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Zao revient avec "Aiguille"
19/07/2006
 

On connaissait de lui les succès Ancien combattant, Sorcier ensorcelé, Moustique. A 53 ans, le chanteur congolais revient avec un septième album, « l’Aiguille ».
 
Par Dominique Tchimbakala
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© Baudouin Mouanda  


Quand on écoute votre musique, on se dit : « voilà un artiste congolais qui fait autre chose que du soukouss ». Pourquoi ce choix ?

Ce que je fais, c’est une musique carrément tirée du terroir. Nous avons beaucoup de musiques traditionnelles. Ce ne sont pas des musiques mortes mais vivantes. Parfois, on se heurte à quelques difficultés, les gens ne se retrouvent pas, se demandent : « mais tiens, ce n’est pas de la rumba, ce n’est pas non plus du soukouss, c’est quel genre de musique »… ? Moi, c’est dans la musique traditionnelle que je puise mon inspiration et dans tout ce qui m’entoure.

Justement, comment travaillez-vous pour faire ressortir ces sons et ces rythmes nouveaux ?

C’est d’abord le visuel : je regarde, j’écoute, j’essaie un peu de me promener avec mon petit magnéto et de chercher des sons. Nous en avons beaucoup. Quand un oiseau chante, il dit quelque chose. Chez nous, chaque son à une signification : la cloche de l’église, un sifflet, n’importe quoi… ça a toujours une signification et en tant que musiciens, nous essayons d’interpréter tout ça. J’essaie de faire, pas seulement du folklore brut, mais d’attirer l’Occident. J’interpelle le jazz, je mets de la trompette. Ce sont des choses qu’on ne retrouve pas dans le soukouss. J’utilise aussi la flûte. Même si, au départ, c’est une musique traditionnelle, j’essaie de l’ « habiller », pour qu’un Américain ne soit pas perdu quand il l’écoute.

Quand on écoute cet album, certains rythmes s’apparentent au blues, à la rumba, au zouk et d’autres sont plus traditionnels. Pourquoi avoir puisé à différentes sources ?

Que je chante en français ou en lari, j’essaie toujours de donner une explication à la chanson. D’ailleurs, la musique elle-même est un langage, donc peu importe si celui qui écoute ne comprend pas les paroles, il y a quand même cette belle musique, derrière, qui l’interpelle.

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© Baudouin Mouanda  




Dans tous vos albums vous contez toujours des histoires d’animaux : mouche, moustique, nkoumbi… Pourquoi les animaux vous inspirent-ils autant ?

Oh... ben ce sont des fables! Je voulais un peu me référer à La Fontaine et utiliser des paraboles. Je crois que lorsqu’on parle en paraboles, ça montre une certaine sagesse. Le jour où je partirai, espérons que les gens écouteront toujours mes chansons et se diront que je n’ai pas prêché dans le désert.

A propos d’explications, pouvez-vous nous en donner une pour la deuxième chanson de l’album, « Moutambou » ?

Moutambou, c’est le piège. Vous savez, pour attraper un oiseau, on utilise plusieurs sortes de pièges. Cette chanson est un problème d’amour. Quand Monsieur et Madame sont dans un foyer, il y en a toujours un qui se demande : « est-ce que ça va aller loin ? Est-ce que ce n’est pas un piège » ? Dans cette chanson, le monsieur était bien avec sa femme, rien ne lui manquait et puis il est parti à la retraite. La retraite, chez nous, c’est un calvaire. La femme, sentant que le monsieur n’avait plus de moyens a commencé à changer de rythme. Elle qui rentrait à la maison dès midi et s’occupait des enfants, rentre maintenant à 17h. Alors son mari en vient à se dire : « moi je croyais que c’était pour le meilleur et pour le pire. Au fond, tu m’avais seulement tendu un piège… Ah, si je savais » ! Le problème arrive surtout lorsque tu épouses une jeune femme… Voilà pourquoi chez nous, on dit que quand tu veux épouser quelqu’un, il faut aussi regarder l’âge, la génération. Moi, par exemple, si je vais épouser une femme de 18 ans, tu vois un peu… (rires) Quand je n’aurai plus de force, la femme, elle, sera encore en chaleur. Elle va demander que je la satisfasse, je ne pourrai jamais ! Ca sera toujours des problèmes dans la maison … !

L'album "l'aiguille" de Zao  
L'album "l'aiguille" de Zao
 

Votre caractéristique est de décrire les problèmes de la société dans laquelle vous vivez. Votre regard est souvent féroce mais toujours drôle et ironique. Quand vous regardez la société congolaise actuelle, que vous inspire t-elle ?

Le monde va tellement vite… On n’a plus de repères. Parfois, je ne sais pas si c’est la société qui devient folle ou si c’est nous qui devenons fous. Il y a des vertus que nous sommes en train de perdre : le partage, le respect de l’être humain, le sens de la famille. Parce qu’en fait, l’unité part de la famille. Quand tu respecte ton parent, ton oncle, ta maman, si tu croises le frère ou la maman d’un autre, que tu ne connais pas, je crois que tu la considèreras aussi comme ta maman. Cette société n’a plus ni tête ni queue car on ne sait même plus où l’on va. Chaque jour, on ne développe que la haine.

Vous n’êtes pas vraiment un chanteur engagé. Ce qui vous intéresse, c’est décrire les travers de la société. Aujourd’hui avez-vous envie d’écrire des textes à portée plus politique ?

Non, non, non ! Je ne suis pas un chanteur engagé, je ne me définis pas comme ça. Ce sont les gens qui, peut-être, ne savent pas interpréter les choses ou veulent aller plus loin. Moi je suis né dans la société congolaise, africaine. Si je ne chantais pas, je pense que j’aurais tort. Je dis les choses mais pas en éclaboussant les gens, ni en les indexant mais plutôt en expliquant : « le chemin que vous êtes en train de suivre n’est pas bon pour l’avenir de notre pays, de nos enfants ». Après ce qui s’est passé, tous les enfants sont traumatisés. Est-ce que ces adultes là, savent que ce sont des générations et des générations qui sont en train d’être sacrifiées… ? Et il n’y a pas que les enfants soldats. Bien des enfants n’ont jamais tenu les armes mais sont abandonnés, ont contracté le SIDA, des maladies sexuellement transmissibles, ont quitté le toit familial, dorment à ciel ouvert…

L'album "l’aiguille" de Zao  
L'album "l’aiguille" de Zao
 

L’album « Aiguille » est un hymne à la reconstruction du Congo. La guerre, que vous avez vécu, a t-elle changé votre façon de regarder votre pays, d’écrire et de travailler ?

Oh oui… ça a changé beaucoup de choses ! Vous savez, l’homme congolais devient vraiment méchant. On parlait des sapeurs de Brazzaville, des ambianceurs… Tout cela a disparu. Aujourd’hui, c’est des kalachnikov en bandoulière… Et pour moi, dans l’écriture, ça a changé. Voilà pourquoi j’ai écrit « l’Aiguille ». Parce que c’est quand même une petite arme écrire. Les gens la considèrent parfois comme inefficace mais il faut quand même faire passer des messages, même si on est incompris. L’artiste n’est pas là pour attiser le feu mais pour calmer. Ce que j’écris et ce que je dis, c’est du vécu. Lorsqu’on se bat, il faut quand même qu’on se calme un jour ! Qu’on essaie d’oublier. Même si on n'oublie pas, mais qu’on essaie un peu de pardonner !

Quel message avez-vous voulu délivrer à travers cet album?

Je n’avais pas un message mais plutôt un rappel, une suite logique. J’ai toujours clamé: « la guerre, ce n’est pas bon ». Donc, il faut chercher autre chose. Je continue à dire : si nous avons cassé, essayons de coudre. Si nous n’arrivons pas à coudre, essayons un peu de coller. Et si nous n’arrivons pas à coller, peut-être faut-il peindre… (rires) !

En 2004, vous n’avez pas pu avoir votre visa pour la France à cause d’une histoire de « ngulu » : on vous a accusé d’avoir fait entrer des clandestins sous couvert d’activités musicales. Où en êtes vous de vos ennuis judiciaires ?

Cette histoire est une histoire fausse. Fausse parce que quand vous arrivez en groupe, vous ne connaissez pas l’intention de tout un chacun. Les musiciens arrivent pour un festival et après avoir joué, disparaissent. Et quand ils disparaissent, les autorités s’en prennent au chef d’orchestre. Ce ne sont pas des oiseaux ! Ce sont des grandes personnes qui ont pris leur avion, sont arrivées, se sont enfuies. Est-ce qu’un artiste, c’est un policier ? Surtout que Paris est une grande ville ! Quelqu’un peut dire : « je vais acheter à manger juste derrière » et puis il s’éclipse. Il est parti ! Mais ils ont mis ça sur mon dos. J’ai chaque fois clamé mon innocence en disant que ce ne sont pas des gosses, mais des grands artistes, qui sont partis en laissant leurs enfants, leurs femmes, parfois même en état de grossesse. Moi je ne sais pas ce qu’ils me reprochaient. Je suis toujours rentré chez moi au Congo après avoir accompli mes spectacles.

"Ancien combattant" le titre qui a rendu Zao célèbre  
"Ancien combattant" le titre qui a rendu Zao célèbre
 

Des artistes africains comme Papa Wemba ou Youssou N’dour ont collaboré avec des musiciens occidentaux comme Peter Gabriel… Est-ce une expérience qui vous tente ?

Bon… Si les producteurs ont envie de me faire rencontrer certains artistes comme Peter Gabriel, Stevie Wonder, Johnny Hallyday, pourquoi pas… ! Il suffit seulement qu’ils respectent ma musique et que moi aussi, je respecte la leur.

Vous avez été l’un des premiers à populariser l’histoire des Anciens Combattants. Aujourd’hui quel regard portez-vous sur eux ?

Je crois que la République française est en train d’oublier ou de faire semblant. Chez nous, on dit : « mettre les yeux à la nuque ». Pourquoi ne pas reconnaître cette histoire ? Ils étaient aussi des enfants soldats. Ils sont venus ici à l’âge de 15 ans, 14 ans parfois. Ces gens là, maintenant sont fatigués. Il faudrait que la France soit reconnaissante. Ils ont quand même combattu pour la France et vous savez que Brazzaville a été capitale de la France libre.

A propos du musée du Quai Branly, qu’est-ce que ça vous inspire de voir des objets sacrés africains en Europe ?

Ils sont mis à l’abri… Mais ce sont des objets habités. Je pense que ça va donner une leçon aux Africains, pour qu’ils ne négligent plus ce qui leur appartient. Et peut-être que ça accentuera ce trait d’union entre la France et l’Afrique.

       
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congo brazzaville   
 
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