
C'est une histoire d'amour à couper le souffle. Noble, blanche, catholique, la jeune Aysseline étouffe. Trop de particules, trop de coton, pas assez de vie, la vraie. Alors elle fait ses bagages et s'embarque pour un long voyage. Sept mois d'Afrique, Dakar en port d'attache, baroudant, vivant en nomade, dormant sous les cieux ou chez l'habitant au gré des rencontres, goûtant de cette merveilleuse hospitalité et de ce sentiment de liberté que l'on n'éprouve seulement sur la route. À Dakar, chaque fois qu'elle revient, quelqu'un l'attend. Souleymane, noir et musulman, pas noble pour un sou, mais beau, si beau, et si amoureux. Aysseline nage dans le bonheur de son aventure africaine. Son univers ressemble aux saisons tièdes, aux beaux jours. Après le carcan rigide de son éducation aristocrate, sa liaison est le silence après l'orage. Une musique, qu'elle entend sans vraiment écouter, une dolce vita à l'africaine. « J'avais besoin d'aller dans l'extrême de la différence », témoigne-t-elle.
Mais bientôt vient le temps du retour. Fini, la chaleur et la poussière, les longues heures dans les bras l'un de l'autre, l'odeur de la liberté et de l'aventure. Retour sur terre. Cet amour exceptionnel est-il fait pour durer ? Que va-t-il advenir d'eux, maintenant que des milliers de kilomètres les séparent ? Les questions affluent, les réponses s'échappent. Souleymane vient en France retrouver son aimée, mais tous deux se heurtent au monde très fermé de la famille d'Aysseline, cette haute noblesse de sang bleu au regard désapprobateur. Ses parents se parent contre la honte de leur fille aimant un noir musulman en érigeant autour de lui un mur de silence et de non-dits. Jusqu'à la fin, jusqu'à ce qu'il s'éteigne.
Premier amour, premier roman. Douleur de peau est une poignante histoire qui finit mal. Avec courage et patience, armée d'une plume corrosive et décapante, l'auteur nous conte son expérience autobiographique, écrite comme un roman. Il lui a fallut deux ans, « le temps de rapatrier les souvenirs heureux et de mettre de la distance, car j'écrivais dans la douleur », dit l'auteur. « Mais maintenant, je suis arrivée à une sorte de sérénité ». Simplement, Aysseline parle de son amour et de son deuil. « Le faire connaître du grand public, c'était un moyen de tourner la page, de ne pas porter le deuil seule ». Elle raconte son dilemme intérieur, ce déchirement de la poitrine qui l'a tiraillé entre le bonheur et la douleur pendant six années. D'un côté, son amour pour cet homme aimant, et de l'autre, « j'avais cette capacité à juger, et finalement je luttais contre la ressemblance avec ma famille. Quelle part cela avait-il ? Je ne sais pas ». « Ce qui était douloureux, c'était la coupure entre ces deux mondes ». Les autres avaient creusé un fossé autour d'eux, les avaient coupés du monde. Et personne ne peut vivre ainsi privé de lien avec le monde extérieur. Mais Aysseline a pardonné, parce qu'« on ne peut pas être heureux dans le rejet de ses racines ».
Aujourd'hui, elle cherche l'unité. La réconciliation entre les deux parts d'elle-même. Et peut-être, cette réconciliation passait-elle par la narration de cette histoire, qui n'existera jamais tant que le manque qu'elle a laissé. |