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Alexandre Peisse et Aboubacar Kourouma présentent Wontanara
09/08/2011
 

Lancée en juillet dernier, Wontanara est une boutique en ligne qui permet aux membres de la diaspora guinéenne d'acheter des denrées alimentaires pour leurs proches en Guinée. Alexandre Peisse et Aboubacar Kourouma reviennent sur leur projet, qui se veut une alternative au transfert d'argent et qui allie entrepreneuriat social et nouvelles technologies.
 
Par Paul Yange
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Aboubacar Kourouma  
Aboubacar Kourouma
 

Bonjour Alexandre, bonjour Aboubacar. Vous êtes les co-fondateurs de Wontanara. Le service a été officiellement lancé le 21 juillet dernier et démarre ses activités en Guinée. Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit ?

Aboubacar Kourouma - Bonjour ! www.wontanara.com est une boutique en ligne par laquelle les membres de la diaspora guinéenne peuvent prépayer les courses de leurs proches au pays, en toute simplicité et rapidité. Les denrées sont alors mises à disposition chez leur commerçant local habituel, et ils règlent la transaction par paiement mobile, sans débourser un sou ! Nous proposons aussi un service de livraison à domicile pour plus de facilité.

Peut-on savoir quels sont vos parcours respectifs et comment vous-vous êtes rencontrés ?

Aboubacar Kourouma - Je suis de nationalité guinéenne et résident en France depuis 5 ans, et à l’origine, je suis ingénieur statisticien spécialisé dans les problématiques du développement. Je suis diplômé de l’ENSEA d’Abidjan [ndlr : Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d'Economie Appliquée], et j’ai longtemps travaillé en Guinée pour des ONG et agences de développement dans le domaine du développement rural. A mon arrivée en France, j’ai commencé à travailler en tant que boulanger le temps de trouver un travail en lien avec mes compétences et depuis un an je suis à 100% sur Wontanara !

A l’époque, Aboubacar avait déjà réfléchi à son projet et remporté la 1ère place du concours HEC Rethink pour le meilleur business plan social (...) j’ai été profondément séduit par son idée : à la fois pour son impact social et pour son modèle économique(...)
Alexandre Peisse


Alexandre Peisse - De mon côté, je suis français. J’ai un double profil d’ingénieur et de commercial, diplômé des Mines et d’HEC. Après mes études, je me suis orienté vers le secteur financier, en travaillant en banque d’affaires et en fonds d’investissements, c’est pourquoi je vis aujourd’hui à Londres. Aboubacar et moi nous sommes rencontrés il y a un an et demi, en décembre 2009 grâce a l’association Entrepreneurs Sans Frontières qui avait organisé un brainstorming auquel nous participions tous les deux.

A l’époque, Aboubacar avait déjà réfléchi à son projet et remporté la 1ère place du concours HEC Rethink pour le meilleur business plan social. Nous avons eu l’occasion d’échanger un peu lors de cette soirée et j’ai été profondément séduit par son idée : à la fois pour son impact social et pour son modèle économique. Je lui ai tout de suite proposé de l’aider opérationnellement, puis six mois plus tard je lui ai proposé d’investir avec mes propres économies et de devenir son associé.



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Alexandre Peisse  avec Souleymane Diallo, un des 1ers commerçants partenaires de Wontanara  
Alexandre Peisse avec Souleymane Diallo, un des 1ers commerçants partenaires de Wontanara
 

D’où vient le nom Wontanara ?

A.K. – Wontanara est une expression Soussoue, et très répandue partout en Guinée. Elle signifie « on reste ensemble ». Pour nous c’est tout un symbole, car le projet que nous mettons en place renvoie au lien social. Notre service vise avant tout à renforcer des échanges qui ont du sens, ceux du cœur, car on sait qu’ils sont précieux pour l’Afrique.

A.P. – D’ailleurs, on retrouve ces considérations sur le lien social et l’échange dans notre logo. Il représente quatre noix de cola, qui est le symbole du don en Afrique de l’Ouest.

Qu’est ce qui vous a poussé à lancer Wontanara ?

A.K. – Nous sommes partis du constat que les transferts d’argent issus de la diaspora ne sont pas alloués de façon optimale pour servir le développement local. J’en ai souvent fait l’expérience. Les opérations de transfert souffrent de profondes inefficacités dès lors que les bénéficiaires au pays ne disposent pas d’un compte en banque. D’une part, les opérateurs traditionnels de transfert d’argent retiennent d’importantes commissions, en particulier sur les faibles montants. D’autre part, leurs antennes locales sont quasiment inexistantes dans les zones rurales, c’est pourquoi l’acheminement de l’argent à ses destinataires finaux peut nécessiter de multiples intermédiaires qui sont coûteux et pas toujours fiables.

A.P. – Il s’agit d’un problème de première importance, car les transferts d’argent de la diaspora constituent une source de financement essentielle au développement économique. En effet, il s’agit de fonds fiables et stables, qui sont spécifiquement adaptés aux besoins de ceux qui les reçoivent. Leur montant surpasse souvent celui d’autres formes de financement (investissements en portefeuille, IDE, aide publique au développement…), et il augmente !

Le logo de Wontanara représente quatre noix de cola  
Le logo de Wontanara représente quatre noix de cola
 

En quoi les activités de Wontanara sont-elles innovantes ?

A.P. – Dans notre cas, je dirais qu’il y a trois innovations principales. Tout d’abord, nous proposons que les transferts d’argent de la diaspora se fassent sous la forme d’une boutique alimentaire en ligne. A notre connaissance, les boutiques en ligne n’existaient pas encore sur le marché guinéen, alors qu’elles offrent de nombreux avantages aux acheteurs. Ensuite, nous avons fait en sorte que le règlement des denrées entre bénéficiaire et commerçant se fasse par paiement mobile.

L’Afrique est profondément en avance sur le reste du monde dans ce domaine, qui offre d’ailleurs des opportunités essentielles pour l’avenir ! A ce jour, ces avancements concernent pourtant rarement les besoins primaires de la vie. Notre initiative a été d’appliquer ces procédés aux denrées alimentaires et prochainement au règlement des factures d’eau et d’électricité, des frais de scolarité et des médicaments. Finalement du point de vue du modèle économique, nous avons choisi de mettre en place des solutions sociales qui sont basées sur le marché et l’initiative privée.

La plupart des projets dans le domaine de la sécurité alimentaire sont aujourd’hui financés par l’aide au développement, et ils ne sont malheureusement pas toujours durables. En accord avec la philosophie du « social business », nous proposons ainsi une solution à caractère social, mais rendue pérenne par ses activités commerciales. Plus l’activité croît, plus la solution est efficace.

Wontanara est une expression Soussoue très répandue en Guinée qui signifie "on reste ensemble"



Cela a-t-il été difficile de trouver les partenaires locaux et des partenaires financiers pour investir dans un projet tel que celui là ?

A.K. – Au contraire, les partenaires locaux ne sont pas difficiles à trouver. Ils sont globalement très désireux de s’associer au projet. En fait, nous leur démarchons des clients lorsqu’ils adhèrent au projet, puisque Wontanara leur redirige les transferts de la diaspora à plein. Ils y gagnent en chiffre d’affaires ! Sans compter que nous leur fournissons gratuitement un terminal pour le paiement mobile, ce qui favorise le transfert technologique au sein de leur commerce et leur donne une plus grande visibilité. La clef d’une bonne relation de travail, c’est la confiance réciproque que nous construisons ensemble. Cela dit, un profond travail d’accompagnement est nécessaire et seuls les plus motivés et sérieux reçoivent notre accréditation.

A.P. –Personnellement en tant que partenaire financier, je n’ai eu aucun doute lorsque j’ai entendu parler du modèle économique. Les transferts d’argent à destination de la Guinée se montent annuellement à environ €70m, et $21md pour l’ensemble de l’Afrique sub-saharienne, et ils sont voués à augmenter à mesure que l’Afrique se développe. Notre marché ne couvre évidemment pas tous ces transferts, puisque nous nous cantonnons aux seuls besoins primaires et sociaux. Et puis, franchement, les développements opérationnels ne sont pas plus complexes qu’ailleurs et nous bénéficions d’un énorme soutien au sein de la communauté. On a beaucoup de chance.

Lorsque nous en aurons besoin, nous passerons à une phase de levée de fonds. L’idée est de financer le développement des activités en termes d’élargissement de gamme et de présence géographique. Et je sais que je peux m’appuyer sur un cercle d’amis et de relations professionnelles de confiance chez des investisseurs professionnels et stratégiques. Nous recevons beaucoup d’encouragements pour cette initiative.

 
 

Entre l’idée du projet et le lancement, combien de temps s’est écoulé ? Pouvez-vous nous citer un moment marquant que vous avez vécu entre ces deux phases ?

A.K. – C’est un projet qui a pris du temps à murir, ce qui va de paire avec son caractère innovant. J’ai pris conscience des besoins lorsque je travaillais au sein d’ONG en Guinée, et ce jusqu’en 2006. Ensuite lorsque dès mon arrivée à Paris, l’idée a longtemps muri dans mon esprit, jusqu’à ce que je la formalise sous forme de business plan.

La consécration du Trophée Rethink en 2009 a été un moment très fort qui m’a vraiment permis de passer au niveau supérieur. Cela fait maintenant un an que je travaille sur ce projet à temps plein. Il a fallu coordonner tous les aspects liés à la mise en œuvre, ce qui n’a pas été une mince affaire dans la mesure où il s’agit d’un projet international et très opérationnel sur le terrain.

A.P. – C’est un projet très ambitieux et vous pouvez imaginer qu’il y a eu beaucoup de moments forts, mais je retiendrai particulièrement ma première découverte de la Guinée aux côtés d’Abou. Ca a vraiment rendu tout le projet beaucoup plus concret, et ça a accéléré les opérations. J’ai été particulièrement touché par le fait que de grands entrepreneurs africains nous ont reçus comme d’égal à égal alors que nous avons encore tout à apprendre d’eux.

L’environnement politique en Afrique est souvent perçu comme plus risqué qu’ailleurs. Un événement comme la récente tentative de coup d’Etat en Guinée ne vous effraie pas ?

A.K. – L’Afrique présente en effet un risque géopolitique plus important que tout autre continent, ce qui rend certains investisseurs frileux. Il y a surtout le risque d’ordre politique, que vous citez. Il y a ensuite les autres facteurs qui dépriment les entrepreneurs et leur rentabilité : infrastructures insuffisantes, corruption, faible cadre juridique … Mais tout cela est en voie d’amélioration !

A.P. - A un horizon de 10 à 20 ans, je suis persuadé que l’avenir économique sera en Afrique ! C’est notamment là que se jouera la croissance démographique, et le terrain pour faire naître l’innovation. Quant au risque spécifiquement politique, il a beau être réel, notre activité y est finalement peu exposée. Nous n’avons pas de propriété dont l’Etat pourrait se saisir ou qu’il pourrait nationaliser… Au contraire, dans les temps difficiles, les transferts d’argent issus de la diaspora persistent et augmentent, ce qui témoigne de l’importance unique du lien social en Afrique.

Nous chercherons à nous implanter au Sénégal, au Mali et en Côte d'Ivoire dès que le concept sera prouvé



En cas de succès du concept Wontanara en Guinée, envisagez-vous de le déployer dans d’autres pays africains ?

A.P. – Absolument ! C’est d’ailleurs notre ambition, et ce très prochainement. Les fondamentaux requis pour l’utilisation de notre service sont réunis dans de nombreux pays africains. Notre plateforme est facilement exportable. Nous chercherons à nous implanter au Sénégal, au Mali et en Côte d’Ivoire dès le concept prouvé.

Un conseil pour des internautes qui voudraient lancer des entreprises en Afrique ?

A.K. – Je crois que la connaissance de terrain est primordiale. Les entreprises internationales qui tentent de s’installer sur le continent africain s’y cassent souvent les dents, faute d’avoir pris en compte les spécificités de terrain. Les modes de vie sont singuliers, et avec eux les habitudes de consommation. Cependant, je ne me fais pas de souci pour vos internautes, qui sont pour la plupart membres de la communauté africaine!

A.P. – En ce qui concerne les « entrepreneurs sociaux » qui, comme nous, lient leur activité économique à son impact social, je dirais qu’il est impératif de faire la différence entre le besoin et la demande. La population a beau avoir un besoin clair pour des meilleures conditions de transfert d’argent du fait des inefficacités des opérateurs traditionnels, il n’y a pas nécessairement de demande. Pour les nouveaux produits, le marché ne pré-existe généralement pas aux besoins, alors que le marketing occidental en est venu à inventer des besoins qui se surajoutent à une demande déjà existante. Au contraire, entreprendre en Afrique nécessite de créer le marché et la demande là où les besoins existent.

Vidéo : présentation de Wontanara




Le site web de Wontanara : www.wontanara.com

       
Mots-clés
afrique   guinée   guinée conakry   transfert d'argent   wontanara   
 
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