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Aniaba, un Assinien à la Cour du roi soleil
29/02/2004
 

Découvrez le parcours d'un ivoirien pétri d'ambition pour son pays qui n'hésita pas à s'allier à des membres de la cour de Louis XIV pour servir ses ambitions pour son pays
 
Par Emmanuel Ahounou
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Madame de Maintenon  
Madame de Maintenon
© http://ancre.chez.tiscali.fr/
 

Mai 1688 : Le Saint Louis, vaisseau commercial battant pavillon français débarque à la Rochelle. Dans ses cales, en sus des traditionnelles richesses dont l’Afrique noire fait commerce, une cargaison bien plus exceptionnelle : deux jeunes noirs, originaires d’Assinie (actuelle Côte d’Ivoire). L’un, Banga, est de sang noble. L’autre, Aniaba, est fils de Roi. Leur destination ? Paris et la cour du Roi Soleil. Versailles. Son faste, ses charmes… ses complots aussi. Car derrière la magnificence des lieux, des intrigues se tissent. Et si le jeune prince n’était que l’instrument de l’une d’entre elles ? Comment expliquer, en effet, la fulgurante ascension de ces deux exilés, anonymes en terre étrangère, égarés au milieu d’une cour rompue à toutes les formes d’exotisme, qui n’ont même pas, pour eux, le charme de la nouveauté, les beautés du pittoresque ?

Le domestique noir est à la mode à Versailles. Depuis de nombreuses années déjà, les grandes dames - y compris Madame de Maintenon, maîtresse du roi – aiment à se faire accompagner de pages d’origine africaine. Une compagnie appréciée et pleine d’agréments.
Pourtant, en dépit de ces handicaps, Aniaba et Banga seront reçus par les plus hautes personnalités du royaume. Louis XIV, Bossuet, le cardinal de Noailles … Autant de figures majeurs d’une geste improbable. En treize ans, les deux amis se verront attribuer de nombreuses distinctions, dont une d’officier dans le régiment du roi, charge honorifique traditionnellement réservée aux aînés de familles nobles et assortie d’une rente de douze mille livres par an prélevées sur le Trésor Royal. Autant de succès, éclatants, qui contrastent avec un parcours obscur, jonché de mystères, entaché de zones d’ombres. Un destin où l’on devine la main de nombreux intervenants sans que l’on sache jamais ce qu’Aniaba et Banga doivent à leur mérite personnel, à leur bonne fortune ou à leurs pygmalions.
C’est cet écheveau brouillé, tissé d’intérêts divers, convergents parfois, contradictoires souvent, que nous allons tenter, autant que faire se peut, de démêler.
Aniaba, prince assinien à la cour du roi soleil, petit prince des lagunes, figure oubliée d’une histoire aux parfums de légende.


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Un parcours en clair-obscur
Un roi ivoirien  
Un roi ivoirien
© unesco.org
 

L’histoire d’Aniaba est auréolée de mystères. Peu de documents nous content le récit de ses origines. Seule, une tradition orale, à la fiabilité douteuse, entretient le souvenir de celui qu’aujourd’hui, Eotilé, Essouma, Abouré, revendiquent comme leur. Pour les uns, Aniaba serait un dérivatif du « Abiaba » Essouma, pour les autres une déclinaison du « Anougba » Eotilé. Le débat est vif. La controverse, étymologique.

En réalité, ce personnage, dont le vrai nom est perdu pour l’Histoire, est Eotilé. Il est né vers 1672, au moment même où les Essouma, venus de l’Est, débarrassent le pays des Efié que les premiers occupants Eotilé avaient accueillis cinquante ans plus tôt et qui avaient fini par dominer leurs hôtes. « Malheureusement, comme le souligne Henriette Diabaté, les Eotilé commirent la même erreur qu’avec les Efié en confiant aux Essouma le soin de rester en rapport avec les Européens, se contentant de leurs activités de pêche en lagune et de fabrication de sel en bordure de mer ». Conséquence : de salvatrice, la puissance allogène devint conquérante. Une nouvelle dynastie se mit en place, prospère, pérenne : celle des Essouma.


Soucieux de fonder un pouvoir stable, les nouveaux souverains s’empressèrent de prendre en otage les princes de la famille Eotilé. Chez ces peuples, où chefferie et héritage se transmettent par la branche maternelle, c’était une manière commode de se prémunir contre d’éventuelles rébellions. C’est ainsi que notre héros, fils de la princesse déchue Ba, héritier présomptif du trône d’Assinie se trouva privé de ses droits légitimes. Un coup du sort qu’il convient toutefois de tempérer. Adopté par le roi et son épouse, l’enfant fut en effet aussitôt associé à la famille régnante. Ses droits à la succession perdus, il devint néanmoins un fils Essouma, un Aniaba, puisque tel était le vrai nom des nouveaux souverains. Par un étrange jeu de la fortune et du hasard, cette péripétie se révéla donc être le point de départ d’une improbable destinée.

Presque accidentellement, notre petit prince-esclave sortait des limbes de l’Histoire. Il perdait un titre. Il gagnait un nom : Aniaba.

Louis XIV  
Louis XIV
© visitvoltaire.com
 

L’intérêt soudain de la couronne pour ces deux jeunes noirs, dont l’un est présenté comme fils de roi, peut s’expliquer par la piètre situation diplomatique et financière dans laquelle se trouve le royaume à la fin de l’année 1688.
La politique de prestige et de conquête conduite par le roi depuis 1660, qui lui permet d’asseoir sa domination sur les autres monarchies européennes, inquiète en effet des nations troublées par tant d’appétence prédatrice.
Forte d’une supériorité militaire incontestable, la France a su, dix longues années durant, imposer sa volonté au reste de l’Europe. Un impérialisme que la plupart des grandes monarchies se révèlent prêtes, en cette fin de dix-septième siècle, à battre en brèche. La ligue d’Augsbourg, grande alliance regroupant la maison d’Autriche, l’Empire et le bloc protestant anglo-hollandais est l’expression de cette volonté de juguler les appétits français.
Economiquement, la situation ne cesse, également, de se détériorer. L’encerclement de la France, embourbée dans un conflit de vingt-cinq ans, et la suprématie navale de l’Angleterre coupe en effet l’économie française d’une grande partie du marché européen en même temps qu’elle menace ses relations lointaines avec ses colonies et le reste du monde. En outre, l’accroissement des prélèvements fiscaux liés aux dépenses de guerre, favorise le développement d’une misère durable. La politique de prestige mise en œuvre par le roi enfin (construction de Versailles, entretien de la Cour…) constitue, à n’en pas douter, un facteur aggravant de la misère et des difficultés du royaume.
En dépit du travail efficace de ministres des finances tout entier dévoués à leurs charges, la situation financière du pays se délite, inexorablement.
Dans ce contexte, la perspective de pouvoir s’attirer les faveurs d’un jeune prince africain, appelé à présider aux destinées d’une contrée riche et prodigue se comprend aisément. L’appât du gain est si fort, que d’Amon et les autres armateurs de la compagnie de Guinée n’hésiteront pas à tout aire pour pousser leurs protégés dans le monde. Par intérêt plus que par philanthropie, ils tâcheront, par tous les moyens, de favoriser l’ascension sociale d’Aniaba et Banga.

Un chevalier... comme le Chevalier d'Amon  
Un chevalier... comme le Chevalier d'Amon
© http://www.classomption.qc.ca
 

La personnalité du chevalier d’Amon, à n’en pas douter, est complexe. Motivé par une volonté sincère de promouvoir les intérêts de la France en Afrique noire, conscient de la nécessité pour le Roi de s’implanter le plus rapidement possible en Assinie, il semble cependant avoir considérablement mésestimé les richesses réelles de la région. En témoigne un rapport rédigé en 1698 où l’enthousiasme le plus naïf se mêle à un goût du lucre et un appas du gain évident : « Les Noirs ramassent l’or sur les bords de la rivière et des torrents ; ils ne travaillent à la mine qu’à la dernière extrémité, à cause du danger d’éboulement des terres. Ces mines sont si abondantes qu’on m’assure que deux cents hommes en un jour pouvaient remplir d’or six coffres d’un pied carré chacun ! Je n’avance pas cela comme une chose certaine, mais le roi du pays me l’a dit, et cela m’a été confirmé par cent personnes ».
Approximatif et passionné, mais néanmoins convaincu d’avoir découvert un nouveau Pérou, une source d’or pur inépuisable, d’Amon laisse transparaître dans cet extrait une extraordinaire ingénuité. Une innocence d’autant plus troublante qu’elle est le fait d’un marin accompli.
Ancien de la marine de commerce, le chevalier d’Amon a commencé sa carrière au service de la compagnie de Guinée. Pendant quatre ans, il a sillonné les mers, traversé les océans, prospecter, négocier… une expérience qui, si elle lui permet de se familiariser avec les populations de la lagune, lui permet aussi de se méfier des exotismes trompeurs… Loin des récits de salon, des utopies africaines mêlant romantisme baroque et merveilleux, d’Amon a appris à faire face à d’autres réalités. Celles des luttes intestines que se livrent, inlassablement, les ethnies rivales ; celles des monarques à l’étiquette sourcilleuse, au traditionalisme rigoureux.
A dater de 1690, d’Amon rejoint les rangs de la Royale, la marine de guerre, où il connaît une carrière brillante. Capitaine de brûlot - petit navire rempli de matières inflammables utilisé aux XVII et XVIII siècles pour incendier les vaisseaux ennemis – en 1690, il est nommé capitaine de frégate en 1692, puis capitaine de vaisseau en 1705 ajoutant ainsi une casquette de soldat à celle de négociateurs. C’est durant cette période qu’il prend conscience de la menace anglo-hollandaise sur les intérêts coloniaux français. C’est à cette époque également que, en familier de l’Afrique et de ses habitants et en observateur intelligent des réalités politiques de son temps, il perçoit l’urgence de s’installer durablement en Assinie.

Un Roi ivoirien  
Un Roi ivoirien
© unesco.org
 

Engagée dans une guerre sans fin contre l’Europe coalisée, en butte à une multiplication des révoltes populaires, la couronne française se doit de réagir. Asseoir sa domination sur la Côte de l’or lui permettra non seulement de faire main basse sur ses richesses, mais aussi de ne pas laisser se propager l’image d’une monarchie impécunieuse et désargentée. Reste à convaincre le Roi du bien fondé de cette opération. Son aval seul permettra de débloquer les crédits nécessaires à l’établissement de fortins sur la lagune.
Un plan prend forme. La clé : Aniaba.


Le plan du chevalier d’Amon est le suivant : la France aidera Aniaba à reconquérir, au nom des Eotilé, propriétaires légitimes dépossédés, la souveraineté sur le royaume d’Assinie. Elle fournira les hommes, l’argent et la machine de guerre, préparera l’accès au trône. Aniaba sera roi du pays d’Assinie et son règne scellera la nouvelle alliance entre la France, la Compagnie de Guinée et le peuple de la lagune. Ce plan sera d’autant plus facilement accepté à Versailles que la Couronne, peu instruite des détails de la situation, tient Aniaba pour l’héritier légitime du trône.

En très peu de temps, la côte d’Assinie devint le théâtre d’enjeux multiples :ambitions personnelles d’un Aniaba convertit à toutes les formes, retorses, de la diplomatie occidentale ; visées mercantiles de négociants mus par le seul appât du gain ; considérations stratégiques, la Côte de Guinée devenant un enjeu majeur de la lutte que les principales puissances coloniales se livraient pour le contrôle des richesses du continent noir.

Aniaba ne peut refuser une telle offre. Après tout, n’est-il pas, parmi tous les princes ou notables de la lagune, Essouma ou Eotilé, l’homme le plus qualifié pour sortir son pays de sa léthargie et se son aveuglement ? N’est-il pas celui qui peut établir entre la France et son pays des rapports profitables à tous ? N’est-il pas le seul à allier à la sagesse africaine, à la connaissance profonde des coutumes de son pays, la science de la guerre, de la politique et de la diplomatie acquise par faveur royale ? C’est du moins ce que l’on veut lui faire croire. Car en réalité, il ne faut voir dans les efforts déployés par d’Amon pour convaincre Aniaba de son importance que l’expression d’une intelligence froide et perspicace. Point de philanthropie. D’Amon sait les frustrations probables et les ambitions possibles de son protégé. N’est-il pas ce prince injustement privé de ses droits à la succession et nourrissant toujours des rêves de grandeur ? Plus encore. N’a-t-il pas, à la faveur de son anabase française, eût le pressentiment d’un destin hors du commun que seul un couronnement africain pourrait venir consacrer ? Ambitions somme toute légitimes et bien concevables. D’Amon joue donc son va-tout. Le plan, pour fonctionner, doit reposer sur l’orgueil deviné de son protégé. Un orgueil qu’il faut entretenir, attiser, alimenter sans cesse. L’hypertrophie du moi comme viatique.

« A force de trop vouloir être Aniaba, Aniaba finit par se perdre »
Un Roi ivoirien  
Un Roi ivoirien
© unesco.org
 

Qu’Aniaba ait été rapidement séduit par les propositions de son entourage ; que la perspective d’un coup d’état ne l’ait pas offusqué, convaincu qu’il était de sa supériorité et de son bon droit, cela ne fait aucun doute. D’Amon semble avoir calculé juste en pressentant ce « désir » insatiable d’aller toujours de l’avant, cette volonté farouche de peser sur le cours des choses, ce sentiment de la démesure enfin qui poussa notre héros, convaincu de sa bonne fortune, à se forger, de ses propres mains, un destin. Et bien que cette entreprise se solda finalement par un échec, l’étoile d’Aniaba sombrant dans les limbes de l’Histoire, seule comptait, à l’origine, cette volonté téméraire de se dépasser. En définitive, il faut imaginer Aniaba heureux.

Problème. A force de trop vouloir être Aniaba, Aniaba finit par se perdre - et perdre les autres avec lui. En 1701, lorsque le Poli, solide frégate construite en Corse, familière des mers chaudes, quitte le port de la Rochelle à destination des côtes d’Assinie, le comportement du prince ne laisse pas de surprendre. Ses prétentions atteignent des sommets. Ses exigences ne cessent de croître. Il s’entoure d’une « cour » de gentilshommes européens, hommes et femmes à la moralité douteuse, désavoués par le chevalier d’Amon. Ses manières excessives, son attitude hautaine, son maintien ridicule suscite la colère et la désapprobation de l’équipage. D’autant que ce dernier sait l’imposture. Aniaba de son côté en veut aux Français de ne pas totalement entrer dans son jeu. Et ce qui n’était que divergence deviendra très vite, à la faveur du voyage, opposition profonde – jusqu’à la rupture.
Le 24 juin 1701, après une escale à Port Louis, le Poli mouille enfin devant Bassam. Le 27, d’Amon et Aniaba posent le pied sur le sol ivoirien, désormais armés d’intérêts contradictoires. Si d’Amon a abandonné ses projets de coup d’état, Aniaba, après treize années d’absence, vient pour régner. « A-t-il, alors, une pensée pour l’enfant qui, jadis, sur cette même plage, partait pour l’aventure, escomptant simplement revenir un jour au pays natal comme interprète respecté et envié ? A quoi pense-t-il en retrouvant, armé de tant d’ambitions, la terre de ses ancêtres ? ». Henriette Diabaté s’interroge…


Assurément, l’enfant des lagunes, grandi à l’ombre des palétuviers, a changé. Les multiples nymphoses dont son identité a fait l’objet ont brouillé les cartes, conférant à sa personnalité une lisibilité minimale. C’est donc nimbé d’une aura de mystères qu’Aniaba aborde des rivages dont on ne sait s’ils lui sont encore familiers.

Une chose est sûre. Le retour au pays natal marque, pour Aniaba, le début de la fin.
A dater de 1701, inexorablement, son destin amorce une lente courbe déclinante. Après une apogée française, le nadir africain. Le temps des échecs et des désillusions.
En dépit de toutes ses tentatives, le pouvoir lui échappe. Akassiny, roi d’Assinie, reste sur le trône. Pire ! D’Amon, qui considère désormais Aniaba comme un obstacle à la réalisation du traité de commerce avantageux qu’il entend bien signer avec le roi, parvient à décrédibiliser son rival.
Chronologie de l’échec.
Le 24 août, un fort français, le fort Saint Louis, est construit. La Côte de l’or est conquise. D’Amon exulte. Dans un rapport, il envisage de fructueux échanges commerciaux pour l’avenir immédiat pour ce qui concerne le coton, le poivre, les vers à soie, le bois de teinture, l’or et les esclaves.
Le 23 septembre, mission accomplie, le Poli lève l’ancre. A terre, Aniaba, seul regarde le navire s’éloigner.

Et si l’histoire d’Aniaba, au fond, était celle d’une méprise ? D’un hiatus persistant entre les espoirs d’un prince entretenant des rêves de grandeur et une réalité douloureuse qui fit tout son possible pour lui rappeler l’incongruité de ses désirs ?

Epilogue :

Le comptoir français d’Assinie ne dura que peu de temps. Dès 1703, les Français, coupés de la métropole, en butte aux ambitions hollandaises, privés de tout, quittèrent la lagune à bord de navires marchands. Aniaba envisagea-t-il de les rejoindre ? Son aventure africaine ayant échoué, songea-t-il un instant retourner en France, terre d’accueil autrefois, d’exil aujourd’hui ? Si tels furent ses projets, ils n’aboutirent pas. Jamais le prince ne reparut à la Cour. Le XVIII siècle naissant jetait le voile sur une geste de treize ans. Une longue période d’atonie succédait aux tumultes des années précédentes, soustrayant inéluctablement la mémoire d’Aniaba à l’Histoire. Des voyageurs hollandais signaleront bien sa présence à Queta au Togo, où il officie comme conseiller du roi sous le nom de Hannibal, mais déjà « les archives de l’Histoire et la mémoire des hommes perdaient la trace de Louis Aniaba, fils de Nana Aniaba Zena, filleul de Louis XIV, élève de Bossuet, capitaine des mousquetaires».

Conclusion :
Une carte de la Côte d'Ivoire à l'époque de Samory Touré  
Une carte de la Côte d'Ivoire à l'époque de Samory Touré
© chez.com/samory
 

« Aniaba fût cannibalisé par un rôle à sa démesure »
Quel était le vrai visage de Louis Aniaba ? Imposteur ou héros ? Aventurier ou prince évincé du trône ? Habile à profiter des obscurités de sa situation ou sincèrement plongé dans un combat pour la justice ? Difficile à dire. Les documents manquent qui pourraient donner du personnage un portrait juste, dépassionné, fidèle. La légende, ici, aura probablement le dernier mot. En dépit de toutes les tentatives, la figure de ce prince noir au destin erratique continuera de se dérober à l’analyse et demeurera, pour longtemps encore, nimbée de mystères.
Tour à tour manipulé objectif et manipulateur maladroit, souhaitant tirer parti d’une ambiguïté fondamentale, sciemment entretenue, mais dépassé par des enjeux échappant à sa compréhension, le parcours d’Aniaba laisse entrevoir le destin tragique d’un individu épris de grandeur, vivant dans l’illusion d’une gloire à portée de mains, mais évanescente, entretenant « le rêve d’un pouvoir qui devait toujours lui échapper ».
Roi virtuel, mais prince esclave, noble réel mais dont la dignité repose sur une méprise, pair de pacotille, grand de circonstances… Aniaba ne fut jamais qu’un pantin. La marionnette splendide d’une geste improbable où se mêla, non sans ironie, l’exceptionnel et l’ordinaire, le merveilleux et le vulgaire, la beauté et la vilenie.
Epique trajectoire d’un homme cannibalisé par un rôle à sa démesure !
Aniaba eût un destin exceptionnel. Il le subit plus qu’il ne le vécût.


Indice bibliographique :

Henriette Diabaté, Aniaba, un Assinien à la cour de Louis XIV, coll. Grandes Figures africaines, 1975, Paris.

Addendum

Extrait de l’acte de baptême d’Aniaba (source henriette Diabaté) :

« Par permission expresse de monseigneur l’archevêque a été baptisé en la chapelle du séminaire des Missions étrangères Louis Jean Aniaba , âgé d’environ vingt ans, fils du roy d’Issigny (Assinie) en Guinée,en Afrique. Parrain : M. Jean-Baptiste de Lagny, intendant général du commerce de France, conseiller-secrétaire du roy, sire de Bugandières. Marraine : Mme Bidault, son épouse. Au nom et par ordre du roy, ledit baptême a été célébré en présence du curé de cette paroisse par l’évêque de Meaux ».

       
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