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Le Président Abdoulaye Wade, pour une fois avec un bon sens politique, vient de décider de retirer un projet infamant pour la société civile et la classe politique sénégalaise : manipuler la Constitution pour se maintenir au pouvoir grâce à une réforme du système électoral lors des élections présidentielles, dont celle de février 2012. Une chose est sûre : chaque pays a le droit de modifier sa constitution en fonction des attentes de la société en matières politique, économique, sociale et culturelle. Il s’agit dans cette modification d’introduire des éléments de propositions constitutionnelles qui vont devenir des dispositions définitives afin de promouvoir la cohésion sociale (lutte contre les discriminations) ou de sauvegarder l’environnement par des principes généraux de fonctionnement.
Dans le cas du Sénégal, rien de tel, si ce n’est qu’une méthode politicienne qui demandait l’adoubement du peuple par le vote de la représentation nationale. Le Président sénégalais Abdoulaye Wade soumettait un projet de réforme de la Constitution qui permettrait aux Sénégalais d’élire à partir de 2012 un Président et un Vice-président sur la base d’un ticket en essayant de se rapprocher du modèle américain.
Le problème dans le cas sénégalais est que nous sommes dans la caricature et la manipulation la plus inacceptable car, pour être élu, le ticket doit recueillir au moins 25% des suffrages exprimés (minimum bloquant). Dans l’hypothèse où ce minimum bloquant n’est pas atteint, les deux tickets les mieux placés se retrouveraient au second tour. |
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Un bureau du fisc sénégalais le 28 juin saccagé après des manifestations
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getty |
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Nous voici au cœur d’un tour de passe-passe politique dont les dirigeants africains sont passés maitres en l’espèce pour essayer de garder à tout prix le pouvoir, quitte à en légaliser les aspects héréditaires. Après 12 ans de pouvoir, après avoir tergiverser entre la réalité du pouvoir et la volonté du changement qualifié de Sopi, le Président Wade aurait tué dans l’œuf l’espoir qu’il avait fait naitre en arrivant au pouvoir. Nous voici au cœur de cette Afrique francophone, incapable de se sortir de ses vieux démons :
la confiscation du pouvoir à tout prix par ses dirigeants quand ils y accèdent après des nombreuses tentatives infructueuses. Attention au mirage du pouvoir, attention aux effets collatéraux d’un changement constitutionnel à la hussarde qui risquait d’entrainer de fortes contestations de la part de la société civile sénégalaise qui est profondément délibérative et qui accepte difficilement que la démocratie représentative confisque une partie de ses acquis.
L'impression donnée était que le Président Wade n’avait rien appris de la crise ivoirienne. Au-delà du concept d’ivoirité qui a été résolu, le véritable problème ivoirien est l’entêtement de Gbagbo à vouloir rester absolument au pouvoir et en créant un bras de fer avec le reste de la classe politique. On sait ce qu’il en est advenu. |

Le Président Wade aurait ainsi souhaité la même chose pour le Sénégal en créant avec son fils (si c’est la réalité) un précédent sans commune mesure en Afrique, à savoir : comment manipuler la constitution pour donner la main à son fils ? Dans le cas sénégalais, nous aurions été dans l’hypothèse d’une commune où le maire se fait réélire et cède le pouvoir à son premier adjoint, sachant que celui-ci est incapable d’accéder tout seul au pouvoir.
La carrière politique de Karim Wade et les supers postes ministériels qu’il occupe sont le fait de la bénédiction présidentielle et donc de Abdoulaye Wade père et géniteur de Karim. Karim Wade n’a jamais réussi à devenir maire d’une grande ville par ses propres moyens lors d’élections municipales. En choisissant le seuil des 25 % au lieu des 50 % des suffrages exprimés et la notion de "ticket", Abdoulaye Wade ouvrait alors une boite de Pandore aux effets incalculables.
Les sociétés civiles et politiques sénégalaises ont su résister de façon démocratique afin que la démocratie délibérative commence à avoir du sens dans les pays africains, pays dans lesquels la démocratie représentative utilise souvent ses prérogatives au nom de la souveraineté nationale pour créer les conditions d’une reproduction entropique du pouvoir, évitant ainsi les alternances nécessaires qui limitent la corruption, le gaspillage des ressources et le maintien des populations africaines dans la pauvreté économique et la mendicité politique.
Lucien Pambou
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