qui compte 6 000 habitants. Ma famille maternelle est plutôt modeste, sans aucune connotation péjorative attachée à ce mot : c’est un milieu d’agriculteurs qui travaillent la canne à sucre et de petits artisans. Ma famille paternelle appartient à la petite bourgeoisie administrative : mon grand-père était instituteur, un de mes oncles maire et mon père directeur général des services de la commune. J’ai donc bénéficié d’une certaine ouverture ou mixité sociale dès le départ.

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Par la suite vous vivez en compagnie de votre mère à Grigny, un quartier qui a la réputation d’être un quartier "difficile"...

Je ne garde que de bons souvenirs de la ville de Grigny où j’ai vécu de 1980 à 2001 et où je me rends encore régulièrement. J’y ai fondamentalement appris le respect de l’autre et l’interaction avec différentes cultures, pour avoir grandi avec des petits blancs, des petits noirs africains, des petits noirs antillais, des petits maghrébins, des turcs, des asiatiques...Cela vous marque à vie.

Bien évidemment, les habitants n’y sont pas riches, mais ils ne sont pas malheureux. A aucun moment je n’ai pensé que je manquais de quelque chose. Bien sur je ne suis pas totalement naïf et en grandissant, je me suis dit que je croisais un peu plus la BAC (Brigade anti-criminalité) à Grigny qu’ailleurs…mais je ne me suis jamais senti stigmatisé en me disant que j’étais grignois. D’ailleurs en me présentant à mes nouveaux collègues d’Atos Consulting, j’ai mis un point d’honneur à mentionner mes années à Grigny.

Vous avez suivi toutes vos études secondaires jusqu’au baccalauréat à Grigny...

Effectivement. J’étais à l’école primaire Gérard Philippe, puis au collège Pablo Neruda, avant d’être sectorisé au lycée Jean-Baptiste Corot de Savigny-sur-Orge. Du reste, je voudrais souligner le professionnalisme et l’engagement des instituteurs de l’école primaire à Grigny, qui alors que je n’étais pas très assidu à l’école, se sont donnés du mal pour me faire travailler davantage et après la classe et me permettre de combler mon retard. J’en ai gardé une écriture difficile, et pour le reste ça va à peu près (rires).

Grand Bourg de Marie-Galante  
Grand Bourg de Marie-Galante
 

Après votre bac vous optez pour l'université...

J’obtiens un bac économique et social (B) avec mention en 1991 et je suis admis en classe préparatoire Hypokhâgne et HEC. A ce moment là, j’ai fait un calcul économique et réalise que je n’avais pas les moyens de financer un cursus en Ecole de commerce. Un tel cursus coûtait alors 30 000 francs par an (environ 4750 euros), et compte tenu de mon niveau relatif en maths, j‘avais peu de chance d’intégrer une des trois premières écoles (HEC, ESSEC, ESCP ndlr). J’aurais donc du aller dans une école de province, ce qui aurait entraîné des frais supplémentaires pour mon logement.

Cela a été ma première tristesse car je me suis dit que je ne pouvais pas faire supporter de tels frais à ma famille (les programmes d’apprentissage dans lesquels les élèves sont rémunérés et leurs droits de scolarité pris en charge par leur entreprise d’accueil commençaient tout juste à se mettre en place). De plus je pratiquais alors l’athlétisme en compétition (110 mètres haies) et la fac constituait un bon compromis pour continuer à m’entraîner. J’ai donc cherché une fac avec des stages, des enseignements professionnels, des séjours à l’étranger et j’ai opté pour l’Université Paris XII.

La plupart des gens qui vivent en banlieue veulent s'en sortir contrairement à ce qu'un certain type de discours essaye de faire croire
Olivier Falla-Etzol


Pour construire mon parcours universitaire, je me suis demandé quelles études me permettraient d’une part de trouver un emploi et d’autre part de me construire une grille de lecture du monde c'est-à-dire qui me permette de répondre à la question "comment fonctionne le monde ,"...J’ai choisi la filière AES (Administration économique et sociale) car elle contenait des enseignements de droit, d’économie, de sciences sociales et des langues lors les deux premières années, avant une spécialisation en deuxième cycle. Les quatre premières années, j’ai été assidu en cours mais ne participais pas à la vie du campus en raison de mes activités sportives et professionnelles pour financer mes études (petits boulots en parallèle)...

 
 

Un premier tournant intervient en 1995, date à laquelle j’effectue un séjour Erasmus à la faculté de droit de Newcastle en Angleterre à l’occasion duquel je découvre le professionnalisme des étudiants britanniques qui gèrent eux même leur logement, leurs sorties, leur insertion économique…A mon retour en France, j’ai voulu transposer ce que j’avais vu là-bas sur le campus de Paris XII, en créant avec des camarades une association - Action Echange Solidarité – qui a remporté les élections universitaires au niveau local dans les organes de décisions et de pilotage de l’Université (Conseil des études, scientifiques, d’administration…) puis en étant élu au niveau national.

Dans ce cadre, je me suis dons retrouvé représentant national étudiant auprès du ministère de l’éducation nationale (Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche - CNESER) et du Ministre de la Défense (Commission Armée Jeunesse)…
Plus tard dans mes études j’ai fait un DESS (Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées, équivalent du Master II actuel) de gestion, puis un DESS de Défense à l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques), pour ma culture personnelle, et encore plus tard un DEA (Diplôme d’études approfondies) d’histoire du droit européen (avec une spécialisation en droit des religions)…

Est-ce que ces troisièmes cycles non classiques vous ont aidé par la suite ?

Le DESS de Défense m’a permis de faire un stage à l’Assemblée Nationale, auprès d’un député qui travaillait à la commission de la défense puis grâce à cette expérience j’ai pu faire mon service militaire à la DRM (Direction du renseignement militaire en tant qu’officier d’Etat-major). En pratique, l’école d’officiers m’a conduit à côtoyer des personnes qui souhaitaient devenir consultants, et qui m’ont expliqué comment fonctionnait ce milieu. Le DESS de Défense me sert dans ma vie citoyenne, et le DEA et m’a permis de comprendre l’importance de la religion dans la vie des gens et même dans le code civil (qui comporte 40% de droit religieux) !

 
 

Au terme de mon service national, j’avais 24 ans, un bon niveau général de formation ponctué par un séjour à l’étranger, effectué des stages en entreprise, et exercé des responsabilités dans le milieu associatif. Dans le même temps, le secteur du conseil était en croissance (20 % par an). Dans ce contexte, les cabinets ont ouvert leur recrutement à des profils universitaires similaires au mien, et plus seulement de grandes écoles. Je suis donc rentré dans le monde du conseil chez KPMG Peat Marwick en 1998 en me disant que j’allais y rester deux ou trois ans, et puis faire autre chose après. Finalement je suis resté dans ce secteur d’activité...

Une anecdote : j’ai été recruté notamment grâce à mon engagement dans le monde associatif. Pendant mes campagnes électorales étudiantes, j’avais fait une intervention devant des étudiants en DESS de ressources humaines, et une de mes anciennes camarades était présente. Je l’ai croisé plus tard lors d’un salon de recrutement, et elle était devenue recruteuse chez KMPG. Elle m’a alors conseillé de mettre en avant certaines parties de mon expérience plutôt que d’autres. Elle a ensuite réceptionné mon CV, l’a introduit dans le circuit puis des managers et des associés m’ont fait passer des entretiens ayant abouti sur mon recrutement. C’est donc en partie grâce à mon engagement associatif j’ai pu intégrer le milieu du conseil.

Par rapport à vos débuts, maintenant que vous êtes senior manager, quelles sont les différences ?

Les cabinets de conseil en management ont une organisation pyramidale "quasi-militaire" et sont structurés autour de trois grands processus : la vente des missions, la production des missions, le management des ressources.

Au départ, vous êtes consultant et votre activité principale consiste à produire c'est-à-dire à réaliser les missions. Lors de ma première mission, j’ai ainsi pu découvrir l’aspect opérationnel du métier de consultant, on est là pour faire ("délivrer" dans le jargon) et pas pour dire "y a qu’a, faut qu’on". Dans ce cadre, le consultant peut interagir à la fois avec des cadres ou des chefs de service et avec de employés "de base" (encore une fois sans connotation péjorative) et c’est précisément ce qui fait la richesse du métier...

Un senior manager doit générer un million d'euros de chiffres d'affaires selon les normes de notre métier
Olivier Falla-Etzol


Quand vous devenez autonome, vous êtes promu au grade de consultant senior, et on vous donne à encadrer un consultant junior. Une fois que vous avez démontré vos capacités d’encadrement et que vous commencez à savoir identifier des opportunités commerciales complémentaires chez des clients, vous pouvez postuler au grade de manager.


A partir du grade de manager, le volet développement commercial est de plus en plus déterminant pour la progression de carrière .Un manager doit commencer à vendre "dans le dur" à partir de zéro, et si les résultats (ie le C.A.) sont bons, les associés du cabinet peuvent penser à vous pour un passage au grade de senior manager. Un senior manager doit générer un million d’euros de chiffre d’affaires, c’est la norme de notre métier à Paris. Quand vous générez 3 à 4 millions d’euros par an, vous devenez ou plus précisément êtes coopté au grade d’associé. Dans ces métiers là, il faut donc être rapidement capable de produire et d’encadrer pour ensuite s’attacher à franchir un cap commercial. Tout le monde sait produire, mais il faut vouloir et...savoir vendre et manager des relations commerciales. Du reste, je considère avoir encore pas mal de choses à apprendre...

Grosso modo c’est une question de chiffre d’affaires généré...

Oui, mais il faut nécessairement bien connaître le métier pour vendre et durer...Dans le conseil, celui qui vend doit également être capable de réaliser la prestation. C’est la différente avec les SSII (Sociétés de services informatiques) où le commercial vend, et quelqu’un d’autre réalise la mission.

Dans cette perspective, mon activité comprend aujourd’hui trois responsabilités principales :
-le développement commercial (conception d’offre, réponses à des consultations, propositions commerciales)
-la réalisation des missions : une fois que les missions sont vendues, il faut pouvoir les réaliser dans les délais et avec la qualité attendus par le donneur d’ordre
-Le management en interne (recrutement, formation, évaluation) et chez les clients (direction de mission)

Vous disiez que vous aviez travaillé pour financer vos études, et le métier de consultant tout compte fait ne vous semblait pas si difficile que ça...

Quand j’étais étudiant, j’ai été agent hospitalier -ma mère est aide-soignante ce qui m’a permis d’avoir ce job-, j’ai travaillé comme garçon de salles, je nettoyais des salles d’opérations. J’ai également travaillé en gériatrie où je changeais les couches des personnes âgées. J’ai alors pu voir la solitude des personnes auxquelles leur famille ne rendait pas visite. Grosso modo je travaillais 20 jours pour 6000FRF par mois, 300 FRF par jour (environ 46 euros NDLR). Cela me permet aujourd’hui de relativiser la pénibilité de mon métier...Le métier de consultant est certes exigeant mais pas si difficile que cela, du moins au niveau physique. Ce qu’il faut gérer dans un cabinet de conseil, ce sont d’abord les relations et fréquemment la tension entre les personnes, que ce soit chez les clients ou en interne.

 
© bet.com  

Mais encore une fois, ce n’est pas la même chose que de construire une tour à la Défense l’hiver ! Et ce même si dans le conseil, vous avez affaire à des gens qui ne vous apprécient pas nécessairement et devez néanmoins délivrer votre prestation. Il faut également savoir organiser le travail d’une équipe, c’est ça qui peut être délicat. Au total, le conseil en management est une activité intéressante et permet de conjuguer réflexion, réalisation de projets opérationnels et interactions avec des personnes de cultures et de niveaux différents...

Surtout, le message que je veux faire passer aux lecteurs de Grioo.com, c’est que quelqu’un avec un bac+4/5 qui n’a pas peur des gens et qui a envie de travailler peut faire ce métier et y réussir. Le conseil n’est pas un métier facile, mais ce n’est pas un métier difficile non plus.

En tant que Noir et senior manager, vous n’avez jamais eu de quelconques problèmes ?

En fait pour moi, être Noir dans ce métier c’est même plutôt un avantage. Je suis dans un secteur qui est celui de la protection sociale, des caisses de retraites, mutuelles, sociétés d’assurance où les senior managers et les associés sont quelques uns sur la place de Paris. J’ai la caractéristique d’être un peu plus "bronzé" que les autres, donc on se rappelle beaucoup plus facilement de moi...Par ailleurs, j’interviens plus particulièrement dans le domaine de la protection sociale (caisses de retraites, mutuelles, organismes de sécurité sociale) dont les dirigeants ont souvent de fortes convictions républicaines et sociales.

Etre Noir dans ce métier peut être un avantage car on se rappelle plus facilement de vous
Olivier Falla-Etzol


Pour nuancer ce propos, je dirai qu’à mes débuts chez KPMG Peat Marwick, je n’avais pas les codes sociaux de ce milieu, et j’essayais de singer les autres...J’étais moyen dans mon travail, et je pense que si j’y étais resté, je ne serais pas passé consultant senior, ou du moins pas avant trois ans et demi ou quatre ans, ce qui n’était pas admissible pour moi ; Je suis allé dans une société qui s’appelle Valoris où j’ai décidé d’être moi-même. Depuis que je suis moi-même ça va beaucoup mieux. Je suis très conservateur en matière de codes sociaux, notamment vestimentaires mais j’ai depuis choisi de m’exprimer très directement, de dire les choses franchement, et cela me permet d’être à l’aise et peut-être aussi de me différencier des autres en interne ou en clientèle.

Par exemple, quand je suis avec un consultant et que je perçois une difficulté sur une mission, je lui demande quel est le vrai problème. Je lui dis par exemple "je sais que tu es entrain de 'patiner', explique moi le problème, on va le régler ensemble". Devant les clients j’assume mes responsabilités, y compris dans les situations délicates, quittes à régler la question en interne avec mes équipes par la suite. J’ai une expérience de vie qui m’a conduit à travailler avec des hommes politiques, des militaires etc. Je n’ai donc pas peur d’aller au contact des clients.

 
 

Vous êtes parallèlement enseignant à l’université où vous rencontrez des jeunes de toute origine...

Au cours de mes études, j’ai eu des enseignants qui m’ont permis de faire des stages en banque/assurance sans lesquels je ne serais pas devenu consultant. J’ai eu des enseignants qui m’ont ouvert sur le monde en particulier des cours de géopolitique et de psychosociologie des organisations qui m’ont ouvert l’esprit et m’ont amené à faire des choix professionnels.

En fait je crois que je suis fondamentalement attaché à l’institution scolaire qui en dépit de ses lacunes et notamment sa fonction de "filtre social", permet encore à tout citoyen quelque soit son milieu d’origine d’étudier quasi gratuitement et de construire un parcours d’intégration professionnelle et citoyenne. J’aime apprendre, transmettre et mon objectif en enseignant est de rendre ce que j’ai reçu. Enseigner m’offre également une soupape qui me permet de m’échapper de mon milieu professionnel, où je réfléchis en permanence sur des questions de chiffre d’affaires, de marge, de rentabilité, de business...

Mon objectif en enseignant parallèlement à mon métier de consultant est de rendre ce que j'ai reçu
Olivier Falla-Etzol


Une fois par semaine, cette soupape me permet de penser à autre chose, et en particulier à l’évolution de notre société. Au sein de l’Université de Cergy Pontoise, je suis maître de conférences associé en économie / gestion et directeur adjoint du département de Langues Etrangères Appliquées (LEA) où je m’occupe plus particulièrement de la professionnalisation des étudiants. Les étudiants que je côtoie dans l’amphithéâtre sont souvent issus de quartiers dits "défavorisés" ou souvent "issus de l’immigration" (même si je n’aime pas beaucoup ces termes).

Ils voient l’enseignant dans l’amphi qui leur ressemble ethniquement, culturellement ou socialement. En termes de grille de lecture du monde, je délivre un cours d’affaires internationales sur trois semestres. Le 1er module du cours est consacré à la géopolitique et ambitionne d’expliquer comment fonctionne le monde, le second traite des affaires européennes, qui permet de comprendre comment fonctionne l’Union européenne, et troisième module est plus orienté vers les activités commerciales et financières : comment gagner de l’argent ?!

Dans le premier module, je donne notamment un cours sur la politique africaine de la France pour expliquer les liens historiques, économiques et politiques de la Métropole et de ses anciennes colonies et ...accessoirement la diversité ethnique et religieuse de notre pays et de l’amphi...l’enseignant compris ! Du reste un autre cours dans ce premier module est consacré au poids des religions dans les relations internationales. Je m’amuse beaucoup à expliquer les liens entre Abraham et Ibrahim, Moussa et Moïse, Issa et Jésus...C’est pour moi un moyen d’ouvrir l’esprit aux étudiants. Si je peux dans un amphi susciter quelques réflexions, j’aurais été utile. Enseigner est définitivement mon métier de cœur (my calling), celui qui permet de faire passer des messages.


Si des jeunes "issus de la diversité" vous disaient vouloir devenir consultant, que leur donneriez vous comme conseil ?

Je leur dirais que c’est un beau métier qui permet de rencontrer des gens et travailler sur pleins de sujets différents. Je leur demanderais ensuite de considérer ces quatre questions :

-Est-ce que je peux faire le boulot ?

-Est-ce que la rémunération est correcte ?

-Est-ce que je peux bien m’intégrer dans l’équipe ?

-Est-ce que je peux bien représenter la société pour laquelle je travaille ?

Concernant le premier critère, je dirais que si vous avez bac+4/5, que vous maîtrisez le pack office microsoft, que vous savez vous exprimer (lire, écrire, parler), et que vous n’avez pas peur des gens, vous pouvez le remplir.

Concernant la rémunération, ce ne sont pas les candidats qui choisissent au départ, mais ils seront plutôt bien payés au départ en tant que Bac+4/5 (30 000 à 35 000 euros)...et surtout vous n’avez presque pas le choix en début de carrière !

La connaissance des codes sociaux et culturels du milieu professionnel dans lequel on veut travailler est fondamentale
Olivier Falla-Etzol


Avec le troisième critère viennent les vraies difficultés et les vrais choix avec la question des codes sociaux et culturels. Il faut apprendre à porter un costume, des chaussures noires à lacet, des boutons de manchette, à nouer des cravates car dans les cabinets de conseil il faut respecter un certain code vestimentaire. A titre personnel, j’ai appris à nouer une cravate très tard, à l’âge de 24 ans. C’est un aspect qui compte lors de l’entretien : le candidat qui a un super costume, mais des chaussettes blanches montre qu’il ne connaît pas les codes et ne sera pas retenu...Bien sur, je force quelque peu le trait...mais pas tant que cela...

Vous allez pouvoir vous intégrer dans l’équipe si vous avez, en partie, les mêmes lectures professionnelles que vos collègues. Si vous voulez travailler dans la banque, lisez la presse professionnelle de ce secteur, à l’université ou à l’école, allez aux forums, essayez de vous imprégner de ce que peut être la vie de consultant. Je dirais aussi mélangez vous, ayez des camarades de tous les milieux, noirs et non noirs, riches et moins riches…C’est parce que je suis allé à la rencontre des autres dans le milieu associatif qu’on a pu m’expliquer comment devenir consultant. Ce critère d’intégration au groupe est le plus discriminant. Si vous n’avez pas les codes sociaux, vous n’êtes pas recruté. C’est là qu’il y a un travail à faire.

Quant au quatrième critère, "est ce que vous allez bien représenter la société pour laquelle vous travaillez ?". On sait que le jeune qui arrive dans le cabinet ne connaît pas le métier de consultant et qu’il l’apprendra sur le terrain, chez le client, par contre il faut qu’il ait une excellente présentation, soit capable de faire des phrases en français...S’il a une bonne présentation, des diplômes, et les stages qui vont avec et qui permettent de l’envoyer chez le client, il remplit l’essentiel des critères.

La capacité la plus importante est la capacité d’engagement. Quand on recrute, on se demande d’abord si la personne en face de nous a envie de travailler. On détecte cette capacité au travers des stages, des boulots étudiants...On sait par exemple que quelqu’un qui a travaillé au McDo est à peu près fiable, peut tenir ses horaires. C’est quelqu’un qui a pris l’habitude de travailler. Quelqu’un qui a été président d’une association est a priori quelqu’un de plutôt débrouillard...etc


Un conseil : il ne faut pas hésiter à frapper à la porte pour les stages : "Si vous ne demandez pas, vous n’obtenez pas". J’ai demandé un stage à un professeur qui était directeur à la Société Générale. Dans un premier temps, il m’a dit non. Puis il a regardé mon comportement en cours et après une première note aux examens partiels m’a dit "OK".

Je dirais aussi aux jeunes qui viennent des quartiers dits "sensibles" comme Grigny d’utiliser l’énergie positive et la volonté de faire incroyable qui y existent. La plupart des gens qui vivent en banlieue veulent s’en sortir contrairement à ce qu’un certain type de discours essaye de faire croire. Quand vous êtes dans les premières rames du métro parisien ou sur le quai de la Gare SNCF à Grigny le matin à 7h30 dans les courants d’air ou dans le froid, et que vous voyez le nombre de personnes qui attend pour aller travailler, on ne peut pas dire que ce sont des fainéants...

Vous travaillez également dans le domaine du co-développement avec une structure que vous avez créée...?

A un moment je me suis dit : voilà je gagne bien ma vie en tant que consultant, je transmets des idées, j’ouvre l’esprit aux gens via l’université, mais est ce qu’il n’est pas possible de faire un peu plus ? D’où la naissance de STRATEXIA, un think thank, une organisation à but non lucratif créée avec des amis. Nous agissons dans les zones urbaines sensibles en région parisienne essentiellement, Grigny et Aulnay. Nous accompagnons les porteurs de projets à réaliser leurs projets sur le territoire métropolitain et également dans les pays du sud, souvent les zones d’origines des parents, l’Outre-mer ou l’Afrique subsaharienne.

 
 

Actuellement, on accompagne un porteur de projet qui veut monter une SSII à Bamako au Mali. L’année dernière on a accompagné un porteur de projet qui voulait envoyer des livres aux Antilles. On aide les porteurs de projets à formaliser leurs projets, obtenir des subventions et on les suit. Ça permet d’être utile et de s’engager, une fois encore…

En ce moment au sein de STRATEXIA, nous avons un projet de rénovation de terrains de basket-ball au Mali, en lien avec les représentants de la coopération française pour coupler l’action de développement du basketball avec une action scolaire. On refait les terrains de basket et en même temps on fait une école qui va avec. Ce projet vise à livrer un terrain neuf, des ballons, des chasubles, et des livres. Tout cela donne le sentiment de faire quelque chose d’utile et de laisser une trace…

Il y a aussi une dimension politique dans nos actions quotidiennes : quand on évolue dans un cabinet de conseil, qu’on est efficace, on peut être amené à modifier le regard des autres. Quand vous êtes enseignant, le fait d’enseigner permet de faire passer des messages, de modifier la grille de lecture du monde de plusieurs personnes. Quand vous initiez STRATEXIA, vous vous attaquez au thème du co-développement sans attendre que d’autres le fassent pour vous. STRATEXIA c’est d’abord mettre l’étrier à des porteurs de projets, que les projets soient "intello" ou non, en utilisant tout ce qu’on a appris dans le secteur privé. Ça permet aussi de rendre leur dignité aux gens…de faire en sorte qu’ils soient des hommes debout...comme on dit chez moi, Outremer, à Marie-Galante.

Merci à Grioo et à ses lecteurs

Atos Consulting est le pôle conseil en management du groupe Atos Origin, l'un des leaders mondiaux en conseil et informatique. En France Atos Consulting compte un effectif 350 personnes pour un chiffre d'affaires de 62 millions d'euros

Le site d'Atos Consulting : Atos-Consulting.com

Le site de Stratexia : www.stratexia.com

Contact :






       
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