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Après Londres pour le G20 en économie, Strasbourg dans le cadre de l’OTAN, l’Europe à Prague, l’ouverture au monde musulman en Turquie et en Irak, Barack Obama apparait comme la nouvelle icône de la politique internationale américaine, gommant de façon magistrale les années Bush.
Cette politique américaine se veut solidaire, consensuelle et fondée sur l’écoute des partenaires traditionnels américains dont la France et l’Allemagne. Cette « Obamania », qui a déferlé sur les Etats Unis pendant la campagne électorale américaine, poursuit son mouvement en Europe et au Moyen Orient. Qu’on me permette de la regarder avec davantage de distance et de recul critique.
Au fond, Londres, Strasbourg, Prague, Ankara, Istanbul, Bagdad constituent des espaces de légitimation et de validation de la nouvelle politique internationale américaine, une politique fondée sur la « calino thérapie » qui permet aux partenaires de baisser la garde et de ne voir dans les Etats Unis qu’un nouvel allié avec une nouvelle conception. Obama est un remarquable communiquant mais qui n’oublie pas l’essentiel, l’hyper puissance américaine qui agit non pas de manière brutale, comme sous Bush, mais de façon faussement ouverte aux autres pour mieux asseoir la puissance américaine.
Revenant sur les agendas des différentes capitales pour montrer la méthode Obama.
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G20 : Sommet de Londres |
Je ne reviens pas sur les dossiers traités mais sur ceux qui ont été oubliés volontairement : réforme du système monétaire international et la mise en cause du dollar; Les problèmes écologiques
Ce sont deux oublis volontaires qui permettent aux Etats Unis de garder le leadership mondial avec le dollar, alors que les Chinois et les Brésiliens se sont clairement définis pour que la suprématie de celui-ci soit remise en cause. Les Européens n’ont pas insisté et ont laissé faire, remettant aux calandres grecques la réforme du système monétaire international.
La Chine joue un double jeu, elle crie au loup, mais elle a besoin des Etats Unis, de son marché et du dollar pour amasser une épargne importante en devises, grâce aux exportations, qui lui permet en retour de financer l’endettement et le vieux modèle de consommation américain. Préparons-nous à une autre crise dans les années à venir où il faudra peut-être s’interroger sur la fiabilité du vieux modèle américain et du rôle du dollar dans le système international. Moralisation du système capitaliste quand tu nous tiens … Mais rien de nouveau sous le soleil car des pays comme le Brésil ou la Chine qui vouaient le capitaliste aux gémonies sont d’accord. Lula, Hu Jintao, Barak Obama, même combat.
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Devant le parlement turc
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getty |
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Pauvres altermondialistes dépecés et lâchés par leurs parrains traditionnels que sont le Brésil et la Chine. Il faut bien vivre et, comme pour les Etats du monde, on ne va pas s’encombrer avec les Droits de l’Homme. Seul le business commande l’attitude des Etats.
Les problèmes écologiques : ils ont été évacués par Obama, par les Chinois et par les Européens. La fameuse croissance verte, dont Obama nous a parlé pendant sa campagne électorale, a été renvoyée à plus tard car les plans de relance aux Etats Unis et en Europe privilégient l’économie et les infrastructures et il faut craindre que les incantations en faveur d’une croissance verte en restent au niveau du principe et des déclarations de politique intérieure.
Pour la Chine, c’est clair, les problèmes écologiques sont renvoyés au sommet de Copenhague en décembre 2009, alors que nous savons tous que l’urgence pour un nouveau modèle de production est absolument indispensable, un modèle fondé sur les développements technologiques d’énergie propre permettra de fonder une nouvelle croissance.
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Strasbourg |
Le sommet de Strasbourg représente le moment de la « consolidation » de la famille occidentale avec la réintégration de la France dans les instances de commandement de l’OTAN. Les choix qui ont amené le Président Sarkozy à prendre cette décision ont été largement commentés. Revenons à la stratégie d’Obama. Celui-ci a demandé que l’Europe soit forte, plus unie et dotée d’une capacité militaire qui permette aux Etats Unis de compter sur un partenaire véritable.
Au fond, ce discours de bon principe et de bonne conscience vise à réaffirmer le primat des Etats Unis sur la vieille Europe. Assez paradoxalement, la demande d’une Europe unie par Obama va, par effet de boomerang, introduire des divisions à l’intérieur de l’Europe sur la nature des relations avec Washington, car nous savons tous que la vieille Europe (Allemagne, France, Italie) n’a pas toujours la même conception stratégique que la jeune Europe majoritairement composée par les anciennes démocraties populaires comme la Pologne ou la République Tchèque hier sous le giron soviétique.
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Prague |
Obama veut un monde sans armes nucléaires en demandant à la Russie une négociation immédiate, demande déjà faite lors du G20 de Londres. Le Président Medvedev n’y est pas opposé et attend de voir ce que Obama va faire. Obama a été surpris par la réponse de Kim Jong-il, président de la Corée du Nord, dont le pays a lancé le dimanche 5 avril 2009 la fusée Voie lactée 2 (Unha-2).
Même si les capacités coréennes en matière d’armement nucléaire restent encore en-deçà des possibilités dans ce domaine des grandes puissances nucléaires comme les Etats Unis, la Russie, la France, la Grande Bretagne, Israël, le Pakistan ou l’Inde, force est de constater que le lancement de la fusée voie lactée est un caillou dans le jardin d’Obama. Pour l’instant, il ne peut rien faire car la Corée est soutenue politiquement de façon implicite par la Chine et la Russie. Avant de s’envoler pour la Turquie, Obama a fait réagir le Président Nicolas Sarkozy en déclarant qu’il était pour une entrée de la Turquie dans l’Union européenne.
Obama sait que la question turque est un sujet de polémique et de discorde en Europe. On peut s’interroger sur les motivations de cette déclaration, comme l’a déclaré de manière explicite le Président Nicolas Sarkozy.
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Turquie et Irak |
En allant en Turquie et surtout en Irak sans avertir la communauté internationale, Barak Obama fait d’une pierre deux coups : réaffirmer son ouverture au monde musulman, en montrant que l’aire Bush est désormais derrière nous, et affirmer de façon définitive le leadership américain (comme il l’a fait depuis le G20) dans la résolution des problèmes mondiaux. En déclarant la Turquie comme apte à faire partie de l’union européenne, Obama renvoie l’ascenseur au régime turque d’avoir accepté la nomination du pro atlantiste danois Rasmussen au poste de secrétaire général de l’OTAN (après les affaires des caricatures de Mahomet qui ont motivé le refus turque de sa nomination). La Turquie est incontournable au Proche et au Moyen Orient et Obama a besoin d’elle pour le problème palestinien car la Turquie parle aussi bien aux acteurs du conflit (Israël et l’autorité palestinienne, le Hamas, et aux parrains avoués ou non du conflit que sont le Hezbollah, la Syrie et l’Iran).
L’Iran est un élément majeur au Moyen Orient car, puissance régionale, elle veut devenir aussi une puissance nucléaire. Enfin, l’Irak ; pour Obama terminer le tour européen par une visite aux boys est indispensable en tant que chef suprême des armées, afin d’apporter la nouvelle du désengagement des Etats Unis de l’Irak pour consacrer les forces américaines en Afghanistan.
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L’Irak était l’espace de guerre et de politique internationale de Bush, l’Afghanistan devient celui d’Obama, légitimé par la lutte contre Al Qu’aida. Obama a averti internationalement ses partenaires : tout le monde devra apporter sa participation, ce qui ne manquera pas de poser des problèmes à ses partenaires (surtout européens –France, Allemagne, Italie, etc...-) qui doivent tenir compte de leurs opinions nationales respectives en fonction des élections à venir. Voilà l’habileté suprême d’Obama qui ne donne pas l’impression d’un va-t-en-guerre comme pouvait l’être Bush.
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