Le gouvernement soudanais a annoncé dimanche qu'il refusait une intervention militaire étrangère pour prévenir une catastrophe humanitaire au Darfour, où le bilan total des morts pourrait avoir déjà atteint 50.000 selon les Nations Unies.
S'exprimant sur la BBC, le ministre soudanais des Affaires étrangères Mustafa Osman Ismaël a jugé qu'une intervention militaire internationale n'est pas nécessaire car son gouvernement "fait tout ce qu'il peut pour désarmer les milices".
"Pourquoi devrions-nous nous précipiter et évoquer une intervention militaire alors que la situation s'améliore" au Darfour, s'est-il interrogé.
Cette intervention faisait suite à l'appel à ses partisans lancé par le président soudanais Omar al-Béchir à l'issue de la prière hebdomadaire du vendredi. M. al-Béchir avait accusé la communauté internationale de "prendre pour cible l'islam" au Soudan.
Elle a également été relayée par le Congrès national (CN), le parti au pouvoir au Soudan, qui a averti qu'il s'opposerait par la force à toute intervention étrangère et a appelé à la mobilisation générale.
Depuis vendredi les capitales occidentales ont en effet augmenté la pression sur Khartoum, évoquant ouvertement la possibilité d'une intervention militaire pour faire face à la situation humanitaire au Darfour.
La Grande-Bretagne est prête à envoyer 5.000 hommes, a ainsi indiqué le chef de l'armée britannique, le général Michael Jackson, et l'Australie envisage le déploiement de troupes au Soudan dans le cadre d'une éventuelle mission de paix des Nations unies au Darfour.
Vendredi, le président américain George W. Bush avait déjà haussé le ton, exigeant que le Soudan fasse cesser les violences des milices au Darfour et qu'il facilite l'accès des secours dans cette région.
Mais samedi, le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bernard Bot, a jugé que la situation au Darfour ne montre pas assez de progrès.
Dans ce qui pourrait s'apparenter à un geste de bonne volonté du gouvernement soudanais, une organisation qui lui est proche a annoncé vendredi qu'un tribunal d'exception soudanais avait condamné à mort des membres des milices progouvernementales des djandjawids, reconnus coupables de crimes au Darfour.
Et le ministre des Affaires étrangères soudanais a insisté sur le fait que son pays a "besoin du soutien de la communauté internationale". Rappelant que son gouvernement a signé un accord avec le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, il y a trois semaines, il a souligné qu'il avait "commencé à appliquer cet accord".
Khartoum s'est engagé le 3 juillet dernier à "entamer immédiatement le désarmement des djanjawids et autres groupes armés hors-la-loi" au Darfour, au terme d'une visite sur place de Kofi Annan.
Khartoum est d'ores et déjà sous la menace de sanctions après le dépôt par les Etats-Unis d'une résolution devant le Conseil de sécurité. Le texte exige que le gouvernement soudanais arrête et juge les chefs des milices arabes "djandjawids" qui sont accusées d'atrocités au Darfour.
Pour l'heure, le seul soutien pour Khartoum est venu de l'Egypte, qui a demandé samedi aux Etats-Unis et à l'ONU de donner au Soudan "le temps nécessaire" pour remplir ses engagements au Darfour avant de lui imposer des sanctions.
Reste que sur le plan humanitaire la situation ne s'améliore pas, comme l'indiquent les bilans avancés par les organisations qui travaillent sur place. Dans le seul camp de réfugiés de Mornei, l'un des plus importants du Darfour, dix enfants meurent chaque jour, selon l'Unicef-Allemagne.
"La situation se détériore rapidement sur le terrain, les maladies deviennent une source d'inquiétude grandissante pour nous", a de son côté souligné l'organisation britannique Oxfam, qui a annoncé l'envoi d'un avion d'aide humanitaire dimanche au Darfour.
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