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L’Afrique meurt-elle de soif ?
15/03/2006
 

Tour d’horizon sur la situation de l’eau en Afrique par Thierry Téné, président de l’association les Amis du Développement Durale www.a2dtv.net
 
Par Thierry Téné Mangoua
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Alors que se tient à Mexico du 16 au 22 mars le 4ième Forum Mondial sur l’Eau et que la journée mondiale de l’eau est prévue le 22 mars, on peut s’interroger sur la problématique hydrique en Afrique. En effet, après le pétrole, l’eau est un enjeu aussi bien géopolitique, économique que social et environnemental. D’ailleurs un individu peut vivre 1 mois sans manger mais pas plus de 5 à 7 jours sans boire. Pourtant la terre est communément appelée « planète bleue ». Effectivement la terre est recouverte en grande partie d’eau mais à peine 2 % de celle-ci est utilisable pour les besoins (domestique, industrie et agriculture) de l’Homme. Le reste qui est de l’eau salée n’est donc pas d’après les techniques actuelles utilisables par l’homme même si des expériences sur le dessalement de l’eau de mer existent.

L’Afrique meurt elle de soif ? Toujours d’après notre schéma, on pourrait répondre non. En effet, avec une disponibilité en eau de 11 % pour 13 % de la population mondiale, l’Afrique est mieux loti que l’Europe ou l’Asie qui est encore dans une situation plus critique. Mais cette projection globale cache malheureusement une triste réalité. D’après le schéma ci-dessous, on peut facilement remarquer l’eau est largement abondante dans une petite poignée de pays d’Afrique centrale. L’Afrique de l’Est est déjà dans une situation critique mais encore moins que l’Afrique du Nord où certains pays sont en état de stress hydrique c'est-à-dire que la quantité d’eau disponible par habitant est insuffisante.

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Source : Site Internet de l’UNESCO/PHI, Bureau régional pour l’Amérique latine et les Caraïbes  
Source : Site Internet de l’UNESCO/PHI, Bureau régional pour l’Amérique latine et les Caraïbes
 




Le dernier rapport des Nations Unies est venu confirmé des chiffres déjà alarmants. « 1,1 milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable dans le monde et près de 2,4 milliards ne possèdent pas de structures d’assainissement » L’eau est ainsi devenu la première cause de mortalité devant la malnutrition puisque 34 000 personnes meurent chaque jour à cause du manque d’eau potable. L’Afrique et l’Asie occupent les premières de ce hit parade. D’après l’UNESCO, les affections liées à l’eau sont l’une des causes de maladie et de décès les plus courantes et frappent principalement les populations pauvres des pays en développement. Les maladies hydriques à l’origine d’affections gastro-intestinales (les diarrhées, notamment) surviennent lorsqu’on absorbe de l’eau contaminée ; les maladies à vecteur (par exemple le paludisme et la schistosomiase) sont transmises par les insectes et les escargots qui se reproduisent au sein des écosystèmes aquatiques ; les maladies dues au manque d’hygiène (par exemple la gale et le trachome) sont provoquées par des bactéries ou des parasites qui se développent lorsque l’eau est présente en quantité insuffisante pour permettre une hygiène de base (lavage, bains, etc.). En 2000, l’estimation du chiffre de décès dus à des diarrhées liées au manque d’assainissement ou d’hygiène et à d’autres maladies causées par des problèmes d’assainissement de l’eau (schistosomiase, trachome, infections par helminthes intestinaux) a atteint 2 213 000. On a estimé que le paludisme aurait été à l’origine du décès de 1 million de personnes. Dans le monde, plus de 2 milliards d’individus ont été infectés par des schistosomes ou des helminthes transmis par le sol et 300 millions d’entre eux ont été gravement malades. La majorité des personnes affectées par la mortalité ou la morbidité liées à l’eau sont des enfants de moins de 5 ans. Pour la plupart des maladies liées à l’eau telles que le paludisme, la dengue et les infections gastro-intestinales, il n’existe pas de vaccination.

 
 




Qu’en est il donc de la situation africaine ?

Comme on peut le constater sur ce schéma, il y a à peine 40 % de la population africaine qui possède l’eau potable à domicile et un peu plus de 15 % des habitants sont raccordés à un réseau d’assainissement. Un Européen consomme en moyenne 300 à 400 litres d'eau par jour, un Américain plus de 600 litres et un Africain, de 20 à 30 litres seulement. Une femme africaine parcourre en moyen 6 km pour s’approvisionner en eau : on parle généralement de corvée d’eau.

D’après h2o.net, l'Afrique compte un tiers des plus grands bassins fluviaux internationaux dont le bassin du Nil, partagé par 10 pays ; celui de La Volta (6 pays) ; celui du Niger (11 pays) ; ou encore le bassin du Lac Tchad (8 pays), celui du fleuve Congo (9 pays), celui du Zambèze (9 pays)... Certains pays partagent plusieurs bassins, avec ici un cas extrême : celui de la Guinée qui compte sur son territoire pas moins de 12 bassins. 400 millions d’Africains, plus de la moitié de la population du continent, n’ont pas accès à l’eau potable, dont 108 millions en zones urbaines. Pourtant, en 20 ans, près de 100 000 points d’eau ont été aménagés. Une projection dans la future n’est moins rassurante surtout que les informations proviennent des autorités africaines. Le 13ième congrès de l’Association Africaine de l’Eau (AAE) tenu à Alger en février dernier a rappelé que d’ici 2010, pas moins de 17 pays africains manqueront d’eau. La situation est d’autant plus urgente que dans 20 ans, le continent comptera près de 1,3 milliards d’habitants et qu’il faut environ 12 milliards de dollars par an pour résoudre le problème de l’eau et l’assainissement en Afrique. Avec le changement climatique, les catastrophes naturelles (inondations, sécheresse, cyclones etc.) vont se multiplier d’où l’intérêt de mettre en place de véritables politiques ambitieuses pour que l’Afrique ne coule pas. Le Kenya vient d’ailleurs de lancer un appel pour une aide d’urgence de 221 millions de dollars pour lutter contre la sécheresse qui menace 3,5 millions de ses habitants.

L’eau insalubre, le manque d’assainissement et les maladies qui en découlent sont responsables chaque année du décès de milliers d’africains. Il y a donc urgence à agir. Les autorités africaines et leur diaspora doivent donc s’organiser pour sortir le continent de cette situation.

 
 



       
Mots-clés
afrique   tchad   
 
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