Installés à Oued Djordji, entre la ville de Maghnia et la frontière algérienne avec le Maroc, 1.500 à 2.000 émigrés clandestins originaires d'Afrique sub-saharienne ont monté un camp de fortune pour attendre l'occasion de passer en Europe, selon des journalistes locaux qui s'y sont rendus.
Le camp de "transit" a été créé de toutes pièces, à l'aide de planches de bois et de tôles. Les candidats à l'immigration clandestine s'y regroupent par nationalité. En suivant les panneaux artisanaux, il n'est dont pas difficile de trouver le quartier des maliens ou celui des Béninois par exemple, raconte l'un des "habitants" contacté par téléphone, Bernard, un Malien de 29 ans qui déclare vivre là depuis plusieurs semaines.
Les Africains du camp ne survivent que grâce à l'aide, en nourriture, couvertures et autres habits, que leur fournissent les populations locales, explique-t-il. Aucune organisation locale ou internationale ne s'occupe de leur sort, affirme Bernard. La plupart des occupants sont des hommes, mais on trouve aussi des femmes et parfois des familles entières.
Des naissances ont même été enregistrées dans ce "no man's land", selon Bernard. Un garçon et une fille ont vu le jour récemment, dit-il, deux bébés auxquels leurs parents ont donné les prénoms de Wassini et Maghnia, très répandus dans la région, avec l'espoir qu'ils pourront au moins rester en Algérie.
Les autorités locales et les services de sécurité ne reconnaissent, elles, que quelques dizaines d'émigrés clandestins éparpillés autour de la ville de Maghnia.
Ces candidats à l'"Eldorado européen" attendent le signal des réseaux de passeurs, qu'enrichissent la misère et l'espoir des migrants, pour traverser massivement la frontière avec le Maroc et tenter de rejoindre les enclaves espagnoles de Ceuta ou Melilla, sur la côte nord.
Mais depuis deux, trois semaines, avec l'annonce de la mort d'une dizaine de clandestins lors d'assauts groupés contre les clôtures de Melilla et Ceuta, l'ambiance est plutôt au découragement. "Si c'est pour mourir, je préfère rentrer et mourir de faim chez moi", lâche Bernard.
Son sentiment est, dit-il, partagé par un grand nombre de clandestins, et nourri par les récits de quelques centaines d'Africains qui, dans un état parfois lamentable, ont échappé au désert marocain et ont pu rejoindre ce camp improvisé pour raconter leur calvaire.
Source : AP |