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L’histoire se déroule dans les années 1989-1990. Leticia entre au lycée et découvre la vie d’adolescente. Entre les cours, les sorties entre amis, elle se retrouve dans l’obligation de réaliser un exposé avec le plus retiré de la classe, Stéphane dit Stéphane –le-Skinhead. Comme son surnom l’indique, Stéphane a des propos tendancieux envers les étrangers et a une vision un peu réductrice de cette France dans laquelle il vit depuis toujours.
Et, l’impensable se produit. Les deux jeunes que tout sépare idéologiquement, se sentent pourtant attirés l’un vers l’autre. Qui l’aurait cru ? Pas Laetitia en tout cas. Et encore moins sa famille qui reste très réservée quand elle apprend le passé de son amoureux.
De son côté, Stéphane se découvre et comprend la personnalité de ceux qu’ils considéraient comme ses amis. Ceux qui n’hésitent pas à insulter ou à se moquer de celle qui l’aime ou ceux qui le rejette sans scrupules, lui leur ami qui a en lui du sang juif de son père qui refait surface. Qui aurait cru que ses idées bien réductrices étaient en faite le fruit d’un endoctrinement lui venant de son beau-père ?
Entre un voyage aux Etats-Unis et plusieurs aléas, Laetitia et Stéphane terminent tant bien que mal leur année scolaire qui, on peut le dire, était bien mouvementée. A travers cette histoire, c’est carrément un plongeon, non seulement dans les années lycées, mais aussi dans la vie telle qu’elle peut être qui est proposé par Alice Endamne.
D’origine gabonaise, l’auteur, qui est aussi rédactrice en chef de la revue littéraire The Black Arts Quartely, traite tant des questions adolescentes que des questions relatives à la diversité et à l’acceptation de l’autre. Une histoire captivante, dans laquelle on se plonge volontier en oubliant tout le reste.
« C’est demain qu’on s’fait la malle » a cette force de traiter l’intégration pour ces immigrés dits de seconde génération autrement que comme une thèse politique. Nul doute que vous passerez des moments inoubliables au travers des personnages de Laetitia et Stéphane qui vous embarqueront dans un monde, après tout, plus réel que l’on ne le pense…
« C’est demain qu’on s’fait la malle », d'Alice Endamne, aux éditions Jets d’Encre
Voir ci-dessous l'interview de l'auteur |
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Alice Endamne répond à Grioo... |

Alice Endamne, vous êtes à l'origine chroniqueuse dans plusieurs supports tant francophone, qu'anglophone. Comment en êtes vous arrivée à vouloir écrire "C'est demain qu'on s'fait la malle?"
J'ai écrit mon premier manuscrit au même moment où mes articles ont commencé à être publiés dans les magazines et les revues académiques. Pour moi ces deux mondes, essais et fiction, vont donc de pair.
Je n'ai jusqu'ici jamais réussi à vendre mon premier manuscrit et je me souviens qu'un éditeur qui l'a refusé avait écrit comme commentaire que le récit manquait d'authenticité (c'est une histoire qui se passe dans l'Afrique coloniale des années 50, j'ai donc du beaucoup imaginé) et c'est comme cela que l'idée m'est venue d'écrire quelque chose que je connaissais mieux, dans une époque qui m'était familière et un langage qui est le mien, avec des personnages qui ressemblent aux gens que je connais. Voilà comment je me suis mise à écrire C'est demain qu'on s'fait la malle.
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Plus les origines se mélangent, plus on s’accepte les uns les autres. Malgré cela, il faut aussi avouer que les préjugés ne meurent jamais totalement. |
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Alice Endamne |
Quelle a été votre (ou quelles ont été vos) source(s) d'inspiration pour créer les personnages de Lætitia et Stéphane?
Lætitia est un peu mon double, ou plutôt l'adolescente que j'aurais aimé être. Ses idées s'inspirent beaucoup des miennes mais sa personnalité diffère: elle est beaucoup plus hardie que moi! Quant à Stéphane, c'est un mélange de quelques garçons que j'ai connus, l'un d'entre eux était un skinhead de mon lycée à Perpignan toujours distant et un peu perdu qui, bien sûr, ne m'adressait jamais la parole.
Le style d'écriture est tel que l'on se replonge dans les années lycée. Est-ce que cela a-t-il été fait exprès?
Je crois que nous avons tous un peu la nostalgie de nos années lycée alors, oui, je voulais de la vivacité dans mon récit afin de faire voyager les lecteurs dans le temps. Je ne m'imaginais pas écrire une histoire d'amour entre adolescents avec un langage que des gens de cet âge n'utiliseraient pas.
"C'est demain qu'on s'fait la malle" est un genre de "Roméo et Juliette" moderne?
Je suppose que oui, même si ce n'était pas mon intention, puisque c'est l'histoire d'un amour interdit entre un skinhead et une jeune Noire avec tout ce que cela implique.
Tous les clichés rapportés dans le livre, notamment lors des accrochages entre Lætitia et Stéphane, pensez-vous qu'à notre époque ils sont toujours existants?
C’est vrai que plus les origines se mélangent, plus on s’accepte les uns les autres. Malgré cela, il faut aussi avouer que les préjugés ne meurent jamais totalement. Ils se modifient, s’expriment différemment avec le temps qui passe mais l’ignorance ou la peur de l'autre forceront toujours les êtres humains à trouver des choses reprocher à certains groupes ethniques, religieux, etc. Donc oui, hélas, je pense qu'ils existent toujours.
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En France je ne suis pas une immigrée mais j'ai toujours l'impression d'en être une. Aux Etats-Unis où je vis depuis la fin des années 90, je ne me sens pas étrangère du tout parmi la population américaine |
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Alice Endamne |
Quels sont, a votre avis, les problèmes que peuvent rencontrer les immigrés de seconde génération quant à leur intégration?
Je pense que les problèmes d'intégration se posent souvent pour ceux qui n'ont pas la peau blanche, donc les minorités visibles, car on peut les juger au faciès comme dans le secteur de l'emploi, dans le logement...
On peut avoir tous les diplômes du monde mais si on tombe sur quelqu'un qui ne veut pas avoir de Noirs ou d'Arabes dans sa boîte, que peut-on bien faire? Surtout quand ce n'est pas dit ouvertement, quand c'est quelque chose qu'on ressent dans le regard de la personne, aucune loi ne peut intervenir dans ces cas-là. Mais si on parle de discrimination positive, les politiques se fâchent alors que ce serait justifié dans certains cas, par exemple dans les secteurs de l’emploi qui ont de très faibles effectifs de minorités visibles.
Vous qui avez une vision tant de la France, que des Etats-Unis, le phénomène d'intégration (et/ou d'immigration) est-il le même? Si non, quelles sont les différences?
Ce n'est pas du tout la même chose. En France le fait que le terme “immigrés deuxième génération” existe, alors que ce sont des gens qui sont nés sur place montre bien que l'intégration est lente. Apparemment malgré les lois sur le droit du sol, n'est pas français qui veut et cela se ressent dans la vie de tous les jours. Mes filles sont américaines parce qu’elles sont toutes les deux nées en Californie et personne ici ne les appelle “immigrées deuxième génération.” L'intégration semble donc bien plus rapide qu'en France. Ceci dit il existe aussi des problèmes ici. Comme la population originaire de l'Amérique latine est très importante dans certains états comme la Californie et le Texas, il y a un mouvement qui voudrait pouvoir offrir une instruction bilingue (espagnol-anglais) à tous les enfants. De nombreux politiciens s'en offusquent pour des questions d’identité et d’ « américanité ».
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J’espère donc que ce livre sera lu par tout le monde mais en particulier par ceux qui, comme moi, se sentent étrangers dans leur pays. |
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Alice Endamne |
En gros, en France je ne suis pas une immigrée mais j'ai toujours l'impression d'en être une. Aux Etats-Unis où je vis depuis la fin des années 90, je ne me sens pas étrangère du tout parmi la population américaine car ici tout le monde (sauf les Amérindiens) vient d'ailleurs et c'est donc plus facile d'accepter les nouveaux arrivants.
Si vous aviez un message à transmettre à travers la lecture de ce roman...
Les quelques années que j'ai passées dans le Languedoc-Roussillon pendant mon adolescence m'ont mises nez à nez avec un racisme que je n’avais pas connu à Paris et comme tous mes amis étaient blancs, je n'avais personne avec qui partager tout ce que je ressentais. En écrivant C’est demain qu’on s’fait la malle mon intention était non seulement de raconter une histoire d’amour singulière mais aussi d’écrire un livre que j’aurais aimé lire quand j’étais ado. J’espère donc qu’il sera lu par tout le monde mais en particulier par ceux qui, comme moi, se sentent étrangers dans leur pays. |
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