
Suite à l’annonce de la reprise du Marché des Arts du Spectacle Africain, des réactions ont eu lieu pour marquer cette renaissance du MASA. Voici celle que nous avons reçu de la part du Sénégalais Alassane Cissé, coordonnateur Général des Journalistes culturels d’Afrique en Réseau (Jocar).
Le Chef de l’Etat ivoirien, M. Laurent Gbagbo et le chef des Forces nouvelles, M. Guillaume Soro, ont signé un accord de paix destiné à mettre un terme à la crise qui secoue la Côte d’Ivoire depuis septembre 2002, le dimanche 4 mars 2007, à Ouagadougou, la Capitale du cinéma africain, en présence du Président burkinabe, M. Blaise Compaoré.
Cet accord, dont on espère qu’il engendrera la paix, augure de lendemains porteurs d’espoir. Les conséquences désastreuses de ce conflit fratricide sont à la fois économiques, sociales, politiques et surtout culturelles.
Le conflit a poignardé la tenue régulière du Marché des Arts du Spectacle africain (Masa) à Abidjan, l’un des plus grands événements culturels africains d’envergure mondiale à l’instar de Dak’Art, la Biennale de l’Art africain contemporain de Dakar, du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ougadougou (Fespaco), de la Biennale de la Photographie africaine de Bamako, des Journées cinématographiques de Carthage, du Festival des Arts populaires de Marrakech au Maroc, du Festival international de Théâtre du Bénin (Fitheb), du Festival international de film de Durban, de la Foire internationale du Livre de Harare, du Festival panafricain de Musique de Brazzaville (Fespam ) du prochain Festival mondial des Arts nègres (3ème édition) prévu au Sénégal en juin 2008 dont le thème porte sur la Renaissance Africaine.
Le Masa a fait d’Abidjan, la capitale africaine des arts vivants, réceptacle de tendances artistiques émergentes, rampe de lancement de nouvelles productions musicales, théâtrales et chorégraphiques, point de ralliement des acheteurs professionnels de spectacles et autres promoteurs culturels. Le Masa a permis à des milliers de groupes artistiques de s’exprimer, de nouer des contacts, de signer des contrats avec des promoteurs de spectacles. Abidjan était devenue un baromètre de la création contemporaine africaine dans le secteur spécifique des arts du spectacle. Elle avait instauré un système modèle de cotation des artistes. Ce qui a permis à des groupes de parcourir l’Afrique, de sillonner le monde pour promouvoir et/ou vendre les produits culturels africains, porteurs de valeurs humaines et générateurs de revenus.
La suspension du Masa coupe l’herbe sous le pied de la création africaine. Il crée un préjudice culturel et socio-économique inestimable au continent africain et au reste du monde. Solidaires des événements culturels majeurs qui rythment et soulagent de la vie quotidienne des Africains et autres victimes de la dictature de l’angoisse et de la faim, notre association professionnelle, les Journalistes culturels d’Afrique en Réseau (Jocar), qui s’investit depuis 2000 dans la promotion de la culture de la paix en Afrique, n’entend ménager aucun effort pour un retour définitif de la paix en Côte d’Ivoire, pays du Masa, pour que triomphe la culture, facteur de développement, de socialisation et de rapprochement des peuples.
Nous sommes partisans de cette généreuse idée de Idir, chanteur algérien « plus il y a de culture, moins il y a de conflit ». La culture se veut mouvement vers l’autre et source de partage. Nous lançons un vibrant appel aux acteurs politiques ivoiriens de tout bord, à la société civile africaine, et au peuple ivoirien afin qu’ils souscrivent aux accords de paix de Ouagadougou et que les artistes, écrivains, hommes de culture de tous les horizons s’engagent pour une paix durable en Côte d’Ivoire. |