
Les pluies torrentielles qui se sont abattues ces derniers jours sur les Caraïbes ont fait au moins 500 morts, des centaines de disparus et de blessés et des dizaines de milliers de sinistrés en Haïti et en République dominicaine, selon les bilans communiqués mardi, provoquant également des dégâts matériels en Guadeloupe, dans les Antilles françaises.
En Haïti, les services de la protection civile ont denombre mardi soir de 358 morts, dont 158 emportées par les eaux en furie dans une même localité, à Fonds Vérette, à deux heures de route au nord-est de la capitale haïtienne.
Bâtie sur le lit d'une rivière, cette bourgade et ses environs, qui comptent quelque 45.000 habitants, la plupart agriculteurs, avait déjà enregistré des dizaines de morts lors du passage du cyclone George en 1998 et de la tempête tropicale Gordon en 1994. Les dégâts causés aux cultures vivrières de base (maïs, bananes, millet) qui nourrissent la population locale sont considérables. Un hélicoptère de la force multinationale intérimaire a décollé mardi matin de Port-au-Prince afin d'estimer les dégâts et d'acheminer les premiers secours.
La protection civile a également indiqué que le département du sud-est d'Haïti, frontalier avec la République Dominicaine, où au moins 200 personnes ont été emportées par les eaux, avait été le plus durement touché par ces pluies. En République dominicaine, qui partage avec Haïti l'île d'Hispaniola, la deuxième des Caraïbes après Cuba, le dernier bilan communiqué mardi par la Commission nationale d'urgence (CNE) est d'au moins 144 morts, 122 blessés, 236 disparus et plus de 13.000 sinistrés.
C'est le village frontalier de Jimani (sud-ouest) qui a été le plus touché, victime du débordement du fleuve Soleil, qui prend sa source dans le pays voisin. Les eaux du fleuve, gonflées par sept jours consécutifs de pluie, ont débordé dans la nuit de dimanche à lundi, surprenant les habitants dans leur sommeil et faisant au moins 94 morts, dans un quartier habité par des Dominicains et des Haïtiens. Cependant, le bilan pourrait être beaucoup plus élevé, car le nombre de disparus est d'une centaine. La presse, citant des sources locales, cite le chiffre d'au moins 170 morts dans la seule ville de Jimani, où les services de la morgue sont débordés.
Alors que l'état d'alerte maximale a été déclaré dans la zone dévastée et que les secours poursuivaient leurs recherches mardi, les cadavres des victimes ont été empilés dans la morgue locale, pleurés par des proches en état de choc, selon les images des télévisions. "Ceux qui ne sont pas reconnus par leurs proches, nous devrons les enterrer dans des fosses communes pour des raisons de salubrité publique", a déclaré le président de la Commission nationale d'urgence (CNE), Radhamés Lora Salcedo.
Dans le reste du pays, les intempéries ont coûté la vie à sept autres personnes et provoqué d'importants dégâts matériels, certaines communes n'ayant plus ni eau ni électricité. Les dégâts devraient être également importants pour l'agriculture. Selon le journal Listin de Saint-Domingue, il pourrait s'agir de la plus grande tragédie due aux intempéries dans l'histoire du pays, avec un bilan supérieur au passage du cyclone George en septembre 1998.
Dans le reste des Caraïbes, les pluies ne semblent avoir provoqué que des dégâts matériels. Dans les Antilles françaises, des pluies continues depuis dix jours en Guadeloupe ont provoqué des inondations de maisons et des coupures de routes. La route reliant les deux principales villes insulaires, Pointe-à-Pitre et Basse-Terre, a été coupée pendant plus de quatre heures lundi par une brusque montée des eaux.
source : reuters |