Un mauvais arrangement ne vaut pas toujours mieux qu’un bon procès. Parfois, il arrive que cette solution à l’amiable vous explose en plein visage. Considérée classée par l’Etat ivoirien, l’affaire du Probo Koala, du nom de ce navire pétrolier qui avait déchargé des tonnes de déchets toxiques au port d’Abidjan en août 2006, refait surface.
Décidément, les effets de la catastrophe environnementale la plus célèbre de Côte d’Ivoire, s’effacent difficilement. Pour ces familles de victimes qui reviennent à la charge à travers leur projet d’activation de la justice internationale (elles envisagent porter l’affaire devant le tribunal de la Haye), le dossier ne saurait être classé. A défaut de trouver justice chez elles, ces familles iront la réclamer ailleurs, parce que toujours convaincues d’être les dindes d’une grande farce de l’Etat ivoirien. Leurs récriminations posent, une fois encore, le problème de la crise de confiance qui continue d’exister entre les gouvernants africains et leurs peuples.
Les 100 milliards de F CFA versés par la société Trafigura pour échapper aux rigueurs de la Justice, ont-ils été répartis dans la transparence promise ? Que faire si, aujourd’hui, l’environnement n’a pas totalement été lavé de toutes les souillures déchargées par le navire ?
En tout cas, c’est peu dire que les plaintes se font toujours entendre. Sans doute aurait-on fait l’économie de toutes ces protestations si, en son temps, le dossier avait été soumis à la justice ivoirienne, avec la garantie que celle-ci travaillerait sans pression, en toute transparence et indépendance. Cette démarche aurait été plus indiquée d’autant que l’accord trouvé entre l’Etat ivoirien et Trafigura a montré ses limites.
La Justice rattrapera-t-elle les pollueurs à présent que certaines familles de victimes ont affiché leur détermination à aller jusqu’au bout ? Dans tous les cas, un procès exemplaire aura pour avantage d’apporter plus de lumière sur la tragédie d’août 2006, d’étancher la soif de justice de ceux qui continuent de crier à l’injustice, et d’apaiser leur colère. Mieux, un tel jugement pourrait dissuader tous ces marchands de déchets toxiques qui continuent de considérer l’Afrique comme leur poubelle de s’aventurer sur le continent à la recherche de partenaires africains sans scrupules, pour qui l’argent compte bien plus que la vie humaine.
Cheick Beldh’or SIGUE
Le Pays
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