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Laurent Gbagbo, l’administration Obama et l’aveuglement de la diaspora africaine
30/12/2010
 

Seul contre tous, Gbagbo fait face à la pression de l’administration Obama, mais est soutenu par une partie de la diaspora africaine. A t-elle vraiment raison de le soutenir ?
 
Par Daoundé Alain
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Barack Obama lors d'une visite au Kenya en 2006  
Barack Obama lors d'une visite au Kenya en 2006
© files.wordpress.com
 

Le message était passé presqu’inaperçu, mais fin octobre, avant le premier tour des élections en Côte d’Ivoire, Barack Obama s’était exprimé, encourageant le processus démocratique qui devait permettre au pays de sortir définitivement de la crise politique : "Le gouvernement ivoirien, les candidats, leurs partisans et tous les acteurs du jeu politique doivent faire en sorte que cette élection présidentielle maintes fois retardée ait lieu de manière pacifique et transparente" disait le président américain dans un communiqué [1].

A la suite du blocage survenu au sein de la Commission Electorale Indépendante lors du second tour, Hillary Clinton avait appelé à la publication des résultats. Lorsque Paul Yao N’dré a annulé une partie des résultats du scrutin dans les zones favorables à Alassane Ouattara pour déclarer vainqueur Laurent Gbagbo, Barack Obama, qui se trouvait en Afghanistan, a essayé de joindre (sans succès) Laurent Gbagbo, qui n’a pas répondu [2]. Le président américain lui a ensuite envoyé une lettre par voie diplomatique dans laquelle il disait qu’il était prêt à l’accueillir à la Maison-Blanche et à discuter de son rôle dans les institutions africaines s’il se retirait, mais qu’il était prêt à l’isoler diplomatiquement s’il s’accrochait au pouvoir.

C’est Alcide Djédjé, ministre des affaires étrangères de Laurent Gbagbo qui assure l’interface entre Gbagbo et l’administration américaine. Le président sortant s’est isolé, ne dort plus au palais, et s'est persuadé (en apparence au moins) qu’il mène une mission quasi divine.

Pour l'administration Obama, fermer les yeux sur le hold-up perpétré par Laurent Gbagbo aurait été un mauvais signal : une quinzaine d'élections présidentielles auront lieu en 2011 sur tout le continent africain


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Laurent Gbagbo lors de la campagne présidentielle de 1990  
Laurent Gbagbo lors de la campagne présidentielle de 1990
 

Pour l’administration américaine, la situation est simple: Alassane Ouattara est le vainqueur de la présidentielle (les résultats de la CEI et de l’ONU concordent), tandis que Laurent Gbagbo est le prototype du dirigeant battu qui s’accroche au pouvoir. Il représente le type de dirigeants que critiquait justement Barack Obama en recevant une centaine de jeunes Africains à la Maison-Blanche en août 2010 :

"Et si vous y réfléchissez, dans les années 60, quand vos grand-parents, vos arrière-grands-parents, luttaient pour l'indépendance, les premiers dirigeants disaient tous être pour la démocratie. Une fois qu'ils ont eu le pouvoir, ils ont dit 'je suis un si bon dirigeant que pour le bénéfice du peuple je dois rester au pouvoir' (...) Et rapidement, des gens comme vous, jeunes, pleins d'espoirs et de promesses, ont fini en devenant exactement ce contre quoi ils combattaient" avait dit le président américain à cette occasion [3].

Laurent Gbagbo représente le type de dirigeants critiqué par Barack Obama lors de sa rencontre avec de jeunes Africains en août 2010 : jeunes, pleins de promesses, et qui finissent en devenant exactement ce contre quoi ils ont lutté


Un constat qui s'applique on ne peut mieux à Laurent Gbagbo : il fut un courageux opposant à Houphouët-Boigny, a fait de la prison parcequ'il croyait en des idéaux, en la démocratie et au multipartisme. Il a connu les rigueurs de l'exil, hébergé en France par son ami Guy Labertit. Mais il s’accroche aujourd’hui au pouvoir, prétextant lutter pour la "libération de l’Afrique" alors qu’il défend surtout la survie et les intérêts d’un clan qui a détourné plusieurs centaines de milliards de francs cfa (au moins 820 millions de dollars) dans la seule filière café cacao selon des rapports officiels [4],[5]. Grâce à ce prétexte, il a réussi à s’attirer les faveurs d’une partie de la diaspora africaine se croyant encore à la veille des indépendances et qui réagit toujours avec des réflexes pavloviens dès qu’on évoque les "méchants occidentaux".

Robert Mugabe et Joshua Nkomo lors des accords de Lancaster en 1979  
Robert Mugabe et Joshua Nkomo lors des accords de Lancaster en 1979
 

Robert Mugabe, 86 ans, au pouvoir depuis 1980, bénéficie lui aussi de la mansuétude de la diaspora panafricaine parcequ’il s’oppose à l’Occident. Peu importe qu’il ait perdu un référendum et deux élections présidentielles depuis 2000. Peu importe que le peuple zimbabwéen ait décidé qu’il était temps que "Bob", qui fut dans une autre vie un héros de la lutte pour la libération, aille prendre une retraite bien méritée. Il suffit de s’opposer au "Blanc" pour se tailler à peu de frais un costume de héros. Qu’attendent donc les Sassou, Biya, Deby, Bongo and co pour adopter la même stratégie ?

Leurs détracteurs installés à l’étranger leur trouveraient soudainement beaucoup de qualités. Dans son discours prononcé à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun, Paul Biya avait déclaré que "l’Afrique avait le sentiment d’être encore tenue sous tutelle alors qu’à 50 ans, elle était majeure". Si les conseillers en communication du président camerounais pouvaient introduire ce genre de phrases plus souvent dans ses discours , on peut parier qu’il gagnerait en popularité auprès d'une diaspora pourtant très critique à son égard.

La même diaspora africaine qui se félicite que la justice française ouvre des enquêtes sur les "biens mal acquis", suite à des plaintes déposées en France par des associations françaises ou africaines, crie à l’ingérence en Côte d’Ivoire, alors que ce sont les dirigeants ivoiriens, Laurent Gbagbo le premier, qui avaient demandé à l’ONU de certifier l’ensemble du processus électoral. En 2008, Laurent Gbagbo a signé une ordonnance ajustant le code électoral ivoirien pour les élections de sortie de crise :

Alassane Ouattara avec Yayi Boni, l'un des émissaires de la Cedeao  
Alassane Ouattara avec Yayi Boni, l'un des émissaires de la Cedeao
 

Dans ce décret numéro 2008-133 du 14 avril 2008, l’article 59 originel du code électoral a été modifié pour introduire l’ONU et le représentant du facilitateur (Blaise Compaoré).

Cet article 59 nouveau stipule, entre autres, que "la commission électorale Indépendante communique au conseil constitutionnel, au représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies en Côte d’Ivoire et au représentant spécial du facilitateur un exemplaire des procès-verbaux, accompagnés des pièces justificatives dans les trois jours qui suivent le scrutin" [6].

On comprend donc qu'ayant lui-même approuvé l'introduction de l'ONU et du facilitateur dans la validation des résultats des élections ivoiriennes, Laurent Gbagbo ne peut absolument pas s'abriter derrière l'argument de la souveraineté ivoirienne pour justifier son hold-up. Du point de vue de l’administration américaine, devant un hold-up aussi flagrant que celui perpétré par Laurent Gbagbo, fermer les yeux aurait constitué un très mauvais signal envoyé aux hommes politiques africains et fait passer pour une aimable plaisanterie l’accent mis par l’administration Obama sur l’alternance démocratique en Afrique.

Surtout que l’année 2011 sera une année extrêmement dense en matière d’élections présidentielles en Afrique. En dehors du référendum au Soudan, une bonne quinzaine d’élections sont prévues sur tout le continent : au Bénin (mars 2011), au Cameroun (octobre 2011), Au Cap-Vert (février 2011), en République Centrafricaine (janvier et mars 2011), au Tchad (en mai 2011), en République Démocratique du Congo (novembre 2011), à Djibouti (avril 2011), en Gambie (septembre 2011), au Liberia (octobre 2011), à Madagascar (juillet 2011), au Niger (janvier 2011), au Nigeria (avril 2011), à Sao Tomé (juillet 2011), aux Seychelles (juillet 2011), en Ouganda (février/mars 2011), en Zambie et au Zimbabwe.

Mugabe et Tsvangirai en conférence de presse le 20 décembre 2010  
Mugabe et Tsvangirai en conférence de presse le 20 décembre 2010
© ap
 

Avec ce qui arrive à Laurent Gbagbo, nul doute que beaucoup sur le continent africain y réfléchiront à deux fois avant de s’autoproclamer président.

Il y a fort à parier que les responsables politiques chercheront à s’entendre et à trouver des compromis car l’intervention de la communauté internationale peut provoquer pour eux un tsunami politique dont les conséquences ne sont pas forcément mesurables à l’avance. Certains n’y verront qu’un simple hasard, mais l'événement est tout de même troublant :

le lundi 20 décembre dernier a eu lieu un étonnant spectacle au Zimbabwe : lors d’une conférence de presse conjointe [7], Morgan Tsvangirai et Robert Mugabe ont affirmé que le gouvernement d’unité nationale fonctionnait bien malgré leurs différends, et ont appelé leurs partisans à éviter la violence. Il est vrai que le gouvernement d’unité nationale zimbabwéen a été cité à de multiples reprises dans la presse internationale et africaine comme l’exemple type de mauvaise solution à une crise politique née de la contestation de résultats d’une élection. C'était donc l'exemple à ne pas suivre en Côte d'Ivoire. Au vu de la tournure prise par les événements en Côte d'Ivoire, on peut penser que Tsvangirai et Mugabe ont décidé de calmer le jeu en attendant la présidentielle 2011.

Laurent Gbagbo doit aussi se rappeler que le régime Gbagbo passera, et que la Côte d’Ivoire restera


La communauté internationale et en particulier l’administration Obama, l’Union Africaine et la Cedeao doivent aller au bout de leur engagement contre Laurent Gbagbo, sous peine de perdre en crédibilité. Quant à Laurent Gbagbo, avant que la situation ne dégénère et n’atteigne le point de non-retour, il doit se souvenir (et il est bien placé pour cela en tant qu’historien et homme politique) que beaucoup avant lui se sont cru tout puissants, mais sont aujourd’hui en exil ou devant la Cour Pénale Internationale (Bemba, Taylor, Aristide etc). Plus près de nous encore, Mamadou Tandja avait cru pouvoir modifier la constitution envers et contre tous, sombrant dans une dérive dictatoriale. Il est aujourd'hui en prison à Niamey.

Laurent Gbagbo doit aussi se rappeler que le régime Gbagbo passera, et que la Côte d’Ivoire restera. Il peut encore saisir la perche qui lui est tendue et sortir du guêpier dans lequel il s’est mis et a entraîné la Côte d’Ivoire. Il peut encore sortir par la grande porte et avec dignité. Il en est encore temps.

Vidéo : quand Laurent Gbagbo préconisait le mandat de 5 ans renouvelable une fois



Notes

[1] Communiqué de la Maison-Blanche avant le 1er tour des élections présidentielles en Côte d’Ivoire , Politico, 28/10/2010
[2] Interview de William Fitzgerald sur Pbs.org , 23/12/2010
[3] Retranscription de l’échange entre Barack Obama et les jeunes Africains, whitehouse.gov, 3/08/2010
[4] Détournements à grande échelle dans la filière cacao, Jeuneafrique.com 21/04/2010
[5] Où sont passés les milliards du cacao Jeuneafrique.com, 22/10/2007
[6] Ordonnance 2008-133 du 14 avril 2008
[7] Mugabe et Tsvangirai disent que le gouvernement d’unité nationale marche bien Reuters 20/12/2010


       
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