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Même si, comme le confessent soit publiquement, soit en aparté les protagonistes de la crise ivoirienne, l’optique du 30 novembre 2008 n’est plus envisageable, chaque camp travaille comme si ce scrutin majeur était pour demain. C’est que le temps joue contre chacun des candidats qui sait que plus les choses traînent plus ça se corse davantage. Avec au moins un qui n’a pas à se plaindre, puisque tant qu’il n’y a pas de vote il sera au pouvoir : Laurent Koudou Gbagbo.
En effet, il a été élu en 2000 et des adversaires ont pris des armes pour le renverser, tentative qui a échoué, plongeant une Côte d’Ivoire dans une crise dont elle tente de sortir. Aujourd’hui, l’heure H approche avec le temps de ce scrutin censé sortir ce pays du tourment politico-social. Et comme tous les signataires de l’Accord de Ouaga peuvent concourir à cette course à la magistrature suprême, les trois principaux prétendants affûtent leurs armes à coups de meetings, de réunions, de déclarations incendiaires et de phrases assassines.
Ainsi, le FPI, après avoir adoubé le président-candidat, est en précampagne avec les mille actions de ses affidés. Son épouse, Simone : « Votez pour mon mari », une phrase devenue presque un slogan dans la bouche de la Première Dame. Martin Sokoury Bohoui, lui, met en avant « l’intrépidité » de Gbagbo, qui mérite donc d’être reconduit au palais de Cocody. Quant aux jeunes patriotes du « général » Charles Blé Goudé, il y a bien longtemps qu’ils sonnent le tocsin pour que les Ivoiriens votent Gbagbo.
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Quid des deux autres candidats, c’est-à-dire Allassane Dramane Ouattara (ADO) et Henri Konan Bédié (HKB) ? Le premier veut saisir cette occasion qu’il n’a jamais eue pour mesurer réellement ses forces à l’échelle nationale. Pour les uns, il ne sera jamais qu’un bon grand commis, technocrate compétent, mais jamais il ne peut endosser l’habit d’un président de la République. Un double défi que le patron du RDR doit relever : montrer que si Houphouët-Boigny a fait appel à lui dans les années 90 pour soigner une économie ivoirienne en plein marasme, c’est qu’il a les qualités d’un grand administrateur doublé d’un politique, peut-être la grande capacité de nuisance en moins, ce qui constitue son ventre mou de nos jours, « trop policé ! », affirment ses proches. Des atouts qu’il entend mettre en relief en ces temps de pêche aux voix.
Quant à HKB, l’homme étonne de nos jours par ses propos pondérés, lui qui d’habitude ne s’embarrasse pas de fioritures dans ses meetings. Ainsi, lors de sa dernière sortie en date, le « sphinx de Daoukro » a encore étonné par sa clairvoyance et sa position sur le processus électoral ivoirien. De ce fait, l’ex-président de Côte d’Ivoire estime en toute objectivité que la date du scrutin importe peu, pourvu qu’il se tienne dans de bonnes conditions et que les résultats soient acceptés par tous. Pour ce dernier, le pays a besoin d’une présidentielle propre, à même de faire repartir sur un nouveau pied.
Le meilleur fut pourtant à percevoir sur la position de l’intéressé par rapport au pacte en cours au sein du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et le progrès (RHDP), ce regroupement entre les partisans du RDR et du PDCI. Si dans un passé récent on a pu parler d’un marché de dupes entre la tortue et la carpe, il est à présent révolu. Foi du septuagénaire capitaine du PDCI, qui bat campagne cette fois sans les traditionnels moyens de l’Etat, à cette présidentielle si ADO franchit le premier tour, « le ndjiguel » de l’ex-parti unique qu’il lancera fonctionnera à merveille, idem si c’est lui qui doit affronter Gbagbo au second tour. On est en droit de le croire, puisque de part et d’autre, ADO et HKB ont arrêté de se flécher.
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
www.lefaso.net
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