
Bernie Ecclestone, homme d'affaires et « grand argentier » de la F1, va devoir s'expliquer sur ses propos acerbes prononcés à l'encontre de Max Mosley, rétabli en confiance à la tête de la Fédération International de l'Automobile (FIA) malgré le scandale sexuel dans lequel il a été impliqué en mars 2008. En effet, M. Ecclestone a déclaré au Daily Telegraph le 4 juin que ce n'était pas parce que Max Mosley avait « obtenu quelques votes supplémentaires de l'Afrique que le roi d'Espagne allait lui serrer la main ». Qu'il se voit de nouveau accorder la confiance ne changerait en rien son inaptitude à diriger la FIA.
Ces remarques, perçues comme une attaque « dégradante, avilissante et sans motifs » pour l'Afrique, ont été sorties de leur contexte, a indiqué le principal propriétaire des droits commerciaux de la F1. D. N. Njoroge, le directeur général de l'Association Automobile du Kenya, a écrit une lettre à Ecclestone pour lui reprocher ses paroles. Les quelques votes supplémentaires en question étant principalement ceux des représentants africains au sein de la FIA, ceux-ci ont en effet mal pris la chose. « Les associations africaines considèrent ses propos comme clairement dégradants, avilissants, et n'ont pas lieu d'être », a écrit D. N. Njoroge dans son courrier. « En trente ans d'excellents rapports avec la FIA, c'est la première fois que nous avons affaire à ce genre de remarques mesquines, basées sur l'ethnicité. Nous attendons des excuses ».
Interrogé par www.autosport.com, Ecclestone a fait part de son scepticisme. Il a également indiqué qu'il était en contact avec le journaliste du Daily Express qui avait écrit l'article contenant les propos incriminés. « J'ai parlé avec le type de l'Express, et il m'a dit ne jamais avoir écrit ça comme ça, et je n'ai jamais rien dit de tel », a déclaré M. Ecclestone.
Par ailleurs, le principal propriétaire des droits commerciaux de la Formule 1 et les patrons d'écurie menaceraient de créer un championnat parallèle indépendant de la FIA, selon le Daily Telegraph du samedi 7 juin. Une réunion s'est tenue le 6 juin à Montréal, en marge du Grand Prix du Canada, entre Ecclestone et les patrons d'écurie. Ceux-ci ne voient pas d'un bon œil que Max Mosley reste à la tête de la Fédération Internationale de l'Automobile (FIA). Ecclestone a expliqué qu’il espérait une démission de Mosley, dans l’intérêt de la FIA. « Il faudrait que Max parte en novembre, » a déclaré Bernie Ecclestone. « Pour moi, la situation est difficile parce que je dirige un groupe d’entreprises en F1, et les équipes, les constructeurs, sont violemment opposés à lui. »
Ecclestone estime que la présence de Mosley cause une gêne : « Ce qui illustre le problème auquel il pourrait faire face est ce qui s’est passé à Monaco. Le Prince Albert a clairement fait comprendre qu’il ne le voulait pas sur la grille, et qu’il ferait tout pour que si Max apparaissait, ils ne puissent pas être vus ensemble. »
En mars 2008, Max Mosley avait été impliqué dans un scandale sexuel qui avait fait pas mal de remous. Une vidéo, dont des images avaient été publiées dans un tabloid, News of the World, l'avait montré s'adonnant à une séance sado-masochiste avec des prostituées, dans une macabre mise en scène de camp de concentration nazi et de simulation d'interrogatoire.
L'affaire était intervenu au moment où Max Mosley hésitait à briguer un cinquième mandat de président de la FIA, son mandat actuel prenant fin en novembre 2009. Il exclut à ce jour de démissionner, mais plusieurs constructeurs engagés en Formule 1 – BMW, Mercedes, Toyota, Honda – ainsi que certains auto-clubs et associations automobiles membres de la FIA ont publiquement exprimé leur doute sur l'opportunité pour Mosley de rester à son poste. Certains ont même demandé sa démission.
Le 3 avril, Max Mosley avait demandé à Michel Boeri, président du Sénat de la FIA, de convoquer une assemblée générale extraordinaire. Le 3 juin, à Paris, un vote à bulletins secrets avait maintenu la confiance accordée à Mosley, le préservant à la tête de la fédération. |